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Chronologie de la politique de défense de la France depuis 1949

Temps de lecture  15 minutes

Par : La Rédaction

Indépendamment de la période considérée, la politique de défense s'inscrit dans le cadre du statut particulier que la France occupe dans le monde en tant que puissance nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU).

La politique de défense de 1949 à 1989 : sous le signe de l'Alliance atlantique et de la Guerre froide

Après la Seconde Guerre mondiale en 1945, se constituent les blocs de l'Est et de l'Ouest. Les deux superpuissances, l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) et les États-Unis, sont dotés de l'arme nucléaire. C'est le début de la Guerre froide, qui durera plus de quatre décennies.

En France, la IVᵉ République se caractérise par les débuts de la décolonisation et la construction du système atlantique, où les États-Unis acceptent d’aider leurs alliés européens à moderniser leurs armées.

Avec l’avènement de la Vᵉ République en 1958, la France procède à la première explosion atomique à Reggane, dans le Sahara, qui manifeste l’affirmation d’une dissuasion nucléaire autonome. La France se retire de la structure intégrée de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN).

4 avril 1949
Signature à Washington du traité de l’Atlantique Nord, le traité fondateur de l’OTAN.

  • 1945 : la fin de la Seconde Guerre mondiale laisse l’Europe dévastée.
  • Le continent devient l’enjeu d’une confrontation idéologique entre les États-Unis et l’Union soviétique.
  • L’emprise soviétique en Europe de l’Est inquiète l’Occident.
  • C’est dans ce contexte international tendu qu’émerge l’idée d’une « défense collective ».
  • 4 avril 1949 : l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est créée à Washington.
  • Un principe, prévu à l’article 5 du traité : une attaque portée contre l’un des pays membres est considérée comme une attaque contre tous les pays de l’Alliance.
  • L’Union soviétique réplique en 1955 en créant le Pacte de Varsovie avec sept pays communistes d'Europe centrale.
  • À partir des années 1980, la Guerre froide s’atténue. Le risque d’un affrontement nucléaire s'éloigne.
  • 1991 : l’effondrement de l’U.R.S.S. entraîne la fin du Pacte de Varsovie.
  • En 1997, l’OTAN et la Russie tentent de normaliser leurs relations avec la signature de l’Acte fondateur.
  • En 1999, l’OTAN s’ouvre à d’anciens pays du bloc soviétique : un point de tension majeur pour la Russie.
  • L’annexion de la Crimée, territoire ukrainien, par la Russie en 2014 puis l’invasion de l’Ukraine en 2022 compromettent toute coopération avec l’OTAN.
  • L’avenir de l’OTAN divise ses États membres. Certains contestent sa légitimité ou encore son mode de financement.

27 janvier 1950
Signature de l'accord concernant l'aide pour la défense mutuelle entre la France et les États-Unis. Ce pacte marque le renforcement de l’aide militaire américaine à la France dans le cadre de l’OTAN.

30 novembre 1950
Le service national est porté à 18 mois par la loi du 30 novembre 1950.

20 septembre 1951
Signature, à Ottawa, de la convention sur le statut de l’OTAN.

24 juillet 1952
Vote du premier plan quinquennal nucléaire français (1952-1957).

14 mai 1955
Conclusion à Varsovie d’un traité (“pacte de Varsovie”) de coopération et d’assistance mutuelle entre l’Union soviétique, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la République démocratique allemande, la Bulgarie, la Roumanie et l’Albanie.

17 juin 1958
Réunion d’un comité de défense : le général de Gaulle définit la politique de la France vis-à-vis de l’OTAN et met fin à la collaboration tripartite (France-Italie-Allemagne fédérale) en matière nucléaire sur la base de l’accord secret signé le 28 novembre 1957.

3 novembre 1959
Discours du général de Gaulle à l’École militaire condamnant l’intégration atlantique et exposant la stratégie de dissuasion nationale.

13 février 1960
Explosion de la première bombe atomique française à Reggane, dans le Sahara.

