Lettre de M. Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle, en réponse aux membres du Collectif du numérique, sur son programme en faveur du numérique, le 17 avril 2012.
Texte intégral
Chers membres du collectif du numérique,Je veux dabord saluer linitiative du collectif du numérique, ainsi que celle du QG numérique, qui apportent une voix unie aux représentants des différents métiers du numérique dans cette campagne présidentielle. Vous assurez une visibilité nécessaire à une question clé qui concerne autant notre économie que notre société en général, notre démocratie, notre école et les éléments du vivre-ensemble au XXIème siècle. Lexistence dune telle initiative est la preuve que votre secteur a mûri et pris la pleine conscience de ses enjeux partagés et des responsabilités qui sont les siennes, ainsi que de la nécessité dun débat ouvert, transparent et constructif avec les représentants de la nation.
Le numérique est la rupture technologique qui contribue le plus à linnovation de notre temps. Vous représentez un secteur qui est à la pointe de linnovation en France et dans le monde. Voilà pourquoi je nai pas voulu, au cours de cette campagne, identifier le numérique comme un secteur séparé du reste de léconomie : vous faites partie intégrante et êtes pour ainsi dire « connectés » à tous les éléments du programme et des valeurs que je défends. Il ny a pas une seule proposition de mon programme qui ne concerne pas le numérique, soit parce quelle sapplique à votre secteur, soit parce que le numérique peut apporter à lapplication de ces propositions un niveau defficacité, de transparence et de modernité qui permet de faire mieux, daller plus vite et plus loin. Dans la justice, la santé, lindustrie, la sécurité, léducation, la culture : le numérique doit être partout présent, comme solution intelligente aux défis de notre temps. Le nouveau monde que je vois émerger a plus que jamais besoin des solutions nouvelles que vous portez. Je veux donc présenter mes engagements pour les acteurs du numérique et les propositions dactions concrètes que nous pourrons mener ensemble dans lintérêt des Français et de la France forte que je défends. Jai tenu à faire une réponse longue et détaillée, à la hauteur des enjeux, qui présente des propositions mais aussi une méthode à laquelle je souhaite vous associer pleinement.
* Le numérique comme une industrie à part entière
Des télécoms à linternet, en passant par le logiciel, je considère que le numérique est une industrie à part entière, à caractère stratégique. En effet, comme toute industrie le numérique a ses « ouvriers » (techniciens, ingénieurs, développeurs, designers) qui construisent des produits qui, sils sont souvent immatériels, nen sont pas moins des produits qui sachètent et se vendent, et auxquels est attachée une valeur et une propriété industrielle. Le numérique a les mêmes enjeux de compétitivité, dimport-export, de protection de la propriété intellectuelle que nos industries traditionnelles. Dailleurs, beaucoup de nos succès dans le numérique sont des produits industriels, que ce soit dans le logiciel embarqué, le hardware ou les technologies de télécommunication. Et contrairement aux idées reçues, le numérique ne progresse pas en désindustrialisant les économies des pays développés, mais plutôt en les réindustrialisant sur la base de nouvelles méthodes et de nouveaux emplois moins délocalisables. Pour notre pays, simposer dans et par le numérique, cest une question de compétitivité à long terme, qui participe à la lutte que je mène depuis 5 ans contre les délocalisations de nos activités de production. Cest aussi une question de valorisation de notre patrimoine industriel, qui se matérialise moins ici dans des usines physiques que dans la qualité de nos développeurs, ingénieurs et designers, reconnue dans le monde entier, et dans laudace de nos entrepreneurs qui imaginent les solutions de demain qui, comme Criteo, Dassault Système ou VentePrivée.com, deviennent des références et leaders mondiaux.
Dans le numérique comme dans lautomobile ou la sidérurgie, la France doit rester un pays de production, et pas seulement de consommation. Telle est lessence du projet que je porte pour notre économie, notre industrie et, plus loin, pour notre identité. La France est un pays de science, dart et dindustrie. Notre pays est toujours sorti grandi des révolutions scientifiques et technologiques, de la Renaissance à lère industrielle. Il ny a aucune raison pour que la France ne sorte pas grandie et plus compétitive que jamais de la révolution numérique en cours, dont nous devons être des acteurs à part entière, et non des spectateurs.
* Une France numérique compétitive
Comme tous les secteurs industriels, mais peut-être plus encore du fait de la nature immatérielle de nombre de vos produits, le numérique fait lobjet dune compétition internationale féroce. Cest pourquoi, malgré la crise, je nai cessé de prendre des décisions pour libérer le travail et rendre vos sociétés plus compétitives. Bientôt la TVA anti-délocalisations allègera de 13 milliards deuros les charges pesant sur les salaires allant jusquà 2,4 SMIC. Malgré la crise, nous avons triplé en 2008 le crédit impôt recherche, qui a représenté une économie dimpôt dun milliard deuros pour le seul secteur du numérique en 2011. Malgré la crise, nous avons maintenu le statut de Jeune Entreprise Innovante, qui en 2009 a exonéré de 122 millions deuros de cotisations sociales 2 400 entreprises représentant 20 000 emplois.
Malgré la crise, nous navons pas sacrifié au présent les investissements nécessaires pour préparer lavenir en consacrant 4,5 milliards deuros du Grand Emprunt au numérique, dans les infrastructures comme dans les usages. Malgré la crise, le programme France Investissement a été le premier contributeur au financement des fonds de capital-risque, et nous avons pu créer un fonds national damorçage de 600 millions deuros. Malgré la crise, nous avons reconduit la politique des pôles de compétitivité, auxquels nous avons versé 1,5 milliard deuros sur la période 2009-2011. Une dizaine de ces pôles est plus particulièrement spécialisée dans les Technologies de lInformation et de la Communication. Ils représentent au total 270 000 emplois et 2 000 PME. Quatre de ces pôles sont de dimension mondiale. Malgré la crise, nos entreprises ont pu sappuyer sur Oséo, qui est le premier soutien à linnovation dans le domaine numérique avec 158 millions deuros par an pour plus de 1000 projets accompagnés. Pour répondre à la crise, jai souhaité la création dune Banque de lIndustrie pour financer les PME industrielles, nombreuses à produire ou à utiliser des technologies numériques. Pendant mon mandat, lAgence Nationale de la Recherche a consacré 160 millions deuros par an aux technologies de linformation et de la communication. Enfin, beaucoup de start-ups nauraient sans doute pas vu le jour si elles navaient pu sappuyer sur le dispositif ISF-PME adopté en 2007.
Aussi, beaucoup a été fait pour libérer le travail et linnovation dans notre pays, non seulement en dépit de la crise, mais aussi en réponse à celle-ci. Mais pour créer les conditions dune croissance forte et durable, nous avons encore beaucoup de travail à accomplir pour créer un cadre juridique et fiscal pleinement compétitif, et un écosystème qui encourage nos jeunes pousses.
* Des territoires compétitifs grâce au numérique
Lutilisation accrue du numérique au sein des entreprises et des administrations est un facteur damélioration de leur compétitivité. Cest pourquoi, parallèlement au développement de services et de contenus fabriqués en France, nous nous devons de maintenir lavantage compétitif que représente laccès au haut et au très haut débit sur tout le territoire.
