Texte intégral
JULIEN ARNAUD
Et c'est vrai Madame la Porte-parole, bonjour.
SOPHIE PRIMAS
Bonjour.
JULIEN ARNAUD
… Qu'il y a un certain nombre de sujets gouvernementaux dans l'actualité sur lesquels on a besoin de vous entendre. D'abord, votre choix du matin, parce que vous êtes LR, on le rappelle, et donc il y a ce débat interne chez LR sur la présidence entre Bruno RETAILLEAU et Laurent WAUQUIEZ. Et ce matin, vous avez choisi, vous dites : "Je soutiens Bruno RETAILLEAU". Dites-nous pourquoi.
SOPHIE PRIMAS
Ce n'est pas une très grande surprise, je travaille avec Bruno RETAILLEAU depuis dix ans. Il a été mon patron de groupe au Sénat où nous séjournons tous les deux. Et donc je connais les qualités de Bruno RETAILLEAU pour rassembler des sensibilités qui parfois sont un petit peu différent. Vous savez, dans la famille de la droite, il y a parfois des sensibilités plus ou moins centristes, plus ou moins à droite. Et Bruno RETAILLEAU sait parfaitement faire cela, respecter chacun, réussir à trouver les moyens d'unir tout le monde. Je pense que c'est une perspective dans…
JULIEN ARNAUD
Mais est-ce qu'il peut rassembler au-delà ? Parce que vous vous prononcez aussi pour une primaire entre la droite et les macronistes, pour faire simple. Et on imagine mal, franchement, des macronistes, un peu de gauche, voter pour Bruno RETAILLEAU lors d'une présidentielle.
SOPHIE PRIMAS
Ce n'est pas exactement ça. Je pense qu'en effet, nous avons la nécessité pour préparer les prochaines élections présidentielles d'avoir un seul candidat à opposer aux extrêmes. Vous savez, le "en même temps" que nous avons depuis 2017 à sceller une partie de difficulté à la fois du Parti socialiste et à la fois des Républicains, qui n'avaient pas su d'ailleurs se renouveler ou se positionner correctement. Et ce "en même temps", a fait émerger les extrêmes de façon très, très importante. Donc, aujourd'hui, pour être au deuxième tour d'une élection présidentielle en 2027…
JULIEN ARNAUD
Il faut être en même temps LR et macroniste, on est toujours dans le "en même temps", en fait.
SOPHIE PRIMAS
Non, je ne crois pas, justement, que c'est l'intérêt d'une primaire. C'est qu'effectivement, on puisse, au terme d'une primaire, où on présente à la fois une femme, un homme et un programme, avoir un seul candidat et que tout le monde soit avec ce candidat, ce qui n'est pas du "en même temps".
JULIEN ARNAUD
En attendant ces échéances, il y a une actualité qui est brûlante. Vous nous parlez de Bruno RETAILLEAU, il menace régulièrement de démissionner. Il l'a encore fait il y a quelques jours. Il y a aussi Gérald DARMANIN qui menace de démissionner sur la question du port du voile dans le sport. D'abord, sur ce point, c'est fini, cette année, il n'y a plus de désaccords DARMANIN-BORNE-BARSACQ ?
SOPHIE PRIMAS
Oui, il y en a. Là aussi, vous savez, on est dans un Gouvernement qui est pluriel. C'est la caractéristique de ce Gouvernement qui déstabilise…
JULIEN ARNAUD
Pardon, mais on peut être pluriel sans se taper dessus ?
SOPHIE PRIMAS
On peut être pluriel en respectant effectivement les avis des uns et des autres. C'est ce qu'a répété et demandé le Premier ministre, hier, dans cette histoire de voile. À la fois, Marie BARSACQ, la ministre des Sports, Bruno RETAILLEAU, Gérald DARMANIN sont d'accord, et d'ailleurs l'ensemble du Gouvernement est derrière la proposition de loi telle qu'elle est sortie du Sénat et qui avait été proposée par le sénateur Michel SAVIN, qui est un grand spécialiste du sport et de ses questions.
JULIEN ARNAUD
Ils sont derrière maintenant parce que François BAYROU a tapé du bois sur la terre. Mais Élisabeth BORNE, par exemple, elle dit que c'est aux fédérations tranchées, ça marche très bien comme ça. Elle n'est pas vraiment pour que ça passe par la loi.
SOPHIE PRIMAS
Mais en fait, ça passe par la loi et le Gouvernement, aujourd'hui, est aligné derrière cette question. Ça n'empêche pas les avis personnels. Je le répète, on a le droit d'avoir des avis personnels différents. Mais aujourd'hui, le Gouvernement a tranché, le Premier ministre a tranché. Et donc, ce Gouvernement accepte et soutient le texte qui est sorti du Sénat.