22 janvier 1963
Signature du traité de l’Élysée sur la coopération franco-allemande. Ce traité comprend des dispositions militaires qui formeront la base du développement de la coopération militaire entre les deux pays.

14 janvier 1964
Décret relatif aux forces aériennes stratégiques. Ce décret attribue au président de la République la responsabilité d’engagement des forces nucléaires.

16 décembre 1964
Adoption de la deuxième loi de programme relative à certains équipements militaires 1965-1970.

9 septembre 1965
Conférence de presse du général de Gaulle annonçant le retrait français de l’OTAN au plus tard en 1969.

9 juillet 1970
Loi relative au service national, qui est ramené à un an. En 1971, le service national s’ouvre aux femmes sous la forme du volontariat.

Juin 1972
Publication du premier Livre blanc sur la défense. Pour la première fois, la stratégie officielle de la dissuasion est codifiée. Elle place au centre du dispositif militaire français l’arme nucléaire et expose la théorie des trois cercles.

20 mai 1983
L’Assemblée nationale adopte le projet de loi de programmation militaire 1984-1988. L’innovation principale de cette loi est la création d’une force d’action rapide de 47 000 hommes. Cette force terrestre classique, destinée à des actions rapides et d’envergure, est capable d’opérer sur chacun des trois cercles définis par la doctrine officielle.

9 avril 1987
Adoption de la sixième loi de programmation militaire 1987-1991 qui engage les programmes de l’avion polyvalent Rafale, du char lourd Leclerc et du porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle. Cette loi n’est pas appliquée par la majorité élue en 1988.

1er octobre 1988
Annonce de la création d’une brigade franco-allemande.

9 novembre 1989
Chute du mur de Berlin. Cet événement symbolique, avant même la fin de l’Union soviétique et du pacte de Varsovie en 1991, marque la fin de la Guerre froide.

Après la fin de la Guerre froide : la France, l'Alliance atlantique et l'Europe de la défense

Avec la fin de la Guerre froide et la dissolution des structures militaires et civiles du pacte de Varsovie, la France met en œuvre le plan “Armées 2000”, qui procède à une réorganisation territoriale, à une diminution des effectifs de 35 000 hommes en quatre ans, à la réduction de la durée du service militaire de 12 à 10 mois en 1992 et au repli, à partir de 1991, des forces stationnées en Allemagne.

Au travers de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), la création de l’Eurocorps et le sommet franco-britannique de Saint-Malo, émergent des éléments d’une identité européenne de défense. En décembre 1995, la France décide de rejoindre le Conseil des ministres et le Comité militaire de l’OTAN.

La présentation par le président de la République des principales dispositions du Livre blanc sur la défense en 1994 précède l’annonce en 1996 de l’abandon du service national obligatoire. Le passage à l’armée de métier et la réintégration de la France dans le commandement de l’OTAN marquent le passage à une nouvelle stratégie.

L’année 2013 voit la remise au président de la République du Livre blanc 2013 sur les orientations stratégiques de défense et de sécurité, à l’horizon 2025. La loi du 20 mai 2015 actualise la loi de programmation militaire 2014-2019. Avec les débuts de l’opération militaire française “Serval” au Mali en janvier 2013 et l’adoption de mesures exceptionnelles en réponse aux attentats dont la France est la victime en 2015, la lutte contre le terrorisme devient une priorité de sécurité nationale.

22 août 1990
Communication en Conseil des ministres sur la mise en place du plan “Armées 2000” sur la réorganisation des armées : notamment réorganisation territoriale, diminution des effectifs de 35 000 hommes en quatre ans, réduction de la durée du service militaire de 12 à 10 mois en 1992 et repli à partir de 1991 des forces stationnées en Allemagne.

25 février 1991
Dissolution des structures militaires et civiles du pacte de Varsovie.

4 janvier 1992
Publication de la loi du 4 janvier 1992 modifiant le code du service national, qui ramène notamment sa durée à 10 mois et qui crée le service actif de sécurité civile.

7 février 1992
Signature du traité de Maastricht (entré en vigueur le 1er novembre 1993), qui institue la politique étrangère et de sécurité commune (PESC).

