Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Catherine VAUTRIN.
CATHERINE VAUTRIN
Bonjour Apolline DE MALHERBE.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions. C'est simple, vous êtes en charge de tous les dossiers au coeur de la politique de François BAYROU. Les retraites, c'est vous ; le travail, c'est vous ; la santé, c'est vous. On va revenir évidemment en particulier sur cette réforme des retraites avec un conclave promis, une mission flash. Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-ce qui est possible ? Quelles sont les marges ? Mais au fond, il y a une question politique qui se pose. Avant même qu'on ne puisse rentrer dans ce que vous pourrez faire ou ne pas faire, vous avez fait attention au Parti socialiste. Finalement, vous n'avez pas réussi à le convaincre et vous êtes peut-être même déjà en train de perdre le RN. Hier, votre collègue, le ministre François REBSAMEN a eu cette déclaration et je voudrais que vous entendiez ensuite immédiatement la réaction du RN parce que peut-être que tout ce dont on parle ce matin, vous n'allez rien pouvoir en faire, écoutez.
FRANÇOIS REBSAMEN, MINISTRE DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET DE LA DÉCENTRALISATION
Je respecte toutes les forces politiques sauf le RN. C'est ma position et donc ce n'est pas du tout…
JOURNALISTE
Vous ne respectez pas le RN ?
FRANÇOIS REBSAMEN, MINISTRE DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET DE LA DÉCENTRALISATION
Non, moi je ne respecte pas ceux qui portent… Pas tous heureusement, j'en connais dans mon département, mais ceux qui portent le discours de haine et l'exclusion de l'autre, ce n'est pas ma tasse de thé.
APOLLINE DE MALHERBE
Réaction immédiate du RN par la voix de Jordan BARDELLA : "Le socialiste François REBSAMEN déclare ce soir respecter tous les mouvements politiques sauf le RN. François BAYROU devrait rapidement rappeler à son ministre que le respect des 11 millions de Français, électeurs du RN est l'une de nos principales exigences". Est-ce que vous n'êtes pas en train de perdre sur tous les tableaux ?
CATHERINE VAUTRIN
Vous savez, je crois qu'il est important que nous respections chacun des électeurs et donc, que chaque parlementaire est détenteur de la confiance de ses électeurs. Ça ne veut pas dire que forcément, on est d'accord sur les valeurs, mais ça veut dire que chaque élu doit être respecté à travers le mandat qui est le sien.
APOLLINE DE MALHERBE
Ce que ça veut dire aussi, c'est que le RN continue à vous tenir en joue, en quelque sorte. C'est-à-dire que dès qu'il y a une sortie de route de l'un de vous sur le RN, ils disent attention, dans ces cas-là, on va dégoupiller la censure.
CATHERINE VAUTRIN
Vous savez, je crois que ce qui est important, c'est surtout qu'on travaille aux sujets qui concernent nos concitoyens. Et là-dessus, on doit trouver des voies d'accord parce que nous sommes…
APOLLINE DE MALHERBE
Y compris avec le RN ?
CATHERINE VAUTRIN
Nous sommes en période de vœux, vous rencontrez des gens, moi aussi. Il y a un mot que je n'ai jamais autant entendu, c'est le mot stabilité. Et je crois que s'il ne devait y avoir qu'un tout petit dénominateur commun entre les uns et les autres, c'est la stabilité pour le pays. Et moi, c'est ça, le sens de mon engagement.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce que vous regrettez quand même que François REBSAMEN ait fait de la politique hier, un peu sur le dos du Gouvernement ?
CATHERINE VAUTRIN
Je pense que ce qui est important, François REBSAMEN est un élu de territoire…
APOLLINE DE MALHERBE
Maire de Dijon.
CATHERINE VAUTRIN
Chacun reconnaît son engagement à Dijon, ce qu'il a fait dans cette ville. Et je le respecte totalement. Après, je crois qu'il est extrêmement important que les uns et les autres soient en capacité de rassembler et de trouver des voies de passage pour le pays.
APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est pas tout à fait gagné, visiblement. Mais on va y revenir, parce que je ne lâcherai pas sur cette question-là, qui, au fond, vous met dans une situation, quand même, on le sent bien, extrêmement délicate. Mais allons-y…
CATHERINE VAUTRIN
Vous avez raison, mais on va se dire les choses très simplement. Il y a onze groupes à l'Assemblée nationale, et il ne vous a pas échappé, que nous sommes, vous connaissez parfaitement la vie politique de notre pays, que nous sommes dans un contexte totalement inédit. Puisque, par définition, dès lors que nous n'avons pas de majorité, nous devons composer, et c'est un exercice totalement inédit. Et chaque jour, nous devons trouver des solutions qui permettent d'avancer.
APOLLINE DE MALHERBE
Sauf que, Catherine VAUTRIN, vous pourriez vous permettre, en quelque sorte, même de vexer le RN, si vous aviez acquis au moins la certitude que le PS ne vous lâchera pas.
CATHERINE VAUTRIN
Mais on ne peut vexer personne, parce que, d'abord, ce n'est pas une façon de travailler. Et deuxièmement, parce que, dans un contexte dans lequel vous n'avez pas de majorité, tous les jours, on a le droit de construire, autour de textes, des éléments. Et là-dessus, je partage votre commentaire, qui est, trouvons à chaque fois les voies de passage qui permettent d'avancer. Sinon, le pays est bloqué…
APOLLINE DE MALHERBE
… Dans ces cas-là, vous vous retrouverez dans la même situation que Michel BARNIER, qui est tombé au bout d'un mois.
CATHERINE VAUTRIN
Notre responsabilité, c'est bien pour cela que j'insiste sur ce point, c'est de trouver des voies de passage qui nous permettent de faire avancer. Et là, c'est quand même totalement inédit, sous la Vème République, nous sommes le 15 janvier, nous n'avons pas de projet de loi de finances voté, nous n'avons pas de projet de loi de finances de la sécurité sociale voté. Et ça, ça a un coût pour le pays, ça a un coût autour de la dette, et ça préoccupe nos concitoyens, ça a des conséquences sur la consommation, et c'est tout ça que nous avons en responsabilité.
APOLLINE DE MALHERBE
Alors, entrons immédiatement dans le concret des dossiers. Les retraites, la santé. Les retraites d'abord, remise en chantier, donc, de la réforme des retraites, ça, c'est ce qu'a annoncé François BAYROU hier, sans pour autant qu'elle ne soit ni suspendue, ni abrogée, il y aura un conclave après une mission flash de la Cour des comptes, sans totem ni tabou, pas même l'âge de la retraite. Quelles sont les marges ?
CATHERINE VAUTRIN
Il y a très concrètement la volonté du Premier ministre, c'est d'entendre qu'un certain nombre de nos concitoyens ont aujourd'hui encore des questions, voire sont en attente de réponses sur des sujets qui sont des sujets comme l'usure au travail, comme le sujet de la retraite des femmes, qui sont des sujets sur lesquels il y a besoin de se remettre autour de la table. C'est une demande très forte du Parti socialiste, vous l'évoquiez il y a un instant, c'est aussi une demande des partenaires sociaux. Et ce qui est très intéressant, c'est que les partenaires sociaux ont l'habitude de la négociation, je voudrais dire que c'est même leur façon de travailler au quotidien. Donc la proposition qui est faite, qu'est-ce que c'est qu'une mission flash ? C'est de demander à celles et ceux qui connaissent les comptes du pays, la Cour des comptes, pour ne prendre qu'elle, peut-être également en parallèle l'INSEE, toutes celles et ceux qui connaissent la situation du pays, de faire un point sur l'ensemble des données concernant les retraites, de façon à ce que le constat soit partagé, que ce constat soit donné aux Français.
APOLLINE DE MALHERBE
Que tout le monde soit d'accord sur ce qu'on a dans les caisses et…
CATHERINE VAUTRIN
Et le coup à venir. Parce que vous avez vu les chiffres de la natalité qui sont sortis hier, nous avons aujourd'hui une baisse de la natalité extrêmement forte, et au moment où je vous parle, nous avons le pourcentage de Français de plus de 60 ans est supérieur à celui des Français de moins de 15 ans. Et ça, ça va continuer. Ce qui veut donc dire que le sujet retraite est un sujet qui va continuer. C'est le rapport du Premier ministre sur quand les baby-boomers auront 85 ans. On y est, on y arrive, et ça nécessite que le pays soit organisé.
