Texte intégral
Lhumain dabord
Le programme du Front de Gauche et de son candidat commun
Jean-Luc Mélenchon
INTRODUCTION
Oui cest possible. Lhumanité a déjà surmonté de nombreuses catastrophes. Derrière la crise du système capitaliste qui se déroule sous nos yeux, il y a la possibilité dun monde meilleur. Nous devons la saisir. Elle est à notre portée. Encore faut-il que nous le décidions. La catastrophe écologique, lexplosion des inégalités, de la précarité et de la pauvreté, les violations répétées de la démocratie, le refus de rapports humains fondés sur la solidarité et la coopération, tout ceci a une cause dont laction humaine peut venir à bout. Tous ces maux trouvent leur commune origine dans la caractéristique essentielle de notre époque : la domination sans partage du capital financier sur le monde. Or cette domination en apparence inébranlable est en réalité dune grande fragilité. Car elle dépend tout entière de choix politiques que les peuples peuvent inverser. Affrontons la finance et nous retrouverons rapidement un avenir.
Cest ce que nous proposons dans ce programme. Nous navons pas attendu pour cela la crise des subprimes, les paniques boursières de lété 2011 et les diktats adressés par la Banque centrale européenne, instance non élue, aux gouvernements souverains de lUnion européenne. Ensemble, nous avons combattu la réforme des retraites que Sarkozy justifiait déjà par les exigences des marchés financiers. En 2005, nous avons mis en échec larrogance des puissants qui voulaient graver dans une Constitution européenne la suprématie des marchés. Navions-nous pas raison face à ceux qui prétendaient que le traité de Lisbonne allait accoucher dune Europe qui protège, dotée dun « leadership » enfin solide ? Chacun ne voit-il pas aujourdhui que leurs promesses étaient mensongères ?
Nous avions raison mais notre vote a été piétiné. Car ce sont désormais les « marchés financiers » auxquels les gouvernements confient la réalité du pouvoir. Cest leur tyrannie qui jette le monde entier dans la tourmente, réclamant aux peuples des sacrifices toujours plus grands afin quils règlent les montagnes dargent virtuel quils ont amassé. Tel est le résultat concret des politiques néolibérales qui nont pas cessé malgré la crise. Les gouvernements européens veulent aller plus loin dans ce sens en intégrant dans la loi fondamentale des États lobjectif de léquilibre budgétaire, ce que Nicolas Sarkozy appelle « la règle dor ». Si une telle disposition était intégrée dans la Constitution française, les prétentions des détenteurs de la dette simposeraient à nos représentants élus.
Le problème est donc politique. Tout comme la noblesse de 1789 ne pouvait rompre avec lAncien Régime, le capitalisme financier est incapable de sortir dun système qui le gave de privilèges. Pour résoudre la crise, il faut reprendre le pouvoir. Pour en finir avec linsécurité sociale générée par le règne du profit, pour que le respect de lécosystème menacé par le réchauffement climatique et la destruction de la biodiversité prime sur les exigences du court terme, pour que les lois adoptées visent à satisfaire lintérêt général plutôt que lavidité insatiable de quelques uns, il faut que soient élus des dirigeants qui ne dépendent daucune manière de loligarchie financière et que le peuple, à la faveur dune Sixième République, exerce le pouvoir pour de bon. Il faut une révolution citoyenne.
Déjà des révolutions se développent sur plusieurs continents, en Amérique latine, dans les pays arabes. . . Le leadership que se sont octroyé les États-Unis est contesté de toutes parts. Des jeunesses se lèvent, indignées. Les bourses, les marchés financiers sont mis en cause, y compris par les « chefs dÉtat » qui leur ont donné tant de pouvoirs !
Alors nous, en France, faisons aussi place au peuple. Un rendez-vous arrive qui peut en être loccasion. Dans cette période exceptionnelle, la présidentielle et les législatives de 2012 seront bien davantage quune énième échéance électorale. Et quand le peuple tout entier sera appelé à exercer sa souveraineté et dire où il voit lintérêt général, il peut ouvrir le premier acte de cette révolution citoyenne.
Ce programme veut y contribuer. Non pas comme un recueil de solutions toutes faites. Nous sommes dans un de ces moments de lhistoire où seule lintervention directe du plus grand nombre peut réinventer lavenir. Mais comme un outil visant à rendre majoritaires deux convictions qui peuvent tout changer.
Premièrement, il faut rompre avec les politiques suivies par les gouvernements au pouvoir ces dernières décennies. Bien sûr, il y a eu des différences entre la politique des gouvernements de droite et celle des gouvernements de gauche. Mais il y a aussi eu malheureusement des points communs : la croyance dans la construction actuelle, libérale, de lUnion européenne, la volonté de réduire le « coût du travail », le démantèlement des services publics, le refus daffronter les banques et les marchés financiers. Ces dogmes continuent dêtre répétés par les partis et médias dominants. Ils sont appliqués avec aveuglement par des gouvernements et des institutions internationales, Union européenne, FMI, OMC, Banque centrale européenne, dirigées indifféremment par des membres du PS ou de lUMP. Nous vous proposons de rompre avec ces principes qui nous ont menés dans limpasse, en imposant par votre vote dautres idées, dautres institutions et dautres représentants.
Deuxièmement, nous connaissons le point dappui à partir duquel reconstruire : lhumain. La richesse dun pays réside dans le travail humain, dans la capacité de ses femmes et de ses hommes à sassocier librement et à créer, à inventer, à produire. Le titre de notre projet, Lhumain dabord, nexprime pas simplement une préférence morale, il dit aussi notre stratégie contre la crise. En refusant la domination du capital financier sur le travail, en luttant contre la précarité, en garantissant à chaque personne le droit de se soigner, de séduquer, de se loger et de travailler, nous protégeons et accroissons les forces créatrices qui refondront notre pays et aideront demain à changer le monde.
Dans lordre politique aussi, nous plaçons lhumain, les citoyens dabord. Là encore ce nest pas simplement par conformité avec nos idéaux démocratiques. Cest aussi une condition nécessaire pour sortir de la crise. Face à la domination des marchés financiers qui soumet nos sociétés aux intérêts dune petite oligarchie, nous avons besoin de la souveraineté du peuple, seule à même de viser lintérêt général. Pour abolir les privilèges de notre temps, il nous faudra assumer puis remporter la confrontation avec la finance. La condition première de notre succès sera la mobilisation des femmes et des hommes, la construction de nouveaux rapports de forces favorables aux travailleurs et aux citoyens. Lhumain dabord, toujours.
Le Front de Gauche est justement né de lexigence de réinventer la gauche en sappuyant sur limplication populaire. En créant le Front de Gauche, les militants des partis et des formations qui le composent il y en a six désormais (Gauche unitaire, Parti communiste français, Parti de gauche, Convergences et alternative, Fédération pour une alternative sociale et écologique, République et Socialisme) ont bousculé leurs habitudes et se sont unis afin de se mettre à la hauteur de ce moment exceptionnel.
Nous aspirons à bouleverser radicalement la vie politique de notre pays. Nous voulons que les classes populaires retrouvent leur place alors que ce régime devient de plus en plus censitaire. Nous voulons bousculer la donne à gauche. Nous voulons que la volonté inflexible de résister à la finance devienne majoritaire à gauche et dans le pays.
Cest la condition pour quun gouvernement de gauche fasse du bon travail et ouvre une issue à la crise. Cest la condition pour battre durablement Sarkozy, la droite et lextrême droite.
Ce programme est le fruit de nos réflexions mais aussi celui de forums publics tenus dans tout le pays. À limage du Front de Gauche, cest un cadre général ouvert à limplication populaire. Il présente les grandes lignes dont nous voulons débattre pour éclairer le choix que chaque citoyen aura à faire en 2012. Des ateliers législatifs avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent vont permettre de le compléter, de le renforcer et de le traduire en mesures législatives encore plus précises. Ce livre aspire en premier lieu à être enrichi, discuté, contesté même. Il veut provoquer et nourrir le débat politique sans lequel il nest pas de démocratie adulte, condition dun peuple émancipé.
1 PARTAGER LES RICHESSES ET ABOLIR LINSÉCURITÉ SOCIALE
La France est plus riche que jamais. Mais jamais non plus cette richesse na été aussi peu partagée. Les réformes libérales qui se sont encore accélérées sous le pouvoir actuel ont permis à une petite minorité daccumuler des fortunes considérables. La pauvreté et la précarité se sont étendues, touchant des secteurs jusquici préservés. Légoïsme social des possédants viole lintérêt général. En partageant les richesses et en garantissant le droit de chacun à une vie stable et digne, nous permettrons à tous de vivre mieux. Cest le premier chantier de notre programme. Pour créer des millions demplois il propose une véritable réduction du temps de travail, une sécurisation de lemploi et de la formation tout au long de la vie, la création dun nouveau crédit bancaire sélectif et des pouvoirs nouveaux pour les salarié(e)s dans les entreprises. Il veut abolir la précarité et prône une augmentation des salaires et des retraites, le droit au logement pour tous, la défense dune vraie protection sociale, des services publics consolidés et étendus.
Agir tout de suite
Rétablissement des 35 heures
Droit à la retraite à 60 ans à taux plein
SMIC à 1.700 euros brut par mois pour 35 heures
Instauration dun salaire maximum pour toutes les entreprises
Augmentation immédiate des bourses détudes, élargissement des droits sociaux aux jeunes majeurs
Convocation dassemblées régionales et nationale pour lemploi, les qualifications et les salaires
Remboursement à 100 % des dépenses de santé
Abrogation de la loi MOLLE sur le logement
Blocage des loyers
Revenu maximum fixé à 360.000 euros par an
Arrêt de la RGPP
Abrogation de la réforme hospitalière, réintroduction des élections paritaires dans les caisses de gestion de la Sécurité sociale
Mesures immédiates contre la précarité et titularisation des 800.000 précaires de la fonction publique
Agir pour un changement durable
SMIC à 1.700 euros net par mois pendant la législature
Refonte du Code du travail pour abolir la précarité et établir légalité femmes-hommes
Mise en chantier dun système de sécurité, demploi et de formation pour tous
Mise en place dun statut social pour tous les jeunes permettant leur autonomie
Création dun pôle public du médicament
AUGMENTER LES SALAIRES
Nous voulons rétablir le droit au travail, à lemploi et au repos dans une nouvelle répartition des richesses. Pour cela, nous établirons les 35 heures effectives, le droit à la retraite à 60 ans à taux plein, le SMIC à 1.700 euros et un salaire maximum dans les entreprises publiques et privées.
Après leur remise en cause par la droite, les 35 heures seront pleinement établies par la loi, sans annualisation, ni perte de salaire et avec les embauches correspondantes (notamment dans la fonction publique), sous le contrôle des élus du personnel. Le recours aux heures supplémentaires sera strictement limité. Nous agirons dans une logique de plein emploi, de réduction du temps de travail, dabolition de la précarité et dinstallation dune « sécurité emploi formation ». Chaque année, nous réunirons les partenaires sociaux et les différentes collectivités publiques dans une assemblée nationale et des assemblées régionales permettant de fixer des objectifs précis pour lemploi, les qualifications et les salaires.
* Hyper-riches et pauvreté de masse, lexplosion des inégalités
45 %, cest la part des Français qui nont pas pu partir en vacances cet été, 32 %, celle de ceux qui ne peuvent même pas partir une semaine dans lannée. Depuis une vingtaine dannées, les inégalités se creusent. Entre 1990 et 2008, le pouvoir dachat des 10 % les plus riches a crû de 27 % et celui des 10 % les plus pauvres de seulement 13 %. Mais ces chiffres ne rendent pas compte de laccumulation sans précédent de richesses qui se concentre entre quelques mains. Entre 2004 et 2008, avec la droite, le revenu des 1 % les plus riches a augmenté en moyenne de 7.700 euros par an et celui des 0,01 % les plus riches, de 180.400 euros par an. Tout en haut de la pyramide, Liliane Bettencourt a gagné en 2005 léquivalent de 15.000 SMIC. Pendant ce temps les 50 % les plus modestes, assujettis à la précarité et au chômage de masse (entre 2,7 et 5 millions de chômeurs selon les modes de calcul en 2010) se contentaient dune augmentation moyenne de 900 euros par an.
Nous rétablirons également le droit à la retraite à 60 ans à taux plein (75 % du salaire de référence)pour toutes et tous avec la prise en compte de la pénibilité de professions particulières donnant droit à des départs anticipés. Aucun salarié ne touchera de retraite inférieure au SMIC. Le financement des retraites sera assuré en particulier par une cotisation nouvelle sur les revenus financiers des entreprises, au même taux que les cotisations employeurs sur les salaires. Laccroissement du taux et de la masse des cotisations patronales sur les salaires sera modulé en fonction des choix de gestion de ces entreprises. Aucun recours à la fiscalisation des retraites ou de la protection sociale ne sera opéré pour leur financement.
Afin denrayer la montée des inégalités de richesse dans notre pays, nous procéderons à une réévaluation globale des salaires et des traitements, des indemnisations du chômage et des retraites, et les indexerons sur lévolution du coût de la vie. Cette réévaluation se fera aux deux extrémités de léchelle des salaires. Nous porterons immédiatement le SMIC à 1.700 euros brut par mois pour 35 heures, conformément aux revendications syndicales, et 1.700 euros net pendant la législature. Un salaire maximum sera instauré. La Confédération européenne des syndicats propose dailleurs, dans toutes les entreprises, que lécart entre le plus bas et le plus haut salaire ne puisse dépasser 1 à 20. Ainsi, les patrons ne pourront gagner plus sans dabord augmenter les salariés du « bas de léchelle ». Par la fiscalité, nous établirons un revenu maximum fixé à 20 fois le revenu médian (soit aujourdhui 360.000 euros par an).
Nous voulons éradiquer la pauvreté ! Aucun revenu ne pourra être fixé sous le seuil de pauvreté (environ 800 euros par mois pour une personne seule, soit 50 % du revenu médian : il concerne 13 % de la population) en tenant compte de la composition familiale. Les minima sociaux seront fixés en référence au SMIC et indexés sur celui-ci.
ABOLIR LA PRÉCARITÉ
La deuxième caractéristique du capitalisme de notre époque est la généralisation de la précarité. Nous combattrons ce fléau qui ronge à petit feu les forces vives du pays. Nous agirons pour éradiquer le chômage et prendrons des mesures contre la précarisation de toute la vie sociale, et en particulier en faveur de celles et de ceux qui en sont les premières victimes : les jeunes, les travailleurs précaires (exploités par le détournement des lois), les chômeurs (mis à lécart et stigmatisés), les femmes, etc.
Pour sortir les jeunes de la précarité, de la dépendance familiale et du recours au salariat pendant leurs études, nous créerons un statut social pour tous les jeunes permettant leur autonomie. Nous mettrons en place un système dallocations financées, pour les jeunes en formation, par la solidarité nationale, et pour ceux en recherche dun premier emploi, par la Sécurité sociale professionnelle. Ces contrats sécurisés de formation et demploi ouvriront droit à la prise en charge des cotisations sociales afin entre autres dinclure les années de formation dans la durée de cotisation pour la retraite. Ainsi, lentrée sur le marché de lemploi ne sera plus cette période blanche où le jeune travaille autant, sinon plus quun autre salarié, pour un revenu et des droits moindres.
Le CDI à plein temps sera réaffirmé comme norme du contrat de travail, le recours aux intérimaires et contrats à durée déterminée strictement encadré. Un quota maximal dintérimaires et de contrats à durée déterminée égal à 5 % des effectifs dans les grandes entreprises et 10 % dans les PME sera instauré sauf dérogation justifiée. Afin de lutter contre la perpétuation à linfini de la galère, nous créerons un droit automatique au passage à temps plein pour les temps partiels. Les droits des salariés des entreprises sous-traitantes seront alignés vers le haut sur ceux des donneurs dordre. Les stages seront encadrés obligation de rémunération à 50 % du SMIC dès le premier mois de stage, limitation de la durée des stages à 6 mois, délai de carence de 3 mois entre deux stages, quota de stagiaires par entreprise, cotisation sociale sur les indemnités de stage et accès des stagiaires à la protection sociale. Une sécurité sociale professionnelle pour tous les salariés sera créée.
En plus des nouveaux droits donnés aux salariés et aux comités dentreprise en cas de licenciement et de délocalisation, nous rétablirons lautorisation administrative de licenciement. Nous interdirons les licenciements boursiers ainsi que la distribution de dividendes pour les entreprises qui licencient. En cas de délocalisation ou de dépôt de bilan, nous instaurerons un droit des salariés à la reprise de leur entreprise sous forme de coopérative.
Nous abrogerons la RGPP et renforcerons la fonction publique, notamment par les embauches nécessaires à la satisfaction des services rendus à la population. Parce que lÉtat doit être exemplaire, nous titulariserons les 800.000 précaires de la fonction publique.
Nous abrogerons toutes les lois antisociales qui ont cassé le Code du travail et engagerons sa refonte pour introduire de nouveaux droits et des garanties élevés pour les salariés, ainsi quune nouvelle convention de lUnedic (visant la fin des radiations, larrêt des dispositifs de contrôle social des chômeurs mis en place à Pôle emploi, louverture des droits à la protection chômage dès le premier mois de travail). La hiérarchie des normes et le principe de faveur seront notamment rétablis : aucun accord dentreprise ne pourra être moins favorable aux travailleurs quun accord de branche ou que le droit commun. Nous réintroduirons lobligation de réintégrer les travailleurs abusivement licenciés sils le souhaitent et nous supprimerons la loi Maillé dextension du travail du dimanche.
Le respect de ces droits et de ces protections sera, au quotidien, le meilleur garant du recul de la souffrance au travail. Le nouveau Code du travail assurera labolition de la précarité et légalité femmes-hommes dans lentreprise en prévoyant de lourdes pénalités pour les entreprises qui ne respecteront pas cette égalité. Les effectifs de linspection du travail seront doublés pour faire respecter les droits sociaux du travail. Nous ferons de la protection sociale un bien commun et un droit de base pour tous en renforçant le principe de solidarité entre les générations. La perte dautonomie (que la droite nomme « dépendance ») sera couverte dans le cadre de la protection sociale sans recours aux assureurs privés. Et nous favoriserons, au niveau départemental, la création de pôles publics de « lautonomie ».
La lutte pour la santé au travail sera décrétée cause nationale dès la première année de mandat, et nous engagerons immédiatement, en concertation avec les personnels de la santé et les représentants des salariés, le réinvestissement massif de lÉtat dans la médecine du travail.
PLAN DURGENCE POUR LE LOGEMENT ET CONTRE LA SPÉCULATION IMMOBILIÈRE
À cause de la crise et de la bulle immobilière, les conditions de logement de nos concitoyens se dégradent. Nous ferons à nouveau du logement un droit et une priorité nationale. Pour cela, nous abrogerons la loi Boutin (MOLLE) et toutes les aides fiscales au logement spéculatif privé. Le logement locatif social sera reconnu comme le logement universel accessible à tous. Nous engagerons un plan durgence national pluriannuel de construction de 200.000 logements publics sociaux par an pendant cinq ans comprenant un volet spécifique de logements étudiants et pour les jeunes. Nous porterons donc le budget logement à 2 % du PIB en crédits de paiement, et reviendrons à une aide à la pierre à hauteur de 40 % du coût des opérations, avec des prêts publics bonifiés et de longue durée de remboursement.
* Le mal-logement en France
La France compte plus de 3,6 millions de personnes sans logement ou très mal logées auxquelles il faut ajouter cinq millions de personnes mal logées (copropriétés dégradées, logements surpeuplés). Entre 2002 et 2006, le nombre dimpayés de loyer a bondi de 83 % dans le secteur privé. Le nombre de décisions dexpulsions a dépassé les 100.000 sur une année, en hausse de près de 43 % en dix ans.
1,3 million de demandes de logement social sont en souffrance et concernent 3 millions de personnes, une hausse de 25 % en moins de 10 ans. 3,5 millions de familles sont en situation de précarité énergétique, cest-à-dire quelles consacrent plus de 10 % de leurs ressources aux dépenses dénergie.
Ces situations humaines dramatiques ne sont pas une fatalité. Elles sont la conséquence de la hausse des loyers (+ 50 à 90 % selon les endroits entre 2000 et 2010) et du nombre bien trop faible de constructions de logements sociaux.
Nous interdirons les expulsions locatives de toute personne et famille en difficulté économique et sociale. Nous garantirons à chacune et chacun le droit au maintien dans son logement, par la mise en oeuvre dune sécurité locative mutualisée. Nous mettrons en place une tarification sociale garantissant le droit et laccès de toutes et de tous à leau et à lénergie. Nous garantirons et renforcerons les moyens de lhébergement durgence.
Nous revaloriserons lAPL en supprimant le mois de carence de son attribution, son caractère rétroactif, et en indexant le forfait charges sur lévolution réelle de celles-ci. Pour favoriser laccès au logement dans le parc privé, nous supprimerons la caution.
Nous supprimerons le surloyer ainsi que les plafonds de ressources. Dans un premier temps nous bloquerons les loyers dans le public et encadrerons leur évolution dans le privé par le plafonnement des prix à la vente et à la location, en fonction de la tension dans les territoires. Dans un deuxième temps, pour garantir légalité daccès de tous à un logement de qualité, la mixité sociale de lhabitat, et permettre la baisse des loyers pour le plus grand nombre, nous nous fixerons lobjectif que la proportion du loyer et des charges dans le budget des familles nexcède pas 20 % de leurs revenus.
Nous appliquerons la loi de réquisition des logements vacants et engagerons un plan de mobilisation des logements vides : réduisant le délai de vacance dun logement, nous renforcerons les critères de procédure de réquisition et labattement annuel de 10 % au bout de la cinquième année et dexonération pour les étrangers. Nous instaurerons une taxe sur les bureaux vides.
Nous créerons un service public national et décentralisé du logement, de lhabitat et de la ville.
Ce service public se déclinera en quatre volets :
un pôle public financier, appuyé sur la Caisse des dépôts et consignations, pour financer le logement social.
un pôle public de la construction pour casser le monopole des majors du BTP et permettre labaissement des loyers et des charges.
une agence nationale foncière et décentralisée au niveau des régions, dotée de fonds dintervention importants, pour lutter contre la spéculation du sol par une maîtrise publique des sols via des baux emphytéotiques et pour inciter à la construction de logements sociaux dans toutes les communes.
des outils publics ou à vocation publique dont la mission serait de mettre en oeuvre localement le droit au logement avec une gestion démocratisée, consolidée par une représentation renforcée et majoritaire des élus locaux, des représentants des salariés, des associations et des usagers bénéficiant de nouveaux droits de décision et de contrôle.
Nous agirons pour une application résolue de la loi SRU élargie en remontant, à 30 % en zone de tensions et à 25 % sur le reste du territoire, le seuil minimal de logements sociaux ; dans les communes ne respectant pas la loi SRU, tout programme de construction de plus de 10 logements devra respecter le quota de 50 % de logements sociaux. En cas de refus, le préfet pourra prendre dautorité les dispositions nécessaires.
Le financement des crédits alloués au logement social sera assuré par le relèvement du plafond du Livret A à 20.000 euros, la recentralisation de sa collecte par la Caisse des dépôts et consignations, la majoration de 0,55 % de la contribution des employeurs à leffort de construction pour établir un véritable 1 % logement. Nous taxerons la spéculation financière et immobilière avec la création dune taxe « contribution logement » de 10 % sur les revenus financiers, et nous supprimerons la taxation des bailleurs sociaux adoptée dans le projet de loi de finances de 2011. Nous soutiendrons les collectivités qui créeront les conditions dune accession sociale à la propriété. Nous appuierons les projets innovants favorisant laccompagnement des personnes en demande durgence.
Nous agirons pour la généralisation, dans lensemble du parc dhabitation public et privé, des normes environnementales, pour lapplication des normes réduisant les factures énergétiques et les émissions de CO2 et pour lémergence dune filière de léco-construction.
LA SANTÉ, NOTRE BIEN COMMUN!
Le niveau des indicateurs de santé révèle avant tout les inégalités socio-économiques. En ce sens, les mesures qui précèdent concourent toutes à renforcer le droit à la santé, que nous définissons comme « un état de bien-être physique, mental et social » et considérons comme une préoccupation transversale de toutes les politiques publiques.
Nous mettrons fin en priorité aux fermetures et démantèlements dhôpitaux, de maternités, de centres de soins et dIVG. Nous garantirons laccès effectif et gratuit à la contraception et à lIVG. Nous abrogerons la loi Bachelot et la loi de 2003 instituant la tarification à lactivité. Nous investirons massivement pour redonner à lhôpital public les moyens nécessaires à une politique de santé de qualité.
Nous rétablirons le remboursement intégral à 100 % des dépenses de santé couvertes par la Sécurité sociale en y incluant les lunettes et les soins dentaires ; les mutuelles seront orientées principalement sur les questions de prévention. Nous supprimerons les forfaits et les franchises. Le financement de la protection sociale doit être construit à partir des cotisations sur les salaires, avec une modulation et une contribution sur les revenus financiers des entreprises, des banques et des assurances.
Nous voulons reconstruire et développer un service public de santé basé sur la proximité et la qualité des soins avec les personnels, les élus et les citoyens. Nous favoriserons la mise en réseau des hôpitaux entre eux et avec la médecine ambulatoire pour développer la prise en charge technique nécessaire sans lopposer à la proximité, pour réduire les temps dattente dangereux et onéreux et contribuer à la coopération des professionnels. Nous assurerons la promotion des centres de santé et le respect de leur vocation initiale daccès aux soins pour tous.
Le travail en partenariat avec la médecine libérale sera renforcé. Afin de prendre en charge « la personne » dans sa globalité et non le « malade » le médecin généraliste verra sa position nettement revalorisée. La médecine générale sera considérée comme une spécialité, revalorisée dans la formation, dans sa rémunération et sa reconnaissance universitaire. Plutôt quune politique fondée sur la sanction financière, la puissance publique développera de nouvelles formes de rémunération intégrant lélaboration des dossiers, la prévention et léducation à la santé.
Pour faire face à la pénurie des médecins généralistes et de certaines spécialités, le nombre détudiants à lentrée des études de médecine sera augmenté de manière significative dans la perspective de la suppression du numerus clausus.
Nous organiserons une négociation conclue par un accord majoritaire pour redéfinir une nouvelle convention médicale, remettant en cause les dépassements dhonoraires et créant de vraies incitations à linstallation (financières, techniques, daide à linstallation ou à léquipement, etc.) pour en finir avec la désertification médicale.
Pour lutter contre la pénurie de personnel, nous lancerons un programme de formation de toutes les disciplines de la santé, libéré de linfluence des laboratoires pharmaceutiques.
Nous organiserons la formation par concours dentrée dans la fonction publique. La validation des acquis se fera aussi devant des commissions multidisciplinaires sur le principe de trois tiers-temps : formation, production de soins et temps de formateur ou de contribution à léducation sanitaire.
Le maillage du territoire national devra être assuré pour répondre aux besoins de santé et non pas en fonction de logiques comptables. Pour ce faire, nous établirons une couverture nationale de santé égale sur tout le territoire. Tous les bassins de vie seront dotés déquipements publics de santé (hôpitaux, services hospitaliers, maternités, urgences. . . ) en rapport avec leur population. Les réponses au manque dautonomie seront prises en charge par la Sécurité sociale à 100 % pour la partie « soins » et par le développement des services publics.
Nous organiserons un grand débat public pour une réforme progressiste de la psychiatrie respectant les libertés individuelles.
Nous libérerons la recherche pharmaceutique de la soumission aux marchés et aux laboratoires en mettant en place un pôle public du médicament avec au moins une entreprise publique qui interviendra sur la recherche, la production et la distribution des médicaments.
Ce pôle public :
produira une partie des médicaments ;
contrôlera le système de sécurité des médicaments, leur mise sur le marché et leur prix ;
sera doté de pouvoirs de sanction à légard des laboratoires qui manqueraient à leur devoir de sécurité sanitaire ;
relancera la recherche publique et fera adopter une charte incluant le devoir de recherche sur les médicaments dits « non rentables ».
Nous redonnerons à la santé publique, à la promotion de la santé et à la prévention, les moyens qui leur font défaut, notamment en matière détude et de recherche. Nous répondrons à lexigence de sécurité sanitaire avec un vrai contrôle démocratique et une mobilisation permanente de tous les acteurs.
Les ARS seront supprimées. Lensemble des dispositions en faveur de la santé sera mis en oeuvre par des instances regroupant les personnels et les professionnels, les élu(e)s et les citoyen(ne)s.
UN PACTE POUR UN NOUVEL ESSOR DES SERVICES PUBLICS
Les services publics doivent satisfaire les besoins des populations et lintérêt général. Ils doivent donc être préservés de toute soumission à des intérêts privés comme aux marchés financiers.
Léducation, la santé, la protection sociale, la recherche, lénergie, leau, les transports, les télécommunications, le crédit, le logement, la Poste, la sécurité et la justice seront protégés comme notre patrimoine commun car ils assurent les conditions de légalité et de la citoyenneté.
Nous ferons nôtres les objectifs du Pacte pour les services publics, adopté aux États généraux de janvier 2011, fondé sur le principe dappropriation sociale, dégalité et de solidarité, de reconquête du bien commun par le peuple dans le plein exercice de sa souveraineté et sur lambition dun développement humain durable.
Nous reconstruirons et développerons nos services publics. La RGPP qui les démantèle sera abrogée, les postes qui répondaient aux besoins collectifs et ont été supprimés par la droite seront tous rétablis. Pour que laccès égal de tous y soit garanti, nous maintiendrons et reconstruirons les services publics de proximité et réviserons les tarifs, en appliquant le cas échéant la gratuité.
* La révision générale des politiques publiques (RGPP)
Menée sous couvert de « responsabilité » et de « rationalisation », la RGPP est une terrible entreprise de démantèlement et dapplication des normes du privé à la fonction publique. Mise en place en 2007 et poursuivie chaque année depuis, elle va du plus voyant (principe du non-remplacement dun fonctionnaire sur deux ; embauche de salariés précaires en dehors des concours de la fonction publique ; logique managériale de gestion des universités à travers la loi LRU) au plus sordide (réduction de lhébergement durgence, superprimes accordées aux préfets ou aux recteurs en fonction des postes supprimés). La RGPP dégrade le service rendu aux usagers, prive des territoires sinistrés de services publics et provoque de graves souffrances chez les personnels (multiplication des suicides).
Nous développerons et créerons des services publics, définis démocratiquement par les citoyens, les salariés et leurs élus, assurant une répartition des richesses qui doit permettre leffectivité des droits, et financés par une fiscalité juste et redistributrice, une taxation des revenus et des actifs financiers, la taxation des revenus du patrimoine ainsi que la suppression des exonérations de cotisations sociales patronales et des niches fiscales qui, aujourdhui, profitent aux hauts revenus et aux grandes entreprises.
Les moyens des services publics seront renforcés avec des financements dégagés de lemprise des marchés financiers pour leur permettre de remplir leurs missions au service de lintérêt général, en dehors de toute contrainte de rentabilité financière. Des critères defficacité sociale seront établis démocratiquement en li eu et place des critères marchands.
