Interview de M. Olivier Véran, ministre délégué, chargé du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement, à France Info le 18 avril 2023, sur la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites, la politique de l'emploi, la semaine de 4 jours et la polémique sur le fonds Marianne.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : France Info

Texte intégral

MARC FAUVELLE
Bonjour Olivier VERAN.

OLIVIER VERAN
Bonjour.

MARC FAUVELLE
Emmanuel MACRON a évacué le sujet des retraites en deux minutes top chrono hier soir avec notamment cette phrase.

EMMANUEL MACRON, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Cette réforme est-elle acceptée ? A l’évidence, non. Plus généralement, c’est une colère qui s’est exprimée. Personne, et surtout pas moi, ne peut rester sourd à cette revendication de justice sociale et de rénovation de notre vie démocratique.

MARC FAUVELLE
Dans la bouche d’Emmanuel MACRON, c’est le maximum du mea culpa possible.

OLIVIER VERAN
Ce que le Président dit, c’est qu’il y a une aspiration qui a été entendue à travers le mouvement social à une plus juste répartition de l’effort, à un plus juste partage de l’effort ; c’est aussi ça qu’on a entendu.

MARC FAUVELLE
Ce n’est pas là-dessus qu’ont manifesté des millions de personnes.

OLIVIER VERAN
Il y a des gens, si, qui ont manifesté parce qu’ils veulent quelque chose qui soit plus juste dans le partage. Et ce que nous disons aux Français, c’est qu’on entend ce message et qu’on veut qu’il y a un plus juste partage de l’effort mais aussi un plus juste partage des solidarités, un plus juste partage des ressources. On l’a vu avec le plan énergie, on le verra avec le plan eau.

MARC FAUVELLE
Des bénéfices ?

OLIVIER VERAN
Il y a quelque chose de prévu là-dessus, oui, dans le partage des ressources financières aussi puisqu’on va transcrire dans la loi un accord demandé par les syndicats et le patronat qui parle de la répartition de la valeur. C’est-à-dire que quand une entreprise, dès dix salariés, fait des bénéfices, les salariés doivent en être aussi des bénéficiaires.

SALHIA BRAKHLIA
Le sujet de la réforme des retraites est derrière vous ; ça y est, on ne va plus en parler ?

OLIVIER VERAN
Ce n’est pas à nous de décider si on n’en parle plus ou non. Ce que nous disons, c’est que nous avons devant nous l’application pratique de la loi puisque la loi, elle nous donne pour mission d'appliquer, d'avoir des décrets qui vont transcrire de manière très pratique comment tel ou tel élément de la loi vont s'opérer dans les prochains mois. Et c'est pour ça aussi que nous avons besoin de travailler avec les syndicats. Par exemple, sur la pénibilité, on sait que la loi dit qu'il y a un milliard d'euros qui sont mis sur la table sur cinq ans pour pouvoir travailler sur la prévention de la pénibilité et l'accompagnement de la pénibilité ; les décrets doivent déterminer dans quelles branches professionnelles, dans quelles conditions etc… Donc cette application pratique, elle nécessite d'avoir du dialogue social avec les partis.

SALHIA BRAKHLIA
Justement, les syndicats, « c'était une espèce de vide, cette allocution » c'est ce que dit Laurent BERGER, patron de la CFDT. Sophie BINET de la CGT dit, elle, qu'elle a eu l'impression que c'était ChatGPT qui [avait] écrit le discours. Vous leur dites quoi à ces syndicalistes qui disent qu'en fait, elle n'a servi à rien cette allocution ?

OLIVIER VERAN
Que quand vous parlez du quotidien des Français, quand vous parlez des difficultés qu'ils rencontrent au quotidien, des épreuves de la vie auxquelles ils peuvent faire face, quand vous leur parlez du prix des aliments, quand vous leur parlez d'un système de santé dont vous voulez qu'il soit comme avant, d'une école qui doit être meilleure qu'avant, quand vous dites aux Français que chacun doit être récompensé ses efforts, on ne peut pas parler de vide en fait, on parle de la vie des gens.

SALHIA BRAKHLIA
Olivier VERAN, ce n’était pas une allocution à côté de la plaque ? Permettez-moi de le dire comme ça. C'est-à-dire que les manifestations, elles portaient sur la réforme des retraites, elles portent sur la réforme des retraites ; et on a l'impression qu'Emmanuel MACRON a déplacé le sujet. Il a parlé d'inflation et d'autres sujets qui sont des préoccupations des Français, mais ce n'est pas la réforme des retraites qu’il a évacué en deux minutes.

