Texte intégral
AMANDINE BEGOT
Rachida DATI, avant d'évoquer les dossiers liés à votre ministère, un mot des européennes, je vous demandais si vous aviez fait votre choix pour dimanche, ce sera ?
RACHIDA DATI
Eh bien la liste de la majorité présidentielle.
AMANDINE BEGOT
Valérie HAYER.
RACHIDA DATI
Oui, parce qu'en fait l'enjeu majeur aujourd'hui c'est d'avoir un vote utile pour la France et pour l'Europe, c'est un vote qui défend la souveraineté, et notamment notre souveraineté industrielle, qui défend aussi notre économie, qui défend aussi notre sécurité, moi je trouve que tout autre vote serait, soit inutile, soit incohérent, voire…
AMANDINE BEGOT
Le vote LR c'est un vote inutile par exemple ?
RACHIDA DATI
Je vais vous dire, moi, je vais vous dire, j'ai toujours eu de la cohérence, je n'ai pas le sentiment d'avoir quitté mes idées ou changé de convictions. Sur le Pacte asile immigration, qui a porté le texte à l'origine ? nous en sommes à l'origine, on a porté ce texte dès la présidence française de l'Union européenne, en 2008, puis au Parlement européen, avec Brice HORTEFEUX, il en était rapporteur pour le groupe politique, aujourd'hui il a été voté. Est-ce que c'est normal que les députés LR aient voté contre quelque chose qu'on a porté depuis des années ? Est-ce qu'il est normal de voter contre le plan de relance, 800 milliards d'euros, qui ont sauvé des entreprises françaises au moment du Covid ? Est-ce que c'est normal de voter contre ça ? Il faut de la cohérence, sinon, je vais vous dire, c'est soit un vote inutile, soit de l'incohérence, soit de la radicalité dangereuse. D'ailleurs, moi je m'étonne quelqu'un comme GLUCKSMANN, d'ailleurs je reprends l'expression de Jean-Yves LE DRIAN, il avait raison, il a dit « il y a des planqués sur sa liste », oui parce qu'il y a toute une incohérence sur sa liste, il y a ceux qui sont pro-LFI, pro-NUPES, il y a d'ailleurs ceux qui ont fait l'accord, celui qui est à l'origine de l'accord avec la NUPES, ils ont voté contre le Pacte vert, ils ont voté contre la reconnaissance du nucléaire comme une énergie verte, ils ont voté contre le Pacte asile immigration, alors que les sociaux-démocrates au Parlement le votaient, ils ont voté contre le plan de relance, donc contre, contre l'économie française, et contre, évidemment, tous ces commerçants, toutes ces petites entreprises, qui ont été sauvés par cela. Moi, enfin moi je dis toujours quelles sont, vous l'avez interrogé, quelles sont les propositions concrètes de Monsieur GLUCKSMANN ? Dites-moi une seule proposition concrète et je vous réponds.
AMANDINE BEGOT
Le vote il a lieu dans cinq jours…
RACHIDA DATI
Non non, mais…
AMANDINE BEGOT
Ce n'est pas à moi de défendre le programme de Raphaël GLUCKSMANN…
RACHIDA DATI
Si, vous êtes journaliste… non, ce n'est pas de… heureusement, vous ne le défendez pas !
AMANDINE BEGOT
Non mais, je ne suis pas là pour faire son avocat ou quoi…
RACHIDA DATI
Non, ce n'est pas faire son avocat…
AMANDINE BEGOT
Dans ses mesures…
RACHIDA DATI
Mais non, vous êtes journaliste, je vous dis…
AMANDINE BEGOT
Il a un certain nombre de position par rapport à l'Ukraine…
RACHIDA DATI
Sur quoi ?
AMANDINE BEGOT
Par rapport à la guerre au Proche-Orient…
RACHIDA DATI
Oui, alors allez-y.
AMANDINE BEGOT
Il demande par exemple la reconnaissance de l'Etat palestinien…
RACHIDA DATI
Ah bon ! c'est la position française…
AMANDINE BEGOT
On ne va pas détailler, pardon Rachida DATI…
RACHIDA DATI
Ah bah si !
AMANDINE BEGOT
On ne va pas détailler le programme de Raphaël GLUCKSMANN.
RACHIDA DATI
Non… une campagne électorale, vous votez pour des gens qui ont des convictions, qui ont des idées, des propositions concrètes, pour les Français et donc…
AMANDINE BEGOT
Donc lui n'en n'a pas, François-Xavier BELLAMY non plus… ?