Depuis 2008, le nombre dabonnés au haut débit fixe a augmenté de 21%, sélevant désormais à 21,5 millions. Le très haut débit, qui permet de nouvelles applications, et surtout le partage à haute vitesse dapplications professionnelles, progresse également dans notre pays. Les investissements davenir ont ainsi consacré 2 milliards deuros pour accompagner les opérateurs télécoms dans le déploiement de la fibre en zones moyennement et peu dense.
Mais il faut aller plus loin, et plus vite. On saccorde à dire quil faudrait environ 20 milliards deuros pour déployer le très haut débit sur tout le territoire dici 2017. Seulement, comme pour toute infrastructure de base, si nous laissons faire le seul marché, seules les zones très peuplées, et donc immédiatement rentables pour les opérateurs, seront couvertes dans un premier temps. Cela renforcerait la fracture numérique et priverait de nombreux Français des avantages que le numérique peut leur apporter en matière de développement économique et de création dentreprise. Je souhaite donc que, comme pour le déploiement du téléphone, ou de lélectricité, nous mettions en place un mécanisme de mutualisation des moyens entre les territoires urbains et les territoires ruraux, afin que les premiers participent au financement du raccordement des seconds. Cest à cette condition que le numérique pourra jouer pleinement son rôle daccélérateur de croissance sur tout le territoire.
* Renforcer notre cadre juridique et fiscal : équité, stabilité, valorisation de linnovation et protection des droits
Je vous propose un pacte fiscal qui repose sur ces trois principes : équité, stabilité et innovation.
Je souhaite une fiscalité équitable en France et en Europe, aussi bien pour ce qui concerne la TVA que sur limpôt sur les sociétés. Je naccepterai pas plus longtemps que les sociétés françaises de léconomie numérique subissent la concurrence déloyale des géants transnationaux du net fiscalisés dans des pays où ces prélèvements sont artificiellement bas. Je pense par exemple à nos distributeurs en ligne de biens et services culturels. Cest pourquoi, au niveau européen, je me battrai pour faire aboutir la réflexion sur la création dun statut détablissement stable virtuel tel que proposé par le Conseil National du Numérique. Sans attendre la fin de ce processus, la France fera en sorte dassujettir rapidement à limpôt sur les sociétés les acteurs étrangers du numérique qui réalisent des activités importantes dans notre pays, notamment sur la base du cycle commercial complet, comme cest déjà le cas dans dautres pays dEurope. Il ne sagit pas de pénaliser les grands groupes étrangers, dont nous souhaitons par ailleurs attirer les investissements sur notre territoire. Je veux simplement créer les conditions dun marché équitable et concurrentiel dans lequel les entreprises françaises nauront à souffrir daucune distorsion de concurrence, et pourront sappuyer sur leur marché domestique pour partir à la conquête du monde, comme le font les entreprises américaines.
Jai également proposé de créer un impôt minimal sur les grands groupes, assis dans un premier temps sur le chiffre daffaires mondial, pour que les start-ups, PME et ETI innovantes ne soient pas défavorisées dans leur compétition face aux grands groupes. Dans la mesure où elle garantit que le numérique ne souffrira daucune barrière à lentrée, cette politique déquité empêchera la naissance de monopoles et de freins à linnovation, conformément au principe de neutralité que la société dInternet a raison de valoriser.
Je prendrai des décisions pour que la fiscalité des entreprises innovantes fasse lobjet dun « pacte » de plusieurs années, qui garantisse la stabilité fiscale et évite aux entrepreneurs dêtre victimes de changements incessants de réglementations qui viennent bousculer leur équilibre économique souvent fragile dans les premières années. Je souhaite que nos entrepreneurs et créatifs se focalisent sur leurs produits et leur croissance plus que sur loptimisation administrative et fiscale quimposent des changements incessants de régulation. Il faudra évidemment associer le Parlement à ce « pacte », qui devra être défini cet automne.
Enfin, je souhaite que la France défende une stratégie nationale et européenne de protection et de valorisation de la propriété intellectuelle. Des pans entiers de léconomie numérique, notamment lédition de logiciels, relèvent du cadre juridique de la propriété intellectuelle. Comme toute oeuvre de lesprit, les logiciels sont protégés par le droit dauteur contre la copie et lusage abusif. Le piratage dont sont victimes les éditeurs de logiciels constitue un véritable fléau pour notre industrie. Ce sujet majeur devra être traité comme lest le piratage des autres créations de lesprit. La propriété intellectuelle est au coeur de la valeur des sociétés de nouvelles technologies. Nous devons concevoir une stratégie compétitive pour que la propriété intellectuelle produite en France et en Europe soit protégée et valorisée à linternational.
Valoriser la propriété intellectuelle, ce nest pas remettre en cause le logiciel libre qui a son propre modèle économique. Jai compris que sans le logiciel libre, le numérique ne se serait pas développé aussi rapidement, et la fracture sociale numérique serait sans doute plus grande aujourdhui. Mais il ny a pas dopposition possible entre le logiciel propriétaire et le logiciel libre, ils se complètent.
Car au-delà des sociétés de nouvelles technologies, toutes nos entreprises comme nos administrations doivent prendre conscience quà lheure de léconomie de limmatériel, linformation a une valeur essentielle. Elle doit être protégée et sécurisée, contre toute forme de piratage ou despionnage, notamment dans nos entreprises. Cest une question de compétitivité, de souveraineté et de respect du droit. Là encore, nous ne devons pas être naïfs : sécurité, protection et respect du droit ne sont pas des menaces contre nos libertés, ils en sont plutôt les garanties.
* Faire confiance aux entrepreneurs
Depuis 2007, jai pu observer une évolution très positive du secteur, qui repose notamment sur le succès dune première génération dentrepreneurs qui, ayant réussi, a décidé de réinvestir dans les projets dune nouvelle génération qui a faim de succès. Ce capitalisme dentrepreneurs, qui célèbre le travail et linnovation contre la spéculation, et préfère le réinvestissement à la rente, est la colonne vertébrale de lécosystème du numérique français qui existe aujourdhui.
Les Français, que lon a souvent décrits comme conservateurs ou opposés au monde de lentreprise, sont plus nombreux que jamais à vouloir créer leur société. Aussi je me suis battu pour que la création dentreprise soit considérablement facilitée. Avec le statut dauto-entrepreneur, plus dun million de Français ont pu créer une entreprise pour bénéficier dun complément de revenu ou mettre un premier pied dans laventure entrepreneuriale. Mais je veux aller plus loin en la matière.
* « Start-up France »
Pour profiter de leffet dexpérience et renforcer lécosystème du numérique français, je souhaite que lEtat initie un projet daccompagnement pour les jeunes start-up. Ce projet national, appelé « Start-Up France » et déjà en cours de réflexion au CNN, sera un portail sur internet dédié à la création dentreprise dans le numérique. Il permettra aux nouveaux entrepreneurs daccéder à toutes les informations utiles pour créer leur entreprises (démarches administratives, juridiques ou encore conseil, témoignages), daccéder à des ressources pédagogiques qui répondent à leurs préoccupations (financement, internationalisation, fiscalité, droit, recrutement) et être mis en relation avec des entrepreneurs qui ont réussi. Lexpérience des succès et des échecs passés doit servir aux nouveaux créateurs qui souhaitent se lancer, comme aux entrepreneurs qui souhaitent accélérer la croissance de leur société.
