Texte intégral
Mesdames, Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
Lorsque le Président de la République ma fait lhonneur de me confier la charge du ministère de la défense, je me suis fait une promesse : celle de conduire ma mission avec un souci constant, celui de la vérité et de la sincérité que jestime devoir aux hommes et aux femmes qui sengagent au service de leur pays ; avec aussi la volonté de respecter leur engagement, qui repose sur les valeurs de disponibilité, de courage, de sens de lEtat et, pour les militaires, desprit de sacrifice.
Alors aujourdhui, au moment où le chef de lEtat, chef des armées, vient de rendre public le nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, qui fixe un cap à nos armées pour les douze ans qui viennent, au moment de vous en exposer les principales conclusions, je souhaite vous inviter à un exercice de vérité et dambition à la fois. Vérité sur une situation difficile, la vôtre, la nôtre, celle de ce ministère. Ambition pour un projet porteur despoir et davenir, si nous savons et pouvons le mener à bien.
Le Président de la République, chef des armées, a donc rendu public le nouveau Livre blanc ce matin, après lavoir approuvé en conseil de défense. Il a remercié la commission et son président, Jean-Marie Guéhenno, et a acté les grandes priorités de notre politique de défense.
Ce sont ces priorités que je veux partager avec vous. Le Président prononcera lui-même un discours important sur la politique de défense le 24 mai prochain.
Jai souhaité vous réunir dès maintenant, alors que de grandes orientations viennent dêtre arrêtées. Dautres rendez-vous viendront, car nous navons pas encore, à ce jour, les réponses à toutes les questions. Et cest bien normal. Ce Livre blanc est une première étape, il fixe un cadre général. Dans trois mois, je vous réunirai à nouveau pour vous présenter la loi de programmation militaire pour les années 2014-2019, qui précédera elle-même le budget 2014.
Notre défense est, à bien des égards, devant une situation difficile, mais nous avons un projet ambitieux, élaboré ces derniers mois avec vos chefs, dans le double souci, qui nous rassemble, des intérêts de la France et de lefficacité de sa défense. Ce projet, je suis fortement déterminé à le réaliser avec vous.
Je voudrais partir de la question simple, essentielle, que nous avons pris le temps de nous poser, le Président de la République et moi-même, il y a maintenant plus dun an : pourquoi un nouveau Livre blanc ? Il faut rappeler ici plusieurs éléments de contexte.
Nous savons tous que la loi de programmation militaire 2009-2014, qui avait été conçue avant la crise, je dirais même les crises, qui se sont succédées depuis lété 2008 jusquà celle de la dette européenne, cette programmation, donc, nétait plus soutenable. Je rappelle que lendettement de notre pays pose en lui-même un grave problème de souveraineté : il y va de notre indépendance.
En prenant mes fonctions, jai trouvé un ministère dans une situation financière critique. En juillet 2012, la Cour des comptes elle-même a relevé un écart dau moins 3 milliards deuros entre les prévisions et les réalisations. Cet écart ne pouvait que saccroître encore de façon vertigineuse, si de nouvelles orientations nétaient pas prises.
Ce nest pas, hélas, la seule illustration de cette situation. Le report de charges du ministère, cest-à-dire le montant des factures que nous ne sommes pas en mesure dhonorer en fin dannée, ce report de charge sélève à plus de 3 milliards. Chacun sait par ailleurs que les coûts dentretien des matériels ont explosé ces dernières années. Or, leur dotation financière était insuffisante en programmation, ce qui affecte lactivité opérationnelle. Je veux sortir du déni de réalité et vous dire par exemple que les annuités dinvestissement prévues par le modèle 2008 étaient irréalistes, parce que 40% supérieures aux capacités de financement réelles.
Donc, le modèle darmée de 2008, sans doute trop optimiste, mis en oeuvre avant les crises, était donc devenu clairement inatteignable, au plan financier. Cela était aussi vrai au plan opérationnel. Jobserve à cet égard, que les plus hauts responsables militaires ont souligné dès le début de lannée 2011 je sais que lamiral Guillaud, qui a toute ma confiance, ne me contredira pas que les contrats opérationnels prévus dans le précédent Livre blanc et la loi de programmation en vigueur étaient déjà, en pratique, inaccessibles.
Le constat est aussi alarmant sur le plan de lorganisation. Je ne connais pas de ministère qui ait connu autant de réformes depuis 1997, avec des réussites bien sûr, mais aussi avec des échecs. Il est vrai que la révision générale des politiques publiques, la RGPP, a donné lieu pour sa part à des réformes appliquées de façon souvent trop brutales, surtout, à mon sens, sans validation préalable des améliorations à en attendre effectivement dans le fonctionnement de tous les jours. Je pense, notamment, à la mise en place des bases de défense, qui a généré des difficultés parfois considérables dans la vie quotidienne des forces ; je pense aussi au système des soldes, pourtant élémentaire, faut-il le redire, dans un ministère chargé des armées. Et vous savez que cette situation inadmissible ma conduit à prendre en main personnellement ce dossier.
Cet ensemble de difficultés justifiait à lui seul une remise à plat. Voilà pour le premier constat.
Au-delà, il fallait tirer les conséquences des bouleversements importants intervenus depuis 2008 dans notre environnement, bouleversements qui sont pour certains économiques, et pour dautres dordre géopolitique et géostratégique.
Il y a dabord eu les crises économiques et financières, qui ont particulièrement frappé le monde occidental, à plusieurs reprises, comme le montre la situation de plusieurs de nos partenaires européens et même des Etats-Unis. Cette situation, rare par sa gravité, nous plonge dans une crise qui na que peu de précédents, où le modèle économique des pays occidentaux est remis en cause, où leur poids relatif dans léquilibre des puissances est affaibli. Il sagit là dune donnée nouvelle, qui peut toucher le coeur même de la souveraineté des Etats, avec une pression de la dette publique qui atteint des niveaux inconnus jusque-là. Une pression qui a dailleurs conduit la quasi-totalité des grands Etats occidentaux à réduire leurs dépenses militaires, vous le savez bien. Il fallait en prendre acte et cest aussi la démarche de ce nouveau Livre blanc.
Mais les bouleversements ont aussi été dun autre ordre, modifiant en peu de temps mais en profondeur notre environnement géopolitique et géostratégique : je pense à la modification de la politique étrangère américaine, avec la fin des guerres en Irak et en Afghanistan, et le rééquilibrage vers lAsie ; je pense aux révolutions arabes, qui ont fait naître des espoirs mais qui aujourdhui font redouter des situations dinstabilité grave, comme on le constate chaque jour en Syrie ; je pense aussi aux nouveaux développements du terrorisme international, et notamment aux tentatives de prise de contrôle de la bande sahélienne par des groupes se réclamant dAl Qaida.
Sur ces bouleversements et sur les risques futurs pour la sécurité de la France, le Livre blanc de 2013 présente une vision clarifiée et renouvelée, en distinguant trois catégories de dangers : les menaces de la force, les risques de la faiblesse, et limpact de la mondialisation.
Les menaces dites de la force recouvrent les possibilités de résurgence de conflits entre Etats pouvant toucher la sécurité de lEurope, la prolifération nucléaire, balistique ou chimique, ou encore le développement des capacités informatiques offensives de certaines puissances.
Les risques de la faiblesse, quant à eux, rassemblent les conséquences négatives pour la stabilité et la sécurité internationale de la défaillance de certains Etats à exercer les fonctions de base de la souveraineté, favorisant ainsi le terrorisme, les trafics ou les atteintes à nos voies dapprovisionnement par exemple.
La mondialisation, enfin, intensifie la puissance dun certain nombre de menaces : prolifération; terrorisme dinspiration djihadiste ; attaques dans le cyberespace ; ou encore agressions dans lespace extra-atmosphérique.
Ce bref tableau suffit à montrer, comme le Président de la République le relevait dans son intervention télévisée le 28 mars dernier, que les risques et les menaces qui pèsent sur la France et lEurope sont loin davoir diminué depuis 2008.
Dans ce contexte sombre, et en dépit des difficultés de gestion croissantes dont jai parlé il y a un instant, nos armées font tous les jours la preuve de leur valeur, de leur efficacité comme de leur capacité dadaptation aux engagements qui leur sont demandés. Je veux le souligner.
Depuis ma prise de fonctions, le 17 mai dernier, jai moi-même pu vérifier régulièrement, sur le terrain, -et je poursuivrai dans cette voie-, limmense qualité de nos forces et le professionnalisme, le dévouement, le courage, des hommes et des femmes qui les composent.
Je pense à nos moyens aéroterrestres déployés en Afghanistan ou au Mali, où je me trouvais encore il y a 48 heures. Je pense à nos capacités navales et aéronavales, capables de rivaliser avec les meilleures, comme je lai constaté lors de lexercice franco-britannique Corsica Lion. Je pense encore à la crédibilité de notre force de dissuasion, sous la mer ou dans les airs.
Il est clair, et jen ai conscience avec vous, que ces réussites opérationnelles sont le fruit de la formation, de lentraînement et dun niveau dactivités qui doivent être ceux dune armée professionnelle comme celle de la France. Tout cela implique aussi des investissements, un haut niveau technique et une volonté douverture internationale. Cela repose également sur lexistence dune industrie de haute technologie autant que compétitive, capable de fournir à nos armées une bonne partie des moyens dont elles ont besoin pour remplir leurs missions.
A côté de la situation critique sur le plan de la gestion et du financement, nous avons donc une défense dont nous pouvons être fiers, qui est reconnue à travers le monde pour ses qualités opérationnelles, technologiques et humaines.
Tout le défi pour le Président de la République, le Gouvernement et moi-même, est bien là. Comment maintenir et adapter cet outil remarquable, devant des menaces qui ne vont pas baisser, dans un contexte économique et financier qui exerce une contrainte sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ?
A cette question, le Livre blanc apporte des premières réponses fortes. Cest un Livre blanc dajustement au réel de notre programmation et de maintien de nos ambitions pour lavenir. Compte-tenu de la situation que je viens de rappeler, une remise à plat simposait, un retour au réalisme, à la cohérence et à la sincérité entre les prévisions, les objectifs et les moyens qui composent ensemble notre politique de défense.
Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale nous permet précisément de conjuguer ces deux impératifs de souveraineté : la sauvegarde dune défense à même de garantir la sécurité de la France et ses responsabilités dans le monde ; et le redressement de nos finances publiques, dont la dégradation et la fragilité actuelle sont un autre enjeu de souveraineté pour la France.
Le Président de la République a décidé de concilier le respect de ces deux impératifs, à partir de quatre orientations majeures.
Premièrement, le maintien dans le temps de leffort consacré par la Nation à sa défense, en dépit de la contrainte financière considérable qui sexerce sur le budget de lEtat.
Comme la indiqué le Président de la République, la France ne baissera pas la garde. Le modèle darmée que nous portons pour la période qui nous sépare de 2025 garde un haut niveau dambition, fondé sur la mobilisation dun total de 364 milliards deuros. Pour ce qui est de la loi de programmation militaire, nous avons convenu dun montant de 179,2 milliards en euros constants pour 2014-2019. Notre entrée en programmation est fixé à 31,4 milliards, soit le même niveau quen 2012 et 2013 ; il nous appartiendra de préserver cette stabilité financière, réaffirmée avec force ce matin même par le Président de la République.
Cette stabilité même exigera des efforts importants, mais la France restera le deuxième budget militaire de lUnion européenne. Elle consacrera à sa défense, en moyenne, 1,76% du PIB, en normes OTAN, dici 2020.
Pour certains, ce niveau apparaîtra comparativement faible, puisque la part de la défense dans le PIB cette année, selon les mêmes critères, est de 1,9%. Pour dautres, il sera jugé encore trop élevé au regard des sacrifices consentis dans plusieurs domaines de laction publique. En ce qui me concerne, jy vois un effort équilibré, adapté à la situation de nos finances publiques et aux besoins du nouveau modèle que nous venons de décider. Au total, cest à ce prix que peuvent être maintenues lautonomie stratégique de la France et sa capacité à assumer ses responsabilités internationales.