RACHIDA DATI
Non mais, je vous dis le vote utile c'est de voter dans l'intérêt des Français et dans l'intérêt de l'Europe, si c'est chacun pour soi, ou énoncer des principes, moi aussi je suis pour la paix, je suis contre la guerre, ça ce n'est pas un programmer, et les Français attendent beaucoup. Vous avez remarqué que leur première préoccupation c'est la maîtrise des flux migratoires, pourquoi n'ont-ils pas voté ce Pacte asile immigration ? Je m'interroge, voilà, c'est tout, donc les Français doivent être au clair sur ce que propose la liste GLUCKSMANN, ou les autres, et donc, aujourd'hui, l'intérêt c'est le vote utile pour les Français, la réindustrialisation, la souveraineté en termes de sécurité, la maîtrise des flux migratoires, je peux continuer si vous voulez.
AMANDINE BEGOT
Et ce sera donc dans cinq jours, les Français ont cinq jours encore pour faire leur choix et on continue d'ailleurs à recevoir les têtes de liste, ou les représentants, de chacune des listes, d'ici vendredi.
RACHIDA DATI
Pensez à ce que je vous ai dit, propositions concrètes pour les Français, vous leur poserez des questions en fonction de cela.
AMANDINE BEGOT
Ce sera Valérie HAYER demain et ce sera Raphaël GLUCKSMANN jeudi. Vote donc, je le disais, dans cinq jours. Il y a un certain nombre de candidats, Rachida DATI, qui accusent Emmanuel MACRON, mais aussi Gabriel ATTAL, d'accaparer les médias, il y a bien sûr cette histoire de temps de parole, mais il y a aussi cette scène qui a été très largement commentée, hier l'irruption de Gabriel ATTAL en pleine interview de Valérie HAYER, c'était sur France Info. François-Xavier BELLAMY dénonce une forme de mépris, un petit côté macho, la patronne des Verts, elle, y voit une volonté d'invisibiliser les femmes. Vous leur répondez quoi, ça vous a choqué, vous ?
RACHIDA DATI
D'abord Gabriel ATTAL il n'a pas défoncé la porte du studio, on l'a laissé entrer, donc les journalistes étaient bien contents d'avoir Gabriel ATTAL qui est arrivé au moment évidemment de l'interview de Valérie HAYER. Moi je m'associe aux propos de Ségolène ROYAL, je veux dire, s'il y a bien quelqu'un qui a été victime de sexisme, de machisme, d'attaques, d'ailleurs misogynes. Lorsqu'il y avait la campagne électorale de 2007…
AMANDINE BEGOT
2002.
RACHIDA DATI
De 2007.
AMANDINE BEGOT
2007.
RACHIDA DATI
Elle était candidate, moi je vais vous dire, j'étais son adversaire, j'étais porte-parole de Nicolas SARKOZY, je l'ai défendue et soutenue parce que sa famille politique la très maltraitée, elle l'a rappelé. Elle dit quand on fait une campagne électorale, on veut les soutiens de tout le monde, et notamment les soutiens des plus hauts niveaux, on est content quand le président de la République vient vous soutenir, on est content quand le Premier ministre vient vous soutenir, on est content…
AMANDINE BEGOT
Et sincèrement, il l'aurait fait avec Bruno LE MAIRE, par exemple, s'il avait été tête de liste ?
RACHIDA DATI
Mais évidemment…franchement, moi, dans le genre soutenir les femmes, je suis bien une des premières, je vous dis, il n'y a pas eu de machisme, comme je vous ai dit, il n'a pas défoncé la porte, il est arrivé, les journalistes étaient contents. Ensuite, est-ce que ça invisibilise ? Je crois que l'interview s'est bien passée, elle a pu donner son point de vue et dérouler son programme, mais le sujet il n'est pas là, quand vous êtes une femme politique et que vous menez des campagnes, moi j'ai mené des campagnes en vents contraires, j'étais bien contente de pouvoir avoir des soutiens à un moment donné. Rappelez-vous la campagne municipale de 2020, personne ne veut me soutenir dans ma famille politique, j'appelle Claude GOASGUEN, je lui dis « j'ai besoin de toi pour m'aider dans cette campagne », paix à son âme, eh bien, est-ce qu'il m'a invisibilisée ? Je ne crois pas ! Là on a deux débats différents, aujourd'hui les campagnes électorales…nous on est bien contents évidemment d'avoir des soutiens, des soutiens du plus haut niveau, et si le président de la République, demain, vient la soutenir, je m'en réjouirai et je serai évidemment à leurs côtés. De la même manière, moi j'ai mené des campagnes, j'ai toujours fait appel à des ministres, à des militants, à des responsables politiques, qu'ils soient Premier ministre, qu'ils soient président, ou autres, nous sommes toujours contents d'être renforcés dans une campagne électorale, on n'est pas invisibilisé, tout le monde sait qui est la tête de liste de la majorité présidentielle, c'est Valérie HAYER, que tout le monde soutient.
