On observe depuis le début du XXe siècle une augmentation des risques naturels liée au changement climatique, mais aussi à l'accroissement des populations et à l’urbanisation dans les zones exposées aux risques.
Plus de 520 événements naturels dommageables ont été recensées entre 1900 et 2021 (dont 185 reconnus comme très graves), selon les chiffres du ministère de la transition écologique. Neuf événements sur dix sont liés aux conditions climatiques.
Aléas, enjeux, vulnérabilité : définitions du risque naturel
Le territoire français est soumis à de multiples aléas, des phénomènes naturels potentiellement dangereux ou dommageables :
- aléas hydrologiques (inondations) ;
- aléas terrestres (mouvements de terrain, séismes, avalanches, éruptions volcaniques, feux de forêt, tsunamis) ;
- aléas atmosphériques (vents, tempêtes et cyclones).
Le risque naturel est la confrontation d’un aléa avec des enjeux humains, économiques et environnementaux. Ainsi, la survenance d’un aléa comme un feu de forêt n'est un risque naturel que s'il représente une menace pour les biens et les populations.
Un risque naturel est la combinaison d'aléas à des enjeux.
Les aléas :
- climatiques (fortes précipitations de pluie, grêle ou neige, orages, tempêtes, ouragans, températures extrêmes ;
- géologiques : séismes, glissements de terrain, écroulements, éboulements, coulées de boue ;
- volcaniques : coulées de lave, expulsions de cendres.
Les enjeux : population, biens et constructions, réseaux de transport et de télécommunications, activités commerciales et industrielles, patrimoine naturel et culturel.
Les risques naturels : inondations, submersions marines, avalanches, cyclones, tempêtes, feux de forêts, séismes, glissements de terrain, éruptions volcaniques.
Selon la vulnérabilité des enjeux (nombre de personnes exposées, aménagements en zone sensible comme le littoral...), les conséquences d’un risque naturel peuvent être plus ou moins graves.
De la même manière que les risques technologiques, les risques naturels font partie des risques majeurs. Ils se caractérisent par de nombreuses victimes, un coût important de dégâts matériels et des impacts sur l’environnement.
Les catastrophes naturelles les plus meurtrières depuis le début du XXe siècle sont les deux éruptions volcaniques de la montagne Pelée en 1902 (28 000 et 1 000 morts) et la vague de chaleur de l'été 2003 (15 000 morts).
À l'exception de ces événements, la mortalité liée aux risques naturels est modeste, mais les dégâts économiques sont considérables. Entre 1982 et 2020, le coût des dommages assurés par le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles s'élève à 40,7 milliards d’euros, principalement dus aux inondations (53%) et à la sécheresse (37%).
Quels sont les principaux risques sur le territoire ?
Parmi les événements naturels les plus courants en France, on trouve les inondations, suivies des cyclones, des tempêtes et des mouvements de terrain. Le risque sismique est plus rare, mais totalisent 59% des victimes.
Selon le ministère de la transition écologique, les deux tiers des 36 000 communes françaises sont exposées à au moins un risque naturel.
Environ six Français sur dix résideraient dans une commune exposée à un risque naturel de type climatique. Seules 8 000 communes en France, soit 3,6 millions d'habitants, seraient épargnés par ces risques. Il s'agit de communes situées en zone rurale et ayant près de quatre fois moins d'habitants et 2,5 fois moins de zones urbanisées que la moyenne nationale.
Les inondations
Les inondations constituent le principal risque majeur sur le territoire au vu du nombre de communes françaises concernées et du coût économique des catastrophes. Environ 23 000 communes sont déclarées à risque d'inondations par les préfets, soit environ 64% du territoire.
Les quatre départements les plus exposés sont le Rhône, l’Isère, les Hauts-de-Seine et les Alpes-Maritimes avec plus de 300 000 personnes en zone inondable par département.
Les communes sont confrontées aux inondations par débordement de cours d'eau aux abords des grands fleuves (Garonne, Loire, Rhin, Rhône, Seine), ou aux submersions marines sur les littoraux de la Charente-Maritime aux Hauts-de-France et dans les départements d'outre-mer.