OLIVIER VERAN
Je crois que restreindre les préoccupations des Français à la seule question des retraites, ce serait ça être à côté de la plaque. Parce que ce que nous disent les Français quand on les rencontre, c'est aussi beaucoup qu'ils ont un problème avec le pouvoir d'achat face à l'inflation, c'est aussi beaucoup qu'ils veulent avoir des services publics de proximité plus forts, qu'ils sont inquiets pour leur école, pour leur hôpital, pour leur sécurité. C'est aussi cela qu'ils nous disent. Et donc aborder ces questions-là, et ne pas parler que de la seule question des retraites, même si ça fait des mois que je me suis interrogé que sur la question des retraites. Mais en fait, notre pays bouge ; on sera bientôt un an de mandat de ce deuxième quinquennat. Et moi, j'aimerais qu'on puisse aussi parler de tout ce que nous avons mis en place, tout ce que nous avons mis en œuvre et qui change concrètement la vie des Français. Ce que le Président aussi a réussi à faire dans son allocution, en parlant par exemple de la dizaine de millions de Français qui ne payent plus leurs soins lorsqu'ils vont chez le dentiste. Ça fait partie de la vraie vie, c'est ce que nous disent aussi les gens au quotidien.

SALHIA BRAKHLIA
On va rentrer dans les détails.

MARC FAUVELLE
Emmanuel MACRON a utilisé une drôle de formule hier. Il s'est fixé cent jours pour apaiser le pays. La dernière fois dans l'histoire de France qu'on a parlé des cent jours, c'était Napoléon, de retour d'exil, le retour de l'aigle sur la France et ça s'est terminé en 1815, si mes souvenirs sont bons, à Waterloo. C'était vraiment un bon choix ça, comme formule ?

OLIVIER VERAN
Les cent jours, assez régulièrement en fait. Il y avait les cent premiers jours d'un mandat.

MARC FAUVELLE
Normalement, on en parle au tout début d'un mandat.

OLIVIER VERAN
Non, mais là, on est dans une période particulière. Vous voyez, on vient de vivre une crise sociale forte dans notre pays qui soldée par une loi qui a été adoptée par le Parlement à travers un 49.3 ; c'est-à-dire en mettant en jeu la confiance du Gouvernement et qui a été validée par le Conseil constitutionnel. Nous venons de vivre une dizaine de manifestations et de journée de grève. Et pour autant, je le redis, beaucoup de Français nous parlent, à côté du sujet des retraites, de sujets du quotidien qui leur sont chers. Et donc le Président dit "nous allons maintenant ordonner, réorganiser notre façon de faire de la politique sur les prochaines semaines, de manière à apporter rapidement des réponses concrètes aux problèmes que rencontrent les Français dans leur quotidien."

MARC FAUVELLE
Désolé parce qu'on va encore passer quelques minutes sur le sujet avec SALHIA BRAKHLIA.

SALHIA BRAKHLIA
Est-ce que vous êtes certains que la réforme entrera effectivement en vigueur le 1er septembre prochain ? Emmanuel MACRON a parlé de l'automne, hier soir, mais ce sera le 1er septembre prochain ?

OLIVIER VERAN
La date prévue pour l'essentiel est en tout cas au 1er septembre comme par exemple, la revalorisation des petites pensions de retraite pour près de deux millions de retraités.

SALHIA BRAKHLIA
Alors, ce ne sera pas pour tout de suite.

MARC FAUVELLE
Ça sera étalé dans le temps et sur l'année prochaine.

OLIVIER VERAN
Tout va être organisé à partir du mois de septembre. C'est-à-dire que l'application concrète du décret va commencer à compter de septembre. Donc certains décrets mettront un peu plus de temps pour être pleinement opérationnels.

MARC FAUVELLE
L'intersyndicale, on le sait, a refusé de rencontrer Emmanuel MACRON aujourd'hui à l'Elysée. Il y a un délai de décence dit le leader de la CFDT, Laurent BERGER. On ne vient pas quand on nous siffle. Est-ce que vous comprenez qu'il n'ait pas envie de revenir tout de suite ?

OLIVIER VERAN
Déjà je note que le Président de la République avait proposé aux syndicats de les rencontrer bien avant la question de la réforme des retraites. C’était au mois de juin dernier ; certains étaient venus, la CFDT. D'autres n'étaient pas venus, par exemple la CGT, qui aujourd'hui dit que le Président les a boudés etc… En réalité, la porte du Président était ouverte bien avant la question des retraites, je reviens là-dessus.

SALHIA BRAKHLIA
Mais l'intersyndicale a écrit au Président, pendant les débats, il a refusé de les recevoir.