JULIEN ARNAUD
On voit bien les limites quand même. François BAYROU, il dit : "Je ne veux pas être un garde-chiourme, je veux laisser les paroles s'exprimer." Mais on voit que ça part un peu dans tous les sens et la cacophonie, c'est dur, ce n'est pas facile votre boulot.
SOPHIE PRIMAS
Et moi qui porte-parole du Gouvernement... Non, ce n'est pas facile mon travail, mais c'est de respecter justement la sensibilité de chacun à l'intérieur du sous-gouvernement qui fait face à une situation politique qui est absolument inédite puisqu'il n'y a pas de majorité totale à l'Assemblée nationale et donc que nous devons faire avec cette nouvelle configuration politique.
JULIEN ARNAUD
Il y a quand même des coups de pression réguliers et on voit ces menaces de démission qui planent comme une épée de Damoclès au-dessus des épaules de François BAYROU. D'ailleurs, Laurent WAUQUIEZ, que vous connaissez très bien, il pousse Bruno RETAILLEAU à la démission. On le voit encore ce matin, il dit que Bruno RETAILLEAU devrait démissionner sur la question de l'Algérie. Est-ce que vous comprenez cette prise de position de Laurent WAUQUIEZ ou pas ?
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, je crois que Bruno RETAILLEAU est un élément très important de ce Gouvernement car dans l'espace politique qu'il nous a donné, les prochains mois, les prochaines... Voilà, quelques mois... Nous avons à faire face à un problème qui est la sécurité des Français. Je pense qu'à la fois l'attelage d'ailleurs, Bruno RETAILLEAU-Gérald DARMANIN est tout à fait coordonné pour répondre de façon importante à cette question de la sécurité RETAILLEAU Français. Alors sur la question de l'Algérie, effectivement, Bruno RETAILLEAU est très allant, le Gouvernement est très allant, nous sommes en ligne avec le président de la République, le Premier ministre et les ministres qui sont en charge, y compris Jean-Noël BARROT. Non, non, ne dodelinez pas de la tête, il y a eu un comité interministériel justement pour lutter contre ces questions d'immigration irrégulière et il est sorti une position qui est une position partagée par l'ensemble du Gouvernement et le président de la République.
JULIEN ARNAUD
Alors, il y a eu quand même ce refus, cette humiliation de la part de l'Algérie de refuser la liste française. Il y a déjà une première mesure qui a été annoncée, il y aura des visas maintenant pour les passeports diplomatiques, ce qui était une possibilité depuis 2007. Est-ce que le Gouvernement pourra aller plus loin et annoncer d'autres ripostes, puisqu'on parle de ripostes graduées ?
SOPHIE PRIMAS
Oui, alors le Quai d'Orsay est en train de travailler sur des ripostes graduées de différentes natures et effectivement graduées dans leur importance et leurs impacts. L'idée, c'est vraiment plutôt de retourner sur le terrain de la négociation et de retrouver des relations qui soient des relations normales avec l'Algérie, que l'Algérie libère Boalem SENSAL, qu'un certain nombre de QTF soient repris. Donc il faut qu'on reparte dans la négociation, mais s'il n'y a pas de négociation, parce qu'on n'est pas deux
JULIEN ARNAUD
Mais les négociations, ça suffit, vous avez vu ce qu'a dit MARINE Le PEN, vous êtes très attaquée là-dessus.
SOPHIE PRIMAS
Oui, mais moi je ne suis pas Marine Le PEN et Marine Le PEN n'est pas au Gouvernement.
JULIEN ARNAUD
Oui mais vous entendez les attaques, est-ce qu'il faut aller plus loin dans les sanctions avant de discuter ?
SOPHIE PRIMAS
Nous sommes absolument déterminées et avec l'appui du Président de la République et l'ensemble, le Premier ministre et l'ensemble du Gouvernement. Donc nous faisons ce que nous avons à faire, nous y allons progressivement, nous demandons à l'Algérie de respecter le droit international.
JULIEN ARNAUD
Elle a déjà répondu l'Algérie sur toutes ces questions, elle ne cesse de vous claquer la porte au nez et vous, vous donnez l'impression de ne rien faire de particulier.
SOPHIE PRIMAS
Je ne suis pas d'accord avec cette analyse, le Quai d'Orsay est en train de travailler sur un certain nombre de dispositions, qu'il appartiendra à Jean-Noël BARROT de vous présenter.
JULIEN ARNAUD
Les visas de travail par exemple ?
