Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un plaisir de vous retrouver tous les matins, vous le savez, entre 08h30 et 09h00, avec notre invité politique, après 09h, c'est simple, vous réagissez : 0826.300.300, vous êtes à l'antenne, vous nous racontez ce que vous vivez, nous avons besoin de vous. Notre invité ce matin, Clément BEAUNE, ministre des Transports. Bonjour.
CLÉMENT BEAUNE
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Clément BEAUNE d'être avec nous. Ce matin, vous avez été interpellé sur l'antenne de Sud Radio par Cédric VILLANI, que vous connaissez bien, Cédric VILLANI, ancien député, mathématicien célèbre, Cédric VILLANI qui vous a interpellé à propos de l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Allez, écoutons ce que vous disait ce matin Cédric VILLANI.
CEDRIC VILLANI, ANCIEN DEPUTE
Monsieur le Ministre, je sais que vous avez du cœur, vous avez pourtant fermé la porte à ces militants qui aiment tant la nature, le vivant, les terres agricoles, qui risquent leur propre vie par une grève de la faim, et maintenant, une grève de la soif. L'autoroute 69, c'est un demi-milliard pour couler du béton, alimenter le réchauffement climatique, abattre des milliards d'arbres, ravager des centaines d'hectares de terres fertiles, violer des parcs naturels, tout ça pour gagner 15 à 20 minutes de trajet, et encore ! À Monsieur Clément BEAUNE, je voudrais dire : avez-vous conscience que vous allez devenir le ministre de l'A69. Le ministre du béton, de la pollution et de la destruction.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'A69, Toulouse-Castres, le projet aboutira-t-il, l'autoroute sera-t-elle construite ?
CLÉMENT BEAUNE
Il faut que le projet avance, mais je voudrais en dire quelques mots, parce que c'est un débat important sur ce projet, qui a une mobilisation, et puis, sur les projets de routes et d'autoroutes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va y revenir.
CLÉMENT BEAUNE
D'abord, je connais bien Cédric VILLANI, ce qu'il dit me touche, moi, je suis un homme de dialogue, et j'ai évidemment toujours ouvert la porte à des discussions. J'ai reçu d'ailleurs Thomas BRAIL quand il était en face du ministère en grève de la faim, mon cabinet et moi-même avons reçu à plusieurs reprises les associations qui se mobilisent. Et je suis toujours ouvert à avoir les discussions sur les compensations, comme on dit, du projet, parce que quand on fait un projet, quel qu'il soit d'ailleurs, ferroviaire, même cyclable ou routier, eh bien, il y a du défrichement, il y a des abattages d'arbres, effectivement. Et il faut qu'on compense cela. C'est difficile, mais il y a des mesures importantes qui sont prises, cinq fois plus d'arbres plantés, est-ce qu'on peut aller plus loin, est-ce qu'on peut faire mieux sur le plan environnemental ? Certainement. Et moi, j'ai déjà fait des améliorations au projet, je suis prêt à en faire. Donc je le dis à Cédric VILLANI, je le dis à d'autres, ma porte est ouverte, j'ai discuté avec Carole DELGA, la présidente de région, qui a reçu aussi Thomas BRAIL et d'autres encore cette semaine. Et on continuera, on est sur la même ligne, à discuter d'améliorations du projet. Pourquoi ce projet, il doit avancer, il y a une question…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il aboutira ?
CLÉMENT BEAUNE
Oui, je le crois, mais pourquoi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le croyez ou vous en êtes certain, vous êtes fermement décidé à ce que l'autoroute soit construite ?
