Interview de Mme Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'État, chargée de la citoyenneté et de la ville, à Europe 1 / CNEWS le 14 février 2024, sur la liberté de la presse, l'hommage national à Robert Badinter, la délinquance, la responsabilité civile des parents de délinquants, la loi contre les dérives sectaires et la grève à la SNCF.

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Média : Europe 1

Texte intégral

ROMAIN DESARBRES
Bonjour Sabrina AGRESTI-ROUBACHE.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Bonjour Romain DESARBRES.

ROMAIN DESARBRES
Merci d'être avec nous ce matin sur CNews et sur Europe 1.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Merci à vous.

ROMAIN DESARBRES
" Grande interview ", on est 15 minutes ensemble et on va balayer toute l'actualité. Vous êtes secrétaire d'Etat à la Citoyenneté à la Ville. Je voulais tout d'abord vous entendre sur la décision du Conseil d'Etat, qui a été saisi par Reporters sans frontières, qui est censé défendre la liberté d'expression dans le monde, et qui demande que soient contrôlées et comptabilisées les opinions politiques des animateurs de la chaîne CNews, de notre chaîne, de cette chaîne, les opinions des journalistes, des invités, comme s'il s'agissait d'hommes et de femmes politiques, comment est-ce que vous jugez cette décision ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors écoutez, moi j'ai une position assez simple en réalité sur ce sujet, déjà rappeler peut-être aux téléspectateurs et aux auditeurs que l'ARCOM est une instance indépendante et apolitique, et le Conseil d'Etat est là pour juger le droit, donc dans une position, et je ne suis pas de celles et ceux qui se contredisent, j'ai toujours affirmé des positions très simples, liberté de la presse absolue, liberté d'expression absolue, on a le droit de penser ce que l'on veut, dans le cadre de la loi. Donc, je vais laisser le Conseil d'Etat s'exprimer, faire son travail de Conseil d'Etat, donc, vous savez, je l'avais dit notamment sur d'autres textes de loi, " dura lex, sed lex ", la loi est dure, mais c'est la loi. Donc, le Conseil d'Etat a été saisi, l'ARCOM est une instance indépendante, apolitique, et je pense que ce n'est pas aux politiques de dire ce qu'il est bon ou pas d'entendre ou pas à la télé, nous avons des instances vraiment qui savent faire ça, l'ARCOM sait faire ça parfaitement, et le Conseil d'Etat est saisi, là notamment par Reporters sans frontières, c'est qu'ils ont dû juger que peut-être il y avait un problème de droit ou un problème de représentation d'opinions politiques, peut-être pluriel, peut-être pas assez pluriel pour eux, donc honnêtement je les laisse faire leur travail très tranquillement, sans venir, encore une fois, perturber un débat qui, me semble, est assez glissant. Je crois que là il faut prendre un peu de distance et les laisser justement faire ce qu'ils savent faire, regarder le droit, et en fonction de ce qu'ils diront, on pourra après commenter ou peut-être agir d'un côté comme de l'autre.

ROMAIN DESARBRES
Et le fond de ce débat touche à la liberté d'expression…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
On parlait de liberté d'expression.

ROMAIN DESARBRES
Et à la liberté de la presse, liberté qui est écrite sur tous les frontons des mairies de France.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
J'y tiens énormément.

ROMAIN DESARBRES
Et nous donc ! Comment est-ce que vous comprenez le fait que cette décision de Reporters sans frontières, de s'attaquer à CNews, ne concerne que CNews ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ecoutez, moi je pense que Reporters sans frontières, juste pour rappeler, Reporters sans frontières c'est une grande association de journalistes qui défendent la liberté d'expression au niveau mondial. Je rappelle quand même qu'à chaque fois qu'il y a un sujet, on fait quoi ? On muselle la presse. Donc Reporters sans frontières est dans son rôle, selon moi, là je donne vraiment ma position, est dans son rôle, elle saisit le Conseil d'Etat, qui lui-même va saisir l'ARCOM, donc, encore une fois, je ne suis pas Reporters sans frontières, je suis la ministre en charge de la Citoyenneté et de la Ville, et je répète, si des fois que je n'aurais pas été assez claire, la liberté d'expression c'est quand même le fondement de notre démocratie, la liberté d'expression c'est le fondement de notre démocratie et de notre magnifique pays qu'est la France.