Le traité de Maastricht, ville des Pays-Bas, a été signé le 7 février 1992.

Ce traité est la poursuite d’un processus commencé en 1951 avec la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA).

En 1957, sont fondées la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l'énergie atomique (Euratom).

En 1986, l'Acte unique européen met en place un marché unique sans frontières intérieures.

Signé par les premiers 12 États membres de la Communauté européenne, le traité de Maastricht crée juridiquement l’Union européenne (UE).

Le traité englobe dans un 1er pilier les trois premières communautés européennes (CECA, CEE, Euratom).

Le 2e pilier est constitué par la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) qui vise à coordonner les politiques étrangères des États membres.

Enfin, le 3e pilier prévoit une coopération policière et judiciaire entre États membres.

Le traité instaure une citoyenneté européenne qui complète la citoyenneté nationale et donne de nouveaux droits.

Le droit de circuler et de séjourner, de travailler et d’étudier sur le territoire des autres pays membres.

Le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales et aux élections du Parlement européen.

Le droit de pétition devant le Parlement européen et le droit de saisir le Médiateur européen en cas de litige.

Le traité ouvre la voie à la création d’une monnaie unique, avec la mise en place de l’Union économique et monétaire (UEM).

En vue de la réalisation de l'UEM, des critères de convergence des économies sont définis.

Les "critères de Maastricht" sont au nombre de 4, le plus célèbre concerne le déficit public (règle des 3% de PIB).

Trente ans après la signature du traité, la crise provoquée par le Covid-19 conduit à réinterroger ces critères.

22 mai 1992
Annonce de la création de l’Eurocorps (ou Corps européen) au Conseil franco-allemand de La Rochelle qui se concrétise le 21 janvier 1993 par un accord entre la France, l’Allemagne et l’OTAN sur le rôle de l’Eurocorps.

23 février 1994
Le gouvernement rend public le Livre blanc sur la défense. Il expose le nouveau cadre de la politique de défense dans un environnement international bouleversé par les événements intervenus en Europe depuis 1989.

5 décembre 1995
La France décide de rejoindre le Conseil des ministres et le Comité militaire de l’OTAN.

24 septembre 1996
La France signe le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Faire exploser une bombe atomique à des fins expérimentales, tel est l’objectif d’un essai nucléaire.

Cette expérimentation permet de récolter des données pour perfectionner les armes nucléaires.

Elle peut être également un moyen pour un pays de démontrer sa puissance nucléaire.

En 1960, la France réalise son 1er essai dans le désert en Algérie, alors département français.

En six ans, 17 essais sont effectués dans le Sahara, dont certains réalisés après l’indépendance de l’Algérie.

Puis les essais sont réalisés en Polynésie française.

Après le moratoire décidé par François Mitterrand en 1992, les essais reprennent sous la présidence de Jacques Chirac pour s’arrêter définitivement en 1996.

Au total, 193 essais sont réalisés entre 1966 et 1996, en Polynésie française.

Qu’ils soient atmosphériques ou souterrains, ces essais entraînent des retombées radioactives et peuvent contaminer les sols.

Des risques sur la santé et l’environnement sont identifiés et potentiellement sous-estimés.

En 1996, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) est adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies.

À ce jour, le TICE n’est toujours pas entré en vigueur, des pays, dont certains détiennent l’arme nucléaire, ne l’ayant pas ratifié.

Au début des années 2000, des polynésiens et des associations de vétérans, s’estimant victimes des essais, se mobilisent pour obtenir réparation.

En 2010, une loi crée un dispositif d’indemnisation des victimes des essais nucléaires en Algérie et en Polynésie française.

L’indemnisation reste cependant difficile à obtenir compte tenu de la complexité à établir un lien entre pathologie et exposition radioactive.

Aujourd’hui, les essais atmosphériques et souterrains ont laissé place à des simulations en laboratoire.

