Interview de M. Olivier Véran, ministre délégué, chargé du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement, à Europe 1 - CNews le 12 septembre 2023, sur la mort d'une jeune femme victime collatérale d'une fusillade, le prix de l'essence, le projet de loi pour contrôler l'immigration, les premiers constats sur les profils des personnes interpellées dans le cadre des émeutes de l'été 2023 et l'intervention des ONG françaises au Maroc.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Europe 1 - CNews

Texte intégral

SONIA MABROUK 
Bonjour à vous, Olivier VÉRAN.

OLIVIER VÉRAN 
Bonjour Sonia MABROUK.

SONIA MABROUK 
Et bienvenue. Porte-parole du Gouvernement, également ministre en charge du renouveau démocratique. Beaucoup de sujets à vous soumettre, beaucoup de questions aussi à vous poser autour de la tragédie au Maroc et de l'aide de la France. Mais tout d'abord, on vient de l'apprendre, Monsieur VÉRAN, à Marseille, une femme est assise tranquillement chez elle, et qui a donc reçu une balle en plein visage. Victime comme on dit, malheureusement collatérale d'une fusillade sur fond de règlement de compte. Elle est décédée. Est-ce que ça veut dire, aujourd'hui, qu'en France, on peut mourir en étant chez soi ? Mais alors où est-on encore en sécurité ?

OLIVIER VÉRAN 
Ça veut dire que le trafic de drogues qui gangrène certains quartiers de nos grandes villes s'accompagne de son lot de drames, de morts. D'ailleurs, jamais aucune mort n'est, entre guillemets, excusable ou explicable, même quand c'est un jeune trafiquant de 18 ans qui trouve la mort. Il fait des victimes collatérales. Alors là, c'est un drame absolu parce qu'une femme effectivement a été tuée, abattue par une balle depuis chez elle, qui n'a rien à voir avec le trafic. Ce qui est en train de se passer, c'est qu'on dérange les dealers dans les quartiers. On mobilise, vous le voyez, les CRS8 dans les quartiers des villes, on mobilise, on ajoute des forces de police. Il y a une lutte qui est acharnée contre la drogue et contre le trafic, et qui s'accompagne parfois aussi de réactions dites de dealer, où parfois ils se répartissent entre le trafic avec son lot d'armes et de…

SONIA MABROUK 
Personne ne doute que les policiers font le travail.

OLIVIER VÉRAN 
Mais imaginez… Non, je sais. Mais imaginez vivre dans un quartier qui est gangréné par le trafic. Vous avez des enfants que vous emmenez à l'école, vous allez vous-même sortir de chez vous pour aller travailler.

SONIA MABROUK 
On l'imagine très bien, malheureusement.

OLIVIER VÉRAN 
Et votre cage escalier, elle est remplie par des jeunes qui font du trafic, et vous demandez l'autorisation pour pouvoir monter chez vous, quasiment. Ça, c'est interdit ; ça, c'est impossible. Et restaurer la République partout, c'est lutter de manière contre… C'est ce que nous…

SONIA MABROUK 
Mais ce n'est pas qu'un principe, aujourd'hui, restaurer la République, quand on a ce genre malheureusement de drame. Est-ce que la loi malheureusement de ces dealers n'est pas plus puissante que la loi de la République ?

OLIVIER VÉRAN 
Certainement pas, ni hier ni aujourd'hui, et encore moins demain. Nous faisons reculer le trafic. Il y a des points de vente qui sont supprimés tous les jours dans des grandes villes. Prenez l'exemple de Marseille, puisqu'il s'agit de Marseille, il y a des dizaines de points de vente qui ont été supprimés et qui n'ont pas été rétablis sur place, avec l'action des forces de police et de sécurité intérieure. On va continuer à le faire. C'est une lutte, encore une fois, qui n'est pas un problème franco-français, mais qui est particulièrement aigu dans certains quartiers des villes.

SONIA MABROUK 
L'actualité, Olivier VÉRAN, c'est aussi l'inflation. Les prix à la pompe ne cessent de monter. Les distributeurs de carburants sont reçus ce matin au ministère de la Transition énergétique. Alors il leur a demandé un effort de solidarité. On vient d'apprendre que TOTALENERGIES a annoncé à l'instant la prolongation du plafonnement à 1,99 € des carburants au-delà de fin 2023, tant que les prix restent hauts. Est-ce que ça va suffire comme geste ?

