Texte intégral
SONIA MABROUK
La grande interview sur CNews et Europe 1. Mon invitée a la tâche complexe. Vous portez la parole du Gouvernement dans un moment de grande confusion politique. Bonjour et bienvenue Maud BREGEON.
MAUD BREGEON
Bonjour.
SONIA MABROUK
Merci de votre présence. Vous êtes donc la porte-parole du Gouvernement. Nous allons évidemment aborder la tâche herculéenne du budget. Mais avant cela, le soulagement, immense soulagement pour nos compatriotes Cécile KOHLER et Jacques PARIS sortis de prison et transférés à l'ambassade de France à Téhéran. C'est une libération conditionnelle. Précisons-le. C'est ce que dit d'ailleurs le régime iranien. Les familles de nos compatriotes ont exprimé leurs joies qu'ils soient arrivés, je cite, sur un petit bout de France. Le Quai d'Orsay dit qu'il veut obtenir désormais leur libération immédiate. Est-ce qu'on pourrait espérer qu'ils rentrent prochainement, peut-être même avant les fêtes, ou qu'ils passent les fêtes, évidemment, avec leurs familles ?
MAUD BREGEON
Ce que je peux vous dire, en tout cas, c'est que le président de la République, le ministre des Affaires étrangères, la France, ils travaillent d'arrache-pied. C'est un immense soulagement. C'est une première étape. Le chemin n'est pas terminé, mais c'est une première étape de soulagement. Et je partage ce soulagement, celui de leur famille, de leurs proches. J'entendais la maman de Cécile KOHLER chez vos confrères de France Info ce matin, et c'était extrêmement émouvant.
SONIA MABROUK
Et on ne peut pas ne pas penser, évidemment, à Boualem SANSAL et à notre confrère Christophe Gleizes en Algérie. Là, les nouvelles sont beaucoup plus sombres, y compris évidemment pour l'état de santé, hélas, du grand écrivain Boualem SANSAL. C'est une pensée, et on la partage, Maud BREGEON. Revenons aux discussions budgétaires, l'actualité brûlante et ces discussions qui s'enlisent, avant d'aborder, si vous êtes d'accord, les questions politiques sur l'issue des débats, des questions concrètes qui ont fait réagir les Français, et je sais que votre réponse est attendue. D'abord, sur la prime de Noël. Comment vous justifiez, madame la porte-parole du Gouvernement, la volonté du Gouvernement quand même de diviser par deux la prime de Noël, sous certaines conditions, de la sucrer pour les foyers sans enfants ? Est-ce que vous assumez de dire que l'État était trop généreux ?
MAUD BREGEON
Je pense qu'on est à un moment, avec un déficit qui est extrêmement important, où la politique du chèque n'est plus tenable. Et donc on a des choix à faire. Cette prime de Noël, on ne la supprime pas complètement. On la réserve à celles et ceux qui en ont le plus besoin, à savoir les familles qui ont des enfants. Maintenant, ce sera soumis au débat, à l'Assemblée nationale. J'entends que ça fait débat. J'entends que les parlementaires veulent en discuter. Et c'est bien légitime. Mais on est à un moment où il faut assumer de faire des choix. C'est comme en foyer, comme les gens qui nous regardent, on ne peut pas éternellement dépenser l'argent que nous n'avons pas.
SONIA MABROUK
Et qu'est-ce que vous répondez à la gauche qui vous dit : "Le père Noël est une ordure" ? En l'occurrence, c'est vous.
MAUD BREGEON
Mais je leur réponds que cet argent-là, ce n'est pas de l'argent magique.
SONIA MABROUK
C'est l'argent des Français.
MAUD BREGEON
C'est l'argent des Français. C'est l'argent du contribuable. Et donc on ne peut pas faire n'importe quoi avec l'argent du contribuable. On est à un moment où on doit faire des choix, des choix qui ne sont pas faciles. Pas faciles pour nous, pas faciles pour les parlementaires qui en discutent en ce moment. Mais on a une responsabilité parce que le déficit qu'on crée aujourd'hui, c'est nos enfants qui le paieront demain.
