Texte intégral
M. Jean-François Longeot, président de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable. - Mes chers collègues, je suis heureux de vous accueillir cet après-midi aux côtés de Laurent Lafon pour cette audition conjointe de la commission de la culture, de l'éducation et du sport et de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable.
Nous entrons dans la dernière ligne droite avant les jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024, seulement soixante et onze jours nous séparant aujourd'hui de la cérémonie d'ouverture. Il nous semble donc indispensable de faire un point sur la préparation de cet événement d'ampleur mondiale, plus spécifiquement en ce qui concerne l'organisation de nos réseaux et de notre offre de transport durant cette période.
L'organisation de ces Jeux devrait se traduire par un afflux massif de voyageurs et par des besoins de mobilité beaucoup plus élevés qu'à l'accoutumée dans l'ensemble des villes accueillant des épreuves, notamment en région Île-de-France. Près de 600 000 spectateurs pourraient se déplacer chaque jour - vous pourrez peut-être revenir sur les dernières estimations.
Cet événement sera aussi l'occasion de grandes premières : à titre d'exemple, ainsi que nous l'a indiqué Jean-Pierre Farandou lors d'une audition la semaine dernière, le Stade de France sera rempli et vidé deux fois le même jour. Dans ces conditions, pouvez-vous aujourd'hui nous indiquer si, d'après vous, l'offre de transport permettra d'absorber les flux supplémentaires de passagers ?
En d'autres termes, sommes-nous prêts à faire face aux défis posés par les jeux Olympiques et Paralympiques ? Les plans de transport doivent être adaptés pour augmenter les capacités de déplacements des usagers, mais les infrastructures doivent également être au rendez-vous. Aussi, pourriez-vous faire un point sur les calendriers d'ouverture des nouvelles lignes et des prolongements prévus dans le dossier de candidature de Paris 2024 ? En fin de compte, les promesses formulées en 2017 seront-elles tenues ?
Ces promesses concernaient aussi le prix du ticket pour l'usager. Autant dire que sur ce sujet, la situation a beaucoup évolué. Alors que le dossier de candidature prévoyait que tous les détenteurs de billets pour les épreuves olympiques pourraient voyager gratuitement sur l'ensemble du réseau d'Île-de-France le jour de la compétition à laquelle ils assisteraient, la décision a finalement été prise d'augmenter le prix du ticket de métro pour le porter à 4 euros. Madame la présidente, pourriez-vous revenir sur les raisons qui ont présidé à ces évolutions ?
Relever le défi des mobilités quotidiennes de centaines de milliers de voyageurs sur des durées extrêmement courtes suppose aussi de permettre à tous de se déplacer dans de bonnes conditions. C'est pourquoi je souhaiterais vous interroger sur la politique menée en matière d'accessibilité des réseaux aux personnes en situation de handicap. Dans quelle mesure l'offre sera-t-elle adaptée aux besoins des usagers ?
En outre, les jeux Olympiques et Paralympiques vont assurément conduire à des déplacements cadencés de personnes, au gré des différentes épreuves. Dans ces conditions, il est indispensable que le parcours des voyageurs, leur information en cas de difficulté ou de retard, mais aussi les systèmes de billettique soient accessibles, fluides et ergonomiques, afin de ne pas créer de nouveaux engorgements. Là encore, la France sera-t-elle au rendez-vous en matière d'information voyageur et de billettique ?
Enfin, je souhaiterais vous entendre sur un dernier sujet d'importance, celui des grèves. Comment appréhendez-vous les éventuelles grèves qui pourraient survenir pendant cette période ? La commission de l'aménagement du territoire et du développement durable s'est récemment prononcée sur la proposition de loi visant à concilier la continuité du service public de transports avec l'exercice du droit de grève déposée par Hervé Marseille, qui propose de suivre le modèle italien. Y voyez-vous une réponse possible face à certaines situations ?
M. Laurent Lafon, président de la commission de la culture. - Je remercie, à mon tour, le ministre et la présidente de la région Île-de-France d'avoir répondu à notre invitation. Je me réjouis de cette réunion commune sur un sujet qui intéresse nombre de nos concitoyens, déjà confrontés au quotidien à des problématiques de transport et inquiets des perturbations que pourraient entraîner les jeux Olympiques et Paralympiques.
Du 26 juillet au 8 septembre, la France accueillera en effet cet événement exceptionnel que sont les jeux Olympiques et Paralympiques. Le monde entier aura les yeux rivés sur notre pays. La réussite de cet événement, que nous souhaitons tous, comporte de multiples paramètres. Pour étudier l'ensemble de ces aspects, la commission de la culture, de l'éducation, de la communication et du sport a mis en place une mission d'information chargée du suivi de la préparation des Jeux, dont les rapporteurs sont Claude Kern et Jean-Jacques Lozach. Ceux-ci ont réalisé de multiples auditions au cours des dernières semaines, notamment sur la question des transports. Ils vous interrogeront également.
Le bon déroulement des compétitions appelle un dispositif inédit en matière de transports, auquel l'ensemble des acteurs travaille depuis déjà un moment.
Le défi est triple. Il s'agit d'abord de transporter les spectateurs, venus de France ou de l'étranger, vers et depuis les trente-cinq sites olympiques et dix-neuf sites paralympiques. Ces sites sont répartis sur tout le territoire français, mais ils sont particulièrement concentrés à Paris et en région parisienne.
Il s'agit aussi de transporter le plus efficacement possible les 10 500 athlètes olympiques et les 4 400 athlètes paralympiques, ainsi que l'ensemble des personnes accréditées par l'organisation des jeux Olympiques et Paralympiques et tout leur matériel, du moment de leur arrivée sur le territoire jusqu'à leur départ à la fin des compétitions.
Enfin, ces déplacements propres aux Jeux devront perturber le moins possible les déplacements usuels à cette période de l'année, tant pour les travailleurs que pour les vacanciers.
Le risque sécuritaire, réévalué l'an dernier à la hausse, ajoute une dimension supplémentaire à cette équation déjà complexe. Ce risque, multiple, comprend les menaces cyber. Il constitue une contrainte forte dans l'organisation des Jeux et un facteur de coûts supplémentaires pour l'ensemble des acteurs.
En 2022, à la suite des incidents survenus au Stade de France lors de la finale de la Ligue des champions, le rapport d'information commun des commissions de la culture et des lois a mis en évidence un certain nombre de dysfonctionnements, notamment dans la gestion des flux de personnes venant des RER. Ce rapport a identifié des problèmes de coordination entre les différents acteurs, respectivement responsables du bon fonctionnement des transports, de la sécurité et de l'organisation sportive.
Vous nous direz quels enseignements ont été tirés de cet incident, en précisant notamment comment est assurée la coordination entre vos services, ceux de la préfecture de police et du Comité d'organisation des jeux Olympiques et Paralympiques (Cojop).
L'arrivée de la flamme le 8 mai dernier à Marseille a lancé le compte à rebours des opérations : chacun souhaite que la fête soit réussie, et nous avons toutes les raisons de penser qu'elle le sera.
La question des transports a toutefois été identifiée, dès la candidature de Paris aux Jeux, comme une question sensible. C'est pourquoi il nous paraît important de faire un point sur ce sujet à quelques semaines de l'événement.
Mme Valérie Pécresse, présidente de la région d'Île-de-France, présidente d'Île-de-France Mobilités. - Nous sommes à soixante-douze jours des jeux Olympiques et Paralympiques, et nous sommes prêts comme jamais. Je le dis avec un peu d'expérience : lors des Jeux de Rio, auxquels j'avais assisté, les toilettes des athlètes avaient été installées pendant les Jeux, et l'on peignait encore les stades la semaine précédant les épreuves. Nous ne sommes pas dans ce cas : toutes les infrastructures sportives ont déjà été livrées.
J'ai entendu le Président de la République dire ne vouloir que des médailles d'or aux Jeux. En matière de transport, on pourrait chaque semaine décerner des médailles d'or aux opérateurs, aux spécialistes du secteur des bâtiments et travaux publics (BTP) ou à Alstom, qui livrent dans les délais des chantiers colossaux.
En réalité, les Jeux n'ont pas modifié nos ambitions pour les transports en Île-de-France. Ils ne sont pas à l'origine du plan d'accessibilité des transports, du projet Eole, du projet du tramway T3, du prolongement des lignes 11 ou 14 du métro. Ces projets existaient déjà et figuraient dans les contrats de plan État-région. Force est toutefois de constater que si dans notre pays rien n'arrive à l'heure, surtout pas les trains, grâce aux Jeux, tout arrive à l'heure.
Notre ambition est aussi de conserver pour un certain temps, car je doute que Los Angeles ou Brisbane parviennent à nous égaler sur ce point, la médaille d'or des Jeux entièrement accessibles en transport en commun. Cet engagement, que nous avions pris lors de la candidature de Paris 2024, n'a jamais été tenu par aucune autre capitale. De plus, nos bus et nos navettes fonctionneront non pas au diesel, mais de manière décarbonée.