Deuxièmement, ladoption dun modèle darmées efficient, reposant sur une stratégie militaire renouvelée. Je vais bien évidemment my arrêter un instant, car cest pour moi le coeur du Livre blanc 2013.
Ce Livre blanc dessine une stratégie générale caractérisée par une articulation nouvelle de trois missions fondamentales : la protection de la France et des Français, la dissuasion nucléaire, lintervention extérieure. Cest une définition, je crois, simple et claire de nos priorités.
La protection du territoire et de la population reste première dans notre stratégie, mais ne saurait être assurée sans la capacité de dissuasion et dintervention.
La dissuasion constitue quant à elle la garantie ultime contre les agressions ou menaces dagression dorigine étatique qui cibleraient nos intérêts vitaux et que nous ne pouvons exclure, pour lavenir prévisible. Elle permet notamment décarter tout chantage qui voudrait paralyser la liberté dappréciation, de décision et daction de la France.
Lintervention des forces à lextérieur du territoire national, enfin, confère à la sécurité de la France la profondeur stratégique qui lui est indispensable, bien au-delà de son territoire. Elle conforte par là-même la crédibilité de la dissuasion et assure la protection de nos intérêts de sécurité dans le monde.
Sur cette base, le Livre blanc prévoit une convergence accrue entre les fonctions stratégiques identifiées en 2008, quil conforte et amplifie, marquant ainsi la continuité de notre politique de défense.
Aussi, pour assurer les trois missions que je viens dévoquer, nous avons retenu quatre principes pour définir les contrats opérationnels et le modèle darmée qui découlent de cette stratégie: lautonomie stratégique, la cohérence, la différenciation des forces, enfin la mutualisation des moyens.
Le principe dautonomie stratégique vient en premier. Le Président de la République la déjà indiqué, il sagit pour la France de disposer à tout moment de sa liberté dappréciation, de décision et daction, et dêtre en mesure de prendre linitiative dopérations quelle estimerait nécessaires pour ses intérêts de sécurité. Il sagit aussi, lorsque nous engageons nos forces dans le cadre dalliances ou de coalitions, de pouvoir y assumer, en toute souveraineté, un rôle conforme à nos objectifs politiques.
Le deuxième principe est celui de la cohérence du modèle avec la diversité des missions dans lesquelles la France est susceptible dengager ses armées. Le spectre des missions est large, depuis la protection du territoire jusquaux opérations majeures de coercition, en passant par toute la gamme de la gestion des crises. Les assumer toutes est indispensable dans un monde caractérisé par limprévisibilité des atteintes à la sécurité nationale et internationale.
La différenciation est le troisième principe. Il consiste à équiper et entraîner prioritairement les différentes forces en fonction des exigences propres à leur mission. La différenciation se traduira notamment par lexistence de moyens lourds, médians et légers au sein de chaque armée. Il sagit aussi dappliquer un principe de réalité, en ne finançant les capacités les plus onéreuses que là où elles sont indispensables. Je ne suis pas dans le tout technologique. Je veux un bon matériel, au bon moment, avec des soldats bien entraînés pour leur mission, et non pas exclusivement des merveilles technologiques, échantillonnesques et coûteuses, que lon mettrait sous cocon faute de crédits et dentraînement.
Le quatrième principe est la mutualisation, qui conditionne aussi la possibilité dune armée efficiente. Il sagira, lorsque cela apparaît nécessaire, daffecter un noyau de capacités polyvalentes et rares à plusieurs missions, dencourager le partage de certaines capacités entre pays européens comme le ravitaillement en vol, ou de mettre les mêmes plateformes techniques à la disposition de plusieurs services de renseignement.
Jobserve que ces quatre grands principes traduisent un changement dorientation important par rapport aux décisions prises depuis 1996 pour notre appareil militaire. Le Livre blanc de 2008 retenait dailleurs un principe de polyvalence des forces, qui devaient toutes être capables de sengager dans lensemble des missions et toutes être également modernisées. Le Livre blanc de 2013 tire les conséquences des nouveaux défis de la diversité qui se posent à nous et organise nos forces avec efficience pour chaque type de mission. Cette orientation doit notamment nous permettre déviter de sacrifier excessivement les ressources humaines ou les volumes de moyens nécessaires à laction, pour prix dune modernisation technologique tous azimuts qui ne serait pas atteignable. Elle préserve lavenir et les possibilités daccroissement de moyens en cas de nécessité.
Sur la base de ces quatre principes, le Livre blanc définit dune part les principaux contrats opérationnels de nos armées, dautre part le modèle darmées lui-même.
Les nouveaux contrats opérationnels distinguent les missions permanentes et non permanentes dune façon que je vous résume rapidement.
Les forces armées devront être aptes à poursuivre en permanence la mission de dissuasion, reposant sur deux composantes, toutes les deux confortées par le programme de simulation.
La protection permanente du territoire et de la population impliquera des moyens pour la surveillance des approches aériennes et maritimes, dune part, pour lintervention sur le territoire national dautre part ; les forces terrestres devront pouvoir fournir jusqu'à 10 000 hommes en renfort des forces de sécurité intérieure et de sécurité civile.
Pour les missions, cette fois non-permanentes, de stabilisation et de gestion des crises internationales, les armées devront pouvoir engager jusquà 7 000 hommes au total, relevables, répartis sur trois théâtres extérieurs, ainsi que des unités navales dont un groupe Bâtiment de Projection et de Commandement (BPC) et une douzaine d'avions de combat.
Pour les opérations de guerre et de coercition dimportance majeure, nos armées conserveront la capacité dentrée en premier dans les trois milieux, terrestre, naval et aérien, et pourront projeter des forces spéciales significatives, jusqu'à deux brigades interarmes représentant environ 15 000 hommes des forces terrestres, 45 avions de combat et un groupe aéronaval.
Cest une définition souple et exigeante des contrats opérationnels, plus réaliste aussi que celle du précédent Livre blanc. Elle distingue pour la première fois des objectifs, qualitatifs et quantitatifs, adaptés à chaque type dintervention de nos armées.
Le nouveau modèle d'armée qui permettra la génération de telles forces s'appuie d'abord sur un ensemble de capacités de haut niveau susceptibles d'assurer nos moyens de commandement, de planification et de décision. Sur ce plan, jai tenu à ce que les armées françaises conservent la capacité de mettre sur pied des commandements de composantes terrestres, maritimes et aériennes d'un niveau de corps d'armée ou équivalent.
Les capacités de renseignement, ce nest pas une surprise pour qui a suivi les déclarations du Président de la République ou les miennes depuis un an, seront développées de façon prioritaire, avec un effort accru de modernisation des ressources humaines, de renforcement de nos moyens techniques d'imagerie et d'interception électromagnétique, dorigine spatiale, aérienne, navale et terrestre.
Le modèle d'armée inclut pour la première fois des capacités de cyberdéfense militaires, en relation étroite avec le renseignement et la planification défensive et offensive, préparant ou accompagnant les opérations.
Les forces spéciales seront renforcées dans leurs effectifs, leur commandement, leur articulation avec les services.
Les forces terrestres reposeront sur une Force Opérationnelle Terrestre de l'ordre de 66 000 hommes projetables, comportant sept brigades interarmes : deux brigades aptes au combat de coercition, trois brigades multi rôles, deux brigades légères. Le général Ract-Madoux est chargé de mettre en oeuvre cette nouvelle organisation des forces terrestres, quil a fortement soutenue.
Les forces navales reposeront sur la FOST, avec ses 4 SNLE, des capacités de combat de premier plan pour les opérations de haute intensité et de gestion des crises majeures, des unités de combat moins puissantes pour assurer la présence en mer dans des contextes moins exigeants et des unités plus légères aptes au contrôle des espaces maritimes. Cet ensemble, amiral Rogel, comprendra donc en particulier le porte-avions, 6 SNA, 3 bâtiments de projection et de commandement, 15 frégates de premier rang, 6 frégates de surveillance et une quinzaine de patrouilleurs.
Les forces aériennes disposeront de 225 avions de chasse - air et marine -, d'une cinquantaine d'avions de transport tactique, d'une douzaine d'avions ravitailleurs multi rôles, de 12 drones de surveillance de théâtre, ces deux dernières capacités étant attendues depuis trop longtemps. Outre la mission permanente de dissuasion, elles seront organisées, comme la souhaité le général Mercier, en un modèle réparti entre des capacités dentrée en premier en opération, de frappe de précision dans la profondeur et d'appui de la manoeuvre terrestre, des capacités de gestion de crise ou de protection de l'espace aérien national, des capacités de transport et des capacités de surveillance et de renseignement dans les zones de crise ou d'engagement.
Ce modèle prévoit par ailleurs toute leur place pour les organismes interarmées qui conditionnent lefficacité de nos unités sur le territoire et les théâtres dopérations extérieures. Parmi eux, le Service de Santé des Armées joue un rôle essentiel pour le soutien des soldats comme pour notre capacité de répondre à des risques majeurs. Son rôle sera consolidé par une réforme ambitieuse.
Le modèle intègre enfin, comme une composante à part entière, une réserve confortée et modernisée, dans son double volet opérationnel, pour les trois armées et la gendarmerie, et citoyen.
Un tel modèle est cohérent avec les engagements futurs tels que les décrit le Livre blanc. Certains nous accuseront sans doute de procéder sans raison valable à des révisions à la baisse. A ceux-là, je réponds que la qualité de ces moyens et leur volume ont été jugés suffisants pour les menaces les plus probables dans les douze années à venir. Cest un principe de sincérité et de réalisme qui nous a guidés. Jajoute quil comporte des inflexions nouvelles qui le rendent particulièrement adapté aux menaces à venir.
A linverse, dautres nous accuseront dimmobilisme et de ne procéder à aucune rupture majeure par rapport au modèle existant. A ceux-là, je réponds que nous avons effectivement étudié des modèles qui auraient conduit à des ruptures importantes, dans chaque secteur, terrestre, naval ou aérien, ou même dans les trois. Il y a eu, cest vrai, des tentations radicales ; je my suis opposé fermement. Ces modèles-là, nous les avons définitivement écartés, dès lors que le Président de la République choisissait de maintenir notre effort de défense à un niveau significatif, grâce à la stabilité financière quil a rappelée aujourdhui, dans le souci de préserver la capacité de la France à faire face à la diversité des situations possibles.
La viabilité de ce modèle nécessite la prise en compte dun impératif industriel, et cest ici la troisième grande orientation arrêtée par le Président.
Le choix a été fait de préserver lessentiel des secteurs industriels critiques, qui font de notre base industrielle et technologique un instrument de la souveraineté et de lautonomie stratégique de la France.
Avec 4000 entreprises, près de 15 milliards deuros de chiffre daffaires, une capacité dexportation dynamique et un emploi industriel concernant environ 165 000 personnes, dont une grande part hautement qualifiés, lindustrie de défense est aussi un acteur clé pour la compétitivité de léconomie française et pour lemploi. Elle est enfin et doit rester un acteur du développement de nos régions.
Pour toutes ces raisons, le Président de la République a décidé le maintien dun volume significatif de crédits publics pour léquipement de nos forces à lhorizon 2025. Nous avons également intégré dans ce modèle une priorité continue, sur toute la période du Livre blanc, en faveur des études amont et de la recherche : elles seront maintenues au niveau atteint en 2013.
Certes, la modernisation de nos équipements, dont beaucoup sont, je le sais, vieillissants, se fera à un rythme plus lent que ce qui était prévu en 2008. Mais, tant le niveau de ressources choisi que les principes directeurs du modèle darmées que jai énoncés, nous permettront dassurer progressivement le renouvellement de toutes les capacités critiques indispensables à nos armées. Ce cheminement devra respecter les priorités clairement retenues par le Président, en faveur des capacités de dissuasion, de renseignement et de projection de puissance.