CLÉMENT BEAUNE
Oui, je vais vous dire, et d'ailleurs, les travaux ont commencé, mais, il y a des décisions qui ont été prises, c'est important, on peut avoir une opinion, et on peut même l'exprimer, manifester et avoir des actions qui sont aujourd'hui pacifiques en ce moment contre un projet, heureusement, dans notre démocratie, celui-là où les autres, mais, qu'est-ce qui s'est passé, ça fait plusieurs décennies que ce projet est envisagé, il y a eu 500 réunions publiques, il y a eu plus de 10 recours, et tous les recours suspensifs, c'est-à-dire ceux qui font qu'on doit attendre le résultat avant de faire des travaux, ont été purgés, il y a encore quelques recours qui sont engagés, c'est vrai, comme pour d'autres projets, mais qui ne sont pas suspensifs. Et donc si on changeait aussi, je le dis, pour tous ceux qui sont des responsables politiques, nos principes, nos critères de décision, alors que les décisions démocratiques ont été prises, alors que les procédures juridiques ont été faites, si on disait : eh bien, écoutez, même si on a de la sympathie pour telle ou telle action, si on comprend une préoccupation écologique, on change tout, je le dis sincèrement et gravement, on ne fera plus aucun projet en France, et donc c'est important aussi que quand les décisions sont prises, on peut avoir une opinion, on peut même se mobiliser, mais la démocratie doit pouvoir avancer, et les décisions progresser.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Plusieurs autres projets d'autoroutes pourraient être abandonnés, stoppés. Je vais en prendre quelques-uns, Arles, le contournement ?
CLÉMENT BEAUNE
Oui, alors, je ne vais pas tous les énumérer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non, non, mais…
CLÉMENT BEAUNE
Mais, je vais le dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais Arles, le contournement, ça m'intéresse, oui, non ?
CLÉMENT BEAUNE
Alors, je ne vais pas faire le oui-non, parce qu'on va…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon, d'accord...
CLÉMENT BEAUNE
... Globalement, sur les projets autoroutiers, il y a, si la question est : y-a-il un projet qui est envisagé par des élus du pays d'Arles, comme on dit, oui, ça existe, effectivement, c'est un projet qui est d'ailleurs assez lointain, c'est le début d'une étude, mais je vais vous dire sur le principe, j'ai lancé, c'est la première fois qu'on fait ça, une revue des projets autoroutiers qui sont, si je peux dire, dans les cartons, avec des degrés d'avancement différents, l'A69, les travaux ont commencé, il y en a d'autres, une dizaine en gros en France aujourd'hui qui sont envisagés. J'ai voulu qu'on ait une approche globale, qu'on regarde ce qu'en pensent les élus locaux, c'est évidemment important, l'apport en termes de désenclavement de territoires, on ne fait pas des routes pour le plaisir, on fait des routes quand c'est absolument nécessaire et qu'il n'y a pas d'alternative, quand, évidemment, on regarde l'impact environnemental, il ne faut pas que ce soit grave, impactant, terriblement sur l'environnement, tout projet a un impact environnemental, on doit les minimiser, les réduire, et c'est un critère de choix, en mettant ces critères ensemble, on va dans les prochaines semaines, je consulte beaucoup sur ce sujet, sur l'ensemble des projets autoroutiers dire stop ou encore.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez en abandonner ?
CLÉMENT BEAUNE
Oui, je l'ai dit, on va…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien, proportion ?
CLÉMENT BEAUNE
Je ne fais pas de quiz ce matin, Jean-Jacques BOURDIN, parce que le sujet est important…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Poitiers-Limoges par exemple, bon, il est mal barré, pardonnez-moi…
CLÉMENT BEAUNE
C'est un projet qui n'a pas beaucoup de soutien local par ailleurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui...
CLÉMENT BEAUNE
Mais non, je ne vais pas faire la liste…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord…
CLÉMENT BEAUNE
.... Mais on va dire ça ensemble, il y en a qui vont continuer, parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, il y en a qui vont continuer ?
CLÉMENT BEAUNE
Oui, parce que la préoccupation écologique est parfaitement légitime, et on doit améliorer ces projets. Mais il y a quelques cas où on a besoin d'une connexion par la route, parce que sinon, il y a des territoires entiers qui vont dépérir, ce n'est pas non plus très bon pour notre fonctionnement démocratique, politique social et même écologique. Et puis, il y a des projets qui vont effectivement être arrêtés, ne pas se poursuivre, c'est vrai aussi, et je le dis, on n'a jamais fait dans notre pays cette revue d'ensemble courageuse, je dirai, évidemment, l'ensemble de ces résultats dans quelques semaines.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, le prix des carburants, vente à prix coûtant, est-ce que le gouvernement va aider les stations indépendantes ?