SOPHIE PRIMAS
Oui, qui sont en train d'être négociées, d'être séquencées également, parce qu'il faut montrer notre détermination et ne pas utiliser une arme de destruction totale. On est dans la relation, dans la relation évidemment...
JULIEN ARNAUD
Est-ce qu'il faut rappeler l'ambassadeur de France en Algérie ? C'est ce qu'a proposé Gérald DARMANIN.
SOPHIE PRIMAS
Écoutez. Je laisserai le Quai d'Orsay, c'est au Quai d'Orsay, au ministère des Affaires étrangères de prendre ses décisions, de proposer au président de la République et au Premier ministre l'ensemble de ses décisions et de vous les annoncer.
JULIEN ARNAUD
Alors, il y a aussi des tensions au sein du Gouvernement et au sein de la majorité sur la question des retraites, notamment entre François BAYROU et Édouard PHILIPPE, qui se sont accrochés fortement ce week-end. On a cru comprendre qu'ils devaient se voir en milieu de semaine. Est-ce que vous avez des précisions sur cette rencontre ou pas ?
SOPHIE PRIMAS
À titre personnel, je n'ai pas de précisions sur cette rencontre, mais je me suis exprimée dans un média que vous avez nommé tout à l'heure en disant que je pensais que c'était mieux s'ils se téléphonaient et encore mieux s'ils se voyaient et s'ils parlaient effectivement de la perspective, du conclave qu'a fait l'objet d'ironie de la part d'Édouard PHILIPPE. Donc, je pense que c'est bien que le patron d'un groupe politique qui appartient en socle commun vienne discuter avec le Premier ministre sur les éléments qui sont structurants de la politique en ce moment.
JULIEN ARNAUD
Il y a semble-t-il un déjeuner qui s'annonce, on verra la date précise. Édouard PHILIPPE, il a dit que le conclave sur la retraite était hors-sol, c'est là-dessus que tout est parti. La CGT va très probablement annoncer son départ de ce conclave dans les heures qui viennent. On voit que les négociations prennent l'eau, comme l'écrivent Les Échos. Ça sert à quoi franchement ce conclave si tout le monde part ? Est-ce qu'il ne faut pas dire stop, maintenant ?
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, le Premier ministre est très attaché à ce qu'en période de crise en particulier, les décisions soient prises par les gens du terrain.
JULIEN ARNAUD
Mais ils s'en vont les gens du terrain, ils quittent la réunion.
SOPHIE PRIMAS
On considère que les gens du terrain sont les mieux armés aujourd'hui pour répondre aux objections qu'il y a eu sur la dernière réforme des retraites et qu'ils devaient proposer un certain nombre d'arrangements, de modalités sur les difficultés que cette réforme pouvait poser aux salariés. C'est eux qui doivent prendre la main. Donc le Premier ministre leur a donné la main, le conclave est l'endroit pour faire cela. Ça n'empêche pas que chacun peut avoir son avis. Mais c'est quand même incroyable aujourd'hui qu'on reproche au Premier ministre de faire ce conclave, de donner la responsabilité.
JULIEN ARNAUD
On lui reproche d'avoir changé d'avis, d'avoir dit tout est ouvert et compris sur l'âge de la retraite et dimanche, de dire : "Non, on ne reviendra pas à 62 ans".
SOPHIE PRIMAS
Alors il n'a pas dit ça. Il a dit que compte tenu des informations qu'il avait par le rapport de la Cour des comptes, compte tenu de son avis à lui qui était probablement qu'un âge unique de départ à la retraite n'était peut-être pas la bonne solution, il lui semblait difficile en période de déficit de revenir sur un âge. Mais si les partenaires sociaux trouvent une solution qui permette d'atteindre l'équilibre en 2030, alors il tiendra sa parole. Le contrat n'a pas changé en réalité.
JULIEN ARNAUD
Ça va être difficile de discuter avec des gens qui ne seront plus autour de la table. En tout cas, visiblement, il les a braqués.
SOPHIE PRIMAS
La porte est ouverte et s'ils veulent revenir et continuer à négocier, c'est quand même eux qui doivent prendre... D'ailleurs, je note qu'Édouard PHILIPPE, dans ses propositions de programme présidentiel, dit je donnerai l'action des retraites privées aux partenaires sociaux. Donc, on n'est pas très très loin.
JULIEN ARNAUD
Arrondir les angles, ce n'est pas toujours facile le boulot de porte-parole du Gouvernement. Merci beaucoup, Sophie PRIMAS, d'avoir accédé ce matin.
SOPHIE PRIMAS
Merci beaucoup, Julien ARNAUD. J'espère d'avoir un peu réussi.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 mars 2025