OLIVIER VÉRAN 
Alors j'ai bien conscience que le prix de l'essence est un problème pour de nombreux Français. Figurez-vous, j'étais dans la circonscription à Grenoble ce week-end, j'ai fait moi-même un plein, j'ai discuté avec des automobilistes à la pompe qui me disaient qu'ils mettent maintenant 20-30-40 €. Rares étaient ceux qui me disaient qu'ils faisaient un plein complet d'essence parce qu'ils se disent que ça sera peut-être moins cher dans une semaine ou dans deux semaines. Donc on a pleinement conscience de la contrainte que ça représente pour un grand nombre de nos concitoyens, plusieurs choses. D'abord, quelle est la réponse gouvernementale ? Il y a quelques mois, on a proposé des versements de 100 € pour les gens qui roulent pour aller travailler.

SONIA MABROUK 
C'est déjà loin.

OLIVIER VÉRAN 
100 € aussi pour les gens qui sont en classe moyenne.

SONIA MABROUK 
Excusez-moi, c'est déjà loin.

OLIVIER VÉRAN 
C'était un chèque qui couvrait…

SONIA MABROUK 
Les prix ont explosé depuis.

OLIVIER VÉRAN 
C'est un chèque qui couvrait aussi, je le redis, jusqu'à 12 000 kms par an, qui couvrait l'inflation sur le prix de l'essence. Ensuite, il y a les efforts qui sont déjà réalisés par des industriels. TOTAL en fait un. L'annonce, on l'accueille favorablement, de prolonger le plafonnement à 1,99 € du litre à la pompe au-delà de la fin 2023. Et ensuite, il y a encore des secteurs dans lesquels on peut aller gratter pour aller mettre la pression.

SONIA MABROUK 
Lesquels ? Ou y a-t-il encore des marges peut-être ?

OLIVIER VÉRAN 
Notamment, la question… Mais la question du raffinage, il faut rentrer un peu dans les sous-couches de la filière de production du carburant. Vous avez, d'un côté, le prix du baril qui est élevé, il est aux alentours de 90 $ le baril, donc il est remonté à un seuil assez élevé, mais ça n'explique pas, en soi, le prix qu'on constate aujourd'hui. Donc ce que nous faisons, et c'est d'ailleurs l'objet d'une réunion qu'organise la ministre de l’Énergie Agnès PANNIER-RUNACHER ce matin avec l'ensemble de la filière pour leur dire : "Là, il faut faire des efforts". Et dernier point, vous avez aussi les grandes surfaces qui font des opérations, elles seront aussi réunies ce matin. INTERMARCHE l'a annoncé il y a quelques heures, avec des opérations de promotions à prix coûtant, notamment les fins de mois et dans les moments des grands chassés croisés pour les Français.

SONIA MABROUK 
On entend les efforts. Et les vôtre ? Et l'État ? Que fait l'État ? Est-ce que vous pouvez nous dire ce matin, Olivier VÉRAN, que quelle que soit l'explosion du niveau des prix, vous ne ferez plus de ristourne ?

OLIVIER VÉRAN 
La ristourne, Sonia MABROUK…

SONIA MABROUK 
Vous le dites aussi calmement, quel que soit le niveau des prix des carburants ?

OLIVIER VÉRAN 
Je le dis calmement, j'ai entendu une proposition de la Droite qui disait : "Il faut mettre une ri…". Certains de la Droite disaient : "Il faut remettre la ristourne". C'est 12 milliards d'euros.

SONIA MABROUK 
Xavier BERTRAND, ristourne pour tous.

OLIVIER VÉRAN 
Douze milliards d'euros pour peut-être avoir dix centimes d'économie pour tout le monde.

SONIA MABROUK 
Et le geste de TOTAL, vous savez, sur un plein de cinquante litres, ça ne donne que quelques centimes ? Même quelques centimes, c'est important.