APOLLINE DE MALHERBE
Quand vous dites ça, Catherine VAUTRIN, vous ne dites toujours pas sur quoi vous pourriez revenir.
CATHERINE VAUTRIN
Je viens de vous donner deux exemples. Celui, par exemple, de la pénibilité. Celui du sujet de la retraite des femmes. Et donc, à partir de ce constat partagé…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous pensez que ça va leur suffire ?
CATHERINE VAUTRIN
On va déjà finir la méthode, si vous voulez bien. À partir du constat partagé, on propose aux partenaires sociaux, syndicats de salariés, syndicats patronaux, de travailler pendant un délai qu'on estime à trois mois. Pourquoi trois mois ? Parce que l'idée, c'est d'être en capacité d'avoir des avancées, que ces avancées, à ce moment-là, puissent être transposées. Et pour être transposées, c'est soit une loi spéciale pour cela, soit le projet de loi de finances pour 2026.
APOLLINE DE MALHERBE
Ils ont déjà dit non. Vous l'avez peut-être entendu ce matin, Sophie BINET, la patronne de la CGT, qui dit le rendez-vous vendredi matin à Matignon n'aura pas lieu.
CATHERINE VAUTRIN
Non mais, ce qui va se passer vendredi matin, le Premier ministre va déjà écrire à l'ensemble des partenaires sociaux pour présenter la méthode. Et ensuite, il réunira les partenaires sociaux. Viendront ceux qui veulent venir. Quand Mme BINET, effectivement, dirige la CGT, vous avez à côté Marylise LEON pour la CFDT, vous avez Frédéric SOUILLOT pour FO, je ne vais pas tous les citer.
APOLLINE DE MALHERBE
Si la CGT ne veut pas venir, tant pis pour la CGT. C'est ce que vous dites.
CATHERINE VAUTRIN
Non mais, je ne dis pas ça. Je dis que l'intérêt, c'est que chacun vienne. C'est que toutes les organisations, qui sont les organisations représentées au Conseil d'orientation des retraites, il est important qu'elles soient toutes là parce que nous parlons de l'avenir du pays. Et l'idée, c'est vraiment que tous soient autour de la table. Échange animée par un spécialiste du sujet. Qu'il puisse y avoir…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est qui le spécialiste du sujet ?
CATHERINE VAUTRIN
Il va être nommé dans les jours qui viennent.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous pensez bien que ça aura un impact ?
CATHERINE VAUTRIN
Bien sûr que oui. Il faut que ce soit quelqu'un qui, par définition, ait une neutralité. C'est pour ça que j'utilise à loisir le terme spécialiste du sujet. Ce n'est pas un politique, pour être clair. C'est quelqu'un qui travaille sur ces sujets, dont les travaux peuvent, là encore, faire…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous l'avez déjà en tête ?
CATHERINE VAUTRIN
Il y a plusieurs noms. Il n'y en a pas un seul. Il y a plusieurs noms qui, potentiellement, peuvent être nés sur la table.
APOLLINE DE MALHERBE
Animer ces discussions, ces débats. Catherine VAUTRIN, si je vous entends bien, on a bien compris que, spontanément, il y a deux points sur lesquels vous vous dites, tiens, il faut vraiment qu'on se remette à bosser, c'est la question de la pénibilité, la question de la retraite et du travail…
CATHERINE VAUTRIN
Ça peut être l'âge, je vais aller au bout…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais l'âge, c'est ça ce que j'allais vous dire. Est-ce que la vraie question fondamentale, ce n'est pas la question de l'âge ?
CATHERINE VAUTRIN
Le Premier ministre l'a dit hier, aucun totem, c'est dans son discours de politique générale. Il a dit clairement, aucun totem, tout peut être réouvert. Il y a, en revanche, un élément clé, c'est l'équilibre du régime. Puisque, par définition, l'objectif, c'est d'aller vers l'équilibre du régime.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais il y a cette phrase : "Je souhaite que cet accord soit trouvé. Mais si les partenaires ne s'accordent pas,…" Voilà ce qu'a dit François BAYROU hier, "… alors c'est la réforme actuelle qui continuerait à s'appliquer". C'est sur cette phrase-là que vous avez perdu le Parti Socialiste.
