Texte intégral
NICOLAS DEMORAND
Et avec Léa SALAME nous recevons ce matin la ministre de la Culture dans « Le Grand entretien » du 7/10, également maire du 7e arrondissement de Paris, vos questions au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter. Rachida DATI, bonjour.
RACHIDA DATI
Bonjour.
LEA SALAME
Bonjour.
NICOLAS DEMORAND
Et bienvenue dans ce studio, beaucoup de questions à vous poser ce matin sur votre vision de la culture pour la France, sur vos dossiers prioritaires, on va revenir aussi évidemment sur votre nomination surprise dans un gouvernement d'Emmanuel MACRON après avoir passé sept ans dans son opposition. Mais d'abord, quelques mots sur le grand oral de Gabriel ATTAL hier à l'Assemblée, le nouveau Premier ministre a prononcé son discours de politique générale, l'avez-vous trouvé bon, il ne vous a pas fait regretter votre choix de rejoindre la majorité ?
RACHIDA DATI
D'après vous ?
LEA SALAME
On ne sait pas !
RACHIDA DATI
Justement, je vais vous le dire. Les mesures qui ont été annoncées hier, les valeurs défendues dans son discours de politique générale, correspondent véritablement aux aspirations et aux attentes des Français. Toutes les mesures qui ont été annoncées, que ce soit sur le pouvoir d'achat avec la revalorisation du travail, ça a été très prononcé sur cet aspect-là, sur la réduction des inégalités, notamment à l'école, sur la relance du logement, sur le droit à la sûreté, moi je tiens à ce mot « sur la sûreté », qui est un mot de la Déclaration des droits de l'homme, et donc toutes ces mesures qu'il a déclinées dans le détail, puisque quand vous avez la sécurité il y a l'aspect évidemment sécurité, ordre public, autorité, retour à l'ordre, mais aussi sur des mesures de justice qui concernent notamment aussi les mineurs et les parents de ces mineurs, les parents des mineurs par exemple, qu'on souhaite aider quand ils sont parfois dépassés, et ça peut arriver, ou quand effectivement ils ont évidemment abandonné leurs responsabilités. Et donc, hier, j'ai considéré effectivement que les mesures qui ont été annoncées correspondaient aux attentes des Français, notamment à la classe moyenne, notamment sur le logement par exemple.
LEA SALAME
Mais il y avait beaucoup, vous le dites, énormément de mesures annoncées hier, mais y-a-t-il un fil conducteur entre ces mesures, est-ce que vous avez vu la ligne force et est-ce qu'il y en a une qui vous semble… ?
RACHIDA DATI
La ligne forte c'est d'abord de rétablir de l'autorité, et l'ordre, dans le pays, avec un droit à la sûreté, qu'on puisse réduire les inégalités avec l'école, qu'on puisse vivre de son travail, qu'on puisse vivre dignement de son travail en remettant le travail au centre de toutes les politiques, et également sur le logement. Aujourd'hui vous savez qu'il y a une crise du logement, et ne pas avoir un toit sur sa tête effectivement ça fragilise toute votre vie, même si vous avez un travail, et donc…
LEA SALAME
Le travail, l'autorité, le débit mitraillette de Gabriel ATTAL, son énergie aussi, est-ce que vous y avez vu des accents de Nicolas SARKOZY dans sa manière de prononcer son discours et dans le fond ?
RACHIDA DATI
C'est le style de sa génération, très engagé, jeune, dynamique, c'est le style de sa génération.
LEA SALAME
Vous n'avez pas vu la référence à Nicolas SARKOZY ?
RACHIDA DATI
Non, mais c'est bien, moi je vous remercie de toujours… de ne jamais oublier Nicolas SARKOZY, et sous le meilleur angle, puisque vous le présentez comme ça, donc je me réjouis qu'il y ait quelque chose de Nicolas SARKOZY en lui, si je puis dire.
NICOLAS DEMORAND
Rachida DATI, l'opposition a critiqué la prestation de Gabriel ATTAL, Marine LE PEN voit un Premier ministre figurant d'Emmanuel MACRON, le LR Olivier MARLEIX dit que ce discours fut « un catalogue La Redoute de promesses », à gauche, pour Fabien ROUSSEL, « Gabriel ATTAL c'est Gabriel THATCHER », quant à Jean-Luc MELENCHON il a vu « le discours le plus réactionnaire depuis un siècle. » Comment recevez-vous ces critiques ?
RACHIDA DATI
Moi, je vais vous dire, les réactions... alors, comme vous savez, vous connaissez un peu mon parcours, je suis aussi une fille d'ouvrier, et moi je déplore que la gauche elle, ait perdu le sens de la sécurité des personnes, le sens du travail, de la valorisation du travail, de la reconnaissance du mérite, le sens du logement, de la mixité sociale, la mixité sociale comme ascenseur social, moi, vraiment, je trouve que la gauche…
LEA SALAME
La remise en cause de la loi SRU, de ce point de vue, hier par Gabriel ATTAL, vous êtes pour ?
