Interview de Mme Marie Guévenoux, ministre déléguée, chargée des outre-mer, à Sud Radio le 23 avril 2024, sur la situation à Mayotte, le couvre-feu pour les mineurs en Guadeloupe, la Guyane et les élections européennes.

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Média : Sud Radio

Texte intégral

BENJAMIN GLAISE
Bonjour à tous. Sud Radio, " Parlons vrai " avec mon invitée politique, aujourd'hui, la ministre déléguée chargée des Outre-Mer, Marie GUEVENOUX, bonjour.

MARIE GUEVENOUX
Bonjour.

BENJAMIN GLAISE
Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio. Beaucoup de sujets à évoquer ensemble, le bilan de la première nuit du couvre-feu pour les mineurs qui, eh bien, est en passe de se terminer en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, la fin du droit du sol, à Mayotte, vous dites oui, mais pour quand, eh bien, l'application effective de cette mesure ? Et puis, de nouvelles annonces, peut-être, on verra, pour lutter, tenter de lutter plus efficacement contre les trafics de stupéfiants, en provenance de la Guyane. Mais d'abord, donc Mayotte, un an après l'opération Wuambushu, l'opération place nette a été lancée il y a exactement une semaine, pour lutter contre l'immigration clandestine, pour lutter contre l'insécurité. Quel est le premier bilan que vous dressez de cette opération, qui doit se poursuivre jusqu'à fin juin ?

MARIE GUEVENOUX
Eh bien, place nette, vous l'avez dit, ça va se poursuivre pendant 11 semaines, c'est la mobilisation de 1.700 policiers et gendarmes sur l'île de Mayotte, 374 kilomètres carré, pour que vos auditeurs comprennent bien de quoi il s'agit. L'opération, elle consiste à viser trois objectifs, la lutte contre l'immigration clandestine, donc clairement, expulser les étrangers en situation irrégulière, deuxième objectif, la destruction d'habitats informels, les bangas, donc 1.300 bangas à détruire au cours des 11 semaines. Et puis, la lutte contre les bandes, 60 chefs de bandes, ciblés, identifiés, à interpeller au cours de ces 11 semaines. Après…

BENJAMIN GLAISE
On est où justement aujourd'hui ?

MARIE GUEVENOUX
Une semaine, même moins d'une semaine après le lancement d'opération place nette, on a 250 bangas qui ont été détruits, donc 250 bidonvilles détruits, c'est un quartier entier de Mamoudzou qui a été nettoyé de ces bangas, de ces bidonvilles. Nous avons eu 4.000 contrôles, 100 interpellations de délinquants, et parmi ces 100 interpellations de délinquants, six chefs de bande, 50 armes aussi…

BENJAMIN GLAISE
Sur les 60 ciblés.

MARIE GUEVENOUX
Sur les 60 ciblés, donc 10% des cibles que nous nous étions fixés sont d'ores et déjà interpellées moins d'une semaine après le début des opérations place nette. J'ajoute aussi, et c'est un point important, que 50, une cinquantaine d'armes ont été également saisies dans le cadre des opérations qui se déroulent actuellement à Mayotte.

BENJAMIN GLAISE
Vous l'avez dit, lutte contre l'immigration illégale, est-ce qu'il y a eu des interpellations, justement de migrants en situation irrégulière, également de passeurs au cours de cette semaine ?

MARIE GUEVENOUX
Depuis mardi dernier, on a 536 ESI qui ont été, donc, Etrangers en Situation Irrégulière, excusez-moi, qui ont été interpellés. Et puis, nous avons mis en place des moyens de surveillance, notamment maritimes, qui ont permis hier le démantèlement d'un trafic de pêche illégale. On a saisi une tonne de poissons pêchés illégalement et 10 kwassas. Donc des kwassas, c'est des embarcations…

BENJAMIN GLAISE
C'est des embarcations, oui, c'est ça…

MARIE GUEVENOUX
10 kwassas, et du coup, des individus se livrant à ces trafics ont également été interpellés hier en fin d'après.

BENJAMIN GLAISE
Wuambushu, c'était il y a un an, Marine LE PEN dit que, que ça soit pour Wuambushu ou pour cette opération place nette, on est sur une opération communication surtout. Que lui répondez-vous ?