SONIA MABROUK
Donc Nicolas qui paie, maintenant, il faut qu'il arrête de recevoir. Parce que vous avez dit : "On arrête de faire n'importe quoi". Donc avant, on était quand même un petit peu vanne ouverte.
MAUD BREGEON
On est à un moment où c'est plus difficile parce que la croissance est plus basse, parce qu'on est sorti des crises. Et donc on prend nos responsabilités. Nous, on a proposé une copie au Parlement avec des mesures qui, parfois, sont difficiles. Mais je crois qu'ils sont justes et on en débattra et c'est au Parlement, ensuite, de faire son choix.
SONIA MABROUK
Parlons-en parce que la question, Maude BREGEON, c'est de savoir qui trinque à la fin. Est-ce que ce ne sont pas les plus modestes ? Par exemple, autre sujet qui concerne beaucoup de Français, les découverts bancaires. Je crois que plus de 25 % des Français sont concernés par les découverts bancaires à partir du 15 du mois. Alors vous avez affirmé que c'était une énorme fake news de la France insoumise. Vous avez dit qu'il ne s'agissait pas de supprimer l'accès aux découverts pour certains Français. Mais concrètement, la directive européenne est transposée, prévoit d'appliquer les règles des crédits à la consommation pour les découverts, si on est bien d'accord, inférieurs à 200 euros. Donc dans les faits, il y aura un examen de solvabilité par la banque. Et dans les faits, il y aura une restriction à l'accès de ces découverts.
MAUD BREGEON
Les découverts bancaires n'étaient ni automatiques, ni interdits avant. Ils ne seront ni automatiques, ni interdits après. Il y a un contrôle qui sera fait sur la solvabilité. Ce contrôle existait déjà, notamment pour les découverts au-delà d'un mois et au-delà de 200 euros. Moi, je veux être très claire là-dessus. Nous ne sommes pas en train d'interdire les découverts. Le président de la République n'est pas en train d'interdire les découverts. Il y a une directive européenne qui a été votée, pardonnez-moi.
SONIA MABROUK
Par vous tous quasiment.
MAUD BREGEON
Notamment par l'ensemble de la classe politique, par l'ensemble des députés européens.
SONIA MABROUK
Dont la transposition du bureau Renaissance sur le plan européen.
MAUD BREGEON
Dont Manon AUBRY. La France insoumise a voté la règle qu'elle dénonce aujourd'hui.
SONIA MABROUK
Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Que vous n'avez pas tous lu ce qu'il y avait dans cette directive européenne ?
MAUD BREGEON
Non, ce qu'on dit, c'est que cette directive européenne vise à préserver et à protéger les consommateurs et qu'elle n'interdit nullement les découverts bancaires. Ce que fait la France insoumise là est d'une extrême gravité. La France insoumise s'empare d'un sujet, l'instrumentalise à des fins politiques, fait des tracts, ment aux Français sur un sujet qui touche environ 45 % de la population. 45 % de la population a été au moins une fois à découvert l'année dernière.
SONIA MABROUK
Mais 20 % des Français le font chaque mois.
MAUD BREGEON
Et on en a bien conscience. C'est pour ça que je redis que ce ne sera absolument pas interdit. La France insoumise vous ment. Ces procédés sont honteux. J'ai écouté hier les questions au Gouvernement des députés insoumis qui relayaient sans vergogne des fausses informations, qui parlent de sur-transposition alors qu'il n'y a eu aucune sur-transposition…
SONIA MABROUK
Attends, mais nous sommes d'accord que c'est une directive européenne qui est transposée.
MAUD BREGEON
Mais il n'y a pas eu de sur-transposition.
SONIA MABROUK
Ça n'a pas été fait par excès, c'est ce que vous dites.
MAUD BREGEON
C'est une directive européenne qui a été votée par l'ensemble des partis politiques, qui n'interdit en rien les découverts bancaires.