RACHIDA DATI
Mais, la loi SRU… d'ailleurs tout le monde avait dénoncé la limite, parfois dans certains endroits et dans certains quartiers, et les émeutes récentes l'ont démontré, c'est d'avoir concentré les difficultés aux mêmes endroits. Il y a des villes, effectivement, quand vous avez un parc social très dégradé, où on y concentre les difficultés, c'est ça favoriser la mixité sociale ? Après, ces endroits-là sont relégués, sont relégués de la société et de la cohésion, aussi républicaine, et donc le problème de la gauche c'est qu'elle n'est plus à gauche, elle est ailleurs, et moi ça je le déplore, parce que dans les mesures qui ont été annoncées hier… est-ce qu'on peut être contre la réduction des inégalités à l'école ? est-ce qu'on peut être contre de remettre de la culture pour pouvoir former un citoyen ? est-ce qu'on peut être contre de pouvoir loger des classes moyennes ? les classes moyennes elles ne sont pas forcément éligibles au logement social et elles ne sont pas forcément accessibles sur les logements dits privés, est-ce que ça on peut être contre ? moi je trouve que, franchement, la gauche n'a plus du tout de boussole. D'ailleurs, elle n'a pratiquement plus de militants, je le déplore.
LEA SALAME
Rachida DATI, il y a les réactions politiques et il y a les réactions, qui étaient très attendue, des agriculteurs, on va évidemment vous interroger, on a beaucoup de questions sur votre ministère et sur la culture, mais quand même, l'actualité aujourd'hui c'est les agriculteurs, ils ont réagi à ce discours en affirmant qu'ils n'étaient pas convaincus, ils ont renforcé d'ailleurs les blocages autour de Paris. Craignez-vous une « giletjaunisation » du mouvement agricole ?
RACHIDA DATI
Moi je pense que cette crise il ne faut pas la prendre à la légère, il faut entendre, il faut tout entendre, il faut rencontrer, il faut discuter, ce n'est pas moi qui vous dirais le contraire. Les agriculteurs c'est l'ADN de la France, d'ailleurs le soutien des Français aux agriculteurs en est la preuve, il faut que les agriculteurs puissent vivre dignement de leur travail. Le sujet, la cause profonde du malaise des agriculteurs aujourd'hui, c'est finalement le manque d'harmonisation des normes. On a des normes européennes, certains les appliquent, d'autres ne les appliquent pas, d'autres les transposent, d'autres les surtransposent, certains, comme nous, on rajoute souvent des normes nationales aux normes européennes, vous créez une distorsion, et en créant cette distorsion vous créez de la concurrence déloyale et on tue nous-mêmes nos agriculteurs, et donc…
LEA SALAME
Certes, mais là ils ne sont pas convaincus, alors comment on fait pour calmer la fronde ?
RACHIDA DATI
Vous ne pouvez pas dire qu'ils ne sont pas convaincus globalement, certains évidemment…
LEA SALAME
Vous avez vu les réactions hier soir !
RACHIDA DATI
La loi EGalim, est-ce que quelqu'un peut être contre cette loi EGalim, qui a quand même beaucoup rectifié…
LEA SALAME
Oui, mais ils disent qu'elle n'est pas bien appliquée.
RACHIDA DATI
Eh bien justement, qu'a annoncé le Premier ministre ? c'est que cette loi EGalim, nous allons évidemment veiller à une meilleure application de cette loi EGalim, qui est quand même une grande avancée pour les agriculteurs, d'ailleurs elle avait été assez votée assez unanimement, et donc il faut pouvoir appliquer, quand une loi est votée il faut pouvoir l'appliquer et ne pas rajouter des normes, c'est tout l'enjeu évidemment de cette crise agricole.
NICOLAS DEMORAND
Avant de parler de votre ambition pour la culture, un mot tout de même Rachida DATI, parce que beaucoup de Français ont été stupéfaits par votre nomination au gouvernement, d'autant plus qu'ils vous avaient entendue…
RACHIDA DATI
Peut-être plus vous qu'eux, que les Français, je crois.
NICOLAS DEMORAND
Vous avez entendu en tout cas, ils sont nombreux à écouter en Inter, sur cette antenne en 2021, affirmer « En Marche c'est un parti de quoi ? »…
RACHIDA DATI
Ça c'est dit, ça c'est dit.
NICOLAS DEMORAND
« En Marche c'est des traîtres de gauche, c'est des traîtres de droite, ceux qui y sont viennent du PS ou des Républicains, En Marche ça se réduit à quoi ? à Emmanuel MACRON », fin de citation. Alors, est-ce que vous avez changé d'avis ou pas du tout, est-ce qu'En Marche ce sont encore des traîtres ?
