Texte intégral
SONIA MABROUK
Place donc à " La Grande interview " sur CNews et Europe 1. Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Sonia MABROUK.
SONIA MABROUK
Bienvenue. Merci de votre présence. Vous êtes le ministre de l'Economie, des Finances, de la Souveraineté industrielle et numérique. Hier, Bruno LE MAIRE, le président de la République a affirmé que le texte sur l'immigration constituait le bouclier qui nous manquait, et en même temps, il a évoqué les protestations légitimes des uns et des autres dans sa majorité, il a cherché à rassurer la gauche. Alors, clairement, ce matin, est-ce que vous assumez oui ou non le texte sur l'immigration ?
BRUNO LE MAIRE
C'est un très bon texte. C'est un texte de fermeté, c'est un texte de justice, c'est surtout un texte nécessaire pour protéger les Français. Ce texte, je le soutiens à 100%. Vous avez aujourd'hui en France un certain nombre d'étrangers qui sont en situation irrégulière, et qu'on n'arrive pas à faire quitter le territoire, eh bien, ce texte va permettre d'accélérer l'exécution des obligations de quitter le territoire français. Vous avez des personnes qui ont été condamnées pour des crimes, pour des délits que vous ne pouvez pas expulser, vous allez pouvoir les expulser. Vous avez une multitude de recours qui empêchent de faire quitter le territoire à une personne qui est indésirable sur notre territoire. Désormais, avec ce texte, elle pourra et elle devra quitter le territoire. C'est un texte de protection des Français. Il était indispensable, il a mis du temps, il a fallu échanger, discuter, la majorité a été impeccable dans son soutien et dans sa détermination, désormais, le texte est voté…
SONIA MABROUK
Impeccable dans son soutien, la majorité ?
BRUNO LE MAIRE
Oui, bien sûr ! C'est un texte qui est difficile…
SONIA MABROUK
Impeccable ?
BRUNO LE MAIRE
Je trouve qu'elle a été impeccable. Enfin, il y a certains qui…
SONIA MABROUK
La majorité est quasiment en état de crise de nerfs, le président de la Commission des Lois, Sacha HOULIE, n'a pas voté…
BRUNO LE MAIRE
On attache beaucoup d'importance aux positions minoritaires de certains dans la majorité. Moi, je regarde les chiffres, je regarde la dureté des débats. Et je constate que, comme sur beaucoup de sujets, la seule formation politique qui fait front, qui tient bon, que ce soit sur la réforme des retraites, sur la réforme de l'assurance-chômage, sur tous ces textes difficiles, et sur l'immigration, c'est la majorité. Et je rends un hommage appuyé à tous nos députés, y compris à ceux qui, parfois, sur une mesure, sur une autre, peuvent avoir des doutes, mais qui au bout du compte, ont fait bloc derrière Gérald DARMANIN, derrière la Première ministre, derrière le président de la République, pour adopter ce texte dont je redis qu'il est nécessaire pour protéger nos compatriotes.
SONIA MABROUK
Et j'ai noté que vous avez dit, Bruno LE MAIRE, que vous le soutenez à 100%. Ça veut dire très clairement qu'il n'y a aucune mesure dans ce texte qui vous gêne, contrairement au président de la République hier, qui a clairement dit, par exemple, sur la caution pour les étudiants étrangers, que ça ne lui allait pas. Vous, c'est 100% ?
BRUNO LE MAIRE
C'est 100% du texte. Il y a des dispositions que je juge indispensables. J'ai parlé des dispositions de fermeté. Elles sont indispensables. On pourrait parler de dispositions sur l'acquisition de la nationalité, il me paraît naturel quand on est enfant, né en France de deux parents étrangers, de manifester sa volonté d'adhérer à la nation française, que la nation française est une grande nation avec des valeurs, avec une histoire, avec des principes. Donc on demande de manifester cette volonté d'adhérer à la nation française, ça me paraît une bonne chose, ça me paraît une chose juste. Alors, après, il y a des dispositions qui me paraissent moins nécessaires que d'autres. La disposition que vous mentionnez sur la caution, ça ne me paraît pas la disposition la plus indispensable du texte. Ça, je le reconnais bien volontiers. Mais l'équilibre global du texte, c'est un message de fermeté et un message de justice. Il me paraît bon, et il doit être préservé.