AMANDINE BEGOT
On a bien compris que la mobilisation était totale de la part de l'ensemble du gouvernement, de l'ensemble de la majorité. On a beaucoup parlé ces derniers jours de ce qui pourrait se passer après, il faudra bien, à un moment ou à un autre, tirer les leçons de ce scrutin, vous allez me dire on va attendre dimanche soir, sauf qu'on a beaucoup parlé…
RACHIDA DATI
C'est bien, vous avez répondu…
AMANDINE BEGOT
D'un gouvernement, on a beaucoup parlé d'un gouvernement de coalition de droite, je vous pose la question juste parce que vous connaissez, Rachida DATI, les deux côtés. Est-ce que ces deux familles peuvent travailler ensemble, ça vous semble crédible, possible, il faut ?
RACHIDA DATI
Mais bien sûr, mais avant même de rentrer au gouvernement, on était avec Jean-François COPE, et d'autres d'ailleurs, à dire il faut un projet de gouvernement. On a un socle commun. Par exemple, sur la réforme du travail, du droit du travail, on y était favorable, pour une fois on remet le travail au coeur du projet politique.
AMANDINE BEGOT
Par exemple, Gérard LARCHER Premier ministre, c'est possible ça ?
RACHIDA DATI
Mais là vous me parlez de personnes, je vous parle d'un projet politique, il est important que nous ayons un projet politique dans l'intérêt de la France, et donc moi j'ai toujours, évidemment, prôné qu'il y ait un accord de gouvernement sur un projet politique, comme un certain nombre de mes camarades, mais tout ça, ça se discute.
AMANDINE BEGOT
Donc quand François-Xavier BELLAMY dit « jamais de la vie », il se trompe ?
RACHIDA DATI
Mais, c'est sa position, mais ce n'est pas la position de l'ensemble des Républicains, et d'ailleurs de l'ensemble des responsables politiques de droite ou du centre.
AMANDINE BEGOT
Il se fera, ce gouvernement de coalition… ?
RACHIDA DATI
Mais non, mais…
AMANDINE BEGOT
Non, mais…
RACHIDA DATI
Non mais, franchement, oh, est-ce que j'ai dit ça ? Vous faites un raccourci, je vous dis que ça a été ma position et ma conviction profonde parce que je vous parle du pacte…
AMANDINE BEGOT
Vous souhaitez qu'il se fasse.
RACHIDA DATI
Je vous parle du Pacte asile immigration, je vous parle de la souveraineté, de la réindustrialisation, est-ce que ça n'a pas été nos combats, Monsieur LENGLET est encore là, est-ce que la droite ça n'a pas été son combat depuis toujours, de dire il faut réindustrialiser, il faut de la souveraineté, il faut une recherche scientifique et technologique importante en France, et au niveau européen, ce sont nos combats, on a quand même des combats communs, à un moment donné il faudrait penser l'intérêt de la France.
AMANDINE BEGOT
Venons-en aux dossiers du ministère de la Culture. Un mot d'abord de ce tableau qui a été pris pour cible le week-end dernier par des militants écologistes, « Les Coquelicots » de MONET au Musée d'Orsay. Vous avez dit, Madame la ministre, vouloir une politique pénale adaptée à cette nouvelle forme de délinquance. Très concrètement, ça veut dire quoi, des peines plus sévères ?
RACHIDA DATI
Les oeuvres d'art c'est le patrimoine des générations futures, c'est notre patrimoine commun collectif, ces dégradations, à un moment donné, il y aura une dégradation irréversible, parce qu'une oeuvre d'art elle est unique. Moi, ce qui me choque, quelle est la cause qui légitime de dégrader une oeuvre d'art, quels sont les pays aujourd'hui qui dégradent les oeuvres d'art ou qui empêchent les musées d'ouvrir ?
AMANDINE BEGOT
Les pays totalitaires.