28 mai 1996
Intervention télévisée de Jacques Chirac, président de la République, qui annonce l’abandon du service national obligatoire dès le 1er janvier 1997 pour les jeunes gens nés après le 1er janvier 1979, remplacé par un service volontaire et un rendez-vous citoyen obligatoire de 5 jours consécutifs, y compris pour les filles, dès 2002.

2 juillet 1996
Promulgation de la loi relative à la programmation militaire pour les années 1997 à 2002.

3 juin 1999
Lancement de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) lors du Conseil européen de Cologne.

22 octobre 1999
Loi sur la réserve militaire et le service de défense créant deux types de réserves : une réserve opérationnelle et une réserve citoyenne. Un décret du 27 juin 2001 met fin, par anticipation, à la conscription.

  • La défense est-elle uniquement l’affaire d’une armée professionnelle ? Non.
  • L’idée d’un devoir de défense a évolué au fil de l’histoire.
  • Fin 18e siècle. Révolution française. Les conflits avec les monarchies européennes conduisent à une levée en masse des Français.
  • 1798 : tout Français est soldat et se doit à la défense de sa patrie.
  • Chaque homme de 20 à 25 ans doit s’inscrire sur les registres communaux ; Objectif : bénéficier d’un réservoir de troupes nécessaires aux conquêtes napoléoniennes.
  • La conscription n'est pas équitable : soldats tirés au sort, possibilité pour les plus riches de se faire remplacer...
  • 1905 : le service militaire devient universel et obligatoire pour tous les hommes.
  • Les conscrits sont appelés sous les drapeaux aux côtés des armées professionnelles.
  • La guerre d’Algérie (1954-1962) est le dernier conflit armé à réquisitionner des appelés.
  • La durée du service national diminue : 30 mois en 1954,  16 mois en 1963, 12 mois en 1970, 10 mois en 1992.
  • 1997 : professionnalisation des armées, contexte géopolitique : le service national est suspendu.
  • Depuis, tout Français dès l'âge de 16 ans est tenu de se faire recenser à l’occasion de la Journée Défense et Citoyenneté (JDC).
  • Objectif : sensibiliser aux questions de défense nationale et à d'autres formes d’engagement.
  • Il existe différents parcours : engagement dans les forces armées, réserve opérationnelle, service national universel, volontariat dans les armées.
  • Selon le Code du service national, "l’appel sous les drapeaux" peut être rétabli si la défense de la Nation le justifie.

18 avril-16 octobre 2000
L’état-major du Corps européen succède au commandement militaire de l’OTAN à la tête de la KFOR au Kosovo à la suite de la guerre du Kosovo. Cette guerre marque la fin des guerres dans l'ex-Yougoslavie dont les premières avaient commencé en Slovénie et en Croatie en 1991.

5 juillet 2000
Signature du traité portant statut de l’Eurofor entre la France, l’Espagne, l’Italie et le Portugal. Créée à Lisbonne en mai 1995, l’Eurofor est chargée de mener à bien des missions de gestion des crises et peut aussi être appelée à participer à des missions pour le compte d’organisations internationales, notamment des Nations unies. Ce traité, ratifié par la France en 2003, fournit un cadre juridique clair pour ces interventions.

12 septembre - 4 octobre 2001
Conseil extraordinaire de l’OTAN (Bruxelles). En réponse aux attaques terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis, l’OTAN prend la décision, pour la première fois depuis sa création, de mettre en œuvre le mécanisme de solidarité militaire, l’article 5 du traité, qui prévoit qu’une attaque contre un seul de ses membres sera considérée comme une attaque contre tous. Le 4 octobre, les 18 États alliés de l’OTAN s’engagent à soutenir la riposte militaire de Washington.

16 décembre 2002
Signature de l'Accord de partenariat stratégique conclu entre l’Union européenne et l’OTAN garantissant l’accès de l’Union européenne aux ressources et structures de l’OTAN et permettant ainsi à l’Union européenne d’utiliser les capacités de planification militaire opérationnelles de l’OTAN ainsi que les structures de commandement.

27 janvier 2003
Loi de programmation militaire pour les années 2003-2008.

