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© Andrii Lysenko / Stock-adobe.com

Agent de nettoyage : un métier à hauts risques professionnels

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Souvent invisibilisés, les agents de nettoyage exercent un métier essentiel mais fortement exposé aux risques professionnels. L’Agence nationale de sécurité sanitaire alerte sur les conditions de travail et la précarité de ces salariés qui représentent plus d'un million de personnes en France.

Dans un avis publié en novembre 2025, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a examiné les conditions de travail des agents du nettoyage et leurs effets sur la santé. L'Anses a choisi de se concentrer sur les travailleurs évoluant dans des environnements à pollution non spécifique (bureaux, halls d’immeuble, espaces sanitaires) qui représentent la majorité de la profession. Les domiciles de particuliers sont notamment exclus de cette expertise.

Précarité de l'emploi et risques professionnels

Selon l'Anses, les agents de nettoyage représentent entre 1,2 à 1,4 million de personnes, soit 5% de l'emploi salarié en France. Ils sont environ : 

  • 600 000 à travailler dans le secteur public (établissements scolaires, médico-sociaux, etc.) ;
  • 350 000 dans des entreprises exerçant d'autres activités à titre principal (hôtellerie-restauration, secteur médico-social privé, commerces, industries…) ;
  • 500  000 dans des entreprises prestataires de propreté.

La profession est largement féminisée (73,5%) et compte une forte proportion de travailleurs immigrés (20%) ou d'origine étrangère. Ces personnes, souvent en situation de précarité (temps partiel ou CDD avec des rémunérations modestes) présentent un état de santé plus dégradé que la moyenne des salariés. 

Les agents de nettoyage sont exposés à de multiples risques pour la santé : produits chimiques d’entretien, agents biologiques comme les bactéries et les virus, intensité physique du travail, horaires décalés et concentrés sur des créneaux atypiques (tôt le matin et tard en soirée), etc. Ces salariés interviennent sur de multiples sites et cumulent parfois plusieurs employeurs. Ils peuvent dépendre de différents services de prévention et de santé au travail, ce qui complique leur suivi médical. 

Une intensification du travail qui aggrave les risques

Le recours croissant à la sous-traitance des activités de nettoyage a conduit à la dégradation des conditions de travail des agents. La part des salariés travaillant pour des entreprises de sous-traitance a presque triplé en près de 40 ans dans le secteur privé, passant de 23% en 1982 à 65% en 2020 (et de 18% à 35% dans le secteur public). Cette tendance participe à la réduction du nombre d’heures dédié aux tâches de nettoyage, entraînant une intensification du travail et une réduction des revenus mensuels pour les salariés.  

Ainsi, la fréquence et la gravité des accidents du travail sont plus importantes que pour la moyenne des salariés. Le taux de travailleurs ayant une maladie professionnelle reconnue est deux fois plus élevé. Il s'agit principalement de troubles musculosquelettiques, de maladies respiratoires et dermatologiques et de problèmes de santé mentale. Les licenciements pour inaptitude sont également deux fois plus fréquents. 

L’Anses appelle à agir pour protéger les agents de nettoyage : 

  • de rappeler aux entreprises qui emploient des sous-traitants leurs obligations en matière de respect de la législation du travail ;
  • de mettre en œuvre une campagne de prévention spécifique aux troubles musculosquelettiques (TMS) ;
  • de faciliter l’accès des agents aux dispositifs de prévention ;
  • de favoriser le travail de jour afin de limiter l’isolement au travail, les horaires décalés et l’invisibilisation des agents du nettoyage. 

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