Texte intégral
LIONEL GOUGELOT
Gérald DARMANIN est l’invité de la rédaction de " La matinale " d’Europe 1, bonjour Monsieur le ministre de l’Intérieur.
GERALD DARMANIN
Bonjour.
LIONEL GOUGELOT
Et bienvenue dans les studios d’Europe 1. Hier soir, Gérald DARMANIN, la CGT-Energie a coupé l’éclairage d’un stade du rugby à Agen, lors d’un match entre Agen et Nevers, un stade plongé dans le noir pendant une demi-heure, la preuve que la capacité de nuisance des opposants à la réforme des retraites est toujours bien présente, qu’en pensez-vous et est-ce que vous êtes sûr que cela ne se produira pas demain au Stade de France pour la finale de la Coupe de France ?
GERALD DARMANIN
Il y a une forme d’irresponsabilité à faire cela, parce que couper le courant ça pose des tas de problèmes quand il y a des dizaines de milliers de personnes dans un stade, des gens peuvent faire des crises cardiaques, il peut y avoir un mouvement de foule, il peut y avoir des difficultés avec des enfants, les secours peuvent éviter d’arriver, donc c’est une irresponsabilité très forte, indépendamment du fait que ça politise le sport, ce qui n’est jamais un bon signe bien sûr. Donc, nous faisons tout, pour que cela n’arrive pas dans les prochains évènements sportifs ou culturels, singulièrement pour la finale de la Coupe de France, vous l’avez dit, samedi, où il y aura 3000 policiers et gendarmes, et notamment des personnes qui seront chargées, non seulement de vérifier qu’il n’y ait pas ces coupures de courant, au Stade de France…
LIONEL GOUGELOT
Des groupes électrogènes prévus aussi.
GERALD DARMANIN
Et que par ailleurs, en effet, le Stade de France a prévu qu’en cas de sabotage, en cas d’atteinte manifeste à la sécurité…
LIONEL GOUGELOT
C’est un sabotage pour vous ?
GERALD DARMANIN
En tout cas moi je m’inquiète du point de vue de la sécurité civile, de la santé des personnes, et si jamais il devait y avoir des problèmes de santé il y aurait des responsabilités.
LIONEL GOUGELOT
Louis de RAGUENEL relève ce matin sur Europe 1 que ce match est classé à haut risque par les services de renseignement, 3000 policiers mobilisés, des risques d’affrontement entre certaines franges de supporters nantais et toulousains dans la capitale, mais c’est aussi la présence d’Emmanuel MACRON dans les tribunes qui met sur les dents les forces de l’ordre compte tenu du contexte. Vous craignez aussi, vous donc, des débordements ?
GERALD DARMANIN
La présence du président de la République à la finale de Coupe de France est normale et ce n’est pas elle qui fait naître des difficultés particulières, depuis qu’il y a des finales de Coupe de France, me semble-t-il, il y a des présidents de la République qui y vont.
LIONEL GOUGELOT
On est quand même dans un autre contexte !
GERALD DARMANIN
Oui, c’est le cas… vous avez toujours eu des contextes compliqués pour les femmes et les hommes politiques, le président de la République n’est pas le seul à venir dans un stade de football au moment où parfois il y a des sujets d’impopularité dans le pays. En revanche, non, il y a évidemment des difficultés, on a vu qu’il y a eu des envahissements de terrain par, notamment c’est le cas du club de Nantes en demi-finale, on sait qu’il y a des rendez-vous, alors pas tous les supporters, il s’agit d’une petite part de supporters évidemment, l’immense majorité des toulousains et des nantais veulent supporter classiquement et normalement leur équipe, oui des difficultés d’affrontement, et notamment en dehors du stade, donc il y a 3000 policiers et gendarmes mobilisés et des contrôles très nombreux qui seront mis en place.
LIONEL GOUGELOT
Est-ce que vous conseillez à Emmanuel MACRON de descendre sur la pelouse pour aller saluer les joueurs ou de remettre même la coupe à la fin du match ?
GERALD DARMANIN
Ce n’est pas le ministre de l’Intérieur qui guide le président de la République ses faits et gestes…
LIONEL GOUGELOT
Vous donnez des conseils… de sécurité.
GERALD DARMANIN
Surtout le passionné de football qu’est Emmanuel MACRON.
LIONEL GOUGELOT
Donc ça va se faire normalement…
GERALD DARMANIN
Le président de la République fera ce qu’il souhaite, voilà.