CLÉMENT BEAUNE
Alors, c'était une mesure qui avait été évoquée ou débattue, évoquée par certains au moment où on avait la question de la vente à perte, qui est un peu différente, comme vous le savez, cette option, pour l'instant, n'est pas mis en place, et on fait des opérations à prix coûtant, prix coûtant, ça veut dire que vous ne perdez pas d'argent, quand vous êtes un revendeur, donc ça ne met pas les petites stations-services, pour être très clair, dans la même situation difficile que celle dans laquelle elles auraient pu être…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pas d'aide ?
CLÉMENT BEAUNE
À ce stade, ce n'est pas ce qui est prévu, mais il y a une vigilance sur les petites stations toujours, quand il y a des mesures de cette nature, je rappelle surtout sur le fond, pour les consommateurs et les automobilistes, notre ligne, là aussi, c'est de faciliter le passage à des modes de transport moins polluants, c'est quand même ça la ligne, ce n'est pas être enfermé dans la voiture thermique qui coûte cher aux Français, simplement, vous connaissez bien, beaucoup de départements ruraux, quand on est dans les Bouches-du-Rhône, quand on est, comme, je prends cet exemple parce que ma mère habite dans un petit village, on a besoin de la voiture à court terme, on va accompagner vers l'achat d'une voiture électrique qui ne soit pas un produit de luxe, qui soit accessible à toutes et tous, mais à très court terme, on a besoin de coup de pouce, c'est pour ça que le président a dit : on va refaire cette aide ciblée pour les gens qui ont besoin de la voiture pour aller travailler.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De nouvelles taxes pour les sociétés d'autoroutes et sociétés gestionnaires d'aéroports, cela devrait rapporter à peu près 600 millions d'euros par an au budget de l'État, affectés au ferroviaire, alors qui paiera, le consommateur, péages plus chers, billets d'avion plus chers ?
CLÉMENT BEAUNE
Non, il faut être très clair, qu'est-ce que c'est que cette taxe, là aussi, ce n'est pas le plaisir de faire des impôts, c'est une contribution qu'on demande, là aussi, en cohérence, à deux secteurs qui sont les plus émetteurs, c'est un fait, le gaz à effet de serre, au moment de la transition écologique, la route, d'abord, et l'aérien. On demande ensemble, à ces deux secteurs, une contribution, à peu près 600 millions d'euros par an, je dis totalement affectée, totalement affectée, c'est fléché juridiquement, à notre investissement dans le ferroviaire, et plus largement, dans la décarbonation des transports, y compris d'ailleurs la route, quand on déploie des bornes électriques, etc. Donc ça, c'est cette contribution qui est très importante, on l'assume, elle ne se répercute pas, je le dis pour ceux nous écoutent, aux péages. J'entends…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous vous engagez ce matin... ?
CLÉMENT BEAUNE
Oui, je veux être précis parce qu'il faut…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que cette taxe ne sera pas répercutée aux péages ?