La délégation de service public sera strictement encadrée. Il sera créé un nouveau statut dÉtablissement public local citoyen inspiré des EPIC. Ils seront dirigés par les collectivités, les salariés et les usagers. Les directions des entreprises publiques qui se sont acharnées à introduire la logique privée au détriment de lintérêt général seront remplacées par des cadres compétents et attachés au service public. Les méthodes managériales inefficaces et cruelles introduites dans les services publics au détriment des salariés et des usagers, conduisant à une dégradation sans précédent des conditions de travail et de service jusquau drame, seront abandonnées. Nous étendrons et augmenterons la place des représentants du peuple dans la gestion des services publics.
Les secteurs confiés au service public seront protégés de la libéralisation des marchés et de leur mise en concurrence. Le monopole public sera rétabli là où lintérêt général le commande. Au plan européen et mondial, nous agirons pour le développement de coopérations publiques solidaires afin détendre et de renforcer les services publics : leur harmonisation ne pourra se faire que par le haut. Nous reviendrons notamment sur la directive « Services » (dite « Bolkestein ») et nous stopperons toutes les libéralisations entreprises notamment dans les secteurs du rail, du courrier et de lénergie.
De nouveaux services publics seront créés et développés, en particulier dans le domaine de la petite enfance.
Un service public de linformation et de la culture, soustrait du pouvoir de largent et des pressions politiques, sera le garant du pluralisme et de lexercice de la citoyenneté
LÉtat garantira laccès de chacune et de chacun à la pratique sportive de son choix tout au long de la vie. Il donnera au mouvement sportif les moyens de laccomplissement de ses missions de service public.
2 REPRENDRE LE POUVOIR AUX BANQUES ET AUX MARCHÉS FINANCIERS
En quelques années, la finance a conquis des pouvoirs exorbitants. Le dollar, monnaie internationale de référence, na plus aucun lien avec une quelconque réalité matérielle. Les détenteurs de capitaux peuvent agir à leur guise sur des marchés boursiers méthodiquement dérégulés. Ils ont obtenu une fiscalité au bénéfice des revenus du capital, le droit déchapper en grande partie à limpôt, la libre circulation du capital financier dans le monde et ils se permettent aujourdhui de « noter » les États, les plaçant sous la menace des attaques des spéculateurs.
Nous mettrons fin à ces privilèges inouïs et contraires à la démocratie qui nous placent sous la menace de crises financières incessantes et de politiques daustérité désastreuses. Nous mettrons en place une nouvelle réglementation bloquant la spéculation et la financiarisation de toute léconomie et placerons sous contrôle social les banques privées qui la violeraient. Nous agirons pour changer les missions de la Banque centrale européenne et créerons en France un pôle public bancaire et financier qui agira pour lemploi et les salaires, contre les délocalisations et la spéculation.
Agir tout de suite
Adoption dune loi portant création dun pôle public financier transformant notamment la politique et les critères du crédit
Placement sous contrôle social des banques privées qui ne respecteraient pas la nouvelle réglementation en matière de lutte contre la spéculation et la financiarisation de notre économie
Blocage des échanges de capitaux avec les paradis fiscaux
Réforme de la fiscalité : suppression du bouclier fiscal, augmentation de lISF et de limpôt sur les revenus du capital, taxation des revenus financiers des entreprises, mise en place du principe de modulation de limpôt sur les sociétés et du taux des cotisations sociales patronale en fonction des objectifs demploi, de formation et de salaires de lentreprise Suppression des exonérations de cotisations sociales patronales qui ont montré leur inefficacité
Création dun Fonds national et de fonds régionaux pour lemploi et la formation
Agir pour un changement durable
Transformation des missions, de la politique monétaire et de la gouvernance de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque de France et création dun Fonds européen de développement social, écologique et solidaire pour lexpansion des services publics, de lemploi et des qualifications
Création de pouvoirs nouveaux pour les salariés et leurs représentants dans la gestion de leur entreprise, ainsi que des citoyens dans les institutions bancaires et les collectivités territoriales
LARGENT DES ENTREPRISES
Nous proposerons des mesures précises pour désintoxiquer les entreprises de la finance et pour mettre fin à la déstructuration du marché du travail et à la désindustrialisation du pays. Nous en finirons avec les 30 milliards deuros annuels dexonérations de cotisations sociales patronales, dont on a pu constater linefficacité pour lemploi, et avec les exonérations fiscales.
* Privilèges fiscaux des grandes entreprises : lexemple de Total
Le groupe pétrolier Total a réalisé en 2011 plus de 10 milliards deuros de bénéfices, distribués pour moitié à ses actionnaires. Mais il ne verse pas un sou au titre de limpôt sur les sociétés. Cest la conséquence du « bénéfice mondial consolidé », une niche fiscale taillée sur mesure pour 5 grands groupes désignés par le ministre de lÉconomie (dont Total, Vivendi et NRJ). Ce dispositif est révélateur des privilèges fiscaux concédés principalement aux grandes firmes transnationales. Les petites entreprises de moins de 9 salariés sont ainsi taxées en moyenne à 30 %, là où celles du CAC40 le sont à seulement 8 %. Mais il ne représente quune petite part des 170 milliards deuros de niches fiscales dont bénéficient chaque année les entreprises au détriment du budget de lÉtat.
Nous taxerons les revenus financiers des entreprises.
Nous modulerons limpôt sur les sociétés et le taux des cotisations sociales afin dinciter les entreprises à développer la valeur ajoutée, les formations, les salaires et lemploi, en pénalisant les entreprises qui délocalisent, développent leurs placements financiers, ou se servent des nouvelles technologies pour supprimer des emplois et dégrader les conditions de travail. Nous créerons les conditions pour imposer aux banques le financement, à des taux dintérêt faibles, de projets porteurs dun renforcement de lemploi, de la qualification et du potentiel de création de valeur ajoutée dans les territoires. Ainsi, des fonds régionaux et un Fonds national pour lemploi et la formation pourront se servir des moyens dintervention publique à leur disposition (bonifications dintérêts, garanties demprunts) en réutilisant à cet effet les fonds aujourdhui gaspillés dans les cadeaux fiscaux et sociaux aux entreprises.
Toutes ces aides auront une contrepartie sociale et environnementale contraignante.
LARGENT PUBLIC
Nous voulons libérer les finances publiques des griffes des marchés financiers.
Notre stratégie se décline en quatre axes : reprise du contrôle des mouvements de capitaux aux frontières de lUnion européenne ; possibilité que les banques centrales contribuent directement au financement des biens et des services publics ; obligation de détention de titres de la dette publique par les institutions financières ; abrogation du Pacte de stabilité et du Pacte pour lEuro+ pour ouvrir la voie à un nouveau Pacte européen de progrès social et de co-développement.
Nous proposons que la BCE (et les banques centrales nationales comme la Banque de France qui constituent ensemble lEuro-système) finance directement, par création monétaire, un Fonds de développement social, solidaire et écologique européen. Celui-ci remplacera le Fonds de stabilité financière institué en mai 2010 par les dirigeants de leuro et auquel ceux-ci entendent substituer, à partir de 2013, un « Mécanisme européen de stabilité » flanqué du « Pacte pour lEuro+ ».
* La « règle dor » et la dette
La question de la dette fait lobjet dun double mensonge : - La dette serait due aux politiques de redistribution. Or ce sont les politiques fiscales de droite qui ont creusé la dette. Depuis 2002 la multiplication des exonérations fiscales et sociales a fait perdre près de 100 milliards deuros au budget de lÉtat et a provoqué le doublement de la dette. Par ailleurs, dès 1973 lÉtat a renoncé à sa prérogative de battre monnaie. Ne pouvant se financer directement ni auprès de la Banque de France ni aujourdhui auprès de la BCE, il est ainsi obligé de sadresser aux banques privées, qui prélèvent des intérêts au passage. La dette de tous fait la rente de quelques-uns.
- La « discipline budgétaire » aurait le même sens pour un ménage et un État. En réalité, le déficit public, bien utilisé, crée de la demande. Il permet de remplir le carnet de commandes des entreprises et de stimuler la création de richesses et demplois, bases des recettes fiscales et parafiscales qui contribuent ensuite à réduire la dette. Les cures daustérité drastiques, en supprimant au passage des services utiles aux populations, entraînent le scénario grec : on déprime la demande, les entreprises ferment ou licencient, léconomie entre en récession, donc les rentrées fiscales baissent et pour finir. . . la dette augmente.
Des titres publics pour le développement social seront rachetés directement par la BCE et les banques centrales nationales. Cette création monétaire, allouée via le Fonds de développement, permettrait de répartir des masses volumineuses de financement, à taux dintérêt nuls ou très bas, entre les pays membres de leuro, en fonction de leurs besoins propres et, expressément, pour le développement des services publics nationaux et de leur coopération européenne. Le Fonds financerait également des projets publics démocratiquement sélectionnés sur la base de critères précis de création et de sécurisation des emplois, de développement de la formation et de la recherche, de respect de lenvironnement, délévation du potentiel de création de valeur ajoutée des territoires.
Cela permettrait, non seulement de défendre, mais délever le modèle social européen.
Sans attendre, la Banque de France sera mise au service de ces objectifs.
Parce que linvestissement public est nécessaire et tout particulièrement en période de crise pour suppléer les défaillances de linvestissement privé, nous refusons le dogme de la réduction de la dépense publique. Nous refusons dinscrire dans la Constitution lobjectif de léquilibre budgétaire que Nicolas Sarkozy appelle « la règle dor ». Nous établirons une fiscalité qui redonne toute sa place à un impôt sur le revenu réellement progressif.
La réforme de la fiscalité permettra de contribuer à cette réorientation radicale de la politique économique. Nous mettrons fin au démantèlement de la fiscalité du patrimoine engagé par le gouvernement actuel, nous supprimerons le bouclier fiscal et nous augmenterons le rendement de lISF. Une loi anti-évasion fiscale permettra limposition des revenus des Français à létranger. Loin de toute fusion entre la CSG et limpôt sur le revenu, nous mettrons en place une nouvelle cotisation sociale sur les revenus financiers afin daller vers la suppression de la CSG et lextinction de toute fiscalisation de la protection sociale.
LARGENT DES BANQUES, UN PÔLE FINANCIER PUBLIC
Contre la dictature des marchés financiers et des gestionnaires de capitaux, lobsession du court terme et le contournement de la démocratie, nous agirons pour établir le pouvoir de la société sur les banques et le crédit afin de produire autrement les richesses.
Nous créerons un pôle financier public par la mise en réseau des institutions financières publiques existantes (Caisse des dépôts, Crédit foncier, OSEO, CNP, Banque postale), des banques et des assurances mutualistes dans le respect de leurs statuts et la nationalisation de banques et de compagnies dassurances. Ce réseau sera chargé dune nouvelle mission de service public du crédit et de lépargne, au service de lemploi, de la formation, de la croissance réelle et de la préservation de lenvironnement afin de sortir de la crise et de lemprise des marchés financiers.
Son action permettra de soutenir localement les luttes sociales, appuyées sur de nouveaux droits des salariés et des citoyens et sur des fonds régionaux pour lemploi et la formation. Les salariés et leurs représentants disposeront dun droit de saisine de ce réseau.
La « gouvernance » dun tel pôle reposera sur des pouvoirs nouveaux exercés par les représentants de la nation, les représentants des salariés travaillant dans ces institutions et leurs usagers : les entreprises et collectivités territoriales, bien sûr, mais aussi les salariés, les chômeurs, les précaires et leurs représentants, les associations de consommateurs et les associations de défense de lenvironnement. Une telle gestion démocratique permettra notamment de développer des missions spécifiques dintérêt général en faveur du financement des PME, du logement, des collectivités territoriales, des services rendus aux déposants.
Nous combattrons la spéculation et la financiarisation de notre économie en interdisant les ventes de gré à gré, les ventes à découvert et les produits spéculatifs et en bloquant les échanges de capitaux avec les paradis fiscaux, ce qui contribuera à leur disparition. Nous imposerons la séparation des banques de dépôt et des banques dinvestissement. Nous interdirons les stock-options, les LBO et les engagements hors bilan et obligerons les entreprises à la transparence financière. Nous protégerons les collectivités locales victimes des crédits toxiques. Les mouvements internationaux de capitaux à des fins de spéculation et de placement financier seront contrôlés et taxés.
LARGENT EN EUROPE ET DANS LE MONDE
Nous agirons en même temps pour changer les traités européens, afin de mettre un terme à lindépendance de la BCE vis-à-vis des instances démocratiques nationales et européennes, et pour que sa mission, sa politique monétaire et de crédit donnent la priorité à lemploi et au développement humain durable.
Cette action peut commencer dès aujourdhui dans les luttes pour dautres financements des entreprises et des services publics, avec le Fonds de développement social solidaire et écologique européen financé par la création monétaire de la BCE.
En même temps, il sagirait dinstituer une coopération euro-méditerranéenne de progrès social, écologique et de co-développement en direction des pays du Maghreb, du Machrek, dAfrique noire et du Moyen Orient.
Simultanément à ces actions pour une autre utilisation de leuro en France, en Europe et dans le monde, nous prendrons des initiatives pour mettre fin à la domination des États-Unis sur le système monétaire international avec la création dune monnaie commune mondiale alternative au dollar. Elle permettrait lessor dun nouveau crédit massif, peu coûteux et sélectif, pour financer les investissements nécessaires aux peuples du Sud pour maîtriser leur développement et pour protéger lenvironnement et les biens communs de lhumanité.
3 LA PLANIFICATION ÉCOLOGIQUE
Nous le savons désormais, la catastrophe écologique remet en cause potentiellement les conditions mêmes de la vie humaine sur Terre. Or le réchauffement climatique, la destruction de la biodiversité, lépuisement rapide des ressources naturelles ne sont pas des catastrophes dorigine naturelle, mais le résultat des logiques capitalistes du profit maximal à court terme. Face à la tyrannie du productivisme, nous proposons la planification écologique comme moyen de redéfinir nos modes de production, de consommation et déchange en fonction de lintérêt général de lhumanité et de limpact de lactivité économique sur lécosystème. Elle permettra de préciser les orientations et les investissements publics nécessaires pour enclencher une transition écologique et promouvoir un développement humain durable créateur demplois et facteur dégalité sociale. Elle sappuiera sur un plan écologique débattu et voté au Parlement, assorti dune loi de programmation financière.
Agir tout de suite
Moratoire sur toutes les politiques de déréglementation de lénergie, abrogation de la loi NOME
Mise en place dun plan de transition écologique réintroduisant la maîtrise publique de lénergie et promouvant des investissements publics conditionnés à des critères écologiques, sociaux et démocratiques
Mise en place dun plan de financement pour la sobriété et lefficacité énergétiques et pour la diversification des sources dénergie
Agir pour un changement durable
Maîtrise publique de la gestion de leau et de lassainissement
DES CHOIX ÉNERGÉTIQUES SOUS CONTRÔLE CITOYEN
Nous réaffirmons lexigence de la maîtrise publique, sociale et démocratique du secteur de lénergie, seule garante de la transparence, de lindépendance, de lexpertise et de la qualité des installations et des exploitations. Nous créerons un pôle 100 % public de lénergie comprenant EDF, GDF, Areva et Total re-nationalisé. Ses salariés seront toutes et tous sous le même statut. Ils et elles seront associés étroitement aux choix de gestion de lentreprise publique, et leur liberté dexpression sera garantie. Les citoyens seront également associés à la direction de ce pôle. Nous agirons parallèlement pour la création dun tel pôle public au plan européen.
* La loi NOME (Nouvelle organisation du marché de lélectricité)
Adoptée le 7 décembre 2010, elle crée par son article 1 le système de lAccès régulé à lélectricité nucléaire historique (Arenh), à travers lequel EDF est contrainte de revendre à ses concurrents privés une partie de la production délectricité des centrales nucléaires. Ainsi, la « rente nucléaire » des centrales, construites par linvestissement public et donc par les citoyens, bénéficie au privé au nom de la concurrence « libre et non faussée ». Ce système ne peut quentraîner un manque dinvestissements et à terme une situation de sous-capacité de production, ainsi que, mécaniquement, la hausse du tarif de lélectricité sur le réseau EDF, les opérateurs augmentant leur marge sur le dos des usagers. Voilà le vrai visage du dogme libéral où la concurrence est censée profiter au consommateur !
Nous proposerons un débat public national immédiat sur la politique énergétique en France. Ce grand débat devra permettre la remise à plat des choix énergétiques et du nucléaire et préparer le remplacement des énergies fossiles. Il se déroulera sous contrôle citoyen de linformation jusquà la prise de décision et se terminera par un référendum. Dans le domaine du nucléaire civil, lensemble des possibilités dont la sortie du nucléaire ou le maintien dun nucléaire sécurisé et public sera alors tranché. Aucun choix définitif en matière de politique énergétique ne sera effectué avant la conclusion de ce grand débat public. Sans attendre, la réinternalisation de toutes les opérations de maintenance et de sûreté nucléaire sera engagée.
Nous mettrons en place une tarification sociale et progressive qui assure laccès à lénergie de toutes et de tous. Nous mettrons fin aux coupures délectricité qui se multiplient aux dépens des plus pauvres.
Nous programmerons les investissements publics, les emplois et les formations nécessaires à la sobriété, à lefficacité énergétique et à la diversification des sources dénergie, notamment en faveur des énergies renouvelables. Nous mettrons en place les procédures nécessaires aux diagnostics de sécurité, de préservation de la planète et de notre environnement. La nécessaire réduction des consommations ne peut conduire à réduire le niveau de vie des classes populaires. Cest la sobriété énergétique que nous visons : moins de consommation pour des usages identiques. Ce sont les gaspillages ostentatoires des très riches quil faut combattre.
Nous abrogerons les lois de libéralisation de lénergie. Nous lancerons un réseau de géothermie profonde. Nous engagerons un effort massif en faveur de la recherche, des filières technologiques et industrielles, des investissements, de la formation pour le développement des énergies renouvelables et leur utilisation publique ainsi que pour le traitement des déchets issus de la filière nucléaire.
Nous mettrons en place un plan national de remise aux normes énergétiques des logements et de lensemble des bâtiments publics. Nous créerons pour les particuliers une allocation sur condition de ressources pour financer la rénovation thermique des logements.
RELOCALISER LÉCONOMIE, COOPÉRER, LUTTER CONTRE LES GES. UNE NOUVELLE POLITIQUE DE TRANSPORT
La France agira pour linstitution de protections et de normes sociales et environnementales communes aux Européens, face à la pression des capitaux et des productions à bas coût sur les marchés mondialisés avec, par exemple :
des prélèvements nationaux concertés sur les réimportations en Europe de productions délocalisées,
une taxe « kilométrique » de manière à réduire les transports de marchandises évitables.
Les prélèvements et les taxes seront alloués à un Fonds pour le co-développement permettant de financer des politiques de développement social et environnemental.
Toutes les politiques publiques concourront à lutter contre lémission de gaz à effet de serre (GES).
Nous mettrons en place un Pôle national des transports publics favorisant le développement des transports collectifs et leur accès par toutes et tous.
Nous abrogerons les lois de libéralisation du rail. Nous engagerons le processus de désendettement du système ferroviaire et mettrons fin aux mesures de défiscalisation et exonération favorisant le transport aérien par les entreprises low-cost.
Nous favoriserons le développement des transports publics de proximité et leur gratuité.
Nous développerons le transport ferroviaire et fluvial et le transport maritime côtier. Nous favoriserons le ferroutage, en régénérant, modernisant et adaptant les réseaux existants, en baissant les tarifs ferroviaires voyageurs et en fixant un prix unique au kilomètre. Nous inscrirons dans la loi le wagon isolé (messagerie ferroviaire) comme un service dintérêt général, éligible pour des subventions publiques. Nous lancerons un grand plan ferroutage avec comme objectif que tous les camions traversant notre pays entre la frontière belge et la frontière espagnole passent sur des trains.
LÉtat et les banques garantiront le financement de ces mesures.
Le « versement transport », payé par les entreprises, sera doublé, généralisé et modulé.
CONTRE LA MARCHANDISATION DES BIENS COMMUNS, PRÉSERVER ET PARTAGER LES RESSOURCES NATURELLES
Nous défendrons résolument le droit inaliénable à leau comme bien commun de lhumanité en engageant un processus dappropriation sociale de la gestion de leau et de lassainissement.
Nous accompagnerons la gestion publique de leau par les collectivités territoriales compétentes afin de leur permettre den assurer la maîtrise publique et donc le contrôle par les citoyens, les élus et les usagers : un débat public aura lieu sur lutilisation de ce bien commun. Les collectivités pourront décider par exemple la gratuité des mètres cubes nécessaires à la vie, la facturation progressive des mésusages ou encore des tarifs différenciés entre les ménages et les industriels.
Nous visons à constituer un grand service public de leau. Il pourra mutualiser les moyens et les investissements. Il reposera sur une organisation décentralisée et contrôlée localement par les collectivités, les usagers et les salariés.
LÉtat interviendra contre la marchandisation de leau en mettant en place un mécanisme de péréquation nationale pour permettre des tarifs daccès égaux au m3, avec lobjectif que les dépenses deau par famille nexcèdent pas 3 % de leurs ressources conformément aux recommandations de lOCDE.
Nous voulons sortir du modèle économique qui fait supporter aux usagers, sur leur facture, lessentiel des défis environnementaux et des futurs investissements nécessaires à la distribution et au traitement de leau, grâce à de nouvelles modalités de financement. Pour cela, nous créerons une filière publique des métiers et de la recherche sur leau et lassainissement.
Nous allongerons les garanties légales pour favoriser un usage à long terme des produits et développerons les consignes pour que lusager ne paie plus le prix des emballages. Nous renforcerons la législation contre lutilisation de molécules chimiques qui nuisent à la santé. Nous lutterons contre laliénation consumériste en limitant la publicité dans lespace public et sur toutes les chaînes de télévision. Nous interdirons les OGM en plein champ et la vente libre des pesticides et herbicides chimiques nocifs pour la santé (le « Roundup », notamment).
4 PRODUIRE AUTREMENT
Le mode de production actuel ne vise pas la satisfaction des besoins humains. Il donne la priorité au profit à court terme, laisse de côté des besoins sociaux immenses parce que ceux-ci sont non rentables tout en encourageant les productions inutiles au bénéfice de la surconsommation des plus riches. Il dégrade gravement les conditions de travail et demploi. Nous lui opposons un nouveau mode de production dont la finalité sera le développement de toutes les capacités humaines et lépanouissement de chacun(e) plutôt que lintérêt du capital. Il sera basé sur une politique industrielle favorisant léco-développement, une politique de réduction du temps de travail avec création demplois correspondants, ainsi que le développement demplois utiles intégrant de nouveaux besoins communs. Cette réorientation passe par un renforcement des droits des salarié(es) pour avancer vers un contrôle collectif des conditions de travail, de son organisation et de son contenu.
Agir tout de suite
1. Création de pôles publics de lindustrie
2. Plan national de transition écologique de lagriculture, révision du mandat des SAFER et du Code des marchés publics, soutien à linstallation des jeunes agriculteurs et à une agriculture responsable
Agir pour un changement durable
1. Redéfinition de filières industrielles prioritaires pour répondre à des objectifs sociaux et environnementaux
2. Adoption dune nouvelle politique agricole commune fondée sur lobjectif de souveraineté alimentaire et centrant la production sur les besoins intérieurs
3. Mise en place dun nouvel Indicateur de progrès humain (IPH) après débat populaire et vote du Parlement
PROMOUVOIR UN PROGRÈS HUMAIN DURABLE
Lorganisation de la société doit viser un but : lintérêt général et lémancipation de chacune et de chacun. Elle doit donc encourager les activités socialement utiles car il ny a pas de progrès humain quand seules les activités offrant une rentabilité suffisante au capital se développent. Elle doit permettre une citoyenneté effective car il ny a pas de progrès durable si les citoyens sont transformés en consommateurs sommés découler une production qui croît sans cesse indépendamment de toute prise en compte de limpact environnemental et des besoins réellement humains.
Ces nouveaux objectifs nécessitent dautres indicateurs que ceux à partir desquels est actuellement jugé le « progrès » des sociétés, notamment le PIB utilisé pour mesurer la croissance. Nous proposons donc la mise en oeuvre de nouveaux indicateurs qui contribueront à engager une réorientation radicale de nos modes de production, déchange et de consommation, mais aussi à inventer une nouvelle conception du progrès.
Un Indicateur synthétique de progrès humain (IPH) devrait prendre en compte quatre groupes de critères : lépanouissement personnel et lémancipation (protection des libertés, éducation, amélioration des conditions de travail, espérance de vie en bonne santé. . . ), la sociabilité et la cohésion sociale (développement de la vie associative, taux demploi, niveau de protection sociale, prise en compte de toutes les dépendances, de lisolement. . . ), légalité et la justice sociale (inégalités de patrimoine et de revenu, reproduction sociale, égalité femmes-hommes, égalité daccès à la culture, aux services publics. . . ), le respect de lenvironnement (empreinte écologique, pollutions, taux démission de CO2. . . ).
La composition exacte de lIPH fera lobjet dun débat populaire, puis sera soumise au Parlement. Ainsi lIPH sera un instrument démocratique permettant à la société de débattre de ses fins. Cette démarche sera mise en oeuvre à tous les échelons.
PRIORITÉ À LEMPLOI ET À LA QUALIFICATION
Lemploi pour tous est une nécessité. Les besoins non satisfaits sont immenses. Chaque femme et chaque homme aspirent à participer par leur travail au bien de tous. Notre politique vise à créer des millions demplois. Dans la production aussi nous mettrons lhumain dabord.
Nous développerons la première richesse de la France, qui nest pas la finance mais le travail humain, cest-à-dire lemploi et la qualification de ses travailleurs. Cest linverse des politiques néolibérales qui, en généralisant le chômage et en déqualifiant le travail, enrichissent le capital mais appauvrissent léconomie réelle.
Nous lutterons en priorité contre le gâchis social et économique que représente le chômage. Loin de toute « flexicurité », nous sécuriserons les parcours de chacune et de chacun dans lemploi et la formation avec une continuité de revenu tout au long de la vie. Une Sécurité sociale professionnelle sera instituée, prenant en charge les périodes de non-emploi, de formation et de retrait dactivité, notamment pour les femmes ou les hommes élevant leurs enfants. Ainsi nous empêcherons que la force de travail du pays soit détruite par le chômage de masse.
Grâce aux efforts de la jeunesse et du service public déducation, la France bénéficie dune élévation régulière du niveau de connaissance et de qualification des travailleurs. Mais paradoxalement léconomie crée de plus en plus demplois précarisés et les diplômés subissent une déqualification massive. Les qualifications sont toujours moins reconnues dans les conventions collectives. Les marchands déducation saffairent pour substituer des certifications payantes et périssables aux qualifications durables assurées gratuitement par le service public. Pour produire autrement , nous développerons et reconnaîtrons au contraire la qualification du travail. La formation professionnelle continue doit relever du service public. Ce service public engagera des plans de formation en appui aux politiques de développement économique que nous mènerons dans les secteurs qui répondent aux besoins sociaux du pays : énergies nouvelles, ferroutage, secteurs industriels à relocaliser. Nous promouvrons un nouveau type de développement alliant une nouvelle utilisation de largent, le développement de lemploi et de nouveaux droits pour les salariés dans lentreprise, inscrits dans la Constitution.
ENCOURAGER DAUTRES FORMES DE PROPRIÉTÉ
À linverse des idéologues du marché qui font de lentreprise capitaliste privée le modèle unique, nous encouragerons la diversité des formes de propriété, indispensable à une politique efficace de création demplois. La loi reconnaîtra cette diversité et la protégera face à la « concurrence libre et non faussée » qui revient en fait à imposer partout la seule logique du profit privé.
Notre programme prévoit lextension de la propriété publique par le développement des services publics. Il promeut de nouvelles appropriations sociales par la nationalisation de grands leviers de laction économique, industrielle et financière. Il propose des formes décentralisées de la propriété sociale. Il veut aussi systématiser le recours à léconomie sociale et solidaire (ESS).
Le soutien public à léconomie sociale et solidaire, et notamment aux coopératives, sera fortement augmenté. Une aide financière sera accordée aux salariés qui reprennent ou créent leurs entreprises sous forme de coopérative. Nous favoriserons la création de sociétés coopératives dintérêt collectif (SCIC) permettant dassocier salariés, usagers et collectivités territoriales dans des projets de développement local. Les commandes de lÉtat, des collectivités et des services publics sadresseront prioritairement à ces coopératives grâce à la modification de larticle 53 du Code des marchés publics. Un soutien sera apporté aux initiatives dhabitat autogéré et coopératif, dans le cadre des programmes de création de logements sociaux, en neuf et en réhabilitation. Enfin, lESS sera intégrée au programme des sciences économiques et sociales au lycée.
Cest en ce sens quune loi-cadre de lESS sera nécessaire afin de définir précisément les critères dattribution des moyens de lÉtat et des collectivités publiques : les finalités sociales et environnementales des entreprises et des associations bénéficiaires ne pourront être dissociées dun fonctionnement réellement démocratique.
UN RENOUVEAU INDUSTRIEL ET TECHNOLOGIQUE
Nous récusons le modèle dune économie de services que nous assigne la division internationale du travail pilotée par les financiers. Nous voulons développer et rétablir le potentiel industriel de la France. Parce que lurgence écologique implique de relocaliser léconomie et que lurgence sociale commande de lutter contre le chômage ouvrier, nous refusons de limiter notre ambition industrielle à quelques secteurs de pointe et voulons reconstruire un tissu industriel diversifié.
* Létat de lindustrie en France
Lindustrie française a subi de plein fouet la crise économique, lindustrie manufacturière voyant sa production chuter de 12 % en 2009 (15 % pour les biens intermédiaires). Cette chute est en partie le résultat dune tertiarisation artificielle, les grands groupes externalisant à outrance une partie de leurs activités vers des entreprises dites « de service ». Ainsi la part de lemploi industriel dans lemploi total passe de 32,2 % à 19,9 % entre 1978 et 2008. Face à cette situation dramatique et aux fermetures dusine qui se poursuivent chaque jour, nous agirons pour soutenir lemploi, la formation et la production de richesses réelles des industries, et pas seulement les multinationales de lautomobile, objet des principales attentions de Sarkozy qui a les « arrosés » les yeux fermés. Cest un enjeu considérable, à la fois social (maintien de viviers demplois en France et refus de la délocalisation), stratégique (développer des filières industrielles rompant avec la stratégie des firmes centrées sur les « centres de profits », respectant les savoir-faire du travail humain), un enjeu de planification écologique (choix économe des matières et sources dénergie), un enjeu européen, évitant des guerres commerciales ravageuses.
Nous engagerons une politique daménagement et de développement industriel du territoire fondée sur des exigences demploi, de qualification, de recherche et denvironnement. Cette nouvelle façon dentreprendre, de produire et déchanger mènera à un nouveau type de croissance, plus humaine, sociale et écologique.
Nous porterons des stratégies de filières dans des secteurs émergents et stratégiques, intégrant recherche, innovation, développement, formation et production pour réduire par exemple la consommation dénergie par lisolation du parc ancien des bâtiments, ou encore dans le domaine des transports collectifs et de laménagement des espaces de vie.
Nous lancerons des plans industriels pour rétablir des productions délocalisées. Il est absurde que la totalité du paracétamol dans le monde soit produite en Chine ou que des constituants essentiels de lindustrie agroalimentaire ne soient plus fabriqués en Europe.