SONIA MABROUK
Mais est-ce que vous dites ce matin qu'il limite l'accès au découvert ?
MAUD BREGEON
Ça ne limite pas l'accès au découvert.
SONIA MABROUK
Donc aucun effet ?
MAUD BREGEON
Ça ne limite pas l'accès au découvert. Il y avait déjà des contrôles qui étaient faits avant cette directive. Il y aura des contrôles qui seront faits après, et c'est bien normal.
SONIA MABROUK
Mais madame la porte-parole du Gouvernement, s'il y a une directive, c'est que quelque chose va changer entre avant et après.
MAUD BREGEON
Il n'y a absolument pas d'interdiction. Les découverts ne sont pas automatiques, ils ne l'ont jamais été. Quand vous allez à la banque, que vous souscrivez à un contrat et qu'on vous donne une carte de crédit, il n'y a pas automatiquement accès au découvert.
SONIA MABROUK
Un exemple précis. Si les charges dépassent les 30 % de revenus, soit 600 euros pour un revenu environ de 2 000 euros, le découvert peut être refusé avec une telle directive.
MAUD BREGEON
Il n'y a pas de changement par rapport à ce qui se passait avant, au-delà de 200 euros et des découverts supérieurs à un mois. On vérifiait votre solvabilité pour ne pas vous mettre en situation de surendettement, parce que c'est dangereux pour vous. Et ces contrôles vont continuer à perdurer. En dessous de 200 euros, on fera également ce contrôle de solvabilité. C'est la banque qui va le faire. Donc ça rajoute un peu de travail aux banques. C'est transparent pour les consommateurs qui n'auront pas de démarches supplémentaires à faire eux-mêmes. Et on n'interdit pas, je le redis, les découverts bancaires. Ne commençons pas à relayer les fake news de monsieur BOMPARD, de madame PANOT ou de monsieur MELENCHON qui sont dans des procédés absolument honteux.
SONIA MABROUK
On ne relaie pas, on interroge. Et ça inquiète beaucoup de Français.
MAUD BREGEON
Je ne le dis pas pour vous, mais j'ai été très choquée de ce qui s'est passé.
SONIA MABROUK
On va continuer, parce qu'il faut voir aussi dans les faits comment cela va se passer, si vous êtes d'accord, sur CNews et Europe 1, on passe en revue toutes ces mesures concrètes. Autre mesure qui a fait vivement réagir, c'est le doublement des franchises médicales, qui aura, Maud BREGEON, un coup direct sur les malades. Malgré tout, vous estimez que c'est une bonne mesure. Cette phrase a beaucoup interpellé. Le Gouvernement ne veut pas reculer. Mais c'est quand même une bonne mesure qui va pénaliser les assurés ayant des maladies chroniques.
MAUD BREGEON
De quoi parlons-nous ?
SONIA MABROUK
Ben de maladie chronique.
MAUD BREGEON
L'assurance maladie sera en hausse l'année prochaine. Le budget de l'assurance maladie est de 5 milliards d'euros. Le déficit cette année est estimé à environ 25 milliards. Nous ne sommes pas dans un budget de régression sanitaire. C'est tout l'inverse. Il y a aujourd'hui 18 millions de personnes qui ne paient aucune franchise médicale. C'est normal. On parle des mineurs, on parle des Français les plus modestes, on parle des femmes enceintes. Est-ce qu'il faut élargir les publics protégés ? C'est une question qu'on peut se poser. Nous, on y sera ouvert lors des débats à l'Assemblée nationale. Pour autant, est-ce qu'aujourd'hui, ceux qui le peuvent, peuvent contribuer un peu plus quand ils vont chez le médecin ou quand ils vont à la pharmacie ? On estime aussi que c'est normal. Dit autrement, au regard de ce qu'est la démographie aujourd'hui, au regard de ce qu'est le déficit de l'assurance maladie, qui va atteindre 40 milliards d'euros en 2030, si on ne fait rien, le tout gratuit, tout le temps, pour tous, n'est pas tenable et n'est pas souhaitable.