En préservant le tissu industriel, nous préservons notre autonomie stratégique et du même coup notre capacité à dynamiser léconomie française. Cest pourquoi, également, jengagerai moi-même une politique résolue de soutien à lexportation de défense, en recherchant des partenariats, spécialement avec les pays désireux de nouer des relations stratégiques avec la France. Cest pourquoi, aussi, nous entreprenons activement la préparation du Conseil européen de la fin de cette année, qui comportera un volet ambitieux en matière dindustrie européenne de défense.
La France doit en effet tirer le meilleur parti, pour sa défense, de la construction européenne et de son insertion au sein dalliances. Cest la quatrième orientation.
Le Livre blanc de 2013 souligne lengagement historique de la France avec ses partenaires européens dans une communauté de destin. La construction européenne est donc un axe important de notre stratégie, jy consacre pour ma part beaucoup dénergie depuis des mois. Cest un enjeu fort pour les opérations, comme on le voit avec le Mali et la mission EUTM. De même dans les capacités à mettre en commun, comme je lai dit à propos du principe de mutualisation, et comme nous entendons le faire dans le domaine du ravitaillement en vol, du transport aérien, de laéronavale, des drones ou de lespace. Il y a là des champs importants de coopérations futures. Enfin, dans le rapprochement de nos industries qui doit impérativement connaître un nouvel élan dans les années à venir.
La démarche franco-britannique, initiée par les traités de Lancaster House de novembre 2010, est un excellent exemple, que dautres suivront je lespère. Je lai prolongée par les accords conclus dès juillet dernier dans le domaine des drones de combat futurs et dans celui des drones tactiques, ou encore par linclusion, toute nouvelle, du missile anti-navire-léger dans notre programmation, pour accélérer lintégration de nos industries missilières. Nous avons tout à gagner des interdépendances librement consenties.
Comme vous le voyez, il ne sagit pas de rechercher je ne sais quelle relance idéologique de lEurope de la défense, mais au contraire de proposer à nos partenaires de lUnion européenne une démarche pragmatique, fondée à la fois sur des projets concrets, une démarche politique et un souci doptimisation de la gestion de nos ressources.
Cet engagement et cette recherche dintérêts partagés entre Européens vont de pair avec un engagement plein et, je dois le dire, sans complexe de la France dans les structures militaires de lOrganisation atlantique.
LAlliance atlantique est une composante essentielle de la stratégie de défense et de sécurité nationale. Cette affirmation est conforme aux conclusions de la mission confiée à M. Védrine par le Président de la République, déjà rendues publiques. Le Livre blanc de 2013 est le premier qui tire toutes les conséquences de cette pleine participation de la France à lOTAN. Elle entend y jouer un rôle actif, par les responsabilités quelle assumera à tous les niveaux du commandement militaire, comme par sa contribution aux opérations, à la planification, à la doctrine, comme enfin par la vision quelle entend promouvoir du rôle de cette alliance militaire.
Jajoute que notre volonté de développer une véritable stratégie de défense et de sécurité nationale, et de maintenir à cette fin un effort de défense significatif dans les années à venir, nous permet et nous impose de conserver au sein de lAlliance atlantique notre identité et notre autonomie. Cette vision de lAlliance est articulée avec le projet que nous souhaitons faire partager pour lEurope. Ces deux engagements sont étroitement complémentaires dans notre stratégie.
Dans le contexte critique que jai rappelé tout à lheure, où nos marges de manoeuvre entre ce que nous devons et ce que nous pouvons faire se tendent, le modèle darmée qui se dégage des grandes orientations données par le Président de la République est le plus équilibré possible. En disant cela, je ne me dissimule pas, et je ne vous cache pas, quil sagit dun modèle exigeant, difficile. Cest pourquoi je souhaite, avec lucidité, -cest ma marque de fabrique-, évoquer les épreuves que nous pouvons rencontrer dans sa réalisation.
Dabord la contrainte financière. Elle appelle un effort considérable dajustement par rapport à la tendance sur laquelle le ministère de la Défense était lancé depuis plusieurs années.
La reconduction en valeur, pendant plusieurs années, de nos ressources globales de 2013, sans diminution, est une orientation forte prise par le Président de la République. Mais elle impliquera des mesures importantes de réduction des coûts et du fonctionnement du ministère, alors que, dans nombre de domaines, ces coûts sont tendanciellement à la hausse, à structure inchangée. En outre, comme depuis 2009, lorigine dune partie de nos ressources sera extrabudgétaire. Je nignore pas que ce sera un défi de réussir leur mise en place et leur cadencement à temps, au bénéfice de la défense. Sur ce point, ma détermination est totale : les objectifs de recettes devront être atteints. Nul doute que le Parlement examinera avec attention ce volet de la future loi de programmation militaire.
Par ailleurs, les objectifs opérationnels devront être revus à la baisse par rapport à 2008 mais il convient ici de se rappeler que les précédents étaient devenus inaccessibles et que les capacités prévues répondent à lanalyse des risques.
Sagissant de lactivité opérationnelle, proprement dite, le modèle financier retenu prévoit une hausse des crédits bénéficiant à lactivité et lentraînement, en termes réels, sur toute la période. Dès mon arrivée, jai insisté sur la nécessité de conserver ces capacités dentraînement, dont nous pouvons constater tous les jours les résultats sur le terrain, par exemple au Mali. Je lance donc un examen détaillé des moyens qui nous permettront de maintenir lactivité opérationnelle à un niveau compatible, pour toutes les forces, avec les exigences dune armée professionnelle. Je suivrai cette évolution personnellement.
En troisième lieu, la politique dacquisition des équipements sera revue. Les cibles de nos parcs doivent encore être définies avec précision. Ce sera la tâche de la nouvelle loi de programmation. Mais le niveau et le rythme des livraisons seront ralentis par rapport aux prévisions, ce qui nous contraindra, même si lensemble des programmes sont préservés, à des négociations complexes avec les entreprises et certains de nos partenaires européens : je sais pouvoir compter sur Laurent Collet-Billon pour les mener. Dans chaque domaine, jai veillé à éviter toute décision de rupture.
Pour les mêmes raisons, certaines capacités devront sappuyer, plus longtemps que prévu, sur des équipements anciens mais efficaces. Cette situation dattente ne se résorbera quau fur et à mesure de la remontée en puissance de nos capacités de financement. Avec lamiral Guillaud et les chefs détat-major, nous assumons cette prise de risque, inhérente au modèle choisi, car nous nous organisons pour préserver lessentiel, en combinant le maintien de la quasi-totalité des programmes de modernisation et la mise en oeuvre du principe de différenciation des forces.
En quatrième lieu, et ce nest pas le moindre de nos efforts, le format des forces et du ministère dans son ensemble est revu. Chacun ici sy attendait. Mais nous avons décidé, cest un choix important et qui nétait pas acquis à lavance, de toucher le moins possible le format des forces opérationnelles.
Le modèle retenu suppose que la contraction des effectifs se poursuive. Elle sera cependant sensiblement moins importante que celle décidée en 2009, avec la suppression de 55 000 postes sur la période 2009-2015. La prise en compte des nouveaux contrats opérationnels approuvés par le Président, limpératif de la réduction de la dépense publique et celui de la rationalisation de ladministration, ont conduit, ensemble, à définir sur la durée une nouvelle réduction denviron 24 000 postes. Cette diminution affectera le moins possible les unités opérationnelles et portera en majorité tant sur les services que sur les administrations. Il sagit là dun mouvement conséquent, dautant quil vient sajouter à plusieurs années de réformes et de déflations, mais je redis quil sera singulièrement moins important que leffort demandé en 2009.
En cinquième lieu, ce modèle implique, par voie de conséquence, de prolonger le mouvement de restructurations déjà engagé par lactuelle loi de programmation. Je suis bien placé par mes fonctions antérieures pour connaître limpact que de telles décisions peuvent avoir sur les personnes touchées, sur les territoires, sur les collectivités. Il faudra les accompagner, en prenant toujours la mesure des situations concrètes. Nous devons préserver au maximum les liens essentiels qui unissent les armées à nos territoires, et leur implication dans la vie locale du pays.
Ces objectifs impliquent enfin de nouvelles réformes du ministère. Celles-ci concerneront sa gouvernance et les grandes fonctions de ladministration et des services : ressources humaines, finances, soutien en particulier. Jean-Paul Bodin et le général de Villiers travaillent déjà conjointement et avec beaucoup de pertinence sur ces projets. Il sagit pour moi de répondre à deux objectifs.
Dabord, corriger les effets dévolutions récentes parfois trop brutales, trop précipitées, de lorganisation et de la gestion du ministère. Elles ont conduit à une moindre efficacité de son action. Ladministration du ministère a un devoir defficacité et dadaptation, compte-tenu de la mission difficile et essentielle qui lui est confiée.
Ensuite, optimiser la dépense, rechercher toutes les sources de productivité sur ce quon a lhabitude dappeler « le socle » du ministère. Cette démarche est, à mes yeux, indispensable pour respecter la priorité que nous entendons accorder aux forces opérationnelles. Vous remarquerez sûrement que nous navons pas encore déterminé les formats globaux du ministère et des armées. Ce sera la tâche de la loi de programmation, une fois prises lensemble des décisions nécessaires.
Je nignore pas le poids et le prix de ces efforts, bien au contraire. Jentends conduire le changement avec détermination, mais aussi avec discernement. Je prendrai le temps quil faudra.
Dans la même perspective, je demanderai que soient inscrites dans la loi de programmation militaire les mesures daccompagnement social et économique qui simposent, pour réaliser effectivement les restructurations nécessaires. Je sais que, sans ces mesures, nous ne pourrons mener à bien le projet que je vous ai exposé.
Jagirai donc dans un triple souci. Celui du respect des droits individuels. Celui de léquilibre à trouver entre les exigences du service et la garantie de justes compensations, parce que je sais les obligations qui simposent aux personnels civils et militaires du ministère. Le souci, enfin, de la recherche de léquité entre des personnels relevant des différents statuts, mais appartenant tous à la même communauté de la défense.
Si ce modèle darmée est donc, à bien des égards, un modèle en situation de crise, qui nous permet de faire face à la situation critique de nos finances publiques et singulièrement celles de la défense, il nen reste pas moins un modèle qui permet de préserver lessentiel pour le pays. Plus encore, nous avons souhaité ouvrir lhorizon, en rapprochant notre défense des grands défis de sécurité qui sont devant nous. Au contraire dun modèle durgence ou bien de pure attente, cest un modèle davenir et de long terme.
Ce Livre blanc dessine dabord avec netteté, en la clarifiant et en la renouvelant, la vision de la France sur un monde en pleine évolution. Jattire particulièrement votre attention sur ses développements concernant lAfrique, lenvironnement de lEurope et lAsie.
Notre présence en Afrique repose sur lespoir que dessine le formidable potentiel de croissance du continent, en même temps que sur la prise en compte des défis de sécurité qui sy posent. Comme la indiqué le Président de la République à Dakar en octobre dernier, nos implantations militaires doivent devenir autant dinstruments de coopération, mais aussi le point dappui de capacités flexibles et réactives au service des vrais besoins de sécurité du continent.
Le Livre blanc fait de la stabilisation de lespace situé au voisinage de lEurope, sur ses marches orientales et méridionales, une priorité géostratégique. Je souhaite quil en résulte une approche commune et équilibrée, partagée par tous les membres de lUnion européenne, de leurs intérêts de sécurité.
LAsie, quant à elle, se trouve clairement au croisement denjeux stratégiques, pour toute lEurope. Elle appelle donc de notre part une politique de présence et un engagement fort auprès de grands partenaires stratégiques, comme lInde, et des pays émergents.