MARIE GUEVENOUX
Eh bien, Marine LE PEN, elle fait de la communication. Elle en fait même d'ailleurs, depuis 30 ans, elle est en campagne électorale permanente. Moi, je considère que ce qu'elle dit, c'est une insulte aux forces de l'ordre qui sont mobilisées sur le territoire de Mayotte. On a, je vous l'ai dit, 1.700 policiers et gendarmes engagés à Mayotte. On peut leur dire que ce qu'ils font…

BENJAMIN GLAISE
Jusqu'à fin juin !

MARIE GUEVENOUX
Jusqu'à fin juin…

BENJAMIN GLAISE
Mais après ?

MARIE GUEVENOUX
On peut leur dire, mais jusqu'à fin juin, et de façon… en fait, le renfort effectif de l'opération place nette, c'est 100 personnes en plus. La réalité, c'est qu'il y a 1.600 personnes engagées de façon permanente à Mayotte. Donc on peut venir à Mayotte faire du tourisme électoral et expliquer que l'engagement des forces de l'ordre, c'est de la communication. C'est la responsabilité de Marine LE PEN, ce n'est pas la mienne.

BENJAMIN GLAISE
Elle propose quelque chose de très concret, la création d'un centre de rétention administrative flottant pour éviter que ces migrants mettent un pied à terre à Mayotte. Est-ce que c'est une solution qui vous semble intéressante ?

MARIE GUEVENOUX
Non, je pense que c'est de l'ordre du gadget. Ça frappe les esprits. En fait, encore une fois, la spécialité de Marine LE PEN, c'est au fond de constater des choses qui résonnent au sein d'une opinion publique et d'une opinion publique à Mayotte qui souffre, qui vit des situations extrêmement difficiles. La réalité, c'est que pour renvoyer un étranger en situation irrégulière dans son pays d'origine, il faut obtenir un laissez-passer consulaire. Vous pouvez mettre un centre de rétention administrative sur terre, sur mer, dans l'air, où vous voulez, la réalité, c'est que sans se laissez-passer consulaire et sans l'expiration d'un certain nombre de délais, vous ne pourrez pas renvoyer un étranger en situation régulière. Alors, Marine LE PEN, elle a sans doute, visiblement, de ce que je lis du programme du Front national, la volonté de sortir des traités européens. Mais dans ces cas-là, il faut le dire, parce que si on sort des traités européens, il y a des conséquences. Il y a des conséquences négatives aussi pour les ultramarins.

BENJAMIN GLAISE
J'aimerais savoir si on a des chiffres concrets sur ces dernières années pour parler plus globalement, de l'immigration clandestine. Est-ce qu'on a une baisse de l'immigration clandestine à Mayotte ces dernières années, une baisse de la criminalité également sur l'île ? Est-ce qu'on a des chiffres là-dessus ?

MARIE GUEVENOUX
En fait, l'île de Mayotte est peuplée de 330.000 personnes officiellement recensées, sur…

BENJAMIN GLAISE
On dit que c'est sous-estimé ce chiffre.

MARIE GUEVENOUX
C'est probablement sous-estimé si l'on en croit les retours des élus locaux, si on en croit aussi le besoin d'écoles et de scolarité. Donc nous, on est en train d'affiner cette façon de calculer pour justement être au plus près. Si on doit être réussir à avoir une meilleure finesse d'appréciation, ce n'est pas la peine non plus d'expliquer qu'il y a 600.000 ou 700.000 personnes à Mayotte. Il n'y a absolument aucun élément tangible qui permet de le dire. Donc évitons d'avoir des discours absolument faux et alarmants. Pour revenir à votre question, sur les chiffres de l'immigration clandestine, nous, ce que l'on sait, c'est qu'on expulse 25.000 étrangers en situation irrégulière chaque année depuis quatre ans. C'est plus. C'est une augmentation de 80 % par rapport à 2020. Voilà ce que l'on sait. On a sur cette population de 330.000 habitants, une moitié de population qui est étrangère, et la moitié de cette moitié qui est en situation irrégulière.

BENJAMIN GLAISE
Est-ce qu'il faut taper du poing sur la table, plus fort, entre guillemets, vis-à-vis des Comores ?