SONIA MABROUK
Mais alors pourquoi l'exécutif ne rêve que de voir le Conseil constitutionnel retoquer les mesures durcies par la droite ? Elisabeth BORNE l'a dit…
BRUNO LE MAIRE
... Pas du tout…
SONIA MABROUK
Eh bien écoutez, Monsieur le Ministre, Elisabeth BORNE l'a dit très clairement, hier, le président n'a pas fait... c'était assez clair aussi. Est-ce que vous comptez sur les Sages pour tout retoquer ?
BRUNO LE MAIRE
Moi, je compte sur le Parlement et je compte sur le peuple français. Comme responsable politique, ça a toujours été ma ligne de conduite. Les Français demandent de la fermeté en matière de contrôle des flux migratoires. Nous venons cette semaine de marquer deux points majeurs pour garantir la fermeté sur le contrôle de l'immigration. Le premier point, c'est le texte qui a été adopté à l'Assemblée nationale grâce au travail des parlementaires, grâce au travail de Gérald DARMANIN, de la Première ministre et à l'engagement du président de la République. Il fallait le texte…
SONIA MABROUK
Etrange, pardonnez-moi, dans votre liste, vous ne citez pas les artisans du texte…
BRUNO LE MAIRE
Mais les artisans...
SONIA MABROUK
Eh bien, c'est Les républicains, c'est Bruno RETAILLEAU, c'est Eric CIOTTI, depuis tout à l'heure, vous n'avez pas dit un mot sur ceux qui ont présenté finalement la copie finale…
BRUNO LE MAIRE
Tant mieux que sur ce texte, Les Républicains aient fait preuve de cohérence et d'unité. Ils ont tous voté, les 62 deux députés. C'est une très bonne nouvelle et je salue ce vote. Mais, je suis obligé de reconnaître aussi que l'initiative du texte pour renforcer les règles sur l'immigration ou le contrôle de l'immigration illégale, et l'exclusion des personnes qui n'ont pas à rester sur notre sol, vient du président de la République, de la majorité, du ministre de l'Intérieur et de la Première ministre. Donc premier point que nous avons marqué, ce texte. Deuxième point important qui a été marqué, le pacte immigration asile, qui a été adopté à l'Union européenne, qui peut nous permettre de mieux contrôler aux frontières…
SONIA MABROUK
Qui prévoit une répartition des migrants dans les différents pays…
BRUNO LE MAIRE
Mais, qui prévoit surtout, Sonia MABROUK…
SONIA MABROUK
Qui prévoit une répartition des migrants…
BRUNO LE MAIRE
Quelque chose qui est très important, c'est que lorsque des étrangers se présentent aux frontières de l'Union européenne pour la première fois, d'ailleurs, ça paraît un peu surréaliste que ça n'ait pas existé avant, mais, on va pouvoir échanger l'intégralité des données pour avoir une meilleure connaissance de l'ensemble de ces personnes qui se présentent aux frontières, et éviter les abus que nous connaissons aujourd'hui. Donc c'est aussi un texte de renforcement. Donc avec ces deux piliers, la loi nationale et le texte immigration asile, au niveau européen, j'espère que nous apporterons des réponses plus fermes à ce défi migratoire, dont on voit bien, Sonia MABROUK, qu'il est en train de déstabiliser toutes les nations européennes…
SONIA MABROUK
Monsieur le Ministre, encore faut-il que la loi soit appliquée, vous avez les départements de gauche, 31 départements de gauche, qui affirment qu'ils n'appliqueront pas la loi, qu'ils n'appliqueront pas les nouvelles règles de versement de prestations sociales, en particulier, la fameuse APA, c'est l'Aide Personnalisée Autonome. Est-ce que c'est une véritable fronde ? Est-ce qu'on peut en France ne pas respecter la loi au nom, entre guillemets, de ses valeurs ?
BRUNO LE MAIRE
Non.
SONIA MABROUK
Et qu'est-ce qui va se passer s'ils vous tiennent tête et tiennent tête à l'Etat ?