ROMAIN DESARBRES
Hommage national à Robert BADINTER aujourd'hui, vous allez y assister, Robert BADINTER qui a marqué le pays, évidemment, qu'est-ce que vous en retenez de Robert BADINTER ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
J'en retiens que c'est l'homme, et le ministre, le garde des Sceaux, de l'abolition de la peine de mort et de la dépénalisation de l'homosexualité. Voilà ce que je retiens. Un grand homme, un grand homme d'Etat, avec une sagesse immense, un grand humaniste. J'en retiens qu'il va beaucoup nous manquer, que sa pensée nous manque.

ROMAIN DESARBRES
Il a été l'architecte de l'abolition de la peine en France…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Et Dieu sait si à l'époque ça avait été, rappelez-vous, on regardait, on parlait de l'INA juste avant, à quel point les débats ont été violents. Voyez, pour changer une société, pour changer un point de vue dans une société, parfois il faut passer par quelques combats très courageux, et il l'a fait, et, encore une fois, il va beaucoup manquer à la France.

ROMAIN DESARBRES
Est-ce que c'est un acquis fragile l'abolition de la peine de mort en France…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non.

ROMAIN DESARBRES
Est-ce qu'il faut encore convaincre les Français ou pas ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, moi je ne crois pas. Moi j'y suis extrêmement attachée, extrêmement attachée, y toucher, même ne serait-ce que penser y toucher, c'est revenir 40 ans, voire 50 ans en arrière, et ça, non, pour moi ce n'est pas concevable.

ROMAIN DESARBRES
La famille de Robert BADINTER a souhaité que ni le Rassemblement National, ni la France insoumise ne soient représentés à cet hommage, c'est le droit le plus strict de la famille…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument.

ROMAIN DESARBRES
De Robert BADINTER. Marine LE PEN a fait savoir qu'elle respecterait cette volonté…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Décision de décence.

ROMAIN DESARBRES
Décision de décence, " la famille ne veut pas qu'on soit, on ne sera pas là. "

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
C'est le minimum.

ROMAIN DESARBRES
Mais la France Insoumise aura deux représentants, elle ne suit pas ce qu'a dit la famille de Robert BADINTER, comment est-ce que vous jugez l'attitude de la France Insoumise ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je parlais de décence. Vous savez, là on parle, au-delà de l'immense homme politique qu'a été Robert BADINTER, on vient d'en parler, il faut respecter le souhait de la famille. Vous savez, dans un dernier moment, dans un décès, s'il y a bien quelque chose qu'il faut faire c'est écouter le souhait de la famille, donc c'est un manque de décence absolu.

ROMAIN DESARBRES
La délinquance, on va en parler, vous savez décidé de lancer un Grand Beauvau de la délinquance, sur le modèle du Grenelle, comme les Grenelles…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument.

ROMAIN DESARBRES
Mais voilà, grenelle, c'est la rue de Grenelle pour le ministère des Affaires sociales…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Pour l'Education.

ROMAIN DESARBRES
Et l'Education, et puis le Beauvau, la place Beauvau, donc c'est le ministère de l'Intérieur, Beauvau de la délinquance. C'est un sujet qui préoccupe énormément de Français, c'est un euphémisme, les chiffres de la délinquance sont très mauvais. Concrètement, quelle va être votre méthode ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors, j'ai une méthode assez simple…

