Interview de M. François Braun, ministre de la santé et de la prévention, à CNews le 10 mai 2023, sur l'accès aux soins et aux médicaments et la pénurie de médecins.

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Média : CNews

Texte intégral

LAURENCE FERRARI
Bonjour monsieur le ministre de la Santé.

FRANÇOIS BRAUN
Bonjour Laurence FERRARI.

LAURENCE FERRARI
Bienvenu dans La matinale de Cnews. Il y a beaucoup de sujets que je veux aborder avec vous. On parlera peut-être de politique mais d’abord des sujets qui concernent vraiment au quotidien les Français : l'inquiétude sur l'accès aux soins, l'accès aux médicaments, l'accès aux médecins. D'abord, peut-être sur la pénurie de médecins. Vous dites qu’il va falloir soigner davantage avec toujours moins de médecins. C’est ce qui ressort notamment du Conseil national de la refondation nationale sur la Santé qui a réuni 10 000 participants, 250 réunions territoriales. C’est un constat ? On ne va pas avoir plus de médecins avant dix ans dans notre pays, monsieur le ministre ?

FRANÇOIS BRAUN
Oui, c’est un constat et il faut dire la vérité aux Français dans cet état d’inquiétude, d’anxiété qui gâche. Je crois qu’il faut dire clairement les choses. Clairement les choses, c’est dire que même si le Gouvernement précédent a fait sauter ce verrou qui limitait le nombre d’étudiants en médecine, il va falloir dix ans (parce qu’il faut dix ans pour former un médecin). Donc, nous devons demain revoir notre système de santé pour que tous les professionnels de la santé – et pas que les médecins- participent mieux à la prise en charge.

LAURENCE FERRARI
Avec un accès plus simple aux médecins, c’est ça ? Il faut supprimer tout ce qui encombre les cabinets des généralistes, les certificats médicaux, les prescriptions pour aller chez le kiné ?

FRANÇOIS BRAUN
Comme on n’aura pas plus de médecins demain, il faut donner plus de temps aux médecins pour soigner, pour faire ce pourquoi il est là. C'est pour ça que j'ai décidé de supprimer un certain nombre de tâches administratives ou bureaucratiques inutiles, les certificats inutiles et faciliter pour le médecin avec la Sécurité sociale pour qu'il n’y ait plus de papier. Toutes ces petites mesures mais qui vont permettre de gagner du temps médical comme d'ailleurs le fait de travailler en équipe autour du médecin qui, là aussi, va permettre de donner plus de temps aux médecins pour prendre en charge de fait plus de patients.

LAURENCE FERRARI
Les déserts médicaux, c'est un cauchemar français. L'Ile-de-France constitue le premier désert médical français ; Seine-Saint-Denis en particulier. Comment faut-il faire ? Est-ce qu'il faut revenir sur la liberté d'installation des médecins ?

FRANÇOIS BRAUN
Malheureusement, je dirais que les déserts médicaux ne sont pas aujourd'hui qu'un cauchemar français.

LAURENCE FERRARI
Mais quand même ; c’est ce qui intéresse.

FRANÇOIS BRAUN
J'étais avec mes homologues européens, c'est un petit peu partout. Alors bien sûr, on a une focalisation sur le problème français et c'est tout à fait normal tous ces concitoyens qui ont du mal à accéder à un médecin. Moi, je développe, depuis que je suis arrivé, le principe d'un travail à l'échelle des territoires, une espèce de solidarité territoriale avec des possibilités. Déjà, il faut donner des meilleures conditions de travail aux médecins. Et ce travail en équipe, ce travail en groupe en maison de Santé pluri-professionnelle, comme on dit, favorise l'installation des médecins. On parle de la Seine-Saint-Denis, j'y étais il y a un mois, eh bien, il y a une maison de santé qui s'est mise en place avec des médecins, des infirmiers, des kinés, radiologues, de la biologie. Tout ça fonctionne parfaitement bien et ça répond à des besoins de la population.