RACHIDA DATI
Non mais moi, à cette époque, je l'ai dit effectivement à votre antenne, il y avait des positions qui étaient contradictoires, c'était des injonctions contradictoires. Là, aujourd'hui, je considère - regardez le discours de politique générale - est-ce qu'il y a une idée, une mesure, que je n'ai pas portée quand je venais sur votre plateau ? Il ne faut pas être dans la posture. Et d'ailleurs, vous le dites vous-même…
LEA SALAME
Vous l'étiez dans la posture ?
RACHIDA DATI
Non, je dis, justement il ne faut pas être dans posture. Les mesures sur l'école, on a beaucoup bataillé pour réduire les inégalités à l'école. Moi par exemple, sur l'aménagement des peines, justement l'aménagement des peines ça favorise quoi ? la réinsertion. Sur la mixité sociale dans le logement, c'est une réalité. Ce sont des combats que j'ai portés. Sur l'égalité hommes-femmes, sur la lutte contre…
LEA SALAME
Vous regrettez cette phrase, vous regrettez « traîtres de gauche, traîtres de droite » ?
RACHIDA DATI
Non, moi je… alors après on peut avoir une formule ou autre, oui, moi je regrette rarement ce que je dis ou ce que je fais, parfois ça peut être malheureux, et je m'en veux, mais bon c'est comme ça, voilà, c'est comme ça.
LEA SALAME
Celle-là vous l'assumez.
RACHIDA DATI
Mais… d'abord, si je n'assumais pas, je ne serais pas devant vous aujourd'hui, donc j'assume, voilà.
LEA SALAME
Votre nomination a aussi fait grincer des dents parce que lors de votre première prise de parole, c'était sur RTL, vous avez déclaré « mon objectif c'est la mairie de Paris »…
RACHIDA DATI
Non, je n'ai pas dit « mon objectif c'est la mairie de Paris », on corrige, non…
LEA SALAME
Vous l'avez dit.
RACHIDA DATI
Votre consoeur dit « et la mairie de Paris ? », j'ai dit « écoutez, c'est dans trois ans, on verra », et elle relance, je dis « quand vous êtes élu, demandez à n'importe élu, les ministres, vous lui dites est-ce que votre objectif c'est d'être réélu ? quand vous faites de la politique, c'est de vous représenter à cette élection. » Je vais vous dire, je vais vous répondre très clairement…
LEA SALAME
Oui, sur ça, sur le fait « mon objectif c'est la mairie de Paris », je ne vais pas vous mentir, je vais vous le dire, c'est la vérité, on a pu croire que la culture était un tremplin, et puis on a pu lire dans « Le Monde » que vous aviez dit à votre prédécesseur, Rima ABDUL-MALAK, que la culture n'était pas votre premier choix, que vous vouliez un poste régalien…
RACHIDA DATI
C'est faux. C'est faux.
LEA SALAME
Mais justement, c'est une manière de clarifier les choses…
RACHIDA DATI
Non, c'est faux.
LEA SALAME
Dites à ceux qui vous écoutent ce matin, qui ont pu penser que la culture c'était pour vous un deuxième choix ou un tremplin, d'ailleurs il y a des gens qui vous écoutent ce matin qui vous apprécient Rachida DATI, dites-leur exactement.
RACHIDA DATI
Non mais, souvent on vous dit « dans la vie vous avez une deuxième chance », moi, toute ma vie, je n'ai eu qu'une chance, les gens comme moi ils n'ont jamais droit à la deuxième chance, généralement soit on essaye de vous abattre avant, on essaye, on peut vous blesser, on peut vous mettre un genou à terre, je n'ai jamais mis le deuxième, voilà. J'ai pu être blessée, même gravement, je n'ai jamais été dans le coma, donc voilà, ça c'est la vie, donc moi il n'y a pas de premier choix, de deuxième choix. Moi je ne suis pas une gâtée de la politique, moi je ne conçois pas mon engagement politique comme étant quelque chose « ah bah c'est un choix », ce n'est pas à la carte, ce n'est pas un restaurant ! moi je considère que c'est des choix de vie, c'est des combats de vie, soit ça correspond…
LEA SALAME
Mais la culture c'est un combat de vie pour vous ?
RACHIDA DATI
Ah oui ! vous ne trouvez pas…
LEA SALAME
Je vous pose la question.
RACHIDA DATI
Justement Madame SALAME, vous ne trouvez pas que la culture favorise la cohésion républicaine, que la culture fabrique un citoyen ? J'ai présenté mes voeux au Musée de l'immigration, c'est tout un sens…
LEA SALAME
Pourquoi vous avez choisi le Musée de l'immigration ?