CLÉMENT BEAUNE
Oui, je le précise, comment ça marche le péage, parce que ça intéresse chacun des Français, ils le savent, chaque année, c'est le 1er février, il y a une évolution du péage, qui est prévue dans les contrats, donc ce sont souvent des contrats de 30, 40 ou 50 entre l'État et les sociétés concessionnaires d'autoroutes, on aura d'ailleurs dans les années qui viennent à les renégocier, mais on respecte le droit. Et donc ces évolutions de péages, elles sont une part de l'inflation, pour faire court. Donc il y a les évolutions de péages chaque année, quand on crée cette taxe, cette contribution sur les sociétés d'autoroutes, celle-ci, elle n'est pas répercutée, elle ne donne pas un droit supplémentaire à changer les péages aux sociétés concessionnaires d'autoroutes, les sociétés concessionnaires d'autoroutes ont dit le contraire, donc je réponds à cette question, parce que ça peut inquiéter ou créer de la confusion, elles vont contester peut-être cette taxe devant les tribunaux, c'est leur droit. On est une démocratie, un État de droit, c'est ce que je dis depuis le début sur tous les sujets. Donc c'est leur droit d'aller devant le juge. Mais je crois, d'abord, que nos arguments juridiques sont forts, et que l'État gagnera, s'il y a un contentieux, mais surtout, en attendant, on ne change pas les règles du jeu, on peut les contester pour l'avenir, on ne change pas les règles du jeu, et donc les péages, c'est l'État qui les fixe chaque année, dans le respect des contrats avec les sociétés concessionnaires d'autoroutes ; donc il ne faut pas créer d'incertitude ou de panique sur ce sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, l'assurance d'une voiture électrique est moins chère aujourd'hui. C'est : les propriétaires de véhicule électrique paient leur assurance moins chère, avantage fiscal, à peu près 10 à 15 % de de moins, est-ce que cet avantage sera maintenu ?
CLÉMENT BEAUNE
Écoutez, il n'y a pas de projet de le changer, et on fait de manière générale, vous parlez de la question de l'assurance, c'est d'ailleurs vrai sur le péage aussi, où j'avais négocié cela avec les sociétés d'autoroutes pour encourager le passage à électrique, on a aujourd'hui un certain nombre d'avantages pour l'achat ou l'usage de véhicules propres électriques…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc cet avantage fiscal pour les propriétaires de véhicule électrique sera conservé ?
CLÉMENT BEAUNE
Il n'y a pas de projet pour changer les choses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'âge minimum pour passer son permis de conduire va passer donc à 17 ans, à partir du 1er janvier, ça, c'est une petite révolution, pourra conduire à partir de 17 ans. Pour les plus âgés, il n'y aura aucune visite médicale envisagée ?
CLÉMENT BEAUNE
Alors, là aussi, il y a une inquiétude, donc je veux couper court à des rumeurs ou des fausses nouvelles, il y a une discussion européenne qui a été engagée par la Commission européenne…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est pour ça que je vous pose la question…
CLÉMENT BEAUNE
Qui envisage différentes modalités, je ne rentre pas trop dans le détail, mais qui pourrait créer ce type d'obligation, nous n'y sommes pas favorables, parce que donnerait l'impression qu'il faut avoir une sorte de permis périmé, et quand on est une personne âgée, notamment dans les territoires ruraux, dans un département rural, je vois aussi, là, ma famille, on a besoin de la voiture, bon, donc il n'y a pas l'idée qu'il y ait un permis lié à l'âge, et c'est très important, parce que j'entends là aussi des inquiétudes, on n'est pas en train de transformer cela, on n'est pas en train de changer cette règle-là, il y a cette discussion européenne, mais la France ne demande pas et ne soutient pas l'idée qu'on impose une forme de contrainte ou de mur de date de péremption avec un âge pour le permis de conduire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Restons encore sur la route, les camions étrangers qui transitent en France, les poids-lourds en transit, qui ne feront pas le plein en France, paieront-t-ils une vignette ?
CLÉMENT BEAUNE
Alors, là aussi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un droit de passage en quelque sorte…
CLÉMENT BEAUNE
Oui, écoutez, c'est, là aussi, un débat ancien, ce qu'on appelait la vignette poids-lourds, il y a eu plusieurs appellations, ce qui existe aujourd'hui, ce que d'ailleurs on a créé cet été, c'est que dans les régions qui le souhaitent, c'est à la discrétion des régions, et notamment, les régions frontalières, je pense à la région Grand Est, qui est intéressée, parce qu'il y a beaucoup de circulations depuis le Luxembourg, depuis l'Allemagne, etc, elle peut demander une contribution aux poids-lourds étrangers notamment qui empruntent son réseau de routes nationales pour contribuer, là aussi, ça doit être fléché, à l'entretien des routes, à l'écologie, etc. Donc c'est une possibilité qui n'existe pas au niveau national, qu'on confie aux régions qui le souhaitent…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez l'étendre au niveau national ?