12 juillet 2004
Création de l’Agence européenne de défense (AED).

24 mars 2005
Promulgation de la loi portant statut général des militaires.

17 juin 2008
Remise du Livre blanc "Défense et sécurité nationale" 2008.

3-4 avril 2009
Le retour de la France dans les structures de l'OTAN est officialisé lors du sommet de Strasbourg-Kehl. Le 17 mars 2009, le Premier ministre, François Fillon, a engagé la responsabilité du gouvernement sur cette question, entre autres, au titre de du premier alinéa de l'article 49 de la Constitution du 4 octobre 1958.

29 juillet 2009
Loi de programmation militaire pour les années 2009-2014.

1er décembre 2009
Entrée en vigueur du traité de Lisbonne : la PESD devient la politique de sécurité et de défense commune (PSDC).

29 avril 2013
Le président de la République rend public le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale 2013.

18 décembre 2013
Loi de programmation militairepour les années 2014-2019.

8 juillet 2016
Lors du sommet de l’OTAN à Varsovie, le président du Conseil européen, le président de la Commission européenne et le secrétaire général de l’OTAN signent une déclaration conjointe sur la coopération entre l’Union européenne et l’OTAN.

12 octobre 2017
Remise de la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale 2017. Les Revues stratégiques remplacent désormais les Livres blanc mais ont les mêmes fonctions et objectifs, notamment de précéder une loi de programmation militaire.

5-6 décembre 2017
Le 5 décembre 2017, le Conseil adopte des conclusions sur la coopération entre l’UE et l’OTAN, approuvant de nouvelles propositions d’actions concrètes, notamment en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, les femmes, la paix et la sécurité et la mobilité militaire.
Le 6, le Conseil européen adopte un ensemble commun de propositions en vue de la mise en œuvre de la déclaration conjointe UE-OTAN.

6 mars 2018
Adoption par le Conseil européen d’une feuille de route pour la mise en œuvre de la coopération structurée permanente (CSP).

17 juillet 2018
Loi de programmation militaire pour les années 2019-2025.

17 décembre 2020
Pour la première fois une ligne budgétaire est réservée à la défense dans le cadre financier pluriannuel (CFP) 2021-2027 de l'Union européenne. 

22 janvier 2021
Entrée en vigueur du Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN), qui interdit l'utilisation ou la menace d'utilisation, le développement, les essais et le stockage d'armes nucléaires. En vertu de sa stratégie de défense et de dissuasion traditionnelle, la France a refusé d'adhérer au TIAN car le texte :

  • est inadapté au contexte sécuritaire international ;
  • s'adresse exclusivement aux démocraties occidentales ;
  • fragilise l'approche réaliste d'un désarmement s'effectuant étape par étape.

29 avril 2021
Création du Fonds européen de la défense, qui permet de financer des projets collaboratifs de recherche et de développement.

1er janvier - 30 juin 2022
La présidence française du Conseil de l'Union européenne (PFUE) est l'occasion de renforcer l'autonomie stratégique européenne.

15 février 2022
La Commission européenne présente des initiatives en matière de défense et une feuille de route sur les technologies "critiques", dont l'objectif est d'adopter une doctrine de défense européenne à côté de celle de l'OTAN.

Quand le projet d’une politique de défense voit-il le jour en Europe ?

Alors, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, l'Europe était fortement liée, comme c'est le cas aujourd'hui aux États-Unis, à travers la création de l'OTAN, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, où un certain nombre de pays européens sont entrés dans une 
organisation pour l'essentiel dominée par les États-Unis, et notamment par le fait que les États-Unis disposaient, étaient les premiers avec la Russie naturellement, la Russie soviétique, à disposer de l'arme nucléaire.

La garantie de sécurité européenne après la Deuxième Guerre mondiale était offerte par les Américains.

Et puis, rapidement s'est posée la question de savoir comment les Européens pourraient être autonomes ou pourraient en quelque sorte disposer d'une capacité à se défendre à l'échelon européen, pas seulement par les États-Unis.