Ces projets sont spectaculaires, pharaoniques. Ils battent des records : nous avons bouclé le tramway T3 et libéré la porte Maillot ; nous avons prolongé Eole jusqu'à la Défense. Nous inaugurerons prochainement le prolongement de la ligne 11 en Seine-Saint-Denis, après six ans de travaux, même si cette ligne n'est pas directement liée aux Jeux - nous ne voulions pas la sacrifier sur l'autel des Jeux, ni que les Franciliens aient le sentiment que nous n'ouvrions que les infrastructures des Jeux. Il s'agit du plus grand prolongement de ligne de métro jamais réalisé, qui s'étend sur six kilomètres. La ligne 14 sera prolongée au mois de juin entre Saint-Denis-Pleyel et Orly-Aéroport, où l'on pourra se rendre en train automatique sans crainte des grèves. Tous ces travaux sont rendus dans les temps grâce à l'effet magique des JOP.
Ce matin même, Patrice Vergriete et moi-même inaugurions la nouvelle gare de Saint-Denis, à l'issue du plus grand chantier de mise en accessibilité d'une gare en France. Ayant coûté 160 millions d'euros, financés par la région, Île-de-France Mobilités (IDFM) et la SNCF, ce projet concerne l'une des gares de Jeux, qui est la deuxième gare d'Île-de-France et la douzième gare de France, plus grande que celles de Lille ou de Bordeaux.
Nous avons accéléré notre plan d'accessibilité, les jeux Paralympiques nous imposant d'être exemplaires : 95 % des flux de passagers d'Île-de-France emprunteront des transports entièrement accessibles, et toutes les gares des Jeux seront entièrement accessibles. Là encore, les Jeux permettent un bond en avant.
Outre le réseau et les infrastructures, les coûts spécifiques des transports dus aux JOP, du 26 juillet au 12 août, puis du 28 août jusqu'au 10 septembre, représentent une dépense supplémentaire de 250 millions d'euros pour Île-de-France Mobilités.
Ces surcoûts s'expliquent par un renforcement de l'offre, à hauteur de 15% en moyenne par rapport à un mois d'août habituel, mais à hauteur de 70% sur le RER C en direction du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines ou des épreuves d'équitation à Versailles, ou encore sur le RER B, la ligne 14 ou la ligne 13. Toutes les lignes desservant les sites olympiques seront beaucoup plus utilisées que d'habitude.
À cela s'ajoutent 50 000 cartes gratuites de circulation pour les forces de police et de sécurité venant de toute la France, ainsi que 45 000 cartes gratuites pour les bénévoles. S'y ajoute également une série de coûts supplémentaires, notamment les primes actuellement négociées à la RATP, qui devront tenir dans l'enveloppe fixée conjointement avec l'entreprise et le ministère.
Nous augmentons également l'offre de transport en postant près de 450 navettes gratuites à des points névralgiques pour aider ceux qui ne pourraient pas se déplacer à pied jusqu'aux sites, par exemple entre la station Porte d'Auteuil et Roland-Garros, entre Charles-de-Gaulle-Étoile et ce même stade, entre Porte de Saint-Cloud et le Parc des Princes, entre la gare du RER C et le parc de Versailles, entre Massy et Saint-Quentin-en-Yvelines, ou encore à la sortie du RER E et du RER A pour se rendre à la base nautique de Vaires-sur-Marne. Pour ces endroits qui ne sont pas très bien desservis, il faut plusieurs plans de transport. Ces navettes gratuites, accompagnant les spectateurs dans les derniers kilomètres de leurs trajets, sont des bus articulés de dix-huit mètres, cadencés parfois à la minute.
L'offre de transport concerne également l'accessibilité. Dans les huit grandes gares d'Île-de-France, 150 navettes conduiront directement à la porte des sites olympiques les personnes en situation de handicap et leurs accompagnants, pour le tarif d'un ticket de métro.
Ces offres supplémentaires de transport expliquent les 250 millions d'euros de dépenses supplémentaires d'Île-de-France Mobilités durant les Jeux, sans compter les infrastructures, déjà prévues et financées.
À soixante-douze jours des Jeux, tous les plans de transport sont terminés, y compris le plan de transport spécifique de la cérémonie d'ouverture et la mise en place des différents périmètres de sécurité. Que les compétences des uns et des autres soient très claires : il ne m'appartient pas de contester une décision du préfet de police. Certes, durant les réunions préparatoires, nous discutons, et nous avons, par exemple, obtenu que les stations Invalides et Saint-Michel puissent rester ouvertes.
Lorsque l'on est obligé de fermer une sortie de métro à cause d'une infrastructure des JOP, ce sont les pompiers qui décident si le flux de passagers peut ou non s'écouler, et non la région. Si la fermeture de certaines gares ou de certaines correspondances cause des problèmes, il faut en discuter non pas avec la région, qui n'est qu'un exécutant, mais avec la préfecture de police. Cette dernière négocie avec le Cojop pour repousser le plus possible le moment où les gradins de la cérémonie d'ouverture seront montés, afin de fermer le plus tard possible les correspondances et les sorties de métro. Si les correspondances doivent être fermées à cause des infrastructures des Jeux, c'est pour assurer l'éventuelle évacuation du métro en cas d'incident. Personne ne souhaite que les recommandations des pompiers de Paris ne soient pas prises en compte.
Je me réjouis que la cérémonie d'ouverture ne réunisse finalement que 330 000 spectateurs. Île-de-France Mobilités était très inquiet à cause des flux de voyageurs induits, mais ce chiffre, même s'il est important, ne dépasse pas la jauge. La mise en place du périmètre de sécurité aura des impacts significatifs sur de nombreuses lignes de métro et de bus : dix-sept stations de métro et du RER C seront fermées du 18 juillet au 26 juillet inclus, ainsi que le tronçon central de la ligne 7 du métro, entre les stations Jussieu et Palais-Royal-Musée du Louvre. Il y a donc un certain nombre de désagréments pour les Franciliens, je le reconnais.
Par ailleurs, la cérémonie d'ouverture coïncide également avec le chassé-croisé entre les juilletistes et les aoûtiens dans les grandes gares parisiennes. Nous allons le plus possible renforcer l'offre de métros au moment de l'arrivée des spectateurs pour la cérémonie, entre 15 heures et 18 heures, ainsi que vers 23 heures 15, à la fin de la cérémonie. Nous avons décidé d'ouvrir toutes les lignes automatisées durant toute la nuit de la cérémonie d'ouverture, car nous avons pensé que cela permettrait de désaturer la ville si certains spectateurs voulaient prolonger la fête. Les Noctiliens seront renforcés, les lignes circulaires N01 et N02 étant notamment cadencées toutes les six minutes.
La nuit du samedi 10 août, lors du marathon pour tous et de la grande fête de clôture, toutes les lignes de métro et le RER C intra-muros fonctionneront toute la nuit en complément du Noctilien.
Un mot au sujet de la rentrée scolaire, avec laquelle coïncideront les jeux Paralympiques : nombre d'entre vous se sont émus des impacts du plan de transport prévu sur les transports scolaires. Nous donnerons des conseils aux Franciliens. Île-de-France Mobilités a mis en place une application traduite en six langues, Transports publics Paris 2024, qui donne de bons conseils de déplacements. Des itinéraires habituels seront déconseillés : la ligne 13, en raison de sa faible jauge capacitaire, ne rentrera pas dans le plan de transport des jeux Paralympiques pour préserver la rentrée des Franciliens, et les spectateurs seront invités à emprunter les lignes du RER B ou du RER D, ainsi que la ligne H ou les lignes 12 et 14 du métro. Pour l'accès au site de Vaires-sur-Marne, tous les trajets auront lieu sur le RER E, et le RER A ne fera pas partie du plan de transport, car il est trop utile pour la rentrée des Franciliens. Le plan de transport des jeux Paralympiques n'est pas le même que celui des jeux Olympiques.
Les agents et les opérateurs sont massivement mobilisés : il y aura 250 conducteurs de métro supplémentaires, dont 100 conducteurs de la SNCF venant en renfort de province, ainsi que 3 000 conducteurs de bus supplémentaires. Évidemment, les primes sont nécessaires, car on demande à ces agents de reporter leurs vacances : il faudra assurer le service en juillet, en août et aussi en septembre, à la rentrée. Un énorme travail de dialogue social est fait avec les opérateurs. Les discussions sur les compensations indemnitaires sont totalement légitimes, même si j'ai demandé à ce qu'elles respectent l'enveloppe fixée.