OLIVIER VERAN
Ce n’est pas à nous de dire aux syndicats… Non, il a considéré que pendant que le texte était en phase d'examen au Parlement, la séparation des pouvoirs nécessitait un peu de recul de la part du Président de la République.

MARC FAUVELLE
La séparation des pouvoirs ?

OLIVIER VERAN
Bien sûr. Lorsque vous avez un texte qui est en cours d'examen au Parlement, c'est-à-dire que c'est un objet qui devient un objet parlementaire, législatif ; ce n'est pas à l'exécutif de venir piloter les choses depuis l'Elysée. Ça paraît totalement conforme aux règles institutionnelles.

MARC FAUVELLE
Mais la réforme des retraites est pilotée à l'Elysée quand il y a eu un accord avec les Républicains pour modifier la réforme des retraites ; ça a été décidé à l'Elysée.

OLIVIER VERAN
C'est un accord qui était gouvernemental, piloté par la Première ministre et le texte n’est pas…

MARC FAUVELLE
Et Emmanuel Macron n'a pas regardé ce qu'il y avait dedans ?

OLIVIER VERAN
Pardonnez-moi, lorsqu'il y a eu, non pas un accord, mais lorsqu'il y a eu de la part des Républicains, la confirmation qu'ils étaient prêts à soutenir un projet de loi qu'ils avaient soutenus pendant la campagne mais que finalement, ils n'ont pas soutenu à l'arrivée, c'était avant le début de l'examen du texte. Donc pendant les quelques semaines d'examen à l'Assemblée et au Sénat, il était normal que le Président soit en position de recul par rapport à cela. Maintenant, il propose de les recevoir ce matin et leur dit « si vous ne venez pas ce matin, venez la prochaine fois ; on a besoin de vous, on a besoin de travailler ensemble. »

MARC FAUVELLE
Vous pensez que vous êtes réconciliables avec Laurent BERGER pour la suite du quinquennat ?

OLIVIER VERAN
Je crois aux preuves d'amour et les syndicats ont déjà, alors qu'on était en période de grève et de tensions sociales importantes, topé avec le patronat à notre demande sur des règles de partage de la valeur en entreprise ; ce dont je parlais tout à l’heure. Quand une entreprise fait du bénéfice…

MARC FAUVELLE
Ça, c’est une preuve d’amour ?

OLIVIER VERAN
Ça veut dire qu'ils sont, non seulement en capacité de travailler et d’avancer, mais même d'identifier un accord. Et ils nous demandent de retranscrire cet accord sans le modifier ; ce que nous faisons. Donc on est capable de travailler à côté de la question des retraites sur beaucoup d'éléments. Or là, il va falloir parler de bon emploi, de qualité de vie au travail, de pénibilité, de fin de carrière.

SALHIA BRAKHLIA
Mais quand on écoute Laurent BERGER, il dit qu'il a plus de facultés, de possibilités de parler, de dialoguer avec le MEDEF plutôt qu'avec vous. Ce n'est pas un problème, ça ?

OLIVIER VERAN
Vous savez, quand on est dans un moment de conflit social, il y a des mots, il y a des phrases, il y a des stratégies. Ça fait partie de la vie politique française depuis des décennies, voilà. C’est pour ça que je vous ai parlé de preuve d’amour et pas des mots en fait. Parce que des mots d’amour, il n’y en a pas beaucoup en ce moment en France, ça ne vous aura pas échappé. Mais par contre la capacité des syndicats qui aiment leur pays et qui aiment les salariés qu'ils représentent, de se dire on a une occasion de porter des revendications sociales fortes pour que le travail paye mieux, pour faire en sorte que les gens soient plus heureux d'aller au travail ; les syndicats ne passeront pas à côté.

///

SALHIA BRAKHLIA
Avec le porte-parole du Gouvernement Olivier VERAN, Emmanuel MACRON n’a pas dit ce qu’allaient devenir les mesures qui ont été retoquées par le Conseil constitutionnel comme le CDI ou l’index senior, donc on vous pose la question, que vont devenir ces mesures ?

OLIVIER VERAN
Il est fondamental de travailler à améliorer les fins de carrière, il est fondamental d’accompagner les passages à la retraite, il est fondamental de faire en sorte que les seniors qui ont des choses à apporter dans l’entreprise, dans la vie de notre pays puissent être considérés comme tel et donc il faut que l’on reprenne ce chantier important de l’emploi des seniors, c’est l’un des sujets de discussion qui attendent les syndicats et le président de la République lorsqu’ils se verront. En tout cas…

MARC FAUVELLE
Ils sont remis sur la table ces sujets-là ?

