Texte intégral
ROMAIN DESARBRES
Bonjour Marc FESNEAU.
MARC FESNEAU
Bonjour.
ROMAIN DESARBRES
Merci d'être avec nous, vous êtes ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de la France, et Dieu sait que ce n'est pas anodin. Vous êtes ministre de l'Agriculture depuis un an et huit mois, vous vivez l'une des plus graves crises agricoles que la France ait connues, ce matin la plupart des barrages sont levés, vous vous rendrez cet après-midi dans l'Hérault, puis dans le Gard, pour présenter des mesures concrètes aux viticulteurs. Avant de rentrer dans le détail de ces mesures, est-ce que vous considérez que cette crise est derrière vous, derrière nous, ou est-ce que vous êtes en sursis jusqu'au Salon de l'agriculture dans trois semaines ?
MARC FESNEAU
Le moment de la crise le plus visible, manifestement, compte tenu des consignes qui ont été données par un certain nombre de syndicats, est plutôt derrière nous, mais les sujets de la crise, les sujets que nous avons à traiter, qui ont émergé dans cette crise, ils sont encore devant nous. Vous voyez bien qu'il y a des sujets qu'on a traités immédiatement, des sujets, on y reviendra, sur un certain nombre de filières, sur des simplifications immédiates, mais on sait très bien que les simplifications il faut en produire d'autres, nous avons aussi des débats européens, nous avons aussi des sujets législatifs, qui viendront dans le texte, que je porterai, sur l'orientation agricole, donc la partie la plus éruptive, ou la plus visible pour chacune et chacun d'entre nous, peut-être pas…
ROMAIN DESARBRES
Vous avez éteint l'incendie, il va falloir reconstruire.
MARC FESNEAU
Non, mais moi je crois que les agriculteurs ne nous ont pas donné un quitus pour l'éternité si je peux dire, ils nous ont dit " on a entendu les mesures… "
ROMAIN DESARBRES
Ce n'est pas ce qu'on a compris, effectivement.
MARC FESNEAU
Il faut être lucide, voyez, j'essaie de faire un exercice de lucidité, ils nous ont dit " on a compris les premières mesures qui ont été prises, on vous en donne acte, ou gage, mais il y a des tas d'autres choses à traiter ", il y a des sujets européens aussi qu'on aura à traiter, donc l'idée n'est pas de lever le pied, l'idée est plutôt d'accélérer sur les mesures telles qu'elles ont été annoncées par le Premier ministre, aussi par le président de la République, les intentions qu'il a données, sur les questions européennes.
ROMAIN DESARBRES
Les agriculteurs qui attendent des engagements écrits, quand est-ce que vous allez les renvoyer ?
MARC FESNEAU
Ils ont été donnés aux syndicats hier sur ce qui a été… en fait ça a repris les annonces du Premier ministre, moi je me sens dépositaire de ce que nous avons dit durant cette crise, de ce qui a été dit durant cette crise, et de faire en sorte que, petit à petit, l'ensemble des sujets qui ont été mis sur la table soient résolus.
ROMAIN DESARBRES
Alors les aides, on va commencer par les aides, entre les premières annonces vendredi dernier et celles que Gabriel ATTAL a faites hier, il y a eu beaucoup de promesses, ces promesses ont un coût, 400 millions d'euros au total, on va y revenir, vous avez promis 150 millions d'euros pour les éleveurs. Comment cette somme va-t-elle être répartie, 150 millions chez les éleveurs ?
MARC FESNEAU
C'est une somme qui va être répartie sur en fait des allégements fiscaux et des allégements sociaux, qui permettent au fond… c'est de la trésorerie qu'on dégage immédiatement, quand vous avez un stock…
ROMAIN DESARBRES
C'est un chèque versé ?
MARC FESNEAU
Oui, c'est comme ça que ça se passera ; quand vous avez un stock d'animaux vous êtes taxé sur le stock et tant que vous l'avez, vous êtes taxé, alors qu'en fait il vaudrait mieux être taxé à la sortie quand vous le vendez, et donc c'est une incitation à garder le troupeau, à lutter contre la décapitalisation, et puis c'est un signe important pour les éleveurs, en particulier bovins, parce qu'on sait que c'est un secteur qui souffre depuis des années, qui a besoin d'être conforté dans son rôle de souveraineté et aussi d'être conforté dans son rôle…
ROMAIN DESARBRES
Donc ça ira en majorité à l'élevage bovin ?