Au-delà, le Livre blanc de 2013 prend en compte des dimensions nouvelles de notre stratégie de défense et de sécurité nationale. Je voudrais, là encore, en citer trois : le cyberespace, la sécurité maritime, et le durcissement des capacités auxquelles nos forces sont confrontées dans les zones de crise.
La cyberdéfense est une nouvelle donne stratégique à laquelle le Livre blanc accorde une place majeure. Linterconnexion des systèmes dinformation a créé dans notre société des vulnérabilités nouvelles, qui nont pas été accompagnées dun effort simultané de protection. Or lhypothèse dattaques informatiques majeures sest renforcée depuis 2008, et le cyberespace est devenu un champ de confrontations à part entière. Lenjeu nest plus seulement le risque de déni daccès ou de pénétration des réseaux à des fins despionnage, réalités déjà considérables et avérées ; ce qui est en cause désormais, cest la capacité de prise de contrôle à distance ou même de destruction dinfrastructures vitales pour notre pays, reposant sur des réseaux numérisés.
En la matière, le Livre blanc sengage dans la voie dune politique ambitieuse pour identifier lorigine des attaques et pour mettre en place une capacité robuste et résiliente de défense et de riposte adaptées. Y compris des capacités informatiques offensives, associées à une capacité de renseignement. Cest bien un champ stratégique nouveau qui sest ouvert pour la défense, avec plusieurs axes deffort. Jen citerai quelques-uns, en me référant, notamment, à laction du SGDSN : accroissement des moyens humains, renforcement de la sécurité des systèmes dinformation de lEtat, développement des compétences scientifiques, technologiques et industrielles, mise en place de capacités de cyberdéfense militaire, défensive et offensive, mise en place dune chaîne opérationnelle centralisée à partir du CPCO, création de réserves opérationnelles et citoyennes. La tâche, on le voit, est urgente et considérable !
Dans un autre domaine, la sécurité maritime sest affirmée comme un enjeu dimportance croissante depuis 2008. Il concerne les routes maritimes qui supportent des voies dapprovisionnement stratégiques pour lEurope. Il concerne la préservation des ressources naturelles et halieutiques, mais également la protection de nos territoires outre-mer et laffirmation de notre souveraineté nationale dans nos zones économiques exclusives. A ce titre, il implique donc des efforts pour maintenir des moyens à la mer et permettre la sécurisation de ces espaces. Il appelle enfin une réactivité de tout lappareil dEtat, associant lIntérieur, la Défense, les Outre-Mer et les Finances.
Troisième dimension militaire nouvelle, le Livre blanc de 2013 prend acte du durcissement croissant des menaces auxquelles nos forces doivent faire face dans les zones où elles sont engagées en gestion de crise. Cette tendance va jusquà une forme d « hybridation » de ces menaces, lorsque des adversaires irréguliers, par exemple mafieux ou fanatisés, font appel à des moyens et technologies relativement sophistiqués, qui sapparentent en fait à des moyens étatiques. Il faut prendre en compte ce durcissement dans notre stratégie militaire. Cest la raison pour laquelle le Livre blanc développe une analyse précise et une doctrine adaptée aux nouveaux conflits.
Jen viens au renseignement. Si ce nest plus une dimension nouvelle, cela reste un champ stratégique davenir : à travers ce Livre blanc, le Gouvernement confirme et amplifie la priorité qui lui est accordée dans notre stratégie de défense et de sécurité nationale, quil sagisse du renseignement humain ou technique.
Le renseignement est en effet lune des clés de lautonomie stratégique et de lefficacité opérationnelle. Il apporte un concours indispensable à nos capacités de protection, de dissuasion et dintervention. Je le constate lors de chacun de mes déplacements sur les lieux de crise. Cest pourquoi, la France poursuivra les efforts quelle a entrepris, pour acquérir les capacités de recueil et dexploitation dont nous avons besoin pour notre autonomie dappréciation, pour la planification militaire, pour le ciblage, pour laction de nos forces spéciales, comme pour celle de nos moyens militaires conventionnels et nucléaires.
En parallèle, le Livre blanc met laccent sur la mutualisation des moyens techniques. Ce principe concerne aussi bien les moyens gérés au plan interministériel que les moyens mis à la disposition des différents services de la défense, la DGSE je tiens à saluer son nouveau directeur général, Bernard Bajolet, qui prend ses fonctions aujourdhui , mais aussi la DRM et la DPSD, conduites avec talent par le général Bolelli et le général Bosser. Plusieurs programmes, trop longtemps retardés, sont désormais acquis et amplifiés, quil sagisse des satellites dobservation, des satellites découte, des moyens embarqués sur les plateformes aériennes, des drones de théâtre et des drones tactiques, ou des avions légers de surveillance et dobservation avec leurs capteurs.
En contrepartie de cet effort conséquent, le Président de la République a décidé de renforcer le contrôle et la gouvernance des services de renseignement. Le Livre blanc conforte la place du coordonnateur national, créé en 2008, je men réjouis. Il prévoit laccroissement du rôle du Parlement, en dotant la délégation parlementaire au renseignement de compétences nouvelles, par exemple la capacité à suivre lensemble de la dépense publique ou de contrôler lactivité gouvernementale dans ce domaine sensible. Enfin, un effort particulier concernera le renseignement intérieur, dans sa double dimension humaine et technique, tandis que les moyens des services dans le cyberespace feront lobjet dune haute priorité.
Toutes les crises de ces dernières années lAfghanistan, la Libye, la Côte dIvoire, le Sahel, la Syrie ont par ailleurs montré limportance cruciale des forces spéciales. Elles sont en effet particulièrement en phase avec le besoin des autorités, tant politiques que militaires. Elles permettent de réagir dans lurgence, souvent par surprise, souvent dans la profondeur de dispositifs hostiles ou complexes. Prenant acte de leurs qualités et en particulier de leur grande adaptabilité, le nouveau modèle darmée prévoit le renforcement de leurs capacités, de leurs moyens de commandement, en même temps quune meilleure intégration avec les services de renseignement.
Un modèle ouvert sur lavenir passe aussi par des priorités déquipement qui sont fondamentales pour le futur et pour notre souveraineté. Je pense aux investissements dans le domaine spatial, aussi bien pour les communications que pour lobservation et lécoute.
Dans le même esprit, le Livre blanc prévoit de doter nos forces déquipements qui leur manquaient ou étaient terriblement lacunaires. Cest le cas des drones dobservation tactique et de théâtre, qui seront dabord des achats sur étagères, et seront ensuite portés, je le souhaite, par des programmes européens. Cest le cas des ravitailleurs en vol, quil est prévu dacquérir enfin, parce quils conditionnent des missions de la dissuasion et les missions dintervention aérienne.
Au-delà, leffort de recherche que nous maintiendrons participe de cette même volonté de penser notre défense sur le long terme, de préserver lavenir et de garantir notre autonomie stratégique.
Les hommes et les femmes de la défense et de la sécurité nationale feront également lobjet dune attention nouvelle.
La gestion de leur carrière, la gestion de leurs droits, la gestion de leurs obligations sont autant de facteurs de réussite pour notre politique de défense, et autant de clés qui nous permettront datteindre le modèle que nous venons de dessiner.
Il faudra garantir la cohérence densemble des personnels. Il faudra piloter la politique déquilibre et déquité dont je parlais tout à lheure. Cest pourquoi lassociation étroite de la hiérarchie civile et militaire, qui est dans sa cohésion garante de la mise en oeuvre au quotidien de la politique de ressources humaines, est plus que jamais requise. Je sais que je peux compter sur chacun dentre eux. Cest pourquoi, aussi, la gouvernance de ce domaine de laction publique sera rénovée, en favorisant toujours un dialogue respectueux et nourri avec tous les personnels.
Demain plus quhier, la concertation devra jouer tout son rôle au sein du ministère. Sa rénovation est dores et déjà engagée. En ce qui concerne la concertation militaire, un dialogue permanent a été mis sur pied, avec la création dun groupe de liaison qui sera institutionnalisé lors de la 90e session du CSFM.
De même, les instruments et les garanties dune expression libre autant que respectueuse des personnels doivent être développés. Dans le même esprit, les usagers de la défense seront pleinement associés à la conception des outils qui les concernent, et le cas échéant à la gestion des crises, comme nous le faisons en ce moment avec Louvois.
Citoyens comme les autres, les militaires doivent enfin pouvoir élaborer des projets de vie professionnelle, qui prennent en compte leur engagement familial. Il faut quils puissent, le cas échéant, bénéficier de toutes les évolutions sociales qui permettent aujourdhui, autant que possible, de concilier engagement professionnel et vie personnelle.
En ce qui concerne le dialogue social avec les personnels civils de la défense, il est à développer dans le cadre dun agenda social clair et soutenu, conforme aux accords de Bercy, évidemment dans le respect des partenaires sociaux.
Autre aspect de la condition militaire, la judiciarisation, qui sest tant développée ces dernières années, est prise en compte, à ma demande, dans le Livre blanc.
Dans lesprit du message que le Président a adressé aux armées le 19 mai dernier, regrettant la « judiciarisation inutile » de laction militaire, jai décidé avec la Garde des Sceaux dune mission conjointe sur le sujet. Cette mission a identifié plusieurs pistes de réformes, y compris législatives, portant aussi bien sur les modalités de saisine du juge que sur léventuelle adaptation des qualifications pénales aux spécificités de laction de combat. Ces propositions, auxquelles je tiens beaucoup, feront lobjet dans les prochaines semaines de discussions interministérielles.
Les résultats, qui impliquent des modifications du code de justice militaire et du code de la défense, devront être intégrés dans la future loi de programmation militaire. Je métais engagé à faire progresser ce dossier. Je renouvelle aujourdhui mon engagement déterminé en ce sens.
A mes yeux, notre défense traverse aujourdhui une épreuve, avec le défi de ladaptation et la nécessité de trouver un nouvel équilibre, après une période dajustement inévitable. Mais elle en a vu dautres, bien pires, souvent plus dangereuses, dans son histoire. Notre chance, cest que nous disposons dune base solide pour conduire les changements qui simposent, pour traverser cette passe difficile.
Cest pourquoi, je souhaite aujourdhui que nous engagions ensemble un combat, celui de ladaptation et de la pérennisation de nos capacités de défense. Ce combat passe par le modèle darmée que je vous ai présenté. Dans notre situation, et avec lengagement de stabilité financière rappelée par le Président de la République, cest le modèle le plus équilibré possible. Avec ce projet, nous créons une dynamique, fondée à la fois sur la crédibilité et lambition. Il sagit bien dun projet nouveau, porteur de la continuité de notre politique de défense et de ladaptation aux défis de demain.
Avec vos chefs et lensemble des responsables du ministère, nous avons élaboré ce projet en pensant à votre engagement, votre énergie, votre dévouement, qui nous donnent confiance en votre capacité à le porter. Ministre depuis près dun an, jai pris avec fierté, sur le terrain, la mesure de vos qualités militaires, professionnelles et humaines . Ces qualités, je les ai retrouvées chez tous, civils et militaires. Elles mont impressionné plusieurs fois. Plus que jamais, nous en avons besoin pour mettre en oeuvre et faire vivre ce projet.
Lheure est maintenant à la mobilisation. Toujours, vous me trouverez à vos côtés. Comme le Mali le rappelle avec éclat, la Nation est unanime derrière celles et ceux qui ont fait le choix de la défendre. Dans le défi qui nous attend, vous êtes soutenus et attendus par les Français. Ils comptent sur vous, pour que la France, demain, continue davoir une défense performante, des armées en qui elle se reconnaisse. Ministre de la Défense, sous lautorité du Président de la République, cest le cap que je veux fixer. Et je compte sur lengagement de chacun et la mobilisation de tous pour le tenir.
Vive la République !
Vive la France !