OLIVIER VÉRAN 
Laissez-moi juste vous expliquer le sens de la proposition qui est faite par une partie de la Droite. C'est-à-dire qu'il y a des gens comme moi, je vois que le prix de l'essence a augmenté mais je n'en souffre pas parce que j'en ai les moyens de le faire, les gens comme moi bénéficieraient d'une aide de l'État qui serait très coûteuse. Douze milliards d'euros, avec douze milliards d'euros, on construirait plus de mille écoles dans notre pays. Donc, ce que nous voulons, c'est utiliser l'argent public à bon escient. On a fait un amortisseur, c'était le quoi qu'il en coûte de l'inflation, c'était lorsque l'inflation a commencé très fortement, on a mis des amortisseurs, on continue de le faire. La France est le seul pays européen qui continue de payer 40 % de la facture d'électricité des Français par exemple.

SONIA MABROUK 
Il y a des prix européens où les prix sont plus bas, monsieur VÉRAN.

OLIVIER VÉRAN 
Et on continuera d'accompagner les consommateurs Français.

SONIA MABROUK 
Oui mais vous nous dites ce matin : "Il n'y aura plus de ristournes".

OLIVIER VÉRAN 
Pas ce système, pas ce mécanisme d'aide à la pompe…

SONIA MABROUK 
Pas sous cette forme-là mais rien n'est exclu ?

OLIVIER VÉRAN 
Parce qu'il est aveugle et il est très coûteux, pour un résultat, on a pu le constater, qui n'est pas hyper probant par rapport à ce qu'on peut faire par ailleurs en mettant la pression sur les acteurs de la filière et croyez-moi, on va le faire. Et vous avez vu, on l'a fait dans les industries agro-alimentaires, Bruno Le MAIRE l'avait fait, il travaille aussi avec des députés que je salue, Guillaume KASBARIAN, Frédéric DESCROZAILLE, auprès des industriels pour faire en sorte qu'il y ait des paniers de produits…

SONIA MABROUK 
Olivier VÉRAN, vous réunissez, vous créez, vous demandez et à la fin il n'y a pas grand-chose ?

OLIVIER VÉRAN 
Ce n'est pas vrai. Pardonnez-moi, Sonia MABROUK, vous avez dans les grandes surfaces…

SONIA MABROUK 
Donnez-moi un exemple précis, là, on apprend toujours…

OLIVIER VÉRAN 
Vous avez quasiment cinq mille produits de consommation courante dans les grandes surfaces qui ont bénéficié d'efforts…

SONIA MABROUK 
Sur 30 000, monsieur VÉRAN, souvent dans une grande surface.

OLIVIER VÉRAN 
J'entends bien, vous avez cinq mille produits essentiels pour les Français dans le domaine de l'hygiène, de l'agro-alimentaire qui ne sont pas victimes de l'inflation parce que ce travail avait été fait avec les industriels, vous allez aussi avoir ouverture de négociation dès cet hiver, normalement il aurait fallu attendre six mois pour que les grandes surfaces, les supermarchés mettent la pression sur…

SONIA MABROUK 
Se réunissent ?

OLIVIER VÉRAN 
Et je vais vous dire, je n'ai aucun problème à le dire, il y a des industriels, notamment des grands groupes étranger et américains qui ne jouent pas le jeu. Il y a encore des industriels qui font quarante, vingt, trente pour cent de taux de marge en pleine inflation, alors que des groupes Français, je crois que c'est DANONE par exemple, est à 8 %. Donc, il y a encore de la marge, on peut encore aller gratter auprès des industriels et c'est aussi le rôle de l'État de leur dire : "Maintenant, on va activer tous les leviers pour que ça bouge".

SONIA MABROUK 
Sur l'immigration, Olivier VÉRAN, et le texte immigration, votre majorité semble écartelée, vous avez l'aile Gauche de la majorité notamment menée par Sacha HOULIE qui publie une tribune ce matin dans Libération avec une trentaine de parlementaires, allant du MoDem jusqu'aux Verts et qui veut absolument qu'il y ait une régularisation des sans-papiers dans les métiers sous tension. C'est une ligne rouge pour la droite qui menace d'une motion de censure. Vers qui vous allez pencher ?

