Extraits d'un entretien de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, avec RFI le 1er mai 2012, sur la situation politique dans plusieurs pays africains.
Texte intégral
( )Q - Les élections de novembre dernier au Congo-Kinshasa ont-elles été propres ou frauduleuses ?
R - Chaque fois que des interrogations se posaient, la France a toujours émis les réserves nécessaires à la suite des rapports présentés par les observateurs internationaux. Tout ne peut peut-être pas être absolument parfait du jour au lendemain, mais globalement lAfrique est sur la bonne voie démocratique.
Q - Et à partir des observations de lUnion européenne au Congo-Kinshasa, quest-ce que vous en concluez ?
R - Nous avons fait les réserves nécessaires, en particulier sagissant de ce pays.
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Q - Depuis un an, vous dites que vous êtes contre les présidences à vie, vous lavez dit à propos dAbdoulaye Wade et de Blaise Compaoré. Mais êtes-vous certain que le Cameroun ne présente pas un risque de présidence à vie ?
R - Je ne lis pas dans le marc de café. Je pense que le président du Cameroun est quelquun de suffisamment sage pour comprendre que ce qui pouvait peut-être se passer il y a quelques années aujourdhui nest plus accepté par les opinions.
Q - En Côte dIvoire, lan dernier la France sest beaucoup mobilisée pour que le verdict des urnes soit respecté. Mais est-ce que ce nest pas un cas unique ? Est-ce quil ny a pas une exception Alassane Ouattara ?
R - Cest extrêmement porteur pour lavenir de lAfrique toute entière que la communauté internationale se soit mobilisée pour imposer le respect de la volonté populaire des Ivoiriennes et des Ivoiriens.
Q - Que pensez-vous de pays comme le Gabon ou le Togo où il ny a presque plus dopposants à lAssemblée nationale ?
R - Je nai pas constaté que les observateurs internationaux aient déposé des rapports indiquant que les élections législatives, au Gabon par exemple, sétaient déroulées dans des conditions absolument contraires au fonctionnement démocratique.
Q - Mais nest-ce pas inquiétant pour la vie démocratique de ces deux pays ?
R - Dune manière générale, une démocratie fonctionne mieux lorsquelle est sur deux jambes : une majorité et une opposition. Mais je ne pense pas que cela ait vocation à perdurer. Vous savez, cest la même chose qui sest passée en Russie.
Q - La très grave crise au Mali - la plus grave de son histoire -, nest-ce pas la faute à la France qui a aidé à renverser le régime Kadhafi sans prévoir le coup daprès ?
R - Si on regarde ce qui sest passé dans le secteur, après la chute de Mouammar Kadhafi qui était quand même au pouvoir depuis 42 ans sans élections, cest au Mali que les choses ont mal tourné. Je regarde en Mauritanie, je regarde au Niger, je regarde en Algérie. Les choses nont pas été gérées de la même manière et, par conséquent, les inconvénients que vous signalez ne se sont pas produits. Cela veut, donc, dire que la politique était sans doute trop laxiste au niveau du Mali par rapport à la surveillance des frontières exercées par les autorités du Niger, de la Mauritanie et de lAlgérie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 mai 2012
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