RACHIDA DATI
Voilà, et donc je m'oppose à ça. Je vous l'ai dit, comme ministre de la Culture, je veux que la culture soit accessible au plus grand nombre. Ceux qui font ça, considèrent finalement que la culture c'est un luxe, que ça ne sert à rien. Pourquoi, parce que quand vous avez la destruction d'une oeuvre d'art, ça oblige quoi ? Ça oblige à fermer le musée, et il y a des gens qui ont besoin d'aller au musée, et donc ce sont des délinquants. Et donc j'ai saisi mon collègue Eric DUPOND-MORETTI, qui est très sensible à ces questions, parce que c'est devenu une délinquance récurrente, pour qu'il donne des consignes…
AMANDINE BEGOT
Donc avec des peines adaptées, plus fermes
RACHIDA DATI
Non, mais qu'il donne des consignes au Parquet, il l'a fait d'ailleurs, parce qu'il est très sensible aussi à cette question, nous en avons parlé, pour qu'évidemment il y ait une fermeté contre cette délinquance. C'est de la délinquance, ce n'est pas du militantisme, ça n'a rien à voir.
AMANDINE BEGOT
Un mot, le temps nous est compté, de la réforme de l'audiovisuel public. On a appris hier qu'elle serait débattue à partir du 24 juin à l'Assemblée. Réforme qui ne fait pas l'unanimité, on va dire, au sein de la majorité, je pense notamment à Clément BEAUNE, qui, il y a quelques jours, a dit qu'il n'était pas convaincu. J'ai deux petites questions très concrètes…
RACHIDA DATI
Il a peut-être d'autres enjeux en tête.
AMANDINE BEGOT
Il a d'autres enjeux, la mairie de Paris, c'est ça, c'est pour ça
RACHIDA DATI
Non. Voilà. Non mais au bout d'un moment…
AMANDINE BEGOT
Juste, est-ce que ça suppose, vous avez dit mutualisation des moyens, il s'agit de remettre toutes ces entités sous la même direction ? Est-ce que ça veut dire faire des économies ? Des suppressions de postes ?
RACHIDA DATI
Non mais, il faut reprendre la question sur de bonnes bases. L'audiovisuel public, moi, je l'ai toujours dit, avant d'être ministre de la Culture, je suis une enfant de l'audiovisuel public. Je vais vous le dire, mais parents ne savaient pas lire et écrire, on avait, en tous les cas l'audiovisuel public, qui permettait de nous cultiver, nous instruire, de nous ouvrir sur les autres, nous ouvrir aussi à d'autres cultures. Et donc, aujourd'hui, l'audiovisuel public, moi, j'y suis très attachée, comme d'ailleurs les Français. Mais nul ne peut nier qu'il y a une concurrence du privé très vive. Regardez votre groupe. Les groupes privés sont de plus en plus nombreux. Ils se structurent et ils s'organisent. La révolution technologique, elle met à rude épreuve l'audiovisuel public. Et moi, je considère que les chaînes de radio et les chaînes de télé de l'audiovisuel public, ce ne sont pas des chaînes comme les autres. Et donc, quel est le bilan de…
AMANDINE BEGOT
Ça ne veut pas dire…
RACHIDA DATI
Non mais quel est le bilan de tout ça ?
AMANDINE BEGOT
Non mais, est-ce que ça veut dire faire des économies ? Oui ou non ?
RACHIDA DATI
Il y a une concurrence très vive, révolution technologique, et aujourd'hui, le vieillissement des audiences en atteste. Donc, il est urgent de rassembler ces forces, pour évidemment, pour avoir une information de plus grande qualité. Mettre…
AMANDINE BEGOT
Est ce qu'il y aura des économies ? Oui ou non ?
RACHIDA DATI
Mais…
AMANDINE BEGOT
Des suppressions de postes, oui ou non ?
RACHIDA DATI
Non, parce que ça, c'est l'organisation interne. Vous rassemblez les forces, pour avoir une stratégie commune, pour avoir des centres de décision plus forts, pour affronter justement cette concurrence vive, mais aussi pour s'adapter à cette révolution technologique. Tout l'enjeu de la réforme, il est là, et ce n'est rien d'autre que cela. Et donc, d'ailleurs, les dirigeants qui sont favorables, je reçois tous les jours des organisations syndicales, encore hier, et donc j'explique cette réforme en toute transparence. Elle n'est pas si contestée que ça…
AMANDINE BEGOT
Il y a eu deux jours de grève la semaine dernière.
RACHIDA DATI
Oui, mais qu'il y ait des inquiétudes, c'est tout à fait légitime. Et donc je l'explique, on en débat. Et évidemment, cette réforme aujourd'hui, elle est urgente et nécessaire.
AMANDINE BEGOT
Merci beaucoup Madame la Ministre.
RACHIDA DATI
Merci.
YVES CALVI
Et en attendant de nous réinventer l'ORTF…
RACHIDA DATI
Oh non ! Franchement…
YVES CALVI
Vous êtes dans l'oeil de Philippe CAVERIVIERE dans un instant, Rachida DATI.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 juin 2024