OLIVIER VERAN
En tout cas j’imagine bien que c’est quelque chose que nous voulons continuer de porter sous la forme qui a été censurée par le Conseil constitutionnel ou sous une autre forme. Attention le Conseil…

SALHIA BRAKHLIA
Dans une future loi travail.

OLIVIER VERAN
A dit en fait ces éléments-là posent des problèmes sur le fond, mais sur la forme c’est compliqué dans un texte retraite. Donc il faut qu’on puisse travailler, ça fait partie des sujets dont on veut discuter si les syndicats veulent en parler évidement, mais j’imagine qu’ils le voudront.

MARC FAUVELLE
Si le 3 mai prochain le Conseil constitutionnel valide la demande de référendum d’initiative partagée, le RIP qui a été déposé par la gauche et que le nombre de signatures est suffisant, il en faut 4,8 millions, est-ce que vous prenez l’engagement de l’inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale ?

OLIVIER VERAN
Il y a deux semaines on nous posait la question et si le Conseil constitutionnel censure la loi et si le Conseil constitutionnel valide le RIP, j’ai fait une réponse à l’époque que je vais vous faire encore aujourd’hui, on n‘est pas là pour anticiper la décision d’une autorité indépendante, on est là pour avancer et faire avancer notre pays.

MARC FAUVELLE
Ce ne serait pas… d’apaisement justement.

OLIVIER VERAN
On attend sereinement la décision du Conseil constitutionnel le 3 mai sur cette question du RIP, sachant qu’il a déjà tranché une première sur la question du RIP.

MARC FAUVELLE
Pour une question de forme là aussi, il a écarté parce que les 64 ans n’étaient pas en vigueur au moment où la demande a été déposée devant le Conseil constitutionnel.

OLIVIER VERAN
Il l’a écarté parce que la demande de RIP considérait à faire un référendum pour dire que rien ne devait changer, bon nous, nous considérons que notre système des retraites, il doit changer puisqu’il n’est pas équilibré dans la durée et qu’il faut pouvoir le réformer.

MARC FAUVELLE
Allez ça va vous faire plaisir, on va parler de la future loi Travail.

SALHIA BRAKHLIA
Oui le travail, c’est l’un des trois grands chantiers auquel veut s’attaquer le président de la République avec plusieurs mesures, concrètement qu’est-ce qui va changer pour les allocataires du RSA ?

OLIVIER VERAN
Ce que nous voulons c’est que ceux qui le peuvent, ceux qui le peuvent, puissent bénéficier dans tous les cas d’une formation professionnelle ou d’un accès à l’emploi.

SALHIA BRAKHLIA
Ça veut dire quoi ceux qui le peuvent ?

OLIVIER VERAN
Ça veut dire qu’il y a des gens…

SALHIA BRAKHLIA
C‘est au bon vouloir ?

OLIVIER VERAN
Non, vous savez si vous rencontrez des gens qui sont bénéficiaires du RSA, vous allez parfois trouver, souvent d’ailleurs des mères isolées avec enfants qui suite à une rupture se sont retrouvées seules à élever leurs enfants, qui n’ont pas pu reprendre d’activité professionnelle et qui vivent aujourd’hui avec des minimas sociaux, parfois avec trois enfants 900 euros TTC par mois pour vivre et qui ne vivent pas bien. Mais moi j’en rencontre beaucoup, figurez-vous. Et certaines me disent moi je ne suis pas prête à reprendre un emploi, d’autres disent moi j’aimerai pouvoir reprendre un emploi mais j’estime que je ne suis pas suffisamment aujourd'hui accompagnée pour y arriver et d'autres me disent j'ai peur. Donc ce qu'il faut c'est qu'on est vraiment une démarche attentive au cas par cas pour pouvoir dire à ceux qui sont en situation de retrouver une formation de sortir de la misère par l'emploi et par formation.

SALHIA BRAKHLIA
Donc il ne s'agit pas d'obligation.

OLIVIER VERAN
Ça veut dire que, dans un certain nombre de cas, vous pouvez aussi faire face à des bénéficiaires du RSA qui vous expliquent, ça m'arrive qui sont au RSA depuis 3 ou 4 ans, qui disent je me suis habitué à cette situation et finalement je m'en satisfais entre guillemets, non pas que les revenus soient suffisants pour moi mais en tout cas c'est la place qui est la mienne aujourd'hui. Et là on a envie de leur dire, écoutez on va vous accompagner, donc il n’y a pas de raison, vous avez travaillé dans le passé, vous vivez aujourd'hui avec des minima sociaux, vous ne vivez pas correctement donc maintenant on va sortir de cette espèce de marasme, on va vous accompagner de façon active et là vous allez faire une formation de 15 heures, de 10 heures…

SALHIA BRAKHLIA
Mais pardon, j’essaie de comprendre comment vous allez faire la différence entre ces différents profils, à quel moment ce serait une obligation pour un certain profil et pas pour l’autre ?