Nous abolirons les pôles de compétitivité qui concentrent les activités sur quelques lieux dans une mise en concurrence des territoires, au profit de la constitution de pôles de coopération permettant de mieux lier recherche, formation, production et emploi. Dans ce cadre nous créerons des pôles publics de lindustrie à léchelle territoriale. Ceux-ci rassembleront les partenaires publics et privés de ces territoires et travailleront en liaison avec les forums citoyens des sciences et de la technologie ou dautres instances de recherche en permettant lembauche dans ces pôles de titulaires du titre de docteur et en faisant reconnaître ce titre dans les conventions collectives. Sur le modèle du CNRS, nous créerons un établissement public de recherche technologique et industrielle sappuyant sur les structures existantes.
Nous mettrons fin aux exonérations de cotisations sociales. Les entreprises qui délocalisent et licencient devront rembourser toutes les aides publiques quelles auront perçues.
Les aides aux entreprises seront soumises à des règles strictes. Elles seront modulées en fonction du niveau des exigences sociales et environnementales quelles respecteront (réduction des temps partiels imposés, des écarts de salaire par exemple). Le pôle financier public fournira un crédit bonifié aux entreprises pour lemploi, la formation, la recherche et le développement sur critère dutilité sociale et environnementale des investissements et de la production.
Nous soutiendrons les politiques dinvestissements des entreprises vers les innovations industrielles aux productions utiles. Nous favoriserons la relocalisation des activités et les circuits courts de distribution.
Nous renforcerons la présence de lÉtat dans le capital dentreprises stratégiques pour leur sauvegarde et leur développement.
Le soutien de lÉtat et des pouvoirs publics aux PME-PMI, lesquelles sont aujourdhui les plus créatrices demploi, sera renforcé.
VERS UN NOUVEAU MODÈLE AGRICOLE
Nous agirons pour une ambitieuse politique agricole répondant à la satisfaction des besoins alimentaires des hommes et des femmes. Nous porterons cette exigence tant au niveau national, quinternational.
Nous mettrons en oeuvre un plan de transition écologique de lagriculture en vue de faire de lagriculture française un modèle dagriculture de qualité, sans OGM, largement autonome en ressources non renouvelables, relocalisée, participant à la santé publique des consommateurs et contribuant à la lutte contre le réchauffement climatique. Aides publiques, recherche agronomique, conseil technique, politique de crédit et enseignement agricole seront repensés en fonction de cet objectif.
Nous stopperons et inverserons le processus de concentration de lagriculture et recréerons des emplois en agriculture. Pour cela, le mandat et la gouvernance des SAFER (Sociétés daménagement foncier et détablissement rural) seront revus afin dy rendre les pouvoirs publics majoritaires. Nous ferons jouer un droit de préemption systématique des terres libérées en faveur de linstallation dagriculteurs ou de lagrandissement de petites exploitations. Nous soutiendrons linstallation de jeunes agriculteurs et la consolidation des petites exploitations, y compris par le biais de réserves foncières, notamment à proximité des villes. La transition écologique de lagriculture et la création demplois étant conditionnées à la juste rémunération du travail agricole, les pratiques de la grande distribution seront encadrées au moyen de prix minimums aux producteurs et de coefficients multiplicateurs maximums. Nous affirmerons également le soutien aux filières alternatives labellisées, vivrières, courtes, de proximité, biologiques et reposant sur une juste rémunération afin de permettre au plus grand nombre de bénéficier dune alimentation de qualité, notamment grâce à une évolution des appels doffres publics permise par un nouveau Code des marchés publics.
La politique de la pêche visera à garantir la préservation et le renouvellement de la ressource halieutique.
Lattractivité des métiers de la mer sera renforcée grâce à lamélioration de la formation et des conditions de travail.
Les marges de manoeuvre nationales pour lutilisation des aides PAC seront pleinement utilisées pour favoriser lagriculture paysanne, lemploi et la transition écologique de lagriculture.
Au niveau européen, nous agirons pour ladoption dune politique agricole commune (PAC) cohérente avec lobjectif de souveraineté alimentaire, centrant la production sur la réponse aux besoins du marché intérieur plutôt quaux échanges sur le marché international sur la base du moins-disant social et environnemental.
LEurope, par une juste répartition de la valeur ajoutée entre producteurs, industries agro-alimentaires et grande distribution, doit garantir laccès de tous les consommateurs à une alimentation de qualité.
Au niveau international, nous agirons pour une nouvelle organisation de lagriculture dans le cadre des Nations unies, afin de soutenir le développement de marchés régionaux, de réguler les marchés mondiaux, de mettre en oeuvre un plan agricole et alimentaire mondial, de promouvoir la relocalisation et la transition écologique de lagriculture et de combattre les processus daccaparement des terres.
Nous serons à linitiative de la construction dune alliance stratégique avec les pays engagés dans la défense de la souveraineté alimentaire et de lagriculture paysanne. Nous impulserons une coopération au développement qui priorise les accords avec les États mettant en oeuvre des politiques répondant à ces principes. Chaque fois que possible, la France opposera son veto à la conclusion du cycle de Doha de lOMC, à la signature des accords de libre échange (notamment les APE) négociés par lUnion européenne, à toutes les pressions du FMI et de la Banque mondiale et aux conditions posées à laide au développement aux pays du Sud.
5 LA RÉPUBLIQUE POUR DE VRAI
La République proclame légalité des citoyens. Elle ne se résume donc pas à un ensemble dinstitutions, comme le régime politique républicain ou lécole républicaine. Elle constitue bien davantage un projet à réaliser : celui de légalité des citoyens, de la souveraineté de la communauté politique, de la liberté dans le respect de lintérêt général. Cest pourquoi nous devons sans cesse nous assurer que le réel corresponde à lidéal et notamment que les institutions contribuent bien à réaliser ces objectifs. Ce nest souvent plus le cas aujourdhui. Les discriminations perdurent voire saggravent. Les atteintes aux libertés se multiplient. Il est devenu nécessaire de réaliser une refondation républicaine de notre pays conforme à sa devise de Liberté, dÉgalité et de Fraternité.
Agir tout de suite
Réaffirmation de la loi de 1905 sur la laïcité Instauration dune négociation annuelle des partenaires sociaux pour le respect de légalité professionnelle entre femmes et hommes
Abrogation des lois LOPPSI, HADOPI et des lois sécuritaires et liberticides
Régularisation des sans-papiers
Bilan annuel sur les discriminations
Abrogation de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) de 2001 pour mettre en place des règles alternatives nimpliquant pas la réduction des dépenses publiques
Abrogation de la RGPP et plan de création demplois publics (dans lenseignement, la santé, la justice, la police. . . )
Doublement du montant de laide de lÉtat aux actions de prévention et daide sociale, à destination des collectivités et des associations
Agir pour un changement durable
Création du ministère des Droits des femmes et de lÉgalité
Loi-cadre de lutte contre les violences faites aux femmes
Loi de lutte contre le sexisme
LA LAÏCITÉ, PILIER DE LA RÉPUBLIQUE ET CONDITION DU VIVRE ENSEMBLE
La laïcité est un pilier de la République une et indivisible, un principe vivant et porteur de droits inaliénables garantis à tout membre de la société, français ou étranger : la séparation du politique et du religieux, la liberté de conscience et de culte, légalité des citoyens en tout domaine sans discrimination daucune sorte ; la neutralité de lÉtat à légard de toutes les convictions philosophiques, religieuses ou politiques.
Concernant les religions, le gouvernement français agira pour quaucune dentre elles ne soit mise à lindex au prétexte de la laïcité, comme le fait régulièrement le Front national à propos de la religion musulmane.
Nous réaffirmons le bien-fondé et lactualité de la loi de 1905 sur la laïcité. Toutes les modifications ultérieures de la loi de 1905 affectant ces principes seront abrogées. Pour nous, cette loi fondamentale de notre République a vocation à sappliquer à tout le territoire national.
Aucun financement public ne sera octroyé à la construction de nouveaux établissements scolaires privés ou à la rénovation de ceux qui existent déjà. Toute ségrégation de genre ou communautaire de lespace public sera interdite (par exemple le choix du sexe du médecin à lhôpital public). Le président de la République renoncera définitivement à son titre de chanoine de Saint-Jean-de-Latran.
Nous défendrons la laïcité dans les institutions européennes et refuserons le financement public des religions et organisations confessionnelles. Nous interdirons les sectes.
Dans les relations internationales comme dans notre pays, la laïcité est une condition de la paix, car elle permet le respect du droit de chaque peuple et de chaque être humain indépendamment de ses convictions religieuses. Nous débarrasserons donc la politique internationale de la France de ses références à la théorie nord-américaine du choc des civilisations qui cherche à diviser le monde en fonction des appartenances religieuses.
ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES : SE DÉBARRASSER DU PATRIARCAT
Nous mettrons en place un ministère des Droits des femmes et de lÉgalité, placé auprès du Premier (ou de la Première) ministre, doté de moyens, et appuyé par des délégué(e)s interministériel(le)s chargé(e)s de la mise en oeuvre de légalité sociale et économique.
Nous organiserons une négociation annuelle entre les partenaires sociaux sur le respect de légalité professionnelle (embauche, salaires, retraites, promotions) au niveau des branches et des entreprises. Les atteintes à légalité professionnelle seront combattues et les sanctions renforcées.
* La « Directive (clause) de lEuropéenne la plus favorisée »
Soutenue par lassociation Choisir la cause des femmes et par le Front de Gauche, elle consiste à harmoniser par le haut les droits des femmes européennes, en adoptant au niveau communautaire les lois nationales les plus progressistes : lois néerlandaises sur la contraception et les droits des homosexuel(le)s, française sur le viol, belge sur la parité, suédoises sur lavortement et le congé parental, danoise sur léducation sexuelle. . .
Contre-exemples : les lois polonaise et irlandaise sur lavortement, cette dernière linterdisant de fait par la reconnaissance des « droits de lenfant non-né ». Adoptée le 18 février 2010, une résolution de lAssemblée nationale ne demande encore quun rapport informatif. Il est temps de passer aux actes !
À partir de la loi contre les violences faites aux femmes votée en juillet 2010, nous ferons adopter une loi cadre sur ces questions incluant les propositions élaborées par les associations du mouvement féministe. Nous donnerons les moyens nécessaires à lapplication de cette loi en matière déducation, de prévention et dinformation, ainsi quaux mesures à prendre en faveur des victimes de violence.
Un texte de loi anti-sexiste sera élaboré, définissant moyens et sanctions, condamnant les discriminations et insultes à caractère sexiste, ainsi que la banalisation et lomniprésence de la pornographie et linstrumentalisation des corps à des fins marchandes.
Nous agirons auprès de nos partenaires européens pour que la « Directive de lEuropéenne la plus favorisée » voie le jour.
LIMMIGRATION NEST PAS UN PROBLÈME
La haine des étrangers, la chasse aux immigrés défigurent notre République : il faut en finir !
Les flux migratoires se développent dans le monde, ils mêlent des motivations diverses. La France ne doit pas les craindre, elle ne doit pas mépriser limmense apport humain et matériel quils lui ont déjà procuré. Non, la présence des immigrés en France nest pas un problème.
Limmigration zéro est un mythe qui divise et affaiblit notre pays. Même sils seront peut-être moins importants que dans le passé, la France continuera à connaître comme tous les pays du monde des flux migratoires. Il faut donc mener des politiques refusant de ghettoïser la société, qui ne soient pas guidées par lobsession du refoulement des étrangers.
Nous rétablirons la carte unique de 10 ans et le droit au regroupement familial, conditions dune vie digne. Nous abrogerons les lois successives sur limmigration adoptées par la droite depuis 2002 et nous procéderons à une refonte du Code de lentrée et du séjour des étrangers et du droit dasile (Ceseda). Nous régulariserons les sans-papiers dont le nombre a augmenté du seul fait des réformes de la droite. Nous décriminaliserons le séjour irrégulier, nous fermerons les centres de rétention, nous rétablirons le droit au séjour pour raison médicale.
Nous respecterons scrupuleusement le droit dasile qui sera déconnecté des politiques migratoires.
Notre vision de lavenir de la France sappuiera sur un nouveau Code de la nationalité, fondé sur le respect intégral et automatique du droit du sol dès la naissance et sur un droit à la naturalisation permettant à tous les étrangers qui le souhaitent dacquérir la nationalité française au-delà de cinq ans de résidence.
LA LUTTE CONTRE TOUTES LES DISCRIMINATIONS
Nous adopterons une loi pour légalité qui éradiquera toute discrimination. Les droits du PACS seront renforcés. Le droit au mariage et à ladoption sera reconnu aux couples homosexuels. Les femmes lesbiennes auront accès à la procréation médicalement assistée.
Une loi en faveur des personnes en situation de handicap répondra à leurs besoins de façon impérative : mise en accessibilité du bâti, accompagnement de laccueil à lécole publique, intégration professionnelle, revenu de remplacement égal au SMIC brut pour les personnes reconnues incapables de travailler.
Nous restaurerons la Haute Autorité de lutte contre les discriminations en renforçant son rôle et en la décentralisant, et nous remettrons en place également les médiations, et notamment la fonction du Défenseur des enfants.
Nous agirons fermement contre les discriminations à lencontre des salariés étrangers. La violation des droits sociaux des travailleurs étrangers, dont sont notamment victimes les sans-papiers, fragilise lensemble des travailleurs et leurs droits sociaux.
Tout le champ des discriminations sera pris en compte (lieux publics, école, travail, logement, accès aux biens et services. . . ), quelles soient fondées sur lengagement syndical ou politique, quelles soient racistes, sexistes, fondées sur les convictions religieuses, lorientation sexuelle ou lidentité de genre, quelles stigmatisent des jeunes, des immigrés, des gens du voyage, des personnes en situation de handicap, quelles touchent à lâge ou à lorigine sociale.
Un bilan annuel sera présenté au Parlement, suivi de décisions pour mieux faire appliquer les lois prévues à cet effet.
LA SÉCURITÉ : UNE AFFAIRE DE SOLIDARITÉ NATIONALE
Prévention, dissuasion, sanction : la lutte pour la sécurité ne saurait être efficace sans reposer sur ces trois exigences.
Nous abrogerons la loi LOPPSI 2 et les lois sécuritaires attentatoires à nos libertés, protégerons les citoyens face au fichage généralisé et à la vidéo-surveillance. Nous assurerons à tous et à toutes les moyens dune défense de qualité en élargissant et en revalorisant laide juridictionnelle et les indemnités des avocats présents pendant la garde à vue.
Les dispositifs de lois anti-jeunes et criminalisant les familles en difficulté seront abrogés.
Une loi contre la corruption et les conflits dintérêt sera adoptée pour sanctionner la « délinquance en col blanc ».
Nous devrons impérativement stopper la baisse des effectifs de la police et recruter. Les forces de police devront conduire leur action dans le cadre dune déontologie fondée sur le respect des personnes, elles bénéficieront dune formation en ce sens et de meilleures conditions de travail. Nous procéderons à lintégration de toutes les polices de sécurité publique dans un service public unifié.
Il en sera de même pour le ministère de la Justice qui est lun des premiers sinistrés de la RGPP avec le rétablissement dune carte des tribunaux sur lensemble du territoire et le lancement dun vaste plan dhumanisation de lunivers carcéral.
Il faudra revoir de manière drastique la répartition des forces de police sur le territoire national : les communes populaires sont aujourdhui les premières à souffrir de la « rationalisation » des effectifs à léchelle des départements et un effort conséquent devra être opéré pour répondre à leurs besoins, effort relayé par un plan de construction de locaux et douverture de commissariats.
Nous redonnerons toute sa place à la police de proximité.
Laide de lÉtat aux actions de prévention et daide sociale, destinée aux collectivités territoriales et au mouvement associatif, sera doublée, sous forme de subventions ou dinvestissements directs de lÉtat dans les services publics les plus touchés.
6 CONVOQUER LASSEMBLÉE CONSTITUANTE DE LA VIE RÉPUBLIQUE
Les institutions actuelles ont éloigné le pouvoir du peuple, provoquant une grave crise démocratique. Labstention bat des records. La vie politique tend à se réduire à une compétition présidentielle opposant tous les cinq ans des candidats qui se distinguent avant tout par leurs styles personnels, arbitrée par des médias principalement voués au libéralisme. Entre deux élections, le pouvoir gouverne sans le peuple voire contre lui comme nous lavons vu ces dernières années sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Dans cette situation, les intérêts privés les plus puissants sen donnent à coeur joie. Cest loligarchie qui gouverne. Pour restaurer une démocratie véritable, il est temps de fonder une nouvelle République.
Agir tout de suite
Convocation dune Assemblée constituante
Abrogation de la réforme territoriale de 2010
Rétablissement de la proportionnelle à toutes les élections
Création du Conseil national des médias
Agir pour un changement durable
Fondation dune VIe République parlementaire, sociale et participative
Élaboration du statut de lélu et du statut du bénévole
UNE CONSTITUTION DÉMOCRATIQUE, DES LIEUX DE TRAVAIL AUX INSTITUTIONS
Pour sassurer le contrôle de sa destinée, le peuple doit reprendre le pouvoir. Nous voulons de nouvelles institutions pour garantir la souveraineté populaire, assurer la primauté de lintérêt général sur les intérêts financiers, permettre une implication populaire continue dans tous les actes de la vie professionnelle, sociale et politique par linscription de nouveaux droits pour les citoyen(ne)s et les salarié(e)s.
La Constitution que nous défendons réaffirmera les droits sociaux : droit à lemploi et au travail, à la santé, au logement, à léducation, à la protection sociale. Elle renforcera les pouvoirs du citoyen là où il travaille, en reconnaissant la citoyenneté dentreprise : nous instaurerons des droits nouveaux pour les salariés dans lentreprise, et le statut des grandes entreprises sera redéfini en tenant compte de leur responsabilité sociale. Le pouvoir économique ne sera plus entre les mains des seuls actionnaires, les salariés et leurs représentants seront appelés à participer aux choix dinvestissement des entreprises en tenant compte des priorités sociales, écologiques et économiques démocratiquement débattues. Lavis favorable des représentants du personnel ou des comités dentreprise sera obligatoire pour toutes les décisions stratégiques. Nous instaurerons un droit de veto suspensif sur les licenciements et lobligation dexaminer les contre-propositions présentées par les syndicats.
Dans les entreprises publiques, le droit des usagers sera reconnu et exercé. Le droit de grève et de se syndiquer, la liberté dexpression seront confortés. Les CE se verront reconnaître des droits étendus dexpertise, de contrôle, de proposition et de décision. Les délégués syndicaux inter-entreprises dans les TPE seront reconnus, et nous agirons pour lextension des droits des « Comités de groupe » au niveau des groupes européens. La hiérarchie des normes sera rétablie (pas daccord dentreprises moins favorables que les accords de branche). Une véritable médecine du travail dotée de moyens de prévention, danalyse et de décision sera développée. Nous mettrons immédiatement en place une citoyenneté de résidence. Les résidents extra-communautaires bénéficieront du droit de vote aux élections locales.
Contre le présidentialisme, nous défendrons le régime parlementaire et restaurerons la balance des pouvoirs. Nous voulons rétablir la primauté de lAssemblée nationale sur lexécutif. Les pouvoirs exorbitants du président de la République doivent être supprimés dans le cadre dune redéfinition générale et dune réduction de ses attributions. Le gouvernement sera responsable devant lAssemblée nationale. Nous proposerons la suppression du Sénat ou sa réforme profonde pour devenir une chambre relais des collectivités locales et des initiatives citoyennes. La proportionnelle sera rétablie pour toutes les élections. La parité sera garantie par la loi, le cumul des mandats strictement limité en nombre et dans le temps. Nous garantirons lindépendance de la justice à légard du pouvoir exécutif en instaurant un Conseil supérieur de la justice à la place du Conseil supérieur de la magistrature, pour moitié élu par les magistrats, pour moitié nommé par le Parlement. Il sera responsable devant le Parlement. Ce Conseil supérieur de la justice décidera des nominations de lensemble des magistrats. Les institutions du maintien de lordre et de la justice seront réformées conformément au respect des droits fondamentaux tels que formulés dans la nouvelle Constitution.
La Constitution que nous voulons garantira lindépendance des médias à légard du pouvoir politique et des puissances dargent. Les présidents des chaînes publiques seront nommés par leur conseil dadministration, dans lesquels les représentants du personnel constitueront 50 % des membres. Nous améliorerons les conditions de travail des journalistes pour permettre une information indépendante, pluraliste et de qualité.
Le droit des citoyens à intervenir dans le développement de la recherche sera inscrit dans la Constitution. Nous garantirons la création de forums citoyens des sciences et de la technologie, dotés du pouvoir denquête, dès lors que les populations concernées en feront la demande. Leur composition sera représentative de tous les acteurs de la vie publique. Travaillant aux côtés des instances de recherche existant dans les territoires, leur travail, évalué par des scientifiques, donnera lieu à un rapport annuel examiné par lAssemblée nationale. Le gouvernement sera tenu dy répondre.
Nous créerons un ministère de lÉducation populaire et des libertés associatives. Nous remplacerons la circulaire Fillon du 18 janvier 2010 qui impose aux associations les critères de gestion des entreprises privées, par une loi qui confortera les possibilités dagir des associations au service de lintérêt général et préservera les libertés associatives.
Nous définirons à tous les niveaux une politique de soutien financier au monde associatif, transparente et privilégiant les aides au fonctionnement plutôt que les aides à projet qui mettent en concurrence les associations.
Nous renforcerons les pouvoirs des instances regroupant les associations au plan national (CNDA et CPCA) qui prendront une place prépondérante dans la gestion dun observatoire national de la vie associative.
LIMPLICATION POPULAIRE PERMANENTE
Nous voulons renforcer et amplifier la souveraineté directe du peuple. La démocratie participative sera inscrite dans la Constitution et des lois déclineront ce principe pour donner les moyens, les outils, les espaces pour sa mise en oeuvre. Elle sappliquera à lélaboration des lois, à la mise en oeuvre des grandes politiques publiques et à la gestion des collectivités territoriales, notamment au moyen de budgets participatifs.
Un statut de lélu(e) dans toutes les collectivités (communes, départements, régions, assemblées nationale et européenne) sera garanti ainsi quun statut du bénévole. Une nouvelle instance nationale pluraliste chargée du contrôle de constitutionnalité sera créée en lieu et place du Conseil constitutionnel actuel, les citoyens ayant pouvoir de la saisir.
Nous créerons de nouveaux domaines dintervention populaire. Le référendum, ou toute autre forme de consultation populaire directe, pourra être initié par voie de pétition réunissant un pourcentage conséquent de la population.
Tout changement du périmètre des services publics sera décidé après consultation du peuple.
Linitiative dune loi sera ouverte aux citoyennes et aux citoyens, aux organisations syndicales et aux associations.
LORGANISATION DU TERRITOIRE
La réforme de 2010 des collectivités territoriales sera abrogée.
Le principe général de responsabilité selon lequel lÉtat est le garant de légalité des citoyens sur lensemble du territoire devra être réaffirmé et consolidé (péréquation financière, garantie de lapplication des droits, égalité de traitement, etc.). Personne ne sera laissé pour compte. La décentralisation sera organisée en fonction du principe de proximité permettant doptimiser les décisions publiques dans le sens dune plus grande satisfaction de lintérêt général tout en définissant le rôle respectif de lÉtat et des différents échelons territoriaux en France et en Europe. Elle refusera la mise en concurrence des territoires et sappuiera sur le développement des coopérations.
Dans les territoires dOutre-mer, nous favoriserons un nouveau modèle de développement pour un progrès humain endogène en rupture avec le modèle actuel de dépendance inégalitaire et appuierons les coopérations régionales au service dalternatives mondiales (co-développement, chantiers écologiques dintérêt universel).
Lautonomie des collectivités territoriales devra être assurée grâce à lactualisation du principe de libre administration contenu dans la Constitution et à une réforme de la fiscalité locale faisant participer les actifs matériels et financiers des entreprises.
UN PROCESSUS CONSTITUANT, UNE ASSEMBLÉE CONSTITUANTE
Pour respecter pleinement la souveraineté populaire et poser les bases de la République démocratique et sociale que nous voulons construire, nous engagerons un processus constituant, mettant au coeur lengagement citoyen et le débat public.
Une Assemblée constituante distincte de la nouvelle Assemblée nationale, ayant pour mandat de rédiger un projet de Constitution nouvelle pour une VIe République, sera élue au suffrage universel, dès 2012. Elle sera élue à la proportionnelle intégrale sans seuil, avec la parité. Les parlementaires en exercice ne pourront sy présenter et les élu(e)s de la Constituante ne pourront être candidats aux élections suivantes. Les modalités de lélection et du débat public seront établies après consultation des organisations sociales.
Le texte proposé sera laboutissement dun grand débat public réunissant citoyens, organisations sociales et politiques qui, sous des formes à définir (assemblées populaires, États généraux, forums citoyens, etc.), relayé par les médias, devra permettre au peuple lui-même de sen approprier les enjeux.
Ce projet de Constitution nouvelle, une fois voté par lAssemblée constituante, sera soumis à référendum populaire.
7 SAFFRANCHIR DU TRAITÉ DE LISBONNE ET CONSTRUIRE UNE AUTRE EUROPE
Le traité de Lisbonne concentre toutes les impasses du capitalisme de notre époque. Il impose la concurrence libre et non faussée au détriment des droits sociaux conquis par les luttes démocratiques et ouvrières des derniers siècles. Il encourage le libre-échange au détriment de lenvironnement et de la justice sociale. Il entretient la dérive autoritaire de lUnion européenne en concentrant le pouvoir entre les mains dinstitutions non élues. Il est nécessaire de saffranchir du traité de Lisbonne pour répondre à lurgence sociale, résoudre la catastrophe écologique, régler la crise démocratique et construire une autre Europe.
Agir tout de suite
Remise en cause du Pacte pour lEuro+ et création dun Fonds de développement social, écologique et solidaire européen
Agir pour un changement durable
Bataille politique et diplomatique pour un nouveau traité européen
Refonte des statuts et missions de la BCE
De même que nous voulons une VIe République débarrassée du présidentialisme et refondée sur des fondamentaux humains et sociaux, nous voulons une Europe affranchie du traité de Lisbonne, qui respecte la souveraineté des peuples et qui soutienne des politiques de développement social et écologique. Le traité de Lisbonne, imposé par voie législative après le rejet à près de 55 % des Françaises et des Français du traité constitutionnel européen, est illégitime. Nous refusons tous les pactes et plans daustérité qui concourent à amplifier la récession économique et la régression sociale au nom de la même logique libérale de soumission aux marchés financiers. Nous voulons mettre un terme à la libéralisation des services publics encouragée par les directives européennes, et nous engagerons la refonte du Code des marchés publics qui soumet laction publique aux règles de la concurrence libre et non faussée.
Nous avons besoin dune Europe laïque, indépendante, de paix et de solidarité internationale. Une Europe qui agisse pour mettre fin aux ingérences impérialistes et néocolonialistes. Une Europe qui sengage pour le respect des droits des peuples, en particulier ceux du peuple palestinien.
En prenant appui sur les luttes et les aspirations au changement en Europe, nous nous engagerons dans la mise en chantier dun nouveau traité qui serait adopté en France par référendum après un grand débat populaire. Nous agirons pour ladoption dune clause de non-régression sociale et environnementale. La France prendra linitiative dÉtats généraux de la refondation européenne en faisant appel à toutes les forces politiques et sociales disponibles en Europe.
Nous combattrons le Pacte pour lEuro+ et le « semestre européen » qui veulent imposer laustérité à vie aux peuples et nier la souveraineté de leurs représentants. Nous organiserons un référendum sur ces dispositions nouvelles et nous ferons campagne pour quelles soient rejetées.
Sans attendre cette échéance, nous agirons pour développer des politiques européennes nouvelles, libérées de lemprise des marchés financiers.
Conformément au mandat qui nous aura été donné par le peuple français pour mettre en place une politique de gauche dans notre pays, nous refuserons dappliquer des directives contradictoires à nos engagements, notamment en ce qui concerne la dérégulation des services publics.
* La Banque centrale européenne
La BCE est aujourdhui un obstacle à la sortie de crise, dans la mesure où elle encourage systématiquement les marchés financiers, laustérité, la lutte contre linflation au détriment de lemploi et des salaires. Son objectif unique fixé par les traités est de « maintenir la stabilité des prix », cest-à-dire en lespèce la valeur des capitaux amassés par les rentiers. Sa politique monétaire indifférenciée ne tient pas compte de la situation de chaque pays de la zone Europe et elle est incapable dun crédit sélectif aux entreprises. On comprend ainsi la frilosité de la BCE quand il sagit dinvestir sur le marché des obligations dÉtat afin dalléger la pression sur la Grèce, ou son refus de prêter à taux zéro aux États, ce que dailleurs le traité de Lisbonne lui interdit alors que la crise limposerait. Indépendante statutairement, la BCE échappe aujourdhui à tout contrôle démocratique et a même commencé à la faveur de la crise financière à donner des ordres aux gouvernements souverains des États européens.
Notre désobéissance fera tache dhuile dans lUnion et dans la zone euro. Elle sera un appui pour les pays dévastés par les plans de rigueur (Grèce, Portugal, Espagne, etc.). À terme, notre objectif est de briser le bloc libéral au sein de lUE et de pousser à la négociation dun nouveau traité. Il faut sortir du pessimisme et de la soumission à la technocratie européenne. La France, en tant que pays fondateur de lUnion européenne, a les capacités de la transformer si elle conjugue action souveraine et bataille dopinion européenne. Loin dêtre isolés, nous en sortirons renforcés dans une Europe actuellement dominée par lultra-libéralisme et le monétarisme promus de longue date par les gouvernements britannique et allemand. Nous agirons pour le réaménagement négocié des dettes publiques, léchelonnement des remboursements, la baisse des taux dintérêts les concernant et leur annulation partielle. Nous exigerons des moratoires et des audits sous contrôle citoyen.
La France proposera une refonte des missions et des statuts de la BCE, qui doit être mise sous contrôle démocratique pour lui permettre de pouvoir prêter à taux faibles, voire nuls, directement aux États, et dacheter des titres de la dette publique sur le marché monétaire pour promouvoir lemploi, la formation et les services publics, en ayant pour objectif de répondre aux besoins humains et à ceux de la planète.
Nous proposerons la création dun « Fonds européen de développement social, écologique et solidaire » répondant à cette exigence ; dun « visa social et écologique » pour les échanges commerciaux ; et labandon de toute politique de la « flexicurité ».
Nous travaillerons à une harmonisation fiscale qui exigera une imposition minimale des entreprises, pour empêcher le dumping social entre pays membres de lUE, et mettra en place un contrôle des mouvements de capitaux et le blocage de ceux à visée spéculative, la taxation du capital et des transactions financières, le contrôle des activités des banques et la lutte contre les délocalisations. Nous établirons un secteur bancaire public pour favoriser le développement dun nouveau crédit.
La France mettra son veto au projet de Grand Marché transatlantique qui consacrerait la vassalisation de lEurope par les États-Unis.
Une nouvelle politique agricole commune sera élaborée, fondée sur la sécurité et la reconnaissance du droit à la souveraineté alimentaire, rapprochant les paysans européens au lieu de les mettre en concurrence, tournée vers le développement des coopérations avec les pays qui souffrent le plus de sous-alimentation.
La France sengagera pour une Europe de lharmonisation des droits sociaux et politiques. Elle demandera la mise en place dun SMIC européen (établissement dun salaire minimum légal dans chaque pays et procédure de convergence vers le haut).