Le portail « Start-up France » fera office de guichet unique pour toutes les sociétés innovantes, et servira de point dentrée vers les organismes daide, daccompagnement, de financement ou dinvestissement. Je souhaite que ce portail soit construit pour les entrepreneurs, à partir de leurs préoccupations, et pour répondre de manière personnalisée aux enjeux de leurs sociétés. Je naccepterai pas que des aides publiques ou dispositifs favorables aux sociétés innovantes ne soient pas efficaces parce quils exigent des démarches administratives complexes et fastidieuses quun entrepreneur ne peut mener quau prix de trop de temps perdu ou de prestations de sociétés de conseil intermédiaires.
Le but de « Start Up France » sera aussi de mettre en relation les acteurs du numérique français en France avec nos entrepreneurs expatriés, qui suivent étroitement les évolutions du secteur dans dautres pays et sur dautres marchés, notamment dans la Silicon Valley. Là encore, le partage dexpérience, la construction dun réseau et dune équipe de France du numérique sont la clé des succès de demain, pour que nos entrepreneurs aient une ambition mondiale dans ce secteur qui ne connaît pas de frontière. Pour tous ces projets, je souhaite que lEtat et ses partenaires (notamment lAgence pour la Création de lEntreprise) travaillent de concert avec le Conseil National du Numérique, les entreprises et associations du secteur, qui pourraient associer aux contenus du portail des offres promotionnelles et avantages pour les entreprises qui participent au programme. Je souhaite que toutes les parties prenantes, publiques comme privées, mettent leur énergie et leurs ressources en commun pour porter cette ambition nationale en faveur de la créativité et de linnovation.
Le projet « Start-up France » doit aider à consolider lécosystème du numérique français en capitalisant sur lexpérience acquise par nos entrepreneurs et en construisant le réseau dont toute industrie a besoin pour grandir. Mais le but de « Start-Up France » doit aussi être dattirer les jeunes vers le numérique.
* Pour une politique dattractivité
Je veux que ce programme en faveur du numérique soit accompagné dune campagne de communication nationale sur les opportunités et les métiers du numérique. En effet, si la nouvelle génération sadonne avec enthousiasme aux usages du numérique et à ses loisirs, trop peu de nos jeunes ont compris lopportunité quil y avait à travailler dans ce secteur, à y apprendre un véritable métier qui leur permette de sépanouir professionnellement et de contribuer à un chapitre nouveau de notre histoire industrielle. Je veux que nos étudiants se passionnent pour le numérique comme les générations précédentes se sont passionnées pour le chemin de fer, le train, lavion ou laérospatiale, ces industries qui aujourdhui déplacent toujours les foules au décollage dun nouveau prototype. Je veux que nos jeunes comprennent que le numérique est un secteur dans lequel aucune barrière de langage ou de diplôme ne peut limiter lévolution de ceux qui travaillent. Lhistoire de nos entrepreneurs du secteur le montre, comme le grand nombre demployés issus des quartiers difficiles ou de milieux modestes dans leurs entreprises : dans le numérique ce sont lenvie, la passion et le travail qui paient.
Je vais donc pérenniser les Journées du Numérique, que nous avons initiées en 2011 avec le Conseil National du Numérique, pour valoriser les usages et les innovations dInternet et du numérique. A cette occasion, les entreprises comme les vôtres pourraient proposer des journées portes ouvertes pour permettre aux Français de découvrir et de comprendre vos métiers.
* Université et formation au numérique
Mais de manière plus profonde, les métiers et opportunités du numérique doivent être expliqués au lycée et à luniversité, aux jeunes qui sinterrogent sur leur avenir. De ce point de vue, la réforme de lautonomie des universités est une opportunité formidable pour votre secteur, qui permet un dialogue beaucoup plus étroit entre le monde universitaire et les entreprises du numérique. Dès le mois de mai 2012, je ferai signer une convention entre les représentants de lenseignement supérieur et de la recherche et les fédérations représentatives du secteur du numérique, pour ancrer un dialogue solide, constructif et de long terme. Ces deux mondes ont beaucoup à apprendre lun de lautre, et une réflexion commune à porter sur les savoirs, technologies, usages et métiers de demain. Ce dialogue constructif accélérera la création de programmes communs, de chaires en universités, de filières de formations spécifiques aux métiers et technologies de demain, qui auront été pensées par des universités demandeuses de partenaires extérieurs, et des entreprises demandeuses détudiants qualifiés et formés à leurs savoirs. Je veux encourager cette dynamique de toutes mes forces et propose de créer un séminaire de haut niveau qui rassemblera chaque année, les dirigeants de lenseignement supérieur et de la recherche et les entreprises innovantes du numérique français, à lhôtel de Marigny, sous le parrainage du Président de la République. Sur le modèle de ce que nous avons accompli avec le secteur de la pharmaceutique, où lEtat a dû intervenir pour accélérer le dialogue et briser les barrières internes du secteur qui empêchaient le dialogue.
Ce séminaire annuel permettra de faire un point sur les nouvelles technologies et nouveaux savoirs en développement, et la façon dont on doit y préparer notre jeunesse. Je crois profondément que cest dans ce type de dialogue continu que la France pourra continuer à se porter à la pointe de linnovation et anticiper sur la création de nouvelles technologies, nouveaux savoirs et nouveaux usages.
Lors de cette première édition, je souhaite que soient notamment abordées les technologies innovantes de la robotique, de lintelligence des données, du cloud computing, mais aussi lavenir des jeux vidéo, de lanimation, des contenus culturels, des villes intelligentes ou encore les évolutions du e-commerce.
Lors de la première édition de cette manifestation, je souhaite que soit mise à lordre du jour la création dune filière de formation aux métiers du logiciel qui associe des formations dingénieur à des formations commerciales spécialisées sur cette activité. Je lancerai moi-même cet appel à projet pour quune telle filière voie le jour au plus vite.
Luniversité doit être le premier lieu de linnovation dans notre pays, qui donne confiance à nos étudiants et les encourage à créer. Je souhaite que les sociétés daccélération du transfert de technologie qui, grâce aux investissements davenir, se mettent en place au sein des grands pôles universitaires, puissent favoriser lémergence dincubateurs dentreprises dans le domaine du numérique. Je rappelle que plus dun milliard deuros sont consacrés à ce programme. Plus généralement, je souhaite que chaque université crée un incubateur dentreprise, pour encourager les étudiants à créer leur société. Comme vous le savez, jai annoncé la création dune banque de la jeunesse qui se portera caution pour les jeunes qui veulent financer un projet de création dentreprise. Je souhaite que nos universités accompagnent cette dynamique portée par la jeunesse de notre pays.
Le numérique français a trop longtemps souffert de labsence de pôles universitaires autonomes, qui on le sait bien sont au coeur du dynamisme des écosystèmes innovants comme la Silicon Valley (avec luniversité de Stanford). Lautonomie des universités doit faire de nos pôles universitaires la pierre angulaire de lécosystème du numérique, pour la formation et la recherche.
