La décision de lancer une stratégie spatiale nationale et un Commandement de l'espace (CDE) a été prise en 2019, à la suite des tentatives d'espionnage d'un satellite franco-italien, Athena-Fidus, par un satellite russe. La même année, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) a reconnu l'espace comme un cinquième milieu d'opération.
Entre 2019 et 2025, les satellites espions et les cybermenaces ont proliféré. Le nombre de satellites actifs a augmenté de 440%, passant de 2 200 à 13 000, dont 60% appartiennent à la société américaine Starlink. Outre le risque direct de congestion de l'espace, ces évolutions sont accompagnées de recompositions géopolitiques et de la mise à l'épreuve d'alliances historiques.
La stratégie nationale spatiale 2025-2040 fixe, dans ce contexte, les orientations de la politique spatiale française sur le long terme.
Cinq piliers pour garantir la souveraineté spatiale de la France
Alors que l'espace se militarise davantage et voit l'arrivée de nouveaux acteurs privés, la stratégie spatiale française trace une trajectoire à l'horizon 2040 autour de cinq piliers.
- Garantir un accès autonome, durable et stratégique à l'espace. Fondement de la souveraineté spatiale, l'accès autonome à l'espace repose sur la maîtrise complète de la chaîne de lancement, de la conception des lanceurs à l'exploitation du Centre spatial guyanais (CSG). L'exploitation d'Ariane 6 se poursuit, mais il faut préparer la génération suivante de systèmes d'accès à l'espace.
- Agir en faveur d'une économie spatiale européenne intégrée et compétitive. La France veut renforcer sa filière satellitaire intégrée et compétitive, en lien avec les partenaires européens et l'écosystème industriel, en identifiant les technologies critiques. La donnée spatiale, en cohérence avec les programmes européens (Copernicus, Galileo, IRIS), deviendra un axe stratégique majeur.
- Renforcer la sécurité, la défense et la résilience des systèmes spatiaux. L'espace, domaine d'opérations militaires, est un maillon critique de la souveraineté nationale. Les systèmes spatiaux sont indispensables au fonctionnement de l'économie, des forces armées et des institutions et protégés comme tels. La France renforcera ses capacités militaires et de surveillance de l'espace.
- Porter une ambition scientifique et d'exploration. La France comme l'Europe veulent maintenir leur capacité à être présentes lors de vols habités.
- Affirmer une stratégie internationale intégrée, au service de la France et de l'Europe. La France portera une ambition régulatrice active, pour un usage sûr, sécurisé et durable de l'espace, compatible avec les enjeux de souveraineté nationale et européenne. L'un des enjeux est la défense d'un accès équitable aux ressources orbitales et fréquentielles, dans le respect des règles internationales.
Quel financement ?
Lors de l'inauguration du CDE, à Toulouse, Emmanuel Macron a annoncé que 4,2 milliards d'euros (Md€) viendraient s'ajouter aux 6 Md€ déjà prévus pour le spatial militaire d'ici à 2030.
La France, dans l'industrie spatiale européenne, concentre :
- près de la moitié du chiffre d'affaires ;
- près du tiers des effectifs.
L'industrie spatiale française est duale, entre civil et militaire. Une trajectoire financière est prévue pour le spatial français civil, incluant des activités duales de 16 Md€ d'ici à 2030, hors activités purement militaires.