MARIE GUEVENOUX
Il faut taper du poing sur la table plus fort vis-à-vis de l'ensemble des pays qui sont à l'origine d'une immigration incontrôlée vers l'île de Mayotte. C'est ce que nous faisons.

BENJAMIN GLAISE
Parce qu'il n'y a pas que les Comores, effectivement…

MARIE GUEVENOUX
C'est ce que nous faisons. Après, il faut aussi bien doser les coups de menton et les discours très forts. Et puis, la réaction que peuvent avoir vos partenaires. Les Comores, il y a quelques années, ont fermé complètement l'acceptation de leurs ressortissants. C'est-à-dire qu'ils n'ont pas voulu délivrer de laissez-passer consulaires. Alors, nous, ce que nous faisons, c'est que nous tenons un discours exigeant avec les Comores, exigeant, qu'on réussit à renvoyer 25 millions d'étrangers en situation irrégulière de l'île de Mayotte. Mais nous tenons aussi un discours respectueux des Comores.

BENJAMIN GLAISE
Mayotte qui est touchée également par des cas de choléra, on en est où aujourd'hui ? Et est-ce que la situation est sous contrôle ?

MARIE GUEVENOUX
Il y a une épidémie de choléra qui se déroule dans les Comores, dans l'archipel des Comores, avec 1.500 cas aujourd'hui estimés. Les services de l'Etat, l'Agence Régionale de Santé, le préfet, l'ensemble des services déconcentrés de l'Etat regardent avec une extrême précision l'ensemble de l'évolution de l'épidémie de choléra au large de Mayotte. Aujourd'hui, chacun des cas de choléra à Mayotte, dix au total, ont été isolés et les personnes qui se sont retrouvées au contact de ces malades ont été traitées par antibiotiques et sont protégées de ce fait de tout risque épidémique. Et puis, par ailleurs, je pense que c'est important de le dire, il y a des campagnes de prévention aussi. Il faut faire en sorte que chaque habitant de l'île de Mayotte, chaque Mahorais, fasse attention à bien respecter des règles sanitaires toutes simples comme se laver les mains.

BENJAMIN GLAISE
Et c'est important de le préciser, effectivement. En ce qui concerne l'accès à l'eau potable, on parle de coupure d'eau jusqu'en 2025, jusqu'à l'an prochain. A quand un retour à la normale justement sur cet accès à l'eau potable à Mayotte ? C'est un enjeu très important.

MARIE GUEVENOUX
L'île de Mayotte a connu un épisode de sécheresse l'année dernière extrêmement fort, dans un réseau d'eau qui est sous-dimensionné, pour être très claire, on ne produit pas assez d'eau par rapport à celle que l'on consomme. Qu'a fait le gouvernement ? Le gouvernement a distribué 37 millions de litres d'eau. D'accord. Ça a mobilisé, cette distribution de 37 millions de litres d'eau, plus de forces de sécurité civile que deux épisodes de feux de forêt sur l'ensemble de l'hexagone pendant quelques mois sur l'île de Mayotte. Aujourd'hui, l'enjeu pour nous, c'est évidemment de réparer le réseau, et c'est ce que nous faisons. Et c'est de faire en sorte aussi d'avoir des infrastructures qui permettent d'augmenter cette production d'eau. Donc, pour être claire, le problème est structurel. Il ne va pas se régler en quelques semaines. On a des réserves aujourd'hui qui nous permettent d'appréhender la saison de façon plus sereine. Ça n'empêchera probablement pas quelques tours d'eau et on devrait réussir à rétablir une situation normale dans les prochaines années.

BENJAMIN GLAISE
Est-ce que vous connaissez le candidat mahorais figurant sur la liste du RN pour les européennes, Saidali Boina HAMISSI ?

MARIE GUEVENOUX
Alors, je ne le connais pas personnellement, mais…

BENJAMIN GLAISE
Vous en avez entendu parler peut-être ?

MARIE GUEVENOUX
Oui, j'en ai entendu parler, et j'ai eu l'occasion de lire ses déclarations. Donc c'est comme d'habitude avec Marine LE PEN et…

BENJAMIN GLAISE
… Des Comoriens de cafards, il les compare à des cafards, de la vermine, propos anti-israéliens, antivax, pour préciser, il prône également la soumission de la femme.