Les services publics, avec de nouvelles créations à léchelle continentale, deviendront un pilier de la construction européenne.
Les pouvoirs de la Commission européenne devront reculer au profit de ceux du Parlement européen et des Parlements nationaux dont les pouvoirs dinitiative, de co-décision et de contrôle seront renforcés.
La France agira pour une Europe de légalité des droits qui sinscrira en faveur de la dignité humaine, contre la pauvreté, lexclusion, les divisions et discriminations.
Elle agira également pour que les politiques dEurope « forteresse » et de stigmatisation des étrangers non communautaires soient abandonnées, et les accords de Schengen renégociés au profit dune action résolue en faveur de politiques nouvelles de migrations internationales et de co-développement, en particulier avec les pays du pourtour méditerranéen.
Légalité femme-homme sera une valeur fondamentale de lUnion européenne, la « Directive de lEuropéenne la plus favorisée » sera mise en place.
8 LA FRANCE POUR CHANGER LE COURS DE LA MONDIALISATION
Désormais servilement alignée sur les États-Unis dAmérique, la France de Nicolas Sarkozy ne porte aucune vision alternative à la mondialisation libérale. Si demain la cinquième puissance économique du monde prenait un autre chemin, leffet dentraînement serait considérable sur les peuples du monde. En gouvernant autrement la France, nous voulons aussi contribuer à changer le cours de la mondialisation dans laquelle des politiques de coopération et de solidarité pourront enfin se développer.
Agir tout de suite
Retrait des troupes françaises dAfghanistan
Retrait de la France de lOTAN
Reconnaissance de lÉtat de Palestine par la France et par lUE
Agir pour un changement durable
Réformes de lONU et établissement dune nouvelle hiérarchie des normes internationales, fondée sur la primauté des normes sociales et environnementales
Création dun Tribunal international de justice climatique sous légide de lONU
LE CHOIX DE LA COOPÉRATION ENTRE LES PEUPLES
La France sengagera pour de nouvelles relations internationales fondées sur le respect des souverainetés populaires, sur des coopérations mutuellement profitables entre les peuples, sur la primauté des normes sociales et environnementales sur celles de la finance et du commerce.
Nous annulerons la dette des pays pauvres et mettrons en place, comme au niveau européen, un Fonds de coopération solidaire sous légide de lONU financé par une taxe de type Tobin (ou dautres types de taxation du capital international).
Nous mettrons un terme à une politique étrangère de la France basée sur les relations néocoloniales et la Françafrique.
Nous développerons une action de coopération avec les peuples qui cherchent à construire la démocratie et la justice sociale, notamment en Tunisie et en Égypte, et nous reconstruirons une politique de coopération véritable entre les deux rives de la Méditerranée.
La France engagera des politiques de coopération scientifique et universitaire internationales via la mise en commun et le partage en libre accès des compétences et des ressources et via des budgets soutenant les missions internationales des chercheurs et des enseignants-chercheurs.
Nous agirons pour la souveraineté monétaire et financière des peuples, pour un commerce équitable fondé sur des normes sociales et environnementales exigeantes.
Nous combattrons les principes daustérité du FMI et de libre-échange de lOMC pour les changer profondément ou pour créer de nouvelles institutions internationales.
Nous appuierons la création dun Tribunal international de justice climatique sous légide de lONU. Nous appuierons les projets comme « Yasuni-ITT », fondés sur le principe de responsabilité commune pour lintérêt général.
UNE POLITIQUE AU SERVICE DE LA PAIX
La France rompra avec lalignement libéral et atlantiste, la politique de force et dintervention militaire et avec les logiques de puissance, pour agir en faveur de la paix, du règlement des conflits et du rétablissement du droit international. Elle agira pour une ONU démocratisée, sappuyant sur une doctrine multilatérale renouvelée.
Nous déciderons, immédiatement, le retrait de la France de lOTAN et nous nous battrons pour la dissolution de cette organisation. Nous rappellerons nos troupes engagées dans la guerre menée par lOTAN en Afghanistan.
Nous nous battrons pour la suprématie du droit international sur la force, et notamment pour le droit souverain du peuple palestinien à disposer dun État viable et indépendant, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale et dans le respect du principe du droit au retour des réfugiés, un État palestinien vivant pacifiquement aux côtés dIsraël conformément aux résolutions de lONU.
Nous agirons pour la dénucléarisation, pour le désarmement multilatéral et contrôlé de tous les types darmement dans lesprit de la Culture de paix promue par lUnesco et la Charte des Nations unies.
9 LÉMANCIPATION HUMAINE EN TÊTE
La finalité de notre projet est lémancipation, en créant les conditions pour que chacune et chacun puisse construire sa vie libéré(e) de toute domination et développer ses potentialités. Lorganisation de la société doit donc permettre à chacun dêtre maître de soi-même et de son existence par des politiques publiques qui placent en leur coeur les enjeux de culture, dart, de savoir, de création, de maîtrise et de développement de son corps.
Agir tout de suite
Abrogation de la loi de 2003 sur lassurance-chômage des intermittents du spectacle et création dun système mutualisé pérenne
Plan de recrutement dans lÉducation nationale
Abrogation de la loi LRU et du Pacte pour la recherche
Agir pour un changement durable
Doublement du budget public de la recherche dans la législature 1 % du PIB consacré à lart, à la culture et à la création Loi contre les concentrations dans les médias et pour défendre la presse dopinion
Adoption dune loi-cadre sur le sport
DE LA MATERNELLE À LUNIVERSITÉ, PARTAGER LES SAVOIRS
Nous combattrons la mise en concurrence des établissements et reviendrons sur toutes les mesures qui visent sous couvert dautonomie à instituer un marché de léducation. Nous affirmons la nécessité dune politique nationale de léducation dans une logique de service public, pour une véritable gratuité et égalité daccès aux savoirs sur tout le territoire. Nous agirons concrètement pour que la production de connaissances et la formation soient libérées de la logique du marché et de la rentabilité financière et permettent létablissement dune culture scolaire commune pour tous par lappropriation de savoirs ambitieux.
Nous construirons une école émancipatrice qui permette lélévation pour tous du niveau des savoirs acquis et des qualifications reconnues. Pour ce faire, nous allongerons le temps scolaire : droit à la scolarité dès 2 ans, scolarité obligatoire de 3 à 18 ans.
Pour combattre son éclatement, nous reconstruirons une école qui élève pour toutes et pour tous le niveau des connaissances communes et prépare les élèves par des pédagogies adaptées à chacun à poursuivre leurs études jusquà 18 ans et le plus possible au-delà du lycée. Nous repenserons la progressivité entre les niveaux détudes, tout en conservant le cadre des disciplines.
Nous redéfinirons les programmes, et plus globalement lécole, en prenant comme point de référence lélève qui na que lécole pour apprendre. Le soutien scolaire sera assuré par le service public de lÉducation nationale.
Nous soutiendrons la relance de la recherche en éducation, le développement de la formation initiale et continue, et la création de temps déchanges pédagogiques dans les établissements.
Nous lancerons un plan de lutte contre les inégalités sociales à lécole. Nous mettrons en place des observatoires des inégalités rassemblant dans les territoires des élus, des parents, des enseignants, lensemble des personnels de lÉducation nationale et des élèves à partir du collège ainsi que des personnalités associées. Les représentants des personnels constitueront 50 % de ces observatoires. Nous soutiendrons les projets des communautés scolaires qui créent les conditions dune vie détablissement contribuant à la réussite des élèves. Nous rétablirons une nouvelle sectorisation scolaire avec plus de moyens pour les établissements qui en ont le plus besoin.
* La loi LRU (Libertés et responsabilités des universités)
Adoptée en août 2007, elle organise lautonomie des universités, avec augmentation des pouvoirs de leur président (élu désormais par le seul conseil dadministration, où la présence du monde économique est renforcée et qui devient le seul conseil non consultatif) notamment sur les affectations et la gestion, et désengagement massif de lÉtat qui mènera à terme à un système à deux vitesses, celui des « grands pôles » investis par les financements privés, et des petites universités qui, mises face à la nécessité de trouver des sources de financement, devront notamment augmenter les droits dinscription et supprimer les filières non rentables. Elle sappuie en amont sur le rapport Hetzel de 2006 : rapprochements avec le privé, politique de « visibilité » et alignement sur les critères du classement de Shanghai (qui ne prennent pas en compte la production du CNRS : 50 % de la recherche française !).
Nous stopperons les suppressions de postes et engagerons un plan de recrutement dans lÉducation nationale sous statut de la fonction publique dÉtat rétablissant, notamment, tous les postes supprimés. Nous développerons le pré-recrutement des enseignants pour que cette profession reste accessible à tous les milieux sociaux, quel que soit le niveau de recrutement. Nous rétablirons les postes de conseillers dorientation-psychologues et procéderons à des recrutements pour que tous les jeunes aient accès au service public dorientation. Les Réseaux daides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased) seront rétablis dans leurs moyens.
Linvestissement de lÉtat dans lenseignement professionnel sera augmenté de 50 % pour que les enseignements techniques, professionnels et généraux soient dégale qualité.
Nous garantirons le droit à une qualification égale pour ceux qui ont suivi une même formation : défense du cadre national des diplômes grâce au rétablissement des missions du Cneser, validation de toutes les années détudes dans les conventions collectives.
Pour lenseignement supérieur et la recherche, nous engagerons rapidement la reconstruction du service public dans ses missions prioritaires, pour légal accès au savoir de tous les jeunes, quels que soient leur lieu dhabitation, les revenus et le milieu socioculturel de leur famille, ainsi que pour laccueil des étudiants étrangers qui le souhaitent dans une vision non marchande de contribution au développement et à la coopération entre les peuples. Nous voulons élargir à toute la société les possibilités daccès aux formes les plus élaborées du savoir scientifique et permettre à tout(e) étudiant(e) daller au bout de ses possibilités, avec le souci permanent de la validation des parcours et des acquis. Parce que « lélectricité na pas été découverte en cherchant à améliorer la bougie », la marchandisation du savoir prônée par la stratégie de Lisbonne sera combattue et la coopération entre les services publics de lenseignement supérieur au niveau européen sera défendue et élargie. La France agira pour soustraire les services publics de recherche et denseignement supérieur au champ de négociation de lOMC. Nous abrogerons la loi LRU et le « Pacte pour la recherche ». La conférence des présidents duniversité ne pourra plus se substituer aux instances démocratiques dans la définition des politiques universitaires. Nous supprimerons lAgence dévaluation de la recherche et de lenseignement supérieur (AERES), qui juge la production scientifique sur des critères de diffusion qui, au final, sont de nature marchande, et ne permettent de juger ni de la qualité dun article, ni de celle du support qui le reçoit.
À la place de ce système libéralisé et autocratique, nous mettrons en chantier une nouvelle loi qui sappuiera sur les travaux dAssises de la recherche réunies dès le début du mandat, nous démocratiserons les conseils dadministration des universités et des organismes de recherche. La totalité des personnels, des chercheurs et des enseignants-chercheurs pourra intervenir en amont des décisions.
Le CNRS, comme lInserm, seront rétablis dans la diversité de leurs disciplines et leur vocation de pôles publics de la recherche, au service de toutes les sciences et dans leurs missions de prospective et dévaluation ; leurs instances retrouveront la plénitude des missions dorientation de la recherche fondamentale. Les personnels de la recherche publique verront leur indépendance intellectuelle assurée.
Nous garantirons le droit effectif de tous les enseignants-chercheurs à exercer une activité de recherche. Un nouveau statut du doctorant sera élaboré en étroite collaboration avec les organisations et associations qui les regroupent. Les missions de coopération internationale seront partie intégrante des services des enseignants-chercheurs.
Les travaux des chercheuses et des chercheurs seront évalués par leurs pairs, sur la base de leur travail de recherche et non sur des publications darticles dans des revues pré-sélectionnées. Cette évaluation sera le fait dinstances majoritairement élues avec la garantie de la représentation de léventail des disciplines et de tous les courants de pensée. Le droit de recours sera effectif. Les « labellisations », outils de discrimination, comme les «initiatives dexcellence » (Idex) ou « les laboratoires dexcellence » (Labex), seront abandonnées.
Dans le domaine de la recherche également, la RGPP sera stoppée et un plan de rattrapage de lemploi sera mis en place au profit exclusif de lemploi permanent titulaire. Le principe de la progression de la carrière pour chacune et chacun sera rétabli ; nous abandonnerons les primes « au mérite ». Leffort budgétaire public pour lenseignement supérieur sera porté à 12.000 euros par an et par étudiant(e). Nous doublerons le budget public de la recherche sur la législature. Ainsi, les moyens publics de la recherche seront garantis ; lapport de contributions privées sur la base de principes dintérêt général sera possible, sans jamais se substituer au financement budgétaire public. Les fondations, vecteurs dassujettissement à des financements précaires et opaques, seront abandonnées.
* Létat de la culture en France
La culture en France est tristement représentative de létat général de la fonction publique sous la RGPP : précarisation des agents non titulaires, coupes budgétaires et phagocytage de crédits par des institutions illégitimes (lheureusement éphémère Conseil de la création artistique), vente (écuries du palais impérial du Rhin à Strasbourg) ou reconversion forcée (Archives nationales, destinées à accueillir la Maison de lhistoire de France) dédifices de grande importance historique ; partenariats de plus en plus étendus avec le privé et les multinationales, comme dans le cas de la numérisation des fonds de la Bibliothèque nationale de France par Google. . .
Les financements de la recherche seront réorientés pour permettre le financement stable et récurrent des laboratoires et des équipes à hauteur de 70 % au moins. Les subventions « sur projet », qui sont celles principalement allouées aujourdhui par lAgence nationale de la recherche, deviendront complémentaires. LANR sera transformée en FPSE (Fonds public de soutien aux projets émergents) et interviendra exclusivement sur les projets « blancs », émergents, non déjà pris en compte par ailleurs.
SÉPANOUIR PAR LES ARTS, LA CULTURE, LES PRATIQUES CULTURELLES
Nous mettons la culture au coeur du projet politique du Front de Gauche, parce quelle est la condition même de laction politique, de la démocratie. Notre choix de civilisation repose sur la capacité de la personne humaine à penser, agir, sémouvoir. La confrontation aux arts, aux sciences, à la réflexion permet de devenir un citoyen éclairé, exigeant et ouvert.
Rompre avec le projet culturel de la droite et la casse du service public de la culture implique douvrir parmi le peuple un vaste débat démocratique en vue de refonder un grand service public de lart, de la culture et de linformation.
Nous mettrons en chantier la refondation du service public de lart et de la culture par une loi dorientation et de programmation budgétaire, qui réaffirmera la responsabilité publique et nationale de lÉtat et construira une compétence partagée entre lÉtat et les collectivités territoriales. Nous aurons pour objectif de porter leffort public à 1 % du PIB en une législature. Nous mettrons un coup darrêt au processus de marchandisation du service public de la culture et annulerons immédiatement, dans ce secteur aussi, la RGPP. Un vaste débat public, national, décentralisé et ouvert à tous les acteurs culturels comme à lensemble des citoyens, portera tout à la fois sur le sens de cette politique culturelle et sur les moyens nécessaires à sa réalisation. À cet effet, nous organiserons des Conférences régionales réunissant lÉtat, les collectivités territoriales, les professionnels et les citoyens.
Nous réaffirmerons le lien étroit entre le soutien à la création et lappropriation sociale et citoyenne des oeuvres et des pratiques culturelles et artistiques. Cela passe par le renouveau de léducation artistique à lécole et de léducation populaire, dans la cité et lentreprise.
Face à lemprise des industries culturelles sur lensemble des activités des champs artistique, littéraire et médiatique, nous mettrons en place les régulations qui simposent et ferons, en toutes circonstances, prévaloir lintérêt public, afin daffranchir notre économie de la culture de la soumission à largent. Nous encouragerons le développement de léconomie sociale et solidaire.
Nous affirmerons la centralité du travail artistique et culturel au sein des politiques publiques en termes demploi, de droits sociaux, de statuts et de rémunérations. La réforme de 2003 du régime de lintermittence sera renégociée avec les organisations professionnelles, pour mettre en place un système de protection pérenne et mutualiste. Plus généralement, la lutte contre la précarité dans les différentes professions artistiques, culturelles et de communication sera résolument entreprise. Nous abrogerons la loi HADOPI, créerons une plateforme publique de téléchargement, et engagerons une vaste concertation en vue de garantir le respect des droits, moraux et à rémunération, des artistes, auteurs et interprètes grâce à une mise à contribution des fournisseurs daccès, des opérateurs de télécommunications et du marché publicitaire.
Nous proposerons une loi contre les concentrations dans la presse, les médias et laudiovisuel, pour les libérer des logiques financières et du diktat de laudimat, afin de leur permettre daccomplir leurs missions au service du pluralisme de linformation et de la culture. Nous créerons un Conseil national des médias composé délus, de représentants des professionnels et des usagers, chargé de veiller au respect de la responsabilité publique et nationale, et de favoriser la création de coopératives de presse. Nous refondrons un Pôle public des médias et garantirons lexistence de médias associatifs et de la presse dopinion.
Nous agirons pour doter lUnion européenne dune authentique politique culturelle dotée des moyens correspondants, en vue de favoriser le dialogue des cultures et de renforcer les échanges entre artistes et acteurs culturels des États de lUnion. Nous poursuivrons et développerons le combat pour lexception et la diversité culturelles.
Nous refondrons laction culturelle extérieure de la France, sinistrée par cinq années de réductions budgétaires, de fermetures de Centres culturels français et de sites de lAlliance française, au service de la création et de son partage, dans le cadre dune mondialité du dialogue et de léchange. Nous agirons pour la défense et le développement de la langue française.
La création artistique, laction culturelle, léducation populaire, mais aussi la libre circulation des informations et des idées, la production et la diffusion des savoirs et des connaissances et leur appropriation par le peuple, sont des conditions majeures dune transformation progressiste de notre société. Car il ne saurait y avoir démancipation politique sans émancipation culturelle.
ÊTRE BIEN DANS SON CORPS, VIVE LE SPORT !
Nous garantirons laccès de chacune et de chacun à la pratique sportive de son choix tout au long de la vie et donnerons au mouvement sportif les moyens daccomplir ses missions de service public.
Nous assurerons la complémentarité entre léducation physique et sportive à lécole, le sport associatif et le sport en entreprise.
Nous défendons une organisation du sport en France qui garantisse les liens de solidarité et de concertation entre le sport pour tous et le sport de haut niveau, les secteurs amateur et professionnel par la mutualisation des moyens financiers, matériels et humains au sein du système fédéral.
Nous déclarerons le sport comme relevant dune mission de service public appuyée sur les quatre piliers du modèle sportif français :
léducation physique et sportive obligatoire de la maternelle à luniversité, qui sera assurée par des enseignants spécialisés : sa durée ira de 3 heures à 5 heures par semaine.
un véritable ministère des Sports auquel nous redonnerons les moyens qui lui sont nécessaires, avec ses services déconcentrés et ses établissements publics, réalisant leurs missions sur lensemble du territoire. Nous rétablirons au moins un Centre régional déducation populaire et de sport (Creps) par région et porterons le budget de ce ministère à 1 % du budget national.
les collectivités territoriales, dont nous maintiendrons la compétence sport et le financement croisé des installations sportives. Nous engagerons avec elles un plan national durgence pour la construction et la rénovation des installations sportives.
les fédérations sportives et le CNOSF, auxquels nous donnerons les moyens dassurer leurs missions de service public et un fonctionnement démocratique, à travers notamment ladoption dun statut du bénévole et laccès des femmes aux responsabilités dirigeantes.
Nous lancerons un plan national daccès à toutes les pratiques sportives pour toutes et tous sappuyant sur un soutien actif : aux familles à travers une aide assurée par la CAF; à la pratique féminine et aux pratiques mixtes ; à la diversité des pratiques sportives ; au « sport/santé » ; à laccessibilité aux personnes handicapées et aux associations sportives en entreprise.
Nous proposerons ladoption dune loi-cadre sur le sport réaffirmant son unicité, définissant les principes de laction publique et reconnaissant le rôle de chaque collectivité et du mouvement sportif dans cette action. Dans cet esprit, nous créerons avec le mouvement sportif une Conférence nationale du sport rassemblant tous les partenaires sociaux et économiques du sport et nous établirons des instances de concertation, de réflexion et dévaluation permanentes à chaque échelon du territoire. Nous refuserons toute forme de défiscalisation et de réduction de cotisations sociales sur les revenus des sportifs professionnels.
Nous abrogerons la loi sur louverture au marché des paris sportifs en ligne et nous augmenterons significativement la « taxe Buffet » sur les droits de diffusion des manifestations sportives à la télévision. Nous modifierons la loi sur les retransmissions télévisées pour que les manifestations sportives féminines dune importance majeure soient traitées de la même manière que les manifestations sportives masculines. Dune manière générale, nous mettrons en place un cahier des charges pour les organismes dinformation et les médias, afin dexiger le respect dun sport porteur dune éthique et de valeurs éducatives, et condamnant toutes formes de tricherie, de dopage, de violence, de corruption et de discriminations (racisme, homophobie, xénophobie, sexisme).
La France agira pour un sport vecteur de paix et de solidarité internationale, notamment à loccasion des grandes manifestations nationales et internationales et de celles de lolympisme. Elle agira pour la libre circulation des athlètes dans le monde, en dehors de toute pression politique, et pour lélimination de tout trafic mondial des jeunes athlètes. Elle renforcera la coopération internationale pour le développement du sport dans les pays en voie de développement.
LE DROIT À LA VILLE
Nous voulons faire de la ville un espace commun du bien vivre ensemble dans lequel chacun et chacune peut accomplir ses projets personnels, familiaux ou sociaux grâce à lorganisation partagée des espaces de vie. La construction du service public national et décentralisé du logement, de lhabitat et de la ville réaffirmera le rôle majeur dun patrimoine locatif public, pour faire vivre et garantir le droit au logement pour tous, partout et à tous les moments de la vie.
Nous élaborerons une politique de développement global du territoire dépassant le cadre de la politique du logement à laquelle le droit à la ville ne doit pas être réduit. Les politiques demploi, déducation, de santé publique, de transport, de culture et de sport devront elles aussi contribuer à faire de la ville un espace dépanouissement personnel et familial. Ce sont les conditions indispensables pour construire des quartiers équilibrés qui ne soient pas uniquement résidentiels ou dortoirs, mais de vrais quartiers de vie, avec des logements, de lactivité économique, de lemploi, des équipements publics et privés de proximité, des lieux de loisirs et de culture.
Pour construire cette ville partagée, nous mettrons fin aux politiques ciblées (zonage des quartiers dits sensibles, empilés les uns sur les autres, traitement stigmatisant de publics ciblés). Le ministère de la Ville sera supprimé, et les politiques de droit commun, réorientées vers laccès au droit à la ville pour tous, deviendront la priorité. Cela permettra de garantir la mixité sociale et de lutter contre la ghetto??sation. Les politiques urbaines et de lhabitat devront concourir à cet objectif pour une conception nouvelle de la ville, dense, ouverte, humaine, écologique (respectueuse de lenvironnement et comportant des lieux de respiration), une ville favorisant la cohésion entre les habitants et le vivre ensemble.
Ces politiques seront débattues obligatoirement dans les collectivités pour permettre limplication des habitants, des associations et des élus qui seule garantira la qualité des projets à même de combattre la ségrégation spatiale et la ghettoïsation, et daffirmer la mixité.
CONCLUSION
Le monde fou que nous avons sous les yeux est le résultat de la domination accrue du capital financier sur le monde, le produit monstrueux de deux décennies de politiques néolibérales qui ont jeté les germes dun grave recul de civilisation.
Cette situation a été rendue possible par le dépérissement de la démocratie : dérive autoritaire des institutions, abstention de masse, vie politique censitaire, uniformité médiatique, rétrécissement du débat politique aux dogmes de la « pensée unique », institutions non élues faisant prévaloir les normes néolibérales sur la volonté des peuples. . .
« La meilleure forteresse des tyrans, cest linertie des peuples. » Cette vieille formule de Machiavel na rien perdu de son actualité. Pour secouer la tyrannie des marchés, il suffit donc que le peuple se mette en mouvement. Cela commence par chacun de nous.
GLOSSAIRE
Agences régionales de santé (ARS) : chargées depuis 2010 de la politique de santé dan s leur région dimplantation et remplaçant les Agences régionales de lhospitalisation (ARH), les DDASS et les DRASS, les ARS travaillent dans les faits à la casse de lhôpital par lexigence aveugle de léquilibre budgétaire et la fermeture de services jugés non rentables.
Comités de groupe européens : institués par une directive de 1994, ce sont des instances dinformation et de consultation mises en place dans les entreprises de dimension européenne pour regrouper des représentants salariés des différents pays européens où elles sont implantées.
Cycle de Doha : entamé à lOMC en novembre 2001 en vue dobtenir un abaissement réciproque des droits de douane et des aides à lexportation entre pays développés et en développement, ce cycle de négociations est bloqué pour linstant en raison notamment dun désaccord sur le soutien américain et européen à leurs agriculteurs. Sa conclusion comporterait le risque de maintenir les pays en développement dans leur vocation de pays agricoles, freinant le développement de leurs autres secteurs tandis que lagriculture des pays développés séteindrait. Mais cest plus largement sa logique libérale (surconsommation, allongement des temps de
transport et gaspillage dénergie, dumping) qui est critiquable.
Économie sociale et solidaire (ESS) : elle forme un troisième secteur (à côté des secteurs privé et public), fondé non sur le profit mais sur une finalité sociale et sur le service à la collectivité ou à ses membres, avec un fonctionnement démocratique et autogéré. En relèvent les coopératives, les mutuelles et des associations telles les AMAP (Associations pour le maintien dune agriculture paysanne).
Établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) : cest juridiquement une personne publique gérant une activité de service public, comme la SNCF, le CEA, lINA. Plusieurs EPIC très importants sont devenus des sociétés anonymes, au nom du dogme libéral selon lequel le statut étatique dune entreprise lavantage en violant la concurrence libre et non faussée : ainsi La Poste (mars 2010), EDF (novembre 2004), Gaz de France (août 2004), France Télécom (juillet 1996). . . Dans ce dernier cas, lÉtat nest même plus lactionnaire majoritaire.
Grand Marché transatlantique : projet de marché unifié de libre-échange abolissant les barrières douanières et réglementaires entre lUnion européenne et les États-Unis à lhorizon 2015 et mettant en place une institution parlementaire commune, poursuivi à la suite de plusieurs résolutions européennes qui nont jamais donné lieu à aucun débat public.
HADOPI, loi : Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet. Loi française qui vise à réprimer le partage sur Internet de fichiers soumis au droit dauteur.
LBO : abréviation du terme anglais leveraged buyout qui désigne une technique consistant à acheter une entreprise avec des capitaux empruntés (bénéficiant dun effet de levier, cest-à-dire quun petit apport initial suffit pour emprunter beaucoup dargent), remboursé rapidement en saignant voire en revendant par morceaux la société achetée.
Maillé, loi : adoptée le 10 août 2009, elle prévoit lextension du travail le dimanche et modifie donc larticle L3132-3 du Code du travail prévoyant le repos dominical, notamment dans les zones touristiques et les unités urbaines de plus dun million dhabitants. Selon le texte de loi, cette extension se fait sur les bases du volontariat, mais les salariés « non volontaires » en ressentiront nécessairement tôt ou tard le contrecoup, en étant mis en concurrence de fait.
Mobilisation pour le logement et la lutte contre lexclusion (MOLLE), loi : adoptée le 25 mars 2009, cette « loi Boutin » favorise notamment laccession sociale à la propriété au détriment du logement social. Elle exclut de laccès au logement social 10 % des familles environ en abaissant les plafonds de ressources. Source de contretemps, elle est un encouragement à lendettement en période de crise et à lachat en période de bulle immobilière. Elle facilite dailleurs les expulsions (articles 57 et 61). Une disposition du projet de loi, visant à intégrer laccession sociale à la propriété dans le calcul des 20 % de logements sociaux de la loi SRU, a heureusement été retoquée. Elle lance aussi lexpérimentation dun « contrat de résidence temporaire » (art. 101), grâce auquel le propriétaire dun logement vacant pourra économiser un gardien, échapper à la taxe sur les logements vacants et éviter les squats en louant à des locataires au statut précaire.
Pacte pour lEuro+ et Mécanisme européen de stabilité : adopté en mars 2011, le Pacte pour lEuro+ fixe aux États de lUE un objectif déquilibre budgétaire et de baisse du coût du travail/recherche de la flexibilité cest-à-dire respectivement laustérité et la précarisation tout en prévoyant que la Commission européenne vise et valide les différents budgets nationaux. Cest donc labandon des souverainetés populaires au profit des politiques libérales. Le MES, remplaçant à lhorizon 2013 le Fonds européen de stabilité financière, en sera un des bras armés en exigeant des États endettés une restructuration destructrice en échange de la « solidarité » communautaire.
Pacte pour la recherche : traduit par la loi de programme pour la recherche de 2006, il crée en particulier les Pôles de recherche et denseignement supérieur (PRES, auxquels sadressent aujourdhui une bonne partie des dites « initiatives dexcellence ») où il est possible de recruter des personnels de droit privé, potentiellement précaires, et où la coopération avec les entreprises et les fondations privées est recherchée. Tout ceci sous la loi de la concurrence entre établissements de recherche et de la contractualisation des moyens, organisée par lAgence nationale de la recherche (ANR).
Pré-recrutement des enseignants : dispositifs mis en place à divers moments sous diverses formes consistant à rémunérer des étudiants en contrepartie dun engagement à préparer les concours denseignants. Cette pratique mise en oeuvre dans les périodes de pénurie denseignants a souvent permis la poursuite détudes et laccès au métier denseignant de jeunes issus des classes populaires.
Réforme de 2010 des collectivités territoriales : élaborée dans le but de réduire les dépenses des collectivités locales, cette réforme dampleur limite les capacités dintervention des collectivités par la remise en cause de leurs compétences, institue un conseiller territorial qui siégera à la fois au conseil général et au conseil régional au détriment du lien démocratique avec ses électeurs et crée une inégalité territoriale et une grande confusion puisque les territoires obéiront à des statuts différents.
Sociétés daménagement foncier et détablissement rural (SAFER) : elles interviennent sur le marché foncier afin de le maîtriser, par la préemption des terrains en vente et la rétrocession aux agriculteurs, et de normalement limiter le phénomène de concentration et la spéculation foncière.
Solidarité et renouvellement urbains, loi (SRU) : adoptée par la gauche en 2000, elle contient notamment dans son article 55 lobligation pour les communes intégrées dans des agglomérations de plus de 50.000 habitants de posséder 20 % de logements sociaux ; mais elle organisait au-delà le développement durable des transports et de lurbanisme. Affaiblie par la droite (dispositions permettant le « rattrapage » des 20 % sur dautres communes via lintercommunalité), elle est bafouée au quotidien dans les ghettos riches comme Neuilly-sur-Seine (3,6 % de logements sociaux en 2010), en raison de la faiblesse ou de la non-application des amendes.
Yasuni-ITT (projet) : initiative lancée par lÉquateur afin dobtenir une compensation financière en échange de la non-exploitation pétrolière de parties de la forêt amazonienne, poumon du monde, conciliant ainsi les exigences de développement et la lutte contre leffet de serre et pour la biodiversité locale.
