Le tungstène fait vibrer les téléphones. Pour les batteries des véhicules électriques et le stockage de l’énergie, l’UE aurait besoin, en 2050, de près de 60 fois plus de lithium et de 15 fois plus de cobalt. Les terres rares sont utilisées dans les aimants permanents, pour les véhicules électriques, les technologies numériques ou les éoliennes.
L’un des enseignements que l'Union européenne (UE) a tiré de la crise du COVID-19 : il est essentiel de renforcer la sécurité de son approvisionnement pour l'accès à certaines matières premières. C'est dans ce contexte que la Commission européenne a annoncé, le 3 septembre 2020, des mesures devant permettre de rendre l'approvisionnement de matières premières en Europe plus sûr et durable.
30 matières premières critiques recensées
Aérospatial, défense, électronique, automobile, santé... Ces matières premières critiques sont nécessaires dans de nombreux secteurs. La liste 2020 des matières premières critiques contient ainsi 30 matières (avec désormais la bauxite, le lithium, le titane et le strontium). Elle ne cesse de s'allonger à chaque révision : il y en avait 14 en 2011, 20 en 2014, 27 en 2017.
L’approvisionnement de nombreuses matières premières critiques est fortement concentré : la Chine fournit 98% des terres rares lourdes à l'UE, la Turquie 98% du borate et l’Afrique du Sud 71% des platinoïdes...
L’UE dépend aussi de 75% à 100% des importations sur la plupart des métaux. Selon les prévisions de l’OCDE, leurs utilisations devraient augmenter de 150% d'ici 2060.
Les objectifs du plan d'action de la Commission
Ce plan d'action sur les matières premières critiques a quatre objectifs :
- développer des chaînes résilientes pour les industries de l'UE ;
- réduire la dépendance de l'UE sur ces matières primaires avec une utilisation circulaire de ces ressources mais aussi avec la conception de produits durables et l'innovation ;
- renforcer l'approvisionnement européen sur son marché intérieur ;
- diversifier l'approvisionnement avec les pays hors UE tout en respectant pleinement les obligations internationales de l'UE.
Ce plan repose ainsi sur dix actions avec en particulier la mise en place d'une alliance européenne pour les matières premières.
Par ailleurs, la Commission souhaite relancer l'extraction et la transformation de minerais sur son territoire d'ici 2025. Elle précise également que, dans une logique d'économie circulaire, les déchets miniers présentent parfois des concentrations intéressantes. Pour assurer l'exploitation de ces matières, elle propose de mettre l'accent sur les régions charbonnières, en portant l'attention sur l'expertise et les compétences utiles à l'activité minière. L'UE compte aussi s'appuyer sur la télédétection et le programme Copernicus d'observation de la Terre pour soutenir l'exploration, l'extraction et l'après-mine.
Enfin, le volet "Recherche et Innovation" du plan de la Commission est consacré au recyclage. Il prévoit aussi la substitution des matières critiques par d'autres non critiques offrant des performances similaires.