Déclaration de Mme Annick Girardin, ministre de la mer, en réponse à des questions sur le soutien au secteur de la pêche, Sénat le 24 novembre 2021.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Questions posées au gouvernement par M. Alain Cadec, sénateur (LR) des Côtes- d'Armor) et Mme Martine Filleul, sénatrice (groupe SÉR) du Nord, Sénat, 24 novembre 2021

Texte intégral

Monsieur le Sénateur, nous nous connaissons depuis très longtemps. Comment pouvez-vous imaginer que je puisse renoncer ? Je pense que vous connaissez très bien ma réponse à votre question. Cela fait maintenant onze mois que nous nous battons et nous n'allons pas cesser de le faire.

Je suis régulièrement sur le terrain auprès des professionnels. Je me suis expliqué avec eux lors des assises de la pêche et des produits de la mer, ainsi que, dimanche, dans les Hauts-de-France.

Quelle est la vérité ? La vérité, c'est que, depuis onze mois, nous ne cessons de monter les dossiers techniques réclamés par le Royaume-Uni. La vérité, c'est que nous nous battons quotidiennement pour obtenir des licences : le Gouvernement, les professionnels, les élus, sauf ceux qui, en ce moment, ont besoin d'être un peu plus médiatisés et en oublient l'intérêt général !

Où en sommes-nous des licences ? Aujourd'hui, nous avons obtenu 85% d'entre elles, il nous en manque 15%. Pour les Britanniques, c'est un détail ; pour moi, c'est capital. Alors je continue de me battre pour chacune d'elles. Je me bats ainsi, notamment, pour l'armement Porcher, que vous connaissez bien. Cet armement extrêmement dynamique achète régulièrement de nouveaux navires, mais les Britanniques disent que ceux-ci n'ont pas d'antériorité. Nous leur expliquons qu'il s'agit de navires de remplacement. À cet égard, nous avons fait une proposition, qui a été reprise par la Commission européenne et qui est en cours de discussion depuis treize heures aujourd'hui entre le commissaire européen aux affaires maritimes et à la pêche et le ministre britannique de la pêche.

La négociation continue et nous irons jusqu'au bout, je l'ai dit aux pêcheurs. Ils sont d'ailleurs, si vous regardez la totalité de leurs déclarations, toujours derrière le Gouvernement et toujours alignés avec le plus grand nombre.

Ils ont effectivement annoncé aujourd'hui leur volonté de faire entendre leur voix à travers des manifestations et c'est normal. Cela fait des mois qu'ils font preuve de patience ; cela fait maintenant onze mois qu'ils attendent des réponses alors qu'on leur avait dit qu'ils en auraient au bout d'un mois.

Qu'est-ce qu'a redit le Président de la République ?

Il a laissé ouvert un espace de dialogue, mais indiqué qu'une date limite au dialogue devait être fixée. C'est à la Commission européenne qu'il appartient de la donner au Royaume-Uni. Ce sera sans doute chose faite dans les heures qui viennent.

Monsieur le Sénateur, l'instrumentalisation politique ne me fera pas dévier. Je serai là pour chaque pêcheur, jusqu'au bout, et j'emploierai tous les outils nécessaires pour les soutenir.


Madame la Sénatrice, j'étais chez vous dimanche pour débattre avec les pêcheurs, mais également avec les mareyeurs et l'ensemble de la filière. Il était important que nous puissions échanger tous ensemble. Nous nous sommes réunis au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage maritimes (Cross) de Gris-Nez afin de lister l'ensemble des problèmes que nous rencontrons avec le Royaume-Uni.

Je le redis ici : je leur ai rappelé que la priorité du Gouvernement est bien de se battre pour obtenir l'ensemble des licences. Il nous en manque un peu plus de 150. Nous nous battons pour chacune d'elles, avec des arguments précis, parce que chaque cas est particulier. Nous sommes dans des zones proches de la côte. Les navires concernés font le plus souvent moins de douze mètres, sauf les navires de remplacement que j'ai évoqués précédemment. Il faut donc effectuer un travail au cas par cas.

En même temps, et je l'assume totalement, mon travail de ministre est aussi de prévoir l'avenir et d'anticiper les situations qui se présenteront demain.

Ma première action, bien entendu, est de continuer de mener le combat. Ma seconde action est d'accompagner les pêcheurs par des mesures. Un plan d'accompagnement a ainsi été présenté en janvier 2021. Il a été construit avec les pêcheurs à la fin de l'année 2020. Je n'ai rien dit de nouveau lors des assises, il y a juste eu une manipulation politique à la sortie !

J'ai rappelé les différentes mesures de ce plan et j'ai parlé à tous ceux qui ont et qui vont connaître les conséquences du Brexit, mais j'ai aussi parlé à ceux qui connaissent celles du plan de gestion européen West-Med, qui s'applique en Méditerranée, et à ceux qui aujourd'hui pêchent dans le golfe de Gascogne. Les difficultés des pêcheurs ne sont pas liées uniquement au Brexit, même s'il s'agit d'un gros dossier, elles sont dues également à la crise du covid-19.

Ce plan d'accompagnement sera mis en place dans les jours qui viennent.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 décembre 2021