LIONEL GOUGELOT
Bon, aucune certitude là-dessus. Comment vous qualifiez, vous Gérald DARMANIN, ce climat de " casserolades " qui a vu cette semaine plusieurs ministres perturbés dans leurs déplacements et une parole gouvernementale couverte par ces bruits de casseroles justement ?
GERALD DARMANIN
Moi je n’ai pas eu l’impression que la parole était couverte par quelques bruits que ce soit…
LIONEL GOUGELOT
Ça fait du bruit quand même !
GERALD DARMANIN
Oui, mais moi je constate que le président de la République, hier à Dole par exemple, a pu parler avec la population, d’ailleurs parfois de façon franche, de façon extrêmement sincère des deux côtés, du côté du président et du côté des habitants de Dole, ils ont pu parler de ce que, personnellement moi j’évoque depuis très longtemps, élu que je suis à Tourcoing, l’augmentation des prix, ou l’augmentation des salaires, ou de la nécessaire pondération des salaires des grands patrons, par exemple, qui choquent beaucoup nos concitoyens, à juste titre. Donc je pense que le gouvernement, et le président de la République, continuent, et c’est très bien, à discuter avec les gens, il y a par ailleurs des personnes qui veulent montrer leur désaccord sur la réforme des retraites, c’est la démocratie et c’est normal qu’ils puissent le faire.
LIONEL GOUGELOT
Mais les " casserolades " vont se perpétuer au moins jusqu’au lundi 1er mai.
GERALD DARMANIN
Mais ça n’empêche pas le président de la République et le gouvernement de travailler. Hier j’étais à Lyon sans aucun problème, personnellement, et je crois que la Première ministre fait un déplacement également aujourd’hui, voilà, on discute avec, et c’est tout à fait normal, avec la population, à portée d’engueulades. Vous savez, je pense que cette question d’augmentation des prix et de salaires, c’est une question extrêmement importante, et on l’a vu hier à Dole, il y a eu très peu de questions sur les retraites et beaucoup de questions sur, "est-ce que moi, quand je travaille, je suis mieux payé que celui qui ne travaille pas à côté de moi ?"
LIONEL GOUGELOT
Vous êtes en train de nous dire qu’il faut passer à autre chose que les retraites ?
GERALD DARMANIN
Non, je vous dis ce que j’ai toujours pensé depuis plusieurs mois, et encore une fois c’est les gens de Tourcoing qui me le répètent à chaque fois que j’ai le bonheur de les rencontrer, c’est que le sujet principal dans notre pays c’est l’augmentation des prix. Il y a des choses dont vous ne parlez jamais les médias, l’augmentation des prix alimentaires…
LIONEL GOUGELOT
Oh si, si, si on en parle…
GERALD DARMANIN
Je n’ai pas fini, vous m’avez coupé.
LIONEL GOUGELOT
On en parle régulièrement.
GERALD DARMANIN
Mais l’augmentation des prix alimentaires pour les animaux domestiques par exemple. vous savez, dans les classes populaires et moyennes, dans les villes populaires et moyennes, quand vous avez des animaux domestiques et que vous avez une augmentation des prix du vétérinaire, mais aussi alimentaire, de 15, 20%, ça grève votre budget, quand vous êtes une petite personne retraitée à 900, 1000 euros par mois, c'est très compliqué, eh bien ça c'est une préoccupation très importante, dont personne ne parle à Paris, parce que je crois que ce que voient les Français c'est qu'il y a désormais un hiatus entre la province et ceux qui décident à Paris, eh bien je pense que ce qu’a fait le président de la République c'est de montrer que pour lui ce hiatus n'existe pas, il est au contact de sa population.
LIONEL GOUGELOT
Gérald DARMANIN, lundi auront lieu donc les défilés du 1er mai, certaines estimations font état d'une mobilisation historique avec notamment près de 100.000 personnes attendues dans les rues de Paris, des manifestants, notamment les plus radicaux, qui seraient présents avec un état d'esprit vengeur nous dit-on, ça vous inquiète cette terminologie qui est diffusée, parmi les futurs manifestants ?
GERALD DARMANIN
En tout cas il y a une mobilisation historique également du ministère de l'Intérieur et des policiers et des gendarmes, il y aura 12.000 policiers et gendarmes en France pour le lundi 1er mai, dont 5000 à Paris, donc c'est une mobilisation vraiment extrêmement importante, cette mobilisation du 1er mai a toujours fait naître beaucoup de manifestations, ce n’est pas nouveau, parfois avec des violences, rappelez-vous 2018, rappelez-vous 2019, et nous nous préparons à cela, à la fois pour que les gens puissent manifester, c’est la fête du travail, c’est extrêmement important que les gens puissent démontrer, les syndicats, les syndicats étrangers, les syndicats étrangers qui vont venir à Paris, ils ne sont pas tous des syndicats français, pour qu’ils puissent le faire dans les meilleures conditions possibles, et puis il peut y avoir quelques éléments radicaux, donc on va faire particulièrement attention à Paris…
LIONEL GOUGELOT
Mille à 2000 dit-on.
