Déclaration de Mme Michèle Delaunay, ministre des personnes âgées et de l'autonomie, sur l'accueil et l'accompagnement des personnes âgées, Bordeaux le 3 juin 2013.
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Circonstance : 28ème congrès de la FNADEPA à Bordeaux le 3 juin 2013
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Texte intégral
M. le Président, permettez-moi de répondre à cette belle citation par la consigne que jai donnée à mon ministère : « Soyez réaliste, demandez limpossible ». Ainsi, nous nous rejoignons totalement. Nous avons vécu la révolution de 1968 et nous ferons la révolution de lâge. Les slogans de Mai 1968 sont particulièrement adaptés à notre action commune.
M. le Préfet, Mme FAYET, M. le Représentant du Conseil général, M. BORTHURY, chers amis, je suis doublement heureuse dêtre là.
Dune part, il sagit déjà de la troisième fois que je suis présente, et je suis heureuse de retrouver une fédération engagée qui se pose les bonnes questions. En outre, Bordeaux est ma ville, et les personnes âgées y vivent bien.
Pourtant, à la lecture du titre de ce colloque, je me suis assombri. Jai lu les titres des précédents colloques qui, eux, étaient positifs. Or, aujourd'hui, vous parlez des contraintes en proposant dy faire face. De mon côté, je voudrais les bousculer, car je les partage. Ainsi, nous avons tous ensemble, en concertation et en partenariats, le devoir den élargir les murs.
La politique de lâge a été construite progressivement. En 1945, quand nous avons obtenu la retraite à 65 ans, lespérance de vie était de 66 ans. Le Conseil national de la résistance a travaillé sur la politique de santé et a réformé lécole, mais il a estimé que la politique de lâge nétait pas une priorité. Aujourd'hui, la vieillesse dure 30 ans, soit le temps qui sécoule entre la fin de la vie professionnelle et la fin de la vie. Demain, les personnes âgées représenteront 30% de la population.
Nous ne parviendrons pas à repousser lensemble des contraintes aussi rapidement que nous le voudrions. Dune part, nous sommes à la croisée des chemins avec dun côté une politique linéaire et normative, celle de la loi, et de lautre, limportance de la proximité, de la décentralisation et de la territorialisation. La politique de lâge relève aujourd'hui de la territorialisation, et je veux saluer laction des municipalités et des conseils généraux. La coordination de lensemble de ces acteurs nous permettra datteindre nos objectifs.
En outre, nous devons simplifier, rendre lisible et visible. Le Président de la République a parlé de choc de simplification. Malheureusement, nous ne simplifierons pas autant que nous le voudrions en un ou deux ans pour les raisons annoncées précédemment. Cependant, je mengage à faire des pas substantiels en avant.
Il existe des contraintes architecturales et réglementaires. Nous travaillons sur ce dossier qui nest pas le plus évident. Nous devons notamment réduire la pesanteur entourant les définitions des PASA et des UHR. Il sagit de quelques difficultés de réglementation pesantes pour la construction des établissements ou pour leur rénovation. Il faut réaliser un arbitrage juste entre la sécurité et la prise de risque.
Le sujet du logement intermédiaire est également important. Le binôme entre le domicile et les établissements est fini. Il sagit dune évidence. Les baby-boomers voudront le plus longtemps possible être autonomes à leur domicile. 87% des Français veulent vieillir chez eux. Evidemment, ils veulent aussi être intégrés dans la vie sociale et disposer dun logement adapté et aménagé. Nous devons faciliter la mise en place dans tous les logements des progrès technologiques existants en termes de domotique et dinformatique. Il ne sagit pas de pallier les pertes dautonomie, mais de les réparer ou de les compenser.
Nous sommes la génération de lémancipation et nous devons nous émanciper de lâge et du grand âge, jusquà la dernière limite de nos possibilités. Demandons limpossible, il est à notre portée si nous y mettons une très forte volonté.
Sagissant des contraintes économiques, nous sommes solidaires de la FNADEPA. Je prépare un projet de loi avec deux consignes simples : ne pas dépenser un euro de plus, ni lever une recette de plus. Jespère que cette gageure sassouplira. Cela étant, nous ferons la grande réforme « anticipation, prévention, adaptation et accompagnement de la perte dautonomie ». Cette loi sera prête à la fin de lannée et elle montera en charge progressivement en fonction des contraintes financières énoncées précédemment. Ainsi, à la fin de lannée, la France retrouvera son triple A : « Anticipation, Accompagnement, Adaptation ».
