Proposée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l'étude sur le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) est, d'édition en édition, plus importante et plus globale. Pour l'étude 2022 publiée en 2023 et réalisée avec un an de retard à cause du Covid-19, 690 000 élèves (600 000 dans l'étude précédente) de 81 pays et territoires (79 en 2018) et âgés de 15 ans ont participé aux épreuves, dont près de 7 000 élèves français dans 282 écoles. Comme dans l'étude 2018, la France est un des pays qui réussit le moins à atténuer l’impact du milieu socio-économique sur les résultats scolaires. Ses résultats sont en nette baisse, surtout en mathématiques, mais également en compréhension de l'écrit.
Baisse significative et inédite des résultats dans PISA 2022
Plus grand décrochage depuis 2000
L'édition dévoilée le 5 décembre 2023 fait état d'une baisse significative et inédite depuis 2000 des résultats des élèves en mathématiques et en compréhension de l'écrit, un peu moins en sciences. L'OCDE chiffre la baisse en mathématiques à un trois-quart d'année et à une demi-année en compréhension de l'écrit.
En moyenne, dans les pays de l'OCDE, les garçons obtiennent 9 points de plus que les filles en mathématiques. Ce sont 40 pays, dont la France, qui enregistrent des meilleurs résultats pour les garçons que les filles dans ce domaine, dans seulement 17 pays c'est l'inverse. L'immigration a assez peu d'impact : en moyenne, les performances des élèves issus de l'immigration ne sont pas significativement différentes des autres élèves. Dans 16 pays et économies, les élèves issus de l'immigration ont même obtenu de meilleurs résultats en mathématiques que les non-immigrés, dont le Canada, les Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande (après contrôle du statut socio-économique des élèves et de la langue parlée à la maison). Ce n'est pas le cas de la France où les élèves immigrés décrochent de neuf points (moyenne OCDE cinq points) par rapport aux autres élèves.
Par ailleurs, un élève sur 10 a déclaré ne pas se sentir en sécurité à l'école (en moyenne dans les pays de l'OCDE). Les systèmes éducatifs où l'implication des parents est plus importante ont vu une stabilisation voire une amélioration de leur performance en mathématiques, en particulier pour les élèves défavorisés.
Singapour (avec un score de 575 en mathématiques, 40 points de plus que le deuxième), puis le Japon et la Corée du Sud obtiennent les trois meilleurs scores. Le premier pays européen est l'Estonie, devant la Suisse. En moyenne, les résultats par rapport à l'édition 2018 reculent de 15 points en mathématiques et de 10 points en compréhension de l'écrit, le recul en sciences est minime (2 points).
La France en net recul mais proche de la moyenne
Les résultats de l'édition 2022 sont influencés par la crise du Covid. Seuls deux pays, le Japon et la Corée du Sud, améliorent leurs résultats dans chacun des trois domaines examinés.
La France fait partie du très large groupe de pays qui voit ses performances baisser. En moyenne, la France enregistre un score de 474 en mathématiques et en compréhension de l'écrit (la moyenne de l'OCDE est respectivement de 472 et de 476), en sciences, elle obtient 487, la moyenne étant de 485.
En sciences et en mathématiques, elle reste donc très légèrement au-dessus de la moyenne de l'OCDE. Mais par rapport à PISA 2018, elle perd 21 points en mathématiques et 19 en compréhension de l'écrit. Les meilleurs élèves qui atteignent le niveau 5 ou 6 au test de mathématiques sont très minoritaires (7% des élèves contre 41% à Singapour - la moyenne de l'OCDE est de 9%). Pour la lecture et les sciences, le taux de bons élèves (niveau 5 ou 6 aux tests) est semblable à la moyenne de l'OCDE.
Comme chaque année, l'OCDE évalue également l'effet de l'origine socio-économique sur les performances scolaires. En France, le poids des origines sociales est important : en mathématiques comme en compréhension de l'écrit, il est supérieur à la moyenne de l'OCDE.
PISA, une étude devenue incontournable
Les tests du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) sont organisés tous les trois ans par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Depuis les années 1990, ils imposent une norme mondiale d’évaluation des systèmes éducatifs.
Pour chaque enquête, un domaine majeur est privilégié. Le domaine majeur d’évaluation de l’enquête PISA 2022 est, comme en 2012, les mathématiques (compréhension de l'écrit en 2018, sciences en 2015).
Pendant les premières années après son lancement, l'étude avait été reçue, notamment dans certains pays européens, avec méfiance. Mais au fur et à mesure, l'étude est devenue incontournable et les gouvernements l'intègrent dans leur politiques éducatives, voire l'utilisent pour justifier des choix éducatifs. Ainsi, le jour de la publication de la nouvelle étude PISA, le ministre de l'éducation nationale, Gabriel Attal, a annoncé une série de réformes pour "remettre de l'exigence" à l'école, au collège et au lycée en renforçant notamment l'enseignement des mathématiques et du français.
Les tests PISA : quelles caractéristiques ?
Préparés par un groupe d’experts internationaux chargés de concevoir des questions et des exercices qui évitent d’avantager les élèves de tel ou tel pays, les tests PISA présentent trois caractéristiques qui expliquent leur succès :
- un éloignement des programmes scolaires pour évaluer les compétences générales des élèves âgés de quinze ans ;
- une limitation à trois enseignements fondamentaux (langue maternelle, mathématiques, sciences) afin de faciliter les comparaisons ;
- des résultats compréhensibles pour les autorités comme pour le grand public.
Si ces tests eux-mêmes ne sont guère contestés (la France participe à plusieurs comparaisons internationales des performances des élèves), c’est plutôt l’esprit général des compétences évaluées qui est discuté en France.
En mathématiques, l’OCDE évalue les capacités des élèves à mobiliser leurs compétences dans des situations de la vie quotidienne, ce qui est très éloigné des programmes de mathématiques du collège en France, plus abstraits.
En compréhension de l’écrit, les tests sont basés sur une grande variété de supports (ouvrages, presse, documents divers, etc.) alors que les élèves français sont peu habitués à ce type de textes, l’apprentissage de la lecture et de la maîtrise de la langue étant largement fondé sur la découverte et la pratique de textes littéraires. De plus, les élèves français semblent avoir des difficultés à avoir une vision globale d’un texte, ce que certains attribuent à un enseignement trop linéaire et trop analytique des textes en cours de français, enseignement qui suit la progression du texte et s’appuie sur le sens établi par avance par le professeur.
De façon plus générale, on note que les élèves français éprouvent des difficultés à mobiliser leurs connaissances et à exercer leur esprit critique pour affronter des situations qui sortent des habitudes du travail scolaire.
Depuis 2015, l’évaluation est quasi-entièrement réalisée sur un ordinateur par les élèves dans tous les pays de l’OCDE. Les exercices passés par les élèves ont été dématérialisés. Les élèves avaient en outre la possibilité de s’aider d’un brouillon de papier. Une calculatrice ainsi qu’un éditeur d’équations simplifié étaient disponibles sur l’interface.