LAURENCE FERRARI
Mais on parle d'une maison de santé pour le département le plus peuplé de France, on est d'accord ? Le plus pauvre.

FRANÇOIS BRAUN
Nous en avons 2 000 actuellement, nous allons augmenter jusqu'à plus de 4 000. C'est un des moyens, ce n'est pas le seul principe que je défends de la boîte à outils, plein de petites solutions. Seine-Saint-Denis, là aussi, ce que nous avons mis en place pour les patients malades chroniques, on voit très bien que ça fonctionne surtout les malades chroniques de Seine-Saint-Denis qui n'avaient pas de médecin traitant. En trois mois, un quart d'entre eux ont déjà retrouvé un médecin traitant.

LAURENCE FERRARI
Un quart c'est peu mais c'est déjà un premier pas.

FRANÇOIS BRAUN
En trois mois, c'est déjà bien.

LAURENCE FERRARI
Alors justement, vous nous présentez ce matin, en exclusivité sur Cnews, une carte de France qui montre la part des patients en affection de longue durée qui n’ont pas de médecin traitant. C'est un chiffre qui est passé de 510 000 fin 2018 à 714 000 fin 2022. Emmanuel MACRON a promis que tous ces patients qui ont une affection de longue durée auraient un médecin traitant d'ici la fin de l'année. Est-ce que vous tiendrez l'objectif ?

FRANÇOIS BRAUN
Oui, c'est un engagement du président de la République. C'est l'action que j'ai lancée d'aller vers ces personnes avec la Sécurité sociale à qui j'ai confié ce travail et qui fait que, déjà aujourd'hui, tous ces patients ont déjà été contactés par la Sécurité sociale, par leurs caisses de Sécurité sociale.

LAURENCE FERRARI
Tous ?

FRANÇOIS BRAUN
Tous ont déjà été contactés.

LAURENCE FERRARI
Les 714 000 ?

FRANÇOIS BRAUN
Pour leur demander s'ils acceptaient qu'on s'en occupe, qu'on s'occupe d’eux. Puisqu’ils peuvent toujours refuser en disant « écoutez, je n'ai pas de médecin traitant, je n'en veux pas. » C'est dommage parce que le médecin traitant est essentiel, mais voilà. Donc maintenant, nous sommes dans la phase où nous mettons en parallèle les propositions qui sont faites par les médecins sur les territoires en disant « moi, je veux bien prendre un malade, deux malades, trois malades en plus. » Et les patients qui cherchent un médecin traitant. Et je vous le disais, en Seine-Saint-Denis, le travail a commencé il y a trois mois, un petit peu avant les autres. Déjà un quart en trois mois, un quart des personnes sans médecin traitant, nous avons pu leur trouver un médecin traitant.

LAURENCE FERRARI
Mais cette carte, on la voit bien, dans le centre du pays, c'est là évidemment qu'il y a les zones les plus difficiles d'accès pour avoir un médecin.

FRANÇOIS BRAUN
Cette carte est importante parce que cette carte fait partie un peu du devoir de transparence que j'ai envers les Français. C'est l'état de la situation aujourd'hui. A partir du mois de juin, elle sera mise à jour tous les mois pour que les Français puissent voir concrètement que les actions que je mets en place, elles ont des résultats.

LAURENCE FERRARI
Néanmoins, on ne va pas inventer le nombre de médecins et le faire augmenter d'un coup de baguette magique. Et encore une fois, est-ce qu'il faut avoir une méthode plus pro-active pour les inciter à s'installer dans ces territoires ?

FRANÇOIS BRAUN
Il faut leur donner plus de temps. Je sais qu'il y a des volontés vraiment importantes de parlementaires, de faire de la coercition c'est-à-dire d'imposer l'installation. Mais soyons réalistes à un moment ; il y a plus de 80% du territoire français qui est en désert médical. On ne va pas avoir plus de médecins qui vont sortir de par un coup de de baguette magique. Je vous parlais tout à l'heure de vérité vis-à-vis des Français, c'est ça. On va les mettre où ? Comment on va choisir. Quels sont les critères. Non, il faut... et je travaille dans le cadre du CNR Santé avec les élus des territoires, territoire par territoire, pour construire des solutions pour être plus attractif et faire revenir les médecins. Les jeunes médecins ne sont pas contre d'aller s'installer dans des territoires plus ruraux ou « plus désertiques. »

LAURENCE FERRARI
Pendant quelques années.