Un mot sur les tarifs. Tous les titres de transport seront dématérialisés et disponibles sur les appareils Android et Apple. Les tarifs des transports durant les Jeux ont été fixés à un niveau élevé. Je le sais, mais ce n'est pas ma faute, même si c'est ma responsabilité. C'est le Cojop qui avait promis la gratuité des transports, avant de réaliser en 2021 qu'il ne disposait pas de l'argent pour la financer. Je m'étais alors tourné vers l'État, qui m'avait indiqué qu'il ne pouvait pas non plus assurer ces coûts. Il revenait donc à la région d'Île-de-France d'assumer une dette de 250 millions d'euros. Je suis désolée, mais il était hors de question de laisser cette dette aux Franciliens, alors qu'elle représente une hausse du tarif du Pass Navigo de 8 euros.
Le premier objectif est donc de ne pas laisser la dette relative aux JOP aux Franciliens. Le deuxième objectif, non négligeable, est de réguler les flux de voyageurs, qui constituent le vrai problème auquel nous sommes confrontés. Nous ne voulons pas d'encombrements aux entrées des gares et des stations. Nous sommes obligés de laisser une possibilité d'achat au guichet ou auprès du conducteur, mais l'objectif est que chacun prenne ses tickets par internet, à l'avance, pour plus de fluidité. Nous le martèlerons : tout est accessible sur internet. Le passe Paris 2024 à 16 euros par jour permet l'accès aux aéroports, qui coûte aujourd'hui 12 euros. Il est au juste prix, il permet de circuler de manière illimitée dans toute l'Île-de-France. J'aurais préféré qu'il soit moins cher, mais personne n'a proposé de le financer.
Une signalétique dédiée sera installée, et la présence humaine sera renforcée. Nous déploierons1 000 agents de sécurité en plus dans les transports pendant les Jeux, 62 équipes de cynodétection pour repérer les colis abandonnés, 85 000 caméras équipant la totalité des gares, des bus, des tramways et des trains, et nous disposerons d'un centre de commandement unique financé par l'État et la région à la préfecture de police. De plus, nous créerons une brigade régionale des transports, et j'espère que, grâce à l'adoption rapide de la proposition de loi relative au renforcement de la sûreté dans les transports de M. Tabarot en cours d'examen à l'Assemblée nationale, nous pourrons donner plus de pouvoir aux agents de sécurité dans les transports, ce qui sera très utile.
L'effort est collectif et l'ambition est olympique.
M. Patrice Vergriete, ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports. - Nous sommes en effet à un peu plus de soixante-dix jours du début des Jeux. Nous sentons avec l'arrivée de la flamme olympique le début d'un engouement populaire, ce dont je me félicite. Nous souhaitons tous que ces Jeux soient une fête qui nous permette de donner une très belle image de notre pays.
L'enjeu en matière de transport est important : il faut concilier différents flux, qui émanent, d'une part, directement des jeux Olympiques et Paralympiques, avec les spectateurs, les athlètes et les accrédités, et, d'autre part, des déplacements du quotidien. La conciliation de ces flux constitue le défi des transports.
Notre pays a souhaité démontrer son exemplarité : les Jeux seront entièrement accessibles en transport collectif ou à vélo, et nous donnons, avec notre politique de transport, l'image d'un pays qui privilégie les enjeux relatifs au développement durable.
Nous voulons que les différents acteurs, l'État, la région, la Ville de Paris, jouent collectif. Le comité stratégique des mobilités des JOP de 2024 a ainsi préparé ces travaux pour que les transports soient à l'heure au moment des Jeux.
Tous les plans de transport sont aujourd'hui validés. L'augmentation de l'offre globale de transports en Île-de-France atteint 15 % en moyenne, et plus de 70 % sur certaines lignes. La semaine dernière, j'étais à Châteauroux où des trains et des rames supplémentaires sont prévus le matin et le soir, ainsi que des navettes. En province, les plans de transport sont donc également largement validés.
Au sujet des plans de transport, le seul point qui reste en discussion lors des réunions du comité stratégique des mobilités des JOP de 2024 est celui de l'ouverture de la station Champs-Élysées-Clemenceau. Il semble que nous nous dirigions vers sa fermeture, mais j'ai souhaité que l'on étudie de plus près la possibilité de garder cette station ouverte, afin de faciliter les déplacements des Franciliens, notamment en ce qui concerne la correspondance avec la ligne 13.
Avons-nous rempli l'ensemble du cahier des charges pour les infrastructures ? Deux manquent à l'appel : le Charles-de-Gaulle Express ne sera pas au rendez-vous ni la ligne 15 au sud de l'Île-de-France. Pour tout le reste, le cahier des charges est tenu, témoignant du coup d'accélérateur permis par les jeux Olympiques.
Valérie Pécresse et moi-même avons déjà eu l'occasion d'inaugurer ensemble plusieurs infrastructures : le prolongement du tramway T3B, celui du RER E, la gare de Saint-Denis ce matin, demain après-midi nous inaugurerons le franchissement urbain Pleyel, puis au mois de juin le prolongement de la ligne 14 et la mise en accessibilité de la gare du Nord. Nous pouvons être fiers de voir toutes ces infrastructures au rendez-vous.
Il s'agira là d'un véritable héritage des Jeux. Il y aura peut-être des nuisances pour les déplacements au quotidien durant les Jeux, mais cet héritage, essentiel, améliorera largement les services de transports franciliens.
Nous pouvons y ajouter les travaux réalisés pour le vélo : 400 kilomètres de pistes cyclables, les « olympistes », 27 000 places de stationnement, 46 000 vélos en libre-service.
L'accessibilité a été un élément saillant des différents plans de transport. Un dispositif nous permet de disposer bientôt de 1 000 taxis accessibles, contre 250 actuellement. On peut également mentionner la mise en accessibilité de la gare de Saint-Denis et de la gare du Nord, ainsi que la formation des agents au handicap. Les personnes en fauteuil seront également mieux prises en charge dans les aéroports.
Le comité stratégique des mobilités des JOP de 2024 a fait le choix d'anticiper et de prévenir à temps la population afin de lui permettre d'adapter son comportement quand elle peut le faire. J'ai été frappé par la capacité d'adaptation des Franciliens lors de la fermeture de l'autoroute A13. Il est vrai qu'aujourd'hui il y a de nombreux embouteillages, et j'entends ceux qui les considèrent comme un enfer, mais ces embouteillages n'ont pas été aussi importants que ce que nous le craignions. La population s'est donc adaptée à la paralysie consécutive à cette situation.
Mme Pécresse a évoqué l'application développée par IDFM. Le Gouvernement a mis en place le site internet anticiperlesjeux.gouv.fr. Ces deux outils, en relation, permettent d'anticiper et de repérer en temps réel la fréquentation sur les différentes lignes et dans les différentes stations. Cela donnera une visibilité complète pour choisir son itinéraire en temps réel. La campagne de communication a plutôt été un succès : nous comptons 1,5 million de visiteurs du site, et 60 000 personnes se sont déjà abonnées à ses alertes. Un énorme travail a été mené avec les professionnels de la logistique urbaine pour trouver des itinéraires adaptés et optimiser les déplacements en temps réel.
Au sujet de la sécurité, Mme Pécresse a évoqué la proposition de loi de M. Tabarot, qui sera bientôt examinée par l'Assemblée nationale après avoir été adoptée par le Sénat. Elle donnera des outils complémentaires aux opérateurs, qui se sont déjà fortement mobilisés pour augmenter le nombre de patrouilles dans les transports.
L'accueil est aussi particulièrement développé, notamment grâce aux volontaires qui orienteront les spectateurs et les athlètes durant les Jeux : 1 500 volontaires à Aéroports de Paris (ADP), 10 000 à la SNCF, 3 000 à la RATP. Des moyens humains considérables sont déployés pour aider ceux qui se déplaceront à cette période.
Vous avez évoqué le risque cyber, que nous considérons avec beaucoup d'attention. Avec les institutions spécialistes, nous sommes en train de tester nos infrastructures numériques, notamment celles relatives aux transports, par des méthodes de crise.
Monsieur le président, vous avez évoqué la question de la grève. Le dialogue social en cours à la RATP et à la SNCF sur la question des primes relatives aux JOP est légitime si l'on parle d'annuler des congés et de faire accepter des règles qui imposent d'être présent à la fois durant l'été et pendant la rentrée. Je n'ai aucune raison d'être inquiet.
Je me suis exprimé sur ce sujet lors de l'examen de la proposition de loi visant à concilier la continuité du service public de transports avec l'exercice du droit de grève déposée par Hervé Marseille, en insistant sur le risque d'inconstitutionnalité qu'elle soulève. Je vous rappelle qu'en Italie, cette démarche trouvait son origine non pas dans la loi, mais dans un accord entre les partenaires sociaux, ensuite ratifié par la loi. Si nous devions emprunter cette voie, le faire par le dialogue social me semble la méthode la plus adéquate.
M. Philippe Tabarot. - Les jeux Olympiques seront un test grandeur nature, car ils solliciteront au plus haut point les infrastructures. Île-de-France Mobilités et les opérateurs seront les principaux acteurs d'une histoire qui, je le crois, se passera bien, tant l'investissement humain et matériel est au rendez-vous. Il est temps de couper court aux discours anxiogènes et aux polémiques prématurées selon lesquelles les déplacements vireront au cauchemar. Si c'était le cas, chacun rendra des comptes, mais en temps voulu.
