Déclaration de Mme Marine Le Pen, candidate du Front national à l'élection présidentielle du 22 avril 2012, sur la désertification des campagnes et les répercussions de la crise économique sur les agriculteurs, Merdrignac le 20 avril 2012.
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Circonstance : Déplacement à Merdrignac (Bretagne) le 20 avril 2012
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Texte intégral
Cest avec un immense plaisir que je passe la dernière journée de la campagne de ce premier tour des élections présidentielles en Bretagne, dans cette ferme de Merdrignac. Agriculteurs et pêcheurs, habitants des campagnes de France, vous avez été mes meilleurs soutiens tout au long de cette campagne, mes meilleurs rencontres souvent aussi !
Après Sète, Brachay, Le Tréport, Châteauroux, Chablis, Boulogne-sur-Mer, Brienon-sur-Armançon et tant dautres lieux, je suis aujourdhui avec vous, à Merdrignac, en Bretagne ! Je reviens dans cet Ouest que jaime, cet Ouest qui ma tant donné, où jai mes racines. LOuest des marins et des terriens, des pêcheurs et des agriculteurs, des entrepreneurs et des grands navigateurs, lOuest épris de liberté. LOuest fier de ses traditions, traditions dont le bagad Kerlenn Pondi, que vous connaissez tous ici est un magnifique exemple. LOuest qui a vu ces dernières années son tissu économique, lun des plus remarquables de notre pays, mis à mal par une crise dont il nest en aucun cas responsable, lOuest qui se bat et ne se plaint jamais, qui sais que la crise est loin dêtre finie mais qui ne cèdera pas !
Le 2 mars, jouvrai à loccasion du Salon de lAgriculture les cahiers de doléances de la ruralité, de lagriculture et de la pêche. Ces doléances, je nai cessé de les recueillir tout au long de la campagne. Aujourdhui, je veux être la voix de ceux que nos élites refusent dentendre, de ceux que nos élites préfèrent occulter au profit de victimes autoproclamées, de délinquants, dextrémistes, sur lesquels ils ne cessent de déverser largent de ceux qui bossent, de ceux qui triment en silence, de ceux qui ne sont bons quà payer toujours plus !
La crise ruine les travailleurs, les entrepreneurs courageux pendant que les puissants ne cessent de senrichir ; Bruxelles veut en finir avec nos paysans, avec nos pêcheurs, avec nos artisans, avec nos commerçants, avec nos entrepreneurs, avec tous ceux qui sont les forces vives de ce pays ! Quels crimes ont donc commis tous ces gens pour mériter un sort aussi cruel ? Cest malheureusement très simple : ils sont honnêtes et courageux, ils aiment leur travail et, plus que tout leur liberté ! Ces vertus entravent les ambitions de quelques puissants qui nont quune obsession : toujours plus pour eux et toujours moins pour les autres ! Je veux être la vigie de nos libertés, des vertus que je chérie, la vigie de notre vieux pays qui a encore tant à dire et ne veux plus se soumettre !
La révolte gronde ! Lheure est venue de rendre la parole aux honnêtes gens, aux oubliés, aux invisibles, lheure est venue découter leurs doléances !
Ce sont dabord les prix indécents de lessence, ces prix qui ne cessent daugmenter, qui étranglent les agriculteurs, les pêcheurs, les artisans mais aussi les familles condamnées à choisir entre la cuve de fioul du chauffage et le réservoir de la voiture. Chaque hausse du carburant rogne encore sur les revenus de ceux qui travaillent, sur le budget de familles qui nont dautres choix que de se serrer la ceinture pour continuer à utiliser leur voiture, véhicules dautant plus indispensable que loffre de transport en commun est insuffisante, que les lignes de chemins de fer secondaires sont peu à peu abandonnées, que la politique du tout TGV sacrifie la majorité de notre territoire.
Il faut cesser de vider nos campagnes de leurs forces vives, de les transformer en désert, en dortoir ou en parc de loisir actifs durant les seules périodes de vacances ! Vivre, étudier et travailler au pays, voilà ce que demandent la plupart de ceux que jai rencontré. Rien de mirobolant, rien de démesuré ou dillégitime, nest-ce pas Et pourtant Combien de sacrifices doivent accepter ceux qui refusent de sexiler ? Combien de jeunes doivent encore sexiler pour espérer trouver un emploi ? Combien dautres jeunes que leurs parents, agriculteurs, pêcheurs, artisans ou commerçants, supplient de choisir dautres voies que les leurs faute de perspectives, davenir, de revenu ?