ROMAIN DESARBRES
En quoi elle va être nouvelle, qu'est-ce qui va faire que ça va fonctionner avec vous, alors que ça n'avait pas fonctionné avec les autres ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je l'espère. Alors pourquoi ? parce que j'ai une méthode tout à fait simple. Déjà, juste pour reposer les bases, dans mon portefeuille de la Citoyenneté, puisque souvent on me pose la question, j'ai l'accueil des réfugiés, j'ai les demandeurs d'asile, j'ai la naturalisation, j'ai la laïcité, j'ai la prévention de la délinquance et la lutte contre la radicalisation, donc ça fait beaucoup beaucoup de sujets dans ce sujet citoyenneté. J'ai demandé, et je vais le faire, et ça fait partie quand même de la feuille de route que m'a fixée le Premier ministre Gabriel ATTAL et le président de la République, de dire on va rénover la stratégie de la délinquance. Comment ? donc j'ai demandé à 25 préfectures, donc à 25 préfets, de consulter localement les élus locaux, les associations, les habitants, je le redisais, je veux que les mesures de bon sens, je l'ai répété sur un plateau lundi, soient mis en haut de la pile. Et pourquoi ? Parce que je ne veux plus, je ne le ferai pas, de décisions qui viennent de Paris et qui sont complètement déconnectées de la réalité de nos territoires. Je le répète encore, Marseille c'est pas Paris, Paris c'est pas Metz, Metz c'est pas Lyon et Lyon c'est pas Brest. Donc je pense que faire quelque chose dans la concertation, avec les élus locaux, qui sont eux tous les jours au contact de nos concitoyens, mais comment, moi je suis une fille de terrain, je le disais, je ne connais que la vraie vie et c'est que la vraie vie qui… comment est-ce qu'on peut changer la vraie vie des gens ? c'est en s'y intéressant, et c'est en les consultant. Donc, ce Beauvau de la délinquance, donc de la prévention de la délinquance, ça va être des mesures qui vont remonter, et j'en donne quelques-unes. Par rapport à nos jeunes, le Premier ministre l'avait rappelé, " tu salis, tu nettoies ", " tu casses, tu répares ", " tu défies l'autorité, on t'explique comment respecter l'autorité ", donc c'est en réalité… il avait parlé des travaux, des travaux d'intérêt éducatif et d'intérêt général pour les parents qui seraient défaillants. Encore une fois, je défends à chaque fois les familles monoparentales, qui ne peuvent pas exercer l'autorité sur leurs enfants et qui justement n'arrivent plus à cadrer leurs adolescents, parce que là vraiment on parle…

ROMAIN DESARBRES 
Une mère seule avec des enfants.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Une personne seule, avec des enfants.

ROMAIN DESARBRES
Oui, une personne seule avec des enfants, souvent la mère.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non…

ROMAIN DESARBRES
Souvent la mère.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Dans la très très grande majorité la mère, bien sûr, c'est souvent les femmes qui portent ça.

ROMAIN DESARBRES 
Et le père est où dans ces cas-là d'ailleurs, on ne peut pas demander la responsabilité du père, parce que même si les enfants vivent avec la mère…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Bien sûr, la responsabilité des parents, rappelez-vous ce qu'avait dit le garde…

ROMAIN DESARBRES
Le père on le connaît souvent.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Le garde des Sceaux l'avait dit. Dans le post-émeutes, qu'est-ce qu'avait dit Eric DUPOND-MORETTI, dans le post-émeutes ? Notre garde des Sceaux avait dit une chose simple, ce sont les deux parents, même si le parent ne vit pas avec l'enfant et qu'il ne s'en occupe pas, au niveau de la loi il est responsable, mais enfin, on parle de responsabilité parentale, et sur ces mesures moi je compte vraiment mettre le paquet sur la prévention, notamment sur les conduites addictives, parce que je l'avais dit sur la lutte contre le trafic de drogue, pas de consommateurs, pas de dealers. Regardez ce qui se passe dans les tribunaux à Marseille par exemple, qui maintenant fait comparaître des consommateurs, le président de la République avait demandé quelque chose, le paiement de l'amende forfaitaire délictuelle directement sur ceux qui sont sanctionnés et qu'on contrôle avec une détention de drogue, c'est une mesure, alors vous allez dire c'est à la marge, non, c'est important de responsabiliser, important sur la prévention, important sur la prévention de la consommation, je parle. Moi j'appartiens encore une fois, j'ai 47 ans, à une génération qui a eu affaire à de la prévention…

ROMAIN DESARBRES
On va être très concret. " Tu casses, tu répares. "

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Oui.