RACHIDA DATI
Parce que je trouve qu'en ce moment on ne pas parler d'immigration sans que ce mot soit connoté, soit il génère de la violence, soit il génère du rejet. Ah bon ! la France ne s'est pas construite avec des personnes issues de l'immigration, qu'on vénère d'ailleurs, qui ont contribué à cette grande République ? et quand j'ai présenté mes voeux, Constance RIVIERE, que je veux remercier aussi ici, pour le travail formidable qu'elle fait dans ce Musée de l'immigration, où vous avez un public jeune, extrêmement important, très divers, qui viennent visiter ce musée, et je les incite à y aller parce que ce musée vous réconcilie avec vous-même, avec la République, avec votre pays, il vous réconcilie aussi avec votre voisin, que ceux qui m'ont attaquée sur le prénom de ma fille ou sur autre chose, sur mes parents, sur ma vie, se rendent au Musée de l'immigration, ça peut les apaiser. Simplement, ils ont retrouvé dans des archives, alors ça j'ai été très surprise, il y avait une émission qui s'appelait « Mosaïque », dans les années 80…
LEA SALAME
Qui vous a inspirée.
RACHIDA DATI
Qui m'a effectivement inspirée, qui était une fenêtre justement sur ces familles qui venaient de l'immigration, qui venaient de pays pour reconstruire la France, et j'avais effectivement écrit cette lettre, j'avais 20 ans, elle se retrouve dans ces archives.
LEA SALAME
Vous avez écrit une lettre à 20 ans, effectivement, à l'émission « Mosaïque », vous leur avez écrit.
RACHIDA DATI
A l'émission « Mosaïque », où j'avais déjà parlé de cette culture, cette culture qui construit, donc pour moi ça a un sens. D'ailleurs regardez, on se plaint sur l'école, le recul dans les classements de l'école, souvent, là où l'école recule, c'est parce que la culture a reculé.
NICOLAS DEMORAND
Lors de ces voeux vous avez déclaré vouloir bâtir une nouvelle culture populaire pour tous, « l'accès à la culture pour tous ça ne veut pas dire la médiocrité », que voulez-vous dire exactement par-là ?
RACHIDA DATI
D'ailleurs, quand j'ai fait mon discours de passation de pouvoir, j'ai évoqué les MJC, j'ai évoqué le Bibliobus, qui venait au pied de la cité pour faire découvrir la lecture, le livre, qui n'existait pas dans les appartements, les logements où nous habitions, et les MJC, et certains se sont dit « holà- là, elle va relancer les MJC qui sont de l'éducation à la culture populaire. » Pourquoi ? Parce qu'il y avait une opposition au sein de la culture, on considère que la culture populaire, la culture pour le plus grand nombre, la culture finalement c'est le nivellement, je ne le crois pas, au contraire, au contraire.
LEA SALAME
Vous allez relancer la MJC ?
RACHIDA DATI
Oui, je vais l'ensemble des acteurs de l'éducation populaire, et notamment j'ai rencontré le président de la Fédération des MJC, parce que je voudrais, c'est un réseau extrêmement important dans des endroits où il n'y a plus de culture, où il n'y a pas de culture. Moi j'aimerais qu'effectivement chacun puisse se dire la culture c'est aussi pour moi, que ça ne se résume pas à un héritage ou à de la reproduction sociale.
NICOLAS DEMORAND
Et puis vous avez évoqué le sujet de la culture dans le monde rural, 22 millions de Français qui n'ont accès qu'à 5 % des scènes de spectacle vivant, pour la rendre accessible, cette culture, partout sur le territoire français, pas seulement dans les grandes villes. Il faut de l'argent, il faut des budgets. Est-ce qu'il y en aura ? Aujourd'hui l'essentiel du budget du ministère de la Culture va aux grandes institutions, opéras, musées, dont beaucoup se trouvent à Paris…
RACHIDA DATI
Vous avez raison.
NICOLAS DEMORAND
Est-ce que vous aurez les moyens de vos ambitions ?
RACHIDA DATI
D'abord, j'ai lancé effectivement une mission, on doit me rendre les propositions là, d'ici un mois et demi, à peu près, ce que j'ai appelé « Le Printemps de la ruralité. » J'ai demandé effectivement à ce qu'on affine les dispositifs qui existent, les dispositifs culturels qui existent en milieu rural, pour les développer et les rendre pérennes. Oui, il faut de l'argent, mais il faut aussi de la volonté politique, il faut aussi reconnaître le rôle des élus locaux. Les collectivités, aujourd'hui, investissent plus que le ministère de la Culture, dans la culture, souvent ils ne sont pas considérés, souvent ils ne sont pas reconnus, ou souvent on se pince le nez, parce que ce sont des élus locaux, moi j'aimerais qu'ils prennent aussi tout leur rôle dans ces partenariats et cet accès à la culture. Autre chose, les métiers de la culture sont très divers, il y a certaines filières d'excellence qui sont élitistes et qui ne sont pas accessibles au plus grand nombre, je voudrais aussi développer l'apprentissage et l'alternance dans toutes les filières de culture, et notamment dans les métiers d'art, qui sont des filières très élitistes.