FRANÇOIS BRAUN
Même définitivement. Il faut leur donner des bonnes conditions d'installation, il faut aussi qu'il y ait des conditions de transport, du travail pour leurs conjoints ou leur conjointe. Bref, qu’il y ait un écosystème autour d'eux qui permette cette installation.

LAURENCE FERRARI
Il n’y a pas que les médecins, il y a aussi tous les soignants autour, je pense aux infirmiers. Il y a un plan infirmier qui est en préparation parce que là aussi, il y a un problème de formation, de recrutement des élèves infirmiers. C'est bien cela ?

FRANÇOIS BRAUN
Oui. Alors, le métier d'infirmier est un métier extraordinaire. On a d'ailleurs la journée internationale en fin de semaine des infirmiers et infirmières. C'est la profession la plus demandée sur Parcoursup. Plus de 90 000 jeunes veulent, tous les ans, être infirmiers. Alors, nous avons augmenté le nombre de places. Nous sommes à peu près 38 000 places. 20% de plus en trois ans, c'est quand même important. Mais là, je peux vous dire que demain, il y a des chiffres qui vont sortir d'une enquête qui a été faite par le ministère, par un service du ministère, qui montre - et c'est ça qui m'inquiète - que 10% des infirmiers quittent leurs études pendant la 1ère année.

LAURENCE FERRARI
Pourquoi ?

FRANÇOIS BRAUN
Pourquoi ? Parce qu'ils ne trouvent pas dans la formation, ils ne trouvent pas dans les études ce à quoi ils s'attendent, parce qu'il y a une discordance entre les études et la réalité sur le terrain. C'est pourquoi je lance une grande concertation là, avec tous les professionnels concernés, pour refonder complètement la formation d'infirmière qui est une formation qui se fait en trois ans. Et ce sera pour la rentrée 2024 que ce sera mis en place. Et également, pour refonder ce métier d'infirmier. Vous savez, il n'a pas été modifié depuis 2004. Ça fait vingt ans qu'on n'a pas modifié ce qu'on appelle le décret de compétence des infirmiers, qui est une liste d'actes qu'un infirmier a le droit de faire. Moi, ce qui m'intéresse, c'est de donner des missions aux infirmiers. Et dans ces missions, ils travailleront main dans la main avec le médecin. Et c'est comme ça aussi que le médecin pourra prendre en charge plus de patients.

LAURENCE FERRARI
Il y a aussi la question de la revalorisation évidemment de leur métier ; travail de nuit aussi. Est-ce que là-dessus, il y a un volet financier ?

FRANÇOIS BRAUN
Tout est sur la table, bien entendu. Vous savez, c'est ma méthode, je l'ai dit dès que je suis arrivé au mois de juillet : il n’y a aucun sujet qui est tabou. Celui de la rémunération n'est pas tabou non plus. En ce qui concerne la nuit, et je pense à l'hôpital, les mesures que j'ai prises cet été, qui sont prolongées, ont permis de revaloriser ce travail de nuit. Mais c'est une vraie pénibilité de travailler la nuit. Nous devons reconnaître cette pénibilité.

LAURENCE FERRARI
Le remboursement des frais kilométriques aussi pour les infirmiers, vous y pensez ?

FRANÇOIS BRAUN
Sur des frais kilométriques, des choses ont déjà été faites. Il y a la possibilité de les adapter, territoire par territoire. C'est à la main des agences régionales de santé en fonction des difficultés territoire par territoire. Nous avons modifié aussi le forfait de soins infirmiers, ce forfait un peu de base pour les malades chroniques ; il a une modification de leur rémunération. Bref, je veux vraiment m'impliquer totalement pour ce métier d'infirmier qui fait partie de cette colonne vertébrale de notre système de santé.

