Texte intégral
JULIE ARNAUD
En tout cas, vous ne l'avez pas mis ce matin, si vous l'avez acheté ce maillot.
SOPHIE PRIMAS
Je ne l'ai pas encore acheté, mais je vais le faire.
JULIE ARNAUD
C'est vrai que vous allez le faire ?
SOPHIE PRIMAS
Vous le savez, le Paris Saint-Germain s'entraîne sur mon propre territoire à Poissy, dans la vallée de la Seine, donc, on est très fiers de porter cet étendard.
JULIE ARNAUD
Donc, la prochaine fois, vous aurez le maillot avec la petite étoile dans le 4V. Le pari est pris, ce matin. Alors, ça, évidemment, c'est la victoire du PSG côté positif, et c'est cela bien sûr qu'il faut retenir d'abord. Mais il y a aussi eu du moins positif avec ces débordements en marge des célébrations. Alors, il y en a eu encore hier soir. Rien à voir avec samedi, bien sûr, heureusement. Est-ce qu'il y a des chiffres dont vous disposez ce matin et que vous pouvez nous donner ?
SOPHIE PRIMAS
Les chiffres dont je dispose, ce matin, sont les chiffres qui sont dans la presse et qui sont les chiffres des exactions. On regrette ces débordements qui n'ont rien à voir avec le football. Vous l'avez dit, le football, c'est un sport transgénérationnel. C'est un sport social, si j'ose, si j'ose dire, que c'est une fête. Et la violence, elle gâche la fête, la violence à la porte, la souffrance des commerçants qui ont été, qui ont été volés, qui ont été pillés.
JULIE ARNAUD
Est ce qu'il aurait fallu mieux les protéger ? Vous voyez bien la polémique qui monte. Vous êtes attaqués de toute part. "Échec sécuritaire pour le Gouvernement" dit notamment le Rassemblement national.
SOPHIE PRIMAS
Non, pas d'échec sécuritaire. Le préfet de Paris a dit, hier, que ce n'était ni une réussite ni un échec. On ne peut pas parler de réussite quand il y a effectivement des personnes qui ont perdu la vie à Paris, mais aussi dans d'autres villes de France et à Dax en particulier. Donc, ce serait exagéré. Ce n'est pas non plus une réussite, même si les violences que l'on voit beaucoup passer sur les réseaux sociaux ou dans les journaux ont été inférieures aux manifestations habituelles lors de ces matchs. On regrette que la violence, aujourd'hui, soit liée au foot. Le ministre de l'Intérieur avait mis beaucoup, beaucoup de moyens, notamment à Paris. 5 400 policiers, gendarmes, forces de l'ordre étaient présents. Véritablement, le dispositif était très important.
JULIE ARNAUD
Pourtant, les accusations sont là, Marine Le Pen qui dit sur X "Les exactions sont le résultat de 40 années de laxisme et de renoncements". C'est vrai qu'elle se projette un petit peu plus loin dans le passé. Jordan BARDELA qui dit "Le risque sécuritaire a été sous dimensionné". Ils disent beaucoup. "Bruno RETAILLEAU, c'est le ministre de la parole, mais pas de l'action. Et les faits lui donnent tort". Vous répondez quoi ?
SOPHIE PRIMAS
Je réponds que d'abord, malgré les images et malgré les exactions qui sont réelles, les violences ont été inférieures à celles d'habitude sur d'autres phénomènes populaires. Nous les regrettons. C'est insupportable, je le répète, mais les moyens avaient été mis. Le ministre de l'Intérieur, le préfet de police de Paris en particulier, et toutes les préfectures avaient été mis en alerte.
JULIE ARNAUD
Ça veut dire que c'est inévitable et que c'est le prix à payer. On est là, un peu les bras maintenant ? C'est comme ça que ça se passe ?
SOPHIE PRIMAS
Non, ce n'est pas inévitable. Je pense qu'il faudra réfléchir, dans le temps, à comment éviter de faire venir des personnes qui sont violentes sur les capitales, sur les villes. On voit bien qu'on a aussi des villes de province, aujourd'hui, qui sont touchées. Comment on peut repérer ces gens-là ? Je pense qu'il y a des mesures préventives à mettre en place, mais qui demandent un peu de législation, un peu de courage et puis, un petit peu de travail.
JULIE ARNAUD
Est-ce que vous reprenez à votre compte, le terme de Bruno RETAILLEAU, des barbares ? Il a comparé les émeutiers à des barbares.