GERALD DARMANIN
Oui, il y a un certain nombre d'éléments radicaux, qui se sont sans doute donné rendez-vous à Paris, à Nantes et à Rennes, c'est pour ça que, à Paris, à Nantes et à Rennes, nous avons mobilisé de façon sans précédent le nombre de policiers et de gendarmes. Si je prends l’exemple de Rennes et de Nantes il y aura quatre unités de forces mobiles pour chacune de ces deux villes, voilà, donc je pense que nous nous donnons tous les moyens pour que les manifestations se passent le mieux possible, et la consigne que j'ai passée aux préfets c'est de protéger les manifestants et d'interpeller les fauteurs de troubles.
LIONEL GOUGELOT
Le dossier de Mayotte maintenant, Gérald DARMANIN, on se demande ce matin quand cette opération Wuambushu va vraiment démarrer. Alors, il y a certes sur place un important dispositif policier, là aussi, des opérations de sécurisation, mais la destruction des bidonvilles a été bloquée par la justice et les expulsions de clandestins sont, on peut le dire, sont au point mort, est-ce que tout cela était bien préparé ?
GERALD DARMANIN
Ce que vous dites est faux. D’abord l'opération a déjà commencé, il y a 1800 policiers et gendarmes à Mayotte, cette magnifique île française, et je suis très heureux que tout le monde s'intéresse désormais à Mayotte puisqu'il n’y a pas beaucoup de monde qui s’y intéressait jusqu’à présent, tant mieux.
LIONEL GOUGELOT
Parce que la situation est dramatique sur place Monsieur le ministre.
GERALD DARMANIN
Oui, parce que personne ne s’y intéressait, heureusement que le président de la République nous a demandé d'intervenir, au profit des Mahorais pour les protéger, parce que tout le monde s'en fiche de Mayotte à Paris et je suis très heureux que tout le monde voit que Mayotte c'est une belle île, magnifique île, où les Français ont envie de vivre comme tout le monde.
LIONEL GOUGELOT
Mais est-ce qu’elle va vraiment commencer, notamment en ce qui concerne les expulsions ?
GERALD DARMANIN
Monsieur, elle a commencé. Elle a commencé d’abord parce que nous avons… le premier but de cette opération c'est les interpellations des criminels qui sèment la mort à Mayotte, cette nuit encore il y a eu 15 interpellations, d'objectifs de la police judiciaire, c'est-à-dire que nous avons déjà fait plus de 25 interpellations, sur les 60 que nous devions faire, de bandes criminelles, que nous présentons à la justice, cela en une semaine. Deuxièmement, c'est très important de le dire, les opérations de destruction de bangas, les bidonvilles vous évoquez, sont permises, il y a une opération médiatique qui a été arrêtée par le tribunal judiciaire de Mamoudzou, on en a fait appel à Saint-Denis, bien évidemment, mais il y a d'autres bangas qui sont détruites bien évidemment. Et puis troisièmement, non, l'immigration clandestine n'est arrêtée, puisque nous avons renvoyés des sri-lankais, cette nuit encore, des Malgaches dans leur pays, des Africains des Grands Lacs…
LIONEL GOUGELOT
Oui, mais vers les Comores.
GERALD DARMANIN
Nous discutons en ce moment avec les Comores, certes depuis trois jours nous n'avons plus de relations avec les Comores, c'est-à-dire de mahorais qui vont vers les Comores, mais je voudrais constater aussi depuis trois jours, première fois dans l'histoire de la République, il n'y a plus de kwassa-kwassa, c'est-à-dire qu'il n'y a plus de bateaux…
LIONEL GOUGELOT
Les fameuses barques qui font la traversée.
GERALD DARMANIN
Exactement, qu’on connaît, pour ceux qui sont intéressés à Mayotte, qui sont le véhicule, vous le savez bien, de l'immigration illégale, il n'y a plus de passeurs et il n'y a plus de kwassa-kwassa qui partent des Comores vers Mayotte, et donc nous continuons cette opération autant qu'il le faudra, il n’y a pas de date, et on laissera le nombre de policiers et de gendarmes qu'il faut pour que Mayotte redevienne une île normale, classique et magnifique.
