L'ensemble du secteur public, État et collectivités territoriales, finance le sport à hauteur de 20 milliards d'euros par an. Alors que la dépense sportive nationale globale croît de manière importante, la dépense privée prend peu à peu le pas sur la dépense publique. La consommation sportive des ménages (achats d'articles de sport, inscription dans une pratique sportive, etc) atteint notamment 53 milliards d'euros en 2022.
Près de 20 milliards d’euros de financements publics
La dépense publique annuelle dirigée vers le sport atteint environ 20 milliards d'euros selon une estimation réalisée en 2022 par l'Observatoire de l'économie du sport du groupe BPCE (Banque populaire et à la Caisse d'épargne française).
L’État contribue pour 6,7 milliards d’euros.
- Les ministères chargés de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur financent le sport à hauteur de 5,7 milliards d’euros. Pour l’essentiel, ce chiffre intègre les salaires des professeurs d’éducation physique et sportive et le financement de la filière sciences et techniques des activités sportives (STAPS).
- Le ministère des sports contribue à hauteur de 1 milliard d’euros. Une partie du budget du ministère des sports subventionne l’Agence nationale du sport (ANS) dont les principales missions sont de soutenir les associations sportives, développer la pratique sportive locale, financer des équipements sportifs, participer à l’organisation de grands événements sportifs internationaux. Son budget s’élève à 461 millions d'euros en 2024. 197,5 millions d'euros sont dirigés vers le développement des pratiques sportives et 114 millions vers la haute performance (dont 17,3 millions aux athlètes). Cette somme inclut une dotation de 78 millions d'euros pour le soutien aux projets de haute performance des fédérations sportives.
Qu'est-ce que la taxe Buffet ?
Il existe une solidarité entre le sport professionnel (générateurs de revenus importants) et le sport amateur. Cette solidarité s’organise autour de la taxe instaurée par Marie-George Buffet, ministre des sports en 2000. Cette taxe impose aux fédérations sportives qui bénéficient de la vente de droits télévisuels de reverser 5% des droits perçus à l’ANS. Sur l’assiette globale de la taxe, 85% provient du football professionnel, 5% du rugby et 2% du tennis. Cette somme est destinée aux associations sportives locales et à la formation des animateurs. En 2021, les droits de retransmission des événements sportifs représentaient selon l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep), 1,7 milliard d’euros
Les compétitions organisées par les détenteurs de droits situés à l’étranger ne sont cependant pas soumises à cette taxe. Les droits cédés dans le cadre de l’organisation des jeux olympiques, des coupes du monde et coupes d’Europe de football ne sont pas soumis à cette taxe.
Dans un rapport de 2022, la Cour des comptes constate toutefois que le financement du sport est dépendant de la négociation des droits TV. Ainsi, lorsque Mediapro, le diffuseur du football professionnel a fait défaillance en 2021, l’Agence nationale du sport a vu ses recettes diminuer de 19 millions d’euros. Cette somme a dû être en partie compensée par l’État (à hauteur de 14,7 millions d’euros). Cet épisode souligne, pour la Cour des comptes, les risques liés à une dépendance excessive du monde sportif aux recettes des droits audiovisuels.
Quant aux collectivités territoriales, elles soutiennent le sport en France à hauteur de 12,5 milliards d’euros environ. Ces dépenses sont principalement assurées par le bloc communal qui a versé 11,1 milliards d’euros en 2022 si l'on englobe les communes et les intercommunalités. Le sport représente d'ailleurs le 2e poste de dépenses des communes. Les communes et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) participent également au développement du sport du fait de leur gestion des équipements sportifs. Sur les 330 000 équipements répertoriés dans le recensement des équipements sportifs, 63% sont gérés par des communes ou des intercommunalités et seulement 13% par des associations.
Les régions (600 millions d'euros) et les départements (800 millions d'euros) participent dans une moindre mesure au financement du sport.
Le financement du handisport
Un effort en direction du handisport est réalisé depuis la création des Jeux paralympiques de 1960, à Rome. L’Agence nationale du sport contribue aujourd’hui au financement d’équipements sportifs et à l’acquisition de matériel spécifique destiné à l’accessibilité des installations. Par ailleurs, une enveloppe publique vient soutenir les associations sportives affiliées à la Fédération handisport laquelle disposait d’un budget d’environ à 17,4 millions d'euros en 2021 selon un rapport de la Cour des comptes publié le 7 décembre 2022 sur la politique de l'État en faveur du parasport.
La part croissante de la dépense privée
Après un contrecoup en 2020 lié à la crise sanitaire, la dépense sportive des ménages a de nouveau augmenté en 2021 (+10,9% en euros courants). Cette hausse est particulièrement marquée pour les biens sportifs (+13,6%), mais moins forte pour les services liés au sport comme les inscriptions aux clubs de sport ou l’achat de billets pour les événements sportifs (+4,5%).
Les Français sont les premiers financeurs du sport en France, avec une dépense de 20,8 milliards d’euros en 2021 selon l’Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep), et de 53 milliards d'euros pour l'étude du groupe BPCE, dont la définition intègre des dépenses indirectes (tels que les paris sportifs). Cela représente 0,8 points de PIB, en progression de 9,7% par rapport à 2020 et 2% du PIB pour BPCE. Cette dépense prend en compte les achats d’articles de sport (chaussures, vêtements, etc) ainsi que les dépenses liées aux abonnements, adhésions ou droits d’accès à un équipement. En 2022, la part des biens liés au sport représente 15 milliards d’euros (17,2 milliards pour BPCE en 2022), un record qui s’établit au détriment des dépenses liées aux services liés au sport qui est de 8 milliards d’euros (un niveau toutefois plus important que celui de 2019, avant crise) selon l'Injep.