Et donc, c'est le projet de la Communauté européenne de défense qui a été initié en 1950, mais qui s'est soldé par un échec, puisque le Parlement français n'a pas voté ce projet de Communauté européenne de défense en 1954, projet qui consistait à créer une armée 
européenne.

Un projet extrêmement ambitieux mais dont il ne faut jamais oublier que cette armée 
européenne était placée sous la direction ou sous la férule de l'OTAN.

Donc, de ce point de vue, il ne faut pas dire que c'est l'Europe de la défense première version, qui est morte en quelque sorte avec la Communauté européenne de défense, parce que ça restait une défense européenne sous contrôle américain.

Et ensuite le véritable point de départ le renouveau de la défense européenne après, en quelque sorte, ce moment difficile de la CED, c'est en 1992, avec le traité de Maastricht, qui dispose d'un volet en matière de politique étrangère et de politique de défense avec la 
politique européenne de sécurité et de défense, la PESC, qui donne lieu à des aspects 
militaires.

Donc la politique européenne de sécurité et de défense, devenue depuis le traité de Lisbonne en 2007, la politique de sécurité et de défense commune, qui définit en quelque sorte une ligne pour l'Union européenne en matière de défense et de sécurité.

Et bien entendu, la question d'une défense européenne, est devenue encore plus pressante avec la dégradation des relations internationales, en particulier dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Mais en réalité, les questions se posaient déjà dès les années 1990 avec la guerre en 
ex-Yougoslavie, avec la guerre au Kosovo décidée sous la bannière de l'OTAN, là encore.

Et ce qui apparaissait déjà dans les années 1990, avant même la guerre en Ukraine, c'était la capacité de l'Europe à être une puissance.

Que recouvre la notion d’autonomie stratégique européenne ?

L'autonomie stratégique européenne, on peut la définir de façon étymologique, autonomie, se donner à soi-même sa propre loi, se gouverner soi-même en quelque sorte.

C'est ça le sens du mot autonomie.

Et donc l'autonomie stratégique européenne, c'est en matière stratégique, c'est-à-dire dans la capacité militaire, mais au-delà, dans la capacité à être une puissance extérieure, à se 
défendre et à se projeter à l'extérieur, c'est l'idée que l'Europe ne dépend pas des autres pour définir non seulement sa doctrine, mais ses actions.

Et donc cette idée d'autonomie stratégique européenne est une idée qui a suscité des 
interprétations diverses dans le sens où la France, d'emblée, a considéré que l'Europe, c'était la France en grand.

C'était une manière, au fond d'inspiration gaullienne, de développer un grand projet 
européen et d'avoir une capacité à être en quelque sorte l'équilibre entre la puissance 
américaine et d'autres puissances, hier la Russie, aujourd'hui la Chine, alors que les autres puissances européennes pour l'essentiel, ont certes défendu l'idée européenne, y compris en matière de défense, mais dans le cadre de l'OTAN.

Qu'en aucun cas l'autonomie stratégique européenne devait être interprétée comme une forme de défiance vis-à-vis des États-Unis.

Ça ne veut pas dire naturellement que la France exprime une défiance vis-à-vis de l'OTAN, mais ça veut dire que la France, depuis longtemps et d'une certaine manière, l'histoire lui donne raison, l'Ukraine lui donne en un sens raison, a besoin, quand bien même elle reste dans le giron otanien et qu'elle maintient ce lien transatlantique, a besoin de développer ses propres capacités.

Et donc, c'est la raison pour laquelle, notamment le couple franco-allemand constitue un des éléments essentiels, un des leviers essentiels de l'autonomie stratégique, à travers 
effectivement la brigade franco-allemande, à travers les Battlegroups, donc les groupements tactiques au niveau européen et qui concernent, en particulier l'Allemagne et la France.

Mais ça pose de façon générale la question d'une culture stratégique européenne, 
c'est-à-dire une capacité à penser ensemble des instruments aussi bien au plan industriel qu’au plan, disons, de la politique étrangère.