Source http://www.placeaupeuple2012.fr, le 20 mars 2012
Le programme du Front de Gauche et de son candidat commun
Jean-Luc Mélenchon
INTRODUCTION
Oui cest possible. Lhumanité a déjà surmonté de nombreuses catastrophes. Derrière la crise du système capitaliste qui se déroule sous nos yeux, il y a la possibilité dun monde meilleur. Nous devons la saisir. Elle est à notre portée. Encore faut-il que nous le décidions. La catastrophe écologique, lexplosion des inégalités, de la précarité et de la pauvreté, les violations répétées de la démocratie, le refus de rapports humains fondés sur la solidarité et la coopération, tout ceci a une cause dont laction humaine peut venir à bout. Tous ces maux trouvent leur commune origine dans la caractéristique essentielle de notre époque : la domination sans partage du capital financier sur le monde. Or cette domination en apparence inébranlable est en réalité dune grande fragilité. Car elle dépend tout entière de choix politiques que les peuples peuvent inverser. Affrontons la finance et nous retrouverons rapidement un avenir.
Cest ce que nous proposons dans ce programme. Nous navons pas attendu pour cela la crise des subprimes, les paniques boursières de lété 2011 et les diktats adressés par la Banque centrale européenne, instance non élue, aux gouvernements souverains de lUnion européenne. Ensemble, nous avons combattu la réforme des retraites que Sarkozy justifiait déjà par les exigences des marchés financiers. En 2005, nous avons mis en échec larrogance des puissants qui voulaient graver dans une Constitution européenne la suprématie des marchés. Navions-nous pas raison face à ceux qui prétendaient que le traité de Lisbonne allait accoucher dune Europe qui protège, dotée dun « leadership » enfin solide ? Chacun ne voit-il pas aujourdhui que leurs promesses étaient mensongères ?
Nous avions raison mais notre vote a été piétiné. Car ce sont désormais les « marchés financiers » auxquels les gouvernements confient la réalité du pouvoir. Cest leur tyrannie qui jette le monde entier dans la tourmente, réclamant aux peuples des sacrifices toujours plus grands afin quils règlent les montagnes dargent virtuel quils ont amassé. Tel est le résultat concret des politiques néolibérales qui nont pas cessé malgré la crise. Les gouvernements européens veulent aller plus loin dans ce sens en intégrant dans la loi fondamentale des États lobjectif de léquilibre budgétaire, ce que Nicolas Sarkozy appelle « la règle dor ». Si une telle disposition était intégrée dans la Constitution française, les prétentions des détenteurs de la dette simposeraient à nos représentants élus.
Le problème est donc politique. Tout comme la noblesse de 1789 ne pouvait rompre avec lAncien Régime, le capitalisme financier est incapable de sortir dun système qui le gave de privilèges. Pour résoudre la crise, il faut reprendre le pouvoir. Pour en finir avec linsécurité sociale générée par le règne du profit, pour que le respect de lécosystème menacé par le réchauffement climatique et la destruction de la biodiversité prime sur les exigences du court terme, pour que les lois adoptées visent à satisfaire lintérêt général plutôt que lavidité insatiable de quelques uns, il faut que soient élus des dirigeants qui ne dépendent daucune manière de loligarchie financière et que le peuple, à la faveur dune Sixième République, exerce le pouvoir pour de bon. Il faut une révolution citoyenne.
Déjà des révolutions se développent sur plusieurs continents, en Amérique latine, dans les pays arabes. . . Le leadership que se sont octroyé les États-Unis est contesté de toutes parts. Des jeunesses se lèvent, indignées. Les bourses, les marchés financiers sont mis en cause, y compris par les « chefs dÉtat » qui leur ont donné tant de pouvoirs !
Alors nous, en France, faisons aussi place au peuple. Un rendez-vous arrive qui peut en être loccasion. Dans cette période exceptionnelle, la présidentielle et les législatives de 2012 seront bien davantage quune énième échéance électorale. Et quand le peuple tout entier sera appelé à exercer sa souveraineté et dire où il voit lintérêt général, il peut ouvrir le premier acte de cette révolution citoyenne.
Ce programme veut y contribuer. Non pas comme un recueil de solutions toutes faites. Nous sommes dans un de ces moments de lhistoire où seule lintervention directe du plus grand nombre peut réinventer lavenir. Mais comme un outil visant à rendre majoritaires deux convictions qui peuvent tout changer.
Premièrement, il faut rompre avec les politiques suivies par les gouvernements au pouvoir ces dernières décennies. Bien sûr, il y a eu des différences entre la politique des gouvernements de droite et celle des gouvernements de gauche. Mais il y a aussi eu malheureusement des points communs : la croyance dans la construction actuelle, libérale, de lUnion européenne, la volonté de réduire le « coût du travail », le démantèlement des services publics, le refus daffronter les banques et les marchés financiers. Ces dogmes continuent dêtre répétés par les partis et médias dominants. Ils sont appliqués avec aveuglement par des gouvernements et des institutions internationales, Union européenne, FMI, OMC, Banque centrale européenne, dirigées indifféremment par des membres du PS ou de lUMP. Nous vous proposons de rompre avec ces principes qui nous ont menés dans limpasse, en imposant par votre vote dautres idées, dautres institutions et dautres représentants.
Deuxièmement, nous connaissons le point dappui à partir duquel reconstruire : lhumain. La richesse dun pays réside dans le travail humain, dans la capacité de ses femmes et de ses hommes à sassocier librement et à créer, à inventer, à produire. Le titre de notre projet, Lhumain dabord, nexprime pas simplement une préférence morale, il dit aussi notre stratégie contre la crise. En refusant la domination du capital financier sur le travail, en luttant contre la précarité, en garantissant à chaque personne le droit de se soigner, de séduquer, de se loger et de travailler, nous protégeons et accroissons les forces créatrices qui refondront notre pays et aideront demain à changer le monde.
Dans lordre politique aussi, nous plaçons lhumain, les citoyens dabord. Là encore ce nest pas simplement par conformité avec nos idéaux démocratiques. Cest aussi une condition nécessaire pour sortir de la crise. Face à la domination des marchés financiers qui soumet nos sociétés aux intérêts dune petite oligarchie, nous avons besoin de la souveraineté du peuple, seule à même de viser lintérêt général. Pour abolir les privilèges de notre temps, il nous faudra assumer puis remporter la confrontation avec la finance. La condition première de notre succès sera la mobilisation des femmes et des hommes, la construction de nouveaux rapports de forces favorables aux travailleurs et aux citoyens. Lhumain dabord, toujours.
Le Front de Gauche est justement né de lexigence de réinventer la gauche en sappuyant sur limplication populaire. En créant le Front de Gauche, les militants des partis et des formations qui le composent il y en a six désormais (Gauche unitaire, Parti communiste français, Parti de gauche, Convergences et alternative, Fédération pour une alternative sociale et écologique, République et Socialisme) ont bousculé leurs habitudes et se sont unis afin de se mettre à la hauteur de ce moment exceptionnel.
Nous aspirons à bouleverser radicalement la vie politique de notre pays. Nous voulons que les classes populaires retrouvent leur place alors que ce régime devient de plus en plus censitaire. Nous voulons bousculer la donne à gauche. Nous voulons que la volonté inflexible de résister à la finance devienne majoritaire à gauche et dans le pays.
Cest la condition pour quun gouvernement de gauche fasse du bon travail et ouvre une issue à la crise. Cest la condition pour battre durablement Sarkozy, la droite et lextrême droite.
Ce programme est le fruit de nos réflexions mais aussi celui de forums publics tenus dans tout le pays. À limage du Front de Gauche, cest un cadre général ouvert à limplication populaire. Il présente les grandes lignes dont nous voulons débattre pour éclairer le choix que chaque citoyen aura à faire en 2012. Des ateliers législatifs avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent vont permettre de le compléter, de le renforcer et de le traduire en mesures législatives encore plus précises. Ce livre aspire en premier lieu à être enrichi, discuté, contesté même. Il veut provoquer et nourrir le débat politique sans lequel il nest pas de démocratie adulte, condition dun peuple émancipé.
1 PARTAGER LES RICHESSES ET ABOLIR LINSÉCURITÉ SOCIALE
La France est plus riche que jamais. Mais jamais non plus cette richesse na été aussi peu partagée. Les réformes libérales qui se sont encore accélérées sous le pouvoir actuel ont permis à une petite minorité daccumuler des fortunes considérables. La pauvreté et la précarité se sont étendues, touchant des secteurs jusquici préservés. Légoïsme social des possédants viole lintérêt général. En partageant les richesses et en garantissant le droit de chacun à une vie stable et digne, nous permettrons à tous de vivre mieux. Cest le premier chantier de notre programme. Pour créer des millions demplois il propose une véritable réduction du temps de travail, une sécurisation de lemploi et de la formation tout au long de la vie, la création dun nouveau crédit bancaire sélectif et des pouvoirs nouveaux pour les salarié(e)s dans les entreprises. Il veut abolir la précarité et prône une augmentation des salaires et des retraites, le droit au logement pour tous, la défense dune vraie protection sociale, des services publics consolidés et étendus.
Agir tout de suite
Rétablissement des 35 heures
Droit à la retraite à 60 ans à taux plein
SMIC à 1.700 euros brut par mois pour 35 heures
Instauration dun salaire maximum pour toutes les entreprises
Augmentation immédiate des bourses détudes, élargissement des droits sociaux aux jeunes majeurs
Convocation dassemblées régionales et nationale pour lemploi, les qualifications et les salaires
Remboursement à 100 % des dépenses de santé
Abrogation de la loi MOLLE sur le logement
Blocage des loyers
Revenu maximum fixé à 360.000 euros par an
Arrêt de la RGPP
Abrogation de la réforme hospitalière, réintroduction des élections paritaires dans les caisses de gestion de la Sécurité sociale
Mesures immédiates contre la précarité et titularisation des 800.000 précaires de la fonction publique
Agir pour un changement durable
SMIC à 1.700 euros net par mois pendant la législature
Refonte du Code du travail pour abolir la précarité et établir légalité femmes-hommes
Mise en chantier dun système de sécurité, demploi et de formation pour tous
Mise en place dun statut social pour tous les jeunes permettant leur autonomie
Création dun pôle public du médicament
AUGMENTER LES SALAIRES
Nous voulons rétablir le droit au travail, à lemploi et au repos dans une nouvelle répartition des richesses. Pour cela, nous établirons les 35 heures effectives, le droit à la retraite à 60 ans à taux plein, le SMIC à 1.700 euros et un salaire maximum dans les entreprises publiques et privées.
Après leur remise en cause par la droite, les 35 heures seront pleinement établies par la loi, sans annualisation, ni perte de salaire et avec les embauches correspondantes (notamment dans la fonction publique), sous le contrôle des élus du personnel. Le recours aux heures supplémentaires sera strictement limité. Nous agirons dans une logique de plein emploi, de réduction du temps de travail, dabolition de la précarité et dinstallation dune « sécurité emploi formation ». Chaque année, nous réunirons les partenaires sociaux et les différentes collectivités publiques dans une assemblée nationale et des assemblées régionales permettant de fixer des objectifs précis pour lemploi, les qualifications et les salaires.
* Hyper-riches et pauvreté de masse, lexplosion des inégalités
45 %, cest la part des Français qui nont pas pu partir en vacances cet été, 32 %, celle de ceux qui ne peuvent même pas partir une semaine dans lannée. Depuis une vingtaine dannées, les inégalités se creusent. Entre 1990 et 2008, le pouvoir dachat des 10 % les plus riches a crû de 27 % et celui des 10 % les plus pauvres de seulement 13 %. Mais ces chiffres ne rendent pas compte de laccumulation sans précédent de richesses qui se concentre entre quelques mains. Entre 2004 et 2008, avec la droite, le revenu des 1 % les plus riches a augmenté en moyenne de 7.700 euros par an et celui des 0,01 % les plus riches, de 180.400 euros par an. Tout en haut de la pyramide, Liliane Bettencourt a gagné en 2005 léquivalent de 15.000 SMIC. Pendant ce temps les 50 % les plus modestes, assujettis à la précarité et au chômage de masse (entre 2,7 et 5 millions de chômeurs selon les modes de calcul en 2010) se contentaient dune augmentation moyenne de 900 euros par an.
Nous rétablirons également le droit à la retraite à 60 ans à taux plein (75 % du salaire de référence)pour toutes et tous avec la prise en compte de la pénibilité de professions particulières donnant droit à des départs anticipés. Aucun salarié ne touchera de retraite inférieure au SMIC. Le financement des retraites sera assuré en particulier par une cotisation nouvelle sur les revenus financiers des entreprises, au même taux que les cotisations employeurs sur les salaires. Laccroissement du taux et de la masse des cotisations patronales sur les salaires sera modulé en fonction des choix de gestion de ces entreprises. Aucun recours à la fiscalisation des retraites ou de la protection sociale ne sera opéré pour leur financement.
Afin denrayer la montée des inégalités de richesse dans notre pays, nous procéderons à une réévaluation globale des salaires et des traitements, des indemnisations du chômage et des retraites, et les indexerons sur lévolution du coût de la vie. Cette réévaluation se fera aux deux extrémités de léchelle des salaires. Nous porterons immédiatement le SMIC à 1.700 euros brut par mois pour 35 heures, conformément aux revendications syndicales, et 1.700 euros net pendant la législature. Un salaire maximum sera instauré. La Confédération européenne des syndicats propose dailleurs, dans toutes les entreprises, que lécart entre le plus bas et le plus haut salaire ne puisse dépasser 1 à 20. Ainsi, les patrons ne pourront gagner plus sans dabord augmenter les salariés du « bas de léchelle ». Par la fiscalité, nous établirons un revenu maximum fixé à 20 fois le revenu médian (soit aujourdhui 360.000 euros par an).
Nous voulons éradiquer la pauvreté ! Aucun revenu ne pourra être fixé sous le seuil de pauvreté (environ 800 euros par mois pour une personne seule, soit 50 % du revenu médian : il concerne 13 % de la population) en tenant compte de la composition familiale. Les minima sociaux seront fixés en référence au SMIC et indexés sur celui-ci.
ABOLIR LA PRÉCARITÉ
La deuxième caractéristique du capitalisme de notre époque est la généralisation de la précarité. Nous combattrons ce fléau qui ronge à petit feu les forces vives du pays. Nous agirons pour éradiquer le chômage et prendrons des mesures contre la précarisation de toute la vie sociale, et en particulier en faveur de celles et de ceux qui en sont les premières victimes : les jeunes, les travailleurs précaires (exploités par le détournement des lois), les chômeurs (mis à lécart et stigmatisés), les femmes, etc.
Pour sortir les jeunes de la précarité, de la dépendance familiale et du recours au salariat pendant leurs études, nous créerons un statut social pour tous les jeunes permettant leur autonomie. Nous mettrons en place un système dallocations financées, pour les jeunes en formation, par la solidarité nationale, et pour ceux en recherche dun premier emploi, par la Sécurité sociale professionnelle. Ces contrats sécurisés de formation et demploi ouvriront droit à la prise en charge des cotisations sociales afin entre autres dinclure les années de formation dans la durée de cotisation pour la retraite. Ainsi, lentrée sur le marché de lemploi ne sera plus cette période blanche où le jeune travaille autant, sinon plus quun autre salarié, pour un revenu et des droits moindres.
Le CDI à plein temps sera réaffirmé comme norme du contrat de travail, le recours aux intérimaires et contrats à durée déterminée strictement encadré. Un quota maximal dintérimaires et de contrats à durée déterminée égal à 5 % des effectifs dans les grandes entreprises et 10 % dans les PME sera instauré sauf dérogation justifiée. Afin de lutter contre la perpétuation à linfini de la galère, nous créerons un droit automatique au passage à temps plein pour les temps partiels. Les droits des salariés des entreprises sous-traitantes seront alignés vers le haut sur ceux des donneurs dordre. Les stages seront encadrés obligation de rémunération à 50 % du SMIC dès le premier mois de stage, limitation de la durée des stages à 6 mois, délai de carence de 3 mois entre deux stages, quota de stagiaires par entreprise, cotisation sociale sur les indemnités de stage et accès des stagiaires à la protection sociale. Une sécurité sociale professionnelle pour tous les salariés sera créée.
En plus des nouveaux droits donnés aux salariés et aux comités dentreprise en cas de licenciement et de délocalisation, nous rétablirons lautorisation administrative de licenciement. Nous interdirons les licenciements boursiers ainsi que la distribution de dividendes pour les entreprises qui licencient. En cas de délocalisation ou de dépôt de bilan, nous instaurerons un droit des salariés à la reprise de leur entreprise sous forme de coopérative.
Nous abrogerons la RGPP et renforcerons la fonction publique, notamment par les embauches nécessaires à la satisfaction des services rendus à la population. Parce que lÉtat doit être exemplaire, nous titulariserons les 800.000 précaires de la fonction publique.
Nous abrogerons toutes les lois antisociales qui ont cassé le Code du travail et engagerons sa refonte pour introduire de nouveaux droits et des garanties élevés pour les salariés, ainsi quune nouvelle convention de lUnedic (visant la fin des radiations, larrêt des dispositifs de contrôle social des chômeurs mis en place à Pôle emploi, louverture des droits à la protection chômage dès le premier mois de travail). La hiérarchie des normes et le principe de faveur seront notamment rétablis : aucun accord dentreprise ne pourra être moins favorable aux travailleurs quun accord de branche ou que le droit commun. Nous réintroduirons lobligation de réintégrer les travailleurs abusivement licenciés sils le souhaitent et nous supprimerons la loi Maillé dextension du travail du dimanche.
Le respect de ces droits et de ces protections sera, au quotidien, le meilleur garant du recul de la souffrance au travail. Le nouveau Code du travail assurera labolition de la précarité et légalité femmes-hommes dans lentreprise en prévoyant de lourdes pénalités pour les entreprises qui ne respecteront pas cette égalité. Les effectifs de linspection du travail seront doublés pour faire respecter les droits sociaux du travail. Nous ferons de la protection sociale un bien commun et un droit de base pour tous en renforçant le principe de solidarité entre les générations. La perte dautonomie (que la droite nomme « dépendance ») sera couverte dans le cadre de la protection sociale sans recours aux assureurs privés. Et nous favoriserons, au niveau départemental, la création de pôles publics de « lautonomie ».
La lutte pour la santé au travail sera décrétée cause nationale dès la première année de mandat, et nous engagerons immédiatement, en concertation avec les personnels de la santé et les représentants des salariés, le réinvestissement massif de lÉtat dans la médecine du travail.
PLAN DURGENCE POUR LE LOGEMENT ET CONTRE LA SPÉCULATION IMMOBILIÈRE
À cause de la crise et de la bulle immobilière, les conditions de logement de nos concitoyens se dégradent. Nous ferons à nouveau du logement un droit et une priorité nationale. Pour cela, nous abrogerons la loi Boutin (MOLLE) et toutes les aides fiscales au logement spéculatif privé. Le logement locatif social sera reconnu comme le logement universel accessible à tous. Nous engagerons un plan durgence national pluriannuel de construction de 200.000 logements publics sociaux par an pendant cinq ans comprenant un volet spécifique de logements étudiants et pour les jeunes. Nous porterons donc le budget logement à 2 % du PIB en crédits de paiement, et reviendrons à une aide à la pierre à hauteur de 40 % du coût des opérations, avec des prêts publics bonifiés et de longue durée de remboursement.
* Le mal-logement en France
La France compte plus de 3,6 millions de personnes sans logement ou très mal logées auxquelles il faut ajouter cinq millions de personnes mal logées (copropriétés dégradées, logements surpeuplés). Entre 2002 et 2006, le nombre dimpayés de loyer a bondi de 83 % dans le secteur privé. Le nombre de décisions dexpulsions a dépassé les 100.000 sur une année, en hausse de près de 43 % en dix ans.
1,3 million de demandes de logement social sont en souffrance et concernent 3 millions de personnes, une hausse de 25 % en moins de 10 ans. 3,5 millions de familles sont en situation de précarité énergétique, cest-à-dire quelles consacrent plus de 10 % de leurs ressources aux dépenses dénergie.
Ces situations humaines dramatiques ne sont pas une fatalité. Elles sont la conséquence de la hausse des loyers (+ 50 à 90 % selon les endroits entre 2000 et 2010) et du nombre bien trop faible de constructions de logements sociaux.
Nous interdirons les expulsions locatives de toute personne et famille en difficulté économique et sociale. Nous garantirons à chacune et chacun le droit au maintien dans son logement, par la mise en oeuvre dune sécurité locative mutualisée. Nous mettrons en place une tarification sociale garantissant le droit et laccès de toutes et de tous à leau et à lénergie. Nous garantirons et renforcerons les moyens de lhébergement durgence.
Nous revaloriserons lAPL en supprimant le mois de carence de son attribution, son caractère rétroactif, et en indexant le forfait charges sur lévolution réelle de celles-ci. Pour favoriser laccès au logement dans le parc privé, nous supprimerons la caution.
Nous supprimerons le surloyer ainsi que les plafonds de ressources. Dans un premier temps nous bloquerons les loyers dans le public et encadrerons leur évolution dans le privé par le plafonnement des prix à la vente et à la location, en fonction de la tension dans les territoires. Dans un deuxième temps, pour garantir légalité daccès de tous à un logement de qualité, la mixité sociale de lhabitat, et permettre la baisse des loyers pour le plus grand nombre, nous nous fixerons lobjectif que la proportion du loyer et des charges dans le budget des familles nexcède pas 20 % de leurs revenus.
Nous appliquerons la loi de réquisition des logements vacants et engagerons un plan de mobilisation des logements vides : réduisant le délai de vacance dun logement, nous renforcerons les critères de procédure de réquisition et labattement annuel de 10 % au bout de la cinquième année et dexonération pour les étrangers. Nous instaurerons une taxe sur les bureaux vides.
Nous créerons un service public national et décentralisé du logement, de lhabitat et de la ville.
Ce service public se déclinera en quatre volets :
un pôle public financier, appuyé sur la Caisse des dépôts et consignations, pour financer le logement social.
un pôle public de la construction pour casser le monopole des majors du BTP et permettre labaissement des loyers et des charges.
une agence nationale foncière et décentralisée au niveau des régions, dotée de fonds dintervention importants, pour lutter contre la spéculation du sol par une maîtrise publique des sols via des baux emphytéotiques et pour inciter à la construction de logements sociaux dans toutes les communes.
des outils publics ou à vocation publique dont la mission serait de mettre en oeuvre localement le droit au logement avec une gestion démocratisée, consolidée par une représentation renforcée et majoritaire des élus locaux, des représentants des salariés, des associations et des usagers bénéficiant de nouveaux droits de décision et de contrôle.
Nous agirons pour une application résolue de la loi SRU élargie en remontant, à 30 % en zone de tensions et à 25 % sur le reste du territoire, le seuil minimal de logements sociaux ; dans les communes ne respectant pas la loi SRU, tout programme de construction de plus de 10 logements devra respecter le quota de 50 % de logements sociaux. En cas de refus, le préfet pourra prendre dautorité les dispositions nécessaires.
Le financement des crédits alloués au logement social sera assuré par le relèvement du plafond du Livret A à 20.000 euros, la recentralisation de sa collecte par la Caisse des dépôts et consignations, la majoration de 0,55 % de la contribution des employeurs à leffort de construction pour établir un véritable 1 % logement. Nous taxerons la spéculation financière et immobilière avec la création dune taxe « contribution logement » de 10 % sur les revenus financiers, et nous supprimerons la taxation des bailleurs sociaux adoptée dans le projet de loi de finances de 2011. Nous soutiendrons les collectivités qui créeront les conditions dune accession sociale à la propriété. Nous appuierons les projets innovants favorisant laccompagnement des personnes en demande durgence.
Nous agirons pour la généralisation, dans lensemble du parc dhabitation public et privé, des normes environnementales, pour lapplication des normes réduisant les factures énergétiques et les émissions de CO2 et pour lémergence dune filière de léco-construction.
LA SANTÉ, NOTRE BIEN COMMUN!
Le niveau des indicateurs de santé révèle avant tout les inégalités socio-économiques. En ce sens, les mesures qui précèdent concourent toutes à renforcer le droit à la santé, que nous définissons comme « un état de bien-être physique, mental et social » et considérons comme une préoccupation transversale de toutes les politiques publiques.
Nous mettrons fin en priorité aux fermetures et démantèlements dhôpitaux, de maternités, de centres de soins et dIVG. Nous garantirons laccès effectif et gratuit à la contraception et à lIVG. Nous abrogerons la loi Bachelot et la loi de 2003 instituant la tarification à lactivité. Nous investirons massivement pour redonner à lhôpital public les moyens nécessaires à une politique de santé de qualité.
Nous rétablirons le remboursement intégral à 100 % des dépenses de santé couvertes par la Sécurité sociale en y incluant les lunettes et les soins dentaires ; les mutuelles seront orientées principalement sur les questions de prévention. Nous supprimerons les forfaits et les franchises. Le financement de la protection sociale doit être construit à partir des cotisations sur les salaires, avec une modulation et une contribution sur les revenus financiers des entreprises, des banques et des assurances.
Nous voulons reconstruire et développer un service public de santé basé sur la proximité et la qualité des soins avec les personnels, les élus et les citoyens. Nous favoriserons la mise en réseau des hôpitaux entre eux et avec la médecine ambulatoire pour développer la prise en charge technique nécessaire sans lopposer à la proximité, pour réduire les temps dattente dangereux et onéreux et contribuer à la coopération des professionnels. Nous assurerons la promotion des centres de santé et le respect de leur vocation initiale daccès aux soins pour tous.
Le travail en partenariat avec la médecine libérale sera renforcé. Afin de prendre en charge « la personne » dans sa globalité et non le « malade » le médecin généraliste verra sa position nettement revalorisée. La médecine générale sera considérée comme une spécialité, revalorisée dans la formation, dans sa rémunération et sa reconnaissance universitaire. Plutôt quune politique fondée sur la sanction financière, la puissance publique développera de nouvelles formes de rémunération intégrant lélaboration des dossiers, la prévention et léducation à la santé.
Pour faire face à la pénurie des médecins généralistes et de certaines spécialités, le nombre détudiants à lentrée des études de médecine sera augmenté de manière significative dans la perspective de la suppression du numerus clausus.
Nous organiserons une négociation conclue par un accord majoritaire pour redéfinir une nouvelle convention médicale, remettant en cause les dépassements dhonoraires et créant de vraies incitations à linstallation (financières, techniques, daide à linstallation ou à léquipement, etc.) pour en finir avec la désertification médicale.
Pour lutter contre la pénurie de personnel, nous lancerons un programme de formation de toutes les disciplines de la santé, libéré de linfluence des laboratoires pharmaceutiques.
Nous organiserons la formation par concours dentrée dans la fonction publique. La validation des acquis se fera aussi devant des commissions multidisciplinaires sur le principe de trois tiers-temps : formation, production de soins et temps de formateur ou de contribution à léducation sanitaire.
Le maillage du territoire national devra être assuré pour répondre aux besoins de santé et non pas en fonction de logiques comptables. Pour ce faire, nous établirons une couverture nationale de santé égale sur tout le territoire. Tous les bassins de vie seront dotés déquipements publics de santé (hôpitaux, services hospitaliers, maternités, urgences. . . ) en rapport avec leur population. Les réponses au manque dautonomie seront prises en charge par la Sécurité sociale à 100 % pour la partie « soins » et par le développement des services publics.
Nous organiserons un grand débat public pour une réforme progressiste de la psychiatrie respectant les libertés individuelles.
Nous libérerons la recherche pharmaceutique de la soumission aux marchés et aux laboratoires en mettant en place un pôle public du médicament avec au moins une entreprise publique qui interviendra sur la recherche, la production et la distribution des médicaments.
Ce pôle public :
produira une partie des médicaments ;
contrôlera le système de sécurité des médicaments, leur mise sur le marché et leur prix ;
sera doté de pouvoirs de sanction à légard des laboratoires qui manqueraient à leur devoir de sécurité sanitaire ;
relancera la recherche publique et fera adopter une charte incluant le devoir de recherche sur les médicaments dits « non rentables ».
Nous redonnerons à la santé publique, à la promotion de la santé et à la prévention, les moyens qui leur font défaut, notamment en matière détude et de recherche. Nous répondrons à lexigence de sécurité sanitaire avec un vrai contrôle démocratique et une mobilisation permanente de tous les acteurs.
Les ARS seront supprimées. Lensemble des dispositions en faveur de la santé sera mis en oeuvre par des instances regroupant les personnels et les professionnels, les élu(e)s et les citoyen(ne)s.
UN PACTE POUR UN NOUVEL ESSOR DES SERVICES PUBLICS
Les services publics doivent satisfaire les besoins des populations et lintérêt général. Ils doivent donc être préservés de toute soumission à des intérêts privés comme aux marchés financiers.
Léducation, la santé, la protection sociale, la recherche, lénergie, leau, les transports, les télécommunications, le crédit, le logement, la Poste, la sécurité et la justice seront protégés comme notre patrimoine commun car ils assurent les conditions de légalité et de la citoyenneté.
Nous ferons nôtres les objectifs du Pacte pour les services publics, adopté aux États généraux de janvier 2011, fondé sur le principe dappropriation sociale, dégalité et de solidarité, de reconquête du bien commun par le peuple dans le plein exercice de sa souveraineté et sur lambition dun développement humain durable.
Nous reconstruirons et développerons nos services publics. La RGPP qui les démantèle sera abrogée, les postes qui répondaient aux besoins collectifs et ont été supprimés par la droite seront tous rétablis. Pour que laccès égal de tous y soit garanti, nous maintiendrons et reconstruirons les services publics de proximité et réviserons les tarifs, en appliquant le cas échéant la gratuité.
* La révision générale des politiques publiques (RGPP)
Menée sous couvert de « responsabilité » et de « rationalisation », la RGPP est une terrible entreprise de démantèlement et dapplication des normes du privé à la fonction publique. Mise en place en 2007 et poursuivie chaque année depuis, elle va du plus voyant (principe du non-remplacement dun fonctionnaire sur deux ; embauche de salariés précaires en dehors des concours de la fonction publique ; logique managériale de gestion des universités à travers la loi LRU) au plus sordide (réduction de lhébergement durgence, superprimes accordées aux préfets ou aux recteurs en fonction des postes supprimés). La RGPP dégrade le service rendu aux usagers, prive des territoires sinistrés de services publics et provoque de graves souffrances chez les personnels (multiplication des suicides).
Nous développerons et créerons des services publics, définis démocratiquement par les citoyens, les salariés et leurs élus, assurant une répartition des richesses qui doit permettre leffectivité des droits, et financés par une fiscalité juste et redistributrice, une taxation des revenus et des actifs financiers, la taxation des revenus du patrimoine ainsi que la suppression des exonérations de cotisations sociales patronales et des niches fiscales qui, aujourdhui, profitent aux hauts revenus et aux grandes entreprises.
Les moyens des services publics seront renforcés avec des financements dégagés de lemprise des marchés financiers pour leur permettre de remplir leurs missions au service de lintérêt général, en dehors de toute contrainte de rentabilité financière. Des critères defficacité sociale seront établis démocratiquement en li eu et place des critères marchands.