Le risque d’inondation par débordement de cours d’eau concerne environ un quart de la population française. Dans les zones côtières, plus de 1 400 communes sont identifiées comme étant à risque d'inondation par submersion marine, touchant environ 2% de la population française.
La pression touristique, en augmentation constante dans les zones côtières, accroît la vulnérabilité de ces territoires. L’artificialisation des sols, imperméabilisés, amplifie aussi le phénomène, en empêchant une bonne infiltration de l'eau.
Les tempêtes et les cyclones
Les tempêtes concernent une large partie de la France métropolitaine. Ces vents allant jusqu'à 117km/h en rafales peuvent survenir partout sur le territoire et donc causer de nombreuses victimes et des dommages considérables. Les tempêtes hivernales touchent particulièrement l'ouest de la France (Bretagne, Basse-Normandie, Aquitaine).
Sur le littoral, une tempête combinée à de fortes marées peut conduire à des inondations par la mer (submersions marines). Ce fut le cas en décembre 1999 (Lothar et Martin) et en février 2010 avec la tempête Xynthia qui a fortement touché les côtes de Charente-Maritime, de Vendée et des Côtes-d'Armor.
Dans les océans tropicaux, si une tempête se met à souffler au-dessus de 117 km/h, le phénomène devient un ouragan, un cyclone ou un typhon, selon la région dans laquelle il se forme. Les départements d'outre-mer, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie sont exposés à ces risques. En 2017, l'ouragan Irma a été le plus puissant enregistré dans l'Atlantique Nord. Ses vents de 300 km/h ont causé 11 morts, 450 blessés et de lourds dégâts matériels dans les Caraïbes.
Les mouvements de terrain
Un mouvement de terrain est un déplacement de sols ou de roches sous l’effet de sollicitations naturelles (fortes précipitations, températures élevées...) ou d’activités humaines. Il regroupe plusieurs types de phénomènes différents :
- les effondrements liés aux cavités souterraines ;
- les éboulements et les chutes de pierres et de blocs ;
- les glissements de terrain ;
- le retrait-gonflement des sols argileux. Ce phénomène est directement lié aux conditions météorologiques. La multiplication de périodes de sécheresse, suivies d'épisodes de pluies intenses, conduit à de fortes variations du volume des sols de type argileux, ce qui provoque d'importants dégâts dans les maisons (fissures sur les murs, déformations...).
En France, les risques de mouvements de terrain (hors retrait-gonflement d’argiles) concernent plus de 14 300 communes (soit 41% des communes françaises), selon le ministère de la transition écologique. Les effondrements et les glissements de terrain représentent les deux tiers des mouvements de terrain recensés entre 1900 et 2022.
Le risque retrait-gonflement des argiles concerne un peu plus de 9 700 communes (soit 27% des communes françaises). Un rapport parlementaire a été remis en octobre 2023 au ministre de l'intérieur sur ce phénomène qui tend à s'aggraver sous l'effet du dérèglement climatique. En 2022, sur les 20,3 millions de maisons individuelles en France, 11,1 millions (soit 54%) sont construites dans des zones d’exposition forte ou moyenne au risque de retrait-gonflement des argiles.
Le rapport estime à 43 milliards d'euros le coût cumulé de ce risque sur la période 2020-2050, soit le triple par rapport à 1989-2019. Le changement climatique expliquerait à lui seul 17 milliards d'euros de cette hausse.
Les feux de forêts
Avec plus de quinze millions d’hectares de zones boisées, la France est régulièrement soumise à des feux de forêts. Environ 6 700 communes sont classées à risque feux de forêts en France. Les trois quarts des communes ayant subi des feux sont situées dans le sud de la France : Provence-Alpes-Côte d'Azur, Corse, Languedoc-Roussillon, Drôme, Ardèche et Aquitaine.