LAURENCE FERRARI
Le Parlement a voté aujourd'hui une proposition de loi pour accéder directement à certaines infirmières, à des kinés ou à des orthophonistes, sans embouteiller encore une fois les cabinets des généralistes. Mais on a l'impression que vous êtes arrêté au milieu du gué. Il faut que ces métiers-là exercent dans des maisons de santé. Or, on sait que la plupart sont des indépendants et donc ne travaillent pas dans les maisons de santé. 3% des kinés sont dans les maisons de santé.

FRANÇOIS BRAUN
Je crois que ce qui est important dans cette proposition de loi, c'est une ouverture justement vers ce qu'on appelle le partage de compétences. Mais ce qu'il faut bien garder présent à l'esprit - et je dois saluer le travail qui a été fait par les parlementaires qui est un travail équilibré entre le Sénat et l'Assemblée nationale - ce qu'il faut vraiment dire c'est que le médecin traitant doit continuer à être le chef d’orchestre de la prise en charge des patients. Et c'est dans ce cadre-là que cet exercice se fait en maison de santé plus professionnelle. Mais il ne vous aura pas échappé qu’il y a également une expérimentation qui va être lancée dans six départements dont deux départements d'outre-mer, pour élargir un petit peu ce partage de compétences.

LAURENCE FERRARI
Mais est-ce qu’il n’y a pas une question de lobbying, notamment au Sénat, qui a fait qu’encore une fois les médecins veulent garder toutes ces prérogatives alors qu'ils pourraient les déléguer ? On pourrait avoir accès directement à un kiné ou à un orthophoniste sans passer par le médecin généraliste.

FRANÇOIS BRAUN
C'est déjà le cas avec ce qu'on appelle des protocoles de coopération qui existent. Vous savez, les médecins que je rencontre sur le terrain, ils sont tout à fait favorables à ça. Ils m'ont dit... partout où je vais, ils me disent tous la même chose. Ils nous disent « écoutez, ne prenez pas des grandes décisions à Paris qui vont nous enfermer. Laissez-nous, par rapport à tout ce que vous allez nous donner comme outil, laissez-nous nous organiser localement. Parce que nous nous connaissons, nous travaillons tous ensemble. » Et c'est comme ça que ça fonctionne.

LAURENCE FERRARI
La pénurie de médicaments, c’est un des grands motifs d'inquiétude pour les malades, pour leurs parents aussi. La journaliste Giulia FOIS a fait part de sa colère sur les réseaux sociaux concernant ces difficultés à s'approvisionner en Sabril. C'est un antiépileptique dont son petit garçon de 6 ans ne peut pas se passer. Imaginez, dit-elle, votre gamin fait des crises d'épilepsie, sauf quand il prend du Sabril ; imaginez, le Sabril est en rupture de stock depuis des semaines et votre boîte et bientôt vide. Imaginez. Dis, Sanofi.fr, tu nous racontes la suite de cette bien belle histoire ? On se met à la place de cette maman et on se dit mais « je ne pourrais pas dormir la nuit, en fait, moi, si c'était mon cas. » Est-ce que le Sabril et d'autres médicaments indispensables, on va enfin arriver à venir à bout de cette pénurie ?

FRANÇOIS BRAUN
L'inquiétude de cette maman est tout à fait légitime. Les alertes sur les pénuries de médicaments ont bondi ces dernières années. Alors nous avons un système en France qui est particulièrement opérationnel pour signaler tout cela, c'est l'Agence nationale de sécurité du médicament.

LAURENCE FERRARI
Mais c’est bien de signaler mais c'est bien de produire aussi.

FRANÇOIS BRAUN
Alors, c'est bien aussi de produire. Vous savez, ma méthode, elle n’a pas changé. Je l'ai annoncé dès qu'il y a eu des premières pénuries au moment de l'hiver c'est, un, établir une liste des médicaments essentiels sur lequel nous allons tout faire pour garder des stocks.

