Quel est le rôle du Conseil d'État ?

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L’essentiel

Le Conseil d'État est la plus haute juridiction administrative. Cette institution a en charge deux missions :

  • conseiller le Gouvernement, l'Assemblée nationale et le Sénat ;  
  • juger l'administration en tant que juge administratif suprême (il intervient dans le cadre de litiges entre l'administration et les administrés, le plus souvent après les tribunaux administratifs et les cours administratives d'appel). 

En détail

Le Conseil d'État assure un rôle de conseiller juridique auprès du Gouvernement, de l'Assemblée nationale et du Sénat.

La Constitution du 4 octobre 1958 prévoit trois cas précis de consultation obligatoire du Conseil d'État : 

  • en vertu de l'article 39, tout projet de loi est délibéré en Conseil des ministres après avis du Conseil d'État (le Conseil examine également l'étude d'impact qui accompagne tout projet de loi) ; 
  • l'article 38 impose la consultation du Conseil d'État sur tout projet d'ordonnance avant son adoption en Conseil des ministres ; 
  • enfin, selon l'article 37, la consultation du Conseil d'État est obligatoire sur les textes importants de nature réglementaire (comme les décrets). 

Toute autre saisine du Conseil d'État est facultative.

Depuis la révision constitutionnelle de 2008, le Conseil d'État peut aussi se mettre au service du Parlement : "dans les conditions prévues par la loi, le président d'une assemblée peut soumettre pour avis au Conseil d'État, avant son examen en commission, une proposition de loi déposée par l'un des membres de cette assemblée, sauf si ce dernier s'y oppose" (article 39). 

L'analyse du Conseil d'État est juridique. Le Conseil s'assure que les textes soumis sont : 

  • respectueux de la Constitution, du droit européen et national ;
  • cohérents, compréhensibles et applicables dans la vie quotidienne. 

Le Conseil d’État est également le juge administratif suprême. En effet, le système juridictionnel français distingue l'ordre juridictionnel judiciaire, au sommet duquel se trouve la Cour de cassation, et l'ordre juridictionnel administratif, dont la cour suprême est le Conseil d’État.

Le Conseil d'État a des compétences de juge de premier et dernier ressort : pour les recours qui ne relèvent d'aucun tribunal administratif déterminé, pour le contentieux électoral (élections européennes, régionales...). 

Si la mesure contestée provient du Gouvernement ou d'une autorité administrative indépendante, le Conseil d'État est saisi directement. Si la mesure provient d'une administration locale, c'est le tribunal administratif de la localité qui est saisi. En cas d'urgence, le juge des référés peut prendre une décision provisoire pour protéger une liberté fondamentale.

Depuis la création des cours administratives d'appel, les compétences d'appel du Conseil ont été fortement réduites.  Son rôle essentiel est celui de juge de cassation. À ce titre, il ne se prononce que sur la bonne application du droit.

Le Conseil d’État veille ainsi à préserver l’intérêt général et l’efficacité de l’action administrative, tout en protégeant au mieux les droits des citoyens. Ses décisions sont contraignantes pour l'administration.

En image

1er degré : tribunal administratif

Appel 2e degré : cour administrative d'appel

Contrôle, pourvoi : Conseil d'État, section du contentieux

Quel est le rôle du Conseil d'État ? - plus de détails dans le texte suivant l’infographie

1er degré : tribunal administratif

Appel 2e degré : cour administrative d'appel

Contrôle, pourvoi : Conseil d'État, section du contentieux

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Quel est le rôle du Conseil d'État ?

Bonjour, je suis Bertrand, rédacteur pour le site vie-publique.fr, et je vais vous expliquer en quoi consiste le rôle du Conseil d’État.

Le Conseil d'État, créé en 1799, est à la fois une juridiction administrative et conseiller du Gouvernement. Juge des litiges entre l'administration et les administrés, il est aussi la plus haute autorité de l'ordre administratif.

  • Mais commençons d’abord par le rôle de juge administratif du Conseil d’État ?

    Le Conseil d’État est juge, en premier et dernier ressort, du contentieux électoral des élections européennes, des élections régionales et des élections des assemblées de certains territoires à statut particulier tel que la Corse ou la Polynésie française. Il l‘est aussi pour juger des recours contre les décrets, les ordonnances, actes réglementaires des ministres. Enfin, il se prononce sur les recours formés contre les décisions administratives prononcées par les principales autorités administratives indépendantes.

    Le Conseil d’État dispose également de compétences en tant que juge d’appel des décisions rendues par les tribunaux administratifs, par exemple en matière d’élections communales et départementales.

  • Par ailleurs, le Conseil d’État est juge de cassation… Alors en quoi consiste ce rôle ?

    Le Conseil d’État est la juridiction suprême de l’ordre administratif. Il peut être saisi d’un pourvoi en cassation. Il s’agit d’une voie de droit exceptionnelle par laquelle le Conseil d’État ne rejuge pas l’affaire mais vérifie la correcte application du droit par les juges du fond.

    Le Conseil d’État est juge de cassation :

    • des arrêts des cours administratives d’appel ;
    • des décisions des juridictions administratives spéciales ;
    • et pour juger des pourvois formés contre les jugements rendus, dans certaines matières, par les tribunaux administratifs statuant en premier et dernier ressort.
  • Le Conseil d’État est également conseiller du Gouvernement… Mais comment exerce-t-il cette compétence ?

    D’abord en examinant chaque année les projets de loi, d’ordonnance ou de décret pour vérifier leur régularité juridique et leur opportunité en termes d’action administrative. Puis en rendant un avis qui peut être soit :

    • obligatoire, pour les projets de loi et les ordonnances, ainsi que pour certains décrets ;
    • soit facultatif, à la demande du Gouvernement, sur tout projet de texte.

    Le Conseil d’État peut aussi être consulté par le Gouvernement sur toute question et rendre un avis. Par exemple, en 1989, il a précisé la portée du principe de laïcité dans les établissements scolaires à la suite de l'affaire du “foulard islamique” et, en 2015, il s’est prononcé sur la conformité à la Constitution du dispositif prévoyant la création d’un fichier judiciaire des auteurs d’infractions de terrorisme.

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