CLÉMENT BEAUNE
Mais ça peut exister dans chacune des régions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans chacune des régions…
CLÉMENT BEAUNE
Ce n'est pas l'État qui le fait…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une prérogative régionale.
CLÉMENT BEAUNE
Exactement. C'est une prérogative régionale. Nous avons créé le cadre juridique cet été, alors, c'est réservé aux poids-lourds, qu'il n'y ait pas d'inquiétude pour les automobilistes, et l'idée, c'est si les poids-lourds étrangers…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable à une généralisation, vous ?
CLÉMENT BEAUNE
Eh bien, je suis favorable à ce que les régions choisissent, on vient de leur donner la compétence…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non, mais ça, oui…
CLÉMENT BEAUNE
Non, mais ça a du sens, il faut être très clair, ça a du sens, ça a un peu moins de sens quand vous êtes au Centre Val-de-Loire, où vous n'avez pas beaucoup de trafic frontalier, quand vous êtes en Grand Est, et que tous les jours, vous avez des camions qui utilisent nos routes, ce qui parfois génère du trafic, qui traversent des villes ou les villages, ça ne me paraît pas anormal qu'ils aient une contribution un peu renforcée, et surtout, qu'ils passent peu moins souvent, c'est l'idée aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le Pass Rail à 49 euros, c'est pour quand ?
CLÉMENT BEAUNE
Pour l'été prochain, c'est le travail et l'objectif que je me fixe, il faut le décider là aussi, on est un pays de décentralisation, tant mieux, avec les régions, donc j'ai engagé cette discussion…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur tous les réseaux ?
CLÉMENT BEAUNE
Alors, d'abord, vous me dites, il faut qu'on les sites avec les régions, donc j'ai engagé cette discussion avec les régions d'accord dès la semaine dernière, on va faire une mission pour regarder les choses techniquement d'ici la fin de l'année, et je souhaite qu'on soit prêt pour l'été prochain, il faut que tout le monde soit d'accord, l'État est, prêt beaucoup de régions sont enthousiastes. On va le travailler ensemble. Ensuite, qu'est-ce que ça concernerait, je souhaite que, au moins, dans un premier temps, ça soit les TER, les trains express régionaux, qui sont d'ailleurs la compétence des régions, et les Intercités, qui sont les trains…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui…
CLÉMENT BEAUNE
Les anciens Corail, qui sont gérés par l'État, et de la responsabilité de mon ministère, si on met tout ça ensemble, et puis, après, on pourra progresser encore, si on met tout ça ensemble, je crois qu'on a déjà une solution qui pour des millions de Français et des millions de trajets du quotidien sera simple, facile et attractive.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Clément BEAUNE, un mot sur le fret, le fret ferroviaire avec la libéralisation du fret ferroviaire, la restructuration du fret SNCF avec la concurrence va-t-elle entraîner la suppression d'emplois, c'est l'inquiétude de beaucoup, de beaucoup de salariés et de beaucoup de syndicats ?
CLÉMENT BEAUNE
La libéralisation, elle a été engagée il y a 20 ans, donc là il n'y a pas de nouveauté à cet égard. Alors, la libéralisation, derrière ce grand mot, ça veut dire qu'on a ouvert à la concurrence…
JEAN-JACQUES BOURDIN
À la concurrence, oui.