LAURENCE FERRARI
Elle existe ?

FRANÇOIS BRAUN
Et je peux vous annoncer, là, aujourd’hui, que j’ai eu cette liste, cette première liste hier soir, qui contient 280 médicaments, elle va être encore un petit peu ajustée, dans ces 280 médicaments, les téléspectateurs reconnaîtront bien sûr des médicaments dont on a déjà parlé, l'insuline, les anti-inflammatoires, l'Amoxicilline, le Paracétamol, et ce fameux Sabril qui fait partie de cette liste de médicaments. Et puis, un plan de prévision pour l'hiver prochain, parce que l'hiver arrive tous les ans, on a tous les ans besoin des mêmes médicaments, enfin, un plan plus d'urgence lorsqu'il y a une rupture brutale, mais en ce qui concerne ce Sabril, pour essayer de rassurer un petit peu les personnes qui sont concernées, et cette maman, je peux vous dire qu'il y a effectivement des difficultés aujourd'hui pour obtenir la forme pédiatrique, qui est une forme en granulés, la forme en comprimés est toujours disponible. Mais en l'occurrence, les hôpitaux et l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris disposent de stocks, et bien sûr, nous ne laisserons personne comme ça dans la nature sans un traitement qui est effectivement indispensable.

LAURENCE FERRARI
Ce n’est pas ce que dit cette maman, elle dit qu'elle est traitée à l'hôpital Necker à Paris, qui est absolument excellent, elle dit : il n’y a pas de stock à Necker, comment est-ce qu'on fait la semaine prochaine, voilà, tout simplement ?

FRANÇOIS BRAUN
Alors, j'ai vu bien entendu ce signal d'alerte, j'ai contacté dès hier soir le directeur général de l'Assistance publique des Hôpitaux de Paris, qui m'a confirmé que l'Assistance publique disposait de ce médicament, simplement, vous savez, dans les hôpitaux, il y a des médicaments qu'ils peuvent revendent et d'autres pas…

LAURENCE FERRARI
C’est-à-dire revendre ?

FRANÇOIS BRAUN
C’est-à-dire redonner ce qu'on appelle une dispensation, redonner à des gens sur ordonnance, pour l'instant, le Sabril n'en fait pas partie, et bien entendu, si cette rupture de stock se confirmait, je ferai ce qu'il faut pour que l'on puisse obtenir également ce médicament à l'hôpital.

LAURENCE FERRARI
Est-ce que la clef, ce n’est pas le prix des médicaments, est-ce que vous dites, en fait, les labos n'ont pas vraiment intérêt à produire ces médicaments, parce qu'ils ne sont pas assez chers, c’est ça, c’est la loi du marché, même sur la santé de nos enfants ?

FRANÇOIS BRAUN
C’est malheureusement l'explication qui est donnée systématiquement par les laboratoires, et je vous disais que j'étais avec mes collègues européens vendredi dernier, et ils disent la même chose dans tous les pays européens alors que les prix ne sont pas les mêmes, je crois qu'à un moment donné, il faut avoir une politique française de souveraineté, c'est ce que veut le président de la République dans France 2030, mais aussi une politique européenne, et c'est ce que nous avons travaillé vendredi avec, d'abord, plus de transparence, qui est exigée au niveau des laboratoires pharmaceutiques sur leur production, une solidarité européenne, quand quelqu'un a des stocks, il peut aider les autres qui n'ont qui n'ont pas de stock, et l'élaboration d'une liste européenne de ces médicaments, justement, ces médicaments essentiels pour qu'on garantisse leur production pour nous, en France, mais également en Europe, et nous sommes, la France, avec 18 autres pays de l'Union, à suivre et à apporter une proposition de mon collègue belge justement sur une loi sur ces pénuries de médicaments, qui s'apparente à la loi qui a été prise au niveau européen sur les matières premières essentielles.