LIONEL GOUGELOT
Incidemment sur la question du démantèlement des bidonvilles, Europe 1 a révélé hier que la juge qui préside le tribunal qui a annulé le démantèlement du bidonville de Koungou, avait été une responsable nationale du Syndicat de la magistrature, ce même syndicat qui peu avant le déclenchement de cette opération Wuambushu avait demandé à ses membres de ne pas être la caution utile du gouvernement, de ne pas couvrir les violations des droits humains, ça vous interpelle sur l'objectivité de cette décision de justice ?
GERALD DARMANIN
Non, moi je ne conteste pas les décisions de justice, je n’imagine pas un seul instant qu’il y ait un juge, à Mayotte ou ailleurs, qui puisse pour des raisons syndicales ou politiques prendre des décisions qui ne soient pas conforme au droit. Nous nous pensons que cette décision est contestable, c'est pour ça que nous sommes allés devant la cour d’appel…
LIONEL GOUGELOT
Ça ne vous trouble pas donc cette coïncidence disons… ?
GERALD DARMANIN
Mais moi je suis ministre de l’Intérieur, je n’ai pas à me troubler, j’ai à faire mon travail…
LIONEL GOUGELOT
Il faut peut-être demander des explications à votre collègue Eric DUPOND-MORETTI.
GERALD DARMANIN
Et je suis certain que les hauts fonctionnaires, et surtout pas les magistrats indépendants qui connaissent l’importance de leur rôle, se disent que pour des raisons politiques ou pour des raisons syndicales ils prennent des décisions contraires à ce qu'est le droit, je n’imagine pas un seul instant que ça puisse exister, donc non je ne commenterai pas…
LIONEL GOUGELOT
Sur l'aspect diplomatique de cette affaire, de cette affaire d’immigration clandestine, est-ce qu'il faut couper les vivres aux Comores qui reçoivent 150 millions d'euros pour justement tenter de juguler l’émigration de leurs ressortissants vers Mayotte ?
GERALD DARMANIN
Alors, j'ai entendu beaucoup de responsables du Rassemblement national l'évoquer…
LIONEL GOUGELOT
Pas seulement.
GERALD DARMANIN
Oui, beaucoup du Rassemblement national. Pourquoi ? parce qu'ils préféraient peut-être que les Russes soient à notre place aux Comores, c'est peut-être aussi ça l'arrière-pensée.
LIONEL GOUGELOT
Parce qu’il y a une influence russe et chinoise aux Comores ?
GERALD DARMANIN
Evidemment. Attendez, on n’est pas dans…
LIONEL GOUGELOT
C’est ce qui explique aussi cette situation ?
GERALD DARMANIN
On n’est pas dans le pays des Bisounours, Mayotte c’est, avec La Réunion d'ailleurs, dans cette partie du monde, la présence de la France et une certaine idée de ce qu'est le monde, voilà, et donc effectivement coincée entre l'Afrique des Grands Lacs, qui est parfois attaquée par l'islamisme, et par Madagascar, qui connaît parfois des difficultés, que nous devons aider, il y a les Comores, qui est un pays ami de la France, voilà, simplement avec lequel nous avons des différences, chacun le comprend, mais nous respectons sa souveraineté, et l'idée que ce n’est pas à la France d'être présente aux Comores pour aider les Comores, mais que ce serait à la Russie, doit aider les amis de Madame LE PEN, peut-être, oui, c’est possible.
LIONEL GOUGELOT
Gérald DARMANIN, certains ont dit que cette situation à Mayotte était symptomatique de l'impuissance de la France à traiter les problèmes migratoires, il se trouve que cette semaine vous avez dû, vous Monsieur le ministre de l'Intérieur, faire votre deuil du projet de loi immigration ajourné par Elisabeth BORNE, alors même qu'Emmanuel MACRON assurait en début de semaine aux lecteurs du " Parisien " que la réforme, d'un seul tenant, serait engagée, est-ce que vous le vivez comme un échec ?
GERALD DARMANIN
Non. Vous savez, moi je fais de la politique pour essayer, j'essaye de faire bien ce que voudraient qu'on fasse des Français. Mayotte, personne n'a essayé, j'essaye. On n'arrive pas toujours. L’expulsion de l’Imam IQUIOUSSEN, ça faisait 50 ans qu’il était sur le sol national, j’essaye, à la fin j’y arrive, pendant longtemps on se moque, et puis à la fin, pouf, on y arrive, d'ailleurs vous n'en parlez plus puisqu'il a été expulsé. La fermeture de mosquées radicales j'essaye, parfois on n’y arrive pas toujours, mais j'ai fait voter une loi et désormais on ferme les mosquées radicales, on en parle d'ailleurs de moins en moins sur vos antennes. L’immigration irrégulière, c'est depuis très longtemps que ça existe, j'essaye, on n'y arrive pas toujours, mais on arrive à augmenter les expulsions récemment.