CLÉMENT BEAUNE
Ça ne veut pas dire, c'est important, qu'on a privatisé le grand opérateur de fret ferroviaire qui s'appelle Fret SNCF, qui fait partie du groupe SNCF, avec des cheminots, qui parce qu'il y a eu des réformes courageuses et parce que ses personnels ont changé les choses, aujourd'hui marche et aujourd'hui a retrouvé des résultats positifs, et la part du fret est en train d'augmenter dans le transport de marchandises en France, c'est ça le but écologique et économique. Il y a une procédure européenne qui a été engagée contre notre entreprise, parce qu'on dit qu'on a versé des aides de l'État qui n'étaient pas légales. Sans entrer dans trop de détails, on conteste cette procédure, mais j'assume là aussi, parce qu'être responsable politique c'est faire des choix clairs et transparents. Si on va jusqu'au bout de la procédure, et qu'on se bat en disant : "Écoutez, on ne discute pas avec les autorités européennes", ça dure 2 ans. Pendant 2 ans, si vous ne savez pas si l'entreprise va survivre au bout de 2 ans, vous êtes client, vous laissez tomber maintenant, donc c'est la mort certaine de l'entreprise. Et donc moi j'ai assumé qu'on trouve un accord, qui implique effectivement qu'il y ait 10 % d'emploi en moins dans cette entreprise-là, ce ne sont pas des licenciements, aucun licenciement parce que les personnels, qui sont d'ailleurs souvent au statut de la SNCF, ils seront reclassés dans le groupe, je m'y suis engagé pour chacun d'entre eux. Bon, aucun licenciement et moins d'emplois dans cet opérateur du fret ferroviaire, et surtout je veux qu'on ait une solution rapide. Le fret est en train de redécoller, si je puis dire, ce n'est pas le moment d'avoir des tergiversations.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Retour du Mulhouse – Lille, via Dijon et Besançon ?
CLÉMENT BEAUNE
Oui, c'est une grande attente, c'est…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une grande attente de beaucoup d'élus.
CLÉMENT BEAUNE
Bien sûr, qui m'ont écrit encore…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le maire de Dijon, enfin bon etc. etc.
CLÉMENT BEAUNE
Oui, je le verrai en encore dans quelques jours le maire de Dijon, oui. C'est une ligne qui a été supprimée il y a quelques années. J'ai lancé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
En 2020.
CLÉMENT BEAUNE
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Covid.
CLÉMENT BEAUNE
Covid, et la fréquentation n'était pas tout à fait au rendez-vous après, mais il faut que cette ligne reprenne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et donc vous êtes favorable.
CLÉMENT BEAUNE
Oui je suis favorable, il faut qu'on l'organise, donc c'est une discussion avec la région, avec les grands élus, la SNCF bien sûr. Ce que je vais être, là aussi, sans démagogie, qu'est-ce qui fait que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites oui.
CLÉMENT BEAUNE
Je dis oui, c'est un projet que je soutiens, on travaille à comment le faire marcher, parce qu'il faut trouver des trains, Jean-Jacques BOURDIN, une ligne qui ouvre et où ça ne circule pas, ce n'est pas très intéressant, et vous savez si beaucoup de Français râlent, et je l'entends tous les jours, contre les prix du train qui sont trop cher, où il n'y a pas assez de trains sur telle ou telle ligne, c'est lié à quoi ? C'est lié au fait qu'on manque aujourd'hui de rames de trains par rapport aux dernières années. Il y a le Covid, on a enlevé des vieux trains, les commandes industrielles ont un peu de retard, et donc mon engagement aussi c'est que la SNCF est en train de commander plus de trains, pour que sur un maximum de lignes dans les années qui viennent on remette des places de trains en circulation, ce qui aussi détendra un peu les prix.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et avec la concurrence il y a plus de train, évidemment…
CLÉMENT BEAUNE
Oui, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
RENFE, qui par exemple, les Espagnols qui par exemple voudrait…
CLÉMENT BEAUNE
C'est une bonne chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
... circuler entre Paris et Lyon et Marseille.
CLÉMENT BEAUNE
Ça va arriver, sans doute à la fin de l'année, et il y a déjà un opérateur italien…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, TRENITALIA.