OLIVIER VÉRAN 
Ma ligne rouge à moi, c'est le taux de chômage des étrangers en France qui est le double du taux de chômage des Français en France. Et quand je regarde ailleurs en Europe, le taux de chômage des étrangers est à peine plus élevé que le taux de chômage national. Or, on a, pardonnez-moi, les mêmes profils d'étrangers en France qu'ailleurs. Donc, ça ne veut pas dire que ce sont des étrangers qui ne veulent pas travailler, ça veut dire que les conditions d'accès au travail sont trop compliquées aujourd'hui. Donc, moi, je préfère un étranger en France qui a vocation à rester, qui travaille et qui participe à l'activité économique de notre pays et qui paye des impôts à un étranger qui vit de l'assistance publique.

SONIA MABROUK 
Oui mais la Droite vous dit appel d'air, ligne rouge.

OLIVIER VÉRAN 
Donc, je vous dis ça parce que si je me mettais dans la position d'un élu de droite, je vous dirais, si cette mesure qui permet de faire en sorte que les gens travaillent et participent à la richesse de la nation, c'est une bonne mesure et si je me mets du côté de la Gauche, je vous dirais que le travail, c'est la première des solidarités et on en a besoin.

SONIA MABROUK 
Je vous demande de vous mettre à la place du porte-parole du Gouvernement, qu'est-ce que vous répondez ce matin ?

OLIVIER VÉRAN 
Le porte-parole du Gouvernement est très à l'aise avec le texte gouvernemental qui est sur la table.

SONIA MABROUK 
Ce n'est pas le cas de votre majorité. Tout le monde est à l'aise avec le texte sur l'immigration ?

OLIVIER VÉRAN 
Tout le monde est à l'aise avec le texte.

SONIA MABROUK 
Monsieur VÉRAN, pas de langue de bois sur ce sujet…

OLIVIER VÉRAN 
Au sein de notre majorité… Sonia MABROUK, vous avez une partie de la majorité qui dit : "On tient à cette mesure", très bien, il se trouve que l'ensemble de la majorité tient à cette mesure. C'est celle qui permet à des étrangers qui travaillent dans notre pays, qui sont déjà là depuis un moment, qui ont un salaire et qui peuvent faire vivre leur famille de demander eux-mêmes à être régularisés lorsqu'ils sont irréguliers et avec la capacité de limiter ça pour, je veux dire, il n'y a pas d'effet appel d'air. Tous ceux qui vous vendent un appel d'air lié à la loi immigration vous mentent. Oui, il n'y a pas d'effet appel d'air…

SONIA MABROUK 
Comment le savez-vous ? Vous n'avez pas encore testé cette mesure.

OLIVIER VÉRAN 
Parce qu'on parle de quelques milliers de personnes, Sonia MABROUK, on parle de quelques milliers de personnes.

SONIA MABROUK 
Vous êtes aussi affirmatif ?

OLIVIER VÉRAN 
Oui. Et que vous avez dans les pays qui nous entourent : l'Allemagne… Même le Danemark aujourd'hui qui est pourtant un pays d'agriculture…

SONIA MABROUK 
Qui est devenu un modèle pour vous ?

OLIVIER VÉRAN 
Ce n'est pas un modèle pour moi mais je le regarde avec intérêt. Ils ont une natalité qui est basse et aujourd'hui, il structure l'arrivée d'étrangers en disant : "Si vous venez dans notre pays, vous prenez un travail et vous participez à l'activité économique de notre pays, c'est la philosophie qui est la nôtre".

SONIA MABROUK 
Bien, selon une étude publiée hier dans Le Figaro, vous avez dû la parcourir, Olivier VÉRAN, c'est une étude de la préfecture de police de Paris sur les motivations et les profils des émeutiers, je cite, ce sont des faits : "Une grande majorité des émeutiers interpellés sont originaires de l'immigration, deuxième voire troisième, principalement du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne." Quelle conclusion vous en tirez ? Est-ce que vous faites un lien entre immigration et délinquance ?

OLIVIER VÉRAN 
Non mais, on peut faire un lien entre immigration et quartier populaire parce que ce lien, il est factuel. Bon, donc, comme ce sont des quartiers populaires qui se sont retrouvés…

SONIA MABROUK 
Ça n'est pas ma question.