CATHERINE VAUTRIN
Mais c'est là-dessus qu'il faut être capable de travailler, en se disant qu'il y a capacité à trouver un accord. C'est le fondement même du sujet.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais s'il n'y a pas d'accord, ils vous disent, est-ce qu'on ne peut pas reprendre la main aussi à l'Assemblée nationale ? Ça, vous dites déjà non ?
CATHERINE VAUTRIN
Mais pourquoi y aurait-il un accord, là, si les partenaires sociaux ne peuvent pas trouver un accord ? Pourquoi y en aurait-il un à l'Assemblée nationale ? Jusqu'à maintenant, et le Parti socialiste, comme d'ailleurs d'autres partis politiques, ont toujours fait confiance aux partenaires sociaux qui ont montré dans l'histoire de la République leur capacité à se mettre d'accord beaucoup plus forte que celle des politiques.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais je vous repose la question quand même sur les partenaires sociaux. Parce que Sophie BINET, en vrai, elle ne dit pas qu'elle ne veut pas venir. Mais elle dit que vous-même, vous avez déjà annulé la réunion. Est-ce que ça ne veut pas dire quand même que vous avez anticipé le fait que de toute façon, ça va être un très mauvais départ ?
CATHERINE VAUTRIN
Non, il n'y a pas de mauvais départ. Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas de réunion vendredi ? Parce que nous sommes mercredi matin. Il y a un certain nombre de gens qui ne sont pas disponibles vendredi.
APOLLINE DE MALHERBE
D'accord, donc c'est une question d'agenda, ce n'est pas une question politique.
CATHERINE VAUTRIN
C'est exclusivement une question d'agenda. D'où l'idée que ce soit, cette lettre qui soit envoyée vendredi, il y a donc bien un acte vendredi et une réunion dans la foulée.
APOLLINE DE MALHERBE
Qu'est-ce qui s'est passé ? Pardon, mais qu'est-ce qui s'est passé ? Quand, hier matin, ici même, Olivier FAURE dit, on est en train de conclure, il a même un petit sourire en coin, il pense vraiment que ça va passer. Et que le soir, il dit, le compte n'y est pas. Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que vous lui avez fait croire ? Ou qu'est-ce qu'il a de lui-même cru ? Où était le quiproquo ? L'ambiguïté même, peut-être.
CATHERINE VAUTRIN
Nous n'avons pas cherché à faire croire quoi que ce soit. Nous avons eu des réunions toute la semaine dernière avec l'ensemble des différents groupes de l'Assemblée nationale. L'idée, quelle est-elle ? Elle est réellement de regarder comment on peut travailler différemment et comment on peut confier surtout sur ce sujet tellement important des retraites.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous vous rendez compte que ça peut être pire ? C'est-à-dire que si vous humiliez, en quelque sorte, le Parti socialiste, ou s'il se sent humilié, il va se retrouver entre le marteau et l'enclume. Parce que d'un côté, il y a LFI qui va lui dire, tu vois, tu t'es fait complètement avoir. Et puis de l'autre, de toute façon, il finira par vous censurer. Est-ce que vous n'avez pas fait une erreur politique ?
CATHERINE VAUTRIN
Mais vous croyez que quand on travaille sur un sujet aussi important que celui des retraites pour les Français, on s'amuse à humilier qui que ce soit ? Le sujet c'est de se dire, on sait qu'il faut continuer à travailler sur le sujet. Les Français attendent des réponses sur différents points. On vous propose de proposer à celles et ceux qui sont les référents en matière de négociation sociale, à savoir les partenaires sociaux, de travailler. C'est au contraire une ouverture pour replacer le débat là où il peut être entre finalement spécialistes de la négociation sociale.
APOLLINE DE MALHERBE
Une dernière question sur les retraites avant qu'on ne passe aussi aux questions de santé qui étaient très présentes hier et qui font partie de vos dossiers. Catherine VAUTRIN, la proposition du patronat et il l'a faite à ce micro. C'est aussi une plus grande contribution des retraités en renonçant à l'abattement fiscal de 10 %. Est-ce que ça peut être une des sources ?