CLÉMENT BEAUNE
... opérateur public d'ailleurs, sur la ligne Paris – Lyon, ça a fait baisser Jean-Jacques BOURDIN des prix de 10 %, donc c'est bon aussi d'avoir plus de trains qui circulent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Les punaises de lit, est-ce que nous vivons un début de psychose collective ?
CLÉMENT BEAUNE
Eh bien, il ne faut pas, justement. Vous savez, quand il y a des phénomènes qui sont relayés les médias, qui inquiètent pour de vrai les Français, on a tous connu ou vécu soi-même l'épisode des punaises de lit, c'est un cauchemar qu'on vit, donc il faut prendre ça sérieusement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y a pas de punaises dans les transports en commun ?
CLÉMENT BEAUNE
Alors, je ne vais pas dire, je ne vais pas vous faire le coup du nuage de Tchernobyl où il n'y aurait jamais aucune punaise dans aucun moyen de transport, ça ne serait pas crédible. Il faut le prendre au sérieux, c'est pour ça que je ne balaie pas ça d'un revers de main en disant « Jamais une punaise ne franchira la porte d'un métro ». Il y a eu des cas, mais il faut là aussi être sérieux, remettre les choses à leur juste proportion. Quand il y a des cas qui sont signalés, d'abord on vérifie que c'est vrai, parce que ce n'est pas toujours, quand on voit une vidéo sur les réseaux sociaux, une punaise de lit. Donc j'ai demandé à tous les opérateurs, notamment la RATP, la SNCF, d'avoir un protocole de vérification systématique. Les cas récents qui ont été beaucoup médiatisés, vidéos à l'appui, ce n'était pas des punaises de lit. Il y en a eu dans le passé, il y en a eu encore parfois cet été dans quelques cas, il y en aura à l'avenir, l'important c'est de prévenir, renforcement des protocoles de nettoyage de trains réguliers, c'est tous les 60 jours complètement à la SNCF, et dès qu'il y a une détection, a fortiori s'il y a un cas avéré, on fait un nettoyage complet toutes les semaines, de la rame jusqu'à sa remise en service. Donc pas de panique, mais un sujet sérieux. Des traitements et des protocoles qui sont renforcés. Je sais que pour le monde, puisque Paris, la France sont des lieux de tourisme, il faut aussi rassurer ceux qui viennent en France, on peut venir en France, on peut prendre nos transports, on prend des précautions et on va encore les renforcer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. 2026, les prochaines des élections municipales, est-ce que vous êtes favorable à l'abrogation de la loi PLM, Paris Lyon Marseille, c'est quoi, je résume pour ceux qui ne sauraient pas, les citoyens votent dans chaque arrondissement pour élire des conseillers qui eux-mêmes élisent le maire ou la maire ensuite. Est-ce que vous êtes favorable à l'abrogation de cette loi ?
CLÉMENT BEAUNE
À ce qu'on change en tout cas le mode de scrutin, oui, pour les trois plus grandes villes de France, dont la capitale où je suis élu. Ça me paraît démocratique et simple. Au fond…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le président de la République va le faire ou pas ?
CLÉMENT BEAUNE
Écoutez, c'est le Parlement qui doit le faire. Mais je crois que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est le Parlement, mais sur l'initiative…
CLÉMENT BEAUNE
Eh bien écoutez, on en discutera, mais je crois qu'il y a une volonté…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y est favorable ?
CLÉMENT BEAUNE
Il me semble que dans la majorité, y compris le président, il y a un intérêt pour démocratiser ces modes de scrutin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant 2026 ce sera fait ?
CLÉMENT BEAUNE
Eh bien faut le faire je crois avant 2026, ce serait bien, parce qu'on est encore à plus de 2 ans et demi de l'élection, donc on a le temps, mais... Et puis ce débat, ce n'est pas un débat caché, il aura lieu au Parlement, à l'Assemblée nationale et au Sénat, et tous les groupes politiques prendront position. Mais on verra d'ailleurs où sont les positions ou les postures. C'est de bon sens d'avoir une élection…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous serez candidat ?