Je me suis engagé pendant 5 ans pour que la France prenne rapidement le virage de léconomie de la connaissance et de lintelligence. Jai lancé le chantier majeur du Campus-Saclay, qui va permettre de transformer le plateau en un pôle scientifique et technologique pluridisciplinaire de dimension mondiale, comparable aux meilleurs campus mondiaux comme le MIT, Stanford, ou Cambridge. Le campus regroupera 23 acteurs de la recherche et de lenseignement supérieur autour dun projet scientifique commun et dinfrastructures communes, à même de dégager de fortes synergies. Jai souhaité que lEtat apporte un soutien dun niveau inédit à ce grand projet : 850 millions deuros au titre de lOpération Campus, et 950 millions deuros apportés par le Grand Emprunt. Le campus Paris-Saclay réunira, à lhorizon 2020, près de 70 000 personnes, dont 12 000 chercheurs de haut niveau (parmi lesquels de nombreux Prix Nobel et Médailles Fields) et enseignants chercheurs et 31 000 étudiants. Le mouvement est en marche et un immense chantier est en cours. Je souhaite que les entreprises de votre secteur saisissent les opportunités immenses quoffre ce grand projet à vos activités qui exigent de la recherche et du développement.
Le développement de pôles dexcellence doit renforcer notre compétitivité à linternational et faire de la France un pays qui attire toujours plus dintelligence sur son sol. Lautonomie des universités a déjà permis à nos centres universitaires dattirer des Prix Nobel étrangers en France. Notre ambition en matière de recherche nous a permis dattirer des investissements à forte valeur ajoutée de grands acteurs du numérique mondial, comme IBM, Microsoft ou Google plus récemment. Dans la course pour le succès dans le numérique, nous navons aucun complexe à avoir et nous avons tous les ingrédients du succès. Je souhaite que ces pôles servent de marche pied aux entreprises innovantes qui ont lambition de conquérir le monde.
* Une stratégie de croissance à linternational
Je veux insister sur limportance dagir pour le développement de nos entreprises à linternational, qui est souvent la condition nécessaire pour la croissance des PME qui veulent devenir des ETI (entreprises de taille intermédiaire). En effet, la nature même des technologies et des usages en jeu dans votre secteur nous oblige à concevoir une stratégie immédiatement tournée vers le monde.
Si nous avons de nombreuses start-ups sur le territoire, nous avons peu dETI. A titre dexemple, 93% des 3200 éditeurs de logiciel français référencés par le Syntec numérique font moins de 50 millions deuros de chiffre daffaires. Trop nombreuses sont les sociétés à fort potentiel qui sont rachetées avant davoir atteint leur plein potentiel de croissance à linternational. Or, les ruptures technologiques de ces dernières années (développement du cloud computing, succès des grandes plateformes sociales ou mobiles), ont érodé encore plus les frontières de nos marchés et accéléré la course à linternationalisation dans laquelle tous les pays peuvent prétendre créer les champions de demain. Linternationalisation récente et rapide de sociétés françaises comme Deezer ou Dailymotion le montre. Je vais donc demander à Ubifrance dêtre le fer de lance dune stratégie volontariste qui permette à nos éditeurs de chercher de la croissance à linternational. Pour accélérer cette croissance, je souhaite aussi que nos grands groupes apprennent à mieux travailler avec les PME françaises du numérique, et contribuent à leffort de conquête des marchés étrangers par nos sociétés innovantes. Cest pourquoi jai proposé que les garanties du type Coface dont bénéficient les grands groupes pour leurs contrats à lexport soient désormais conditionnées à une obligation damener des PME sur leurs marchés étrangers.
* Protéger, valoriser et soutenir le numérique produit en France
Mais ces efforts seront dautant plus utiles que nos sociétés innovantes auront trouvé en France et en Europe une fondation solide pour grandir. Cest dabord à la France de faire confiance à ses PME, et en premier lieu à lEtat dencourager linnovation dans notre pays. Aussi, jai demandé la création dun European Business Act pour que largent des commandes publiques européennes bénéficie aux entreprises qui produisent en Europe. Dans ce cadre, je propose également un Small Business Act, par lequel 25% de ces commandes publiques seront réservées à des PME. Vous savez comme moi que les pays producteurs de technologies numériques (les Etats-Unis, Israël), ont pu compter sur des investissements et des commandes publiques importants, qui ont permis bien des innovations et des succès. Je ne vois pas au nom de quoi la France et lEurope ne devraient pas penser le rôle stratégique de lEtat-client. Jassume, pour ma part, le rôle central que peut jouer lEtat pour encourager et accélérer linnovation de nos entreprises, et je valorise le dialogue et les complémentarités entre secteur public et secteur privé dans ce domaine. Les grandes sociétés du numérique mondial ont beau être des multinationales, elles ont une nationalité clairement assumée et des liens forts avec leur pays dorigine, que ce soit les Etats-Unis, la Corée du sud ou plus récemment la Chine dont un nombre croissant de très grands groupes industriels sont partis à la conquête du monde. Je souhaite que la France et lEurope ne souffrent daucune naïveté en la matière et que nous assumions pleinement lidentité de nos entreprises et notre propre génie en termes dinnovation technologique.
Cest dans cette logique que jai répondu favorablement à la proposition du CNN de nommer des personnalités qualifiées et expertes du numérique aux conseils dadministration des organes publics dinvestissement, pour que lEtat investisse plus intelligemment dans ce secteur. Cest dans cet esprit de confiance en nos entrepreneurs que je souhaite que les conseils dadministration de nos universités autonomes accordent le droit de vote aux entreprises qui les soutiennent.
* Pour une méthode ouverte fondée sur le dialogue avec le secteur
Je crois aux vertus du dialogue car cest le dialogue qui permet de régler les conflits mais aussi de créer et saisir les opportunités nouvelles. Nous vivons dans une société de lintelligence, du collaboratif, du collectif, qui nous invite à faire tomber les barrières anciennes et les vieux dogmes. Nous vivons dans un monde où les opportunités dapprendre les uns des autres nont jamais été aussi nombreuses. Aussi, jai souhaité que lEtat prenne à bras le corps la question du numérique, et le considère comme un dossier ministériel de plein droit mais aussi comme le lieu dun dialogue renouvelé dans lequel lEtat a des choses à apprendre.
Dès 2007, avec François Fillon nous avons créé le premier secrétariat dEtat en charge de léconomie numérique, confié à Eric Besson puis Nathalie Kosciusko-Morizet qui est aujourdhui porte-parole de ma campagne. Le numérique a ensuite été traité comme un sujet industriel au sein du ministère de lIndustrie avec Eric Besson qui a porté le plan France Numérique 2012 puis le plan France Numérique 2020. Au Parlement, vous avez pu compter sur lécoute et la compréhension de Parlementaires de grande qualité, très compétents et engagés pour le numérique au sein de ma famille politique : je veux rendre hommage au travail de Laure de la Raudière, Patrice Martin-Lalande, Bruno Retailleau ou encore Franck Riester.