Pour autant, d'évidentes crispations pourraient enrayer la qualité du service. Le premier sujet, ce sont les grèves. Depuis de nombreux mois, le Sénat a lancé plusieurs initiatives à leur propos. Bruno Retailleau, Hervé Marseille et moi-même avons déposé des propositions de loi pour lutter contre les abus manifestes du détournement du droit de grève. Pourquoi, monsieur le ministre, ne pas avoir repris nos propositions en temps et en heure ? Avez-vous payé toutes les rançons demandées pour passer les JOP sans encombre syndicale ? Si la prime pour les JOP est légitime, c'est la question du financement des départs en retraites qui a coûté la présidence de la SNCF à Jean-Pierre Farandou. L'augmentation durable de 400 euros demandée par le syndicat SUD-Rail pour tous les personnels de la SNCF outrepasse probablement les services sollicités pour cette période. Nous ne pourrons pas indéfiniment continuer à fermer les yeux et à baisser la tête face au colossal pouvoir considérable de nuisance d'une minorité contre la majorité des Français.
Le second sujet, c'est la sécurité dans les transports. Je vous rappelle qu'en 2023 près de 7 000 personnes ont été victimes de vols avec violences ou de coups et blessures dans les transports en commun. En parallèle, nous observons une forte hausse du port d'objets dangereux dans les transports. La SNCF estime ainsi que plus de 4 000 objets dangereux ont été introduits l'année dernière sur son réseau, notamment des hachoirs de boucher, des pics à glace, des couteaux ou des battes de base-ball.
La proposition de loi relative au renforcement de la sûreté dans les transports a été adoptée par le Sénat. Elle vise à développer un arc de prévention élargi, à renforcer l'arsenal et les prérogatives des forces de sûreté, ainsi qu'à créer de nouveaux délits. Nous espérons, après l'examen plutôt positif ce matin même de plusieurs articles de ce texte en commission des lois à l'Assemblée nationale, son adoption rapide.
Monsieur le ministre, deux mesures relèvent directement de vous et du pouvoir réglementaire. Êtes-vous prêts à vous engager, à l'instar de votre prédécesseur, pour que les agents de la surveillance générale de la SNCF (Suge) ou du groupe de protection et de sécurité des réseaux de la RATP (GPSR) soient dotés de pistolets à impulsion électrique, dits Taser, ou pour mobiliser la réserve opérationnelle de la police nationale en complément des forces de sûreté et des forces de l'ordre, dans l'intérêt des usagers des transports en commun ?
Madame la présidente, l'État tiendra-t-il ses engagements une fois les Jeux passés, pour accompagner la région dans le financement et l'offre liée à ces infrastructures nouvelles du quotidien ?
M. Jean-Jacques Lozach. - Vous avez présenté la mise en place de l'organisation et de la fonctionnalité des infrastructures. Pourriez-vous nous apporter quelques précisions au sujet de la méthode de concertation retenue avant que les décisions relatives à l'organisation des JOP n'aient été prises ? L'avis des associations d'usagers, voire de leur fédération nationale, a-t-il notamment été pris en compte ?
Monsieur le ministre, nous sommes très sensibles à l'héritage olympique, formalisé dans le document France 2024, porté par le ministère des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques, mais qui engage également d'autres ministères. Sur les 170 objectifs stratégiques de ce document, un seul concerne les mobilités, le plan vélo. Cela n'est-il pas décevant, et ce document de référence ne mérite-t-il pas d'être très rapidement complété ?
M. Hervé Gillé. - Madame la présidente, monsieur le ministre, je souhaite vous interroger sur trois enjeux soulevés par la tenue des jeux Olympiques et Paralympiques.
Premièrement, il sera indispensable d'assurer une articulation efficace entre les différents modes de transport pour absorber le flux sans précédent de voyageurs. Le recours aux mobilités douces sera nécessaire pour limiter l'engorgement des transports collectifs et maîtriser les émissions polluantes tout au long des Jeux. Quelles mesures ont été prises pour renforcer l'offre en la matière et garantir une intermodalité fluide ? Les sites olympiques et paralympiques seront-il réellement accessibles par les mobilités douces ?
Deuxièmement, madame la présidente, vous aviez annoncé en début d'année qu'à compter du mois de juin, en cas de malaise voyageur, les conducteurs de métro seraient autorisés à repartir sans attendre l'arrivée des secours à quai pour assurer la régularité du service. Ce point peut être inquiétant pour la sécurité des voyageurs, d'autant qu'une chaleur caniculaire risque de peser à cette période. Ce protocole sera-t-il effectivement mis en place, et quelles mesures sont-elles prévues pour prévenir les malaises voyageurs liés à l'afflux des passagers et à d'éventuelles fortes chaleurs ?
Enfin, troisièmement, je souhaite aborder la question du transport de marchandises. Nous avons récemment reçu des responsables de ce secteur qui sera mis à rude épreuve cet été, du fait des risques de congestion du trafic et des restrictions de circulation. Quelles stratégies seront-elles mises en place pour accompagner les transporteurs et garantir le fonctionnement de la chaîne logistique jusqu'au coeur de la ville pendant les Jeux ? Il s'agit d'une opportunité pour expérimenter à grande échelle une logistique urbaine plus durable et fluide. Certaines mesures appliquées cet été sont intéressantes, notamment le recours accru au transport fluvial ou à la cyclologistique, les livraisons en horaires décalés ou l'augmentation de l'offre d'aires de livraison. Pourront-elles être pérennisées après les Jeux ?
M. Claude Kern. - J'ai trois questions complémentaires. Tout d'abord, vous avez indiqué que les plans de transport étaient terminés, tout en évoquant la nécessité d'un dispositif résilient pour faire face aux flux et répondre à tous les incidents éventuels. Il faut donc disposer de dessertes multiples pour tous les sites. Est-ce bien le cas ? Au cas où cette redondance ne serait pas assurée, comment répondrez-vous à un incident de circulation ?
Ensuite, des exercices sont réalisés pour anticiper des situations de crise. Que prévoyez-vous en cas de canicule, sachant que de nombreuses gares ne sont pas climatisées, et que les spectateurs sont incités à se déplacer à pied ou à vélo ?
Enfin, ma dernière question porte sur les retombées économiques des JOP. À l'évidence, ces retombées seront positives sur le tourisme et l'hôtellerie, mais des retombées négatives sont également à craindre pour de nombreux commerçants, en raison de la perturbation des transports et de la circulation. Ces impacts positifs et négatifs ont-ils été évalués à l'échelon de la région ?
M. Pierre Barros. - Je vous remercie de vos propos enthousiasmants : nous avons tous envie que la fête soit réussie.
Les jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 seront l'occasion d'accueillir entre 10 et 15 millions de touristes dans Paris et sa métropole. Cette situation exceptionnelle met au défi plusieurs secteurs d'activité, en particulier l'hébergement et le transport, dont l'énorme travail mérite d'être salué.
En ce qui concerne les transports, les retards accumulés en matière d'investissement, y compris pour les projets en cours comme le Grand Paris Express, associés à une offre structurellement insuffisante, font craindre la saturation du réseau durant l'été, après celle que les Franciliens connaissent déjà au quotidien.
La candidature de Paris s'appuyait sur le prolongement de la ligne 14, la construction des lignes 15, 16 et 17, ainsi que sur celle du Charles-de-Gaulle Express. En définitive, seules les lignes 14 et 11 ainsi qu'une portion du RER E, jusqu'à Nanterre, seront livrés à temps.
L'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle devait être desservi par le RER B, le Charles-de-Gaulle Express et la ligne 17 du métro. L'aéroport du Bourget devait aussi être relié à cette dernière ligne. Malheureusement, cela sera impossible. Le RER B devra donc couvrir seul ces itinéraires, alors que même la Cour des comptes indiquait au sujet de cette ligne dans son rapport annuel qu'« il ne se passe pas une semaine sans que des incidents de toute nature fassent l'actualité ».
Ce constat peut d'ailleurs être étendu aux autres lignes de RER, tant la dégradation des conditions de transport est synonyme de galère pour les presque 5 millions d'abonnés du passe Navigo - hier soir, j'ai mis presque trois heures pour rentrer chez moi, dans le Val-d'Oise.
À cela s'ajoutent de nombreux " bugs " - je vous cite, madame la présidente -, liés à l'ouverture à la concurrence des lignes de bus en grande couronne, qui concerne notamment la DSP3 : lignes supprimées sans que les élus en soient clairement avertis, chauffeurs qui attendent pendant plusieurs heures des bus très usagés qui peinent à sortir des ateliers de réparation et doivent prendre leur service en retard... Il semblerait que les bus électriques tombent très facilement en panne, et doivent souvent être remplacés par des bus diesel.