Source http://www.defense.gouv.fr, le 30 avril 2013
Mesdames et Messieurs,
Lorsque le Président de la République ma fait lhonneur de me confier la charge du ministère de la défense, je me suis fait une promesse : celle de conduire ma mission avec un souci constant, celui de la vérité et de la sincérité que jestime devoir aux hommes et aux femmes qui sengagent au service de leur pays ; avec aussi la volonté de respecter leur engagement, qui repose sur les valeurs de disponibilité, de courage, de sens de lEtat et, pour les militaires, desprit de sacrifice.
Alors aujourdhui, au moment où le chef de lEtat, chef des armées, vient de rendre public le nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, qui fixe un cap à nos armées pour les douze ans qui viennent, au moment de vous en exposer les principales conclusions, je souhaite vous inviter à un exercice de vérité et dambition à la fois. Vérité sur une situation difficile, la vôtre, la nôtre, celle de ce ministère. Ambition pour un projet porteur despoir et davenir, si nous savons et pouvons le mener à bien.
Le Président de la République, chef des armées, a donc rendu public le nouveau Livre blanc ce matin, après lavoir approuvé en conseil de défense. Il a remercié la commission et son président, Jean-Marie Guéhenno, et a acté les grandes priorités de notre politique de défense.
Ce sont ces priorités que je veux partager avec vous. Le Président prononcera lui-même un discours important sur la politique de défense le 24 mai prochain.
Jai souhaité vous réunir dès maintenant, alors que de grandes orientations viennent dêtre arrêtées. Dautres rendez-vous viendront, car nous navons pas encore, à ce jour, les réponses à toutes les questions. Et cest bien normal. Ce Livre blanc est une première étape, il fixe un cadre général. Dans trois mois, je vous réunirai à nouveau pour vous présenter la loi de programmation militaire pour les années 2014-2019, qui précédera elle-même le budget 2014.
Notre défense est, à bien des égards, devant une situation difficile, mais nous avons un projet ambitieux, élaboré ces derniers mois avec vos chefs, dans le double souci, qui nous rassemble, des intérêts de la France et de lefficacité de sa défense. Ce projet, je suis fortement déterminé à le réaliser avec vous.
Je voudrais partir de la question simple, essentielle, que nous avons pris le temps de nous poser, le Président de la République et moi-même, il y a maintenant plus dun an : pourquoi un nouveau Livre blanc ? Il faut rappeler ici plusieurs éléments de contexte.
Nous savons tous que la loi de programmation militaire 2009-2014, qui avait été conçue avant la crise, je dirais même les crises, qui se sont succédées depuis lété 2008 jusquà celle de la dette européenne, cette programmation, donc, nétait plus soutenable. Je rappelle que lendettement de notre pays pose en lui-même un grave problème de souveraineté : il y va de notre indépendance.
En prenant mes fonctions, jai trouvé un ministère dans une situation financière critique. En juillet 2012, la Cour des comptes elle-même a relevé un écart dau moins 3 milliards deuros entre les prévisions et les réalisations. Cet écart ne pouvait que saccroître encore de façon vertigineuse, si de nouvelles orientations nétaient pas prises.
Ce nest pas, hélas, la seule illustration de cette situation. Le report de charges du ministère, cest-à-dire le montant des factures que nous ne sommes pas en mesure dhonorer en fin dannée, ce report de charge sélève à plus de 3 milliards. Chacun sait par ailleurs que les coûts dentretien des matériels ont explosé ces dernières années. Or, leur dotation financière était insuffisante en programmation, ce qui affecte lactivité opérationnelle. Je veux sortir du déni de réalité et vous dire par exemple que les annuités dinvestissement prévues par le modèle 2008 étaient irréalistes, parce que 40% supérieures aux capacités de financement réelles.
Donc, le modèle darmée de 2008, sans doute trop optimiste, mis en oeuvre avant les crises, était donc devenu clairement inatteignable, au plan financier. Cela était aussi vrai au plan opérationnel. Jobserve à cet égard, que les plus hauts responsables militaires ont souligné dès le début de lannée 2011 je sais que lamiral Guillaud, qui a toute ma confiance, ne me contredira pas que les contrats opérationnels prévus dans le précédent Livre blanc et la loi de programmation en vigueur étaient déjà, en pratique, inaccessibles.
Le constat est aussi alarmant sur le plan de lorganisation. Je ne connais pas de ministère qui ait connu autant de réformes depuis 1997, avec des réussites bien sûr, mais aussi avec des échecs. Il est vrai que la révision générale des politiques publiques, la RGPP, a donné lieu pour sa part à des réformes appliquées de façon souvent trop brutales, surtout, à mon sens, sans validation préalable des améliorations à en attendre effectivement dans le fonctionnement de tous les jours. Je pense, notamment, à la mise en place des bases de défense, qui a généré des difficultés parfois considérables dans la vie quotidienne des forces ; je pense aussi au système des soldes, pourtant élémentaire, faut-il le redire, dans un ministère chargé des armées. Et vous savez que cette situation inadmissible ma conduit à prendre en main personnellement ce dossier.
Cet ensemble de difficultés justifiait à lui seul une remise à plat. Voilà pour le premier constat.
Au-delà, il fallait tirer les conséquences des bouleversements importants intervenus depuis 2008 dans notre environnement, bouleversements qui sont pour certains économiques, et pour dautres dordre géopolitique et géostratégique.
Il y a dabord eu les crises économiques et financières, qui ont particulièrement frappé le monde occidental, à plusieurs reprises, comme le montre la situation de plusieurs de nos partenaires européens et même des Etats-Unis. Cette situation, rare par sa gravité, nous plonge dans une crise qui na que peu de précédents, où le modèle économique des pays occidentaux est remis en cause, où leur poids relatif dans léquilibre des puissances est affaibli. Il sagit là dune donnée nouvelle, qui peut toucher le coeur même de la souveraineté des Etats, avec une pression de la dette publique qui atteint des niveaux inconnus jusque-là. Une pression qui a dailleurs conduit la quasi-totalité des grands Etats occidentaux à réduire leurs dépenses militaires, vous le savez bien. Il fallait en prendre acte et cest aussi la démarche de ce nouveau Livre blanc.
Mais les bouleversements ont aussi été dun autre ordre, modifiant en peu de temps mais en profondeur notre environnement géopolitique et géostratégique : je pense à la modification de la politique étrangère américaine, avec la fin des guerres en Irak et en Afghanistan, et le rééquilibrage vers lAsie ; je pense aux révolutions arabes, qui ont fait naître des espoirs mais qui aujourdhui font redouter des situations dinstabilité grave, comme on le constate chaque jour en Syrie ; je pense aussi aux nouveaux développements du terrorisme international, et notamment aux tentatives de prise de contrôle de la bande sahélienne par des groupes se réclamant dAl Qaida.
Sur ces bouleversements et sur les risques futurs pour la sécurité de la France, le Livre blanc de 2013 présente une vision clarifiée et renouvelée, en distinguant trois catégories de dangers : les menaces de la force, les risques de la faiblesse, et limpact de la mondialisation.
Les menaces dites de la force recouvrent les possibilités de résurgence de conflits entre Etats pouvant toucher la sécurité de lEurope, la prolifération nucléaire, balistique ou chimique, ou encore le développement des capacités informatiques offensives de certaines puissances.
Les risques de la faiblesse, quant à eux, rassemblent les conséquences négatives pour la stabilité et la sécurité internationale de la défaillance de certains Etats à exercer les fonctions de base de la souveraineté, favorisant ainsi le terrorisme, les trafics ou les atteintes à nos voies dapprovisionnement par exemple.
La mondialisation, enfin, intensifie la puissance dun certain nombre de menaces : prolifération; terrorisme dinspiration djihadiste ; attaques dans le cyberespace ; ou encore agressions dans lespace extra-atmosphérique.
Ce bref tableau suffit à montrer, comme le Président de la République le relevait dans son intervention télévisée le 28 mars dernier, que les risques et les menaces qui pèsent sur la France et lEurope sont loin davoir diminué depuis 2008.
Dans ce contexte sombre, et en dépit des difficultés de gestion croissantes dont jai parlé il y a un instant, nos armées font tous les jours la preuve de leur valeur, de leur efficacité comme de leur capacité dadaptation aux engagements qui leur sont demandés. Je veux le souligner.
Depuis ma prise de fonctions, le 17 mai dernier, jai moi-même pu vérifier régulièrement, sur le terrain, -et je poursuivrai dans cette voie-, limmense qualité de nos forces et le professionnalisme, le dévouement, le courage, des hommes et des femmes qui les composent.
Je pense à nos moyens aéroterrestres déployés en Afghanistan ou au Mali, où je me trouvais encore il y a 48 heures. Je pense à nos capacités navales et aéronavales, capables de rivaliser avec les meilleures, comme je lai constaté lors de lexercice franco-britannique Corsica Lion. Je pense encore à la crédibilité de notre force de dissuasion, sous la mer ou dans les airs.
Il est clair, et jen ai conscience avec vous, que ces réussites opérationnelles sont le fruit de la formation, de lentraînement et dun niveau dactivités qui doivent être ceux dune armée professionnelle comme celle de la France. Tout cela implique aussi des investissements, un haut niveau technique et une volonté douverture internationale. Cela repose également sur lexistence dune industrie de haute technologie autant que compétitive, capable de fournir à nos armées une bonne partie des moyens dont elles ont besoin pour remplir leurs missions.
A côté de la situation critique sur le plan de la gestion et du financement, nous avons donc une défense dont nous pouvons être fiers, qui est reconnue à travers le monde pour ses qualités opérationnelles, technologiques et humaines.
Tout le défi pour le Président de la République, le Gouvernement et moi-même, est bien là. Comment maintenir et adapter cet outil remarquable, devant des menaces qui ne vont pas baisser, dans un contexte économique et financier qui exerce une contrainte sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ?
A cette question, le Livre blanc apporte des premières réponses fortes. Cest un Livre blanc dajustement au réel de notre programmation et de maintien de nos ambitions pour lavenir. Compte-tenu de la situation que je viens de rappeler, une remise à plat simposait, un retour au réalisme, à la cohérence et à la sincérité entre les prévisions, les objectifs et les moyens qui composent ensemble notre politique de défense.
Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale nous permet précisément de conjuguer ces deux impératifs de souveraineté : la sauvegarde dune défense à même de garantir la sécurité de la France et ses responsabilités dans le monde ; et le redressement de nos finances publiques, dont la dégradation et la fragilité actuelle sont un autre enjeu de souveraineté pour la France.
Le Président de la République a décidé de concilier le respect de ces deux impératifs, à partir de quatre orientations majeures.
Premièrement, le maintien dans le temps de leffort consacré par la Nation à sa défense, en dépit de la contrainte financière considérable qui sexerce sur le budget de lEtat.
Comme la indiqué le Président de la République, la France ne baissera pas la garde. Le modèle darmée que nous portons pour la période qui nous sépare de 2025 garde un haut niveau dambition, fondé sur la mobilisation dun total de 364 milliards deuros. Pour ce qui est de la loi de programmation militaire, nous avons convenu dun montant de 179,2 milliards en euros constants pour 2014-2019. Notre entrée en programmation est fixé à 31,4 milliards, soit le même niveau quen 2012 et 2013 ; il nous appartiendra de préserver cette stabilité financière, réaffirmée avec force ce matin même par le Président de la République.
Cette stabilité même exigera des efforts importants, mais la France restera le deuxième budget militaire de lUnion européenne. Elle consacrera à sa défense, en moyenne, 1,76% du PIB, en normes OTAN, dici 2020.
Pour certains, ce niveau apparaîtra comparativement faible, puisque la part de la défense dans le PIB cette année, selon les mêmes critères, est de 1,9%. Pour dautres, il sera jugé encore trop élevé au regard des sacrifices consentis dans plusieurs domaines de laction publique. En ce qui me concerne, jy vois un effort équilibré, adapté à la situation de nos finances publiques et aux besoins du nouveau modèle que nous venons de décider. Au total, cest à ce prix que peuvent être maintenues lautonomie stratégique de la France et sa capacité à assumer ses responsabilités internationales.
