Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur le rôle des agences de notation et la politique économique et budgétaire du gouvernement, à l'Assemblée nationale le 17 janvier 2012.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Question au gouvernement posée par M. Jean-François Copé, député (secrétaire général de l'UMP) de Seine-et-Marne, à l'Assemblée nationale le 17 janvier 2012

Texte intégral

Mesdames et messieurs les députés,
Monsieur Jean-François Copé,
Nous avons assisté vendredi à une sorte de petit tsunami médiatique qui était par moment aussi indécent que déplacé.
En effet, les agences de notation sont des indicateurs utiles qui doivent être écoutés et ces agences de notation sont des indicateurs utiles parce qu’elles influent les marchés.
Mais en même temps, les agences de notation ne font pas la politique de la France et elles ne la feront pas plus demain. Ces agences sont utiles à condition que l’on lise avec attention leurs avis.
Il y a trois agences.
La première Fitch, le 16 décembre a confirmé le "AAA" de notre pays avec une perspective négative, en indiquant qu’elle agissait ainsi en raison de son inquiétude sur l’aggravation de la crise en Europe.
Standard & Poor’s vendredi a dégradé seize pays de la zone euro, allant jusqu’à placer sous perspectives négatives des pays qui n’ont pas de dettes, quasiment pas de déficit, comme le Luxembourg ou les Pays-Bas.
Enfin, Moody’s lundi, a confirmé le "AAA" stable de la France tout en indiquant qu’elle poursuivait le réexamen de la notation de l’ensemble des pays européens et il est vrai, Jean-François Copé, que nous aurions aimé entendre l’opposition faire preuve d’autant d’imagination dans ses commentaires, à l’occasion de l’annonce de vendredi et de celle de lundi.
Mais en réalité ces trois agences, à leur manière, disent la même chose.
Elles disent qu’il y a une très grande incertitude qui pèse sur l’économie européenne et donc il est parfaitement inutile de se jeter avec gourmandise sur leur jugement pour leur faire dire ce qu’ils ne disent pas.
Et d’ailleurs pour une fois les marchés ont été un peu moins erratiques que les responsables politiques puisque les taux auxquels notre pays emprunte à dix ans sont descendus à 3,04% ; le spread entre la France et l’Allemagne s’est réduit aujourd’hui de 6,5 points et même la Bourse a salué positivement l’évolution de la situation de ces derniers jours.
La vérité mesdames et messieurs les Députés c’est que ces jugements auxquels nous accordons de l’importance ne nous ferons pas dévier de la stratégie que nous avons décidée et qu’ensemble nous nous sommes fixée.
Cette stratégie consiste d’abord à tenir strictement nos engagements en matière de réduction des déficits et en matière de réalisation des engagements budgétaires.
Nous nous étions engagés à descendre le déficit de 7 points à 5,7 en 2011. Nous le ferons et nous serons même en dessous de 5,7%.
Nous serons de la même façon, au rendez-vous de 2012 avec un engagement de déficit à 4,5 pour atteindre l’équilibre en 2016 et non pas en 2017, comme déjà le prévoit le programme du Parti socialiste.
La vérité, c’est qu’entre 2011 et 2012 nous avons fait 51 milliards d’euros d’économie, nous avons baissé pour la première fois les dépenses de l’Etat, nous avons diminué pour la première fois la masse salariale de l’Etat. Et en 2011 nous avons réduit le déficit public de 30 milliards d’euros.
Aucun gouvernement n’en a jamais fait autant sous la Ve République.
Désormais, désormais mesdames et messieurs les Députés, la priorité doit être à la recherche de la croissance.
Ce sera d’abord le sommet européen du 30 janvier qui devra examiner notamment des propositions importantes que la France met sur la table pour une action européenne au service de la croissance.
Mais ça sera surtout le sujet du sommet de demain avec les partenaires sociaux.
Il s’agit demain de regarder avec les partenaires sociaux comment la France peut aller chercher la croissance en améliorant la compétitivité de son économie. Nous allons le faire en proposant des mesures conjoncturelles mais nous allons le faire aussi en ouvrant le débat sur des propositions structurelles ; sur la question de la formation des chômeurs ; sur la question de la baisse du coût du travail et du financement de la protection sociale ; sur la question des accords de compétitivité dans les entreprises qui ont été une des raisons du succès allemand de ces dernières années ; et enfin, sur la question de la taxe sur les transactions financières.
Mesdames et messieurs les Députés, notre pays a besoin d’efforts, il a besoin d’unité, il a besoin de rigueur mais il a surtout besoin d’unité nationale.
Et je le dis solennellement devant vous, nous ne demandons pas à l’opposition d’approuver nos choix ni notre bilan. Nous lui demandons simplement de ne pas aggraver les difficultés de notre pays et celles des dirigeants européens.
Source http://www.gouvernement.fr, le 18 janvier 2012