Texte intégral
Q - La Cour internationale de la Justice a rendu son avis concernant le Kosovo. Quel est votre commentaire et comment la France va réagir après cette décision ? Comment la France réagira-t-elle après l'avis de la CIJ et après la résolution que la Serbie a soumise aux Nations unies ?
R - La France avait soutenu devant la Cour que la déclaration d'indépendance du Kosovo était conforme au droit international, tant dans ses grands principes que dans le cadre juridique créé par la résolution 1244. Je ne peux que me réjouir que la Cour arrive à cette même conclusion. Il ne s'agit cependant pas d'une victoire des uns sur les autres. Je mesure la déception que cet avis peut susciter chez certains. Je souhaite redire toute mon amitié au peuple serbe. L'heure n'est plus à ressasser le passé. Il faut désormais regarder l'avenir, et l'avenir, c'est l'Union européenne. La France, pays fondateur de cette Union, continuera à tout mettre en oeuvre pour faciliter le dialogue entre la Serbie et le Kosovo pour permettre à ces deux pays de progresser vers leur avenir européen.
Q - Ne trouvez-vous rien dans les arguments serbes - à savoir que la CIJ n'a pas examiné la question de la sécession -, absolument rien qui pourrait éventuellement faire changer la position de la France ?
R - Non, au contraire, cet avis conforte notre position.
Q - L'intégration européenne de la Serbie et le statut du Kosovo sont-ils toujours deux questions séparées, étant donné qu'il existe des thèses selon lesquels l'Europe pourrait freiner la Serbie sur sa voie européenne maintenant qu'elle "refuse d'accepter la réalité" ?
R - Je le dis et je le répète, la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo est une nécessité politique. Il ne s'agit pas d'une condition à l'entrée dans l'Union européenne au sens juridique, cela n'est dans aucun traité. Cependant, il n'est pas envisageable que ces deux pays adhèrent à l'Union européenne sans avoir résolu leurs différends et avoir établi entre eux des relations normales entre Etats membres. La construction européenne repose sur des valeurs de paix et de dialogue. Souvenez-vous de ses débuts : seulement cinq ans après la fin de la guerre, La France et l'Allemagne décidaient de façon audacieuse de mettre fin à un conflit qui les opposait depuis plusieurs générations pour bâtir un espace de stabilité et de prospérité.
Q - Est-ce que, selon vous, la décision de la Cour contribue à la stabilisation de la région ? C'est maintenant que les Albanais se sentent encore plus supérieurs...
R - J'en suis convaincu. Une fois l'émotion retombée, l'avis de la Cour contribuera à stabiliser la région. La Cour, en se prononçant avec la plus grande clarté, met définitivement un terme au débat juridique que la Serbie avait initié. Il est désormais clair pour le monde entier que l'indépendance du Kosovo est irréversible, quels que soient les sentiments des uns et des autres sur celle-ci. Le dernier chapitre de la longue et douloureuse dissolution de la Yougoslavie est désormais clos. Les Kosovars ont dit qu'ils étaient prêts au dialogue avec les Serbes. Il faut saisir cette chance, dans l'intérêt de tous, et d'abord des Serbes du Kosovo.
Q - Est-ce que maintenant, après la décision de la Cour sur le Kosovo, la région de la République serbe en Bosnie peut aussi espérer obtenir un jour le droit d'autodétermination ?
R - Comme vous le savez, la Cour s'est prononcée uniquement sur la déclaration d'indépendance du Kosovo, soulignant à plusieurs reprises le caractère spécifique du contexte dans laquelle elle avait été faite. Elle n'a en aucun cas et d'aucune façon légitimé un quelconque droit à sécession qui pourrait s'appliquer à n'importe quelle revendication.