BRUNO LE MAIRE
Mais la loi s'impose à tous. Surtout quand on est élu, on a été élu par le peuple français. Ces lois sont adoptées par le peuple français, par les représentants du peuple français, qui sont dépositaires de la souveraineté nationale. Donc c'est très sympathique de mettre la main sur le coeur et de dire : je vais m'opposer, mais il y a une démocratie, il y a un peuple, il y a des représentants du peuple, et il y a une souveraineté populaire. Et je pense qu'il est bon que tout le monde respecte les décisions de la souveraineté populaire, en particulier, les élus.
SONIA MABROUK
Vous avez entendu aussi Anne HIDALGO, François HOLLANDE, Martine AUBRY, et d'ailleurs, c'est un orchestre, sur les valeurs et les vertus morales qu'ils vous donnent à vous tous, l'exécutif…
BRUNO LE MAIRE
Mais quelles valeurs, Sonia MABROUK ?
SONIA MABROUK
Eh bien écoutez, celles qu'ils défendent, ils disent…
BRUNO LE MAIRE
Quelles leçons de morale ?
SONIA MABROUK
Ils affirment, c'est la solidarité, l'humanité, et que vous en seriez dépourvu…
BRUNO LE MAIRE
Mais quelles leçons de morale, mais vous pensez que c'est l'humanité de dire à nos compatriotes que des personnes étrangères qui sont sur notre sol et qui doivent quitter le territoire français, ne le quittent pas ? Ça s'appelle le laxisme, ça ne s'appelle pas l'humanité. Vous pensez que c'est l'humanité de laisser déstabiliser toutes les nations européennes, comme c'est le cas aujourd'hui par des flux migratoires qui ne sont pas contrôlés, de laisser faire des passeurs qui sont des vendeurs de mort et des vendeurs de misère. Ce n'est pas l'humanité. C'est l'aveuglement. Vous pensez réellement que c'est l'humanité de dire qu'une personne qui arrive sur notre sol doit immédiatement toucher des prestations non contributives, comme les aides personnalisées au logement, alors même que beaucoup de nos compatriotes ont du mal à se loger. Ce n'est pas de l'humanité, c'est de l'inconscience. Et toutes ces personnes-là sont responsables de la montée du Rassemblement national dans notre pays…
SONIA MABROUK
Toutes ces personnes ?
BRUNO LE MAIRE
Mais bien sûr…
SONIA MABROUK
C'est la gauche…
BRUNO LE MAIRE
Mais quand on a la main sur le cœur et qu'on fait preuve de sens de l'irresponsabilité, la main sur le cœur pour les autres, mais jamais pour nos compatriotes.
SONIA MABROUK
C'est ce qu'a dit hier aussi en substance Emmanuel MACRON, il a dit que dans les quartiers populaires justement, les populations peuvent subir les conséquences d'une immigration mal maîtrisée…
BRUNO LE MAIRE
Mais nous n'avons pas de leçon d'humanité à recevoir de la part de tous ceux qui sont responsables de la montée des extrêmes dans notre pays, je voudrais juste qu'on pense à nos compatriotes, qui ont du mal à se loger, qui ont du mal à gagner leur vie…
SONIA MABROUK
Mais est-ce que ce n'est pas une victoire idéologique, dans ce cas-là, du Rassemblement national, Bruno LE MAIRE ?
BRUNO LE MAIRE
Qui ont besoin d'aides sociales, qui ont contribué à ces aides sociales et qui disent " mais, nous ce qu'on n'arrive pas à comprendre ", on n'est pas xénophobe, les Français ne sont pas xénophobes, on est accueillant, les Français sont accueillants, on dit juste que pour avoir accès à une aide sociale, qui est financée par les contribuables français depuis des années, il faut peut-être être resté un peu plus longtemps sur le territoire. Nous disons juste, et ça me paraît légitime, que ceux qui travaillent peuvent avoir accès plus rapidement aux aides sociales parce qu'ils contribuent au bon fonctionnement de la nation française et la création de prospérité.
SONIA MABROUK
On attend de la préférence nationale.
BRUNO LE MAIRE
Mais ça n'a rien à voir avec la préférence nationale…
SONIA MABROUK
Ecoutez, non !
BRUNO LE MAIRE
Mais absolument rien, arrêtons de reprendre…
SONIA MABROUK
C'est difficile de ne pas voir ce qui est au centre du débat, pourquoi ce mot est-il tabou, cette expression est-elle taboue, pour vous ?