Ceux qui restent envers et contre tout sont peu à peu abandonnés : cest dabord la petite école du village qui est fermée ; vient ensuite la Poste, la gendarmerie ; le médecin aussi qui, faute de successeur, ferme définitivement son cabinet alors quau même moment les petites structure hospitalières sont démantelées les unes après les autres Il ne reste bientôt quune poignée de commerçants que la multiplication des grandes surfaces achève à petit feu, doucement mais sûrement. Le village se meurt, le dernier bistrot abaisse une dernière fois son rideau, cest la fin
La fin, le désert, la mort : le voilà le bilan de ceux qui vantent la concentration des exploitations agricoles, qui prônent la suppression de la pêche artisanale, qui soumettent les commerçants à une concurrence intenable, qui assaillent les artisans de charges et de taxes. Chaque ferme en moins, chaque bateau sacrifié, chaque commerce qui ferme, chaque artisan sans successeur, cest une école qui ferme faute denfants, un village qui meurt faute de jeunesse, faute davenir ! Sans ses campagnes, la France se vide de sa substance, se prive de ses racines mais aussi de sa sève.
Je veux mettre fin à cette spirale mortelle ! Je veux donner à ceux qui le souhaitent la possibilité de trouver un emploi dans la région où ils ont grandi, la possibilité dexercer le métier dont ils rêvent depuis quils sont gosses, la possibilité de léguer leur savoir- faire à ceux qui ont passionnément exercer tout au long de leur vie le métier quils avaient choisis ! Vivre, étudier, travailler au pays, voilà lespérance que je veux porter et que je défendrai !
De tous les acteurs des ruralités, de tous les travailleurs qui font vivre nos campagnes et nos terroirs, les éleveurs laitiers sont actuellement parmi les plus mal lotis, les plus maltraités. LUnion Européenne, avec la complicité du gouvernement de Nicolas Sarkozy, de son ministre Bruno Le Maire et de la FNSEA, les ont jeté en pâture aux grands groupes industriels. Industriels qui rêvent dexploitations géantes, de bassins laitiers mis en concurrence afin de faire encore un peu plus baisser les prix, industriels, qui dans un avenir proche, sen iront voir en Pologne et en Tchéquie si le lait est moins cher, la main duvre plus facile à ramener à lépoque du servage ! Compétitivité, libre-échange, concentration, contractualisation obligatoire qui nest que le camouflage dune intégration programmée : ces mots repris sans cesse par nos politiques serviles ne sont pas les leurs, ce sont de lOMC et des ultralibéraux de Bruxelles. Marianne Fisher Boel est partie, son uvre néfaste demeure. Eleveurs laitiers, on vous a refusé des prix justes, on a volé le fruit de votre labeur. Vous ruiner ne leur a pas suffi, cest maintenant à votre liberté quils en veulent !
Il ne faut pas harmoniser les DPU comme le demande la Commission Européenne, mais les supprimer durgence ! Le découplage des aides organisé sous la pression de lOMC et des ultra-libéraux est un échec complet puisque tous les pays de lUE se sont empressés de les contourner en les re-couplant dans les secteurs quils entendent soutenir ! Dici à 2014, les aides aux producteurs de lait seront totalement découplées mais ne le seront pas pour les céréales. Le message est clair : le gouvernement Sarkozy estime quil y a encore trop de laitiers dans ce pays et préfère sauvegarder les intérêts des céréaliers. Découpler les aides, cest subventionner le chaos Les seules aides efficaces doivent être couplées à la quantité et à la qualité. Il faut maintenir des quotas, quitte à les assouplir quand la demande le justifie et non les supprimer pour augmenter encore les excédents qui tirent les prix à la baisse et ne font les affaires que des industriels et des spéculateurs des marchés à terme.
Je crois à la richesse de toutes nos agricultures, à la diversification des filières : produits frais, produits destinés à lindustrie, Aoc, filières courtes et, bien entendu, le bio : il y a de place pour tous nos agriculteurs dans ce pays. Plus une ferme en moins ! Il est urgent darrêter la casse et dencourager massivement linstallation des jeunes agriculteurs en les aidant à trouver des exploitations viables, en offrant des prix justes à leur production, en sécurisant leur endettement et en les conseillant correctement !
Eleveurs laitiers, agriculteurs, je vous fais cette promesse : je suis celle qui dit non ! La seule qui refuse de se plier aux diktats des puissants, quils soient financiers, industriels ou technocrates ! Je vous défendrez, je redonnerai un avenir à votre beau métier, je serais la garante de cette liberté que nous aimons tant !
Messieurs les journalistes, notez-le bien : la surprise, la seule que redoute nos élites dans tout ce pays, cest de lOuest quelle surgira ! Une vague bleue marine dune ampleur sans précédent sapprête à déferler ! Un vent mauvais secoue par contre le gréement de nos adversaires qui risquent bien de finir à la côte !
Source http://www.marinelepen2012.fr, le 23 avril 2012
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