MARC FESNEAU
C'est l'élevage bovin, oui, principalement.
ROMAIN DESARBRES
Principalement. 400 millions d'euros au total, plus les aides pour le GNR, vous confirmez ces chiffres ?
MARC FESNEAU
Oui, alors les aides pour le GNR…
ROMAIN DESARBRES
600 millions au total.
MARC FESNEAU
C'est une avance de trésorerie, en fait, comme vous le savez, le GNR vous payez la taxe et puis après vous êtes remboursé en fin d'année, voire un peu plus tard, là en avance de phase, le guichet a été ouvert hier, donc on est conforme aux annonces qui avaient été faites par le Premier ministre en moins de huit jours, le guichet a été ouvert hier, vous pouvez vous faire rembourser à peu près 50% de ce qui était votre « défisc » qui était due par l'Etat, c'est 200, oui c'est ça, c'est 200 millions à peu près, d'euros, qui vont aller dans les exploitations.
ROMAIN DESARBRES
Donc 400 millions, plus de 200 millions ?
MARC FESNEAU
Qui est une trésorerie avancée, absolument.
ROMAIN DESARBRES
Bercy, Bruno LE MAIRE pour…
MARC FESNEAU
Vous vous doutez bien que si nous avons fait ces annonces…
ROMAIN DESARBRES
Avait dit que c'était la fin du " quoi qu'il en coûte ", vous ressortez le chéquier là !
MARC FESNEAU
Oui, mais vous voyez bien que dans un certain nombre de cas on avait besoin de toute façon de mesures conjoncturelles, voire structurelles. Vous prenez le cas de la viticulture, on met 80 millions de mesures conjoncturelles pour faire face à la crise et puis 850 millions qui visent à faire quoi ? A restructurer notre vignoble et à le préparer pour l'avenir. Ce n'est pas un mauvais investissement quand c'est sur du moyen/ long terme, et c'est ça ce qu'on a essayé de travailler aussi, c'est-à-dire d'avoir des mesures de court terme et puis d'avoir des mesures de long terme.
ROMAIN DESARBRES
Alors, une question sur la méthode du gouvernement, Marc FESNEAU. Ce sont des mesures d'urgence que vous avez annoncées depuis vendredi dernier, mais pour que ça fonctionne, personne n'est dupe, il faut changer le plan européen, sur le plan européen, c'est à Bruxelles que ça se passe. Le président dit qu'il faut un EGalim européen. La France a les moyens de ses ambitions quand en France il aura fallu des dizaines de milliers d'agriculteurs dans la rue pour tenter de faire respecter la loi EGalim ?
MARC FESNEAU
D'abord rappelons que c'est la France, et elle seule, qui a monté EGalim, et c'était sous l'impulsion du président de la République en 2017, et qui est venu rompre avec ce qui était la loi de modernisation de l'économie, fameuse loi LME, et donc c'est nous qui avons pris l'initiative en France de la loi EGalim. On s'est rendu compte que les premières années ça avait plutôt bien fonctionné, mais que dans le contexte inflationniste un certain nombre de gens, soit par des centrales européennes, soit par d'autres voies, détournaient EGalim. Qu'est-ce que ça dit aussi ?Ça dit que ce que nous avons porté, nous, de la rémunération, et ça a été porté par le président de la République dans ses différentes campagnes, ça a plutôt fonctionné. Il faut mettre en place des contrôles, parce qu'on voit bien qu'un certain nombre de gens sont en train de les dévoyer, mais ça fonctionnerait beaucoup mieux au niveau européen parce que ça permettrait que l'ensemble des agriculteurs européens trouvent leur rémunération. Vous voyez bien que la crise, vous avez des images, on a des images de Bruxelles…
ROMAIN DESARBRES
Qu'on ne voit pas sur Europe 1, mais il y a des images de Bruxelles avec des…
MARC FESNEAU
De Bruxelles derrière nous, ou à côté de nous, vous voyez bien que la crise elle est française et elle est européenne, elle interroge sur la question de la rémunération. Et puis, au-delà d'EGalim, on a besoin de poser sur la table des sujets européens…
ROMAIN DESARBRES
Mais la France a assez de poids aujourd'hui pour imposer un EGalim européen ?