Il sagit de notre objectif. Nous devons lever des contraintes économiques. Pourtant, nous avons réussi à maintenir lONDAM à 4,6% pour les personnes âgées dans un budget qui ne doit pas augmenter et nous avons débloqué 162 millions deuros pour la médicalisation des établissements. En outre, 85 millions deuros de plus ont été provisionnés par anticipation. Ainsi, les difficultés relatives aux conventions tripartites seront en partie levées. Ces conventions peuvent déjà être établies pour 2014. Cette possibilité danticipation permettra déviter tout retard lors de la prise de poste des personnels. Leffort de simplification est considérable et jespère que vous bénéficierez ainsi dun avantage concret. Je me suis engagée afin que nous progressions chaque année.
Il existe également des contraintes très importantes concernant la gouvernance. En effet, trois financeurs sont parties prenantes dans la politique de lâge. Ces financeurs associent les exigences de la proximité aux exigences normatives de la République. En outre, ils font face, tous les trois, à des difficultés financières. Ainsi, certains départements sont en très grande difficulté et pèsent lourdement sur nos projets par leurs demandes de compensation des allocations de solidarité.
La stratégie nationale de santé publique se dessine, et les personnes âgées sont à la pointe de la modernité avec le parcours de soin, PAERPA. Ce parcours nous permettra de mettre en coordination, en échanges et en efficience tous les acteurs sur le terrain.
Jannonce que Bordeaux sera un des cinq territoires dexpérimentation de lannée 2013 et nous travaillons déjà sur ce sujet.
Il faut donc continuer de simplifier et de mettre de la lisibilité et de la visibilité. Nous devons tous nous attacher à la prévention et la réhabilitation des personnes âgées. Ainsi, le chapitre prévention sera le moteur de notre projet de loi, mais je voudrais que vous vous en empariez. Moins les personnes seront dépendantes, plus tard elles le seront, mieux nous ferons notre travail et plus nous en serons satisfaits.
Dautre part, nous devons nous inscrire dans la dynamique de lemploi. Jai lhabitude de dire que nous sommes le seul ministère en croissance. La DARES estime à 300.000 le nombre demplois nécessaires dici 2020 auprès des personnes âgées auxquels sajoutent les emplois productifs. Nous avons le devoir de réaliser cet objectif. Par conséquent, je souhaite que, malgré les difficultés, chacun sengage dans les emplois davenir. Selon un article du journal Le Monde du 2 juin, 900.000 jeunes Français ont renoncé à lespoir dun emploi. Chacun de nous a le devoir de les remettre dans le chemin du travail. Les emplois davenir dans le secteur de lâge sont, de ce point de vue, particulièrement indiqués.
Dune part, ils sadressent majoritairement à des jeunes femmes qui sans ces emplois, pour beaucoup, resteraient confinées à la maison. En effet, beaucoup dentre elles sont issues de limmigration. Or elles possèdent un respect particulier pour les personnes âgées. Il sagit donc dun vecteur dintégration très important pour elles-mêmes et leurs enfants. Pour tous, il sagit de lessence du contrat de générations puisque ces jeunes trouvent leur place dans la société auprès des personnes âgées. Il sagit dune expérience de vie, dun partage, qui les rendra plus forts. Jen vois la traduction sur le terrain.
Jai obtenu pour ces emplois davenir auprès de lâge 30 millions deuros par an de crédits formation. Ainsi, les tuteurs recevront également une gratification. Elle permettra daméliorer leurs salaires souvent trop restreints.
Jai lancé le 1er juin lopération « un EHPAD, un emploi davenir ». Jespère créer, grâce à vous, deux emplois davenir dans chaque EHPAD.
Enfin, la Silver économie possède deux volets : dun côté, lemploi auprès des personnes et de lautre lensemble des dispositifs de domotique, dassistance ou de robotique. Ces dispositifs sont déjà présents et bientôt, vous serez accueillis à mon ministère par un robot daccompagnement annonçant : « la Silver-éco, cest maintenant ». Jengage tout le monde à sinscrire dans ce processus de modernisation. Dix années de développement sont encore nécessaires, mais il sagit de lavenir de laccueil et de laccompagnement des grands âgés de demain.
Merci.
Source http://www.fnadepa.com, le 25 juillet 2013
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