Comment, dans ces conditions, envisager sereinement de transporter les millions d'usagers du quotidien et le public des JOP cet été ? Ne soyons pas naïfs au sujet de l'impact des départs en vacances et du télétravail : comment ne pas être inquiet quant à un éventuel délaissement de certaines dessertes, en particulier des quartiers populaires et ruraux qui ne sont pas situés à proximité de sites olympiques ? En plein coeur de Paris, il faut parfois attendre une heure pour prendre un bus sur une ligne intra-muros. En effet, dans ces conditions, il reste la marche... Comment ne pas s'interroger au sujet de la période d'après les jeux Olympiques et Paralympiques, quand les personnels qui auront assuré le service tout l'été poseront leurs droits à congés ? Le sujet concerne également les forces de l'ordre et de secours.
Nombre d'élus de banlieue sont inquiets, voire en colère : ils ne comprennent pas ces partis pris. Vous avez pris des engagements devant eux. Vous devrez les tenir, pour que ces JOP ne soient pas un bouchon continu, mais bien une fête pour toutes et tous.
M. Michel Savin. - Permettez-moi de parler à double voix avec ma collègue Agnès Evren, qui n'a pas pu être présente à cette réunion.
Mme Evren souhaitait vous interroger sur l'immense défi logistique que représentent ces Jeux, en raison du nombre de sites à desservir à Paris, ainsi qu'en petite et en grande couronne. L'ambition est de permettre à l'intégralité des près de 500 000 spectateurs attendus chaque jour de se rendre sur les sites olympiques en transport en commun. Comment la coordination opérationnelle entre les lignes des réseaux de la RATP et celles de la SNCF sera-t-elle assurée ? Comment avez-vous procédé pour élaborer ce plan de transport sur mesure pour les JOP, sur quels principes et sur quelles données vous êtes-vous appuyés pour adapter le réseau ?
Monsieur le ministre, vous avez mentionné l'objectif de disposer de 1 000 véhicules taxis accessibles, en Île-de-France comme dans les autres métropoles accueillant des épreuves. Combien de dossiers ont-ils été actuellement déposés, et quel est le coût pour l'État des aides à l'achat ou à la location de longue durée de véhicules ?
Mme Marta de Cidrac. - Monsieur le ministre, j'ai cru entendre une forme de satisfecit dans vos propos au sujet de la fermeture de l'autoroute A13. Restera-t-elle fermée plus longtemps que ce qui était prévu ? Pouvez-vous indiquer une date pour sa réouverture ? Nous sommes loin d'avoir la même impression que vous quant aux stratégies mises en place pour surmonter une situation qui pénalise nombre de franciliens qui utilisent quotidiennement cette partie de l'autoroute.... Je défends l'utilisation des transports en commun, mais certains ne peuvent pas faire autrement que d'utiliser leur voiture.
Mme Laure Darcos. - Je souscris pleinement aux propos de ma collègue Marta de Cidrac. Madame la présidente de région, vous avez évoqué la rentrée scolaire, qui aura lieu en même temps que les jeux Paralympiques. La situation risque en effet d'être difficile. Vous m'avez un peu rassurée, mais je reste inquiète notamment au sujet des transports scolaires en grande couronne. Pouvez-vous nous assurer que les cars scolaires seront disponibles pour tous les Franciliens au moment de la rentrée ?
Mon inquiétude porte également sur le télétravail dans les entreprises. J'ai entendu le message gouvernemental qui passe en boucle à la radio, mais ne faut-il pas être plus alarmiste vis-à-vis des entreprises qui n'ont toujours pris aucune disposition envers leurs salariés ? Ceux-ci éprouvent de l'angoisse à l'idée de devoir se rendre à leur travail cet été, mais n'osent pas demander eux-mêmes à leur employeur de télétravailler. La région ne pourrait-elle pas émettre des injonctions plus fortes afin d'alerter les entreprises, et leur indiquer que la situation risque d'être extrêmement compliquée si leurs salariés doivent emprunter les transports ?
M. Pierre Ouzoulias. - Étant conseiller départemental des Hauts-de-Seine, je ne m'exprimerai pas sur la situation engendrée par l'affaissement de l'autoroute A13.
Vous avez tout à fait raison, monsieur le ministre, l'application anticiperlesjeux.gouv.fr que vous avez mise en ligne est un franc succès : compte tenu des difficultés de transport annoncées sur cette application, les franciliens en déduisent que la meilleure solution est de partir ! Il me paraît contradictoire de dire que les JOP seront une immense fête populaire, à laquelle tout le monde doit participer, sauf en Île-de-France et dans les autres endroits où l'on n'aura pas les moyens de transporter la population...
Sur la ligne B, dont je suis un usager, les difficultés sont quotidiennes. On n'imagine pas qu'il puisse y avoir une affluence supplémentaire sur cette ligne, qui est déjà dans l'incapacité d'assurer ses missions de service public. Les usagers sont très inquiets. Votre site ne les a pas du tout rassurés ; au contraire ! Il leur donne le sentiment que les choses se passeraient beaucoup mieux sans eux.
Je pense que ce n'était pas le bon message à faire passer. On semble oublier que les JOP, c'est aussi le rassemblement de personnes qui s'unissent sur des valeurs universelles. À cet égard, on aurait pu faire montre d'une plus grande solidarité, y compris envers les Franciliens.
Mme Mathilde Ollivier. - Cet été, particulièrement pendant la période des jeux Olympiques, nous serons en période de chassés-croisés sur les routes, mais aussi dans les trains. Il a été indiqué qu'il n'y aurait pas de trains supplémentaires sur les lignes à grande vitesse de la SNCF. Je m'interroge sur la capacité de l'offre ferroviaire à assurer un trajet à l'ensemble des voyageurs, entre ceux qui voudront passer par la capitale pour rejoindre leur destination de vacances et ceux qui voudront se rendre à Paris pour les jeux Olympiques.
Les JOP constituaient l'occasion de laisser un héritage solide pour la vie quotidienne des personnes en situation de handicap. Le taxi, les navettes dont vous nous avez parlé ne sont pas des solutions pérennes au défi de l'accessibilité des transports aux personnes handicapées. Comment combler ce retard ? Quel sera l'héritage pour le transport des personnes en situation de handicap après les jeux Olympiques et Paralympiques ?
Le projet de création, à titre expérimental, d'un vertiport, m'a stupéfaite. J'ai bien compris que cette expérimentation de taxis volants ne concernera que des invités, mais cela fera de Paris la première capitale au monde à mettre en oeuvre du transport aérien urbain. Ce mode de transport, particulièrement énergivore et réservé à des nantis, est-il une bonne idée, à l'heure où l'objectif est de réduire fortement les émissions de CO2 ? Il ne fera qu'augmenter la disproportion de l'empreinte carbone en fonction du niveau de richesse. Pouvez-vous revenir sur cette expérimentation et ses objectifs ? Avant de s'occuper du ciel, il est peut-être plus important de se concentrer sur la terre et le sous-sol.
M. Laurent Lafon, président de la commission de la culture. - C'est parfois complémentaire !
M. Adel Ziane. - Je me joins aux propos de mon collègue Philippe Tabarot. Nous en arrivons à une phase importante de la dimension événementielle, comme on l'a vu à Marseille.
Je veux insister sur le côté festif de l'événement et sur la prise de conscience par les Français et les Françaises de l'enjeu. Dans mon département de la Seine-Saint-Denis, l'héritage - que ce soit le village olympique, que nous avons inauguré il y a quelques semaines ; le franchissement urbain de Pleyel ; le centre aquatique, à Saint-Denis ; ou encore le village des médias - permettra d'accélérer l'amélioration du quotidien des habitants. Autre élément de cet héritage : le prolongement de la ligne 14, jusqu'à Pleyel - la gare a été inaugurée hier - et jusqu'à Orly prochainement.
On a compris qu'il y aurait trois types de flux durant les jeux Olympiques : celui des athlètes et de leurs accompagnants, celui des millions de spectateurs, dont on ignore encore le nombre précis, et, bien évidemment, celui des voyageurs habituels du réseau.
À la fin de l'année 2023, 5 lignes de métro étaient sous le seuil des 90 % de régularité. La ligne 13 sera stratégique pour desservir le stade de France durant les JOP, avec des journées où ce stade se remplira et se videra jusqu'à trois fois. Comment cet afflux exceptionnel va-t-il être traité ?
Je m'associe aux propos de Laure Darcos sur le télétravail. J'ai l'impression que, dans le secteur public, le message est en train de passer, mais peut-être faudrait-il une campagne de communication plus forte à destination des entreprises du secteur privé pour faciliter le télétravail - les capacités existent aujourd'hui.
Les agents de la fonction publique seront fortement mobilisés pour la réussite des jeux Olympiques, dans les transports en particulier. Après l'été se posera la question des compensations, des congés. Or ce sera le moment des jeux Paralympiques, de la rentrée des classes et du retour des Franciliens en Île-de-France.