MARC FESNEAU
Eh bien écoutez, il me semble que sur les trois sujets qui étaient ceux qui étaient portés par la France, le sujet ukrainien, le sujet de la dérogation sur les jachères et le sujet Mercosur, la voix de la France, par l'entremise du président de la République en particulier, elle a pesé, me semble-t-il, et donc si elle a pesé ces derniers temps, elle va peser dans les temps qui viennent, mais dans une logique de coalition on a besoin de trouver des alliés. J'ai porté la voix de la France sur la question de la jachère, on y est arrivé, pourquoi ? Parce qu'à la fin nous avions plus d'une vingtaine de pays qui suivaient notre position, ce n'est pas tout seul la France, mais la France elle a une voix particulière en Europe, elle s'est fait entendre ces derniers mois, ces dernières années, sur ces sujets-là, comme sur d'autres d'ailleurs, il convient de continuer à le faire.
ROMAIN DESARBRES
Un revenu garanti pour les agriculteurs, en clair la loi EGalim garantit aux agriculteurs le fait qu'ils ne vendent pas leur production à perte.
MARC FESNEAU
Absolument, elle doit garantir le fait que la matière première agricole soit prise en compte dans le cadre des coûts de production et de faire en sorte qu'on ne rémunère pas en dessous des coûts de production les agriculteurs, c'est une rupture historique qui a été produite avec EGalim, même s'il faut l'appliquer et qu'il y a des gens qui dévoient la règle.
ROMAIN DESARBRES
Marc FESNEAU, ministre de l'Agriculture, on va prendre l'exemple du lait, c'est-à-dire que pour le lait, par exemple, on ne va plus acheter le lait à moins de 45 centimes le litre ?
MARC FESNEAU
Oui, c'est ça, c'est le…
ROMAIN DESARBRES
Aujourd'hui il est acheté à 40 centimes le litre, vous connaissez le sujet mieux que moi.
MARC FESNEAU
Absolument.
ROMAIN DESARBRES
Et, 40 centimes, ils ne vivent pas.
MARC FESNEAU
Ils ne vivent pas.
ROMAIN DESARBRES
Ils demandent 45, 50.
MARC FESNEAU
Différent d'un territoire à l'autre parce qu'entre…
ROMAIN DESARBRES
Oui, mais ça c'est très concret ça !
MARC FESNEAU
Oui, oui, c'est très concret, mais c'est l'objectif qui doit être atteint, il y a un certain nombre d'ailleurs d'opérateurs de lait qui…
ROMAIN DESARBRES
Donc ça ne sera pas le cas demain ?
MARC FESNEAU
Mais, la négociation devait se terminer le 31, je crois comprendre qu'il y a un certain nombre d'endroits où la négociation s'est rompue, c'est une négociation, il y a un point d'équilibre qui doit se trouver, pour certains c'est autour de 460 – je suis sur les 1000 litres là…
ROMAIN DESARBRES
Oui, voilà, ce qui revient à 45 centimes, mais c'est 450 les 1000 litres.
MARC FESNEAU
Moi je suis sur le gros volume, reconnaissons que parfois 10 ou 20 euros des 1000 litres ça fait 0,1 centime… voyez ce que je veux dire, ce n'est pas énorme, et donc chacun doit faire sa part de l'effort. C'est un effort continu. La rémunération du lait s'est plutôt améliorée ces derniers mois, ces dernières années, là on est dans un moment de crise qui justifie qu'il y ait un effort particulier qui soit fait par les transformateurs et les distributeurs.
ROMAIN DESARBRES
Il y a un gros sujet également sur l'origine des produits, on a beaucoup parlé du miel, qu'est-ce qui va changer par exemple pour le miel ? C'est scandaleux ce qui se passe avec le miel, c'est-à-dire que le miel français coûte forcément très cher à produire et on importe un miel qui n'est pas du tout de la même qualité.