Les feux de forêts sont étroitement liés aux conditions météorologiques. Ils se déclarent principalement en été à cause de la sécheresse. Le changement climatique entraîne une aggravation de ce risque. Températures plus élevées, assèchement de la végétation, baisse de la pluviométrie augmentent la fréquence et l'intensité des feux de forêts. La dégradation de l'état sanitaire des forêts et l'impact d'une sylviculture trop intensive renforcent également le risque incendie.
Parmi les plus grands incendies ayant touché la France ces 40 dernières années, trois se sont déclenchés en 2021 et 2022. L’été 2022 a été marqué par des incendies dévastateurs à cause de conditions extrêmement sèches : 72 000 hectares de surface brûlée (forêts, espaces naturels, cultures). Dans l'Union européenne, ce sont près de 900 000 hectares de terre qui ont brûlé, selon la Commission européenne.
D'après un rapport sénatorial remis à l'été 2022, les surfaces brûlées pourraient augmenter de 80% d’ici 2050 et près de 50% des landes et forêts métropolitaines pourraient être concernées par un risque incendie élevé, contre seulement un tiers en 2010.
Il est probable que la saison des feux de forêts s'allonge et passe de trois à six mois. Les zones exposées à ce risque devraient s’étendre vers le Nord-Ouest de la France, dans les Pays-de-la-Loire, le Val-de-Loire et la Bretagne.
Les avalanches
Environ 600 communes de haute montagne sont exposées aux avalanches (2%). Elles sont situées principalement dans les Alpes et les Pyrénées. Les avalanches sont parmi les catastrophes naturelles les moins meurtrières. Les accidents majeurs restent exceptionnels.
Les séismes
Le risque sismique est moins fréquent, mais reste le plus redouté en termes de nombre de victimes potentielles et peut entraîner des dommages importants sur les bâtiments et les infrastructures. Il peut également y avoir des effets indirects (glissements de terrain, tsunamis, pollution des milieux naturels...).
Les Antilles sont les seuls territoires français en aléa sismique fort. C'est en Guadeloupe, à la Martinique et à Saint-Martin que le risque demeure le plus élevé car ces deux îles sont situées à la frontière de deux plaques tectoniques. Plusieurs séismes destructeurs se sont produits dans les Antilles, en novembre 2004 en Guadeloupe (magnitude 6,3 sur l'échelle de Richter) et en novembre 2007 en Martinique (magnitude 7,4).
La France métropolitaine est aussi concernée par le risque sismique, même s'il est généralement trop faible pour pouvoir être ressenti par la population. Les Pyrénées, les Alpes, la Provence et l’Alsace sont considérées comme les régions où l’aléa sismique est le plus fort. En novembre 2019, un séisme de magnitude 5,1 a fait quatre blessés et de nombreux dégâts dans la Drôme et l'Ardèche.
Les éruptions volcaniques
Dans la région des Antilles, les éruptions volcaniques s'ajoutent aux autres risques naturels qui menacent les populations. D'autres phénomènes peuvent s'ajouter aux éruptions volcaniques comme les coulées de boue (lahars), les séismes, les glissements de terrain, les tsunamis.
Le risque est très présent en Guadeloupe (La Soufrière), en Martinique (la montagne Pelée) et à La Réunion (le Piton de la Fournaise). D'autres régions sont concernées par le risque volcanique, mais à un degré moindre car les volcans ne sont pas actifs comme au Massif Central, en Corse, à Mayotte... On trouve aussi des volcans sous-marins actifs dans les îles Australes de l'Océan Indien et la Polynésie française.
À l'exception des séismes et des éruptions volcaniques, qui relèvent strictement des aléas telluriques, tous les autres aléas peuvent être considérés comme des risques climatiques.
Des risques naturels de plus en plus fréquents
Sur les 188 événements naturels dommageables qui se sont produits en France depuis le début du XXe siècle, plus des deux tiers sont des accidents très graves ayant fait plus de dix morts ou plus de 30 millions d'euros de dommages matériels.
Depuis 1950, la fréquence de ces accidents très graves a presque quadruplé, passant d'un événement par an entre 1950 et 1996 à 3,6 entre 1997 et 2017.