La délégation de service public sera strictement encadrée. Il sera créé un nouveau statut dÉtablissement public local citoyen inspiré des EPIC. Ils seront dirigés par les collectivités, les salariés et les usagers. Les directions des entreprises publiques qui se sont acharnées à introduire la logique privée au détriment de lintérêt général seront remplacées par des cadres compétents et attachés au service public. Les méthodes managériales inefficaces et cruelles introduites dans les services publics au détriment des salariés et des usagers, conduisant à une dégradation sans précédent des conditions de travail et de service jusquau drame, seront abandonnées. Nous étendrons et augmenterons la place des représentants du peuple dans la gestion des services publics.
Les secteurs confiés au service public seront protégés de la libéralisation des marchés et de leur mise en concurrence. Le monopole public sera rétabli là où lintérêt général le commande. Au plan européen et mondial, nous agirons pour le développement de coopérations publiques solidaires afin détendre et de renforcer les services publics : leur harmonisation ne pourra se faire que par le haut. Nous reviendrons notamment sur la directive « Services » (dite « Bolkestein ») et nous stopperons toutes les libéralisations entreprises notamment dans les secteurs du rail, du courrier et de lénergie.
De nouveaux services publics seront créés et développés, en particulier dans le domaine de la petite enfance.
Un service public de linformation et de la culture, soustrait du pouvoir de largent et des pressions politiques, sera le garant du pluralisme et de lexercice de la citoyenneté
LÉtat garantira laccès de chacune et de chacun à la pratique sportive de son choix tout au long de la vie. Il donnera au mouvement sportif les moyens de laccomplissement de ses missions de service public.
2 REPRENDRE LE POUVOIR AUX BANQUES ET AUX MARCHÉS FINANCIERS
En quelques années, la finance a conquis des pouvoirs exorbitants. Le dollar, monnaie internationale de référence, na plus aucun lien avec une quelconque réalité matérielle. Les détenteurs de capitaux peuvent agir à leur guise sur des marchés boursiers méthodiquement dérégulés. Ils ont obtenu une fiscalité au bénéfice des revenus du capital, le droit déchapper en grande partie à limpôt, la libre circulation du capital financier dans le monde et ils se permettent aujourdhui de « noter » les États, les plaçant sous la menace des attaques des spéculateurs.
Nous mettrons fin à ces privilèges inouïs et contraires à la démocratie qui nous placent sous la menace de crises financières incessantes et de politiques daustérité désastreuses. Nous mettrons en place une nouvelle réglementation bloquant la spéculation et la financiarisation de toute léconomie et placerons sous contrôle social les banques privées qui la violeraient. Nous agirons pour changer les missions de la Banque centrale européenne et créerons en France un pôle public bancaire et financier qui agira pour lemploi et les salaires, contre les délocalisations et la spéculation.
Agir tout de suite
Adoption dune loi portant création dun pôle public financier transformant notamment la politique et les critères du crédit
Placement sous contrôle social des banques privées qui ne respecteraient pas la nouvelle réglementation en matière de lutte contre la spéculation et la financiarisation de notre économie
Blocage des échanges de capitaux avec les paradis fiscaux
Réforme de la fiscalité : suppression du bouclier fiscal, augmentation de lISF et de limpôt sur les revenus du capital, taxation des revenus financiers des entreprises, mise en place du principe de modulation de limpôt sur les sociétés et du taux des cotisations sociales patronale en fonction des objectifs demploi, de formation et de salaires de lentreprise Suppression des exonérations de cotisations sociales patronales qui ont montré leur inefficacité
Création dun Fonds national et de fonds régionaux pour lemploi et la formation
Agir pour un changement durable
Transformation des missions, de la politique monétaire et de la gouvernance de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque de France et création dun Fonds européen de développement social, écologique et solidaire pour lexpansion des services publics, de lemploi et des qualifications
Création de pouvoirs nouveaux pour les salariés et leurs représentants dans la gestion de leur entreprise, ainsi que des citoyens dans les institutions bancaires et les collectivités territoriales
LARGENT DES ENTREPRISES
Nous proposerons des mesures précises pour désintoxiquer les entreprises de la finance et pour mettre fin à la déstructuration du marché du travail et à la désindustrialisation du pays. Nous en finirons avec les 30 milliards deuros annuels dexonérations de cotisations sociales patronales, dont on a pu constater linefficacité pour lemploi, et avec les exonérations fiscales.
* Privilèges fiscaux des grandes entreprises : lexemple de Total
Le groupe pétrolier Total a réalisé en 2011 plus de 10 milliards deuros de bénéfices, distribués pour moitié à ses actionnaires. Mais il ne verse pas un sou au titre de limpôt sur les sociétés. Cest la conséquence du « bénéfice mondial consolidé », une niche fiscale taillée sur mesure pour 5 grands groupes désignés par le ministre de lÉconomie (dont Total, Vivendi et NRJ). Ce dispositif est révélateur des privilèges fiscaux concédés principalement aux grandes firmes transnationales. Les petites entreprises de moins de 9 salariés sont ainsi taxées en moyenne à 30 %, là où celles du CAC40 le sont à seulement 8 %. Mais il ne représente quune petite part des 170 milliards deuros de niches fiscales dont bénéficient chaque année les entreprises au détriment du budget de lÉtat.
Nous taxerons les revenus financiers des entreprises.
Nous modulerons limpôt sur les sociétés et le taux des cotisations sociales afin dinciter les entreprises à développer la valeur ajoutée, les formations, les salaires et lemploi, en pénalisant les entreprises qui délocalisent, développent leurs placements financiers, ou se servent des nouvelles technologies pour supprimer des emplois et dégrader les conditions de travail. Nous créerons les conditions pour imposer aux banques le financement, à des taux dintérêt faibles, de projets porteurs dun renforcement de lemploi, de la qualification et du potentiel de création de valeur ajoutée dans les territoires. Ainsi, des fonds régionaux et un Fonds national pour lemploi et la formation pourront se servir des moyens dintervention publique à leur disposition (bonifications dintérêts, garanties demprunts) en réutilisant à cet effet les fonds aujourdhui gaspillés dans les cadeaux fiscaux et sociaux aux entreprises.
Toutes ces aides auront une contrepartie sociale et environnementale contraignante.
LARGENT PUBLIC
Nous voulons libérer les finances publiques des griffes des marchés financiers.
Notre stratégie se décline en quatre axes : reprise du contrôle des mouvements de capitaux aux frontières de lUnion européenne ; possibilité que les banques centrales contribuent directement au financement des biens et des services publics ; obligation de détention de titres de la dette publique par les institutions financières ; abrogation du Pacte de stabilité et du Pacte pour lEuro+ pour ouvrir la voie à un nouveau Pacte européen de progrès social et de co-développement.
Nous proposons que la BCE (et les banques centrales nationales comme la Banque de France qui constituent ensemble lEuro-système) finance directement, par création monétaire, un Fonds de développement social, solidaire et écologique européen. Celui-ci remplacera le Fonds de stabilité financière institué en mai 2010 par les dirigeants de leuro et auquel ceux-ci entendent substituer, à partir de 2013, un « Mécanisme européen de stabilité » flanqué du « Pacte pour lEuro+ ».
* La « règle dor » et la dette
La question de la dette fait lobjet dun double mensonge : - La dette serait due aux politiques de redistribution. Or ce sont les politiques fiscales de droite qui ont creusé la dette. Depuis 2002 la multiplication des exonérations fiscales et sociales a fait perdre près de 100 milliards deuros au budget de lÉtat et a provoqué le doublement de la dette. Par ailleurs, dès 1973 lÉtat a renoncé à sa prérogative de battre monnaie. Ne pouvant se financer directement ni auprès de la Banque de France ni aujourdhui auprès de la BCE, il est ainsi obligé de sadresser aux banques privées, qui prélèvent des intérêts au passage. La dette de tous fait la rente de quelques-uns.
- La « discipline budgétaire » aurait le même sens pour un ménage et un État. En réalité, le déficit public, bien utilisé, crée de la demande. Il permet de remplir le carnet de commandes des entreprises et de stimuler la création de richesses et demplois, bases des recettes fiscales et parafiscales qui contribuent ensuite à réduire la dette. Les cures daustérité drastiques, en supprimant au passage des services utiles aux populations, entraînent le scénario grec : on déprime la demande, les entreprises ferment ou licencient, léconomie entre en récession, donc les rentrées fiscales baissent et pour finir. . . la dette augmente.
Des titres publics pour le développement social seront rachetés directement par la BCE et les banques centrales nationales. Cette création monétaire, allouée via le Fonds de développement, permettrait de répartir des masses volumineuses de financement, à taux dintérêt nuls ou très bas, entre les pays membres de leuro, en fonction de leurs besoins propres et, expressément, pour le développement des services publics nationaux et de leur coopération européenne. Le Fonds financerait également des projets publics démocratiquement sélectionnés sur la base de critères précis de création et de sécurisation des emplois, de développement de la formation et de la recherche, de respect de lenvironnement, délévation du potentiel de création de valeur ajoutée des territoires.
Cela permettrait, non seulement de défendre, mais délever le modèle social européen.
Sans attendre, la Banque de France sera mise au service de ces objectifs.
Parce que linvestissement public est nécessaire et tout particulièrement en période de crise pour suppléer les défaillances de linvestissement privé, nous refusons le dogme de la réduction de la dépense publique. Nous refusons dinscrire dans la Constitution lobjectif de léquilibre budgétaire que Nicolas Sarkozy appelle « la règle dor ». Nous établirons une fiscalité qui redonne toute sa place à un impôt sur le revenu réellement progressif.
La réforme de la fiscalité permettra de contribuer à cette réorientation radicale de la politique économique. Nous mettrons fin au démantèlement de la fiscalité du patrimoine engagé par le gouvernement actuel, nous supprimerons le bouclier fiscal et nous augmenterons le rendement de lISF. Une loi anti-évasion fiscale permettra limposition des revenus des Français à létranger. Loin de toute fusion entre la CSG et limpôt sur le revenu, nous mettrons en place une nouvelle cotisation sociale sur les revenus financiers afin daller vers la suppression de la CSG et lextinction de toute fiscalisation de la protection sociale.
LARGENT DES BANQUES, UN PÔLE FINANCIER PUBLIC
Contre la dictature des marchés financiers et des gestionnaires de capitaux, lobsession du court terme et le contournement de la démocratie, nous agirons pour établir le pouvoir de la société sur les banques et le crédit afin de produire autrement les richesses.
Nous créerons un pôle financier public par la mise en réseau des institutions financières publiques existantes (Caisse des dépôts, Crédit foncier, OSEO, CNP, Banque postale), des banques et des assurances mutualistes dans le respect de leurs statuts et la nationalisation de banques et de compagnies dassurances. Ce réseau sera chargé dune nouvelle mission de service public du crédit et de lépargne, au service de lemploi, de la formation, de la croissance réelle et de la préservation de lenvironnement afin de sortir de la crise et de lemprise des marchés financiers.
Son action permettra de soutenir localement les luttes sociales, appuyées sur de nouveaux droits des salariés et des citoyens et sur des fonds régionaux pour lemploi et la formation. Les salariés et leurs représentants disposeront dun droit de saisine de ce réseau.
La « gouvernance » dun tel pôle reposera sur des pouvoirs nouveaux exercés par les représentants de la nation, les représentants des salariés travaillant dans ces institutions et leurs usagers : les entreprises et collectivités territoriales, bien sûr, mais aussi les salariés, les chômeurs, les précaires et leurs représentants, les associations de consommateurs et les associations de défense de lenvironnement. Une telle gestion démocratique permettra notamment de développer des missions spécifiques dintérêt général en faveur du financement des PME, du logement, des collectivités territoriales, des services rendus aux déposants.
Nous combattrons la spéculation et la financiarisation de notre économie en interdisant les ventes de gré à gré, les ventes à découvert et les produits spéculatifs et en bloquant les échanges de capitaux avec les paradis fiscaux, ce qui contribuera à leur disparition. Nous imposerons la séparation des banques de dépôt et des banques dinvestissement. Nous interdirons les stock-options, les LBO et les engagements hors bilan et obligerons les entreprises à la transparence financière. Nous protégerons les collectivités locales victimes des crédits toxiques. Les mouvements internationaux de capitaux à des fins de spéculation et de placement financier seront contrôlés et taxés.
LARGENT EN EUROPE ET DANS LE MONDE
Nous agirons en même temps pour changer les traités européens, afin de mettre un terme à lindépendance de la BCE vis-à-vis des instances démocratiques nationales et européennes, et pour que sa mission, sa politique monétaire et de crédit donnent la priorité à lemploi et au développement humain durable.
Cette action peut commencer dès aujourdhui dans les luttes pour dautres financements des entreprises et des services publics, avec le Fonds de développement social solidaire et écologique européen financé par la création monétaire de la BCE.
En même temps, il sagirait dinstituer une coopération euro-méditerranéenne de progrès social, écologique et de co-développement en direction des pays du Maghreb, du Machrek, dAfrique noire et du Moyen Orient.
Simultanément à ces actions pour une autre utilisation de leuro en France, en Europe et dans le monde, nous prendrons des initiatives pour mettre fin à la domination des États-Unis sur le système monétaire international avec la création dune monnaie commune mondiale alternative au dollar. Elle permettrait lessor dun nouveau crédit massif, peu coûteux et sélectif, pour financer les investissements nécessaires aux peuples du Sud pour maîtriser leur développement et pour protéger lenvironnement et les biens communs de lhumanité.
3 LA PLANIFICATION ÉCOLOGIQUE
Nous le savons désormais, la catastrophe écologique remet en cause potentiellement les conditions mêmes de la vie humaine sur Terre. Or le réchauffement climatique, la destruction de la biodiversité, lépuisement rapide des ressources naturelles ne sont pas des catastrophes dorigine naturelle, mais le résultat des logiques capitalistes du profit maximal à court terme. Face à la tyrannie du productivisme, nous proposons la planification écologique comme moyen de redéfinir nos modes de production, de consommation et déchange en fonction de lintérêt général de lhumanité et de limpact de lactivité économique sur lécosystème. Elle permettra de préciser les orientations et les investissements publics nécessaires pour enclencher une transition écologique et promouvoir un développement humain durable créateur demplois et facteur dégalité sociale. Elle sappuiera sur un plan écologique débattu et voté au Parlement, assorti dune loi de programmation financière.
Agir tout de suite
Moratoire sur toutes les politiques de déréglementation de lénergie, abrogation de la loi NOME
Mise en place dun plan de transition écologique réintroduisant la maîtrise publique de lénergie et promouvant des investissements publics conditionnés à des critères écologiques, sociaux et démocratiques
Mise en place dun plan de financement pour la sobriété et lefficacité énergétiques et pour la diversification des sources dénergie
Agir pour un changement durable
Maîtrise publique de la gestion de leau et de lassainissement
DES CHOIX ÉNERGÉTIQUES SOUS CONTRÔLE CITOYEN
Nous réaffirmons lexigence de la maîtrise publique, sociale et démocratique du secteur de lénergie, seule garante de la transparence, de lindépendance, de lexpertise et de la qualité des installations et des exploitations. Nous créerons un pôle 100 % public de lénergie comprenant EDF, GDF, Areva et Total re-nationalisé. Ses salariés seront toutes et tous sous le même statut. Ils et elles seront associés étroitement aux choix de gestion de lentreprise publique, et leur liberté dexpression sera garantie. Les citoyens seront également associés à la direction de ce pôle. Nous agirons parallèlement pour la création dun tel pôle public au plan européen.
* La loi NOME (Nouvelle organisation du marché de lélectricité)
Adoptée le 7 décembre 2010, elle crée par son article 1 le système de lAccès régulé à lélectricité nucléaire historique (Arenh), à travers lequel EDF est contrainte de revendre à ses concurrents privés une partie de la production délectricité des centrales nucléaires. Ainsi, la « rente nucléaire » des centrales, construites par linvestissement public et donc par les citoyens, bénéficie au privé au nom de la concurrence « libre et non faussée ». Ce système ne peut quentraîner un manque dinvestissements et à terme une situation de sous-capacité de production, ainsi que, mécaniquement, la hausse du tarif de lélectricité sur le réseau EDF, les opérateurs augmentant leur marge sur le dos des usagers. Voilà le vrai visage du dogme libéral où la concurrence est censée profiter au consommateur !
Nous proposerons un débat public national immédiat sur la politique énergétique en France. Ce grand débat devra permettre la remise à plat des choix énergétiques et du nucléaire et préparer le remplacement des énergies fossiles. Il se déroulera sous contrôle citoyen de linformation jusquà la prise de décision et se terminera par un référendum. Dans le domaine du nucléaire civil, lensemble des possibilités dont la sortie du nucléaire ou le maintien dun nucléaire sécurisé et public sera alors tranché. Aucun choix définitif en matière de politique énergétique ne sera effectué avant la conclusion de ce grand débat public. Sans attendre, la réinternalisation de toutes les opérations de maintenance et de sûreté nucléaire sera engagée.
Nous mettrons en place une tarification sociale et progressive qui assure laccès à lénergie de toutes et de tous. Nous mettrons fin aux coupures délectricité qui se multiplient aux dépens des plus pauvres.
Nous programmerons les investissements publics, les emplois et les formations nécessaires à la sobriété, à lefficacité énergétique et à la diversification des sources dénergie, notamment en faveur des énergies renouvelables. Nous mettrons en place les procédures nécessaires aux diagnostics de sécurité, de préservation de la planète et de notre environnement. La nécessaire réduction des consommations ne peut conduire à réduire le niveau de vie des classes populaires. Cest la sobriété énergétique que nous visons : moins de consommation pour des usages identiques. Ce sont les gaspillages ostentatoires des très riches quil faut combattre.
Nous abrogerons les lois de libéralisation de lénergie. Nous lancerons un réseau de géothermie profonde. Nous engagerons un effort massif en faveur de la recherche, des filières technologiques et industrielles, des investissements, de la formation pour le développement des énergies renouvelables et leur utilisation publique ainsi que pour le traitement des déchets issus de la filière nucléaire.
Nous mettrons en place un plan national de remise aux normes énergétiques des logements et de lensemble des bâtiments publics. Nous créerons pour les particuliers une allocation sur condition de ressources pour financer la rénovation thermique des logements.
RELOCALISER LÉCONOMIE, COOPÉRER, LUTTER CONTRE LES GES. UNE NOUVELLE POLITIQUE DE TRANSPORT
La France agira pour linstitution de protections et de normes sociales et environnementales communes aux Européens, face à la pression des capitaux et des productions à bas coût sur les marchés mondialisés avec, par exemple :
des prélèvements nationaux concertés sur les réimportations en Europe de productions délocalisées,
une taxe « kilométrique » de manière à réduire les transports de marchandises évitables.
Les prélèvements et les taxes seront alloués à un Fonds pour le co-développement permettant de financer des politiques de développement social et environnemental.
Toutes les politiques publiques concourront à lutter contre lémission de gaz à effet de serre (GES).
Nous mettrons en place un Pôle national des transports publics favorisant le développement des transports collectifs et leur accès par toutes et tous.
Nous abrogerons les lois de libéralisation du rail. Nous engagerons le processus de désendettement du système ferroviaire et mettrons fin aux mesures de défiscalisation et exonération favorisant le transport aérien par les entreprises low-cost.
Nous favoriserons le développement des transports publics de proximité et leur gratuité.
Nous développerons le transport ferroviaire et fluvial et le transport maritime côtier. Nous favoriserons le ferroutage, en régénérant, modernisant et adaptant les réseaux existants, en baissant les tarifs ferroviaires voyageurs et en fixant un prix unique au kilomètre. Nous inscrirons dans la loi le wagon isolé (messagerie ferroviaire) comme un service dintérêt général, éligible pour des subventions publiques. Nous lancerons un grand plan ferroutage avec comme objectif que tous les camions traversant notre pays entre la frontière belge et la frontière espagnole passent sur des trains.
LÉtat et les banques garantiront le financement de ces mesures.
Le « versement transport », payé par les entreprises, sera doublé, généralisé et modulé.
CONTRE LA MARCHANDISATION DES BIENS COMMUNS, PRÉSERVER ET PARTAGER LES RESSOURCES NATURELLES
Nous défendrons résolument le droit inaliénable à leau comme bien commun de lhumanité en engageant un processus dappropriation sociale de la gestion de leau et de lassainissement.
Nous accompagnerons la gestion publique de leau par les collectivités territoriales compétentes afin de leur permettre den assurer la maîtrise publique et donc le contrôle par les citoyens, les élus et les usagers : un débat public aura lieu sur lutilisation de ce bien commun. Les collectivités pourront décider par exemple la gratuité des mètres cubes nécessaires à la vie, la facturation progressive des mésusages ou encore des tarifs différenciés entre les ménages et les industriels.
Nous visons à constituer un grand service public de leau. Il pourra mutualiser les moyens et les investissements. Il reposera sur une organisation décentralisée et contrôlée localement par les collectivités, les usagers et les salariés.
LÉtat interviendra contre la marchandisation de leau en mettant en place un mécanisme de péréquation nationale pour permettre des tarifs daccès égaux au m3, avec lobjectif que les dépenses deau par famille nexcèdent pas 3 % de leurs ressources conformément aux recommandations de lOCDE.
Nous voulons sortir du modèle économique qui fait supporter aux usagers, sur leur facture, lessentiel des défis environnementaux et des futurs investissements nécessaires à la distribution et au traitement de leau, grâce à de nouvelles modalités de financement. Pour cela, nous créerons une filière publique des métiers et de la recherche sur leau et lassainissement.
Nous allongerons les garanties légales pour favoriser un usage à long terme des produits et développerons les consignes pour que lusager ne paie plus le prix des emballages. Nous renforcerons la législation contre lutilisation de molécules chimiques qui nuisent à la santé. Nous lutterons contre laliénation consumériste en limitant la publicité dans lespace public et sur toutes les chaînes de télévision. Nous interdirons les OGM en plein champ et la vente libre des pesticides et herbicides chimiques nocifs pour la santé (le « Roundup », notamment).
4 PRODUIRE AUTREMENT
Le mode de production actuel ne vise pas la satisfaction des besoins humains. Il donne la priorité au profit à court terme, laisse de côté des besoins sociaux immenses parce que ceux-ci sont non rentables tout en encourageant les productions inutiles au bénéfice de la surconsommation des plus riches. Il dégrade gravement les conditions de travail et demploi. Nous lui opposons un nouveau mode de production dont la finalité sera le développement de toutes les capacités humaines et lépanouissement de chacun(e) plutôt que lintérêt du capital. Il sera basé sur une politique industrielle favorisant léco-développement, une politique de réduction du temps de travail avec création demplois correspondants, ainsi que le développement demplois utiles intégrant de nouveaux besoins communs. Cette réorientation passe par un renforcement des droits des salarié(es) pour avancer vers un contrôle collectif des conditions de travail, de son organisation et de son contenu.
Agir tout de suite
1. Création de pôles publics de lindustrie
2. Plan national de transition écologique de lagriculture, révision du mandat des SAFER et du Code des marchés publics, soutien à linstallation des jeunes agriculteurs et à une agriculture responsable
Agir pour un changement durable
1. Redéfinition de filières industrielles prioritaires pour répondre à des objectifs sociaux et environnementaux
2. Adoption dune nouvelle politique agricole commune fondée sur lobjectif de souveraineté alimentaire et centrant la production sur les besoins intérieurs
3. Mise en place dun nouvel Indicateur de progrès humain (IPH) après débat populaire et vote du Parlement
PROMOUVOIR UN PROGRÈS HUMAIN DURABLE
Lorganisation de la société doit viser un but : lintérêt général et lémancipation de chacune et de chacun. Elle doit donc encourager les activités socialement utiles car il ny a pas de progrès humain quand seules les activités offrant une rentabilité suffisante au capital se développent. Elle doit permettre une citoyenneté effective car il ny a pas de progrès durable si les citoyens sont transformés en consommateurs sommés découler une production qui croît sans cesse indépendamment de toute prise en compte de limpact environnemental et des besoins réellement humains.
Ces nouveaux objectifs nécessitent dautres indicateurs que ceux à partir desquels est actuellement jugé le « progrès » des sociétés, notamment le PIB utilisé pour mesurer la croissance. Nous proposons donc la mise en oeuvre de nouveaux indicateurs qui contribueront à engager une réorientation radicale de nos modes de production, déchange et de consommation, mais aussi à inventer une nouvelle conception du progrès.
Un Indicateur synthétique de progrès humain (IPH) devrait prendre en compte quatre groupes de critères : lépanouissement personnel et lémancipation (protection des libertés, éducation, amélioration des conditions de travail, espérance de vie en bonne santé. . . ), la sociabilité et la cohésion sociale (développement de la vie associative, taux demploi, niveau de protection sociale, prise en compte de toutes les dépendances, de lisolement. . . ), légalité et la justice sociale (inégalités de patrimoine et de revenu, reproduction sociale, égalité femmes-hommes, égalité daccès à la culture, aux services publics. . . ), le respect de lenvironnement (empreinte écologique, pollutions, taux démission de CO2. . . ).
La composition exacte de lIPH fera lobjet dun débat populaire, puis sera soumise au Parlement. Ainsi lIPH sera un instrument démocratique permettant à la société de débattre de ses fins. Cette démarche sera mise en oeuvre à tous les échelons.
PRIORITÉ À LEMPLOI ET À LA QUALIFICATION
Lemploi pour tous est une nécessité. Les besoins non satisfaits sont immenses. Chaque femme et chaque homme aspirent à participer par leur travail au bien de tous. Notre politique vise à créer des millions demplois. Dans la production aussi nous mettrons lhumain dabord.
Nous développerons la première richesse de la France, qui nest pas la finance mais le travail humain, cest-à-dire lemploi et la qualification de ses travailleurs. Cest linverse des politiques néolibérales qui, en généralisant le chômage et en déqualifiant le travail, enrichissent le capital mais appauvrissent léconomie réelle.
Nous lutterons en priorité contre le gâchis social et économique que représente le chômage. Loin de toute « flexicurité », nous sécuriserons les parcours de chacune et de chacun dans lemploi et la formation avec une continuité de revenu tout au long de la vie. Une Sécurité sociale professionnelle sera instituée, prenant en charge les périodes de non-emploi, de formation et de retrait dactivité, notamment pour les femmes ou les hommes élevant leurs enfants. Ainsi nous empêcherons que la force de travail du pays soit détruite par le chômage de masse.
Grâce aux efforts de la jeunesse et du service public déducation, la France bénéficie dune élévation régulière du niveau de connaissance et de qualification des travailleurs. Mais paradoxalement léconomie crée de plus en plus demplois précarisés et les diplômés subissent une déqualification massive. Les qualifications sont toujours moins reconnues dans les conventions collectives. Les marchands déducation saffairent pour substituer des certifications payantes et périssables aux qualifications durables assurées gratuitement par le service public. Pour produire autrement , nous développerons et reconnaîtrons au contraire la qualification du travail. La formation professionnelle continue doit relever du service public. Ce service public engagera des plans de formation en appui aux politiques de développement économique que nous mènerons dans les secteurs qui répondent aux besoins sociaux du pays : énergies nouvelles, ferroutage, secteurs industriels à relocaliser. Nous promouvrons un nouveau type de développement alliant une nouvelle utilisation de largent, le développement de lemploi et de nouveaux droits pour les salariés dans lentreprise, inscrits dans la Constitution.
ENCOURAGER DAUTRES FORMES DE PROPRIÉTÉ
À linverse des idéologues du marché qui font de lentreprise capitaliste privée le modèle unique, nous encouragerons la diversité des formes de propriété, indispensable à une politique efficace de création demplois. La loi reconnaîtra cette diversité et la protégera face à la « concurrence libre et non faussée » qui revient en fait à imposer partout la seule logique du profit privé.
Notre programme prévoit lextension de la propriété publique par le développement des services publics. Il promeut de nouvelles appropriations sociales par la nationalisation de grands leviers de laction économique, industrielle et financière. Il propose des formes décentralisées de la propriété sociale. Il veut aussi systématiser le recours à léconomie sociale et solidaire (ESS).
Le soutien public à léconomie sociale et solidaire, et notamment aux coopératives, sera fortement augmenté. Une aide financière sera accordée aux salariés qui reprennent ou créent leurs entreprises sous forme de coopérative. Nous favoriserons la création de sociétés coopératives dintérêt collectif (SCIC) permettant dassocier salariés, usagers et collectivités territoriales dans des projets de développement local. Les commandes de lÉtat, des collectivités et des services publics sadresseront prioritairement à ces coopératives grâce à la modification de larticle 53 du Code des marchés publics. Un soutien sera apporté aux initiatives dhabitat autogéré et coopératif, dans le cadre des programmes de création de logements sociaux, en neuf et en réhabilitation. Enfin, lESS sera intégrée au programme des sciences économiques et sociales au lycée.
Cest en ce sens quune loi-cadre de lESS sera nécessaire afin de définir précisément les critères dattribution des moyens de lÉtat et des collectivités publiques : les finalités sociales et environnementales des entreprises et des associations bénéficiaires ne pourront être dissociées dun fonctionnement réellement démocratique.
UN RENOUVEAU INDUSTRIEL ET TECHNOLOGIQUE
Nous récusons le modèle dune économie de services que nous assigne la division internationale du travail pilotée par les financiers. Nous voulons développer et rétablir le potentiel industriel de la France. Parce que lurgence écologique implique de relocaliser léconomie et que lurgence sociale commande de lutter contre le chômage ouvrier, nous refusons de limiter notre ambition industrielle à quelques secteurs de pointe et voulons reconstruire un tissu industriel diversifié.
* Létat de lindustrie en France
Lindustrie française a subi de plein fouet la crise économique, lindustrie manufacturière voyant sa production chuter de 12 % en 2009 (15 % pour les biens intermédiaires). Cette chute est en partie le résultat dune tertiarisation artificielle, les grands groupes externalisant à outrance une partie de leurs activités vers des entreprises dites « de service ». Ainsi la part de lemploi industriel dans lemploi total passe de 32,2 % à 19,9 % entre 1978 et 2008. Face à cette situation dramatique et aux fermetures dusine qui se poursuivent chaque jour, nous agirons pour soutenir lemploi, la formation et la production de richesses réelles des industries, et pas seulement les multinationales de lautomobile, objet des principales attentions de Sarkozy qui a les « arrosés » les yeux fermés. Cest un enjeu considérable, à la fois social (maintien de viviers demplois en France et refus de la délocalisation), stratégique (développer des filières industrielles rompant avec la stratégie des firmes centrées sur les « centres de profits », respectant les savoir-faire du travail humain), un enjeu de planification écologique (choix économe des matières et sources dénergie), un enjeu européen, évitant des guerres commerciales ravageuses.
Nous engagerons une politique daménagement et de développement industriel du territoire fondée sur des exigences demploi, de qualification, de recherche et denvironnement. Cette nouvelle façon dentreprendre, de produire et déchanger mènera à un nouveau type de croissance, plus humaine, sociale et écologique.
Nous porterons des stratégies de filières dans des secteurs émergents et stratégiques, intégrant recherche, innovation, développement, formation et production pour réduire par exemple la consommation dénergie par lisolation du parc ancien des bâtiments, ou encore dans le domaine des transports collectifs et de laménagement des espaces de vie.
Nous lancerons des plans industriels pour rétablir des productions délocalisées. Il est absurde que la totalité du paracétamol dans le monde soit produite en Chine ou que des constituants essentiels de lindustrie agroalimentaire ne soient plus fabriqués en Europe.