Jai tenu à minvestir personnellement sur ces sujets en initiant moi-même un dialogue plus simple et plus direct avec les entrepreneurs et innovateurs du numérique, non seulement pour prendre de meilleures décisions pour le secteur mais aussi pour solliciter des idées innovantes sur les sujets dintérêt général dans lesquels Internet et le numérique peuvent constituer des solutions nouvelles. La création du Conseil National du Numérique dont je remercie ici les membres, tous bénévoles, et notamment son premier président Gilles BABINET fut un élément essentiel de ce dialogue. Dialogue libre, mené dans un esprit de confiance et dindépendance desprit, dans lequel jai personnellement beaucoup appris sur un secteur qui métait encore peu familier il y a quelques années. Dialogue dans lequel toutes les composantes du numérique ont compris quil était plus utile de se parler que de signorer ou se caricaturer pour avancer dans le bon sens.
Les acteurs de votre industrie ont une responsabilité particulière à légard de nos concitoyens et de lEtat : vous avez une vision des défis et opportunités technologiques de lavenir. Cest pourquoi je souhaite donner plus de moyens au CNN, en augmentant les moyens de fonctionnement mis à sa disposition pour que ses membres puissent se saisir de plus de dossiers, et puissent participer aux débats sur linternet à léchelle internationale. Je souhaite également que le CNN choisisse des personnalités qualifiées compétentes pour participer aux conseils dadministration de nos organes dinvestissement publics et apporter un point de vue sur les innovations à soutenir avec largent public. La liste exacte des organismes concernés par cette ouverture devra être définie rapidement en lien avec le CNN. Enfin, je souhaite que le CNN approfondisse le dialogue et la concertation avec les associations représentatives de la société civile et des usagers. Là encore, une méthode de concertation est à inventer et des interlocuteurs à identifier pour que linternet citoyen soit pleinement associé à la réflexion.
Ce dialogue constructif et responsable, jai souhaité le porter également à léchelle internationale en rencontrant les personnalités internationales de votre secteur, et en mettant pour la première fois le sujet dinternet à lordre du jour de la réunion du G8, et en associant pour la première fois à une telle réunion de chefs dEtat une réflexion des acteurs de linnovation par le numérique, dans les entreprises du secteur comme dans la société civile. Le E-G8 Forum organisé à Paris la veille du G8, fut de ce point de vue une grande première. Ouvrir la question des perspectives dinternet à tous, et notamment aux premiers acteurs de cette révolution, est une idée française. Je suis fier du résultat de ces discussions, qui ont mené à la rédaction du texte le plus ambitieux jamais écrit dans une instance de la gouvernance mondiale sur ce sujet. Le G8 a permis à la France et à lEurope de porter leur vision dun internet libre, aussi important pour la croissance économique que pour la démocratie, vision ouverte qui il faut en avoir bien conscience - nest pas partagée par tous les pays du monde à ce jour. La France continuera à être pionnière dans la défense des valeurs portées par internet, des libertés dopinion, dexpression, dinformation, de réunion et dassociation qui sous-tendent son développement, et des initiatives qui mettent la révolution numérique au service de la démocratie en France et dans le monde.
* Pour une diplomatie plus connectée
Nous devons tirer les conclusions des révolutions arabes, qui ont consacré lélan démocratique de la génération dinternet. Je souhaite que nous ouvrions le chantier de la diplomatie numérique, qui doit mettre le pouvoir dInternet et du numérique au service de la voix de la France dans le monde. Si je suis réélu, je lancerai une initiative pour la formation de nos diplomates et représentants à létranger, pour que la voix de la France soit plus présente et mieux coordonnée sur internet, et notamment sur les réseaux sociaux. Depuis 2007, nous avons lancé le site internet de la France, et continué à améliorer nos services consulaires en ligne et le portail service-public.fr. Nous devons aller plus loin en faisant rayonner notre influence politique, diplomatique et culturelle sur Internet, comme nous le faisons déjà dans laudiovisuel et la radio. Mais au-delà dune seule présence médiatique de la voix de la France, je souhaite que nous fassions un usage intelligent dinternet, pour interagir et dialoguer avec les sociétés civiles qui nous font confiance, qui aiment la France, qui attendent beaucoup de notre pays, de notre parole et de notre écoute. La diplomatie française du XXIème siècle doit être pleinement connectée.
Pour un État exemplaire, à la pointe de la transition numérique
Je suis pleinement conscient du devoir dexemplarité de lEtat sur les sujets liés au numérique. Non seulement pour défendre les valeurs portées par la révolution dinternet, mais aussi pour impulser la dynamique de modernisation quimplique une utilisation intelligente des nouvelles technologies.
En effet, le numérique ne concerne pas seulement lindustrie. Cest aussi une technologie et des usages qui bouleversent tous les autres secteurs des services, de lindustrie et transforment durablement notre façon de travailler, de produire et de consommer. Une étude récente montre que si le coeur de léconomie numérique représente à lui seul 5,2% du PIB français et 3,7% de lemploi en France, la transformation de notre économie par le numérique concerne aujourdhui près de 80% de notre PIB. Lors de linstallation du CNN en avril 2011, jai dailleurs eu loccasion dexpliquer mon étonnement à la lecture de ces chiffres, qui me font penser que la France vit une « transition numérique » qui touche toute notre économie, mais aussi notre société. Transition dont vous êtes des acteurs essentiels, et dont lEtat, concerné par des changements dune telle ampleur, doit être le catalyseur.
Loin déchapper à cette dynamique de modernisation, lEtat doit en être le pionnier et le modèle. Au cours de ces dernières années, les administrations ont fait dimportants efforts pour développer les services publics en ligne, et je veux saluer ici le travail exemplaire des fonctionnaires qui ont contribué à cette modernisation de nos services publics. Aujourdhui, 76 % des procédures administratives les plus courantes ont été dématérialisées, contre 30% en 2007. Je fixe lobjectif de 100% de procédures administratives dématérialisées atteint dans les 5 années qui viennent.
Par ailleurs, lEtat sest montré exemplaire en matière douverture des données publiques, pour contribuer à la transparence de laction de lEtat et à la modernisation de notre démocratie. Le lancement du portail www.data.gouv.fr, qui propose gratuitement aux internautes plus de 350 000 jeux de données publiques issues de 90 administrations, a été un grand succès, que nous devons à la mission Etalab autant quaux centaines de fonctionnaires mobilisés pour faire cette révolution de la transparence dans la conduite et la lecture de nos politiques publiques et afin de mieux rendre des comptes aux citoyens. Des milliers dinformations publiques, jamais publiées, jamais rendues accessibles, par exemple sur le patrimoine de lEtat, lécole, ou encore la qualité de lenvironnement, ont été mises à la disposition des citoyens. Je propose, pour une démocratie exemplaire et transparente, de prévoir la publication en ligne systématique de toute nouvelle information publique, et lobligation pour les administrations de lEtat, pour ses établissements publics, et pour les collectivités territoriales, de rendre accessible à tous et réutilisables par tous leurs données publiques sur internet. Etalab a lancé le programme Dataconnexion pour fédérer la communauté des acteurs de linnovation à partir des données publiques. Je propose daccélérer cet effort en doublant les moyens mobilisés pour créer les services nouveaux à partir des données publiques, et pour accompagner les jeunes entreprises qui souhaitent se développer dans cette filière de lintelligence des données. En libérant les données publiques, lEtat est devenu fournisseur de matière première pour notre secteur numérique. Je souhaite que nous soutenions les services nés de lexploitation de cette matière.