LEA SALAME
Ça veut dire la discrimination positive ?
RACHIDA DATI
Non, c'est de pouvoir ouvrir ces filières d'excellence, souvent fermées, souvent de la reproduction sociale, au plus grand nombre, et développer les classes préparatoires publiques, qui existent en très petit nombre, non seulement développer ces classes préparatoires publiques, pour accéder à ces filières d'excellence, et augmenter le nombre de boursiers dans ces filières et ces promotions.
LEA SALAME
Rachida DATI, on a beaucoup de questions encore à vous poser, une question sur un projet qui divise, la démolition du Pavillon des Sources, petit bâtiment du site historique des travaux de Marie CURIE, tout près du Panthéon, cette démolition a été arrêtée in extremis début janvier par Rima ABDUL-MALAK, à la place l'Institut Curie veut y construire un bâtiment de cinq étages pour y installer le premier centre de chimie biologique sur le cancer en Europe. Avez-vous tranché, pour être très clairs, ce Pavillon des Sources sera-t-il préservé ou détruit ?
RACHIDA DATI
Ce Pavillon des Sources, dont la démolition était effectivement programmée, avec l'assentiment d'ailleurs de la mairie de Paris, on s'y est opposé, ce n'est pas Madame ABDUL-MALAK qui a arrêté la démolition, c'est notre mobilisation, avec des collectifs défendant le patrimoine, notamment le patrimoine de proximité, et les élus de l'opposition à Paris, que nous sommes, nous nous sommes opposés. J'avais saisi évidemment ma prédécesseur pour demander, dans le cadre d'une instance de classement, qu'on puisse sauver ce bâtiment, où effectivement, vous le rappeliez, où Marie CURIE a effectué quelques travaux à cet endroit. C'est un patrimoine de proximité et scientifique, dont Paris…
LEA SALAME
Donc, il ne sera pas détruit ?
RACHIDA DATI
Dont Paris devrait évidemment s'honorer. Mais il y a aussi tout l'enjeu de l'Institut Curie, c'est aussi la fierté de la France de développer un centre de recherche scientifique contre le cancer - cet institut, il est formidable, reconnu dans le monde entier - et donc, j'avais saisi ma prédécesseur, ça n'avait pas été tranché, ça a traîné, je suis arrivée, c'est comme pour la grève à Beaubourg, dont on pourra parler si vous le souhaitez, que j'ai déminée en quelques jours, grâce à l'esprit de responsabilité des représentants syndicaux, et des dirigeants, parce que je ne souhaitais pas que cet enlisement se poursuive.
LEA SALAME
Qu'est-ce que vous avez décidé sur le Pavillon des Sources ?
RACHIDA DATI
Sur le Pavillon des Sources, évidemment, j'ai eu effectivement une note de mes services à ce propos, et avec Sylvie RETAILLEAU, ma collègue…
LEA SALAME
De l'Enseignement supérieur.
RACHIDA DATI
La ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, et l'Institut Curie, nous avons trouvé une solution, évidemment ce bâtiment va être, pierre par pierre, déplacé de quelques mètres, il sera collé au musée qui est existant, pour pouvoir l'agrandir, sans préjudice du développement, de la modernisation de ce centre de recherche de lutte contre le cancer. Donc la solution a été trouvée…
LEA SALAME
Le Pavillon des Sources ne sera pas détruit…
RACHIDA DATI
Ne sera pas détruit.
LEA SALAME
Et à côté…
NICOLAS DEMORAND
Il sera déplacé.
RACHIDA DATI
Il sera préservé, déplacé de quelques mètres, il sera collé au musée qui existe…
LEA SALAME
Ah, on va le déplacer, il reste, mais on va le déplacer, et à sa place il y aura donc le bâtiment de cinq étages pour l'Institut Curie.
RACHIDA DATI
Et ainsi le centre de lutte contre le cancer va pouvoir être développé, ainsi tout le monde est gagnant-gagnant dans cette histoire, donc je voulais l'annoncer évidemment ce matin.
NICOLAS DEMORAND
Les gens ne le savent peut-être pas à Rachida DATI, mais vous êtes une auditrice assidue de France Inter…
RACHIDA DATI
C'est vrai.
NICOLAS DEMORAND
Ça peut sembler baroque, mais vous connaissez la grille par coeur.
RACHIDA DATI
Non, mais voyez Nicolas DEMORAND, votre sectarisme…
NICOLAS DEMORAND
Non, non…
LEA SALAME
Tout de suite !
RACHIDA DATI
Mais pourquoi baroque ?