SONIA MABROUK
Ce discours peut être entendu. Mais vous êtes d'accord que personne ne choisit d'être malade par plaisir. Nous sommes d'accord. Parce que la manière de dire que c'est une bonne mesure sur un tel sujet, où on parle aussi parfois de maladie chronique…
MAUD BREGEON
C'est une mesure de responsabilité. Encore une fois, même après cette mesure-là, nous resterons le pays où le reste à charge est le plus faible de l'ensemble des pays de l'OCDE. Ce n'est pas un budget de régression sanitaire.
SONIA MABROUK
Est-ce que vous confirmez qu'en l'état, Maud BREGEON, il y a une nette augmentation d'impôts qui va toucher les Français ? En l'état.
MAUD BREGEON
Non.
SONIA MABROUK
Est-ce que vous Le rapporteur général du budget nous a dit exactement l'inverse hier…
MAUD BREGEON
Il y a d'abord... Si, j'ai beaucoup de respect pour mon collègue.
SONIA MABROUK
Vous ne dites pas la même chose. Il dit deux points de PIB.
MAUD BREGEON
... en plateau hier. D'abord, ce budget, c'est quoi ? C'est deux tiers de réduction de dépenses.
SONIA MABROUK
On va attendre de les voir.
MAUD BREGEON
Et c'est effectivement une augmentation, un effort exceptionnel demandé à ceux qui le peuvent. Le plus, on parle des grandes entreprises.
SONIA MABROUK
D'accord. Mais c'est une augmentation des prélèvements obligatoires.
MAUD BREGEON
On parle des grandes entreprises. 440 grandes entreprises, par exemple, sur l'impôt sur les sociétés et des Français les plus fortunés. La contribution…
SONIA MABROUK
Madame BREGEON, est-ce qu'il y a une augmentation des impôts ? Oui.
MAUD BREGEON
Non, il n'y a pas d'augmentation des impôts.
SONIA MABROUK
Il n'y a pas. On ne passe pas de 43 % à 45 % du PIB.
MAUD BREGEON
Il n'y a pas d'augmentation généralisée des impôts. Il y a un ciblage, un effort particulier demandé à ceux qui le peuvent le plus. Je vous prends un exemple. La contribution exceptionnelle sur les hauts revenus. On parle de Français qui gagnent seuls plus de 250 000 euros par an et pour un couple, au-dessus de 500 000 euros par an.
SONIA MABROUK
C'est conséquent mais nous ne sommes pas dans les ultras riches.
MAUD BREGEON
Ce n'est pas tout à fait ce que j'appelle la classe moyenne bas.
SONIA MABROUK
Evidemment.
MAUD BREGEON
Au-dessus de 500 000 euros par an pour un couple…
SONIA MABROUK
Vous savez, ce sont les choses qui finissent par ruisseler généralement.
MAUD BREGEON
On est quand même sur des gens qui gagnent extrêmement…
SONIA MABROUK
Mais vous assumez une augmentation d'impôts ?
MAUD BREGEON
20 000 foyers en France. On assume de demander de façon exceptionnelle et ciblée une contribution particulière aux entreprises qui le peuvent et aux Français les plus fortunés. Encore une fois, on parle de 20 000 foyers. On ne parle aucunement de la classe moyenne. Et ensuite, je le redis, il faudra parler des dépenses. On parle beaucoup d'impôts aujourd'hui.
SONIA MABROUK
On vous attend…
MAUD BREGEON
On parle beaucoup d'impôts aujourd'hui parce que la discussion budgétaire est organisée de telle sorte dans la Constitution qu'on commence par discuter des recettes. Ensuite, on va discuter des dépenses. Et là, moi, je serai très attentive à ce que proposeront les uns ou les autres. Il est plus facile de proposer de nouveaux impôts que de réduire les dépenses.
SONIA MABROUK
N'est-ce pas ?