MARIE GUEVENOUX
Oui, oui, eh bien, oui, c'est comme d'habitude avec Marine LE PEN et le Rassemblement national, c'est qu'ils ont des alliés, des amis, que ce soit à l'AFD, le parti allemand, j'y reviendrai après, ou que ce soit ce colistier, dont ils ne s'assurent pas au fond des propos qu'ils tiennent. Ce monsieur visiblement a une admiration pour POUTINE. Il soutient la polygamie, bon, il a des propos extrêmement déshumanisants.

BENJAMIN GLAISE
Est-ce que vous demandez à Jordan BARDELLA de le retirer de sa liste ?

MARIE GUEVENOUX
Mais, Jordan BARDELLA prendra ses responsabilités. Moi, ce qui me frappe avec le Front national, c'est que ce n'est jamais de leur faute. Quand le parti allemand, avec lequel ils sont alliés, demande à la France de restituer Mayotte aux Comores, alors même que Marine LE PEN est actuellement à Mayotte. C'est : on va avoir une explication avec eux. On va leur dire. Mais quand, il y a quelques mois, le même parti participait à des rassemblements néonazis, prônait l'expulsion massive d'Allemands d'origine étrangère, 2 millions d'Allemands devaient être renvoyés en Afrique, selon ce même parti. Eh bien, là, là aussi, il devait y avoir une explication. Et en fait, il y a des explications, mais à la fin, ils sont toujours alliés. Voilà la réalité du Front national.

BENJAMIN GLAISE
Marie GUEVENOUX, je rappelle, ministre déléguée chargée des Outre-Mer. Venons-en à la suppression du droit du sol à Mayotte. Le projet de loi constitutionnelle doit être présenté en Conseil des ministres d'ici au 22 mai. Vous confirmez ? C'est quoi la suite du calendrier ?

MARIE GUEVENOUX
La suite du calendrier, c'est que je confirme qu'on présentera un texte le 22 mai. Deux textes même, un projet de loi constitutionnelle visant à abroger le droit du sol, et un projet de loi ordinaire. On le transmettra en revanche aux élus, comme nous l'ont demandé les élus de Mayotte, de façon à ce que le Conseil départemental, puisque c'est la règle, puisse, pendant un mois, examiner ce texte, et faire des propositions au gouvernement qui, du coup, sera en mesure de le déposer au Conseil des ministres en juillet.

BENJAMIN GLAISE
Ils pourront l'amender concrètement, oui ?

MARIE GUEVENOUX
Oui, l'idée c'est d'avoir un travail de concertation qui évite le simple vote contre ou vote pour qui entraînerait, de ce fait, dans le cas d'un vote contre, un retrait du texte.

BENJAMIN GLAISE
Quand on parle de projet de loi constitutionnel, ça veut dire on a deux options, soit on réunit l'Assemblée et le Sénat en congrès à Versailles avec un vote à la majorité des 3/5e des suffrages exprimés, on peut aussi passer par un référendum, est-ce que c'est un sujet tabou, est-ce que c'est une piste qui est envisagée ?

MARIE GUEVENOUX
La façon dont sera modifiée la Constitution sur ce point c'est vraiment une décision qui appartient au Président de la République et ce n'est pas à moi, ici, d'en faire un commentaire. Moi ce que j'aimerais vous dire c'est peut-être pourquoi on veut abroger le droit du sol à Mayotte. Vous avez, à Mayotte, une disposition qui permet à chaque enfant né de parents étrangers, en situation irrégulière, de pouvoir acquérir la nationalité française à partir de l'âge de 13 ans, d'accord ? cette disposition fait que, à Mayotte, vous avez 42% des titres de séjour qui sont fournis à des parents d'enfants français, ça veut dire que des parents étrangers en situation irrégulière, parce qu'ils ont eu un enfant qui est devenu français à Mayotte, bénéficient, donc pour 42% des titres délivrés, au total, à Mayotte, de titres de séjour. Pour vous donner un élément de comparaison c'est 4% sur l'Hexagone, de titres de parents d'enfants français, donc on voit bien qu'il y a une attractivité du titre de séjour liée à la naissance d'un enfant sur le sol mahorais. Peut-être pour redonner un autre exemple, 85% des titres de séjour délivrés annuellement à Mayotte sont du fait de la vie familiale, sont du fait d'avoir un enfant français à Mayotte.