CLÉMENT BEAUNE
On verra.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On verra.
CLÉMENT BEAUNE
On verra.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y pensez, vous aimeriez.
CLÉMENT BEAUNE
Je n'ai jamais caché mon intérêt pour Paris. D'abord je n'y ai pas été élu pour rien, et vous savez que j'ai mené un combat…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien oui.
CLÉMENT BEAUNE
... difficile, ce n'était pas une circonscription dorée sur tranche et gagnée d'avance, et tant mieux, parce que c'est la beauté du combat démocratique. Et si je m'engage à Paris, c'est parce que ce qui s'y passe m'intéresse, ensuite il y a un temps où au sein de la majorité, tous les partis de la majorité ensemble, on désignera notre candidat, mais c'est quelque chose qui ne me paraît pas totalement incongru. Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, on a compris Clément BEAUNE. Alors, Emmanuel MACRON qui veut modifier la Constitution, il l'a dit hier, entre autres élargir le champ du référendum, ce qui permettrait d'organiser par exemple un référendum sur l'immigration. Vous y seriez favorable ?
CLÉMENT BEAUNE
Alors ce n'est pas pour un sujet que le président a…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, pas pour un sujet, mais c'est possible.
CLÉMENT BEAUNE
Oui. L'idée est que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce serait possible.
CLÉMENT BEAUNE
L'idée que le président a évoquée hier de manière plus générale, c'est que l'on puisse avoir des thèmes de consultation du peuple français, qui soient plus larges. Il ne l'a pas fait pour un thème et un débat du moment, c'est quelque chose qui est plus profond. Après, il faudra se poser la question sujet par sujet. Il ne faut pas que ça casse la démocratie représentative, le référendum. Un référendum, ça marche bien sur des questions que vous avez, des questions simples, oui/non, sinon vous interrogez, moi je n'ai aucun tabou, mais vous interrogez les Français sur quoi quand vous dites immigration ? Sur un texte de 50 pages ? Sur oui/non l'immigration ? Ça ne veut pas dire grand-chose dit comme ça. Donc, n'ayons pas de simplification, le référendum c'est très utile, très efficace et c'est un bel outil démocratique, pour avoir une question, en général assez binaire. Ça, ce n'est pas une question de tel ou tel thème qui plairait ou gênerait, c'est qu'il faut que ça soit propice à un débat référendaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je voudrais terminer sur les propos de la députée les LFI de Paris, Sophia CHIKIROU, traitant de tafioles ses collaborateurs. Si ces propos sont confirmés, doit-elle démissionner ?
CLÉMENT BEAUNE
Je ne sais pas si ses propos…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Être exclue de l'Assemblée nationale ?
CLÉMENT BEAUNE
Écoutez, il faudrait déjà que ses collègues aient un peu de constance et de cohérence. Ils se présentent comme progressistes, ils se présentent comme de gauche, dont je viens. Et j'ai vu, parce que j'étais voisin de circonscription de madame MECARY dans la campagne, une immense brutalité, j'ai même vu mon ancienne adversaire, madame MECARY, soutenir, alors qu'elle s'est engagée toute sa vie pour les droits LGBT, madame CHIKIROU dans ses propos, on va vérifier s'ils sont justes ou pas, qui sont inacceptables, c'est des propos en tout cas, ce n'est pas la question de la démission du Parlement, c'est la question de sanctions pénales, quand vous avez tenu des propos qui sont homophobes. Notre droit ne permet pas de tenir un propos, et heureusement, qui soit raciste, qui soit homophobe, qui soit sexiste, et la liberté d'opinion s'arrête quand l'incitation à la haine, ou la haine tout court, sont dans le débat public. Ça dit quelque chose quand même de ce qu'est devenue la France insoumise, c'est-à-dire un parti qui donne des leçons toute la journée, et qui en fait est un parti de brutalité, non pas de tolérance mais d'intolérance, et ce genre de propos en fait ne me surprend pas beaucoup.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Clément BEAUNE.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 octobre 2023