MARC FESNEAU
Et surtout on dit qu'un miel est français, alors qu'à l'intérieur il ne l'est pas, d'abord on a un problème d'étiquetage. Alors, il y a un travail qui a été fait par les députés européens, tous les députés européens, y compris ceux du groupe Renew, qui est un travail d'étiquetage, qu'on ne puisse appeler " français " quand ce n'est pas un mot français, ou un miel italien d'ailleurs, pour les Italiens qui en produisent, ou les Espagnols, donc premier sujet c'est un sujet d'étiquetage, on ne peut pas faire du mélange comme ça, il me semble que c'est un élément important. Et donc, au niveau européen, on a besoin sur l'ensemble des productions, de pouvoir donner de la transparence aux consommateurs, c'est leur dire " vous achetez un produit, sachez ce que vous achetez ", et avec ça ils feront en conscience aussi leur choix, mais il y a besoin de transparence et d'une meilleure transparence. Le président de la République, et j'ai emboîté le pas sur le sujet puisque nous y travaillons depuis plusieurs mois, il y a une réglementation européenne qui est en attente sur l'étiquetage, il faut que cette réglementation européenne soit mise sur la table par la Commission européenne pour qu'on puisse en débattre et qu'on puisse la voter dans des délais qui soient des délais raisonnables.
ROMAIN DESARBRES
Alors hier il y a un mot qui s'est glissé dans vos discours, au Premier ministre, à vous, à Bruno LE MAIRE, c'est le mot souveraineté, vous vous étiez passé le mot, évidemment.
MARC FESNEAU
Même pas, pour tout vous dire.
ROMAIN DESARBRES
Ah bon !
MARC FESNEAU
On n'a pas besoin de se passer le mot pour parler de souveraineté à vrai dire.
ROMAIN DESARBRES
Bon ! L'objectif de souveraineté alimentaire, on va voir ce que ça veut dire politiquement, mais déjà très concrètement, ça veut dire quoi, l'objectif de souveraineté alimentaire qui sera inscrit dans la loi, qu'est-ce qui va changer ?
MARC FESNEAU
Ça veut dire que nous avons un objectif de politiques publiques qui doivent s'aligner, je parle des politiques publiques, c'est le fait que nous retrouvions la souveraineté alimentaire et la sécurité alimentaire en Europe et en France. La souveraineté alimentaire, c'est quoi ? Ce n'est pas l'autarcie la souveraineté alimentaire, ce n'est pas l'autosuffisance, la souveraineté alimentaire c'est que nous décidions que sur un certain nombre de filières où nous sommes déficitaires, je pense aux fruits et légumes, je pense aux ovins, je pense à d'autres filières, nous fassions en sorte de reconquérir cette souveraineté que nous avions il y a 25 ou 30 ans. C'est une lente dégradation à laquelle on a assisté pendant 25 ou 30 ans, chacun doit prendre sa part, je prends la mienne, et donc on doit ré-inverser cette tendance-là, mais la souveraineté ce n'est pas, la France n'est pas une puissance exportatrice.
ROMAIN DESARBRES
Ça veut dire plus de produits français proposés sur les marchés, enfin sur les étals ?
MARC FESNEAU
C'est surtout plus de production française qui permettra d'avoir plus de produits français, on a la même chose d'ailleurs sur la volaille. La souveraineté c'est la capacité à reprendre notre destin en main en matière de production agricole, c'est de ne pas subir une érosion et de décider des endroits sur lesquels nous avons décidé d'avoir de la croissance. Et puis la souveraineté c'est une souveraineté générale. L'alimentation c'est devenu une arme de guerre, l'alimentation c'est devenu une arme géopolitique, donc la souveraineté elle est française, européenne, pour faire en sorte que nous ne soyons pas à la merci, à l'extérieur de nos frontières, de stratégies qui soient des stratégies de chantage à l'alimentation. J'ai besoin d'une agriculture…
ROMAIN DESARBRES
On perd de la souveraineté alimentaire là !