MAUD BREGEON
Parce que réduire les dépenses, c'est aussi impopulaire parfois. Beaucoup le réclament. Mais j'attends de voir également les propositions des différentes forces politiques.
SONIA MABROUK
Est-ce que vous regrettez que le Premier ministre ait renoncé au 49.3 ?
MAUD BREGEON
Non, je pense que c'était une demande partagée par les bancs de l'Assemblée nationale.
SONIA MABROUK
Expliquons pourquoi on dit cela Maud BREGEON, parce qu'il est possible qu'on aille vers un budget par ordonnance.
MAUD BREGEON
C'était une demande partagée de l'Assemblée nationale. Je vais vous répondre là-dessus. D'abord, on voit bien aujourd'hui que l'utilisation du 49.3 n'est plus tenable. Il l'a été dans d'autres contextes. Il l'a été avec d'autres Gouvernements. Mais on a, me semble-t-il, atteint une limite avec cette utilisation. Et donc il fallait laisser faire le débat parlementaire, faire confiance aux députés. Ce qu'on voit aujourd'hui... et quand même pardonnez-moi.
SONIA MABROUK
Vous faites confiance là à ce qui est en train de se passer ?
MAUD BREGEON
Je remarque qu'on a un hémicycle qui est plein, avec des débats qui sont techniques.
SONIA MABROUK
À tout le moins, pour parler du budget de la France, il était vide. Nous en sommes là.
MAUD BREGEON
Mais pardonnez-moi.
SONIA MABROUK
C'est-à-dire on en est à souligner qu'il y a un hémicycle plein.
MAUD BREGEON
Oui, je le souligne.
SONIA MABROUK
Voilà.
MAUD BREGEON
Avec des débats qui sont exigeants, qui sont techniques, qui sont longs, des compromis qui ne sont pas faciles à trouver, parce que ce n'est pas tout à fait dans la culture française. En tout cas, ce n'est pas dans ce qu'on a pu expérimenter ces dernières années. Mais on doit être fiers de ça.
SONIA MABROUK
Fier ? Pardonnez-moi. Le prix Nobel d'économie parle de députés qui ont une inculture totale, un manque de culture intellectuelle et économique et vous en êtes fier ?
MAUD BREGEON
Je suis d'accord avec lui sur un certain nombre de sujets, mais pas sur ça. Et moi, j'invite les uns et les autres à ne pas propager des discours qui alimentent l'antiparlementarisme. Avoir une Assemblée nationale qui fonctionne, même dans la difficulté, ça fait aussi l'honneur de nos institutions.
SONIA MABROUK
Emmanuel MACRON hier en déplacement, cela faisait longtemps d'ailleurs, a réagi en affirmant qu'on ne rend pas un pays plus heureux en empêchant ses champions d'aller conquérir de nouveaux marchés. Le Président, d'ailleurs, a quelque part réglé ses comptes, ciblant la gauche, le Rassemblement national, et même certains députés de son propre camp qui ont voté aussi pour de nouveaux impôts, d'ailleurs... peut-être entendu, mais avec une impopularité record, Maud BREGEON. Par qui il est encore entendu ?
MAUD BREGEON
Le président de la République, il a été élu pour cinq ans. Il est légitime, et je vais même dire, il est normal qu'il s'exprime sur des sujets qui touchent le quotidien des Français, qui touchent la vie économique du pays. Être président de la République, ce n'est pas être un super ambassadeur hors les murs et hors des frontières. C'est aussi…
SONIA MABROUK
Ce qu'il a fait pendant des mois sur la scène internationale.
MAUD BREGEON
C'est aussi s'intéresser, sans interférer dans les discussions, mais avoir un œil, avoir un regard sur ce qui se passe, notamment sur un sujet aussi important que l'élaboration d'un budget pour le pays. Et si d'ailleurs il ne le faisait pas, je pense que ceux qui aujourd'hui lui reprochent ses prises de parole lui reprocheraient alors de ne pas en avoir. Mais enfin, on est tous plein de contradictions.