En ce qui concerne la Bosnie-Herzégovine, les Accords de Dayton-Paris excluent explicitement toute possibilité de sécession. Ces accords engagent tous les citoyens et les hommes politiques de Bosnie-Herzégovine, ainsi d'ailleurs que la Serbie et la Croatie, et le président Tadic a tenu sur cette question des propos extrêmement clairs qui ont tout mon soutien.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 août 2010
R - La France avait soutenu devant la Cour que la déclaration d'indépendance du Kosovo était conforme au droit international, tant dans ses grands principes que dans le cadre juridique créé par la résolution 1244. Je ne peux que me réjouir que la Cour arrive à cette même conclusion. Il ne s'agit cependant pas d'une victoire des uns sur les autres. Je mesure la déception que cet avis peut susciter chez certains. Je souhaite redire toute mon amitié au peuple serbe. L'heure n'est plus à ressasser le passé. Il faut désormais regarder l'avenir, et l'avenir, c'est l'Union européenne. La France, pays fondateur de cette Union, continuera à tout mettre en oeuvre pour faciliter le dialogue entre la Serbie et le Kosovo pour permettre à ces deux pays de progresser vers leur avenir européen.
Q - Ne trouvez-vous rien dans les arguments serbes - à savoir que la CIJ n'a pas examiné la question de la sécession -, absolument rien qui pourrait éventuellement faire changer la position de la France ?
R - Non, au contraire, cet avis conforte notre position.
Q - L'intégration européenne de la Serbie et le statut du Kosovo sont-ils toujours deux questions séparées, étant donné qu'il existe des thèses selon lesquels l'Europe pourrait freiner la Serbie sur sa voie européenne maintenant qu'elle "refuse d'accepter la réalité" ?
R - Je le dis et je le répète, la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo est une nécessité politique. Il ne s'agit pas d'une condition à l'entrée dans l'Union européenne au sens juridique, cela n'est dans aucun traité. Cependant, il n'est pas envisageable que ces deux pays adhèrent à l'Union européenne sans avoir résolu leurs différends et avoir établi entre eux des relations normales entre Etats membres. La construction européenne repose sur des valeurs de paix et de dialogue. Souvenez-vous de ses débuts : seulement cinq ans après la fin de la guerre, La France et l'Allemagne décidaient de façon audacieuse de mettre fin à un conflit qui les opposait depuis plusieurs générations pour bâtir un espace de stabilité et de prospérité.
Q - Est-ce que, selon vous, la décision de la Cour contribue à la stabilisation de la région ? C'est maintenant que les Albanais se sentent encore plus supérieurs...
R - J'en suis convaincu. Une fois l'émotion retombée, l'avis de la Cour contribuera à stabiliser la région. La Cour, en se prononçant avec la plus grande clarté, met définitivement un terme au débat juridique que la Serbie avait initié. Il est désormais clair pour le monde entier que l'indépendance du Kosovo est irréversible, quels que soient les sentiments des uns et des autres sur celle-ci. Le dernier chapitre de la longue et douloureuse dissolution de la Yougoslavie est désormais clos. Les Kosovars ont dit qu'ils étaient prêts au dialogue avec les Serbes. Il faut saisir cette chance, dans l'intérêt de tous, et d'abord des Serbes du Kosovo.
Q - Est-ce que maintenant, après la décision de la Cour sur le Kosovo, la région de la République serbe en Bosnie peut aussi espérer obtenir un jour le droit d'autodétermination ?
R - Comme vous le savez, la Cour s'est prononcée uniquement sur la déclaration d'indépendance du Kosovo, soulignant à plusieurs reprises le caractère spécifique du contexte dans laquelle elle avait été faite. Elle n'a en aucun cas et d'aucune façon légitimé un quelconque droit à sécession qui pourrait s'appliquer à n'importe quelle revendication.
En ce qui concerne la Bosnie-Herzégovine, les Accords de Dayton-Paris excluent explicitement toute possibilité de sécession. Ces accords engagent tous les citoyens et les hommes politiques de Bosnie-Herzégovine, ainsi d'ailleurs que la Serbie et la Croatie, et le président Tadic a tenu sur cette question des propos extrêmement clairs qui ont tout mon soutien.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 août 2010