OLIVIER VERAN
C'est l'objet des discussions que nous devons avoir justement que d'arriver à identifier les bons leviers. Il y a une partie des gens, il ne faut pas se mentir, il y a une partie des gens qui sont aujourd'hui aux minima sociaux et qui ne sont pas en situation parfois même situation médicale ou physique parce qu'ils ont des problèmes à côté ou des problèmes psychologiques de retrouver tout de suite une formation ou un emploi. Dans ce cas-là il faut les accompagner sur le plan général pour les remettre ensuite à l'emploi et vous avez des gens, je le redis, qui sont dans une forme de marasme qui les a conduits à considérer que leur place n'était plus en milieu professionnel et ça il faut y remédier. Donc on a vraiment cet objectif. Pourquoi est-ce qu'on peut le faire maintenant, parce qu'on arrive vers le plein emploi, parce qu'on a des milliers d'emplois qui ne sont pas pourvus. J’étais en Bourgogne Franche-Comté la semaine dernière, j'ai rencontré une dizaine de bénéficiaires du RSA, elles étaient quasiment tout effectivement des mères de familles avec enfants, en discutant en quelques minutes avec les unes, avec les autres accompagnés de travailleurs sociaux, on a bien vu ensemble qu’il y avait quelques personnes qui n’étaient pas aujourd'hui prêtes encore et qu'il fallait accompagner plus activement sur le plan social et qu'il y en avait d'autres sans doute qu'il fallait motiver un peu plus pour pouvoir reprendre une formation dans la mesure où ces formations désormais elles existent, ce qui est différent de la situation d'il y a 10 ans.

SALHIA BRAKHLIA
On parle d’une formation, pas d’un travail, c’est ça ?

OLIVIER VERAN
Formation ou un travail ou une activité professionnelle bien sûr…

MARC FAUVELLE
Alors sur le volet formation, on a compris mais l’activité professionnelle c’est quoi ?

OLIVIER VERAN
En Bourgogne-Franche-Comté il y avait 40 000 emplois à pourvoir et 38 000 chômeurs, vous avez plus d'emploi à pourvoir qui sont souvent des emplois qui ne nécessitent pas des qualifications particulières et moi je le dis l'emploi c'est la première des Solidarités, c'est le meilleur moyen de sortir de la pauvreté, alors que le chômage ou les minima sociaux sont les premières trappes à pauvreté.

MARC FAUVELLE
Sur le temps de travail…

OLIVIER VERAN
C’est puissamment social en réalité quand on y réfléchit que de se dire qu’on ne va pas laisser des gens pendant des années vivre avec 400 ou 500 balles par mois lorsqu’il y a des emplois qui sont disponibles et qu'ils peuvent les prendre.

MARC FAUVELLE
Sur le temps de travail est-ce que vous êtes prêts à ouvrir le débat sur la semaine de 4 jours ?

OLIVIER VERAN
Alors il n’y a pas besoin, aujourd'hui vous savez que la semaine des 4 jours elle peut exister, les entreprises peuvent le décider dans le cadre d'accords.

MARC FAUVELLE
Est-ce qu’il faut l’étendre par exemple dans la fonction publique ?

OLIVIER VERAN
Je pense pas qu'il faille généraliser la semaine des 4 jours, clairement pas parce qu'il y a beaucoup d'endroits où ça se prêtent pas, en revanche je fais le constat avec vous que, depuis le Covid, la vie d'un certain nombre de cadres, de cadres dans notre pays a changé puisque parmi les Français qui télétravaillent les deux tiers sont des cadres, mais que pour les salariés, les travailleurs de la 1ère et la 2e ligne pendant le Covid leur vie n'a pas changé, eux ils ne font pas de télétravail, leur poste n'est pas télétravaillable. Donc il faut qu'on puisse tout mettre en œuvre pour que leur vie, la qualité de leur vie au travail puisse elle aussi changer, ça ne passe pas forcément par une réorganisation de la durée de travail dans la semaine, mais ça va passer probablement par une attention portée à ces carrières.

MARC FAUVELLE
Vous avez dit tout à l'heure on ne parle pas assez du pouvoir d'achat, on parle trop des retraites, est-ce qu'il y aura des baisses d'impôts…

OLIVIER VERAN
Je n’ai pas dit qu'on parlait trop des retraites, j'ai dit qu'à côté des retraites, il y a d’autres sujets aussi qui intéressent les Français.