ROMAIN DESARBRES
Très bien, comment ça se passe ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors, « tu casses, tu répares », c'est de ramener…

ROMAIN DESARBRES
Ce sont des beaux mots, vous entendez la petite musique qui commence à arriver…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, mais bien sûr…

ROMAIN DESARBRES
Il y a eu l'effet waouh de la nomination de Gabriel ATTAL…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument, c'est l'action.

ROMAIN DESARBRES
Maintenant les Français réclament du concret.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument.

ROMAIN DESARBRES 
" Tu casses, tu répares ", comment ça se passe ? un gamin de 14 ans qui va casser un abribus, comment est-ce qu'il répare ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
La responsabilité civile des parents, voilà, je vous réponds.

ROMAIN DESARBRES
Avec l'assurance habitation ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Eh bien écoutez, à l'école, quand un enfant casse les lunettes du copain…

ROMAIN DESARBRES
On sollicite l'assureur.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Absolument, et donc maintenant je pense qu'il faut aller vraiment sur cette voie-là parce qu'on ne peut plus laisser des parents avoir des enfants qui saccagent tout, sans les mettre devant leurs responsabilités. Je l'avais dit pour les parents, " tu es responsable de ce que tu fabriques ", quand on fait des enfants, on en est responsable, sauf dans des cas où effectivement les problèmes sociaux, les problèmes psychiatriques, les problèmes, on va dire psychologiques, peuvent empêcher un parent, ou des parents, d'exercer leur autorité complètement sur les enfants. Et moi, dans tout ça, je dis quoi ? Il faut poser des cadres. Maintenant, voilà, n'ayons pas peur des mots, les jeunes, les adolescents, les réseaux sociaux ont complètement bouleversé leur perception du monde, regardez ce qui s'est passé pendant les émeutes urbaines de l'année dernière, enfin moi je suis quelqu'un tout à fait de pragmatique, je suis moi-même maman d'une adolescente, donc… les responsables des enfants ce sont les parents. La première autorité que les enfants doivent avoir, c'est les parents, ça ne doit pas être la police, vous m'étonnez qu'après le lien soit un peu distendu.

ROMAIN DESARBRES 
Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, secrétaire d'Etat à la Citoyenneté et à la Ville…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Et à la Ville, sur les quartiers prioritaires.

ROMAIN DESARBRES
«" Grande interview " sur CNews et sur Europe 1. Le constat, tout le monde le fait, en fait ce qui est compliqué maintenant à mettre en place, et vous allez être jugés, vous et tout le gouvernement…

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Bien sûr, et c'est normal.

ROMAIN DESARBRES 
Sur la réalisation de ces déclarations de volonté.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Regardez, j'ai annoncé des mesures fortes, la responsabilité civile des parents, « tu casses, tu répares » ça veut dire ça, " tu salis, tu nettoies ", à un moment donné si un enfant, un adolescent, salit quelque chose, quand je dis salit, ça veut dire dégrade, on va utiliser les mots, c'est dégrade, dégrade, il doit être responsable. On ne peut plus accepter une société où tout le monde a laissé tomber. Et je parlais aussi la dernière fois, pas de la démission des parents, et je le dis à chaque fois, Alain BAUER avait dit quelque chose de très juste, on a licencié les parents, on a expliqué peut-être pendant trop longtemps que finalement ils n'étaient pas responsables de leurs enfants, ils sont responsables de leurs enfants, et poser un cadre à un adolescent c'est lui rendre service.

ROMAIN DESARBRES
Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, dernière question sur la délinquance à proprement parler. Les courtes peines, dès le premier acte de délinquance, pour ou contre ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Non, moi, par rapport aux ados, aux enfants, parce qu'un adolescent, ça reste un enfant. Je pense que les travaux, qu'a annoncés le Premier ministre, est une excellente mesure…

ROMAIN DESARBRES 
Au-delà de 16 ans.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Au-delà de 16 ans, je pense que je laisse la justice, encore une fois, faire, trier le bon grain de l'ivraie. Moi, je ne suis pas magistrat, moi je suis ministre. Ce n'est pas exactement la même chose. Donc l'indépendance de la justice doit absolument être exercée, comme au Parlement, la séparation des pouvoirs entre l'exécutif et le législatif. Je laisse les magistrats faire leur travail.