Globalement, la dépense sportive des ménages progresse de manière régulière puisqu’elle était de 14,4 milliards d’euros en 2010.
Les entreprises complètent la dépense sportive nationale. Une grande partie de ces sommes est orientée vers le sport professionnel de haut niveau, notamment le football professionnel. Les chaines de télévision, via l’achat des droits télé de la Ligue 1 de football, contribuent à hauteur de 1,15 milliard d’euros annuels. Ce financement alimente directement les clubs professionnels en fonction de leur classement.
Par ailleurs, un certain nombre d’entreprises soutiennent les associations sportives. Ce financement prend principalement trois formes :
- le mécénat est un soutien matériel apporté sans contrepartie de la part du bénéficiaire, contrairement au parrainage. Il est surtout utilisé par les TPE-PME dans le cadre de projets locaux. La loi de finances de 2019 a étendu le bénéfice fiscal perçu par les entreprises en retour de leur mécénat ;
- le parrainage ou sponsoring est le plus utilisé en France. Les sommes engagées au titre du parrainage du sport sont estimées à environ 3 milliards d’euros par an (elles servent également à financer des sportifs de haut niveau à titre individuel) ;
- le naming consiste pour une entreprise, à donner son nom à une compétition, une enceinte ou une équipe sportive. Il reste encore peu utilisé en France, contrairement à d’autres pays comme l’Allemagne. Le cumul des sommes reçues par les 12 enceintes qui ont reçu un nouveau nom est estimé à 2 millions d’euros annuels.
Le financement privé prend également la forme d’un soutien à la construction d’équipements sportifs, le plus souvent de grande taille. Par exemple, dans le cadre de l’Euro 2016 organisé en France, de nombreux stades ont été financés selon la formule du partenariat public privé (PPP). Ce dispositif autorise les entreprises privées à se voir concéder la gestion des évènements sportifs des stades publics en échange de l’investissement de départ pour rénover ou construire un stade.
Les conséquences du Covid-19 sur le sport en France
Les mesures de confinement instaurées pour faire face à la crise sanitaire ont interrompu l’organisation des compétitions sportives, mais également la pratique récréative du sport, entraînant l’arrêt d’une grande partie de l’activité économique du sport. Selon une étude privée, la perte de chiffre d’affaires des entreprises de la filière sport serait de plus de 3 milliards d’euros sur le premier semestre 2020. La perte est estimée à près de 500 millions d'euros dans le secteur marchand.
Les entreprises s’intéressent également à la pratique du sport sur le lieu de travail. Ainsi, la proposition d’activités physiques par les entreprises tend à se développer car le sport participerait à l’augmentation de la productivité des salariés.
La part de l’emploi privé dans le secteur du sport représente environ 163 000 personnes sur les 315 000 emplois liés au sport (postes à temps partiel inclus) contre 87 000 emplois dans le ecteur public selon les chiffres clés 2023 de l'Injep.
Le financement des jeux Olympiques et Paralympiques (JOP)
L’organisation des jeux Olympiques (JO) et Paralympiques de 2024 à Paris repose sur un financement essentiellement privé, soit environ 95% du financement global.
L'association Paris 2024, Comité d'organisation des jeux olympiques et paralympiques (COJO), intervient donc de manière mesurée et participe notamment au financement de la sécurité. Le COJO a pour rôle principal de planifier, d’organiser et de livrer les Jeux ainsi que de financer les dépenses organisationnelles ou de structures provisoires et non pérennes.
En 2022, Paris 2024 a procédé à une révision budgétaire, permettant de coller au mieux aux divers coûts et risques du projet. Voici la composition du budget actualisé de Paris 2024. Globalement, l’investissement nécessaire à l’organisation des Jeux 2024 avoisine les 8 milliards d’euros (Md€) répartis comme suit :
- budget du Comité d’organisation de Paris 2024 : 4,38 Md€ ;
- dotation du Comité international olympique (CIO) : 1,2 Md€ (dont droits TV 750 millions d'euros (M€) et partenariats 470 M€) ;
- billetterie / hospitalités / licensing : 1,4 Md (billetterie 1,1 Md€ , hospitalités 170 M€ et licensing 127 M€) ;
- partenariats : 1,226 Md€ ;
- recettes diverses : 193 M€.
Le budget des jeux Olympiques s’articule autour de deux budgets distincts, à savoir le budget COJO et le budget hors COJO.
- Le budget du COJO est destiné aux infrastructures sportives temporaires, à l’aménagement et au fonctionnement des sites, au transport et la restauration des personnes accréditées, aux ressources humaines, à la communication. Le CIO ne donne pas d'argent aux gouvernements, mais exclusivement aux comités d'organisation des jeux Olympiques et Paralympiques et aide les comités d'organisation de nombreuses autres manières, notamment par le transfert de connaissances et la gestion des opérations de diffusion hôte.
- Le budget hors COJO comprend le budget placé sous le contrôle de l’État organisateur. Il est mobilisé pour construire ou rénover des infrastructures permanentes utilisées pendant les jeux mais qui ont vocation à servir la population bien au-delà, pendant plusieurs décennies (logements, infrastructures de transport, etc). Ce budget est évalué à 3 milliards d’euros. La participation de l’État soutient une partie des dépenses liées à la maîtrise d’ouvrage public, estimées à près d’un milliard d’euros.
Conformément au Contrat hôte olympique, le CIO exige de tous les comités d'organisation qu'ils fournissent des états financiers annuels certifiés par un expert-comptable indépendant.