LAURENCE FERRARI
Encore un mot du plan antitabac, il y en a un qui est en préparation, le comité national de lutte contre le tabagisme propose d'interdire la vente de tabac aux moins de 21 ans, vous êtes pour, le médecin que vous êtes est pour ou contre ?

FRANÇOIS BRAUN
Le médecin que je suis est pour tout ce qui limitera l'utilisation du tabac, qui tue encore 75.000 personnes par an.

LAURENCE FERRARI
Donc interdiction pour les moins de 21 ans ?

FRANÇOIS BRAUN
Je ne suis pas certain que ce soit la solution miracle et que ça réponde à tous les problèmes, on voit des jeunes pour lesquels la vente de tabac est interdite qui se procurent du tabac, et puis, on voit surtout des dérives dans les consommations, je pense en particulier à ces Puff, là, ces espèces de trucs jetables…

LAURENCE FERRARI
Que vous voulez interdire…

FRANÇOIS BRAUN
Qui peuvent contenir de la nicotine, là, par contre, on a une action aussi
à conduire qui est importante.

LAURENCE FERRARI
Les interdire, ces Puff justement ?

FRANÇOIS BRAUN
Oui, je suis favorable à leur interdiction, parce que nous avons la preuve qu'ils entraînent les jeunes vers le tabagisme, et c'est au niveau des plus jeunes maintenant, malheureusement, au niveau vraiment des plus jeunes au collège, qu'il faut commencer à agir.

LAURENCE FERRARI
François BRAUN, vous fait partie d'un gouvernement qui est impopulaire avec un président impopulaire, il était seul sur les Champs-Elysées le 8 mai, il a remonté cette avenue pour aller à raviver la flamme du soldat inconnu absolument seul. Est-ce que vos déplacements sur le terrain sont l'objet d'inquiétude pour vous, vous serez à Besançon et à Belfort dans les prochains jours, vous avez peur des casseroles, vous avez peur des Français ou pas ?

FRANÇOIS BRAUN
Pas du tout, pas du tout, et ma méthode, elle est d'aller sur le terrain, vous le savez, c'est ce que je fais 2 à 3 fois par semaine, je me déplace, maintenant, je comprends l’anxiété qu’il y a dans notre société, ce n'est pas simplement les retraites, je comprends bien l'inquiétude dont vous parliez tout à l'heure d'avoir un médecin traitant, ça en fait partie, j'en prends ma part, et je vais, chaque fois que les gens l'acceptent, discuter avec eux sur le terrain, discuter y compris avec ceux qui qui tapent dans des casseroles, lorsqu'ils veulent bien m'écouter et discuter 5 minutes, en tout cas, je crois qu'il faut comprendre cette anxiété des Français, et il faut agir, ma ligne est toujours claire, c'est toujours la même, c'est de lutter contre toutes ces inégalités d'accès à la santé, et je continuerai.

LAURENCE FERRARI
Bien sûr, mais avez dû sortir par la porte de sortie de secours un jour quand vous visitiez une maison de santé, parce qu’il y avait trop de manifestants…

FRANÇOIS BRAUN
Ce n’est pas la porte de sortie de secours…

LAURENCE FERRARI
Oui, enfin, bon, voilà, par une entrée dérobée pour éviter les… on a l'impression que ce gouvernement a peur des Français et les écarte systématiquement…

FRANÇOIS BRAUN
Moi, ma stratégie ou ma méthode, elle est extrêmement claire, je vais systématiquement au contact des manifestants, et je l'ai fait dans plusieurs de mes déplacements, sauf si les services de sécurité considèrent qu’il ne faut pas le faire, je ne veux pas non plus ajouter à leur travail en faisant n'importe quoi, mais je continuerai, et je continue à aller sur le terrain, je continuerai et je continue à aller au contact, y compris des manifestants dès lors qu'ils acceptent de discuter.

LAURENCE FERRARI
François BRAUN était notre invité. Merci beaucoup Monsieur le Ministre de la Santé d'être venu ce matin dans La matinale de Cnews.

FRANÇOIS BRAUN
Merci.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 17 mai 2023