SONIA MABROUK
On va voir s'il y a des contradictions sur ces sujets. Pour conclure, il nous reste quelques minutes, Maud BREGEON. Ce sont des questions courtes, si possible, qui appellent des réponses courtes. Un maire qualifiait de pro-palestinien à New York, Zohran MAMDANI, premier maire musulman de la plus grande ville des États-Unis, The Red Apple, désormais baptisé. Le Mélenchon américain, pour certains, pour LFI. Vous saluez sa victoire ?
MAUD BREGEON
Je n'ai pas à la saluer ou à ne pas la saluer. Je lui souhaite de réussir et j'espère qu'il arrivera à rassembler autour de lui.
SONIA MABROUK
Aujourd'hui, à partir de 13h, l'emplacement du géant chinois SHEIN au BHV sera ouvert, malgré le scandale des poupées sexuelles et la dénonciation de nombreux politiques et du Gouvernement. La rentabilité est plus forte que tout, au final ?
MAUD BREGEON
Il y a deux choses. D'une part, les contrôles que l'État met en place et doit continuer à mettre en place pour s'assurer que ses produits sont conformes. Je ne vais pas revenir sur le scandale absolument dégoûtant de ces derniers jours. Et je le dis ici sans faire de jugement moral, bien sûr. Et je sais que pour certains Français, c'est difficile et l'accès à des vêtements de bonne qualité est parfois trop coûteux. Mais dans notre rapport à l'ultra fast fashion et à la surconsommation de vêtements, nous avons aussi chacun une responsabilité individuelle.
SONIA MABROUK
.... le patron du BHV vous a dit : "Circulez, il n'y a rien à voir".
MAUD BREGEON
Et ensuite, on peut nous reprocher de ne pas fermer telle ou telle enseigne, mais enfin nous ne sommes pas dans une économie administrée.
SONIA MABROUK
Des wagons 100 % féminins en Ile-de-France pour la sécurité des femmes, soumission ou bien solution ?
MAUD BREGEON
Inacceptable. Inacceptable, ce n'est pas aux femmes de se parquer dans des wagons qui leur seraient dédiés.
SONIA MABROUK
Même si c'est une pétition à l'origine de femmes.
MAUD BREGEON
Oui, mais ce n'est pas la solution. Cela revient à dire qu'au fond, c'est un peu de la faute des femmes quand elles se font agresser dans les transports et donc mettons-les ensemble dans un même wagon. Non, le problème, ce n'est pas les femmes, ce n'est pas comment elles s'habillent, c'est les comportements déviants d'une minorité d'hommes. Cela ne concerne bien sûr pas tous les hommes.
SONIA MABROUK
Justement pour terminer, sur la sécurité et la délinquance, il y a quelques jours, ici même, le ministre de l'Intérieur, Laurent NUNEZ, a refusé de faire un lien entre immigration et insécurité en tant que porte-parole du Gouvernement. Vous confirmez cela ? Vous êtes sur la même ligne ?
MAUD BREGEON
Je pense qu'il faut être extrêmement lucide. Laurent NUNEZ disait qu'il y avait 36 % des interpellations, je crois, en Île-de-France qui étaient dues à des étrangers, situation régulière ou situation irrégulière.
SONIA MABROUK
Il refuse de faire le lien.
MAUD BREGEON
Et donc il faut voir ce chiffre. J'ai dit, moi, sur ce plateau, il y a plusieurs mois de ça…
SONIA MABROUK
Le 28 mai 2024.
MAUD BREGEON
Tout à fait. Qu'il y avait parfois un lien entre insécurité et immigration. Il faut le dire.
SONIA MABROUK
Vous avez dit qu'il faut être aveugle pour affirmer le contraire.
MAUD BREGEON
Sans essentialiser les uns ou les autres, mais il y a aujourd'hui une réalité. Et encore une fois, je reprends les chiffres qui ont été donnés ici par le ministre de l'Intérieur, donc je n'invente rien.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 novembre 2025