Ma dernière question porte sur l'application éphémère Transport public Paris 2024. Le directeur d'Île-de-France Mobilités nous a annoncé, en janvier dernier, qu'une collaboration était en cours entre le ministère des transports et des acteurs comme Google Maps et Citymapper. Où en sont les discussions sur cet outil complémentaire pour permettre aux Franciliens et aux Franciliennes comme aux touristes qui viendront participer à l'événement de se repérer dans les différents lieux et sites olympiques de l'Île-de-France ?
Mme Colombe Brossel. - La fête va être belle. Nous allons vivre un événement extraordinaire, qui n'arrivera pas deux fois dans nos vies. Et nous allons tout faire pour que la fête soit réussie, populaire, et qu'elle laisse un héritage. Notre pays a bien besoin de tels moments !
Pour autant, pour que la fête soit belle, il faut qu'elle soit belle pour tout le monde. Évidemment, en tant que sénatrice de Paris, je m'interroge sur la compatibilité de tout cela avec les transports du quotidien des Parisiens et des Franciliens. De fait, une partie d'entre eux seront présents, comme tous les étés, et utiliseront les transports...
Je crois que personne ne remet en question la nécessité, à un certain nombre d'étapes - on a parlé de la cérémonie d'ouverture -, de fermer des stations de métro, pour des questions de sécurité. J'ai compris qu'il y avait un sujet sur la station Champs-Élysées-Clemenceau. Comment parvient-on à éviter des fermetures de stations ou de zones de transit qui seraient tellement longues qu'elles perturberaient la capacité des usagers du métro à se déplacer ? Comment sont organisés les itinéraires bis et, surtout, les connexions bis ? Comment communique-t-on spécifiquement sur ce sujet, qui n'est pas anecdotique ? J'avais compris qu'il y avait des interrogations concernant la station Franklin D. Roosevelt, mais je vous vois dire non de la tête. Sommes-nous vraiment parvenus au bout des discussions sur la durée de ces fermetures ?
Lors de son audition, j'avais interrogé le préfet Michel Cadot sur l'accompagnement des visiteurs, notamment dans les moments de flux très importants. Sa réponse m'avait laissée un peu sur ma faim... Quelques mois plus tard, je compte sur vous pour nous donner davantage d'éléments concrets.
On sait que c'est dans les endroits dans lesquels l'afflux sera important qu'il y aura des difficultés. Je pense notamment à l'ouest de Paris, avec le parc des Princes et Roland-Garros. Nous avons compris que l'offre de transport supplémentaire ne permettra pas d'absorber tous les flux et qu'il y aura un important dispositif humain pour permettre de les organiser et de les réguler. Dont acte ! Êtes-vous aujourd'hui en mesure de nous dire quels seront les ordres de grandeur de la mobilisation humaine sur ce point nodal ? C'est vraiment l'un des points de difficulté identifiés par tous depuis le début. J'imagine que des agents de la SNCF, de la RATP, des volontaires et, peut-être, les forces de sécurité seront mobilisés ?
Le préfet Cadot laissait entendre qu'il y aurait une mobilisation assez large. Combien y aura-t-il de bataillons ? Comment tout cela va-t-il s'organiser ?
Mme Valérie Pécresse. - Je veux encore une fois remercier publiquement Élisabeth Borne et Clément Beaune ainsi que le Parlement d'avoir voté les financements d'Île-de-France Mobilités pour l'après-Jeux. Il ne suffit pas d'ouvrir des lignes nouvelles ; encore faut-il pouvoir les faire fonctionner ! Nous avions besoin de cette contribution des entreprises pour rester à l'équilibre. Cela me permet de ne pas faire peser le financement de ces lignes sur les seuls usagers.
Je laisserai le ministre Patrice Vergriete répondre à Jean-Jacques Lozach sur l'offre de taxis, puisque cela relève de sa responsabilité. Je note tout de même que nous disposerons de 1 000 taxis à hydrogène, dont la région finance les bornes de recharge ainsi que le développement. Ce sera la première flotte urbaine de taxis hydrogène au monde ! C'est une première mondiale. Cela permettra de commencer à développer une offre de mobilité hydrogène en Île-de-France.
Pour ce qui concerne le plan vélo, 400 kilomètres de pistes cyclables sont prévus uniquement pour les Jeux - lancés à 50 % par la région -, et 30 000 places de parking sont déjà construites. Chaque fois que Patrice Vergriete et moi-même inaugurons des gares, nous inaugurons aussi d'immenses parkings vélo. Celui de la gare du Nord sera l'un des plus grands de France. Ces parkings seront évidemment sécurisés et offriront un " écosystème vélo ", avec, notamment, la possibilité de faire réparer son vélo.
Je ne m'exprimerai pas sur Vélib, qui ne relève pas de ma responsabilité. En revanche, je puis vous dire qu'il y aura 2 000 vélos électriques Véligo supplémentaires en location longue durée durant les mois de juillet et d'août, pour permettre notamment aux bénévoles et à tous ceux qui travailleront pour les Jeux de se rendre sur les sites.
J'ajoute que nous ouvrirons, en juin, une plateforme qui s'appellera Emplois post-JO pour tous les métiers de transport, de l'hospitalité et de la sécurité. Nous avons déjà toute une série de grands partenaires qui recruteront les salariés et les bénévoles des JOP sur cette plateforme : Accor, Disney, Sodexo, mais aussi toutes les polices municipales, les grands opérateurs de transport... De fait, entre 35 000 et 50 000 personnes ayant reçu une formation ou obtenu un contrat JOP risquent de rester sur le carreau. La région organisera des formations passerelles, et les CV et les demandes des employeurs pourront être déposés dès juin. Ce dispositif est très important. Je pense notamment aux métiers de la sécurité, où la demande est énorme ; les collectivités, notamment, pourront se nourrir de ces 25 000 personnes supplémentaires que nous avons formées.
Monsieur Gillé, que ce soit à Londres ou à Tokyo, le protocole de sécurité pour les malaises voyageurs commande de sortir l'usager de la rame. Ce n'est pas le cas en France. Je ne connais pas l'historique de notre protocole de sécurité. Peut-être a-t-il été copié sur le protocole des pompiers pour les accidents intervenus dans la rue ?
Pour ma part, je défends depuis très longtemps les pratiques que j'ai pu observer à Londres et à Tokyo. L'objectif n'est pas de privilégier le fait de faire rouler la rame - ce sera la conséquence positive. Si l'on sort la personne de la rame, la rame poursuivra son chemin, mais ce qui importe, c'est de choisir le meilleur pour la sécurité de cette personne. Or, quand on la laisse dans la rame, on vide la rame, donc on remplit le quai, ce qui empêche les services secours d'atteindre le voyageur et risque de créer d'autres malaises. À l'inverse, si l'on sort la personne de la rame - il existe tout un protocole, supervisé par les pompiers et le Samu -, les services secours pourront accéder très vite à celle-ci, puisque le quai sera libre. On protège donc à la fois la personne et la régularité des trains, ce qui est gagnant-gagnant.
Ce protocole entrera en vigueur à la suite d'un processus de dialogue social à la RATP. Malheureusement, la SNCF ne pourra le mettre en vigueur que sur la station du RER B de la gare du Nord. J'aurais souhaité que ce soit beaucoup plus rapide, mais la modification d'un protocole de sécurité implique de la concertation et de la formation.
C'est d'autant plus important compte tenu du risque de canicule. J'ai réuni hier Jean Castex et Jean-Pierre Farandou et toutes les équipes de la RATP et de la SNCF pour que nous nous dotions d'un plan canicule. Celui-ci conduira à ce que 100 fontaines à eau, financées par Île-de-France Mobilités, soient installées dans les 50 gares des Jeux. Il y aura également des brumisateurs, des aspergeurs de gouttes d'eau, en lien avec les villes hôtes des Jeux. Cependant, un brumisateur implique d'avoir un point d'eau et un accès à l'eau, ce qui n'est pas toujours simple. La Ville de Paris a aussi travaillé sur l'accès aux points d'eau près des stations de bus. On voit que nous sommes tous en train de nous mobiliser. Bien évidemment, il faudra aussi distribuer des bouteilles d'eau. Nous sommes en train de réfléchir au stockage, à la logistique, pour pouvoir gérer une éventuelle situation caniculaire.
Je rappelle qu'il y a huit ans, avant que je ne sois présidente de région, Île-de-France Mobilités achetait des bus diesel non climatisés. Maintenant, nous n'achetons que des bus électriques et climatisés. Cela change la donne. Nous allons essayer de mettre le maximum de ces bus climatisés sur les Jeux - en tout cas, il n'y aura que des bus propres, tous les bus n'étant pas encore climatisés.
Nous pensons à l'inverse que les Jeux auront un impact très positif pour les commerçants, même si ce n'est pas forcément pour tout le monde ni dans tous les secteurs.