MARC FAUVELLE
Est-ce qu'il y aura oui ou non des baisses d'impôts d'ici à la fin du quinquennat ?

OLIVIER VERAN
Nous baissons les impôts depuis 2017, c'est notre ADN politique et nous l'assumons et nous étions le président de la République s'y était engagé, nous l'avons fait, sur les entreprises et les ménages.

MARC FAUVELLE
Ça c’est le bilan.

OLIVIER VERAN
Oui, on vient encore de supprimer pardon un équivalent d'impôt puisque la redevance audiovisuelle vient d'être supprimée, c'est la 1ère année où les Français ne payent pas. C'est aussi la 1ère année où les 20 % de Français qui payaient encore la taxe d'habitation ne la paient pas, donc vous voyez tous les ans il y a des choses qui bougent en matière d’impôt.

MARC FAUVELLE
Est-ce que c'est terminé désormais ou est-ce qu'il y aura d'autres gestes fiscaux ?

OLIVIER VERAN
Ce que je peux vous dire c'est que, un, les impôts n'augmenteront pas, ça…

MARC FAUVELLE
Est-ce qu'ils diminueront pour certains ?

OLIVIER VERAN
Ça a été encore rappelait hier et s’il y a des baisses d'impôts que nous pouvons faire pour améliorer le pouvoir d'achat des Français nous le ferons.

SALHIA BRAKHLIA
Parce que le candidat MACRON avait d'autres promesses comme l'impôt en commun pour les couples non mariés. Elle devient quoi cette promesse ?

OLIVIER VERAN
Mais je vous dis, je vous dis qu'il y a des choses qui qui restent encore à réaliser, de la même manière que le versement à la source des prestations sociales est une énorme transformation dans notre pays peut-être la réforme la plus importante du quinquennat en tout cas à mes yeux et que nous allons la mener à son terme.

MARC FAUVELLE
La réforme des successions qu'Emmanuel MACRON avait promis de mettre en place lorsqu'il était candidat, est-ce qu'elle est enterrée ou est-ce qu'elle se fera ?

OLIVIER VERAN
Non, non elle n'est pas du tout enterrée, il a été rappelé l'année dernière que ça ne se prêtait pas à le faire dès l'année dernière en raison justement de la suppression d'un certain nombre d'impôts, mais ça reste dans les idées programme de notre mandat.

///

SALHIA BRAKHLIA
Olivier VERAN, après l’assassinat de Samuel PATY, Marlène SCHIAPPA, ministre déléguée à la Citoyenneté à l’époque a créé un fonds, le Fonds Marianne doté de deux millions et demi d’euros pour subventionner des associations qui luttent contre les discours séparatistes, seulement après enquête du journal Marianne et de France 2, on apprend que la liste des bénéficiaires étaient secrète et que quatre associations se partageraient à elles seules 1,3 3 million d’euros, est-ce qu'il y a un problème ?

OLIVIER VERAN
Il y a de la transparence puisqu'il y a des questions qui se posent donc il faut apporter des réponses et donc il y a 2 manières d'amener la transparence en l'occurrence, un il y a eu une saisine de l'article 40 du procureur, non pas qu’il y ait forcément un problème mais c'est mieux de le vérifier et puis 2 il y a une enquête de l'Inspection générale des affaires sociales indépendantes qui est élargie à la question du périmètre des associations. Donc nous aurons les réponses, il est légitime de les apporter.

MARC FAUVELLE
Est-ce qu’à titre personnel vous trouvez que c'est normal qu'on ne sache pas où va l'argent du contribuable puisque la liste était tenue secrète ? Vous qui dites, le gouvernement vient de dire il faut faire la transparence sur les impôts des Français.

OLIVIER VERAN
Je n’ai pas à connaître du fonctionnement de ce fonds ou du fonctionnement des financements de ces associations en particulier mais je vous dis, dès lors qu'il y a de la transparence à apporter, non seulement ça ne me choque pas mais je trouve ça très bien. Voilà donc il faut qu'on n'apporte des réponses.

MARC FAUVELLE
L’autre problème c'est que certaines des associations qui ont reçu de l'argent ont critiqué dans des vidéos grâce à ce fonds Samuel PATY, ont critiqué des opposants à Emmanuel MACRON, on était en pleine période électorale pour la présidentielle et les législatives, je vous cite quelques extraits de ces vidéos Olivier VERAN. L'un des participants explique, je cite, MELENCHON en 2015 après Charlie c'était une vraie personne de gauche à ce moment-là et puis en 2019 il est allé défiler avec certains islamistes, le retournement de veste est quand même assez choquant. Un autre se pose la question, Sandrine ROUSSEAU est-elle une représentante de la culture wake, est-ce que c'est du financement de campagne déguisé pour s'attaquer à ses adversaires ?