NICOLAS DEMORAND
Je le dis avec un sourire…
RACHIDA DATI
Eh bien je vous le dis avec beaucoup…
NICOLAS DEMORAND
Ce n'est absolument pas du sectarisme.
LEA SALAME
On dit aux auditeurs que vous connaissez la grille par coeur.
RACHIDA DATI
Mais pourquoi vous dites…
NICOLAS DEMORAND
Par coeur, par coeur, par coeur.
RACHIDA DATI
Pourquoi c'est surprenant, qu'est-ce qui vous surprend ? Ma vie s'est construite, je vous l'avais dit dans une émission…
NICOLAS DEMORAND
Vous l'aviez dit ici à ce micro.
RACHIDA DATI
Elle s'est construite par quoi ? par l'audiovisuel public.
NICOLAS DEMORAND
L'audiovisuel public, vous l'avez dit à ce micro.
RACHIDA DATI
La radio, on n'avait pas la télévision.
NICOLAS DEMORAND
Et ma question porte là-dessus.
RACHIDA DATI
Et puis, je vais vous dire, j'ai une petite pensée pour Daniel MORIN, parce que quand j'ai été nommée, j'ai pensé à lui…
LEA SALAME
Les auditeurs ne le savent pas, mais vous avez une relation privilégiée avec Daniel MORIN.
RACHIDA DATI
Non… qui est radiophonique.
LEA SALAME
On va préciser parce que sinon ça va partir… c'est-à-dire que vous l'écoutez tous les matins à 6h55.
RACHIDA DATI
J'écoute, j'adore France Inter, je vais vous dire pourquoi, parce que c'est une des rares radios où les animateurs ne sont pas les stars de la grille, c'est le programme qui est star de la grille ; oui, je sais Léa SALAME, vous êtes une star, d'accord…
LEA SALAME
Ah bah non !
RACHIDA DATI
Parce que je vous vois un peu comme ça…
LEA SALAME
Bah non, justement…vous avez tout à fait raison, je suis très très contente que vous disiez ça.
RACHIDA DATI
Non, mais je trouve que c'est une grille, et puis… moi j'écoute la radio depuis toujours, je suis assez insomniaque, j'écoute la nuit, et je trouve qu'on y trouve son compte, et moi j'écoute par exemple « Les petits bateaux », avec ma fille, ou…
LEA SALAME
Alors justement, il y a des inquiétudes sur l'audiovisuel public, Rachida DATI, vous le savez.
NICOLAS DEMORAND
Voilà, parce qu'à l'époque vous aviez dit, au moment de la suppression de la redevance, qu'il fallait un audiovisuel public fort et qu'il fallait être très clair sur son financement et sur son indépendance.
RACHIDA DATI
Exactement.
NICOLAS DEMORAND
Justement, en l'absence de redevance le budget de l'audiovisuel public provient de l'affectation d'une partie de la TVA, un mécanisme qui est provisoire et qui devra prendre fin, fin 2025. Vous le savez, il y a des inquiétudes en la matière, comment allez-vous financer l'audiovisuel de manière à la fois pérenne et indépendante ?
RACHIDA DATI
Avant de parler du financement, la trajectoire budgétaire a été préservée et vous le savez…
LEA SALAME
Jusqu'en 2025, et après il y a des vraies inquiétudes.
RACHIDA DATI
Oui, mais d'ici 2025 il y a aussi des réformes à mener, et moi je trouve que l'audiovisuel public, dans un Etat de droit, dans une démocratie, il faut le préserver, et si vous voulez le préserver dans un monde qui est en bouleversement technologique immense, ce n'est pas à vous que je vais le dire, et donc, si vous voulez le préserver, il faut rassembler les forces. Regardez…
LEA SALAME
Ça veut dire quoi une fusion entre la radio et la télévision ?
RACHIDA DATI
Non, mais attendez, regardez les médias privés, regardez les radios et télévisions européennes, ils ont des pôles qui sont très forts parce qu'ils ont rassemblé leurs forces, on ne pourra pas faire autrement, on ne pourra pas faire autrement, si on veut préserver l'audiovisuel public, qu'il reste puissant.
NICOLAS DEMORAND
C'est une BBC à la française, c'est quoi, avec radio/télé dans un même groupe ?
RACHIDA DATI
Rappelez-vous, à l'époque c'était mon idée, quand je n'étais pas ministre de la Culture c'était mon idée, c'est mon intuition…
LEA SALAME
La BBC à la française.
RACHIDA DATI
Voilà, c'était ma conviction, il faut rassembler les forces, il faut un pôle puissant. D'ailleurs, regardez, on l'a entamé sur les réseaux de proximité, par la base ça a commencé…
LEA SALAME
Mais ça veut dire quoi, que vous allez créer une nouvelle entité avec un patron qui serait patron de la radio et de la télé ?