Nous abolirons les pôles de compétitivité qui concentrent les activités sur quelques lieux dans une mise en concurrence des territoires, au profit de la constitution de pôles de coopération permettant de mieux lier recherche, formation, production et emploi. Dans ce cadre nous créerons des pôles publics de lindustrie à léchelle territoriale. Ceux-ci rassembleront les partenaires publics et privés de ces territoires et travailleront en liaison avec les forums citoyens des sciences et de la technologie ou dautres instances de recherche en permettant lembauche dans ces pôles de titulaires du titre de docteur et en faisant reconnaître ce titre dans les conventions collectives. Sur le modèle du CNRS, nous créerons un établissement public de recherche technologique et industrielle sappuyant sur les structures existantes.
Nous mettrons fin aux exonérations de cotisations sociales. Les entreprises qui délocalisent et licencient devront rembourser toutes les aides publiques quelles auront perçues.
Les aides aux entreprises seront soumises à des règles strictes. Elles seront modulées en fonction du niveau des exigences sociales et environnementales quelles respecteront (réduction des temps partiels imposés, des écarts de salaire par exemple). Le pôle financier public fournira un crédit bonifié aux entreprises pour lemploi, la formation, la recherche et le développement sur critère dutilité sociale et environnementale des investissements et de la production.
Nous soutiendrons les politiques dinvestissements des entreprises vers les innovations industrielles aux productions utiles. Nous favoriserons la relocalisation des activités et les circuits courts de distribution.
Nous renforcerons la présence de lÉtat dans le capital dentreprises stratégiques pour leur sauvegarde et leur développement.
Le soutien de lÉtat et des pouvoirs publics aux PME-PMI, lesquelles sont aujourdhui les plus créatrices demploi, sera renforcé.
VERS UN NOUVEAU MODÈLE AGRICOLE
Nous agirons pour une ambitieuse politique agricole répondant à la satisfaction des besoins alimentaires des hommes et des femmes. Nous porterons cette exigence tant au niveau national, quinternational.
Nous mettrons en oeuvre un plan de transition écologique de lagriculture en vue de faire de lagriculture française un modèle dagriculture de qualité, sans OGM, largement autonome en ressources non renouvelables, relocalisée, participant à la santé publique des consommateurs et contribuant à la lutte contre le réchauffement climatique. Aides publiques, recherche agronomique, conseil technique, politique de crédit et enseignement agricole seront repensés en fonction de cet objectif.
Nous stopperons et inverserons le processus de concentration de lagriculture et recréerons des emplois en agriculture. Pour cela, le mandat et la gouvernance des SAFER (Sociétés daménagement foncier et détablissement rural) seront revus afin dy rendre les pouvoirs publics majoritaires. Nous ferons jouer un droit de préemption systématique des terres libérées en faveur de linstallation dagriculteurs ou de lagrandissement de petites exploitations. Nous soutiendrons linstallation de jeunes agriculteurs et la consolidation des petites exploitations, y compris par le biais de réserves foncières, notamment à proximité des villes. La transition écologique de lagriculture et la création demplois étant conditionnées à la juste rémunération du travail agricole, les pratiques de la grande distribution seront encadrées au moyen de prix minimums aux producteurs et de coefficients multiplicateurs maximums. Nous affirmerons également le soutien aux filières alternatives labellisées, vivrières, courtes, de proximité, biologiques et reposant sur une juste rémunération afin de permettre au plus grand nombre de bénéficier dune alimentation de qualité, notamment grâce à une évolution des appels doffres publics permise par un nouveau Code des marchés publics.
La politique de la pêche visera à garantir la préservation et le renouvellement de la ressource halieutique.
Lattractivité des métiers de la mer sera renforcée grâce à lamélioration de la formation et des conditions de travail.
Les marges de manoeuvre nationales pour lutilisation des aides PAC seront pleinement utilisées pour favoriser lagriculture paysanne, lemploi et la transition écologique de lagriculture.
Au niveau européen, nous agirons pour ladoption dune politique agricole commune (PAC) cohérente avec lobjectif de souveraineté alimentaire, centrant la production sur la réponse aux besoins du marché intérieur plutôt quaux échanges sur le marché international sur la base du moins-disant social et environnemental.
LEurope, par une juste répartition de la valeur ajoutée entre producteurs, industries agro-alimentaires et grande distribution, doit garantir laccès de tous les consommateurs à une alimentation de qualité.
Au niveau international, nous agirons pour une nouvelle organisation de lagriculture dans le cadre des Nations unies, afin de soutenir le développement de marchés régionaux, de réguler les marchés mondiaux, de mettre en oeuvre un plan agricole et alimentaire mondial, de promouvoir la relocalisation et la transition écologique de lagriculture et de combattre les processus daccaparement des terres.
Nous serons à linitiative de la construction dune alliance stratégique avec les pays engagés dans la défense de la souveraineté alimentaire et de lagriculture paysanne. Nous impulserons une coopération au développement qui priorise les accords avec les États mettant en oeuvre des politiques répondant à ces principes. Chaque fois que possible, la France opposera son veto à la conclusion du cycle de Doha de lOMC, à la signature des accords de libre échange (notamment les APE) négociés par lUnion européenne, à toutes les pressions du FMI et de la Banque mondiale et aux conditions posées à laide au développement aux pays du Sud.
5 LA RÉPUBLIQUE POUR DE VRAI
La République proclame légalité des citoyens. Elle ne se résume donc pas à un ensemble dinstitutions, comme le régime politique républicain ou lécole républicaine. Elle constitue bien davantage un projet à réaliser : celui de légalité des citoyens, de la souveraineté de la communauté politique, de la liberté dans le respect de lintérêt général. Cest pourquoi nous devons sans cesse nous assurer que le réel corresponde à lidéal et notamment que les institutions contribuent bien à réaliser ces objectifs. Ce nest souvent plus le cas aujourdhui. Les discriminations perdurent voire saggravent. Les atteintes aux libertés se multiplient. Il est devenu nécessaire de réaliser une refondation républicaine de notre pays conforme à sa devise de Liberté, dÉgalité et de Fraternité.
Agir tout de suite
Réaffirmation de la loi de 1905 sur la laïcité Instauration dune négociation annuelle des partenaires sociaux pour le respect de légalité professionnelle entre femmes et hommes
Abrogation des lois LOPPSI, HADOPI et des lois sécuritaires et liberticides
Régularisation des sans-papiers
Bilan annuel sur les discriminations
Abrogation de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) de 2001 pour mettre en place des règles alternatives nimpliquant pas la réduction des dépenses publiques
Abrogation de la RGPP et plan de création demplois publics (dans lenseignement, la santé, la justice, la police. . . )
Doublement du montant de laide de lÉtat aux actions de prévention et daide sociale, à destination des collectivités et des associations
Agir pour un changement durable
Création du ministère des Droits des femmes et de lÉgalité
Loi-cadre de lutte contre les violences faites aux femmes
Loi de lutte contre le sexisme
LA LAÏCITÉ, PILIER DE LA RÉPUBLIQUE ET CONDITION DU VIVRE ENSEMBLE
La laïcité est un pilier de la République une et indivisible, un principe vivant et porteur de droits inaliénables garantis à tout membre de la société, français ou étranger : la séparation du politique et du religieux, la liberté de conscience et de culte, légalité des citoyens en tout domaine sans discrimination daucune sorte ; la neutralité de lÉtat à légard de toutes les convictions philosophiques, religieuses ou politiques.
Concernant les religions, le gouvernement français agira pour quaucune dentre elles ne soit mise à lindex au prétexte de la laïcité, comme le fait régulièrement le Front national à propos de la religion musulmane.
Nous réaffirmons le bien-fondé et lactualité de la loi de 1905 sur la laïcité. Toutes les modifications ultérieures de la loi de 1905 affectant ces principes seront abrogées. Pour nous, cette loi fondamentale de notre République a vocation à sappliquer à tout le territoire national.
Aucun financement public ne sera octroyé à la construction de nouveaux établissements scolaires privés ou à la rénovation de ceux qui existent déjà. Toute ségrégation de genre ou communautaire de lespace public sera interdite (par exemple le choix du sexe du médecin à lhôpital public). Le président de la République renoncera définitivement à son titre de chanoine de Saint-Jean-de-Latran.
Nous défendrons la laïcité dans les institutions européennes et refuserons le financement public des religions et organisations confessionnelles. Nous interdirons les sectes.
Dans les relations internationales comme dans notre pays, la laïcité est une condition de la paix, car elle permet le respect du droit de chaque peuple et de chaque être humain indépendamment de ses convictions religieuses. Nous débarrasserons donc la politique internationale de la France de ses références à la théorie nord-américaine du choc des civilisations qui cherche à diviser le monde en fonction des appartenances religieuses.
ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES : SE DÉBARRASSER DU PATRIARCAT
Nous mettrons en place un ministère des Droits des femmes et de lÉgalité, placé auprès du Premier (ou de la Première) ministre, doté de moyens, et appuyé par des délégué(e)s interministériel(le)s chargé(e)s de la mise en oeuvre de légalité sociale et économique.
Nous organiserons une négociation annuelle entre les partenaires sociaux sur le respect de légalité professionnelle (embauche, salaires, retraites, promotions) au niveau des branches et des entreprises. Les atteintes à légalité professionnelle seront combattues et les sanctions renforcées.
* La « Directive (clause) de lEuropéenne la plus favorisée »
Soutenue par lassociation Choisir la cause des femmes et par le Front de Gauche, elle consiste à harmoniser par le haut les droits des femmes européennes, en adoptant au niveau communautaire les lois nationales les plus progressistes : lois néerlandaises sur la contraception et les droits des homosexuel(le)s, française sur le viol, belge sur la parité, suédoises sur lavortement et le congé parental, danoise sur léducation sexuelle. . .
Contre-exemples : les lois polonaise et irlandaise sur lavortement, cette dernière linterdisant de fait par la reconnaissance des « droits de lenfant non-né ». Adoptée le 18 février 2010, une résolution de lAssemblée nationale ne demande encore quun rapport informatif. Il est temps de passer aux actes !
À partir de la loi contre les violences faites aux femmes votée en juillet 2010, nous ferons adopter une loi cadre sur ces questions incluant les propositions élaborées par les associations du mouvement féministe. Nous donnerons les moyens nécessaires à lapplication de cette loi en matière déducation, de prévention et dinformation, ainsi quaux mesures à prendre en faveur des victimes de violence.
Un texte de loi anti-sexiste sera élaboré, définissant moyens et sanctions, condamnant les discriminations et insultes à caractère sexiste, ainsi que la banalisation et lomniprésence de la pornographie et linstrumentalisation des corps à des fins marchandes.
Nous agirons auprès de nos partenaires européens pour que la « Directive de lEuropéenne la plus favorisée » voie le jour.
LIMMIGRATION NEST PAS UN PROBLÈME
La haine des étrangers, la chasse aux immigrés défigurent notre République : il faut en finir !
Les flux migratoires se développent dans le monde, ils mêlent des motivations diverses. La France ne doit pas les craindre, elle ne doit pas mépriser limmense apport humain et matériel quils lui ont déjà procuré. Non, la présence des immigrés en France nest pas un problème.
Limmigration zéro est un mythe qui divise et affaiblit notre pays. Même sils seront peut-être moins importants que dans le passé, la France continuera à connaître comme tous les pays du monde des flux migratoires. Il faut donc mener des politiques refusant de ghettoïser la société, qui ne soient pas guidées par lobsession du refoulement des étrangers.
Nous rétablirons la carte unique de 10 ans et le droit au regroupement familial, conditions dune vie digne. Nous abrogerons les lois successives sur limmigration adoptées par la droite depuis 2002 et nous procéderons à une refonte du Code de lentrée et du séjour des étrangers et du droit dasile (Ceseda). Nous régulariserons les sans-papiers dont le nombre a augmenté du seul fait des réformes de la droite. Nous décriminaliserons le séjour irrégulier, nous fermerons les centres de rétention, nous rétablirons le droit au séjour pour raison médicale.
Nous respecterons scrupuleusement le droit dasile qui sera déconnecté des politiques migratoires.
Notre vision de lavenir de la France sappuiera sur un nouveau Code de la nationalité, fondé sur le respect intégral et automatique du droit du sol dès la naissance et sur un droit à la naturalisation permettant à tous les étrangers qui le souhaitent dacquérir la nationalité française au-delà de cinq ans de résidence.
LA LUTTE CONTRE TOUTES LES DISCRIMINATIONS
Nous adopterons une loi pour légalité qui éradiquera toute discrimination. Les droits du PACS seront renforcés. Le droit au mariage et à ladoption sera reconnu aux couples homosexuels. Les femmes lesbiennes auront accès à la procréation médicalement assistée.
Une loi en faveur des personnes en situation de handicap répondra à leurs besoins de façon impérative : mise en accessibilité du bâti, accompagnement de laccueil à lécole publique, intégration professionnelle, revenu de remplacement égal au SMIC brut pour les personnes reconnues incapables de travailler.
Nous restaurerons la Haute Autorité de lutte contre les discriminations en renforçant son rôle et en la décentralisant, et nous remettrons en place également les médiations, et notamment la fonction du Défenseur des enfants.
Nous agirons fermement contre les discriminations à lencontre des salariés étrangers. La violation des droits sociaux des travailleurs étrangers, dont sont notamment victimes les sans-papiers, fragilise lensemble des travailleurs et leurs droits sociaux.
Tout le champ des discriminations sera pris en compte (lieux publics, école, travail, logement, accès aux biens et services. . . ), quelles soient fondées sur lengagement syndical ou politique, quelles soient racistes, sexistes, fondées sur les convictions religieuses, lorientation sexuelle ou lidentité de genre, quelles stigmatisent des jeunes, des immigrés, des gens du voyage, des personnes en situation de handicap, quelles touchent à lâge ou à lorigine sociale.
Un bilan annuel sera présenté au Parlement, suivi de décisions pour mieux faire appliquer les lois prévues à cet effet.
LA SÉCURITÉ : UNE AFFAIRE DE SOLIDARITÉ NATIONALE
Prévention, dissuasion, sanction : la lutte pour la sécurité ne saurait être efficace sans reposer sur ces trois exigences.
Nous abrogerons la loi LOPPSI 2 et les lois sécuritaires attentatoires à nos libertés, protégerons les citoyens face au fichage généralisé et à la vidéo-surveillance. Nous assurerons à tous et à toutes les moyens dune défense de qualité en élargissant et en revalorisant laide juridictionnelle et les indemnités des avocats présents pendant la garde à vue.
Les dispositifs de lois anti-jeunes et criminalisant les familles en difficulté seront abrogés.
Une loi contre la corruption et les conflits dintérêt sera adoptée pour sanctionner la « délinquance en col blanc ».
Nous devrons impérativement stopper la baisse des effectifs de la police et recruter. Les forces de police devront conduire leur action dans le cadre dune déontologie fondée sur le respect des personnes, elles bénéficieront dune formation en ce sens et de meilleures conditions de travail. Nous procéderons à lintégration de toutes les polices de sécurité publique dans un service public unifié.
Il en sera de même pour le ministère de la Justice qui est lun des premiers sinistrés de la RGPP avec le rétablissement dune carte des tribunaux sur lensemble du territoire et le lancement dun vaste plan dhumanisation de lunivers carcéral.
Il faudra revoir de manière drastique la répartition des forces de police sur le territoire national : les communes populaires sont aujourdhui les premières à souffrir de la « rationalisation » des effectifs à léchelle des départements et un effort conséquent devra être opéré pour répondre à leurs besoins, effort relayé par un plan de construction de locaux et douverture de commissariats.
Nous redonnerons toute sa place à la police de proximité.
Laide de lÉtat aux actions de prévention et daide sociale, destinée aux collectivités territoriales et au mouvement associatif, sera doublée, sous forme de subventions ou dinvestissements directs de lÉtat dans les services publics les plus touchés.
6 CONVOQUER LASSEMBLÉE CONSTITUANTE DE LA VIE RÉPUBLIQUE
Les institutions actuelles ont éloigné le pouvoir du peuple, provoquant une grave crise démocratique. Labstention bat des records. La vie politique tend à se réduire à une compétition présidentielle opposant tous les cinq ans des candidats qui se distinguent avant tout par leurs styles personnels, arbitrée par des médias principalement voués au libéralisme. Entre deux élections, le pouvoir gouverne sans le peuple voire contre lui comme nous lavons vu ces dernières années sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Dans cette situation, les intérêts privés les plus puissants sen donnent à coeur joie. Cest loligarchie qui gouverne. Pour restaurer une démocratie véritable, il est temps de fonder une nouvelle République.
Agir tout de suite
Convocation dune Assemblée constituante
Abrogation de la réforme territoriale de 2010
Rétablissement de la proportionnelle à toutes les élections
Création du Conseil national des médias
Agir pour un changement durable
Fondation dune VIe République parlementaire, sociale et participative
Élaboration du statut de lélu et du statut du bénévole
UNE CONSTITUTION DÉMOCRATIQUE, DES LIEUX DE TRAVAIL AUX INSTITUTIONS
Pour sassurer le contrôle de sa destinée, le peuple doit reprendre le pouvoir. Nous voulons de nouvelles institutions pour garantir la souveraineté populaire, assurer la primauté de lintérêt général sur les intérêts financiers, permettre une implication populaire continue dans tous les actes de la vie professionnelle, sociale et politique par linscription de nouveaux droits pour les citoyen(ne)s et les salarié(e)s.
La Constitution que nous défendons réaffirmera les droits sociaux : droit à lemploi et au travail, à la santé, au logement, à léducation, à la protection sociale. Elle renforcera les pouvoirs du citoyen là où il travaille, en reconnaissant la citoyenneté dentreprise : nous instaurerons des droits nouveaux pour les salariés dans lentreprise, et le statut des grandes entreprises sera redéfini en tenant compte de leur responsabilité sociale. Le pouvoir économique ne sera plus entre les mains des seuls actionnaires, les salariés et leurs représentants seront appelés à participer aux choix dinvestissement des entreprises en tenant compte des priorités sociales, écologiques et économiques démocratiquement débattues. Lavis favorable des représentants du personnel ou des comités dentreprise sera obligatoire pour toutes les décisions stratégiques. Nous instaurerons un droit de veto suspensif sur les licenciements et lobligation dexaminer les contre-propositions présentées par les syndicats.
Dans les entreprises publiques, le droit des usagers sera reconnu et exercé. Le droit de grève et de se syndiquer, la liberté dexpression seront confortés. Les CE se verront reconnaître des droits étendus dexpertise, de contrôle, de proposition et de décision. Les délégués syndicaux inter-entreprises dans les TPE seront reconnus, et nous agirons pour lextension des droits des « Comités de groupe » au niveau des groupes européens. La hiérarchie des normes sera rétablie (pas daccord dentreprises moins favorables que les accords de branche). Une véritable médecine du travail dotée de moyens de prévention, danalyse et de décision sera développée. Nous mettrons immédiatement en place une citoyenneté de résidence. Les résidents extra-communautaires bénéficieront du droit de vote aux élections locales.
Contre le présidentialisme, nous défendrons le régime parlementaire et restaurerons la balance des pouvoirs. Nous voulons rétablir la primauté de lAssemblée nationale sur lexécutif. Les pouvoirs exorbitants du président de la République doivent être supprimés dans le cadre dune redéfinition générale et dune réduction de ses attributions. Le gouvernement sera responsable devant lAssemblée nationale. Nous proposerons la suppression du Sénat ou sa réforme profonde pour devenir une chambre relais des collectivités locales et des initiatives citoyennes. La proportionnelle sera rétablie pour toutes les élections. La parité sera garantie par la loi, le cumul des mandats strictement limité en nombre et dans le temps. Nous garantirons lindépendance de la justice à légard du pouvoir exécutif en instaurant un Conseil supérieur de la justice à la place du Conseil supérieur de la magistrature, pour moitié élu par les magistrats, pour moitié nommé par le Parlement. Il sera responsable devant le Parlement. Ce Conseil supérieur de la justice décidera des nominations de lensemble des magistrats. Les institutions du maintien de lordre et de la justice seront réformées conformément au respect des droits fondamentaux tels que formulés dans la nouvelle Constitution.
La Constitution que nous voulons garantira lindépendance des médias à légard du pouvoir politique et des puissances dargent. Les présidents des chaînes publiques seront nommés par leur conseil dadministration, dans lesquels les représentants du personnel constitueront 50 % des membres. Nous améliorerons les conditions de travail des journalistes pour permettre une information indépendante, pluraliste et de qualité.
Le droit des citoyens à intervenir dans le développement de la recherche sera inscrit dans la Constitution. Nous garantirons la création de forums citoyens des sciences et de la technologie, dotés du pouvoir denquête, dès lors que les populations concernées en feront la demande. Leur composition sera représentative de tous les acteurs de la vie publique. Travaillant aux côtés des instances de recherche existant dans les territoires, leur travail, évalué par des scientifiques, donnera lieu à un rapport annuel examiné par lAssemblée nationale. Le gouvernement sera tenu dy répondre.
Nous créerons un ministère de lÉducation populaire et des libertés associatives. Nous remplacerons la circulaire Fillon du 18 janvier 2010 qui impose aux associations les critères de gestion des entreprises privées, par une loi qui confortera les possibilités dagir des associations au service de lintérêt général et préservera les libertés associatives.
Nous définirons à tous les niveaux une politique de soutien financier au monde associatif, transparente et privilégiant les aides au fonctionnement plutôt que les aides à projet qui mettent en concurrence les associations.
Nous renforcerons les pouvoirs des instances regroupant les associations au plan national (CNDA et CPCA) qui prendront une place prépondérante dans la gestion dun observatoire national de la vie associative.
LIMPLICATION POPULAIRE PERMANENTE
Nous voulons renforcer et amplifier la souveraineté directe du peuple. La démocratie participative sera inscrite dans la Constitution et des lois déclineront ce principe pour donner les moyens, les outils, les espaces pour sa mise en oeuvre. Elle sappliquera à lélaboration des lois, à la mise en oeuvre des grandes politiques publiques et à la gestion des collectivités territoriales, notamment au moyen de budgets participatifs.
Un statut de lélu(e) dans toutes les collectivités (communes, départements, régions, assemblées nationale et européenne) sera garanti ainsi quun statut du bénévole. Une nouvelle instance nationale pluraliste chargée du contrôle de constitutionnalité sera créée en lieu et place du Conseil constitutionnel actuel, les citoyens ayant pouvoir de la saisir.
Nous créerons de nouveaux domaines dintervention populaire. Le référendum, ou toute autre forme de consultation populaire directe, pourra être initié par voie de pétition réunissant un pourcentage conséquent de la population.
Tout changement du périmètre des services publics sera décidé après consultation du peuple.
Linitiative dune loi sera ouverte aux citoyennes et aux citoyens, aux organisations syndicales et aux associations.
LORGANISATION DU TERRITOIRE
La réforme de 2010 des collectivités territoriales sera abrogée.
Le principe général de responsabilité selon lequel lÉtat est le garant de légalité des citoyens sur lensemble du territoire devra être réaffirmé et consolidé (péréquation financière, garantie de lapplication des droits, égalité de traitement, etc.). Personne ne sera laissé pour compte. La décentralisation sera organisée en fonction du principe de proximité permettant doptimiser les décisions publiques dans le sens dune plus grande satisfaction de lintérêt général tout en définissant le rôle respectif de lÉtat et des différents échelons territoriaux en France et en Europe. Elle refusera la mise en concurrence des territoires et sappuiera sur le développement des coopérations.
Dans les territoires dOutre-mer, nous favoriserons un nouveau modèle de développement pour un progrès humain endogène en rupture avec le modèle actuel de dépendance inégalitaire et appuierons les coopérations régionales au service dalternatives mondiales (co-développement, chantiers écologiques dintérêt universel).
Lautonomie des collectivités territoriales devra être assurée grâce à lactualisation du principe de libre administration contenu dans la Constitution et à une réforme de la fiscalité locale faisant participer les actifs matériels et financiers des entreprises.
UN PROCESSUS CONSTITUANT, UNE ASSEMBLÉE CONSTITUANTE
Pour respecter pleinement la souveraineté populaire et poser les bases de la République démocratique et sociale que nous voulons construire, nous engagerons un processus constituant, mettant au coeur lengagement citoyen et le débat public.
Une Assemblée constituante distincte de la nouvelle Assemblée nationale, ayant pour mandat de rédiger un projet de Constitution nouvelle pour une VIe République, sera élue au suffrage universel, dès 2012. Elle sera élue à la proportionnelle intégrale sans seuil, avec la parité. Les parlementaires en exercice ne pourront sy présenter et les élu(e)s de la Constituante ne pourront être candidats aux élections suivantes. Les modalités de lélection et du débat public seront établies après consultation des organisations sociales.
Le texte proposé sera laboutissement dun grand débat public réunissant citoyens, organisations sociales et politiques qui, sous des formes à définir (assemblées populaires, États généraux, forums citoyens, etc.), relayé par les médias, devra permettre au peuple lui-même de sen approprier les enjeux.
Ce projet de Constitution nouvelle, une fois voté par lAssemblée constituante, sera soumis à référendum populaire.
7 SAFFRANCHIR DU TRAITÉ DE LISBONNE ET CONSTRUIRE UNE AUTRE EUROPE
Le traité de Lisbonne concentre toutes les impasses du capitalisme de notre époque. Il impose la concurrence libre et non faussée au détriment des droits sociaux conquis par les luttes démocratiques et ouvrières des derniers siècles. Il encourage le libre-échange au détriment de lenvironnement et de la justice sociale. Il entretient la dérive autoritaire de lUnion européenne en concentrant le pouvoir entre les mains dinstitutions non élues. Il est nécessaire de saffranchir du traité de Lisbonne pour répondre à lurgence sociale, résoudre la catastrophe écologique, régler la crise démocratique et construire une autre Europe.
Agir tout de suite
Remise en cause du Pacte pour lEuro+ et création dun Fonds de développement social, écologique et solidaire européen
Agir pour un changement durable
Bataille politique et diplomatique pour un nouveau traité européen
Refonte des statuts et missions de la BCE
De même que nous voulons une VIe République débarrassée du présidentialisme et refondée sur des fondamentaux humains et sociaux, nous voulons une Europe affranchie du traité de Lisbonne, qui respecte la souveraineté des peuples et qui soutienne des politiques de développement social et écologique. Le traité de Lisbonne, imposé par voie législative après le rejet à près de 55 % des Françaises et des Français du traité constitutionnel européen, est illégitime. Nous refusons tous les pactes et plans daustérité qui concourent à amplifier la récession économique et la régression sociale au nom de la même logique libérale de soumission aux marchés financiers. Nous voulons mettre un terme à la libéralisation des services publics encouragée par les directives européennes, et nous engagerons la refonte du Code des marchés publics qui soumet laction publique aux règles de la concurrence libre et non faussée.
Nous avons besoin dune Europe laïque, indépendante, de paix et de solidarité internationale. Une Europe qui agisse pour mettre fin aux ingérences impérialistes et néocolonialistes. Une Europe qui sengage pour le respect des droits des peuples, en particulier ceux du peuple palestinien.
En prenant appui sur les luttes et les aspirations au changement en Europe, nous nous engagerons dans la mise en chantier dun nouveau traité qui serait adopté en France par référendum après un grand débat populaire. Nous agirons pour ladoption dune clause de non-régression sociale et environnementale. La France prendra linitiative dÉtats généraux de la refondation européenne en faisant appel à toutes les forces politiques et sociales disponibles en Europe.
Nous combattrons le Pacte pour lEuro+ et le « semestre européen » qui veulent imposer laustérité à vie aux peuples et nier la souveraineté de leurs représentants. Nous organiserons un référendum sur ces dispositions nouvelles et nous ferons campagne pour quelles soient rejetées.
Sans attendre cette échéance, nous agirons pour développer des politiques européennes nouvelles, libérées de lemprise des marchés financiers.
Conformément au mandat qui nous aura été donné par le peuple français pour mettre en place une politique de gauche dans notre pays, nous refuserons dappliquer des directives contradictoires à nos engagements, notamment en ce qui concerne la dérégulation des services publics.
* La Banque centrale européenne
La BCE est aujourdhui un obstacle à la sortie de crise, dans la mesure où elle encourage systématiquement les marchés financiers, laustérité, la lutte contre linflation au détriment de lemploi et des salaires. Son objectif unique fixé par les traités est de « maintenir la stabilité des prix », cest-à-dire en lespèce la valeur des capitaux amassés par les rentiers. Sa politique monétaire indifférenciée ne tient pas compte de la situation de chaque pays de la zone Europe et elle est incapable dun crédit sélectif aux entreprises. On comprend ainsi la frilosité de la BCE quand il sagit dinvestir sur le marché des obligations dÉtat afin dalléger la pression sur la Grèce, ou son refus de prêter à taux zéro aux États, ce que dailleurs le traité de Lisbonne lui interdit alors que la crise limposerait. Indépendante statutairement, la BCE échappe aujourdhui à tout contrôle démocratique et a même commencé à la faveur de la crise financière à donner des ordres aux gouvernements souverains des États européens.
Notre désobéissance fera tache dhuile dans lUnion et dans la zone euro. Elle sera un appui pour les pays dévastés par les plans de rigueur (Grèce, Portugal, Espagne, etc.). À terme, notre objectif est de briser le bloc libéral au sein de lUE et de pousser à la négociation dun nouveau traité. Il faut sortir du pessimisme et de la soumission à la technocratie européenne. La France, en tant que pays fondateur de lUnion européenne, a les capacités de la transformer si elle conjugue action souveraine et bataille dopinion européenne. Loin dêtre isolés, nous en sortirons renforcés dans une Europe actuellement dominée par lultra-libéralisme et le monétarisme promus de longue date par les gouvernements britannique et allemand. Nous agirons pour le réaménagement négocié des dettes publiques, léchelonnement des remboursements, la baisse des taux dintérêts les concernant et leur annulation partielle. Nous exigerons des moratoires et des audits sous contrôle citoyen.
La France proposera une refonte des missions et des statuts de la BCE, qui doit être mise sous contrôle démocratique pour lui permettre de pouvoir prêter à taux faibles, voire nuls, directement aux États, et dacheter des titres de la dette publique sur le marché monétaire pour promouvoir lemploi, la formation et les services publics, en ayant pour objectif de répondre aux besoins humains et à ceux de la planète.
Nous proposerons la création dun « Fonds européen de développement social, écologique et solidaire » répondant à cette exigence ; dun « visa social et écologique » pour les échanges commerciaux ; et labandon de toute politique de la « flexicurité ».
Nous travaillerons à une harmonisation fiscale qui exigera une imposition minimale des entreprises, pour empêcher le dumping social entre pays membres de lUE, et mettra en place un contrôle des mouvements de capitaux et le blocage de ceux à visée spéculative, la taxation du capital et des transactions financières, le contrôle des activités des banques et la lutte contre les délocalisations. Nous établirons un secteur bancaire public pour favoriser le développement dun nouveau crédit.
La France mettra son veto au projet de Grand Marché transatlantique qui consacrerait la vassalisation de lEurope par les États-Unis.
Une nouvelle politique agricole commune sera élaborée, fondée sur la sécurité et la reconnaissance du droit à la souveraineté alimentaire, rapprochant les paysans européens au lieu de les mettre en concurrence, tournée vers le développement des coopérations avec les pays qui souffrent le plus de sous-alimentation.
La France sengagera pour une Europe de lharmonisation des droits sociaux et politiques. Elle demandera la mise en place dun SMIC européen (établissement dun salaire minimum légal dans chaque pays et procédure de convergence vers le haut).