OLIVIER VERAN
Encore une fois la justice est saisie donc pas d'avis personnel à vous donner.

MARC FAUVELLE
Vous trouvez ça normal ou pas ?

OLIVIER VERAN
En revanche qu’on puisse une association ou pas à financer ou pas, puisse s'interroger sur une forme de dérive du mélenchonisme et de la France insoumise vis-à-vis de la complaisance pour le communautarisme, ça c'est, je dirais c'est de notoriété publique.

MARC FAUVELLE
Là on parle d'une association qui avait été créée quelques semaines avant.

SALHIA BRAKHLIA
Financée par des moyens publics.

MARC FAUVELLE
Vous n’avez jamais rien fait avant.

OLIVIER VERAN
Je vous dis très tranquillement, je vous dis très tranquillement qu'il faut de la transparence. et donc c'est pour ça qu'il y a des enquêtes qui sont ouvertes.

MARC FAUVELLE
Mais par exemple vous avez des explications Marlène SCHIAPPA ?

OLIVIER VERAN
Mais même Marlène SCHIAPPA elle-même n'a pas à apporter d'explication parce que c'est un fonds qui est géré avec des décisions qui sont fait part d'une administration indépendante…

MARC FAUVELLE
Elle ne connaissait pas non plus les associations ?

OLIVIER VERAN
Je vous dis c’est une enquête qui devra déterminer, je n’ai pas les réponses aux questions que vous me posez.

MARC FAUVELLE
Vous n’avez pas cherché à les avoir auprès de votre collègue.

OLIVIER VERAN
Excusez-moi, encore une fois, vous avez la justice qui est saisie et l'inspection générale qui est saisie ; ce n’est pas au porte-parole du Gouvernement d'aller chercher lui-même des réponses. Enfin, je ne suis ni inspecteur ni procureur ni journaliste.

SALHIA BRAKHLIA
Le porte-parole du Gouvernement peut s’intéresser à ce que fait sa collègue à la Citoyenneté ! Surtout quand il y a de l’argent public en cause !

OLIVIER VERAN
J’ai vérifié, regardez, avant de venir. Il y a bien une saisine …etc., donc on aura les réponses, je reparlerai avec vous de ça sans aucun problème lorsqu'on aura les réponses.

SALHIA BRAKHLIA
« Un grand gâchis », c'est par ces mots que la rapporteure, pourtant macroniste, de la proposition de loi dédiée au bien vieillir a réagi pour dénoncer le manque d'ambition du texte, un texte suspendu pour le moment. Elle-même regrette qu'il n'y ait pas de de grande loi sur la dépendance pourtant promise par Emmanuel MACRON, grande loi abandonnée pour contraintes budgétaires, « ça coûte trop cher les vieux pour le dire » comme ça ?!

OLIVIER VERAN
Je vais vous dire une chose, je crois que c'est la première fois en tout cas en en plus de 10 ans de député qu'on a voté et déterminé un budget avant de déterminer la manière dont on allait le dépenser, on a fait ça dans le quinquennat précédent, ce qu'on appelle la 5e branche de la Sécu, je le sais, j’étais ministre en charge, 2 milliards et demi d'euros en plus par un mécanisme - je tairai le mécanisme si vous en êtes d'accord, sinon ça prendra trop de temps - mais à partir de 2024, il y a au total 10 milliards d'euros par an de plus de dépenses pour les personnes âgées en perte d'autonomie dans notre pays, ça veut bien dire que un, on a pris à bras-le-corps et en anticipation ce sujet du bien veiller. Deuxième chiffre : 50 000, c'est le nombre de soignants supplémentaires que nous formons à destination des établissements pour personnes âgées ou pour les soins au domicile, c'est-à-dire un plan énorme pour les personnes âgées dans notre pays parce que c'est indispensable et parce que, de toute façon, on n'avait pas le choix mais on l'a fait aussi et avant tout parce qu’on tient aux personnes âgées dans notre pays et qu'on voyait bien qu'il y avait des situations qui ne permettaient plus la bientraitance ou avec un stress pour les professionnels de santé, confère affaire ORPEA et d'autres !

SALHIA BRAKHLIA
Pour vous, les réponses du Gouvernement sont à la hauteur des attentes et des problèmes de dépendance ?