RACHIDA DATI
Madame SALAME, je ne veux pas faire un organigramme, je ne veux pas effrayer les dirigeants qui sont dans le couloir, donc…
LEA SALAME
Je vous le confirme.
RACHIDA DATI
Non mais… voilà, donc le sujet, il peut y avoir des fusions, des coopérations, des synergies positives, c'est ça auquel il faut penser. D'abord il faut savoir quel objectif on vise, et on se met autour de la table, et ensuite, évidemment, le reste va en découler.
LEA SALAME
Et l'argent ?
NICOLAS DEMORAND
Et l'argent et son…
LEA SALAME
Et l'argent, à partir de 2025 comment…
RACHIDA DATI
Mais n'ayez pas peur…
NICOLAS DEMORAND
Pérennité et indépendance.
RACHIDA DATI
Mais n'ayez pas peur. Si vous avez un audiovisuel public fort, puissant, préservé, je vais vous dire, l'aspect budgétaire suivra.
LEA SALAME
Oui, enfin…il n'y a plus la redevance, donc les 4 milliards il faut les trouver.
RACHIDA DATI
D'accord, mais… si on arrive à cette réforme, on va dire quoi, on va dire on fait cette réforme et puis il n'y a plus d'argent, vous allez faire la quête ? non mais… ce n'est pas ça le sujet.
LEA SALAME
Et si demain il y a un autre gouvernement qui arrive au pouvoir, un autre président qui arrive au pouvoir, comment on préserve l'indépendance ?
RACHIDA DATI
Eh bien justement, justement, il faut faire cette réforme et vite, voilà, je vous le dis, là-dessus vous pouvez compter sur moi. Si vous voulez, effectivement, cette réforme doit être faite, et l'aspect budgétaire sera tout aussi garantie.
LEA SALAME
Vous vous êtes réjouie du triomphe d'« Anatomie d'une chute » dans les nominations aux Oscars, Justine TRIET avait eu un discours très vif contre la politique culturelle d'Emmanuel MACRON, comment vous avez reçu ce discours à l'époque, et vous espérez pour la France qu'elle emporte un maximum d'Oscars ?
RACHIDA DATI
Oui, parce que je trouve que la Palme d'or ce n'est pas rien, et ce film que j'ai vu, moi qui m'a bouleversée. Vous le savez très bien, moi c'est un combat, j'allais dire depuis que j'ai l'âge de dix ans. Pourquoi ? Parce que j'ai vécu dans de la violence tout le temps, dans des milieux violents, qu'on connaît encore, et donc ce film en plus… l'aspect, d'ailleurs, qui est nouveau pour le film, pas nouveau pour la vie, c'est qu'il y a un enfant, il y a aussi le point de vue de l'enfant, il y a la justice, tout est dans ce film. Moi ce film m'a bouleversée. Et donc, qu'elle ait des propos, moi je trouve que c'est sa liberté d'expression. Je vais vous donner un exemple. Lorsque j'étais garde des Sceaux, lorsque j'étais magistrat, j'ai toujours soutenu une association qui s'appelait « le Genepi », qui me tapait dessus tout le temps, je les ai toujours financés, pourquoi? Ils amenaient l'alphabétisation, la culture, la formation en prison, et notamment auprès des mineurs, j'ai toujours voulu les soutenir, mais qu'ils aient une liberté politique, idéologique, mais c'est leur droit, elle est artiste, elle en a encore plus le droit.
NICOLAS DEMORAND
L'Académie des César a décidé que toutes personnes mises en cause pour des faits de violence par la justice ne seront désormais plus invitées à la cérémonie. Que pensez-vous de cette décision qui toucherait par exemple un Gérard DEPARDIEU ?
RACHIDA DATI
Alors, moi, je vais vous dire, sur les sujets, alors, moi, je ne suis pas devenue magistrate par hasard. Je vais vous dire pourquoi. Parce que quand j'étais adolescente ou enfant, j'avais remarqué que, parfois, l'Etat de droit n'était pas respecté sur des mesures de garde à vue, sur des procédures judiciaires, sur des mises en cause. Et je me disais : je ne vais pas devenir ou policière ou gendarme, je vais devenir magistrate, parce que je serai au plus près de l'Etat de droit, je serai dans le réacteur de l'Etat de droit. Et donc ça, j'y suis très sensible. J'ai tellement connu de mises en cause gratuites de gens, de jeunes sans qu'ils puissent être défendus. On massacre leur vie, et après, terminé. Et donc, il faut faire attention…
LEA SALAME
Donc vous ne comprenez pas cette décision de l'Académie des César ?