BRUNO LE MAIRE
Mais parce qu'il n'y a pas de préférence nationale
SONIA MABROUK
Non, il n'y a pas de préférence nationale, dans ce texte ?
BRUNO LE MAIRE
Il n'y a pas de préférence nationale dans ce texte, et que je ne suis pas favorable à une préférence qui tiendrait compte de la nationalité de l'origine, je dis juste que nous avons un modèle social, que ce modèle social est très généreux, qu'il protège tous ceux qui sont sur notre sol et qui contribuent à la richesse, à la prospérité, dans notre pays. Prenez l'exemple des APL, des aides pour le logement, nous faisons une distinction entre ceux qui travaillent, qui ont accès plus vite à ces aides pour le logement, et d'autres qui ne travaillent pas et qui vont mettre cinq ans pour avoir accès à ces aides, ce n'est pas de la préférence nationale, c'est tout simplement de la justice et de la légitimité.
SONIA MABROUK
Pendant ce temps, Bruno LE MAIRE, en plein texte sur l'immigration, le président du MEDEF, Patrick MARTIN, estime, et on va voir sa déclaration, que l'économie va avoir massivement besoin de travailleurs étrangers, il affirme, je cite, " que 3,9 millions de salariés étrangers seront nécessaires d'ici 2050, sauf ", dit-il, " à réinventer notre modèle social et économique ", comme ce n'est pas pour demain, une telle déclaration, c'est une provocation ?
BRUNO LE MAIRE
Non, mais je pense que Patrick MARTIN a parfaitement raison, nous devons réinventer notre modèle social et économique, et c'est d'ailleurs exactement…
SONIA MABROUK
Oui, mais ce n'est pas le cœur de sa déclaration, vous voyez le verre à moitié plein, je vous pose la question.
BRUNO LE MAIRE
Oui, ce n'est pas le cœur de sa déclaration, mais moi le cœur de ma déclaration est très simple, formons tous ceux qui sont sur notre sol et qui n'ont pas de travail.
SONIA MABROUK
Mais ma question c'est est-ce que nous aurons besoin de ces 3,9 millions de travailleurs étrangers ?
BRUNO LE MAIRE
Je pense qu'on a surtout besoin, dans l'immédiat, de former, de qualifier, toutes celles et tous ceux qui sont présents sur notre sol, qui n'ont pas de travail, qui en cherchent, qui n'ont pas les bonnes qualifications. Moi, vous savez, je suis un garçon basique, je constate qu'il y a des centaines de milliers d'emplois non pourvus et qu'il y a encore des millions de chômeurs, donc formons et qualifions les chômeurs qui sont sur notre sol, avant de faire appel à l'immigration.
SONIA MABROUK
A bon entendeur donc, pour Monsieur le président du MEDEF.
BRUNO LE MAIRE
Mais, on peut avoir des vues différentes, il est dans son rôle, il insiste sur la réinvention de notre modèle social et économique, il a parfaitement raison, c'est ce que je porte depuis plus de sept ans, près de sept ans, pardon, avec le président de la République, et je pense qu'un bon modèle social c'est celui qui va chercher toutes celles et tous ceux qui sont éloignés de l'emploi, qui ont connu des accidents dans la vie, qui ont du mal à s'en sortir, qui n'ont pas forcément la bonne formation, la bonne qualification, pour leur dire on va vous accompagner, c'est ce que nous allons faire avec France Travail, et on va vous permettre de retrouver un emploi. Moi je me méfie toujours, Sonia MABROUK, des solutions de facilité, je trouve que dire on va laisser des centaines de milliers de gens qui sont sur notre sol, qui sont dans la difficulté, qui n'arrivent pas à trouver un emploi, eh bien qu'ils se débrouillent, et puis on va ouvrir tout grand nos frontières pour les besoins de l'économie française, je suis désolé…
SONIA MABROUK
Ça s'appelle être le marchepied du RN peut-être.
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas ma conception de la nation française, ce n'est pas ma conception de l'économie, et ce n'est pas ma conception de notre modèle social auquel je suis profondément attaché.
SONIA MABROUK
Sur le front des prix, Bruno LE MAIRE, l'inflation, nous sommes à trois jours du réveillon, nous avons vécu deux ans d'augmentation des prix quasi non-stop, est-ce que vous diriez vraiment clairement ce matin que l'inflation est totalement derrière nous, vous avez déjà dit que nous sommes en train de sortir de la crise, est-ce que l'inflation est derrière nous ?