CATHERINE VAUTRIN
Aujourd'hui ça n'est pas du tout dans le texte. Après je ne vais pas commencer à dire on ne touche pas à ci, on ne touche pas à ça. Laissons les…
APOLLINE DE MALHERBE
Donc ça, on peut y toucher.
CATHERINE VAUTRIN
Le Premier Ministre a dit, pas de tabou. Donc, aujourd'hui moi je ne trie aucune conséquence sur quoi que ce soit. Je n'annonce surtout absolument rien sur le sujet.
APOLLINE DE MALHERBE
Après vous ne vous opposerez pas par principe ?
CATHERINE VAUTRIN
Mais regardons… Vous comprenez bien que quand on prend une copie de négociation, on ne commence pas à regarder un ou deux points. Ce qu'il faut faire, c'est regarder l'ensemble et c'est répondre aux attentes de nos concitoyens qui eux sont, un, attachés au système de retraite ; deux, souhaitent que leur carrière soit reconnue y compris notamment ce sujet de l'usure professionnelle et un point très important sur lequel je veux revenir qui est celui de la retraite des femmes. On sait combien on a un énorme sujet. Donc ouvrons ces sujets, apportons des réponses. C'est ce qu'attendent de nous nos concitoyens.
APOLLINE DE MALHERBE
Catherine VAUTRIN, la santé, vous avez réussi à récupérer des sous ?
CATHERINE VAUTRIN
C'était absolument indispensable. Et quand je dis ça, je ne suis pas là pour évidemment dire qu'il faut dépenser sans compter. Le sujet, nous le savons…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez augmenté le budget notamment pour les hôpitaux.
CATHERINE VAUTRIN
Alors, on va être… Vous avez tout à fait raison. Vous savez que dans nos textes nous avons d'un côté le projet de loi de finances et d'autre part, nous avons le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Dans ce projet de loi de finances de la sécurité sociale, nous avons l'objectif national des dépenses d'assurance maladie. C'est ce qui fixe le cadre. C'est 250 milliards d'euros, pour donner une idée de ce que cela représente. À l'intérieur de cela, nous avons tous les ans la campagne tarifaire des hôpitaux. C'est ce qui permet de financer les hôpitaux. La volonté qui était la nôtre, c'était de dire, il faut dans le contexte inflationniste que l'on a connu, dans le fonctionnement des hôpitaux, on a besoin que cette campagne tarifaire ne soit pas à zéro et c'est la raison pour laquelle le Gouvernement propose d'augmenter cet objectif national des dépenses de santé et cette campagne tarifaire. C'est la raison pour laquelle ce qu'on appelle cet objectif national est porté à 3,3 %, ce qui veut dire que concrètement, il y a un milliard de plus pour les hôpitaux.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous allez les prendre où ? Si l'enveloppe… Pardon mais moi, naïvement, je trouvais ça super et puis en fait, en vous écoutant, je comprends quand même que l'enveloppe globale n'a pas augmenté. Donc ça veut dire que le milliard, vous allez le mettre sur l'hôpital mais vous allez l'enlever ailleurs.
CATHERINE VAUTRIN
Non, l'enveloppe du projet de loi de finances de la sécurité sociale va donc augmenter. Donc nous allons travailler là comme ailleurs sur les économies puisque tout notre engagement, c'est un budget, et là je fais le lien PLF, PLFSS, on a un engagement…
APOLLINE DE MALHERBE
Projet de loi de finance, projet de loi de finance de la sécurité sociale.
CATHERINE VAUTRIN
On a un engagement d'économie qui est extrêmement fort. Nous sommes à plus de 40 milliards d'économies.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc à la fin il n'y a pas plus d'un milliard. Enfin, il y a plus d'un milliard sur une des enveloppes au sein du…
CATHERINE VAUTRIN
Dans le budget santé, il y a un milliard de plus, et ça, ça va pour les hôpitaux, et pour être très concrète, ça veut dire 13 000 patients, 13 000 lits pour un patient dans l'année en plus, c'est extrêmement important.
