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Illettrisme en France : 1,4 million des 18-64 ans concernés selon l'Insee

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié un état des lieux de l'illettrisme en France en 2022. 4% des adultes ayant commencé leur scolarité sur le territoire sont illettrés. Toutefois, 10% des 18-64 ans ont des difficultés à l'écrit qui s'ajoutent souvent à celles rencontrées en calcul.

1,4 million d'adultes entre 18 et 64 ans sont illettrés en 2022 en France. C'est le constat de l'étude de l'Insee publiée le 22 avril 2024. L'illettrisme concerne une personne ayant été scolarisée en France et qui connaît des difficultés fortes (elle "ne maîtrise pas la lecture, l’écriture, le calcul, le numérique", selon la définition de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme). 

Les travaux de l'Insee analysent plus largement le profil des personnes rencontrant des difficultés dans les domaines fondamentaux de l'écrit.

Le cumul des difficultés à l'écrit et en calcul

Un adulte sur dix a des difficultés dans les domaines fondamentaux de l'écrit : déchiffrer en lisant, écrire des mots et comprendre un texte simple. Ces difficultés se conjuguent souvent à celles rencontrées en calcul : 

  • 12% des adultes ont des problèmes face au calcul ;
  • 62% des personnes ayant une faible maîtrise de l'écrit ont de faibles compétences en calcul.

Les chiffres montrent des difficultés plus grandes pour les personnes :

  • âgées de 55 à 64 ans : 14% à l'écrit (contre 6% de 18 à 24 ans) et 15% en calcul (contre 10% de 18 à 24 ans) ;
  • peu diplômées : 35% des personnes en difficultés à l'écrit.

Les femmes connaissent par ailleurs plus de difficultés en calcul (15% contre 9% pour les hommes).

 

Des inégalités sociales et territoriales

Les difficultés face à l'écrit sont plus marquées :

  • pour les personnes dont les parents sont "peu ou pas diplômés" (19%) ;
  • pour un tiers des habitants des quartiers prioritaires de la ville (QPV) qui comportent une forte part de personnes non scolarisées en France et qui comptent trois fois plus d'adultes illettrés.

Les difficultés sont un peu plus fortes pour les personnes arrivées en France en cours
de scolarité. Lorsque la scolarité d'une personne s'est déroulée entièrement hors de France et que sa langue maternelle n’est pas le français, la maîtrise de l'écrit est souvent faible (55%).

Enfin, l'étude de l'Insee pointe les conséquences de difficultés à l'écrit et en calcul sur la vie quotidienne, en particulier sur l'utilisation plus faible d'internet. "Les déterminants de l’illectronisme sont d’ailleurs les mêmes que pour les difficultés à l’écrit : l’âge, le niveau de diplôme ou le lieu de résidence", souligne le document. Les adultes en difficulté à l'écrit effectuent, par exemple, moins de démarches administratives eux-mêmes (61%, contre 85% dans l’ensemble de la population).

Le 8 septembre, a lieu la Journée internationale de l’alphabétisation de l’Unesco.

C’est autour de cette date que sont organisées en France les Journées nationales d’action contre l’illettrisme.

Selon les dernières données disponibles (2011), la France compte 2,5 millions d'illettrés, soit 7% des 18 à 65 ans, contre 9% en 2004.

Contrairement aux analphabètes, ces personnes ont été scolarisées.

Mais elles ne maîtrisent pas suffisamment les compétences de base en lecture, écriture et calcul.

Ces difficultés engendrent des obstacles dans toutes les tâches de la vie quotidienne.

Remplir un formulaire, faire une liste de course, lire un mode d’emploi ou encore une prescription médicale.

L’illettrisme peut également freiner l’insertion professionnelle et fragiliser le maintien dans l’emploi, malgré l’acquisition d’une expérience professionnelle.

Il touche 6% des personnes en emploi et 10% des demandeurs d’emploi.

Le développement du numérique et la multiplication des écrans ont davantage fragilisé cette population.

Un dispositif de lutte contre l’illettrisme a progressivement été mis en place.

Des outils ont été élaborés notamment sous l’égide de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI), créée en 2000.

Un cadre national de référence pour l'accès de tous à la lecture, à l'écriture et aux compétences de base, adopté en 2003.

Un référentiel des compétences clés en situation professionnelle en 2009.

Un socle de connaissances et de compétences professionnelles, le CléA, certification interprofessionnelle créée en 2014.

La Journée défense et citoyenneté permet aussi de repérer des jeunes en grande difficulté qui sont parfois déjà en situation d'illettrisme.