RACHIDA DATI
Non, ce n'est pas ça. Non, mais chacun est libre de positions. Je dis simplement : il faut être un petit peu... enfin, si vous voulez défendre. Et on dit toujours : je fais confiance à la justice : si vous voulez défendre la justice, il faut en respecter les principes, et la mise en cause, ce n'est pas la condamnation, la mise en cause, c'est aussi pouvoir se défendre…
LEA SALAME
Rachida DATI, eh bien, justement, vous êtes mise en examen…
RACHIDA DATI
Mais, il y a une chose, attendez, non, non, justement, il y a une chose par exemple importante. Ce n'est pas la sacralisation de la parole des femmes. Il faut entendre les femmes. Souvent, les femmes n'ont pas été entendues, les plaintes ne sont pas prises, souvent, on ne les reçoit même pas, même pas pour une main courante. Et donc, je trouve qu'il faut entendre la parole des femmes, et il faut les écouter, y compris quand les affaires sont prescrites.
LEA SALAME
Vous avez été mises en examen pour corruption et trafic d'influence passif dans l'enquête sur des contrats noués par une filiale de RENAULT-NISSAN, à l'époque où Carlos GHOSN dirigeait le groupe. Vous allez nous répondre : présomption d'innocence. Mais tout de même, est-ce que ça n'affaiblit pas votre voix d'être mise en examen aujourd'hui ?
RACHIDA DATI
Moi, je vais vous dire, cette affaire, moi, je suis prise en otage dans une affaire entre Carlos GHOSN et RENAULT. Je ne suis pas la seule mise en cause. Je suis très confiante quant à ma probité, et d'ailleurs, des éléments sont sortis dans la presse qui démontrent évidemment le contraire de ces accusations. Je suis très confiante, et moi, je vais vous dire, rien ne m'affaiblit, voilà, à part la maladie et la mort. Rien ne m'affaiblira à ce jour.
NICOLAS DEMORAND
Le gouvernement a lancé en octobre des états-généraux de l'information dont les conclusions sont attendues avant l'été. C'était une promesse de campagne d'Emmanuel MACRON. Qu'en pensez-vous ? Et est-ce que ces états généraux pourraient déboucher sur des changements de la loi ?
RACHIDA DATI
C'est un peu le but de ces états-généraux. Je crois que ceux qui sont à l'origine de ces états-généraux, qui les dirigent, qui les conduisent, évidemment, en responsabilité dans un monde... on parlait tout à l'heure de l'audiovisuel public, mais aussi sur l'information et tout ce qu'on appelle les fake news, les ragots, le ragot devient une information. Maintenant, tout le monde est journaliste, sans déontologie, sans formation…
LEA SALAME
Donc il pourrait y avoir transformation de la loi…
RACHIDA DATI
Moi, je pense que les recommandations pourraient se transformer de manière législative.
LEA SALAME
Pour terminer, vous avez reçu votre OQTF ?
RACHIDA DATI
Aaaaaaaaaaaah ! Faites attention de préciser, je suis Française, je ne peux pas être en obligation de quitter le territoire…
LEA SALAME
Des LR ! Oui, non, mais c'est vous qui avez dit, puisque LR vous a demandé de quitter le parti…
RACHIDA DATI
Non, non. Ils ont dit qu'ils allaient m'envoyer un huissier.
LEA SALAME
Alors, ils vous ont envoyé l'huissier ?
RACHIDA DATI
Non.
LEA SALAME
Et vous êtes toujours membre de LR ?
RACHIDA DATI
Eh bien, oui.
LEA SALAME
Et vous n'allez pas rendre votre carte ?
RACHIDA DATI
Mais ce n'est pas histoire de rendre ma carte…
LEA SALAME
Vous démissionnez, enfin, je n'en sais rien...
RACHIDA DATI
Je ne vais pas démissionner de mes valeurs, de mes convictions et tout. Ils font ce qu'ils veulent. Si ce n'est qu'une histoire de carte, je vais leur renvoyer leur carte ! Ce n'est pas le sujet, je m'en fous en fait.
LEA SALAME
Bruno RETAILLEAU, vous l'avez entendu à ce micro la semaine dernière, il a dit que vous lui faisiez penser à l'opportuniste de Jacques DUTRONC.
RACHIDA DATI
D'accord. Eh bien, écoutez, on va appeler Philippe de VILLIERS. Il dira ce qu'il pense de monsieur RETAILLEAU, qui a passé sa vie à trahir, mais ça, c'est son sujet, ce n'est pas le mien, je dois vous dire. Voilà, on avait beaucoup... D'ailleurs, si effectivement, j'ai fait aussi ce choix de rejoindre Emmanuel MACRON, vous savez très bien que dans ma famille politique, il y avait des sujets qui commençaient effectivement à me peser de plus en plus, y compris sur la ligne pour les européennes.
LEA SALAME
Merci Rachida DATI.
NICOLAS DEMORAND
Merci Rachida DATI.
RACHIDA DATI
Merci.
NICOLAS DEMORAND
Continuez à écouter France-Inter. Il est 8h49, on est en retard !
Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 février 2024