APOLLINE DE MALHERBE
Il y aura 13 000 lits de plus dans les hôpitaux ?
CATHERINE VAUTRIN
C'est 13 000 patients pris en charge en plus avec un milliard d'euros.
APOLLINE DE MALHERBE
13 000 lits, 13 000 nuitées.
CATHERINE VAUTRIN
C'est 13 000 patients pris en charge en plus. Si vous le voulez dans un autre sens…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est important d'être très technique là-dessus, parce que c'est vraiment extrêmement concret pour les Français.
CATHERINE VAUTRIN
Pour le dire autrement aux Français, c'est budgété sur un an, un milliard, c'est 16 000 soignants. Alors après, on peut le regarder différemment suivant de qui vous parlez entre une infirmière spécialisée ou un médecin…
APOLLINE DE MALHERBE
Qu'en est-il des remboursements des médicaments qui avaient été annoncés par Michel BARNIER, on en est où ?
CATHERINE VAUTRIN
Le Gouvernement a décidé de maintenir la suppression, c'est ce qu'on appelait le ticket modérateur, ce ticket modérateur est supprimé, il est supprimé à la fois pour les médicaments, il est également supprimé pour les consultations.
APOLLINE DE MALHERBE
Ça veut dire quoi pour les Français ?
CATHERINE VAUTRIN
Ça veut dire qu'il n'y a pas de changement pour les Français.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc les Français ne vont pas devoir payer plus cher leur santé.
CATHERINE VAUTRIN
Les Français ne paieront pas plus cher pour leur santé.
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que vous demandez aussi aux mutuelles qui ont annoncé qu'elles allaient augmenter de 6 % leur tarif de se restreindre ?
CATHERINE VAUTRIN
Les mutuelles ont déjà augmenté et donc, l’État demandera aux mutuelles la restitution de cette somme.
APOLLINE DE MALHERBE
Savez-vous si la restitution… à qui du coup ? Aux Français ? À l’État ?
CATHERINE VAUTRIN
A l'Etat. Ce qui permettra de contribuer au financement supplémentaire des dépenses.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous ne pensez pas que du coup, 'ils vont faire payer plus les Français ?
CATHERINE VAUTRIN
C'est déjà fait. Les campagnes…
APOLLINE DE MALHERBE
Les campagnes pour l'exercice 25 sont déjà installées.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc l'argent du déremboursement, vous le récupérez.
CATHERINE VAUTRIN
En partie.
APOLLINE DE MALHERBE
C'est les mutuelles ?
CATHERINE VAUTRIN
C'est les mutuelles.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous savez bien que les mutuelles, elles vont répondre que dans ces cas-là, elles vont continuer à augmenter les tarifs des mutuelles l'an prochain. C'est quand même un peu…
CATHERINE VAUTRIN
Vous savez que les mutuelles ont déjà augmenté et donc vous avez la question qui se pose…
APOLLINE DE MALHERBE
Elles ont terriblement augmenté.
CATHERINE VAUTRIN
Est-ce que vous laissez les mutuelles avoir augmenté une somme qui est une somme qui n'a pas à être compensée puisque nous ne déremboursons strictement rien ou bien est-ce que nous considérons que cette somme qui a déjà été prélevée doit avoir un effet sur la santé des Français ?
APOLLINE DE MALHERBE
Vous savez qu'il y a un certain nombre de Français qui renoncent à leur mutuelle ?
CATHERINE VAUTRIN
Mais vous savez aussi qu'on travaille sur des sujets avec notamment, et je salue les élus locaux avec des mutuelles, notamment des mutuelles communales ou intercommunales qui permettent d'accompagner nos concitoyens.
APOLLINE DE MALHERBE
Catherine VAUTRIN, vous êtes en charge de la santé, de la solidarité, il y a un point aussi sur lequel je voudrais vous interroger ce matin parce qu'il est à la croisée de vos deux dossiers, c'est la question de l'alimentation. On a découvert ce matin, et c'est une étude de l'association Foodwatch, que plus le produit est peu cher, plus il est sucré c'est-à-dire que c'est la double peine. Si vous n'avez pas les moyens d'acheter un produit de marque un peu plus élevé ou d'un coût un peu plus élevé, je parle de la mayonnaise, je parle des boîtes de conserve de petits pois, je parle des pizzas, je parle des sauces bolognaises, il y aura beaucoup plus de sucre donc ce sera moins sain. Est-ce que vous demandez aux industriels de l'agroalimentaire de faire un vrai effort sur cette question-là ?