BRUNO LE MAIRE
Je dirais trois choses. La première c'est que ça va être très dur pour beaucoup de nos compatriotes, et que ça reste, pour moi, la question des salaires et des prix la question prioritaire pour le ministre de l'Economie, parce qu'il y a beaucoup trop de gens pour lesquels ça reste difficile. Je vous dirais une deuxième chose, la crise inflationniste, je le confirme, est derrière nous, c'est-à-dire ces prix qui flambent, qu'on a connus au cours des deux dernières années, c'est derrière nous, nous serons sous les 3 % d'inflation en 2024…
SONIA MABROUK
Mais pas un retour des prix d'avant crise !
BRUNO LE MAIRE
Non, pas un retour des prix d'avant crise…
SONIA MABROUK
Il vaut mieux le dire.
BRUNO LE MAIRE
Vous n'allez pas non plus, comme le Président République l'a parfaitement dit hier, revenir aux salaires d'avant crise, tout a augmenté, nous ne reviendrons pas aux prix d'avant crise, mais il y aura un ralentissement très marqué de l'inflation qui sera sous les 3% en 2024. Et je dirais aussi une troisième chose, pour être tout à fait honnête et complet, parce que nous relocalisation des activités, parce que la décarbonation de notre économie coûte cher, il est probable que le niveau d'inflation structurel sera un peu plus élevé que ce qu'il était avant la crise du Covid et avant la crise inflationniste.
SONIA MABROUK
Niveau d'inflation structurel, ça donne quoi, pardonnez-moi d'être un peu directe, sur le ticket de caisse qu'est-ce qui va se passer concrètement Monsieur LE MAIRE ?
BRUNO LE MAIRE
Ça veut dire qu'on a connu des niveaux d'inflation autour de 1%, voire quasi nulle, et qu'on aura des niveaux d'inflation qui seront, de manière plus constante, autour de 2%, au lieu d'être autour de 1%.
SONIA MABROUK
Dans l'actualité, la vente d'une partie des magasins, en tout cas en train d'être négociée, de l'enseigne CASINO à AUCHAN et INTERMARCHE, inquiète d'abord fortement aussi les salariés, comment les rassurer aujourd'hui, Bruno LE MAIRE, quelles garanties est-ce qu'on peut apporter ?
BRUNO LE MAIRE
D'abord en les recevant, je pense que c'est le moins qu'on leur doit…
SONIA MABROUK
Vous allez le faire ?
BRUNO LE MAIRE
J'ai reçu des syndicats de CASINO il y a une semaine, je les recevrai à nouveau aujourd'hui, pour leur dire que la protection de l'emploi est ma priorité absolue. Il y a un certain nombre d'hypermarchés et de supermarchés qui vont être cédés, de CASINO à INTERMARCHE et AUCHAN, j'ai reçu hier les dirigeants d'INTERMARCHE, d'AUCHAN, je leur ai dit « écoutez, moi je vous demande une seule chose, vous devez préserver l'emploi. » Ils ont pris des engagements…
SONIA MABROUK
Fermes ?
BRUNO LE MAIRE
Je veillerai à ce que les engagements soient tenus. Si jamais il y a des emplois qui sont menacés dans un hypermarché…
SONIA MABROUK
Comment est-ce que vous allez veiller à ce que les engagements soient tenus ?
BRUNO LE MAIRE
Je reçois, je veille à ce que ce qui a été dit soit respecté, je le fais à chaque fois, et cela donne des résultats, il faut que l'emploi soit préservé. La deuxième chose c'est, au-delà des hypermarchés et du supermarché, la question des dépôts, sur lesquels il peut y avoir des difficultés particulières, et soyons très lucides, la vraie difficulté est sur le siège de Saint-Etienne. Pourquoi ? parce qu'à partir du moment où vous cédez des hypermarchés et supermarchés à INTERMARCHE et à AUCHAN, dont les centres ne sont pas localisés à Saint-Etienne, ça pose une difficulté très concrète sur le siège de Saint-Etienne, il faut qu'on focalise nos efforts désormais sur le siège de Saint-Etienne.