Les services publics, avec de nouvelles créations à léchelle continentale, deviendront un pilier de la construction européenne.
Les pouvoirs de la Commission européenne devront reculer au profit de ceux du Parlement européen et des Parlements nationaux dont les pouvoirs dinitiative, de co-décision et de contrôle seront renforcés.
La France agira pour une Europe de légalité des droits qui sinscrira en faveur de la dignité humaine, contre la pauvreté, lexclusion, les divisions et discriminations.
Elle agira également pour que les politiques dEurope « forteresse » et de stigmatisation des étrangers non communautaires soient abandonnées, et les accords de Schengen renégociés au profit dune action résolue en faveur de politiques nouvelles de migrations internationales et de co-développement, en particulier avec les pays du pourtour méditerranéen.
Légalité femme-homme sera une valeur fondamentale de lUnion européenne, la « Directive de lEuropéenne la plus favorisée » sera mise en place.
8 LA FRANCE POUR CHANGER LE COURS DE LA MONDIALISATION
Désormais servilement alignée sur les États-Unis dAmérique, la France de Nicolas Sarkozy ne porte aucune vision alternative à la mondialisation libérale. Si demain la cinquième puissance économique du monde prenait un autre chemin, leffet dentraînement serait considérable sur les peuples du monde. En gouvernant autrement la France, nous voulons aussi contribuer à changer le cours de la mondialisation dans laquelle des politiques de coopération et de solidarité pourront enfin se développer.
Agir tout de suite
Retrait des troupes françaises dAfghanistan
Retrait de la France de lOTAN
Reconnaissance de lÉtat de Palestine par la France et par lUE
Agir pour un changement durable
Réformes de lONU et établissement dune nouvelle hiérarchie des normes internationales, fondée sur la primauté des normes sociales et environnementales
Création dun Tribunal international de justice climatique sous légide de lONU
LE CHOIX DE LA COOPÉRATION ENTRE LES PEUPLES
La France sengagera pour de nouvelles relations internationales fondées sur le respect des souverainetés populaires, sur des coopérations mutuellement profitables entre les peuples, sur la primauté des normes sociales et environnementales sur celles de la finance et du commerce.
Nous annulerons la dette des pays pauvres et mettrons en place, comme au niveau européen, un Fonds de coopération solidaire sous légide de lONU financé par une taxe de type Tobin (ou dautres types de taxation du capital international).
Nous mettrons un terme à une politique étrangère de la France basée sur les relations néocoloniales et la Françafrique.
Nous développerons une action de coopération avec les peuples qui cherchent à construire la démocratie et la justice sociale, notamment en Tunisie et en Égypte, et nous reconstruirons une politique de coopération véritable entre les deux rives de la Méditerranée.
La France engagera des politiques de coopération scientifique et universitaire internationales via la mise en commun et le partage en libre accès des compétences et des ressources et via des budgets soutenant les missions internationales des chercheurs et des enseignants-chercheurs.
Nous agirons pour la souveraineté monétaire et financière des peuples, pour un commerce équitable fondé sur des normes sociales et environnementales exigeantes.
Nous combattrons les principes daustérité du FMI et de libre-échange de lOMC pour les changer profondément ou pour créer de nouvelles institutions internationales.
Nous appuierons la création dun Tribunal international de justice climatique sous légide de lONU. Nous appuierons les projets comme « Yasuni-ITT », fondés sur le principe de responsabilité commune pour lintérêt général.
UNE POLITIQUE AU SERVICE DE LA PAIX
La France rompra avec lalignement libéral et atlantiste, la politique de force et dintervention militaire et avec les logiques de puissance, pour agir en faveur de la paix, du règlement des conflits et du rétablissement du droit international. Elle agira pour une ONU démocratisée, sappuyant sur une doctrine multilatérale renouvelée.
Nous déciderons, immédiatement, le retrait de la France de lOTAN et nous nous battrons pour la dissolution de cette organisation. Nous rappellerons nos troupes engagées dans la guerre menée par lOTAN en Afghanistan.
Nous nous battrons pour la suprématie du droit international sur la force, et notamment pour le droit souverain du peuple palestinien à disposer dun État viable et indépendant, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale et dans le respect du principe du droit au retour des réfugiés, un État palestinien vivant pacifiquement aux côtés dIsraël conformément aux résolutions de lONU.
Nous agirons pour la dénucléarisation, pour le désarmement multilatéral et contrôlé de tous les types darmement dans lesprit de la Culture de paix promue par lUnesco et la Charte des Nations unies.
9 LÉMANCIPATION HUMAINE EN TÊTE
La finalité de notre projet est lémancipation, en créant les conditions pour que chacune et chacun puisse construire sa vie libéré(e) de toute domination et développer ses potentialités. Lorganisation de la société doit donc permettre à chacun dêtre maître de soi-même et de son existence par des politiques publiques qui placent en leur coeur les enjeux de culture, dart, de savoir, de création, de maîtrise et de développement de son corps.
Agir tout de suite
Abrogation de la loi de 2003 sur lassurance-chômage des intermittents du spectacle et création dun système mutualisé pérenne
Plan de recrutement dans lÉducation nationale
Abrogation de la loi LRU et du Pacte pour la recherche
Agir pour un changement durable
Doublement du budget public de la recherche dans la législature 1 % du PIB consacré à lart, à la culture et à la création Loi contre les concentrations dans les médias et pour défendre la presse dopinion
Adoption dune loi-cadre sur le sport
DE LA MATERNELLE À LUNIVERSITÉ, PARTAGER LES SAVOIRS
Nous combattrons la mise en concurrence des établissements et reviendrons sur toutes les mesures qui visent sous couvert dautonomie à instituer un marché de léducation. Nous affirmons la nécessité dune politique nationale de léducation dans une logique de service public, pour une véritable gratuité et égalité daccès aux savoirs sur tout le territoire. Nous agirons concrètement pour que la production de connaissances et la formation soient libérées de la logique du marché et de la rentabilité financière et permettent létablissement dune culture scolaire commune pour tous par lappropriation de savoirs ambitieux.
Nous construirons une école émancipatrice qui permette lélévation pour tous du niveau des savoirs acquis et des qualifications reconnues. Pour ce faire, nous allongerons le temps scolaire : droit à la scolarité dès 2 ans, scolarité obligatoire de 3 à 18 ans.
Pour combattre son éclatement, nous reconstruirons une école qui élève pour toutes et pour tous le niveau des connaissances communes et prépare les élèves par des pédagogies adaptées à chacun à poursuivre leurs études jusquà 18 ans et le plus possible au-delà du lycée. Nous repenserons la progressivité entre les niveaux détudes, tout en conservant le cadre des disciplines.
Nous redéfinirons les programmes, et plus globalement lécole, en prenant comme point de référence lélève qui na que lécole pour apprendre. Le soutien scolaire sera assuré par le service public de lÉducation nationale.
Nous soutiendrons la relance de la recherche en éducation, le développement de la formation initiale et continue, et la création de temps déchanges pédagogiques dans les établissements.
Nous lancerons un plan de lutte contre les inégalités sociales à lécole. Nous mettrons en place des observatoires des inégalités rassemblant dans les territoires des élus, des parents, des enseignants, lensemble des personnels de lÉducation nationale et des élèves à partir du collège ainsi que des personnalités associées. Les représentants des personnels constitueront 50 % de ces observatoires. Nous soutiendrons les projets des communautés scolaires qui créent les conditions dune vie détablissement contribuant à la réussite des élèves. Nous rétablirons une nouvelle sectorisation scolaire avec plus de moyens pour les établissements qui en ont le plus besoin.
* La loi LRU (Libertés et responsabilités des universités)
Adoptée en août 2007, elle organise lautonomie des universités, avec augmentation des pouvoirs de leur président (élu désormais par le seul conseil dadministration, où la présence du monde économique est renforcée et qui devient le seul conseil non consultatif) notamment sur les affectations et la gestion, et désengagement massif de lÉtat qui mènera à terme à un système à deux vitesses, celui des « grands pôles » investis par les financements privés, et des petites universités qui, mises face à la nécessité de trouver des sources de financement, devront notamment augmenter les droits dinscription et supprimer les filières non rentables. Elle sappuie en amont sur le rapport Hetzel de 2006 : rapprochements avec le privé, politique de « visibilité » et alignement sur les critères du classement de Shanghai (qui ne prennent pas en compte la production du CNRS : 50 % de la recherche française !).
Nous stopperons les suppressions de postes et engagerons un plan de recrutement dans lÉducation nationale sous statut de la fonction publique dÉtat rétablissant, notamment, tous les postes supprimés. Nous développerons le pré-recrutement des enseignants pour que cette profession reste accessible à tous les milieux sociaux, quel que soit le niveau de recrutement. Nous rétablirons les postes de conseillers dorientation-psychologues et procéderons à des recrutements pour que tous les jeunes aient accès au service public dorientation. Les Réseaux daides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased) seront rétablis dans leurs moyens.
Linvestissement de lÉtat dans lenseignement professionnel sera augmenté de 50 % pour que les enseignements techniques, professionnels et généraux soient dégale qualité.
Nous garantirons le droit à une qualification égale pour ceux qui ont suivi une même formation : défense du cadre national des diplômes grâce au rétablissement des missions du Cneser, validation de toutes les années détudes dans les conventions collectives.
Pour lenseignement supérieur et la recherche, nous engagerons rapidement la reconstruction du service public dans ses missions prioritaires, pour légal accès au savoir de tous les jeunes, quels que soient leur lieu dhabitation, les revenus et le milieu socioculturel de leur famille, ainsi que pour laccueil des étudiants étrangers qui le souhaitent dans une vision non marchande de contribution au développement et à la coopération entre les peuples. Nous voulons élargir à toute la société les possibilités daccès aux formes les plus élaborées du savoir scientifique et permettre à tout(e) étudiant(e) daller au bout de ses possibilités, avec le souci permanent de la validation des parcours et des acquis. Parce que « lélectricité na pas été découverte en cherchant à améliorer la bougie », la marchandisation du savoir prônée par la stratégie de Lisbonne sera combattue et la coopération entre les services publics de lenseignement supérieur au niveau européen sera défendue et élargie. La France agira pour soustraire les services publics de recherche et denseignement supérieur au champ de négociation de lOMC. Nous abrogerons la loi LRU et le « Pacte pour la recherche ». La conférence des présidents duniversité ne pourra plus se substituer aux instances démocratiques dans la définition des politiques universitaires. Nous supprimerons lAgence dévaluation de la recherche et de lenseignement supérieur (AERES), qui juge la production scientifique sur des critères de diffusion qui, au final, sont de nature marchande, et ne permettent de juger ni de la qualité dun article, ni de celle du support qui le reçoit.
À la place de ce système libéralisé et autocratique, nous mettrons en chantier une nouvelle loi qui sappuiera sur les travaux dAssises de la recherche réunies dès le début du mandat, nous démocratiserons les conseils dadministration des universités et des organismes de recherche. La totalité des personnels, des chercheurs et des enseignants-chercheurs pourra intervenir en amont des décisions.
Le CNRS, comme lInserm, seront rétablis dans la diversité de leurs disciplines et leur vocation de pôles publics de la recherche, au service de toutes les sciences et dans leurs missions de prospective et dévaluation ; leurs instances retrouveront la plénitude des missions dorientation de la recherche fondamentale. Les personnels de la recherche publique verront leur indépendance intellectuelle assurée.
Nous garantirons le droit effectif de tous les enseignants-chercheurs à exercer une activité de recherche. Un nouveau statut du doctorant sera élaboré en étroite collaboration avec les organisations et associations qui les regroupent. Les missions de coopération internationale seront partie intégrante des services des enseignants-chercheurs.
Les travaux des chercheuses et des chercheurs seront évalués par leurs pairs, sur la base de leur travail de recherche et non sur des publications darticles dans des revues pré-sélectionnées. Cette évaluation sera le fait dinstances majoritairement élues avec la garantie de la représentation de léventail des disciplines et de tous les courants de pensée. Le droit de recours sera effectif. Les « labellisations », outils de discrimination, comme les «initiatives dexcellence » (Idex) ou « les laboratoires dexcellence » (Labex), seront abandonnées.
Dans le domaine de la recherche également, la RGPP sera stoppée et un plan de rattrapage de lemploi sera mis en place au profit exclusif de lemploi permanent titulaire. Le principe de la progression de la carrière pour chacune et chacun sera rétabli ; nous abandonnerons les primes « au mérite ». Leffort budgétaire public pour lenseignement supérieur sera porté à 12.000 euros par an et par étudiant(e). Nous doublerons le budget public de la recherche sur la législature. Ainsi, les moyens publics de la recherche seront garantis ; lapport de contributions privées sur la base de principes dintérêt général sera possible, sans jamais se substituer au financement budgétaire public. Les fondations, vecteurs dassujettissement à des financements précaires et opaques, seront abandonnées.
* Létat de la culture en France
La culture en France est tristement représentative de létat général de la fonction publique sous la RGPP : précarisation des agents non titulaires, coupes budgétaires et phagocytage de crédits par des institutions illégitimes (lheureusement éphémère Conseil de la création artistique), vente (écuries du palais impérial du Rhin à Strasbourg) ou reconversion forcée (Archives nationales, destinées à accueillir la Maison de lhistoire de France) dédifices de grande importance historique ; partenariats de plus en plus étendus avec le privé et les multinationales, comme dans le cas de la numérisation des fonds de la Bibliothèque nationale de France par Google. . .
Les financements de la recherche seront réorientés pour permettre le financement stable et récurrent des laboratoires et des équipes à hauteur de 70 % au moins. Les subventions « sur projet », qui sont celles principalement allouées aujourdhui par lAgence nationale de la recherche, deviendront complémentaires. LANR sera transformée en FPSE (Fonds public de soutien aux projets émergents) et interviendra exclusivement sur les projets « blancs », émergents, non déjà pris en compte par ailleurs.
SÉPANOUIR PAR LES ARTS, LA CULTURE, LES PRATIQUES CULTURELLES
Nous mettons la culture au coeur du projet politique du Front de Gauche, parce quelle est la condition même de laction politique, de la démocratie. Notre choix de civilisation repose sur la capacité de la personne humaine à penser, agir, sémouvoir. La confrontation aux arts, aux sciences, à la réflexion permet de devenir un citoyen éclairé, exigeant et ouvert.
Rompre avec le projet culturel de la droite et la casse du service public de la culture implique douvrir parmi le peuple un vaste débat démocratique en vue de refonder un grand service public de lart, de la culture et de linformation.
Nous mettrons en chantier la refondation du service public de lart et de la culture par une loi dorientation et de programmation budgétaire, qui réaffirmera la responsabilité publique et nationale de lÉtat et construira une compétence partagée entre lÉtat et les collectivités territoriales. Nous aurons pour objectif de porter leffort public à 1 % du PIB en une législature. Nous mettrons un coup darrêt au processus de marchandisation du service public de la culture et annulerons immédiatement, dans ce secteur aussi, la RGPP. Un vaste débat public, national, décentralisé et ouvert à tous les acteurs culturels comme à lensemble des citoyens, portera tout à la fois sur le sens de cette politique culturelle et sur les moyens nécessaires à sa réalisation. À cet effet, nous organiserons des Conférences régionales réunissant lÉtat, les collectivités territoriales, les professionnels et les citoyens.
Nous réaffirmerons le lien étroit entre le soutien à la création et lappropriation sociale et citoyenne des oeuvres et des pratiques culturelles et artistiques. Cela passe par le renouveau de léducation artistique à lécole et de léducation populaire, dans la cité et lentreprise.
Face à lemprise des industries culturelles sur lensemble des activités des champs artistique, littéraire et médiatique, nous mettrons en place les régulations qui simposent et ferons, en toutes circonstances, prévaloir lintérêt public, afin daffranchir notre économie de la culture de la soumission à largent. Nous encouragerons le développement de léconomie sociale et solidaire.
Nous affirmerons la centralité du travail artistique et culturel au sein des politiques publiques en termes demploi, de droits sociaux, de statuts et de rémunérations. La réforme de 2003 du régime de lintermittence sera renégociée avec les organisations professionnelles, pour mettre en place un système de protection pérenne et mutualiste. Plus généralement, la lutte contre la précarité dans les différentes professions artistiques, culturelles et de communication sera résolument entreprise. Nous abrogerons la loi HADOPI, créerons une plateforme publique de téléchargement, et engagerons une vaste concertation en vue de garantir le respect des droits, moraux et à rémunération, des artistes, auteurs et interprètes grâce à une mise à contribution des fournisseurs daccès, des opérateurs de télécommunications et du marché publicitaire.
Nous proposerons une loi contre les concentrations dans la presse, les médias et laudiovisuel, pour les libérer des logiques financières et du diktat de laudimat, afin de leur permettre daccomplir leurs missions au service du pluralisme de linformation et de la culture. Nous créerons un Conseil national des médias composé délus, de représentants des professionnels et des usagers, chargé de veiller au respect de la responsabilité publique et nationale, et de favoriser la création de coopératives de presse. Nous refondrons un Pôle public des médias et garantirons lexistence de médias associatifs et de la presse dopinion.
Nous agirons pour doter lUnion européenne dune authentique politique culturelle dotée des moyens correspondants, en vue de favoriser le dialogue des cultures et de renforcer les échanges entre artistes et acteurs culturels des États de lUnion. Nous poursuivrons et développerons le combat pour lexception et la diversité culturelles.
Nous refondrons laction culturelle extérieure de la France, sinistrée par cinq années de réductions budgétaires, de fermetures de Centres culturels français et de sites de lAlliance française, au service de la création et de son partage, dans le cadre dune mondialité du dialogue et de léchange. Nous agirons pour la défense et le développement de la langue française.
La création artistique, laction culturelle, léducation populaire, mais aussi la libre circulation des informations et des idées, la production et la diffusion des savoirs et des connaissances et leur appropriation par le peuple, sont des conditions majeures dune transformation progressiste de notre société. Car il ne saurait y avoir démancipation politique sans émancipation culturelle.
ÊTRE BIEN DANS SON CORPS, VIVE LE SPORT !
Nous garantirons laccès de chacune et de chacun à la pratique sportive de son choix tout au long de la vie et donnerons au mouvement sportif les moyens daccomplir ses missions de service public.
Nous assurerons la complémentarité entre léducation physique et sportive à lécole, le sport associatif et le sport en entreprise.
Nous défendons une organisation du sport en France qui garantisse les liens de solidarité et de concertation entre le sport pour tous et le sport de haut niveau, les secteurs amateur et professionnel par la mutualisation des moyens financiers, matériels et humains au sein du système fédéral.
Nous déclarerons le sport comme relevant dune mission de service public appuyée sur les quatre piliers du modèle sportif français :
léducation physique et sportive obligatoire de la maternelle à luniversité, qui sera assurée par des enseignants spécialisés : sa durée ira de 3 heures à 5 heures par semaine.
un véritable ministère des Sports auquel nous redonnerons les moyens qui lui sont nécessaires, avec ses services déconcentrés et ses établissements publics, réalisant leurs missions sur lensemble du territoire. Nous rétablirons au moins un Centre régional déducation populaire et de sport (Creps) par région et porterons le budget de ce ministère à 1 % du budget national.
les collectivités territoriales, dont nous maintiendrons la compétence sport et le financement croisé des installations sportives. Nous engagerons avec elles un plan national durgence pour la construction et la rénovation des installations sportives.
les fédérations sportives et le CNOSF, auxquels nous donnerons les moyens dassurer leurs missions de service public et un fonctionnement démocratique, à travers notamment ladoption dun statut du bénévole et laccès des femmes aux responsabilités dirigeantes.
Nous lancerons un plan national daccès à toutes les pratiques sportives pour toutes et tous sappuyant sur un soutien actif : aux familles à travers une aide assurée par la CAF; à la pratique féminine et aux pratiques mixtes ; à la diversité des pratiques sportives ; au « sport/santé » ; à laccessibilité aux personnes handicapées et aux associations sportives en entreprise.
Nous proposerons ladoption dune loi-cadre sur le sport réaffirmant son unicité, définissant les principes de laction publique et reconnaissant le rôle de chaque collectivité et du mouvement sportif dans cette action. Dans cet esprit, nous créerons avec le mouvement sportif une Conférence nationale du sport rassemblant tous les partenaires sociaux et économiques du sport et nous établirons des instances de concertation, de réflexion et dévaluation permanentes à chaque échelon du territoire. Nous refuserons toute forme de défiscalisation et de réduction de cotisations sociales sur les revenus des sportifs professionnels.
Nous abrogerons la loi sur louverture au marché des paris sportifs en ligne et nous augmenterons significativement la « taxe Buffet » sur les droits de diffusion des manifestations sportives à la télévision. Nous modifierons la loi sur les retransmissions télévisées pour que les manifestations sportives féminines dune importance majeure soient traitées de la même manière que les manifestations sportives masculines. Dune manière générale, nous mettrons en place un cahier des charges pour les organismes dinformation et les médias, afin dexiger le respect dun sport porteur dune éthique et de valeurs éducatives, et condamnant toutes formes de tricherie, de dopage, de violence, de corruption et de discriminations (racisme, homophobie, xénophobie, sexisme).
La France agira pour un sport vecteur de paix et de solidarité internationale, notamment à loccasion des grandes manifestations nationales et internationales et de celles de lolympisme. Elle agira pour la libre circulation des athlètes dans le monde, en dehors de toute pression politique, et pour lélimination de tout trafic mondial des jeunes athlètes. Elle renforcera la coopération internationale pour le développement du sport dans les pays en voie de développement.
LE DROIT À LA VILLE
Nous voulons faire de la ville un espace commun du bien vivre ensemble dans lequel chacun et chacune peut accomplir ses projets personnels, familiaux ou sociaux grâce à lorganisation partagée des espaces de vie. La construction du service public national et décentralisé du logement, de lhabitat et de la ville réaffirmera le rôle majeur dun patrimoine locatif public, pour faire vivre et garantir le droit au logement pour tous, partout et à tous les moments de la vie.
Nous élaborerons une politique de développement global du territoire dépassant le cadre de la politique du logement à laquelle le droit à la ville ne doit pas être réduit. Les politiques demploi, déducation, de santé publique, de transport, de culture et de sport devront elles aussi contribuer à faire de la ville un espace dépanouissement personnel et familial. Ce sont les conditions indispensables pour construire des quartiers équilibrés qui ne soient pas uniquement résidentiels ou dortoirs, mais de vrais quartiers de vie, avec des logements, de lactivité économique, de lemploi, des équipements publics et privés de proximité, des lieux de loisirs et de culture.
Pour construire cette ville partagée, nous mettrons fin aux politiques ciblées (zonage des quartiers dits sensibles, empilés les uns sur les autres, traitement stigmatisant de publics ciblés). Le ministère de la Ville sera supprimé, et les politiques de droit commun, réorientées vers laccès au droit à la ville pour tous, deviendront la priorité. Cela permettra de garantir la mixité sociale et de lutter contre la ghetto??sation. Les politiques urbaines et de lhabitat devront concourir à cet objectif pour une conception nouvelle de la ville, dense, ouverte, humaine, écologique (respectueuse de lenvironnement et comportant des lieux de respiration), une ville favorisant la cohésion entre les habitants et le vivre ensemble.
Ces politiques seront débattues obligatoirement dans les collectivités pour permettre limplication des habitants, des associations et des élus qui seule garantira la qualité des projets à même de combattre la ségrégation spatiale et la ghettoïsation, et daffirmer la mixité.
CONCLUSION
Le monde fou que nous avons sous les yeux est le résultat de la domination accrue du capital financier sur le monde, le produit monstrueux de deux décennies de politiques néolibérales qui ont jeté les germes dun grave recul de civilisation.
Cette situation a été rendue possible par le dépérissement de la démocratie : dérive autoritaire des institutions, abstention de masse, vie politique censitaire, uniformité médiatique, rétrécissement du débat politique aux dogmes de la « pensée unique », institutions non élues faisant prévaloir les normes néolibérales sur la volonté des peuples. . .
« La meilleure forteresse des tyrans, cest linertie des peuples. » Cette vieille formule de Machiavel na rien perdu de son actualité. Pour secouer la tyrannie des marchés, il suffit donc que le peuple se mette en mouvement. Cela commence par chacun de nous.
GLOSSAIRE
Agences régionales de santé (ARS) : chargées depuis 2010 de la politique de santé dan s leur région dimplantation et remplaçant les Agences régionales de lhospitalisation (ARH), les DDASS et les DRASS, les ARS travaillent dans les faits à la casse de lhôpital par lexigence aveugle de léquilibre budgétaire et la fermeture de services jugés non rentables.
Comités de groupe européens : institués par une directive de 1994, ce sont des instances dinformation et de consultation mises en place dans les entreprises de dimension européenne pour regrouper des représentants salariés des différents pays européens où elles sont implantées.
Cycle de Doha : entamé à lOMC en novembre 2001 en vue dobtenir un abaissement réciproque des droits de douane et des aides à lexportation entre pays développés et en développement, ce cycle de négociations est bloqué pour linstant en raison notamment dun désaccord sur le soutien américain et européen à leurs agriculteurs. Sa conclusion comporterait le risque de maintenir les pays en développement dans leur vocation de pays agricoles, freinant le développement de leurs autres secteurs tandis que lagriculture des pays développés séteindrait. Mais cest plus largement sa logique libérale (surconsommation, allongement des temps de
transport et gaspillage dénergie, dumping) qui est critiquable.
Économie sociale et solidaire (ESS) : elle forme un troisième secteur (à côté des secteurs privé et public), fondé non sur le profit mais sur une finalité sociale et sur le service à la collectivité ou à ses membres, avec un fonctionnement démocratique et autogéré. En relèvent les coopératives, les mutuelles et des associations telles les AMAP (Associations pour le maintien dune agriculture paysanne).
Établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) : cest juridiquement une personne publique gérant une activité de service public, comme la SNCF, le CEA, lINA. Plusieurs EPIC très importants sont devenus des sociétés anonymes, au nom du dogme libéral selon lequel le statut étatique dune entreprise lavantage en violant la concurrence libre et non faussée : ainsi La Poste (mars 2010), EDF (novembre 2004), Gaz de France (août 2004), France Télécom (juillet 1996). . . Dans ce dernier cas, lÉtat nest même plus lactionnaire majoritaire.
Grand Marché transatlantique : projet de marché unifié de libre-échange abolissant les barrières douanières et réglementaires entre lUnion européenne et les États-Unis à lhorizon 2015 et mettant en place une institution parlementaire commune, poursuivi à la suite de plusieurs résolutions européennes qui nont jamais donné lieu à aucun débat public.
HADOPI, loi : Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet. Loi française qui vise à réprimer le partage sur Internet de fichiers soumis au droit dauteur.
LBO : abréviation du terme anglais leveraged buyout qui désigne une technique consistant à acheter une entreprise avec des capitaux empruntés (bénéficiant dun effet de levier, cest-à-dire quun petit apport initial suffit pour emprunter beaucoup dargent), remboursé rapidement en saignant voire en revendant par morceaux la société achetée.
Maillé, loi : adoptée le 10 août 2009, elle prévoit lextension du travail le dimanche et modifie donc larticle L3132-3 du Code du travail prévoyant le repos dominical, notamment dans les zones touristiques et les unités urbaines de plus dun million dhabitants. Selon le texte de loi, cette extension se fait sur les bases du volontariat, mais les salariés « non volontaires » en ressentiront nécessairement tôt ou tard le contrecoup, en étant mis en concurrence de fait.
Mobilisation pour le logement et la lutte contre lexclusion (MOLLE), loi : adoptée le 25 mars 2009, cette « loi Boutin » favorise notamment laccession sociale à la propriété au détriment du logement social. Elle exclut de laccès au logement social 10 % des familles environ en abaissant les plafonds de ressources. Source de contretemps, elle est un encouragement à lendettement en période de crise et à lachat en période de bulle immobilière. Elle facilite dailleurs les expulsions (articles 57 et 61). Une disposition du projet de loi, visant à intégrer laccession sociale à la propriété dans le calcul des 20 % de logements sociaux de la loi SRU, a heureusement été retoquée. Elle lance aussi lexpérimentation dun « contrat de résidence temporaire » (art. 101), grâce auquel le propriétaire dun logement vacant pourra économiser un gardien, échapper à la taxe sur les logements vacants et éviter les squats en louant à des locataires au statut précaire.
Pacte pour lEuro+ et Mécanisme européen de stabilité : adopté en mars 2011, le Pacte pour lEuro+ fixe aux États de lUE un objectif déquilibre budgétaire et de baisse du coût du travail/recherche de la flexibilité cest-à-dire respectivement laustérité et la précarisation tout en prévoyant que la Commission européenne vise et valide les différents budgets nationaux. Cest donc labandon des souverainetés populaires au profit des politiques libérales. Le MES, remplaçant à lhorizon 2013 le Fonds européen de stabilité financière, en sera un des bras armés en exigeant des États endettés une restructuration destructrice en échange de la « solidarité » communautaire.
Pacte pour la recherche : traduit par la loi de programme pour la recherche de 2006, il crée en particulier les Pôles de recherche et denseignement supérieur (PRES, auxquels sadressent aujourdhui une bonne partie des dites « initiatives dexcellence ») où il est possible de recruter des personnels de droit privé, potentiellement précaires, et où la coopération avec les entreprises et les fondations privées est recherchée. Tout ceci sous la loi de la concurrence entre établissements de recherche et de la contractualisation des moyens, organisée par lAgence nationale de la recherche (ANR).
Pré-recrutement des enseignants : dispositifs mis en place à divers moments sous diverses formes consistant à rémunérer des étudiants en contrepartie dun engagement à préparer les concours denseignants. Cette pratique mise en oeuvre dans les périodes de pénurie denseignants a souvent permis la poursuite détudes et laccès au métier denseignant de jeunes issus des classes populaires.
Réforme de 2010 des collectivités territoriales : élaborée dans le but de réduire les dépenses des collectivités locales, cette réforme dampleur limite les capacités dintervention des collectivités par la remise en cause de leurs compétences, institue un conseiller territorial qui siégera à la fois au conseil général et au conseil régional au détriment du lien démocratique avec ses électeurs et crée une inégalité territoriale et une grande confusion puisque les territoires obéiront à des statuts différents.
Sociétés daménagement foncier et détablissement rural (SAFER) : elles interviennent sur le marché foncier afin de le maîtriser, par la préemption des terrains en vente et la rétrocession aux agriculteurs, et de normalement limiter le phénomène de concentration et la spéculation foncière.
Solidarité et renouvellement urbains, loi (SRU) : adoptée par la gauche en 2000, elle contient notamment dans son article 55 lobligation pour les communes intégrées dans des agglomérations de plus de 50.000 habitants de posséder 20 % de logements sociaux ; mais elle organisait au-delà le développement durable des transports et de lurbanisme. Affaiblie par la droite (dispositions permettant le « rattrapage » des 20 % sur dautres communes via lintercommunalité), elle est bafouée au quotidien dans les ghettos riches comme Neuilly-sur-Seine (3,6 % de logements sociaux en 2010), en raison de la faiblesse ou de la non-application des amendes.
Yasuni-ITT (projet) : initiative lancée par lÉquateur afin dobtenir une compensation financière en échange de la non-exploitation pétrolière de parties de la forêt amazonienne, poumon du monde, conciliant ainsi les exigences de développement et la lutte contre leffet de serre et pour la biodiversité locale.
Source http://www.placeaupeuple2012.fr, le 20 mars 2012