LIONEL GOUGELOT
Ce projet de loi immigration…
GERALD DARMANIN
La lutte contre délinquance, j’essaye, donc des dispositions fermes contre l'immigration j'essaye, et mon travail de conviction, puisqu’on a fait un projet de loi, c'est un projet de loi qui est extrêmement ferme contre les étrangers délinquants, qui est extrêmement ferme pour la capacité que nous avons à exiger l’intégration des étrangers, j'essaye. La Première ministre a considéré, évidemment elle m'a consulté, que dans les 100 jours, que lui a donné le président de la République, nous ne serions pas capables de le faire adopter parce que nous n'avons pas un accord avec les LR, moi je souhaite que cet accord avec les LR…
LIONEL GOUGELOT
Donc il faut un projet de loi plus ferme pour obtenir leur accord et donc obtenir une majorité à l'Assemblée nationale.
GERALD DARMANIN
Plus ferme n’existe pas vraiment, on attend toujours les propositions des LR, j’ai entendu qu’ils déposeraient des textes, mais qu’ils le fassent, moi je regarderai avec intérêt les propositions d'Eric CIOTTI, de Bruno RETAILLEAU, de Gérard LARCHER, avec lesquels on peut travailler bien évidemment, donc… nous avons 100 jours de plus, moi je l’ai pris pour de la concertation, en octobre, puisque c'est la nouvelle session parlementaire, eh bien, j’ai appris de la Première ministre, que nous inscrivons le texte à l’ordre du jour, je m'en félicite, trois mois de plus pour faire adopter un texte, eh bien prenons ces trois mois.
LIONEL GOUGELOT
Est-ce que vous pensez vraiment que vous obtiendrez l’accord des LR dans trois mois, que vous n'avez pas aujourd’hui, qu’est-ce qui pourrait faire que ça change, à part faire un véritable texte qui soit plus ferme, un texte de droite pour dire les choses plus facilement ?
GERALD DARMANIN
Non, mais l’immigration, vous savez, 80% des Français pensent qu'il faut qu'on soit plus ferme sur l’immigration, donc ce n’est pas la droite, c'est la gauche, c'est la France, voilà, les Français veulent qu'on soit plus ferme, je veux qu'on soit plus ferme, bon ! Je ne pense pas qu'un texte plus ferme existe puisque je crois que nous faisons des choses que personne n'a jamais fait auparavant. Dans le texte…que je propose, par exemple c'est la fin de la fin de la double peine, par exemple on doit exiger que tout le monde parle français lorsqu'il vient sur le territoire national, donc ce n’est pas possible, en revanche, que pour des raisons politiques on prenne un peu de temps pour discuter avec nos amis des LR, moi je le ferais bien volontiers.
LIONEL GOUGELOT
Mais est-ce que cette affaire, Gérald DARMANIN, cet épisode, ne révèle pas une fois de plus que votre gouvernement finalement va être, dans les quatre années qui viennent, paralysé par ce poison lent de la majorité introuvable ?
GERALD DARMANIN
Je ne le crois pas, c’est plus dur d'avoir une majorité relative qu'une majorité absolue, Monsieur de La Palice n'aurait pas dit mieux, mais je constate qu'il y a des textes importants et durs qui ont été votés. Moi j’ai porté un texte qu'on appelle la loi de programmation du ministère de l'Intérieur, qui prévoit 15 milliards d'euros de plus pour le ministère de l’Intérieur, un texte extrêmement fort, il a été voté à la très grande majorité des députés et des sénateurs, donc on peut trouver des compromis politiques, simplement il faut faire de la politique, prendre son temps parfois pour en discuter, et comprendre qu'on n'est pas les seuls à discuter puisqu'il y a les LR en face de nous, eh bien moi je préfère qu'ils soient de moins en moins en face et de plus en plus à côté.
LIONEL GOUGELOT
Merci Gérald DARMANIN.
GERALD DARMANIN
Merci beaucoup.
LIONEL GOUGELOT
Merci d'avoir accepté notre invitation, bonne journée à vous.
Source : service d’information du Gouvernement, le 2 mai 2023