Pour approfondir encore cette dynamique je propose la création dune Agence nationale pour linnovation numérique, qui sera chargée de coordonner et darticuler tous les chantiers de numérisation de nos services publics, de libération des données, et plus généralement de modernisation de lEtat par les technologies numériques. Cette agence devra sassurer que tous les projets publics innovants respectent les deux objectifs suivants : plus defficacité et de simplicité au service du citoyen, plus de transparence dans notre démocratie. Elle devra faire en sorte que les différents services développés soient ouverts et interopérables, et que nous évitions léparpillement des initiatives entre administrations, services et directions en charge de projets liés à internet. Elle devra également réfléchir en lien vers nos universités et organismes de formation - à la création de filières de formation adaptées aux nouvelles opportunités de services, et à la formation des fonctionnaires. Comme vous le savez, je travaille depuis cinq ans à ce que la France ait moins de fonctionnaires, mais des fonctionnaires mieux payés et mieux formés. Le numérique fait partie des compétences clés que je veux rendre facilement accessibles aux agents de lEtat. Enfin, lAgence nationale pour linnovation numérique devra capitaliser sur lexpérience acquise par lEtat et la connaissance des meilleurs exemples étrangers pour participer aux grands projets de modernisation que jentends lancer : dans la politique de lemploi, dans la santé, dans la sécurité et dans léducation nationale. Lagence devra appuyer le travail des ministères en charge de ces réformes essentielles pour notre pays, dans lesquelles le numérique aura un rôle clé.
LAgence nationale pour linnovation numérique devra innover par ses méthodes de fonctionnement. Je souhaite quelle entretienne un dialogue permanent et soutenu avec les entreprises du numérique et avec la société civile, pour imaginer les solutions du futur et contribuer au financement de linnovation. Je souhaite quelle consacre aussi une partie de ses moyens à lexpérimentation de solutions nouvelles. Elle sera le laboratoire des nouveaux services publics quattendent les Français.
Mais le rôle de lEtat va au-delà de la seule garantie de services publics de qualité, et de la création dun écosystème compétitif. LEtat doit plus profondément garantir que la France et les Français maîtrisent le nouvel environnement technologique et informationnel créé par le numérique : ses outils, ses usages, son langage. Comme toute innovation technologique, le numérique peut nous rendre plus libres ou plus dépendants, nous inclure ou nous exclure, créer entre nous des rassemblements ou des fractures. Lenjeu de la révolution numérique est celui de notre liberté et de notre autonomie, individuelles comme collectives. Lenjeu est le choix que nous faisons dagir en participant à linnovation de notre époque, en imaginant le monde de demain, au lieu de subir la domination de la technique et les règles imposées par des usages que nous navons pas choisis.
* Développer loffre de formation au numérique
Léducation à la maîtrise de ces outils ne doit pas sarrêter aux portes de lécole ou de luniversité mais accompagner chacun de nos concitoyens dans toutes les étapes de sa vie. Cette formation évolutive est la solution qui permettra de réduire la fracture numérique au sein de la population française, de développer les nouveaux usages, les nouveaux métiers et les gains de compétitivité rendus nécessaires par la mondialisation. Aussi je souhaite mobiliser les écoles dexcellence de formation aux métiers du numérique existantes pour quelles proposent des formations complémentaires en dehors du calendrier universitaire. Lobjectif est daugmenter le nombre dheures denseignement du numérique en France, et de permettre à nimporte qui quel que soit son âge ou sa formation de participer à des séminaires courts de formation aux outils du numérique, à des tarifs compétitifs. Je propose de mettre en place des cursus qualifiants sur le modèle de cours du soir, de cours dété et de formations continues accessibles à lensemble de la population française.
La demande existe pour de telles formations, de tous niveaux, mais nous souffrons dun manque de formateurs qualifiés, car ces compétences clés sont souvent accaparées par les entreprises. Aussi, aux entreprises du secteur qui proposent de créer une empreinte sociale des entreprises du numérique, je propose dinclure votre participation à la formation des Français au numérique comme un élément positif de cette empreinte. Ainsi, la libération de temps pour les cadres ou les ingénieurs souhaitant transmettre leur savoir dans le cadre de formations reconnues pourra être valorisée comme élément positif pour lempreinte sociale de lentreprise qui les emploie. Je propose que la définition des modalités de cette initiative soit discutée dès le mois de mai pour que de nouveaux cours soient proposés en 2012.
* Numérique et formation professionnelle
Plus généralement, le numérique doit être au coeur de la réforme de la formation professionnelle. Je lai dit dans cette campagne : il nest pas acceptable que seuls 10% des chômeurs bénéficient de la formation professionnelle. Je veux créer un droit à la formation professionnelle pour tous les chômeurs, qui permette aux Français en recherche demploi de se former pour retrouver un emploi. Le numérique doit être au coeur de la formation professionnelle de demain. Dès le mois de juin, je souhaite que nous définissions ensemble un cursus minimal de maîtrise des outils du numérique et notamment dinternet - en entreprise et en administration, dont nos chômeurs ont besoin pour renforcer leur employabilité et faciliter leur recherche demploi. Je souhaite que cette formation soit agréée par lensemble des syndicats et fédérations représentatives de votre secteur, ainsi que par le Conseil National du Numérique. Jestime quil existe un niveau minimum de maîtrise des outils du numérique, sans lequel nos chômeurs se coupent de nombreux métiers et de doutils précieux pour la recherche demploi. Avec 35 milliards deuros investis par an, lEtat ne manque pas de moyens pour proposer une formation au numérique qui touche tous les chômeurs qui en ont besoin.
Je souhaite que le Pôle Emploi travaille de manière étroite avec les services privés de recherche demploi en ligne (réseaux sociaux professionnels, répertoires doffres demploi). Les pouvoirs publics et le secteur privé doivent faire front commun pour combattre le chômage, en trouvant une méthode pour se relayer. Aucun acteur de la lutte contre le chômage ne dispose aujourdhui de lintégralité des offres demplois disponibles sur le marché, de sorte quacteurs publics et privés doivent apprendre à travailler de manière complémentaire pour répondre aux attentes des chômeurs et des employeurs.
* Le numérique au coeur de la santé de demain
Je souhaite que notre système de santé se numérise pour que chaque citoyen ait un dossier médical personnalisé qui le suive toute sa vie. Je sais que cela va demander un travail de synchronisation et dharmonisation de nos infrastructures numériques de santé, mais il en va de la qualité du suivi et des soins prodigués à nos concitoyens, de lefficacité du travail de nos personnels, et du budget de notre système de santé. En France, je souhaite que quand un citoyen malade rentre à lhôpital, linfirmière et le médecin sachent immédiatement qui il est et ce dont il peut avoir besoin.