OLIVIER VÉRAN 
On enfoncerait-là une porte ouverte. Ce que je regarde dans les études qui sont sorties, qui sont intéressantes, c'est je crois qu'il y a 60 % de décrocheurs scolaires. Donc, vous avez 60 % des jeunes qui étaient dans la rue qui sont en échec et en décrochage vis-à-vis de l'école. Ça veut dire un, mesure corrective, faire en sorte que tout le monde aille à l'école plus longtemps. Ça tombe bien, le président de la République a annoncé que le collège était ouvert de 8h à 18h et qu'on allait accueillir les gamins dans certains endroits dès l'âge de deux ans dans les écoles. Ça, vous voyez, c'est une mesure qui répond à cela. Ensuite, vous avez…

SONIA MABROUK 
Vous êtes mal à l'aise avec la question Monsieur VÉRAN ?

OLIVIER VÉRAN 
Ah non mais je n'ai pas de…

SONIA MABROUK 
Est-ce que vous faites un lien ou pas quand on voit cela ?

OLIVIER VÉRAN 
Le sujet…

SONIA MABROUK 
Non, j'entends, sur les décrocheurs. Mais est-ce qu'il y a donc un lien entre…

OLIVIER VÉRAN 
Le sujet social, dans les quartier… ni vous ni moi aujourd'hui n'habitons dans un quartier prioritaire d'une ville. Il se trouve que dans ma circonscription, j'ai des quartiers prioritaires de ville. Est-ce qu'il y a une concentration d'étrangers ou de personnes issues de l'immigration plus importante qu'ailleurs ? Oui, c'est factuel. Est-ce qu'on peut faire les choses différemment ? C'est mon avis. Et toutes les politiques de rénovation urbaines que nous portons visent à créer davantage de mixité, c'est un enjeu majeur.

SONIA MABROUK 
Oui, sur ma question, est-ce que vous faites un lien, vous, Olivier VÉRAN ?

OLIVIER VÉRAN 
Je vous réponds, mais troisième génération, vous, moi, nous sommes aujourd'hui, moi je suis issu de la deuxième génération, ça ne veut rien dire, Sonia MABROUK.

SONIA MABROUK 
Donc, non, pas de lien ?

OLIVIER VÉRAN 
Non mais être issu de troisième génération, ça veut dire que vos arrière-grands-parents sont arrivés en France…

SONIA MABROUK 
La question a été posée au président de la République, pour lui, il ne voit pas un lien donc je vous pose la question.

OLIVIER VÉRAN 
Je vous réponds encore que si vous parlez des gens qui sont primo-arrivant et des gens qui sont des étrangers, ils constituent déjà une minorité des jeunes qui est dans la rue. Ensuite, quand vous élargissez, aux grands-parents, aux arrière-grands-parents, écoutez, moi, encore une fois, je suis député de Grenoble, la moitié de la ville est italienne, donc, ça ne veut pas dire grand-chose. Par contre la pauvreté, la misère, l'entassement dans des logements qui sont vétustes, le problème de l'accès, de l'intégration qui a été sans doute raté et qui continue d'être un…

SONIA MABROUK 
Vous n'êtes pas en train de mettre en avant une excuse de pauvreté ? Qu'on retrouve aussi dans des quartiers, des bureaux, non, je sais bien, pour être clair…

OLIVIER VÉRAN 
Non, je n'excuse rien, Sonia MABROUK, on a envoyé 45 000 policiers et gendarmes dans les villes pour restaurer l'ordre, on a arrêté plus de 4 000 de ces jeunes qui ont été condamnés. La plupart, la quasi-totalité des personnes majeures ont fait de la prison ferme, on n'a jamais été aussi sévère dans notre pays dans ce type de chose. Donc, on a répondu et on répondra encore par de l'autorité. A côté de ça, on se pose aussi la question de pourquoi certains quartiers se soulèvent ? Vous posez, vous, la question de l'immigration, je vous dis que le facteur commun n'est pas…

SONIA MABROUK 
Je me base sur une étude de la préfecture de police de Paris.

OLIVIER VÉRAN 
Le facteur commun n'est pas l'origine des arrière-grands-parents, le facteur commun est peut-être aussi dans le fait que les gamins ne sont plus scolarisés, qu'ils aient une famille monoparentale, qu'il n'y a plus de Papa…

SONIA MABROUK 
Qui a parfois un ressentiment envers la France aussi ?