CATHERINE VAUTRIN
Non seulement je leur demande de faire un vrai effort, mais surtout je suis extrêmement vigilante sur les Nutri-Score, parce que le Nutri-Score permet à nos concitoyens, lorsqu'ils achètent de regarder la classification du produit.
APOLLINE DE MALHERBE
DANONE y a renoncé.
CATHERINE VAUTRIN
C'est la question pour laquelle il faut aller plus loin sur le sujet. C'est une question de prévention.
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que vous allez le rendre obligatoire ?
CATHERINE VAUTRIN
Je vais travailler sur ce sujet, il n'y a qu'un jour que j'ai été nommée, laissez-moi un peu de temps.
APOLLINE DE MALHERBE
Je sais bien mais vous êtes dans le Gouvernement…
CATHERINE VAUTRIN
Mais c'est clairement un sujet sur lequel il faut aller, c'est une question de prévention. On a beaucoup parlé de dépenses de santé. Moi, je voudrais insister sur la prévention. Chacun d'entre nous est responsable quelque part de sa prévention et nous devons aider les Français sur le sujet. C'est vrai, sur des sujets aussi simples que la vaccination pour la grippe pour nos aînés, comme sur des sujets d'alimentation.
APOLLINE DE MALHERBE
La natalité, vous le disiez 1,54 enfants par femme, c'est le taux le plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Emmanuel MACRON avait parlé en grande pompe d'un réarmement démographique, rien n'a été fait. C'est-à-dire, depuis le discours et les annonces, rien n'a été mis en œuvre. Zéro.
CATHERINE VAUTRIN
Il y a là-dessus un travail à prendre. Il va sur plusieurs plans d'ailleurs. Moi, je veux travailler…
APOLLINE DE MALHERBE
Non mais il avait promis un nombre de points c'est-à-dire que rien n'a été fait.
CATHERINE VAUTRIN
Il ne vous a pas échappé qu'il y a une censure. Je rappelle juste que cette censure, il faut quand même qu'on ait eu la dissolution puis la censure. La censure, je le dis au passage, ça coûte 175 euros par Français, rien que sur cette notion de censure. C'est 12 milliards d'euros, vous ramenez ça au nombre de Français, ça fait 175 euros par Français. D'où la notion de stabilité, d'où la notion d'avoir un peu de temps, d'où la notion de travailler sur des sujets aussi lourds que celui-là. En un mot, moi, je veux travailler sur un virage démographique. Je commence sur les sujets de natalité, vous avez parfaitement raison, il y a des sujets de non-désir d'enfant, il y a des sujets de logement, il y a des sujets d'infertilité, je suis désolée, je les mets dans un livre, mais qui est extrêmement important, il y a une notion de garde d'enfant avec le service public de la petite enfance. Tout ça sont des sujets qu'il faut prendre de façon extrêmement sérieuse, rapide, pour apporter des réponses, parce que vous le voyez, c'est totalement interministériel, et il y a plein de sujets à travailler. J'insiste sur ce point, parce que nous avons, si vous comparez à 2010, le nombre de naissances a baissé de 21%. C'est dire, si nous avons un enjeu démographique majeur, la France va devenir durablement un pays de seniors avec toutes ses conséquences, y compris sur l'emploi, parce que cela veut dire que nous manquerons de bras dans un avenir extrêmement proche qui est un sujet très important pour la compétitivité du pays.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes confiante ce matin, globalement ? Vous pensez que vous allez vous allez durer à votre ministère ?
CATHERINE VAUTRIN
Durer, j'en sais rien, mais pleinement engagée, c'est certain.
APOLLINE DE MALHERBE
On l'a bien entendu. Merci Catherine VAUTRIN d'être venue ce matin répondre à mes questions, je rappelle que vous êtes ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles. Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 janvier 2025