OLIVIER VERAN
Ce que je veux dire, c’est que la proposition parlementaire de loi à laquelle vous faites allusion est une proposition qui est utile, qui complète sur des questions de gouvernance, avec des question un peu techniques et sur des contrôles donc c'est nécessaire mais ce n’est pas l'alpha et l’oméga de la politique que nous menons mais vous voyez, ça fait partie des choses que j'essaie de rappeler, c'est qu'en fait on agit pour le quotidien des Français sans que forcément, ça fasse les grands titres. Pourtant 50 000 professionnels de santé à former en plus pour les EHPAD, pourtant des milliards d'euros par an de plus pour moderniser les EHPAD et faire ce que les Français attendent de nous, c'est-à-dire organiser la prise en charge, les soins des personnes âgées au domicile pour que les gens puissent vieillir à la maison, c'est essentiel au quotidien des Français.

MARC FAUVELLE
Puisqu'on parle d'argent, Olivier VERAN, est-ce que la France doit accélérer pour rembourser plus vite sa dette ?

OLIVIER VERAN
Nous remboursons … ce qui est essentiel, c'est que nous retrouvions les eaux européennes puisque la France est le dernier pays européen qui est en procédure de déficit excessif et que nous ayons la capacité à maîtriser la dette, ce que nous avions commencé à faire de manière plutôt réussie avant que la crise Covid ne vienne percuter évidemment les plans mais pas que de la France, de l’Europe et de la planète.

MARC FAUVELLE
Il faut aller plus vite aujourd’hui au vu de la remontée des taux ou pas ?

OLIVIER VERAN
En tout cas, il faut être très vigilant sur la gestion des deniers publics et c'est ce à quoi à Bercy s'active, c'est-à-dire être capable de dire aussi aux Français qu’il y a des fois …qu'il faut qu'on fasse des économies parce que ce n’est pas de l'argent qu'on met sur un compte en banque pour plus tard, c'est aussi de l'argent qu'on rembourse et de la même manière quand on a dit aux Français qu'il fallait réformer les retraites et travailler progressivement un peu plus longtemps c'est pour leur dire aussi qu'on ne peut plus se permettre d'emprunter chaque mois des milliards sur les marchés internationaux pour payer les pensions de retraités.

MARC FAUVELLE
Vous voyez, c’est vous qui revenez sur les retraites à chaque fois !

OLIVIER VERAN
Oui mais vous voyez, des fois, c'est aussi important de faire ! Je n’ai jamais voulu vous vous frustrer de me parler de retraite, je crois, au cours de ces derniers mois, Marc FAUVELLE !

MARC FAUVELLE
Non, je crois qu’on en a trop parlé !

SALHIA BRAKHLIA
Vous dites clairement aux Français ce matin à partir de maintenant on va se serrer la ceinture parce qu'on ne veut pas un scénario à la grecque ?

OLIVIER VERAN
Ce n’est pas ce je vous dis non plus, je vous dis qu'on fait des choix en fait ; gouverner c'est choisir et que quand on est en responsabilité, on gère les impôts des Français et les Français ils payent des impôts - d'ailleurs Bercy vient de lancer un plan « en avoir pour mes impôts » pour que chacun puisse se rendre compte de ce à quoi servent ses impôts, je pense que c'est fondamental parce que, je dirais, payer ses impôts c'est un effort et il faut que les gens sachent qu'ils en ont effectivement en termes de service public pour leur argent - donc on doit faire des choix. Là, on a fait le choix d'augmenter les salaires des enseignants, c’était important ou pas ? Bien sûr que c'était important ! On fait le choix d'augmenter les budgets à l'hôpital public, plus de 100 milliards d'euros par an désormais. Est-ce que c'était important ? Oui c'est fondamental ! On fait le choix d'augmenter le financement de nos armées alors qu'il y a la guerre aux portes de l'Europe pour moderniser et d'avoir un nouveau porte-avions notamment, est-ce que c'est important ? Dans la période, c'est fondamental ! On fait le choix de la transition énergétique avec une loi sur l'économie verte, vous voyez j'arrive quand même à placer un peu de communication …

MARC FAUVELLE
Oui, on voit ça !

OLIVIER VERAN
Eh bien, oui c'est mon rôle, les amis, aussi d'être capable de dire qu'il y a des choses qui changent dans la vie des Français ! Encore une fois si vous devez retenir une chose de cette matinale, c'est ce message et c'est le message du président : oui, il y a la question des retraites mais il y a tout ce qui importe aussi aux Français à côté dans leur quotidien et pour lequel nous voulons agir efficacement !

MARC FAUVELLE
C’était donc votre message ce matin sur France Info, merci à vous Olivier VERAN, porte-parole du Gouvernement, bonne journée à vous !


Source : Service d’information du Gouvernement, le 20 avril 2023