MARC FESNEAU
J'ai besoin d'avoir une souveraineté qui permette de rayonner à travers le monde et de faire de la géopolitique. Il m'importe de savoir qui nourrit le continent africain, il m'importe de savoir qui ne pourra pas, pour une partie d'entre lui, se nourrir tout seul, et donc je préfère que ce soit nous que d'autres puissances qui ont des intentions qui sont moins, comment dirais-je, moins pacifiques que d'autres, et donc la souveraineté c'est soi-même, sur les filières, et à l'extérieur de nos frontières de faire en sorte qu'on fasse de l'agriculture et de l'alimentation un objet géopolitique.
ROMAIN DESARBRES
Vous parlez à l'instant de géopolitique. L'Ukraine, Emmanuel MACRON a déclaré hier " oui pour aider l'Ukraine dans un contexte de guerre ", donc importer en Europe des produits alimentaires agricoles ukrainiens, " non pour créer une situation de concurrence déloyale. " Bon ? une fois qu'on a dit ça, ça veut dire qu'on va arrêter d'importer des poulets ukrainiens et du sucre ukrainien ?
MARC FESNEAU
Ça veut dire qu'on fixe des quotas et des limites à l'importation de produits…
ROMAIN DESARBRES
Quand ?
MARC FESNEAU
Là, dans les semaines qui viennent la Commission va déployer son plan.
ROMAIN DESARBRES
Parce qu'on a beaucoup parlé du poulet, mais il y a également le sucre.
MARC FESNEAU
Poulet, sucre, oeufs, et nous avons un sujet sur les céréales. Les mesures de soutien à l'Ukraine, il y a un paquet de mesures financières qui ont été annoncées hier, de 50 milliards d'euros si j'ai bonne mémoire, qui va permettre de soutenir l'effort de guerre de l'Ukraine, l'effort de guerre, ce que nous ont dit les agriculteurs depuis des semaines, c'est de dire… et les agriculteurs français comme les agriculteurs polonais ou allemands, ils nous dont dit " cet effort de guerre on ne peut pas en prendre la charge seuls ", et donc on a besoin de faire en sorte qu'il y ait des limites à la capacité d'exportation de l'Ukraine vers nos contrées de l'Union à 27, et deuxième élément, en particulier sur les céréales, il faut que les céréales elles sortent d'Ukraine, pas pour aller chez nous, mais pour aller ailleurs. L'Ukraine c'est une puissance exportatrice agricole, il faut qu'elle puisse continuer… vous savez bien le blocus…
ROMAIN DESARBRES
Ce qui était prévu à la base, ça devait aller notamment vers l'Afrique et finalement ça va en Europe et en Roumanie.
MARC FESNEAU
Oui, mais reconnaissons que les oeuvres, si je peux dire, de Monsieur POUTINE, qui ont bloqué la mer Noire et qui ont bloqué les couloirs de solidarité, tout ça avait été fait pour déréguler le marché, d'abord pour mettre de la dérégulation du marché, d'abord pour mettre de la désorganisation sur le marché intérieur et pour empêcher l'Ukraine d'aller sur les marchés extérieurs, hors Union européenne, donc on doit continuer à les aider.
ROMAIN DESARBRES
Donc vous nous dites que ça partira, mais pas, ou moins vers l'Europe ?
MARC FESNEAU
Absolument, ça a trop désorganisé les marchés, et moi j'ai eu plusieurs contacts avec mon homologue ukrainien, je lui ai dit " écoute, nous ne pouvons pas rentrer dans une logique qui soit une logique de désorganisation des nos marchés, sinon les mesures que nous prenons pour l'Ukraine vont se retourner contre l'Ukraine parce que les gens diront " - les agriculteurs, entre autres – " diront il y a quelque chose qui dysfonctionne. "
ROMAIN DESARBRES
Marc FESNEAU, ministre de l'Agriculture, CNews/Europe 1 " La Grande interview. " Emmanuel MACRON a également parlé du Mercosur, traité de libre-échange entre l'Union européenne et l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay, suspendu, parce qu'on n'a pas les mêmes règles qu'en Europe, en Amérique du Sud. Est-ce que vous nous dites ce matin que le Mercosur est abandonné ou est-ce que vous nous dites que si on instaure des clauses miroirs, comme l'interdiction d'intégrer dans l'accord des produits issus de la déforestation, vous pourriez signer l'accord, il est abandonné ou il est suspendu ?