SONIA MABROUK
Et puis CASINO fait partie quand même d'un imaginaire, d'un patrimoine, donc la question interroge plus largement tous les Français. Deux questions, rapides si je puis dire, d'actualité, mais importantes Bruno LE MAIRE, la BANQUE DE FRANCE a abaissé de 0,1 point sa prévision de croissance pour 2023, est-ce justifié ?
BRUNO LE MAIRE
Moi je maintiens les prévisions de croissance pour 2023 à 1%, pour 2024 à 1,4%. Je constate, d'ailleurs je rentre tout juste de New York, j'ai vu tous les investisseurs américains, toutes les grandes banques d'investissement, qu'est-ce qu'ils m'ont dit ? Le lieu pour investir aujourd'hui, en Europe, c'est la France. Je voudrais juste qu'on soit capable de regarder la France avec des yeux extérieurs pour s'apercevoir à quel point ce que nous avons réussi à accomplir, sur le plan économique, sur le plan social, sur le plan financier, rend notre nation attractive pour les investisseurs, il faut poursuivre, décupler nos efforts, faire venir de l'emploi et des investissements sur notre territoire.
SONIA MABROUK
Sur la scène européenne, vous vous êtes félicité d'un accord sur les nouvelles règles du Pacte de stabilité et de croissance. Alors, quand j'ai vu votre vidéo sur les réseaux sociaux, vous vous êtes félicité pour l'Europe. Mais quand est-ce qu'on se félicite pour la France ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je me suis félicité pour les deux, et les deux vont ensemble.
SONIA MABROUK
Ah, les deux…
BRUNO LE MAIRE
C'est bien pour la France, eh bien, oui, on est dans la même zone euro. Quand vous allez en Italie, en Espagne ou en Allemagne, vous payez en euros. Donc c'est bien d'avoir des règles qui vont nous permettre de renforcer cet euro. On en a eu bien besoin pendant la crise du Covid, et c'est surtout bien d'avoir des règles nouvelles qui vont enfin reconnaître pour la première fois depuis 30 ans que c'est bien de faire des investissements dans la transition climatique ou dans la Défense, et que c'est bien de faire des réformes de structure. Le véritable acquis de cette réforme, c'est que pour la première fois, on dit : écoutez, c'est bien d'avoir des comptes publics bien maintenus, mais il y a des besoins d'investissements qui sont considérables…
SONIA MABROUK
Des comptes publics bien tenus ? A qui on le dit, à nous-mêmes, avec les 3.000 milliards de dette publique en France ?
BRUNO LE MAIRE
Il faut le dire à tous les Etats membres de la zone euro, c'est ce qui fait la stabilité de l'euro, il faut le dire à nous-mêmes et l'appliquer à nous-mêmes. Croyez-moi, j'aurai l'occasion en début d'année 2024, avec le ministre des Comptes publics, nous sommes fermement déterminés à prendre les décisions nécessaires pour tenir notre trajectoire de finances publiques.
SONIA MABROUK
Nous arrivons presque au bout, quasiment au bout de cet entretien. C'était l'entretien d'avant nomination à Matignon, la prochaine fois que je vous recevrai, Bruno LE MAIRE. Qu'est-ce que je dois dire, Bonjour Monsieur le Premier ministre ?
BRUNO LE MAIRE
C'était l'entretien d'avant vacances de Noël bien méritées, et en famille.
SONIA MABROUK
Et vous aviez un mot d'excuses hier pour ne pas participer au dîner à Matignon autour d'Elisabeth BORNE, la Première ministre…
BRUNO LE MAIRE
Oui, tout à fait, ça fait cinq jours que je suis à l'étranger pour défendre l'attractivité du territoire français. J'ai quatre enfants, j'ai une femme, et j'aime bien retrouver ma femme et mes enfants. Donc de temps en temps, il y a des obligations officielles auxquelles on se soustrait pour sa famille.
SONIA MABROUK
Donc l'attractivité de la France et de la famille passe avant l'attractivité de la Première ministre.
BRUNO LE MAIRE
Non, ça veut tout simplement dire que quand vous rentrez après cinq jours de voyage, vous êtes bien content de retrouver votre famille, et je pense que la Première ministre l'a parfaitement compris, j'ai eu l'occasion d'échanger avec elle.
SONIA MABROUK
Merci Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Merci à vous.
SONIA MABROUK
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 décembre 2023