SOPHIE PRIMAS
Bon, écoutez, des gens qui viennent et qui, au deuxième but sur les Champs-Élysées à partir du deuxième but, commencent à casser des biens publics, des biens privés, à mettre le feu. Je ne sais pas si ou c'est le terme de barbares, je pense qu'il y a assez juste. En réalité, ça n'a rien à voir avec le sport.
JULIE ARNAUD
Autant du côté de chez LFI, Éric COQUEREL, notamment, dit cette accusation ce terme de barbare, c'est un terme à connotation raciste. Éric COCQUEREL dit "Derrière tout ça, il y a des soubassements racistes qui reviennent".
SOPHIE PRIMAS
Je pense qu'il est obsédé par le racisme. Il y a des barbares de toutes les races puisqu'il emploie le mot racisme. Je pense que tout ça n'a rien à voir avec le racisme, c'est juste de la violence, de l'ultra violence gratuite.
JULIE ARNAUD
Alors, il y a un autre sujet important pour les jours et les semaines qui viennent, c'est le sujet du budget. François BAYROU doit annoncer ces mesures d'ici au 14 juillet. Visiblement, madame la porte-parole, les propositions des ministères, la semaine dernière, ont été jugées loin du compte par François BAYROU. Dans Le Journal du Dimanche, hier, on lisait que le cabinet de François BAYROU a passé une soufflante à ses homologues des différents ministères. Est-ce que c'est vrai ou pas ?
SOPHIE PRIMAS
Nous sommes dans une situation financière que vous connaissez tous. Les Français, maintenant, le savent depuis la conférence de presse du Premier ministre. Et donc, nous recherchons des pistes d'économies. Dans ces pistes d'économies, il y a la réforme profonde de l'État et donc, le Premier ministre et son directeur de cabinet ont rappelé aux directeurs d'administration centrale qu'il fallait être ambitieux, très ambitieux…
JULIE ARNAUD
Parce qu'ils ne l'étaient pas suffisamment, donc ?
SOPHIE PRIMAS
Vous savez, c'est compliqué, c'est un exercice qui est très compliqué que de remettre en cause des organisations qui sont là depuis des années. Donc, on a demandé plus. Et le Premier ministre et son directeur de cabinet ont demandé plus aux directeurs d'administration centrale et donc, ils vont retravailler leur copie.
JULIE ARNAUD
Eh bien, on voit que vous confirmez ces informations. Vous aviez parlé d'un cauchemar pour le budget, on est en plein dedans ?
SOPHIE PRIMAS
C'est difficile, bien sûr. C'est un cauchemar pour tout le monde. Un cauchemar, je ne sais pas si c'est un cauchemar. En tout cas, cela demande beaucoup d'énergie.
JULIE ARNAUD
Si, vous l'aviez dit, vous le redites, ce matin.
SOPHIE PRIMAS
Oui, Je le redis ce matin. Je le redis parce que je le redis, c'est beaucoup d'énergie, beaucoup de travail, beaucoup de remise en question. Et je crois que le Premier ministre a dit qu'il demandera des efforts à tout le monde. Ça commence par, bien sûr, l'État lui-même, la façon dont il travaille, dont il peut mieux dépenser l'argent, moins dépenser l'argent de façon plus efficace, se réorganiser. Et ça, ça demande évidemment beaucoup de courage et beaucoup de travail.
JULIE ARNAUD
L'une des pistes sur lesquelles, semble-t-il, vous travaillez, c'est un coup de rabot sur l'aide aux emplois à domicile. Ça concerne énormément de gens. Est-ce que c'est une piste que vous confirmez ce matin ?
SOPHIE PRIMAS
Je ne confirme rien puisque, comme je ne cesse de le répéter, aucune décision n'est prise. Nous regardons, nous regardons les agences, nous regardons les autorités indépendantes, nous regardons les niches fiscales, nous regardons tout ce qui coûte très cher à la nation. Nous regardons l'efficacité, nous questionnons, en fait, le fonctionnement et les décisions seront prises comme l'a annoncé le Premier ministre à la mi-juillet.
JULIE ARNAUD
Et vous regardez aussi toujours la TVA sociale ou bien c'est écarté ?
SOPHIE PRIMAS
Toutes les pistes sont regardées, toutes les pistes dans leurs effets sont regardées. Ce qui est très important, c'est qu'à la mi-juillet, le Premier ministre puisse expliquer de façon claire aux Français quelles sont les hypothèses qu'il aura retenues.