Internet est une formidable porte ouverte sur le monde. Nous devons saisir toutes les opportunités de cet outil pour répondre aux enjeux de société que sont la dépendance et la solitude. Une société moderne est une société de solidarité et je souhaite quinternet puisse aider nos aînés, à leur domicile comme en maison de retraite ou de soin. Le numérique a été une des priorités de la Caisse nationale de solidarité pour lautonomie ces dernières années. Depuis 2011, celle-ci finance le développement et lamélioration doutils technologiques qui aident nos personnes âgées à se déplacer, à communiquer à distance, à se stimuler intellectuellement ou encore à mieux signaler déventuels accidents. Nous pérenniserons ces financements, et je souhaite que la France, pays de solidarité, soit aussi un pays dinnovation au service de la dépendance. Pour que grâce à internet, une personne en maison de retraite ne soit pas coupée de sa famille et du monde extérieur. Pour que grâce à internet, une personne âgée qui a préféré rester à domicile puisse préserver et développer son autonomie.
* Internet au coeur de la sécurité
Je souhaite la modernisation des outils de signalement de crimes, délits et incidents divers. Lefficacité du dispositif alerte-enlèvement a prouvé la pertinence dune mobilisation coordonnée de tous les outils de communication existant, y compris sur internet. Je souhaite que nous réfléchissions aux façons dutiliser les communications par SMS et réseaux sociaux, plébiscités par les jeunes générations, pour le signalement des violences et délits aux forces de police. Il convient en effet dadapter nos systèmes dinformation aux usages les plus courants, et les plus rapides, qui se développent sur internet.
* Le numérique à lécole et lécole à lère du numérique
Enfin, si vous me faites confiance, la priorité de mon nouveau mandat sera la réforme de léducation nationale et de lécole, dans laquelle le numérique a un rôle absolument central à jouer, à deux titres.
Dabord, il faut plus de numérique à lécole. Et si nos politiques publiques depuis 30 ans se sont exclusivement intéressées à léquipement numérique des écoles de France, je pense que cest la question des contenus qui se pose aujourdhui de façon urgente. Contenus au nom desquels et pour lesquels Etat et collectivités auront des raisons plus fortes de se mobiliser pour assurer léquipement de nos élèves et de nos salles de classe.
Pour cela, nous avons besoin quémergent enfin en France des champions industriels du numérique pédagogique, susceptibles de fournir les ressources pédagogiques indispensables et qui seraient les premiers ambassadeurs à travers le monde du modèle éducatif français.
Lécole primaire doit être le premier lieu de contact entre les élèves et le numérique, qui doit permettre de donner le goût du numérique aux jeunes générations mais également de combattre les discriminations entre les élèves qui sont sensibilisés au numérique dans le cadre familial et ceux qui ne le sont pas. Aussi, je propose de créer des ateliers « découverte du numérique et dinternet » dès le cours moyen, voire le cours élémentaire, pour initier les jeunes enfants aux rudiments de lutilisation dInternet et des outils du numérique. En outre, chaque écolier devra avoir validé le Brevet informatique et internet à la fin du CM2. Je souhaite également quà lécole primaire, les enfants apprennent à utiliser les outils numériques qui leur serviront doutils de travail pendant leur scolarité future, notamment le cahier de texte numérique qui accompagnera les élèves tout au long de leur scolarité au collège et au lycée.
Si lécole primaire doit donner le goût du numérique, le collège et le lycée doivent être le lieu de la formation à la maîtrise du numérique. Le passage au secondaire doit permettre de former chaque élève à une bonne compréhension technique et fonctionnelle des technologies de linformation et de la communication, mais également à une maîtrise de lensemble des outils de base du numérique. Nous devons apprendre à nos enfants comment se protéger sur internet (en permettant à chacun de construire son identité numérique et davoir le contrôle sur ses données personnelles), mais aussi comment profiter pleinement des opportunités offertes par Internet pour devenir des citoyens plus actifs, grâce à laccès à linformation et à la formation en ligne, grâce à une intelligence des meilleurs pratiques dinternet au service de la citoyenneté et de la connaissance.
Aussi, je propose dintégrer le numérique dans lenseignement de léducation civique, juridique et sociale (ECJS). Il faut expliquer internet aux adolescents : comment construire et gérer leur identité numérique, comment devenir actif sur internet et contribuer à lespace public et citoyen quest le web, comment utiliser les services publics numériques et les outils de la démocratie sur internet, ou encore comment trouver des repères dans le foisonnement dinformations hétérogènes que constitue le web.
Au collège et au lycée, nos étudiants ont aussi besoin de sépanouir grâce aux technologies du numérique, qui leur donnent des moyens inédits pour sexprimer et constituent pour les nouvelles générations comme une seconde langue vivante. Aussi, je propose que le numérique soit intégré à lenseignement des arts plastiques au collège, car il participe de la création dans le design, la vidéo, la photographie ou encore le dessin. Le numérique est non seulement un espace de création mais aussi un ensemble doutils et de langages au service de la création de contenus culturels et de la créativité de nos jeunes.
De la même façon, je souhaite que la modernisation engagée des parcours dinformatique et de technologies de lingénieur se poursuive, pour donner plus de place aux projets qui répondent aux usages des jeunes générations. Le développement de logiciels et de sites internet dans les langages de programmation du moment devra notamment être encouragé.
Enfin, je souhaite que nos élèves identifient lingénierie informatique comme une discipline dexcellence et davenir. Nous avons créé loption numérique pour les classes de terminales scientifiques et sciences et techniques industrielles (STI), qui sera effective dès la rentrée prochaine. En outre, je propose que léducation nationale organise chaque année un concours national du jeune développeur sur le modèle des Olympiades de Physique, en classe de terminale pour les jeunes développeurs volontaires, souvent autodidactes. Ce concours national doit permettre de susciter des vocations dingénieurs et dentrepreneurs, et de repérer et valoriser les jeunes développeurs de talent.
Le numérique a développé des compétences et suscité des passions. Jai eu loccasion de le constater en rencontrant des jeunes qui, dans les écoles dinformatique et les start-up technologiques ont trouvé leur voie par le numérique : son langage, ses usages, ses valeurs. Des jeunes qui ont trouvé dans linformatique une raison de travailler, de persévérer, de réussir, souvent en dehors des parcours scolaires classiques. Des jeunes qui, comme dans la musique ou le sport, nont pas eu à souffrir de leurs origines ou de leurs conditions sociales pour se faire une place, et qui en plus se garantissent un bel avenir dans un secteur qui recrute.
Je souhaite que nous soutenions cette dynamique, qui permet à nos jeunes qui choisissent le numérique plutôt que les cursus classiques de formation, dacquérir la reconnaissance académique quils méritent. Aussi, je propose la création dun baccalauréat numérique, dont la préparation se déroulerait dans des « académies du numérique » sous contrat avec lEtat, mais très largement confiées à des professionnels. La préparation de ce bac comprendrait une partie denseignement général et un enseignement numérique. Le contenu de ce baccalauréat, qui évoluerait en permanence pour tenir compte des progrès technologiques, serait construit par une commission professionnelle des technologies du numérique, rassemblant tous les experts du secteur, ainsi que des représentants de léducation nationale. Le principe de la formation en alternance y serait systématique. Pour développer cette dynamique dès 2012, je souhaite que nous travaillions étroitement avec les acteurs de la formation aux métiers du numérique qui ont déjà de lexpérience de tels dispositifs. Enfin, je propose la création dun internat dexcellence du numérique, qui sera le navire amiral de cette nouvelle dynamique, et devra servir de modèle à ce nouveau parcours académique.