OLIVIER VÉRAN 
Dans beaucoup de cas, qu'il y en a qui ne parlent pas Français et qu'il y ait une intégration qui a été ratée depuis des décennies dans notre pays et c'est aussi l'enjeu du texte sur l'immigration.

SONIA MABROUK 
La rentrée politique, Olivier VÉRAN, elle est marquée par une offensive tous azimuts contre Emmanuel MACRON. Avant-hier, Marine Le PEN a fustigé la malhonnêteté, le marketing d'Emmanuel MACRON. On est quand même loin de ces rencontres de Saint-Denis. Est-ce qu'il va y avoir une suite de ces rencontres ?

OLIVIER VÉRAN 
Il va y avoir plusieurs suites. D'abord, la Première ministre, Elisabeth BORNE, recevra cette fin de semaine, je crois que c'est vendredi, l'ensemble politique de notre pays, pour la rentrée politique. Elle les recevra également quelques jours plus tard pour aborder cette fois le sujet fondamental de la planification écologique. Ensuite, le président de la République a fait ce qu'il avait dit. Il a réuni pendant plus de douze heures les forces politiques, il leur a envoyé une lettre, il leur a proposé un retour, beaucoup ont répondu en proposant des ajustements, ça va donner lieu à un document. Le Président souhaite d'ailleurs dans sa lettre réunir à nouveau sous ce format pour aborder d'autres sujets importants pour la nation.

SONIA MABROUK 
Ce n'est pas ce qu'on dit ailleurs.

OLIVIER VÉRAN 
Je vais vous dire un truc.

SONIA MABROUK 
Vous le savez vous-même.

OLIVIER VÉRAN 
Il y a un an… Sonia MABROUK, il y a un an, les Français nous ont mis en majorité relative. Ça veut dire qu'ils ont estimé qu'à l'instar de beaucoup de pays qui nous entourent, ce n'est pas un parti tout seul qui doit gouverner, mais il faut faire des coalitions. Alors on n'a pas la culture de la coalition dans notre pays où on a une assemblée qui est turbulente, avec un poids des extrêmes qui est important, qui complexifie un peu la donne. Mais n'empêche qu'on est dans cet état d'esprit d'aller chercher des majorités, ce qu'on fait d'ailleurs au Parlement, sauf sur les budgets et les retraites, on a fait… Sur tous les textes qu'on a passés, on a trouvé des majorités. Et ensuite, le Président de la République, il dit en fait…

SONIA MABROUK 
On l'entend.

OLIVIER VÉRAN 
"Il y a des crises à l'étranger, il y a des crises chez nous, est-ce qu'on est capable, ensemble, de se mettre autour d'une table et de bosser ?"

SONIA MABROUK 
De jouer sur les actes, c'est cela.

OLIVIER VÉRAN 
Je crois que les Français apprécient.

SONIA MABROUK 
Bien. Vous avez annoncé cette nouvelle rencontre, je voudrais qu'on parle de l'élan de solidarité qui se poursuit avec le Maroc. Je vais insister sur le plus important, c'est l'aide, c'est le secours, c'est la résilience des Marocains. Mais je voudrais vous poser la question très directement. Pourquoi ne pas dire la vérité sur le reste ?

OLIVIER VÉRAN 
C'est-à-dire ?

SONIA MABROUK 
Que le silence du royaume sur l'aide de la France, c'est la conséquence de notre position sur le Sahara occidental. Il y a le dossier PEGASUS qui apportait atteinte à nos relations avec le roi du Maroc.

OLIVIER VÉRAN 
Sonia MABROUK, pardon, lorsqu'il y a un drame qui touche votre territoire, lorsqu'il y a des milliers de morts, lorsqu'il y a…

SONIA MABROUK 
Je vais commencer par ça.

OLIVIER VÉRAN 
Je sais. Mais lorsqu'il y a des milliers de personnes sous les décombres, je crois que le sujet, la question de savoir qui aide ou qui n'aide pas, arrive en 50e position. Donc d'abord, évidemment, et vous l'avez fait, un message de solidarité vis-à-vis des Marocains, vis-à-vis aussi de la communauté française qui a été touchée avec un certain nombre de victimes au Maroc. Ensuite, vous savez, la France, on a un savoir-faire en matière d'humanitaire comme peu en ont.