BENJAMIN GLAISE
Dans là l'idée c'est de le restreindre.

MARIE GUEVENOUX
L'idée c'est d'abroger cette possibilité d'acquérir automatiquement la nationalité française dans ces conditions, il y aura d'autres possibilités d'acquérir la nationalité française, mais ce ne sera pas une acquisition automatique par le droit du sol, de façon à… extrêmement radicale, extrêmement radicale, ces 85% de titres de séjour que je viens d'évoquer.

BENJAMIN GLAISE
Certains vont profiter, alors je pense au Rassemblement national bien sûr, vont profiter de ce débat pour tenter de parler, de passer leurs idées sur éventuellement une abrogation du droit du sol sur le reste du territoire français, sur l'Hexagone, est-ce que c'est une inquiétude que vous avez ?

MARIE GUEVENOUX
Ce n'est pas une inquiétude, je sais que ça va se passer ainsi. Ceux qui sont favorables au droit du sol, à l'abrogation du droit du sol partout, comme le Front national, vont tenir ce discours-là, et ceux qui y sont absolument opposés vont tenir le discours inverse. Moi, ce que je veux dire, c'est que Mayotte vit un quotidien, vit dans des circonstances exceptionnelles, je vous les ai décrites, 374 kilomètres carrés, 330 000 habitants, la moitié d'étrangers, la moitié de cette moitié étrangers en situation irrégulière, 70 kilomètres des côtes des Comores, et 85% de titres de séjour.

BENJAMIN GLAISE
Donc on est sur un cas spécifique là.

MARIE GUEVENOUX
On est sur un cas exceptionnel qui nécessite des mesures exceptionnelles et Mayotte ne doit pas, ne doit pas, être l'objet de l'instrumentalisation politique des partis extrémistes.

BENJAMIN GLAISE
Marie GUEVENOUX, il y a aussi la situation du côté de la Guadeloupe avec ce couvre-feu, première nuit de couvre-feu, on est encore en plein dedans, 2h51 en ce moment à Pointe-à-Pitre, donc couvre-feu pour les mineurs de 20h à 5h du matin, est-ce que vous avez des premiers retours sur ce couvre-feu, est-ce qu'il a été respecté ?

MARIE GUEVENOUX
Alors, oui le couvre-feu a été mis en place la semaine dernière, on était il y a quelques jours, avec le ministre de l'Intérieur, en Guadeloupe, on a rencontré le maire de Pointe-à-Pitre qui nous a décrit une situation extrêmement difficile et le ministre de l'Intérieur a lancé ce couvre-feu, il a aussi lancé des opérations " Place nette ", qui se déroulent actuellement à Pointe-à-Pitre. Je pense que la responsabilisation des mineurs et des parents est maintenant un sujet essentiel, et d'ailleurs il a été lui aussi, ce sujet, porté par le Premier ministre récemment dans le cadre des annonces qu'il a faites à Viry-Châtillon en Essonne.

BENJAMIN GLAISE
La Guyane est également soumise à des violences quotidiennes, la Guyane porte d'entrée également de la drogue en métropole, il y a déjà 100% de contrôles pour tous les passagers entre la Guyane et Paris, depuis certains contournent ce règlement passant par les Antilles, est-ce qu'il y a la possibilité éventuellement d'étendre ce dispositif, est-ce que c'est à l'étude aujourd'hui ?

MARIE GUEVENOUX
Le dispositif 100% contrôle qui a été mis en place en Guyane c'est une vraie réussite, il a été parfois d'ailleurs contesté par des élus sur place, alors même que vraiment il produit un effet extrêmement fort puisqu'il nous permet d'interpeller avant qu'ils embarquent des mules, donc des gens qui se sont gavés de gélules de cocaïne. Aujourd'hui le trafic se dévie très probablement par d'autres destinations, et donc effectivement on est en train d'étudier très sérieusement la possibilité de mettre en place des contrôles aléatoires sur d'autres zones des Antilles, Guadeloupe et Martinique.