Deuxièmement, ladoption dun modèle darmées efficient, reposant sur une stratégie militaire renouvelée. Je vais bien évidemment my arrêter un instant, car cest pour moi le coeur du Livre blanc 2013.
Ce Livre blanc dessine une stratégie générale caractérisée par une articulation nouvelle de trois missions fondamentales : la protection de la France et des Français, la dissuasion nucléaire, lintervention extérieure. Cest une définition, je crois, simple et claire de nos priorités.
La protection du territoire et de la population reste première dans notre stratégie, mais ne saurait être assurée sans la capacité de dissuasion et dintervention.
La dissuasion constitue quant à elle la garantie ultime contre les agressions ou menaces dagression dorigine étatique qui cibleraient nos intérêts vitaux et que nous ne pouvons exclure, pour lavenir prévisible. Elle permet notamment décarter tout chantage qui voudrait paralyser la liberté dappréciation, de décision et daction de la France.
Lintervention des forces à lextérieur du territoire national, enfin, confère à la sécurité de la France la profondeur stratégique qui lui est indispensable, bien au-delà de son territoire. Elle conforte par là-même la crédibilité de la dissuasion et assure la protection de nos intérêts de sécurité dans le monde.
Sur cette base, le Livre blanc prévoit une convergence accrue entre les fonctions stratégiques identifiées en 2008, quil conforte et amplifie, marquant ainsi la continuité de notre politique de défense.
Aussi, pour assurer les trois missions que je viens dévoquer, nous avons retenu quatre principes pour définir les contrats opérationnels et le modèle darmée qui découlent de cette stratégie: lautonomie stratégique, la cohérence, la différenciation des forces, enfin la mutualisation des moyens.
Le principe dautonomie stratégique vient en premier. Le Président de la République la déjà indiqué, il sagit pour la France de disposer à tout moment de sa liberté dappréciation, de décision et daction, et dêtre en mesure de prendre linitiative dopérations quelle estimerait nécessaires pour ses intérêts de sécurité. Il sagit aussi, lorsque nous engageons nos forces dans le cadre dalliances ou de coalitions, de pouvoir y assumer, en toute souveraineté, un rôle conforme à nos objectifs politiques.
Le deuxième principe est celui de la cohérence du modèle avec la diversité des missions dans lesquelles la France est susceptible dengager ses armées. Le spectre des missions est large, depuis la protection du territoire jusquaux opérations majeures de coercition, en passant par toute la gamme de la gestion des crises. Les assumer toutes est indispensable dans un monde caractérisé par limprévisibilité des atteintes à la sécurité nationale et internationale.
La différenciation est le troisième principe. Il consiste à équiper et entraîner prioritairement les différentes forces en fonction des exigences propres à leur mission. La différenciation se traduira notamment par lexistence de moyens lourds, médians et légers au sein de chaque armée. Il sagit aussi dappliquer un principe de réalité, en ne finançant les capacités les plus onéreuses que là où elles sont indispensables. Je ne suis pas dans le tout technologique. Je veux un bon matériel, au bon moment, avec des soldats bien entraînés pour leur mission, et non pas exclusivement des merveilles technologiques, échantillonnesques et coûteuses, que lon mettrait sous cocon faute de crédits et dentraînement.
Le quatrième principe est la mutualisation, qui conditionne aussi la possibilité dune armée efficiente. Il sagira, lorsque cela apparaît nécessaire, daffecter un noyau de capacités polyvalentes et rares à plusieurs missions, dencourager le partage de certaines capacités entre pays européens comme le ravitaillement en vol, ou de mettre les mêmes plateformes techniques à la disposition de plusieurs services de renseignement.
Jobserve que ces quatre grands principes traduisent un changement dorientation important par rapport aux décisions prises depuis 1996 pour notre appareil militaire. Le Livre blanc de 2008 retenait dailleurs un principe de polyvalence des forces, qui devaient toutes être capables de sengager dans lensemble des missions et toutes être également modernisées. Le Livre blanc de 2013 tire les conséquences des nouveaux défis de la diversité qui se posent à nous et organise nos forces avec efficience pour chaque type de mission. Cette orientation doit notamment nous permettre déviter de sacrifier excessivement les ressources humaines ou les volumes de moyens nécessaires à laction, pour prix dune modernisation technologique tous azimuts qui ne serait pas atteignable. Elle préserve lavenir et les possibilités daccroissement de moyens en cas de nécessité.
Sur la base de ces quatre principes, le Livre blanc définit dune part les principaux contrats opérationnels de nos armées, dautre part le modèle darmées lui-même.
Les nouveaux contrats opérationnels distinguent les missions permanentes et non permanentes dune façon que je vous résume rapidement.
Les forces armées devront être aptes à poursuivre en permanence la mission de dissuasion, reposant sur deux composantes, toutes les deux confortées par le programme de simulation.
La protection permanente du territoire et de la population impliquera des moyens pour la surveillance des approches aériennes et maritimes, dune part, pour lintervention sur le territoire national dautre part ; les forces terrestres devront pouvoir fournir jusqu'à 10 000 hommes en renfort des forces de sécurité intérieure et de sécurité civile.
Pour les missions, cette fois non-permanentes, de stabilisation et de gestion des crises internationales, les armées devront pouvoir engager jusquà 7 000 hommes au total, relevables, répartis sur trois théâtres extérieurs, ainsi que des unités navales dont un groupe Bâtiment de Projection et de Commandement (BPC) et une douzaine d'avions de combat.
Pour les opérations de guerre et de coercition dimportance majeure, nos armées conserveront la capacité dentrée en premier dans les trois milieux, terrestre, naval et aérien, et pourront projeter des forces spéciales significatives, jusqu'à deux brigades interarmes représentant environ 15 000 hommes des forces terrestres, 45 avions de combat et un groupe aéronaval.
Cest une définition souple et exigeante des contrats opérationnels, plus réaliste aussi que celle du précédent Livre blanc. Elle distingue pour la première fois des objectifs, qualitatifs et quantitatifs, adaptés à chaque type dintervention de nos armées.
Le nouveau modèle d'armée qui permettra la génération de telles forces s'appuie d'abord sur un ensemble de capacités de haut niveau susceptibles d'assurer nos moyens de commandement, de planification et de décision. Sur ce plan, jai tenu à ce que les armées françaises conservent la capacité de mettre sur pied des commandements de composantes terrestres, maritimes et aériennes d'un niveau de corps d'armée ou équivalent.
Les capacités de renseignement, ce nest pas une surprise pour qui a suivi les déclarations du Président de la République ou les miennes depuis un an, seront développées de façon prioritaire, avec un effort accru de modernisation des ressources humaines, de renforcement de nos moyens techniques d'imagerie et d'interception électromagnétique, dorigine spatiale, aérienne, navale et terrestre.
Le modèle d'armée inclut pour la première fois des capacités de cyberdéfense militaires, en relation étroite avec le renseignement et la planification défensive et offensive, préparant ou accompagnant les opérations.
Les forces spéciales seront renforcées dans leurs effectifs, leur commandement, leur articulation avec les services.
Les forces terrestres reposeront sur une Force Opérationnelle Terrestre de l'ordre de 66 000 hommes projetables, comportant sept brigades interarmes : deux brigades aptes au combat de coercition, trois brigades multi rôles, deux brigades légères. Le général Ract-Madoux est chargé de mettre en oeuvre cette nouvelle organisation des forces terrestres, quil a fortement soutenue.
Les forces navales reposeront sur la FOST, avec ses 4 SNLE, des capacités de combat de premier plan pour les opérations de haute intensité et de gestion des crises majeures, des unités de combat moins puissantes pour assurer la présence en mer dans des contextes moins exigeants et des unités plus légères aptes au contrôle des espaces maritimes. Cet ensemble, amiral Rogel, comprendra donc en particulier le porte-avions, 6 SNA, 3 bâtiments de projection et de commandement, 15 frégates de premier rang, 6 frégates de surveillance et une quinzaine de patrouilleurs.
Les forces aériennes disposeront de 225 avions de chasse - air et marine -, d'une cinquantaine d'avions de transport tactique, d'une douzaine d'avions ravitailleurs multi rôles, de 12 drones de surveillance de théâtre, ces deux dernières capacités étant attendues depuis trop longtemps. Outre la mission permanente de dissuasion, elles seront organisées, comme la souhaité le général Mercier, en un modèle réparti entre des capacités dentrée en premier en opération, de frappe de précision dans la profondeur et d'appui de la manoeuvre terrestre, des capacités de gestion de crise ou de protection de l'espace aérien national, des capacités de transport et des capacités de surveillance et de renseignement dans les zones de crise ou d'engagement.
Ce modèle prévoit par ailleurs toute leur place pour les organismes interarmées qui conditionnent lefficacité de nos unités sur le territoire et les théâtres dopérations extérieures. Parmi eux, le Service de Santé des Armées joue un rôle essentiel pour le soutien des soldats comme pour notre capacité de répondre à des risques majeurs. Son rôle sera consolidé par une réforme ambitieuse.
Le modèle intègre enfin, comme une composante à part entière, une réserve confortée et modernisée, dans son double volet opérationnel, pour les trois armées et la gendarmerie, et citoyen.
Un tel modèle est cohérent avec les engagements futurs tels que les décrit le Livre blanc. Certains nous accuseront sans doute de procéder sans raison valable à des révisions à la baisse. A ceux-là, je réponds que la qualité de ces moyens et leur volume ont été jugés suffisants pour les menaces les plus probables dans les douze années à venir. Cest un principe de sincérité et de réalisme qui nous a guidés. Jajoute quil comporte des inflexions nouvelles qui le rendent particulièrement adapté aux menaces à venir.
A linverse, dautres nous accuseront dimmobilisme et de ne procéder à aucune rupture majeure par rapport au modèle existant. A ceux-là, je réponds que nous avons effectivement étudié des modèles qui auraient conduit à des ruptures importantes, dans chaque secteur, terrestre, naval ou aérien, ou même dans les trois. Il y a eu, cest vrai, des tentations radicales ; je my suis opposé fermement. Ces modèles-là, nous les avons définitivement écartés, dès lors que le Président de la République choisissait de maintenir notre effort de défense à un niveau significatif, grâce à la stabilité financière quil a rappelée aujourdhui, dans le souci de préserver la capacité de la France à faire face à la diversité des situations possibles.
La viabilité de ce modèle nécessite la prise en compte dun impératif industriel, et cest ici la troisième grande orientation arrêtée par le Président.
Le choix a été fait de préserver lessentiel des secteurs industriels critiques, qui font de notre base industrielle et technologique un instrument de la souveraineté et de lautonomie stratégique de la France.
Avec 4000 entreprises, près de 15 milliards deuros de chiffre daffaires, une capacité dexportation dynamique et un emploi industriel concernant environ 165 000 personnes, dont une grande part hautement qualifiés, lindustrie de défense est aussi un acteur clé pour la compétitivité de léconomie française et pour lemploi. Elle est enfin et doit rester un acteur du développement de nos régions.
Pour toutes ces raisons, le Président de la République a décidé le maintien dun volume significatif de crédits publics pour léquipement de nos forces à lhorizon 2025. Nous avons également intégré dans ce modèle une priorité continue, sur toute la période du Livre blanc, en faveur des études amont et de la recherche : elles seront maintenues au niveau atteint en 2013.
Certes, la modernisation de nos équipements, dont beaucoup sont, je le sais, vieillissants, se fera à un rythme plus lent que ce qui était prévu en 2008. Mais, tant le niveau de ressources choisi que les principes directeurs du modèle darmées que jai énoncés, nous permettront dassurer progressivement le renouvellement de toutes les capacités critiques indispensables à nos armées. Ce cheminement devra respecter les priorités clairement retenues par le Président, en faveur des capacités de dissuasion, de renseignement et de projection de puissance.