Une capacité à penser ensemble la défense, pas seulement l'addition de cultures nationales qui viendraient s'agréger dans une logique d'alliance assez classique, mais fonder une 
véritable culture stratégique européenne.

Ça, c'est un élément important qu'on trouve à travers un certain nombre de textes, comme, par exemple « la boussole stratégique » en 2022, qui était déjà évoquée en 2020, mais que la guerre en Ukraine a mis en quelque sorte sur le devant de la scène dès mars 2022, moins d'un mois après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Parce qu’en fait, il y a vraiment besoin d'une doctrine européenne qui puisse exister à côté, en quelque sorte, de ce que l'OTAN propose.

Quels sont les objectifs du livre blanc à l’horizon 2030 en matière de défense ?

Un livre blanc, c'est un document d'orientation stratégique qui est en quelque sorte le Bescherelle ou la grammaire pour définir des actions militaires, des actions stratégiques, une politique extérieure, une politique militaire.

Alors la plupart des Livres blancs se décide au niveau national.

Là, l'idée, c'est de se dire qu'on va rédiger une doctrine au sein de l'Union européenne pour définir des capacités d'action et des idées qui soient communes, qui ne soient plus 
simplement décider en concertation avec les autres, mais décidées en amont sur la base d'une doctrine commune.

Alors, qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?

Ça veut dire surtout la dimension capacitaire.

En fait le point clé aujourd'hui, on le voit avec la guerre en Ukraine, c'est l'armement ou le 
réarmement, c'est-à-dire se doter des capacités militaires qui permettraient à l'Europe de se défendre en cas d'attaque massive, par exemple de la Russie sur le flanc est.

Ce qui est arrivé avec l'Ukraine, qui n'est pas dans l'Union européenne mais qui est très proche de l'Union européenne.

Donc on peut imaginer des attaques dans le voisinage ou directement dans l'Union 
européenne.

Donc encore faut-il pouvoir se défendre.

Et un des problèmes aujourd'hui en fait, au sein de l'Union européenne, ce sont par exemple les doublons.

Le fait qu'il y a des programmes d'armement qui sont menés dans chacun des pays et qui font doublons.

Donc c'est pour ça, qu'on parle d'une BITD européenne, une base industrielle et 
technologique de défense européenne qui réfléchisse de manière cohérente à une politique d'acquisition d'armements qui ne soit plus dépendante des États-Unis.

Ça ne veut pas dire qu'il faut se détacher des États-Unis, mais qui soit européenne et qui soit concertée.

Ça, c'est vraiment l'enjeu essentiel.

Ensuite, il y a au fond, quelles sont les priorités de l'Union européenne en matière de défense ?

Qu’est-ce qu’elle cherche à faire exactement ?

Quel poids elle compte avoir sur la scène mondiale ?

On ne le sait pas vraiment aujourd'hui parce que l'Union européenne reste encore 
relativement indéterminée, même si elle a pris conscience.

Ça, c'est peut-être le point clé de ce fameux livre blanc à horizon 2030, que les dividendes de la paix, c'est-à-dire cette période sans guerre ou sans guerre majeure, était terminée.

Et ça, c'est une première partie du travail.

La deuxième partie du travail, c'est de définir au fond une vision commune, une culture 
stratégique commune.

Pendant très longtemps, les Européens ont fait comme si les États-Unis seraient toujours là.

Comme si la garantie de sécurité américaine était un socle qui ne disparaîtrait pas.

Avec l'élection de Donald Trump, et son arrivée au pouvoir en début d'année 2025, les 
déclarations qu'il a pu faire sur la guerre en Ukraine, la manière dont il a reçu le président Zelinski et le discours de son vice-président à Munich, expliquant au fond que les Européens étaient en situation de déclin, que la démocratie était en péril.

Les Européens doivent penser l'autonomie stratégique européenne peut-être pas sans les Américains, mais avec l'hypothèse qu’un départ des États-Unis, la fin de la garantie de 
sécurité américaine est possible.