Je veux évoquer le précédent positif de la Coupe du monde de rugby. À écouter les hôteliers et les autres acteurs, la Coupe allait être une catastrophe sur le plan des transports et du tourisme ! Or tout s'est très bien passé. Nous avons eu 500 000 visiteurs de plus que d'habitude, avec des retombées économiques absolument spectaculaires, qui ont d'ailleurs peut-être conduit nos hôteliers à placer la barre un peu haut en termes de coût des nuitées. Les impacts négatifs, pour les commerçants, tiendront à des questions de logistique et de limitation de transport, sujets de sécurité qui ne relèvent pas de ma compétence.
M. Barros m'a demandé de faire un bilan des transports en Île-de-France. Hier, j'ai réuni Jean-Pierre Farandou, Jean Castex, la SNCF et la RATP. L'enquête annuelle de satisfaction, qui porte sur 150 000 voyageurs, a montré un taux de satisfaction de 86% des voyageurs de la RATP et de 78,5% pour la SNCF. S'il faut évidemment se focaliser sur les voyageurs mécontents - c'est ma préoccupation quotidienne -, je considère que, dans certains autres services publics, de tels taux de satisfaction seraient considérés comme énormes. Je le dis pour ceux qui voient toujours le verre à moitié vide, quand on pourrait le voir aux trois quarts plein.
Je ne nie pas que nous ayons trois lignes très en souffrance - les lignes B, C et D -, pour lesquelles il existe des plans de remédiation spécifiques. Sur le RER B, nous avons gagné deux points de régularité en commençant à mettre en place des mesures de mise en cohérence RATP-SNCF, dont je pensais qu'elles avaient été mises en oeuvre depuis longtemps, mais dont le rapport d'Yves Ramette a révélé qu'elles n'avaient pas encore été complètement prises. Nous continuons évidemment à avoir un plan de redressement pour toutes ces lignes. Le RER C était à 90% de régularité le mois dernier ; même si elle demeure fragile, la situation s'améliore.
Monsieur Ziane, à la date d'hier, 10 lignes de métro étaient au-dessus de 90% de régularité. S'il reste encore trois lignes de métro fragiles, et si la ligne 8 est en difficulté, le redressement est donc très tangible, des conducteurs et des mainteneurs ayant été recrutés. Ces changements améliorent évidemment la qualité de service.
Pour ce qui concerne les bus de Paris, le taux de non-réalisation du service est passé de 25% l'année dernière à 8 % le mois dernier, dont 6 à 7% liés uniquement aux difficultés de circulation dans Paris.
Michel Savin a relayé la question d'Agnès Evren sur l'organisation. Un transport manager, dépendant du ministre des transports, gérera tous les transports en commun de l'Île-de-France, toute la circulation - ce sujet totalement à part ne dépend pas du tout de nous - et l'organisation de la coordination de l'ensemble. Ce centre de coordination des transports olympiques (Coto) aura son siège au bâtiment Pulse, à l'instar du Cojo.
La sécurité relève quant à elle du Centre de coopération opérationnelle de la sécurité (CCOS), centre de commandement unique de la préfecture de police, infrastructure unique cofinancée par l'État et la région. Nous avons installé 80 000 caméras sur l'ensemble du réseau de transport. L'examen de la proposition de loi Tabarot, traduit une demande d'Île-de-France Mobilités, qui a financé le centre et gère déjà 1 300 agents de sécurité et des médiateurs afin de pouvoir entrer dans ce centre. Le préfet y est très favorable. De fait, il est extrêmement paradoxal que nous gérions 1 300 personnes, que nous financions à peu près toutes les dépenses de sécurité et que nous soyons interdits de CCOS !
Pierre Ouzoulias a évoqué le RER B. Il faut vraiment comprendre que l'affluence supplémentaire est calculée par rapport à un mois d'août normal.
Cela me permet de répondre aux questions sur le télétravail. Nous avons défini le plan de transport en considérant que tous les Franciliens se rendraient au travail. Nous avons fait comme s'il s'agissait d'un mois d'août normal, et nous avons ajouté le déplacement dans les infrastructures. Nous avons suivi un principe de précaution maximum pour avoir l'offre maximale. Évidemment, j'appelle les Franciliens qui le peuvent à télétravailler, mais nous ne forcerons personne, le plan de transport ayant été conçu pour que tout le monde puisse aller travailler.
En ce qui concerne l'accessibilité, l'héritage des Jeux est colossal, grâce au plan de 1,8 milliard d'euros cofinancé par l'État et la région. Ce plan nous a permis de faire en sorte que toutes les gares des Jeux soient 100 % accessibles. À cet égard, les Jeux ont pour impact de faire aboutir ces travaux d'accessibilité, qui étaient d'ores et déjà programmés.
Aujourd'hui, 95% des voyageurs qui prennent le métro le font dans des gares 100% accessibles, ce qui est énorme. Cela ne veut pas dire que 95% des gares sont accessibles : c'est 95% des flux qui le sont.
Il est très facile de caricaturer l'innovation qu'est le vertiport. Pour ma part, j'adore les innovations technologiques, surtout quand elles sont zéro pollution et zéro carbone. C'est le cas de ce taxi volant à décollage vertical, totalement électrique et décarboné. Étant, comme moi, très soucieuse de faire en sorte qu'il n'y ait plus de bouchons sur l'A1, vous serez évidemment intéressés par l'idée d'un transport qui a vocation à être collectif...
Le projet a été mal présenté, ce qui a créé une ambiguïté. M. le ministre me l'a d'ailleurs reproché, et il a eu raison. Cependant, c'est Aéroports de Paris et la RATP qui étaient à l'origine de ce projet. Je n'ai fait que saisir la balle au bond...
Le projet consiste à se doter d'une navette collective pour aller jusqu'à Roissy au départ d'un vertiport, cette navette pouvant transporter huit à dix personnes - ce ne sera jamais un Concorde ! L'objectif est de transporter les passagers des taxis en mettant huit voitures de moins sur la route. Le modèle économique ne consiste donc pas à transporter les nantis qui prennent leur jet au Bourget ! L'idée est de remplacer le taxi, donc de viser plutôt les classes moyennes aisées. Nous ignorons si ce projet de transport collectif zéro carbone plutôt haut de gamme, permettant de remplacer des voitures sur la route, de gagner du temps et d'avoir moins d'embouteillages fonctionnera.
Quoi qu'il en soit, il pourrait être utilisé pour le transport sanitaire dans les hôpitaux parisiens. Aujourd'hui, on utilise, à cette fin, des hélicoptères, dont on sait - je parle sous le contrôle de Colombe Brossel - qu'ils génèrent une pollution maximale et un bruit maximal... Le ministre est très favorable à cet usage d'intérêt général de ce transport électrique zéro carbone, qui occasionne très peu de bruit. Il a raison.
Être opposé au progrès technologique par idéologie n'apporte pas de solutions. Peut-être que ce projet n'aboutira pas, mais mon modus operandi, c'est d'essayer de trouver de nouvelles solutions.
La fermeture de la station Champs-Élysées-Clemenceau dépend du préfet de police. Nous essayons aujourd'hui d'obtenir du Cojo qu'il retarde au maximum l'arrivée de l'infrastructure de façon que l'on puisse laisser la gare ouverte le plus tard possible.
Une grande partie des 450 navettes gratuites seront dédiées à l'axe ouest - Charles-de-Gaulle-Étoile-Roland-Garros, Porte d'Auteuil-Roland-Garros... Cependant, je ne pense pas que ce sont les personnels de la RATP ou de la SNCF qui feront la gestion des flux entre l'infrastructure RER C et les stades - il y aura du monde qui remontera le boulevard Murat ou l'avenue de Versailles ! Cela relèvera de la signalétique JO. Je répète que, sur certains trajets, tous ceux qui sont en bonne santé et qui ont envie de profiter de l'été parisien et du Bois de Boulogne pourront faire quelques centaines de mètres à pied. Au reste, les statistiques montrent que les 25-35 ans constituent la première tranche d'âge des détenteurs de billets. On peut imaginer que certains d'entre eux aient envie de profiter de Paris, de se balader sur les quais de Seine...
M. Patrice Vergriete, ministre délégué. - Je commencerai par répondre à la question sur l'accord à la SNCF et la gestion des fins de carrière pour les métiers pénibles de M. le sénateur Tabarot, qui aime bien caricaturer.