ROMAIN DESARBRES 
Mais, dès le premier acte de délinquance, avoir une peine réelle, une véritable sanction, est-ce que ce n'est pas la solution pour éviter la récidive de ces enfants ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Non, moi, ce que je pense…

ROMAIN DESARBRES 
Est-ce que ce n'est pas rendre services à ces jeunes à la dérive ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Non. Ce qui peut être aussi la solution, c'est la prévention. Encore une fois, moi, le but, la prévention de la délinquance, c'est quoi ? C'est essayer d'empêcher la commission de l'acte. Voilà. Là où je veux amplifier, c'est là. Et permettez-moi juste de rappeler quelque chose. Travailler beaucoup aussi sur la santé mentale de nos jeunes. Si on a quelque chose à faire et si on leur doit quelque chose, c'est ça.

ROMAIN DESARBRES 
Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, la loi contre les dérives sectaires, elle est à l'Assemblée, elle va être votée. Qu'est-ce que ça va changer ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Alors, qu'est-ce que ça va changer ? Ça va changer beaucoup de choses. Hier, l'article 4, par exemple, dans l'hémicycle, n'a pas été voté. Donc, je vais tout à l'heure discuter avec la majorité, comment réintroduire... Juste pour rappeler, l'article 4, c'est l'abandon... alors, c'est l'abandon de soins, donc la provocation à l'abandon de soins. Donc par exemple, quelqu'un est malade d'un cancer, et vous avez un gourou 2.0 qui explique qu'il faut abandonner sa chimiothérapie, et…

ROMAIN DESARBRES 
Et qu'en mangeant de la soupe, il sera sauvé, il sera guéri.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Et qu'en mangeant de la soupe il sera sauvé. Vous savez que 25% des dérives sectaires concernent la santé. Moi, je ne fais un texte pour me faire plaisir. Je fais un texte pour pouvoir agir sur la vie des gens et pourvoir aider justement toutes ces familles qui sont victimes de dérives sectaires. Et je rappelle juste un chiffre : entre 2015 et maintenant, donc 2024, 86% de plus de signalements sur le site de la MIVILUDES, la plateforme de la MIVILUDES. Donc je dis : nous avons un vrai sujet. L'article 1 a été voté, l'article 2 pareil, sur les circonstances aggravantes, a été voté. Donc voilà, cette loi, je vais la défendre, avec beaucoup de courage, avec la majorité et avec aussi le groupe socialiste qui soutient cette loi, avec les écologistes. On va essayer de réécrire ensemble cet article 4 pour qu'il puisse passer tout à l'heure dans l'hémicycle.

ROMAIN DESARBRES 
Un dernier mot. La grève à la SNCF, ce week-end, les syndicats de la SNCF qui réclament des augmentations de salaire. Est-ce que vous la comprenez ou est-ce que vous êtes choquée ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Non, je suis, comment dire, je ne suis ni l'un ni l'autre. Le droit de grève est absolument fondamental dans notre pays, donc je ne vais pas remettre en cause le droit de grève.

ROMAIN DESARBRES 
Ce n'est pas ma question.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Ce que je dis, c'est que ceux qui subissent, en tout cas, ces grèves, posez-leur la question. La dernière fois, vous comme d'autres chaînes de télé, ont fait un micro-trottoir qui était passionnant, où on voyait s gens qui disaient " on comprend le droit de grève, mais nous, dans notre quotidien, surtout sur un week-end de vacances, c'est très compliqué ". Moi, j'appelle quand même à une grande mesure.

ROMAIN DESARBRES 
C'est votre point de vue ?

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Non, à une mesure quand même d'équilibre. Oui, je pense quand même qu'il faut penser un petit peu aux autres, aux usagers de la SNCF. Mais je laisse le président FARANDOU gérer ce problème.

ROMAIN DESARBRES 
Merci beaucoup.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE 
Merci à vous.

ROMAIN DESARBRES 
C'était la Grande interview de Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, secrétaire d'Etat à la Citoyenneté et à la Ville. Merci à vous d'être venue sur CNews et sur Europe 1. Bonne journée, à bientôt.

SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 février 2024