En préservant le tissu industriel, nous préservons notre autonomie stratégique et du même coup notre capacité à dynamiser léconomie française. Cest pourquoi, également, jengagerai moi-même une politique résolue de soutien à lexportation de défense, en recherchant des partenariats, spécialement avec les pays désireux de nouer des relations stratégiques avec la France. Cest pourquoi, aussi, nous entreprenons activement la préparation du Conseil européen de la fin de cette année, qui comportera un volet ambitieux en matière dindustrie européenne de défense.
La France doit en effet tirer le meilleur parti, pour sa défense, de la construction européenne et de son insertion au sein dalliances. Cest la quatrième orientation.
Le Livre blanc de 2013 souligne lengagement historique de la France avec ses partenaires européens dans une communauté de destin. La construction européenne est donc un axe important de notre stratégie, jy consacre pour ma part beaucoup dénergie depuis des mois. Cest un enjeu fort pour les opérations, comme on le voit avec le Mali et la mission EUTM. De même dans les capacités à mettre en commun, comme je lai dit à propos du principe de mutualisation, et comme nous entendons le faire dans le domaine du ravitaillement en vol, du transport aérien, de laéronavale, des drones ou de lespace. Il y a là des champs importants de coopérations futures. Enfin, dans le rapprochement de nos industries qui doit impérativement connaître un nouvel élan dans les années à venir.
La démarche franco-britannique, initiée par les traités de Lancaster House de novembre 2010, est un excellent exemple, que dautres suivront je lespère. Je lai prolongée par les accords conclus dès juillet dernier dans le domaine des drones de combat futurs et dans celui des drones tactiques, ou encore par linclusion, toute nouvelle, du missile anti-navire-léger dans notre programmation, pour accélérer lintégration de nos industries missilières. Nous avons tout à gagner des interdépendances librement consenties.
Comme vous le voyez, il ne sagit pas de rechercher je ne sais quelle relance idéologique de lEurope de la défense, mais au contraire de proposer à nos partenaires de lUnion européenne une démarche pragmatique, fondée à la fois sur des projets concrets, une démarche politique et un souci doptimisation de la gestion de nos ressources.
Cet engagement et cette recherche dintérêts partagés entre Européens vont de pair avec un engagement plein et, je dois le dire, sans complexe de la France dans les structures militaires de lOrganisation atlantique.
LAlliance atlantique est une composante essentielle de la stratégie de défense et de sécurité nationale. Cette affirmation est conforme aux conclusions de la mission confiée à M. Védrine par le Président de la République, déjà rendues publiques. Le Livre blanc de 2013 est le premier qui tire toutes les conséquences de cette pleine participation de la France à lOTAN. Elle entend y jouer un rôle actif, par les responsabilités quelle assumera à tous les niveaux du commandement militaire, comme par sa contribution aux opérations, à la planification, à la doctrine, comme enfin par la vision quelle entend promouvoir du rôle de cette alliance militaire.
Jajoute que notre volonté de développer une véritable stratégie de défense et de sécurité nationale, et de maintenir à cette fin un effort de défense significatif dans les années à venir, nous permet et nous impose de conserver au sein de lAlliance atlantique notre identité et notre autonomie. Cette vision de lAlliance est articulée avec le projet que nous souhaitons faire partager pour lEurope. Ces deux engagements sont étroitement complémentaires dans notre stratégie.
Dans le contexte critique que jai rappelé tout à lheure, où nos marges de manoeuvre entre ce que nous devons et ce que nous pouvons faire se tendent, le modèle darmée qui se dégage des grandes orientations données par le Président de la République est le plus équilibré possible. En disant cela, je ne me dissimule pas, et je ne vous cache pas, quil sagit dun modèle exigeant, difficile. Cest pourquoi je souhaite, avec lucidité, -cest ma marque de fabrique-, évoquer les épreuves que nous pouvons rencontrer dans sa réalisation.
Dabord la contrainte financière. Elle appelle un effort considérable dajustement par rapport à la tendance sur laquelle le ministère de la Défense était lancé depuis plusieurs années.
La reconduction en valeur, pendant plusieurs années, de nos ressources globales de 2013, sans diminution, est une orientation forte prise par le Président de la République. Mais elle impliquera des mesures importantes de réduction des coûts et du fonctionnement du ministère, alors que, dans nombre de domaines, ces coûts sont tendanciellement à la hausse, à structure inchangée. En outre, comme depuis 2009, lorigine dune partie de nos ressources sera extrabudgétaire. Je nignore pas que ce sera un défi de réussir leur mise en place et leur cadencement à temps, au bénéfice de la défense. Sur ce point, ma détermination est totale : les objectifs de recettes devront être atteints. Nul doute que le Parlement examinera avec attention ce volet de la future loi de programmation militaire.
Par ailleurs, les objectifs opérationnels devront être revus à la baisse par rapport à 2008 mais il convient ici de se rappeler que les précédents étaient devenus inaccessibles et que les capacités prévues répondent à lanalyse des risques.
Sagissant de lactivité opérationnelle, proprement dite, le modèle financier retenu prévoit une hausse des crédits bénéficiant à lactivité et lentraînement, en termes réels, sur toute la période. Dès mon arrivée, jai insisté sur la nécessité de conserver ces capacités dentraînement, dont nous pouvons constater tous les jours les résultats sur le terrain, par exemple au Mali. Je lance donc un examen détaillé des moyens qui nous permettront de maintenir lactivité opérationnelle à un niveau compatible, pour toutes les forces, avec les exigences dune armée professionnelle. Je suivrai cette évolution personnellement.
En troisième lieu, la politique dacquisition des équipements sera revue. Les cibles de nos parcs doivent encore être définies avec précision. Ce sera la tâche de la nouvelle loi de programmation. Mais le niveau et le rythme des livraisons seront ralentis par rapport aux prévisions, ce qui nous contraindra, même si lensemble des programmes sont préservés, à des négociations complexes avec les entreprises et certains de nos partenaires européens : je sais pouvoir compter sur Laurent Collet-Billon pour les mener. Dans chaque domaine, jai veillé à éviter toute décision de rupture.
Pour les mêmes raisons, certaines capacités devront sappuyer, plus longtemps que prévu, sur des équipements anciens mais efficaces. Cette situation dattente ne se résorbera quau fur et à mesure de la remontée en puissance de nos capacités de financement. Avec lamiral Guillaud et les chefs détat-major, nous assumons cette prise de risque, inhérente au modèle choisi, car nous nous organisons pour préserver lessentiel, en combinant le maintien de la quasi-totalité des programmes de modernisation et la mise en oeuvre du principe de différenciation des forces.
En quatrième lieu, et ce nest pas le moindre de nos efforts, le format des forces et du ministère dans son ensemble est revu. Chacun ici sy attendait. Mais nous avons décidé, cest un choix important et qui nétait pas acquis à lavance, de toucher le moins possible le format des forces opérationnelles.
Le modèle retenu suppose que la contraction des effectifs se poursuive. Elle sera cependant sensiblement moins importante que celle décidée en 2009, avec la suppression de 55 000 postes sur la période 2009-2015. La prise en compte des nouveaux contrats opérationnels approuvés par le Président, limpératif de la réduction de la dépense publique et celui de la rationalisation de ladministration, ont conduit, ensemble, à définir sur la durée une nouvelle réduction denviron 24 000 postes. Cette diminution affectera le moins possible les unités opérationnelles et portera en majorité tant sur les services que sur les administrations. Il sagit là dun mouvement conséquent, dautant quil vient sajouter à plusieurs années de réformes et de déflations, mais je redis quil sera singulièrement moins important que leffort demandé en 2009.
En cinquième lieu, ce modèle implique, par voie de conséquence, de prolonger le mouvement de restructurations déjà engagé par lactuelle loi de programmation. Je suis bien placé par mes fonctions antérieures pour connaître limpact que de telles décisions peuvent avoir sur les personnes touchées, sur les territoires, sur les collectivités. Il faudra les accompagner, en prenant toujours la mesure des situations concrètes. Nous devons préserver au maximum les liens essentiels qui unissent les armées à nos territoires, et leur implication dans la vie locale du pays.
Ces objectifs impliquent enfin de nouvelles réformes du ministère. Celles-ci concerneront sa gouvernance et les grandes fonctions de ladministration et des services : ressources humaines, finances, soutien en particulier. Jean-Paul Bodin et le général de Villiers travaillent déjà conjointement et avec beaucoup de pertinence sur ces projets. Il sagit pour moi de répondre à deux objectifs.
Dabord, corriger les effets dévolutions récentes parfois trop brutales, trop précipitées, de lorganisation et de la gestion du ministère. Elles ont conduit à une moindre efficacité de son action. Ladministration du ministère a un devoir defficacité et dadaptation, compte-tenu de la mission difficile et essentielle qui lui est confiée.
Ensuite, optimiser la dépense, rechercher toutes les sources de productivité sur ce quon a lhabitude dappeler « le socle » du ministère. Cette démarche est, à mes yeux, indispensable pour respecter la priorité que nous entendons accorder aux forces opérationnelles. Vous remarquerez sûrement que nous navons pas encore déterminé les formats globaux du ministère et des armées. Ce sera la tâche de la loi de programmation, une fois prises lensemble des décisions nécessaires.
Je nignore pas le poids et le prix de ces efforts, bien au contraire. Jentends conduire le changement avec détermination, mais aussi avec discernement. Je prendrai le temps quil faudra.
Dans la même perspective, je demanderai que soient inscrites dans la loi de programmation militaire les mesures daccompagnement social et économique qui simposent, pour réaliser effectivement les restructurations nécessaires. Je sais que, sans ces mesures, nous ne pourrons mener à bien le projet que je vous ai exposé.
Jagirai donc dans un triple souci. Celui du respect des droits individuels. Celui de léquilibre à trouver entre les exigences du service et la garantie de justes compensations, parce que je sais les obligations qui simposent aux personnels civils et militaires du ministère. Le souci, enfin, de la recherche de léquité entre des personnels relevant des différents statuts, mais appartenant tous à la même communauté de la défense.
Si ce modèle darmée est donc, à bien des égards, un modèle en situation de crise, qui nous permet de faire face à la situation critique de nos finances publiques et singulièrement celles de la défense, il nen reste pas moins un modèle qui permet de préserver lessentiel pour le pays. Plus encore, nous avons souhaité ouvrir lhorizon, en rapprochant notre défense des grands défis de sécurité qui sont devant nous. Au contraire dun modèle durgence ou bien de pure attente, cest un modèle davenir et de long terme.
Ce Livre blanc dessine dabord avec netteté, en la clarifiant et en la renouvelant, la vision de la France sur un monde en pleine évolution. Jattire particulièrement votre attention sur ses développements concernant lAfrique, lenvironnement de lEurope et lAsie.
Notre présence en Afrique repose sur lespoir que dessine le formidable potentiel de croissance du continent, en même temps que sur la prise en compte des défis de sécurité qui sy posent. Comme la indiqué le Président de la République à Dakar en octobre dernier, nos implantations militaires doivent devenir autant dinstruments de coopération, mais aussi le point dappui de capacités flexibles et réactives au service des vrais besoins de sécurité du continent.
Le Livre blanc fait de la stabilisation de lespace situé au voisinage de lEurope, sur ses marches orientales et méridionales, une priorité géostratégique. Je souhaite quil en résulte une approche commune et équilibrée, partagée par tous les membres de lUnion européenne, de leurs intérêts de sécurité.
LAsie, quant à elle, se trouve clairement au croisement denjeux stratégiques, pour toute lEurope. Elle appelle donc de notre part une politique de présence et un engagement fort auprès de grands partenaires stratégiques, comme lInde, et des pays émergents.