SONIA MABROUK 
Donc pas d'humiliation ? Vous n'avez pas un signe d'humiliation ?

OLIVIER VÉRAN 
Non, mais on a un savoir-faire en matière d'humanitaire comme peu en ont. Et beaucoup des ONG qui sont aujourd'hui dans les gravats au Maroc sont des ONG françaises avec des acteurs français. Et il se trouve que nous les appuyons. La ministre Catherine COLONNA a débloqué 5 millions d'euros pour pouvoir appuyer les ONG.

SONIA MABROUK 
Pour les ONG.

OLIVIER VÉRAN 
Oui. Mais oui, mais c'est les ONG qui ont le savoir-faire.

SONIA MABROUK 
Bien.

OLIVIER VÉRAN 
Et quand vous avez une catastrophe à Haïti, lorsque vous avez des Tsunamis, nous envoyons nos acteurs des ONG. Et donc on est au soutien de nos amis marocains. Il y a plus de 60 pays qui ont proposé une aide directe à travers les États, ils ont accepté.

SONIA MABROUK 
Bien sûr.

OLIVIER VÉRAN 
Ils acceptent en fonction de leurs besoins. On les laisse faire.

SONIA MABROUK 
Il nous reste quelques secondes. S'il vous plaît, des réponses courtes. C'est une sorte de quiz, si vous me le permettez.

OLIVIER VÉRAN 
Hou la ! J'ai tout pour un quiz.

SONIA MABROUK 
Jean DUJARDIN ou Jean MICH, lors de la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde de rugby, c'est la France ronce ou c'est la France que vous aimez ?

OLIVIER VÉRAN 
Moi, j'aime la France du rugby, j'adore le rugby, vive le rugby, vive la France, et que le meilleur gagne.

SONIA MABROUK 
Le Puy du Fou qui bat des records de fréquentation, c'est le temps du révisionnisme, comme le dénonce Complément d'enquête sur France 2, ou bien vous aimez ce spectacle qu'a aimé, semble-t-il, Emmanuel MACRON et qu'a salué Aurore BERGE comme une réussite ici même ?

OLIVIER VÉRAN 
Non, mais on peut saluer l'histoire de notre pays, on peut prendre du plaisir en famille à aller redécouvrir les choses sans pour autant partager les idées politiques des personnes qui le fondent.

SONIA MABROUK 
Le syndicat de la magistrature, à la fête de l'huma, qui débat, je cite, sur les contrôles d'identité et les violences policières, ça se fait, de la part d'un syndicat ?

OLIVIER VÉRAN 
Pas top.

SONIA MABROUK 
Les lacs du Connemara, chanson de Droite ou de Gauche ?

OLIVIER VÉRAN 
J'adore Juliette ARMANET, j'adore Michel SARDOU.

SONIA MABROUK 
Vous me faites une réponse en même temps, là ?

OLIVIER VÉRAN 
Non, mais il se trouve que j'adore les deux. Moi, je ne vais pas en vouloir à Juliette ARMANET parce qu'elle a dit ça, je continue de l'écouter. J'adore Michel SARDOU, j'étais sur un plateau il y a quelques temps avec lui, et j'avais chanté avec lui Les lacs du Connemara.

SONIA MABROUK 
Vous allez le chanter ici ? Je ne vais pas vous le demander ce matin.

OLIVIER VÉRAN 
Qui, figurez-vous, pour le jeune médecin que j'étais, était un peu l'hymne de nos soirées médecines, Les lacs du Connemara, et donc beaucoup de…

SONIA MABROUK 
Vous êtes sûr ?

OLIVIER VÉRAN 
Quoi donc ?

SONIA MABROUK 
Eh ben on va vous accuser d'être… Alors Les lacs du Connemara, oui ; Le Puy du Fou, oui.

OLIVIER VÉRAN 
Mais moi, je ne rentre pas dans cette polémique. Vous savez, ça me dépasse complètement, ce n'est pas ça qui m'intéresse.

SONIA MABROUK 
Merci.

OLIVIER VÉRAN 
Par contre, la culture et la chanson française, j'adore.

SONIA MABROUK 
Vous avez la vidéo et la chanson avec Michel SARDOU, on est preneur, Olivier VÉRAN.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 septembre 2023