JULIE ARNAUD
Et ce qui sera très important après cela, c'est de faire en sorte que la censure ne soit pas votée par vos adversaires politiques. Est-ce que vous parlez avec les gens du RN ? Est-ce que vous parlez avec les gens du Parti socialiste pour les préparer, les ambiancer et quels sont les retours ?
SOPHIE PRIMAS
En réalité, nous faisons plus que de leur parler puisque nous avons demandé au Parlement, à l'Assemblée nationale et au Sénat, à nos groupes politiques de faire leurs propositions, que nous avons demandé à tous les rapporteurs du budget pour avis, au fond, de tous les partis qui travaillent sur ces budgets, de travailler à des propositions que nous entendons. Donc, c'est un travail qui sera un travail collectif. Alors, nous ne serons peut-être pas d'accord sur les décisions finales qui seront prises le 15 juillet.
JULIE ARNAUD
Vendredi, Marine LE PEN a dit qu'on se rapprochait de la censure.
SOPHIE PRIMAS
Oui, mais Marine LE PEN, elle, agite la censure en permanence. D'autres groupes politiques le font aussi. Vous savez que nous avons une motion de censure qui a été déposée par LFI cette semaine. Donc, la censure, nous connaissons ce mécanisme de la censure qui est un mécanisme, un peu de chantage, mais en tout cas de pression sur le Gouvernement, quoi qu'il faudra…
JULIE ARNAUD
Ça a marché pour débarquer Michel BARNIER, quand même.
SOPHIE PRIMAS
Il faudrait justement, je pense que la France a besoin de stabilité. C'est ce que nous disent les chefs d'entreprise, c'est ce que nous disent les Français. D'une façon générale, dans ce monde un peu chaotique, nous avons besoin d'une stabilité politique. Donc nous avançons, nous concertons, nous demandons à chacun de travailler, de faire des propositions. Et puis, nous aurons une copie au mois de au mois de juillet.
JULIE ARNAUD
Ce n'est pas simple la stabilité politique, surtout quand on n'est pas forcément d'accord au sein du même Gouvernement. Sur la proportionnelle par exemple, je trouve que dans les heures qui viennent, là, François BAYROU va accueillir les dirigeants de LR et chez LR, on n'est pas du tout fan de la proportionnelle alors que c'est le combat de François BAYROU. Vous qui venez de LR, c'est quoi votre position ?
SOPHIE PRIMAS
Alors là, je prendrais ma casquette de LR, je le précise bien pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté. C'est vrai que le groupe Les Républicains n'est pas favorable à la proportionnelle pour plusieurs raisons qui sont la personnalisation, si je peux dire, ce néologisme de la vie. Et puis surtout, en tout cas, pour moi, à titre personnel, je pense que d'éloigner encore les députés du territoire n'est pas une bonne idée au moment où on a une crise d'exécution. Et on a besoin de ce lien entre les Français et le territoire.
JULIE ARNAUD
Est-ce que ce sujet est l'un de ceux qui font se fissurer le bloc central ? Il y a un article dans Le Parisien qui le raconte aujourd'hui, on voit bien que la personnalisation, pour reprendre ce terme que vous avez emploie il y a quelques instants, elle concerne aussi le Gouvernement et que c'est un poison qui peut vous détruire.
SOPHIE PRIMAS
Non, ce n'est pas un poison qui nous détruit, nous le savons, et en particulier les LR. Nous avons participé à ce gouvernement parce que nous voulions éviter d'autres majorités. Mais nous sommes venus et c'est l'état d'esprit du Premier ministre avec nos différences politiques. Eh bien la proportionnelle, par exemple, est une différence politique. Et quand le Premier ministre aura proposé un texte, eh bien c'est le Parlement qui décidera.
JULIE ARNAUD
On n'est pas dans la fin du macronisme alors, finalement ?
SOPHIE PRIMAS
Je redis ce que j'ai dit et précisé plusieurs fois. Le mandat d'Emmanuel MACRON prendra fin dans deux ans. On verra ce qui se passera dans deux ans. Et donc, chacun des groupes politiques, aujourd'hui, est en train de construire une alternative et un autre projet. Pour l'instant, on a deux ans à travailler et on doit travailler ensemble.
JULIE ARNAUD
Sophie PRIMAS qui reprend à son compte le thème de barbare ce matin dans les 4V. Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 juin 2025