Au-delà, le Livre blanc de 2013 prend en compte des dimensions nouvelles de notre stratégie de défense et de sécurité nationale. Je voudrais, là encore, en citer trois : le cyberespace, la sécurité maritime, et le durcissement des capacités auxquelles nos forces sont confrontées dans les zones de crise.
La cyberdéfense est une nouvelle donne stratégique à laquelle le Livre blanc accorde une place majeure. Linterconnexion des systèmes dinformation a créé dans notre société des vulnérabilités nouvelles, qui nont pas été accompagnées dun effort simultané de protection. Or lhypothèse dattaques informatiques majeures sest renforcée depuis 2008, et le cyberespace est devenu un champ de confrontations à part entière. Lenjeu nest plus seulement le risque de déni daccès ou de pénétration des réseaux à des fins despionnage, réalités déjà considérables et avérées ; ce qui est en cause désormais, cest la capacité de prise de contrôle à distance ou même de destruction dinfrastructures vitales pour notre pays, reposant sur des réseaux numérisés.
En la matière, le Livre blanc sengage dans la voie dune politique ambitieuse pour identifier lorigine des attaques et pour mettre en place une capacité robuste et résiliente de défense et de riposte adaptées. Y compris des capacités informatiques offensives, associées à une capacité de renseignement. Cest bien un champ stratégique nouveau qui sest ouvert pour la défense, avec plusieurs axes deffort. Jen citerai quelques-uns, en me référant, notamment, à laction du SGDSN : accroissement des moyens humains, renforcement de la sécurité des systèmes dinformation de lEtat, développement des compétences scientifiques, technologiques et industrielles, mise en place de capacités de cyberdéfense militaire, défensive et offensive, mise en place dune chaîne opérationnelle centralisée à partir du CPCO, création de réserves opérationnelles et citoyennes. La tâche, on le voit, est urgente et considérable !
Dans un autre domaine, la sécurité maritime sest affirmée comme un enjeu dimportance croissante depuis 2008. Il concerne les routes maritimes qui supportent des voies dapprovisionnement stratégiques pour lEurope. Il concerne la préservation des ressources naturelles et halieutiques, mais également la protection de nos territoires outre-mer et laffirmation de notre souveraineté nationale dans nos zones économiques exclusives. A ce titre, il implique donc des efforts pour maintenir des moyens à la mer et permettre la sécurisation de ces espaces. Il appelle enfin une réactivité de tout lappareil dEtat, associant lIntérieur, la Défense, les Outre-Mer et les Finances.
Troisième dimension militaire nouvelle, le Livre blanc de 2013 prend acte du durcissement croissant des menaces auxquelles nos forces doivent faire face dans les zones où elles sont engagées en gestion de crise. Cette tendance va jusquà une forme d « hybridation » de ces menaces, lorsque des adversaires irréguliers, par exemple mafieux ou fanatisés, font appel à des moyens et technologies relativement sophistiqués, qui sapparentent en fait à des moyens étatiques. Il faut prendre en compte ce durcissement dans notre stratégie militaire. Cest la raison pour laquelle le Livre blanc développe une analyse précise et une doctrine adaptée aux nouveaux conflits.
Jen viens au renseignement. Si ce nest plus une dimension nouvelle, cela reste un champ stratégique davenir : à travers ce Livre blanc, le Gouvernement confirme et amplifie la priorité qui lui est accordée dans notre stratégie de défense et de sécurité nationale, quil sagisse du renseignement humain ou technique.
Le renseignement est en effet lune des clés de lautonomie stratégique et de lefficacité opérationnelle. Il apporte un concours indispensable à nos capacités de protection, de dissuasion et dintervention. Je le constate lors de chacun de mes déplacements sur les lieux de crise. Cest pourquoi, la France poursuivra les efforts quelle a entrepris, pour acquérir les capacités de recueil et dexploitation dont nous avons besoin pour notre autonomie dappréciation, pour la planification militaire, pour le ciblage, pour laction de nos forces spéciales, comme pour celle de nos moyens militaires conventionnels et nucléaires.
En parallèle, le Livre blanc met laccent sur la mutualisation des moyens techniques. Ce principe concerne aussi bien les moyens gérés au plan interministériel que les moyens mis à la disposition des différents services de la défense, la DGSE je tiens à saluer son nouveau directeur général, Bernard Bajolet, qui prend ses fonctions aujourdhui , mais aussi la DRM et la DPSD, conduites avec talent par le général Bolelli et le général Bosser. Plusieurs programmes, trop longtemps retardés, sont désormais acquis et amplifiés, quil sagisse des satellites dobservation, des satellites découte, des moyens embarqués sur les plateformes aériennes, des drones de théâtre et des drones tactiques, ou des avions légers de surveillance et dobservation avec leurs capteurs.
En contrepartie de cet effort conséquent, le Président de la République a décidé de renforcer le contrôle et la gouvernance des services de renseignement. Le Livre blanc conforte la place du coordonnateur national, créé en 2008, je men réjouis. Il prévoit laccroissement du rôle du Parlement, en dotant la délégation parlementaire au renseignement de compétences nouvelles, par exemple la capacité à suivre lensemble de la dépense publique ou de contrôler lactivité gouvernementale dans ce domaine sensible. Enfin, un effort particulier concernera le renseignement intérieur, dans sa double dimension humaine et technique, tandis que les moyens des services dans le cyberespace feront lobjet dune haute priorité.
Toutes les crises de ces dernières années lAfghanistan, la Libye, la Côte dIvoire, le Sahel, la Syrie ont par ailleurs montré limportance cruciale des forces spéciales. Elles sont en effet particulièrement en phase avec le besoin des autorités, tant politiques que militaires. Elles permettent de réagir dans lurgence, souvent par surprise, souvent dans la profondeur de dispositifs hostiles ou complexes. Prenant acte de leurs qualités et en particulier de leur grande adaptabilité, le nouveau modèle darmée prévoit le renforcement de leurs capacités, de leurs moyens de commandement, en même temps quune meilleure intégration avec les services de renseignement.
Un modèle ouvert sur lavenir passe aussi par des priorités déquipement qui sont fondamentales pour le futur et pour notre souveraineté. Je pense aux investissements dans le domaine spatial, aussi bien pour les communications que pour lobservation et lécoute.
Dans le même esprit, le Livre blanc prévoit de doter nos forces déquipements qui leur manquaient ou étaient terriblement lacunaires. Cest le cas des drones dobservation tactique et de théâtre, qui seront dabord des achats sur étagères, et seront ensuite portés, je le souhaite, par des programmes européens. Cest le cas des ravitailleurs en vol, quil est prévu dacquérir enfin, parce quils conditionnent des missions de la dissuasion et les missions dintervention aérienne.
Au-delà, leffort de recherche que nous maintiendrons participe de cette même volonté de penser notre défense sur le long terme, de préserver lavenir et de garantir notre autonomie stratégique.
Les hommes et les femmes de la défense et de la sécurité nationale feront également lobjet dune attention nouvelle.
La gestion de leur carrière, la gestion de leurs droits, la gestion de leurs obligations sont autant de facteurs de réussite pour notre politique de défense, et autant de clés qui nous permettront datteindre le modèle que nous venons de dessiner.
Il faudra garantir la cohérence densemble des personnels. Il faudra piloter la politique déquilibre et déquité dont je parlais tout à lheure. Cest pourquoi lassociation étroite de la hiérarchie civile et militaire, qui est dans sa cohésion garante de la mise en oeuvre au quotidien de la politique de ressources humaines, est plus que jamais requise. Je sais que je peux compter sur chacun dentre eux. Cest pourquoi, aussi, la gouvernance de ce domaine de laction publique sera rénovée, en favorisant toujours un dialogue respectueux et nourri avec tous les personnels.
Demain plus quhier, la concertation devra jouer tout son rôle au sein du ministère. Sa rénovation est dores et déjà engagée. En ce qui concerne la concertation militaire, un dialogue permanent a été mis sur pied, avec la création dun groupe de liaison qui sera institutionnalisé lors de la 90e session du CSFM.
De même, les instruments et les garanties dune expression libre autant que respectueuse des personnels doivent être développés. Dans le même esprit, les usagers de la défense seront pleinement associés à la conception des outils qui les concernent, et le cas échéant à la gestion des crises, comme nous le faisons en ce moment avec Louvois.
Citoyens comme les autres, les militaires doivent enfin pouvoir élaborer des projets de vie professionnelle, qui prennent en compte leur engagement familial. Il faut quils puissent, le cas échéant, bénéficier de toutes les évolutions sociales qui permettent aujourdhui, autant que possible, de concilier engagement professionnel et vie personnelle.
En ce qui concerne le dialogue social avec les personnels civils de la défense, il est à développer dans le cadre dun agenda social clair et soutenu, conforme aux accords de Bercy, évidemment dans le respect des partenaires sociaux.
Autre aspect de la condition militaire, la judiciarisation, qui sest tant développée ces dernières années, est prise en compte, à ma demande, dans le Livre blanc.
Dans lesprit du message que le Président a adressé aux armées le 19 mai dernier, regrettant la « judiciarisation inutile » de laction militaire, jai décidé avec la Garde des Sceaux dune mission conjointe sur le sujet. Cette mission a identifié plusieurs pistes de réformes, y compris législatives, portant aussi bien sur les modalités de saisine du juge que sur léventuelle adaptation des qualifications pénales aux spécificités de laction de combat. Ces propositions, auxquelles je tiens beaucoup, feront lobjet dans les prochaines semaines de discussions interministérielles.
Les résultats, qui impliquent des modifications du code de justice militaire et du code de la défense, devront être intégrés dans la future loi de programmation militaire. Je métais engagé à faire progresser ce dossier. Je renouvelle aujourdhui mon engagement déterminé en ce sens.
A mes yeux, notre défense traverse aujourdhui une épreuve, avec le défi de ladaptation et la nécessité de trouver un nouvel équilibre, après une période dajustement inévitable. Mais elle en a vu dautres, bien pires, souvent plus dangereuses, dans son histoire. Notre chance, cest que nous disposons dune base solide pour conduire les changements qui simposent, pour traverser cette passe difficile.
Cest pourquoi, je souhaite aujourdhui que nous engagions ensemble un combat, celui de ladaptation et de la pérennisation de nos capacités de défense. Ce combat passe par le modèle darmée que je vous ai présenté. Dans notre situation, et avec lengagement de stabilité financière rappelée par le Président de la République, cest le modèle le plus équilibré possible. Avec ce projet, nous créons une dynamique, fondée à la fois sur la crédibilité et lambition. Il sagit bien dun projet nouveau, porteur de la continuité de notre politique de défense et de ladaptation aux défis de demain.
Avec vos chefs et lensemble des responsables du ministère, nous avons élaboré ce projet en pensant à votre engagement, votre énergie, votre dévouement, qui nous donnent confiance en votre capacité à le porter. Ministre depuis près dun an, jai pris avec fierté, sur le terrain, la mesure de vos qualités militaires, professionnelles et humaines . Ces qualités, je les ai retrouvées chez tous, civils et militaires. Elles mont impressionné plusieurs fois. Plus que jamais, nous en avons besoin pour mettre en oeuvre et faire vivre ce projet.
Lheure est maintenant à la mobilisation. Toujours, vous me trouverez à vos côtés. Comme le Mali le rappelle avec éclat, la Nation est unanime derrière celles et ceux qui ont fait le choix de la défendre. Dans le défi qui nous attend, vous êtes soutenus et attendus par les Français. Ils comptent sur vous, pour que la France, demain, continue davoir une défense performante, des armées en qui elle se reconnaisse. Ministre de la Défense, sous lautorité du Président de la République, cest le cap que je veux fixer. Et je compte sur lengagement de chacun et la mobilisation de tous pour le tenir.
Vive la République !
Vive la France !
Source http://www.defense.gouv.fr, le 30 avril 2013