Texte intégral
Question : comment la France, qui menaçait de mettre son veto, hier matin, s'est-elle soudainement ralliée à la déclaration finale ?
François Huwart : nous sommes parvenus à un résultat loin d'être symbolique. Les pays en développement ont obtenu satisfaction sur la question cruciale de l'accès aux médicaments, mais aussi sur les mesures antidumping ou encore la mise en oeuvre des accords de Marrakech. Les Quinze ont obtenu satisfaction sur le dossier de l'environnement ou encore sur celui de l'investissement, même si nous ne pouvons pas nier qu'il reste de nombreuses questions à régler.
Les normes sociales, que l'Europe défendait, n'ont pas évolué et provoquent la colère des syndicats...
FH : on ne peut pas dire ça. Le texte final dit que nous continuerons à travailler sur les moyens de rapprocher l'Organisation internationale du travail de l'OMC. Mais, c'est vrai, le résultat est globalement décevant.
Pensez-vous que Doha introduise cette régulation de la mondialisation dont vous vous faisiez le défenseur ?
FH : nous avons désormais le pied dans la porte. Des négociations sur les AME (accords multilatéraux sur l'environnement) et l'OMC vont désormais s'ouvrir. L'accès aux médicaments des pays en développement est une avancée d'une extrême importance. C'est la première fois que l'OMC admet que les règles commerciales doivent tenir compte des questions de santé publique ou encore de souveraineté politique. A l'arrivée, on a mis un "cliquet" à la libéralisation et à la dérégulation.
Comment allez-vous gérer politiquement en France les concessions agricoles accordées en matière de subventions à l'exportation ?
FH : j'ai eu encore ce matin même Jacques Chirac et Lionel Jospin au téléphone. Ils m'ont donné leur feu vert. Certes, la question des suppressions des subventions agricoles figure désormais dans l'agenda. Il faudra donc en discuter. Mais nous n'avons fixé ni les termes ni les conditions de leur élimination progressive. A l'arrivée, nous avons su préserver l'autonomie de la politique agricole commune.
Propos recueillis par Vittorio de Filippis et Christian Losson,
parus dans Libération du 15 novembre 2001.
(Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 4 décembre 2001)