M. Philippe Tabarot. - Le préavis du 21 mai prochain, ce n'est pas de la caricature ! C'est la réalité.
M. Patrice Vergriete, ministre délégué. - Nous sommes d'accord sur la réalité du préavis du 21 mai prochain. Pour ce qui concerne l'accord sur la gestion des fins de carrière, je répète qu'un accord signé en 2008 prévoyait déjà des départs anticipés jusqu'à 12 mois, que la décision de renégociation de cet accord est intervenue à l'issue des grèves de 2022 et n'est donc pas directement liée aux jeux Olympiques et que le coût s'élève à 35 millions d'euros, pour 1,3 milliard d'excédents à la SNCF. Je crois savoir comment il va être financé... Enfin, quasiment tous les grands groupes français se sont dotés d'un tel accord sur la gestion des fins de carrière des métiers pénibles - je pense à Airbus, Air France, Stellantis, Renault, etc. C'est dans leur intérêt, un tel accord étant préférable à des arrêts maladie ou à des licenciements. Je vois donc peu le rapport avec les JO.
Quant à la décision concernant la non-reconduction de Jean-Pierre Farandou à la tête du groupe SNCF, elle a été prise bien avant cet accord, puisqu'il était simplement atteint par la limite d'âge.
M. Philippe Tabarot. - Deux heures avant notre commission...
M. Patrice Vergriete, ministre délégué. - Comme vous avez pu le constater, je n'ai pas été signataire du communiqué de presse, mais je disposais de cette information avant l'accord salarial. Je vous livre les choses telles qu'elles sont, tout à fait honnêtement et sincèrement.
Nous sommes en train de travailler sur les points réglementaires liés à la sécurité avec les opérateurs, en particulier, évidemment, avec le ministère de l'intérieur et le ministère de la justice. Il s'agit de faire respecter le droit et les libertés. J'espère arriver au bout de ce travail de manière pleinement satisfaisante. Cela dit, je partage votre objectif, comme vous le savez déjà, puisque nous avons engagé la procédure accélérée sur la proposition de loi que vous avez déposée et qui est en cours d'examen par les députés justement pour pouvoir être au rendez-vous des jeux Olympiques. Je tiens à dire que nous travaillons en parfaite complémentarité sur ces questions.
Je le répète, la gestion de la logistique urbaine fera sans doute partie de l'héritage des Jeux. Le dispositif JOPtimiz permettra de définir des itinéraires, de savoir s'il faut un QR code pour entrer dans tel ou tel périmètre, de faciliter le contact avec les forces de l'ordre... Ce nouveau dispositif sera très utile après les Jeux pour faciliter la logistique urbaine. La France a beaucoup de progrès à faire en la matière, et créer des outils de ce type à l'occasion des jeux Olympiques peut nous permettre, demain, d'améliorer les choses. Il faudra aussi penser à la structuration de plateformes de logistique urbaine autour de nos grandes métropoles - c'est une autre question, que nous aurons sans doute l'occasion d'évoquer plus tard.
Nous en sommes aujourd'hui à 800 taxis sur 1 000, y compris avec les formations mises en oeuvre. À la date d'aujourd'hui, le coût s'élève à 5,9 millions d'euros pour 380 dossiers. Nous verrons ce qu'il en sera quand le nombre de taxis sera de 1 000.
Sur l'A13, il n'y a absolument pas de satisfecit ! Comment pourrais-je me satisfaire de la perte d'une infrastructure majeure pour la desserte de l'Île-de-France, dont, du reste, l'État n'est pas responsable ?
Mme Marta de Cidrac. - Vous sembliez satisfait de la gestion de cette fermeture !
Mme Laure Darcos. - Vous avez dit que cela s'était bien passé !
M. Patrice Vergriete, ministre délégué. - Pas du tout ! Comment pourrait-on être satisfait de la gestion d'une infrastructure qui dysfonctionne ?
Ce que j'ai voulu souligner, c'est la capacité de nombreux Franciliens à s'adapter qu'a montrée la comparaison établie dans le cadre de la modélisation. Je n'ai pas nié le problème, et je sais qu'il est extrêmement difficile pour vous, qui le subissez au quotidien ! Je constate simplement que la capacité d'adaptation de la population est systématiquement sous-estimée.
La réouverture de l'autoroute A13 est d'ores et déjà effective dans le sens Province-Paris pour les voitures - la voie est désormais empruntée par beaucoup de camions, raison pour laquelle les contrôles des forces de l'ordre devront sans doute être renforcés. Dans le sens Paris-Province, cette réouverture aura lieu probablement lors de la seconde quinzaine de juin. C'est ce qui a été annoncé par le ministère des transports, et je pense que cette échéance devrait être respectée.
De manière générale, je veux revenir sur la philosophie qui a guidé la région et l'État dans l'accompagnement des Franciliens. Nous essayons d'apporter des solutions collectivement à travers un plan de transport, mais nous ne pourrons évidemment pas nous adresser individuellement à chaque Francilien. Ce qu'il faut, c'est donner à chaque Francilien les éléments suffisants pour lui permettre de s'adapter, en connaissance de cause, dans son parcours spécifique dans la région.
L'outil numérique qui permet de connaître en temps réel l'état du trafic, l'état de la saturation et, ainsi, de modifier éventuellement ses horaires de travail et l'outil de parcours d'Île-de-France Mobilités qui permet de conseiller un trajet sont parfaitement complémentaires et permettent d'individualiser la réponse. Au reste, il y a des choses qu'on ne peut pas prévoir. L'idée est donc de communiquer à chaque individu l'état du trafic et le parcours conseillé pour atteindre sa destination. C'est la philosophie qui nous a guidés pour essayer d'accompagner la population.
Sur l'avion à décollage et atterrissage verticaux, ou VTOL (Vertical Take-off and Landing), je partage ce qu'a dit la présidente de région. Avec le transport sanitaire, ce type de mobilité peut représenter une opportunité d'intérêt général demain. Je le dis très clairement : refuser l'expérimentation d'une innovation qui pourra sauver des vies ne me semble pas responsable. On peut débattre des usages d'une telle innovation, mais la refuser par principe me semble regrettable.
L'expérimentation permettra de mesurer le bruit, la gêne, les risques en termes de sécurité, la manière dont cela fonctionne concrètement - et si cela fonctionne, d'ailleurs. Il s'agit d'analyser le potentiel d'une telle innovation. Pour ma part, le transport sanitaire dans des villes comme Paris me paraît un usage stratégique pour demain. Je pense vraiment que cela peut sauver des vies.
J'en viens à l'accessibilité. Nous avons, ce matin, inauguré la gare de Saint-Denis. L'accessibilité est pérenne : après les Jeux, la gare ne redeviendra pas comme elle était avant. Le renfort d'accessibilité qui résulte de l'effort consenti pour les JO survivra à ces derniers. Au final, nous aurons largement renforcé l'accessibilité.
Certes, nous n'avons pas été tout à fait au rendez-vous dans toutes les gares en termes de sonorisation ; je pense en particulier à ce qui devait être fait pour les personnes aveugles dans le métro. Mais nous continuerons l'effort après les JO, pour résorber notre retard dans un certain nombre de stations. En tout état de cause, nous répondons aux besoins dans toutes les stations concernées par les Jeux.
Comme la présidente de région l'a expliqué, les plans de transport ont été calibrés pour tous les Franciliens qui travaillent, en rajoutant la surdemande. J'insiste sur le fait que l'on sera au mois d'août !
Mme Laure Darcos. - Et en septembre !
M. Patrice Vergriete, ministre délégué. - Certes, mais reconnaissons ensemble que l'affluence ne sera pas la même pour les jeux Paralympiques, à la rentrée.
Globalement, les plans de transport ont intégré les Franciliens, à qui l'on donnera des éléments de connaissance.
Au demeurant, d'autres mobilités sont possibles. Si tous les Franciliens ne sont pas en capacité de faire du vélo, pour d'autres, il n'y a pas d'obstacles. Pourquoi ne serait-ce pas le moment de sortir son vélo ? On sera en plein mois d'août ; c'est tout à fait possible ! L'offre de vélos que j'ai évoquée tout à l'heure - 26 000 vélos en libre-service - est considérable.
En résumé, tout a été calibré pour répondre aux besoins de transport collectif, mais il existe des alternatives.
Et je ne vois pas pourquoi on se sentirait obligé de quitter l'Île-de-France ! Je pense que tout a été prévu pour que chacun puisse profiter de ce qui sera une belle fête populaire.
Mme Valérie Pécresse. - Certains Franciliens mettront du beurre dans les épinards en louant leur appartement ... C'est aussi un héritage des Jeux !
- Présidence de M. Michel Savin, vice-président de la commission de la culture, de l'éducation, de la communication et du sport, et de M. Didier Mandelli, vice-président de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable -
M. Didier Mandelli, vice-président de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable. - Les présidents des deux commissions ayant dû partir pour la Conférence des présidents, je vais conclure cette réunion, en mon nom et en celui de mon collègue Michel Savin, qui représente le président de la commission de la culture.
Madame la présidente, monsieur le ministre, je vous remercie pour toutes vos réponses à ces questions légitimes des membres de nos deux commissions. Nous partageons tous le souci d'atteindre l'objectif que nous sommes fixé collectivement : faire de ces Jeux une réussite, dans l'intérêt de notre pays.
Source : https://www.senat.fr, le 28 mai 2024