MARC FESNEAU
Mais reprenons les mots, et je reprends les mots du président de la République, cet accord, en l'état, n'est pas acceptable. Est-ce que cet accord va être acceptable ? A date j'ai l'impression que non, mais nous verrons dans les semaines et dans les mois qui viennent, et je répète ce que j'ai dit tout à l'heure, 50% de nos céréales elles sortent de nos frontières, 50% de notre lait il sort de nos frontières, je ne parle même pas des vins et spiritueux, et donc l'idée qu'il suffirait de dire il n'y a plus d'échanges pour résoudre le sujet de l'agriculture française, on a besoin d'échanges loyaux, on a besoin d'échanges qui ne mettent pas en concurrence les agriculteurs avec le reste du monde, et parfois même les agriculteurs avec le reste de l'Europe, et donc on a besoin, c'est la question de la simplification, de la surtransposition française, c'est ça dont on a besoin, on n'a pas besoin de dire simplement et de sauter, comme le disait le Général de Gaulle, comme un cabri, en disant « pas d'échanges, pas d'échanges », il y aura besoin d'échanges, mais ils doivent être loyaux, et s'ils ne sont pas loyaux il n'y a pas d'accord de libre-échange.
ROMAIN DESARBRES
Le Rassemblement national publie une nouvelle affiche de campagne pour les Européennes, " La France soutient la ruralité ", vous avez beaucoup parlé de souveraineté pendant votre prise de parole hier, on le disait à l'instant, c'est pour récupérer des voix du Rassemblement national ?
MARC FESNEAU
Oui, oui, je… non !
ROMAIN DESARBRES
Ah ! oui ou non ?
MARC FESNEAU
Non, mais je répondais à votre question que je croyais être est-ce que le Rassemblement National essaye de récupérer des voix ? Oui, le Rassemblement national en toute occasion il essaye de récupérer des voix. Les voilà ruraux, ils deviendront urbains, puis ils deviendront agricoles. Je n'ai pas trouvé beaucoup de propositions sur le terrain de ces gens-là, moi je suis un élu d'un territoire rural, j'y vis, dans une commune de 700 habitants, donc on ne va pas me raconter la littérature et me faire la messe, pardon de l'expression, sur ce qu'est la ruralité, ce qu'est le monde agricole alors, que Monsieur BARDELLA découvre le monde agricole, que Madame LE PEN s'en fasse des gorges chaudes pour récupérer des voix, moi mon sujet ce n'est de récupérer des voix, mon sujet c'est de répondre aux questions qui sont posées par la ruralité, qui sont posées par l'agriculture, mais pas dans une logique de repli sur soi ou de haro sur toutes les politiques publiques. Nous avons fait des choses depuis sept ans, il faut aller plus loin, manifestement on a des sujets de simplification qui se sont sédimentés depuis des années, mais cette propension du Rassemblement national à se saisir de toutes les craintes, de toutes les colères, de toutes les désespérances pour en faire un porte-drapeau… demandez aux Anglais et aux agriculteurs Anglais ce qu'ils pensent du Brexit, demandez ce que ça leur a apporté cette querelle faite à l'Europe, rien, ça leur a apporté du malheur, des baisses des aides et une agriculture qui est beaucoup plus fragile, donc moi je ne récupère pas la colère, j'essaye d'y répondre, c'est une grande différence entre le Rassemblement national et nous.
ROMAIN DESARBRES
C'était " La Grande interview " de Marc FESNEAU, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de la France, merci Monsieur le ministre…
MARC FESNEAU
Merci à vous.
ROMAIN DESARBRES
Vous partez dans l'Hérault et dans le Gard !
MARC FESNEAU
Absolument, dans l'Hérault et dans le Gard pour parler viticulture.
ROMAIN DESARBRES
Merci d'être venu ce matin sur CNews et Europe 1
source : Service d'information du Gouvernement, le 7 février 2024