BENJAMIN GLAISE
J'aimerais qu'on parle aussi des élections européennes pour conclure Marie GUEVENOUX. Selon notre ligne IFOP-Fiducial pour Sud Radio pour ces européennes Jordan BARDELLA, pour le RN, est à 31,5% des intentions de vote, la liste Renaissance de Valérie HAYER tombe à 17%, Raphaël GLUCKSMANN pour le PS- Place publique n'a jamais été aussi proche, 12%. Emmanuel MACRON va prononcer jeudi son discours sur l'Europe, est-ce qu'il y a urgence aujourd'hui, est-ce qu'Emmanuel MACRON s'engage pleinement dans cette campagne, est-ce qu'il n'y a pas un risque, comme le disent les oppositions, d'utiliser les moyens de l'Elysée pour faire campagne, c'est un risque éventuel à prendre en compte aussi ?

MARIE GUEVENOUX
Non mais, que le Président de la République s'exprime sur l'Europe, quelle que soit la période, est évidemment un message extrêmement important que les Français ont besoin d'entendre, ils ont besoin de l'entendre, certes maintenant, en 2024, mais aussi en 2023 et probablement en 2025. La France fait partie de l'Europe, beaucoup de décisions qui touchent nos compatriotes sont prises à un niveau européen, la France est un des acteurs majeurs, et le Président de la République a raison de s'exprimer sur cette question. Ceux qui veulent ensuite…

BENJAMIN GLAISE
Ce n'est pas anodin, on est à quelques semaines des élections européennes.

MARIE GUEVENOUX
Ce n'est pas anodin, mais ce n'est pas la première fois que le président s'exprime sur les sujets européens, il le fait extrêmement régulièrement, et heureusement qu'il le fait. Est-ce qu'on imagine un Président de la République qui, au fond, ne s'exprimerait jamais sur l'Europe ? Donc, maintenant, que les oppositions veulent en faire un sujet de polémique dans le cadre de la campagne électorale, je le comprends, mais il faut simplement revenir aux faits qui sont qu'un Président de la République doit s'exprimer sur l'Europe, quelle que soit la période.

BENJAMIN GLAISE
Sur ce discours sur l'Europe, Emmanuel MACRON a convié l'ensemble des eurodéputés, il y a un petit problème puisque ce jour-là ils sont censés, ces eurodéputés, être au Parlement européen pour leur dernière session plénière de leur mandat, est-ce que c'est une maladresse de la part du Président de la République, est-ce que c'est une erreur ?

MARIE GUEVENOUX
Ecoutez, en tous cas ça prouve bien qu'il n'est pas focalisé sur la campagne électorale dans le cadre du discours qu'il prononcera jeudi, parce que j'imagine que s'il avait été focalisé sur la campagne électorale il aurait probablement fait attention à ce souci logistique…

BENJAMIN GLAISE
L'agenda.

MARIE GUEVENOUX
Valérie HAYER devra probablement savoir ce qu'elle va faire pour savoir si elle veut…

BENJAMIN GLAISE
Oui, vous savez un petit peu, vous avez une idée justement de… ?

MARIE GUEVENOUX
Non, non, j'en ai aucune idée, je sais que Valérie HAYER est une parlementaire extrêmement présente et assidue au Parlement européen, qu'elle a rendu un grand nombre de rapports et d'avis, contrairement à Jordan BARDELLA, donc je pense que si… je ne sais pas ce qu'elle fera.

BENJAMIN GLAISE
Elle a tout intérêt, en gros, à siéger au Parlement européen ce jour-là peut-être.

MARIE GUEVENOUX
Je ne sais pas quel est son intérêt, elle le verra elle-même, en tout cas ce qui est sûr c'est qu'elle a un travail, en tant que député européen, qui est d'une grande qualité, d'un grand sérieux, et que Jordan BARDELLA ne peut pas prétendre la même chose.

BENJAMIN GLAISE
Merci beaucoup…

MARIE GUEVENOUX
Merci à vous.

BENJAMIN GLAISE
Marie GUEVENOUX d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio, je rappelle, ministre déléguée chargée des Outre-mer, merci à vous et très bonne journée.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 mai 2024