* Léducation par le numérique
La révolution numérique est avant tout une révolution de linformation. Une révolution qui se concrétise par un accès immédiat, facile et ouvert à tous à linformation mais également par la production dun volume dinformations sans précédent dans lequel il nest pas toujours facile de sorienter.
Dans ce contexte, quel sens nouveau donner à lécole puisque celle-ci a été pensée à lorigine et sest construite dans un monde où laccès au savoir était difficile et linformation rare ?
La priorité est de lancer un grand plan de formation des professeurs au numérique : la maîtrise de cet outil est un enjeu pédagogique majeur mais aussi, plus profondément, une façon de refonder lautorité des enseignants vis-à-vis de la nouvelle génération « Y ».
A lère du numérique, chaque enfant doit pouvoir trouver les ressources adaptées et personnalisées qui lui permettent dapprendre à lécole et en dehors. Nous ne pouvons plus accepter que lillettrisme ou léchec scolaire existent encore, quand le numérique nous permet dadapter la pédagogie à chaque élève. Aussi, je propose que le CNDP et le CNED travaillent ensemble avec les producteurs de contenus pédagogiques pour produire une série dapplications numérisées gratuites qui permettent de consolider les savoirs de base de lécole : lire, écrire, compter. Il sagit dinnover dans la façon de transmettre ces compétences de base, et je souhaite que nos administrations compétentes travaillent de manière ouverte avec la communauté éducative, pour faire remonter les nombreuses initiatives innovantes menées chaque jour, sur le terrain, par nos professeurs. Les meilleures pratiques existent déjà en la matière, et il appartient au ministère de léducation nationale de les repérer et den faire des outils, des exercices et des méthodes accessibles à tous.
Mais nous devons aller plus loin que les savoirs de base, et faire en sorte que le numérique accompagne, enrichisse et optimise le parcours éducatif de nos élèves tout au long de leur scolarité. Plus que jamais, léducation de demain doit être une éducation accessible partout, pour tous, en tout lieu et à toute heure, sur ordinateur et téléphone mobile. Beaucoup de collectivités locales ont déjà mis en place des espaces numériques de travail (ENT) : pour les plus performants dentre eux, ils permettent déjà à chaque élève de disposer dun espace personnel pour accéder à ses cours, ses manuels numériques, ses exercices, de gérer sa relation avec ses professeurs, ses camarades et son établissement.
Il existe en outre un schéma directeur national des ENT. Je propose de renforcer ce schéma directeur afin dassurer une véritable interopérabilité des différents services proposés. En partant de lexistant, lobjectif est de créer une véritable plateforme nationale de-éducation dont le CNDP aurait la responsabilité.
Cette plateforme en cloud devra être ouverte et interopérable avec les principales plateformes existantes sur linternet fixe et mobile. Elle devra contenir lensemble des contenus pédagogiques (gratuits ou payants) approuvés par le Ministère de lEducation Nationale : manuels numériques, mais aussi serious games, animations, livres, films, et exercices originaux.
Lorganisation de cette plateforme devra faire lobjet dune réflexion poussée qui associe le ministère de léducation nationale, la communauté éducative, et des experts du secteur du numérique qui ont lexpérience de ce type de plateforme technologique, des modes de production et de distribution de tels contenus numériques. Nous devons tirer les leçons de ce quinternet a produit de mieux pour le mettre à la disposition de la plus belle des missions : éduquer nos enfants, et leur donner les moyens dune plus grande liberté.
Le CNDP aurait également en charge lanimation de la communauté des enseignants qui utilisent le numérique. Je souhaite que la création dapplications innovantes publiées par des professeurs soit récompensée à sa juste valeur. Je souhaite que ces innovateurs, qui ont vocation à collaborer davantage encore quaujourdhui avec le CNDP, obtiennent des primes liées au succès obtenu par leurs applications sur la plateforme, auprès des élèves et des professeurs.
Là encore, je veux mettre en valeur les contenus produits par les professeurs, qui pourront soumettre des idées dapplication et partager leurs conseils et expériences pédagogiques avec leurs pairs.
Lécole du XXIème siècle, cest aussi une école qui rapproche, au sein dun même écosystème enseignants, parents et élèves. Cest une école dont lexpérience se prolonge tout au long de la vie, internet permettant de garder à disposition tous ses cours, manuels et exercices, à un clic de distance. Cest une école de légalité, quand tout le monde peut avoir accès aux mêmes outils et contenus sur internet, et compenser par là les difficultés rencontrées dans son établissement scolaire. Cest une école où les élèves peuvent bénéficier dun tutorat à distance, dune aide aux devoirs en ligne gratuite, proposée par un CNED qui aura, lui aussi, opéré sa révolution numérique.
Vous lavez compris, à travers le numérique je veux faire le pari que léconomie de la connaissance produira une société de liberté. Dans le discours que jai adressé à la jeunesse de France, porte de Versailles, jai appelé nos jeunes générations à faire preuve dimagination et daudace. Je les ai invitées à inventer, à entreprendre, à transgresser, à prendre des risques, à partir à la conquête du monde, à envisager leur destin et celui de leur pays à une échelle plus grande. Avec internet, limpact que nous pouvons avoir sur le quotidien de nos compatriotes, comme sur le monde entier, na jamais été aussi grand. Avec le numérique, nous pouvons relever les défis sur lesquels nos aînés ont tant buté : légalité des chances, lintégration, laccès à la connaissance, la fracture sociale, la croissance économique, la modernisation de lEtat.
Jai appelé notre jeunesse à embrasser la révolution en marche. A ne pas rester passive devant elle mais à en saisir toutes les opportunités de changement, dinnovation, de progrès. A ne pas être simple spectateurs ou consommateurs dinnovations venues dailleurs, mais acteurs et créateurs de nouveautés. A ces jeunes de la génération du printemps arabe, de linternet social et collaboratif, de la mobilité et de la mondialisation, jai dit quils ne devaient pas avoir peur, quils devaient être maîtres de leur destin, quils devaient être fiers de leur travail, de leur métier et de leur pays.
Internet est un bien public qui nappartient à personne. A aucun individu, aucune société, aucun Etat et aucune idéologie. Dans le numérique rien nest figé, rien nest fermé. Tout est possible car toutes les cartes y sont redistribuées. Lessentiel est den saisir la dynamique et dimaginer ce quon peut en faire, individuellement et collectivement. Si lEtat a un rôle exemplaire à jouer, cest le pays tout entier qui doit être mobilisé pour porter la révolution du numérique, de lintelligence et de la connaissance. Cest pourquoi, si je suis réélu Président de la République, je vous demanderai de maider.
Vous représentez un secteur où tout est toujours à construire, où tout est encore à faire. Nous avons tous les éléments en main pour nous imposer comme une grande puissance technologique innovante, et faire rayonner la France forte dans et par le numérique. Faisons ce pari ensemble. Et croyons en notre force.
Source http://www.lafranceforte.fr, le 17 avril 2012
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