La fin du soutien américain ou cette espèce de retrait américain, paradoxalement, peut être une opportunité pour l'Union européenne, de faire, par exemple de « la boussole stratégique » pas seulement un mot d'ordre, mais un cap, disons réel, d'action, notamment en matière budgétaire.

On le voit par exemple à travers les 800 milliards d’euros d'investissements militaires qui sont envisagés au niveau européen et qui permettraient disons d'entamer cette mue européenne en matière capacitaire, avec l'idée donc d'une base industrielle technologique de défense 
véritablement européenne, qui puisse progressivement, sans nécessairement sortir des 
alliances, et notamment de l'Alliance atlantique, permettre à l'Europe de compter.

 

Le conflit en Ukraine : le retour de la guerre de haute intensité en Europe

24 février 2022
Déclenchement de la guerre en Ukraine par la Russie, premier conflit de haute intensité sur le sol européen depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Début de l'opération Aigle afin de renforcer le dispositif militaire de l'OTAN en Roumanie.

15 novembre 2022
Le groupe aéronaval (GAN), constitué autour du porte-avions Charles-de-Gaulle, débute la mission Antarès aux côtés de bâtiments de combat grecs, italiens et américains. La mission du GAN est de renforcer :

  • la posture défensive et dissuasive de l'OTAN sur le flanc est de l'Europe ;
  • l'opération Inherent Resolve en Irak et en Syrie.

16 novembre 2022
Remise de la Revue nationale stratégique 2022, qui constate pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale le retour d'une guerre de haute intensité sur le sol européen avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

10 janvier 2023
L'Union européenne et l'OTAN signent une déclaration conjointe pour développer leur partenariat. "L'OTAN reste le fondement de la défense collective de ses membres, et elle demeure essentielle pour la sécurité euro-atlantique. Nous reconnaissons l'intérêt d'une défense européenne plus forte et plus performante, qui contribue effectivement à la sécurité mondiale et transatlantique, complète l'action de l'OTAN et soit interopérable avec celle‑ci." Cette déclaration doit conduire à une redéfinition de l'autonomie stratégique européenne.

1er août 2023
La loi de programmation militaire 2024-2030 prévoit 413 milliards d'euros de dépenses sur sept ans afin de transformer les armées.

26 février 2024
Le président de la République, Emmanuel Macron, s'exprime sur l'envoi de troupes en Ukraine lors d'une conférence de presse : "Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumer et endosser des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre."

30 avril 2024
Le Premier ministre, Gabriel Attal, annonce dans sa déclaration de politique générale la généralisation du service national universel (SNU) pour la rentrée scolaire 2026.

27 mai 2025
Les États membres de l'Union européenne adoptent un accord dans le cadre du programme Safe (Security for action for Europe), doté de 150 milliards d'euros, afin de faciliter leurs achats en commun d'armements.

4 mars 2025
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen présente ReArm Europe, une plan de 800 milliards d'euros pour réarmer l'Europe et augmenter les dépenses de défense.

23 juin 2025
L'Union européenne et le Canada actent la signature d'un partenariat de sécurité et de défense et le renforcement de leur coopération dans des domaines stratégiques.

24 et 25 juin 2025
Sommet de l'OTAN à La Haye. Les Alliés, dont la France, s'engagent à investir 5% de leur produit intérieur brut (PIB) dans la défense d'ici à 2035 (contre 2% en 2025 pour la France).

13 juillet 2025
Lors d'un discours aux armées, Emmanuel Macron annonce une actualisation de la loi de programmation militaire présentée à l'automne.

14 juillet 2025
Remise de la Revue nationale stratégique 2025, "pour faire face à une guerre majeure extraterritoriale et à ses conséquences sur le territoire national". La Revue stratégique souligne l'isolement européen depuis que "l'élection de Donald Trump a entériné la nouvelle hiérarchie des priorités américaines de politique étrangère". L'annonce d'un service militaire volontaire rénové dans la revue entérine l'échec du SNU.

16 juillet 2025
La Commission européenne présente un projet de cadre financier pluriannuel qui aidera à construire une Union de défense européenne.