Favoriser l’établissement d’une paix durable est la principale raison à l'origine de la construction européenne. Cet objectif est mis en avant au sortir de la Seconde guerre mondiale par Robert Schuman, ministre français des affaires étrangères, dans sa déclaration du 9 mai 1950, qui lance le processus de construction d’une Europe intégrée : "La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent. [...] L’Europe n’a pas été faite, nous avons eu la guerre."
La reconstruction de l'Europe au lendemain de la guerre a été permise par le soutien économique des États-Unis, à travers le Plan Marshall (1947). Les pays européens, détruits et appauvris par le conflit mondial, auraient eu de grandes difficultés à se relever et à impulser la construction européenne sans une aide extérieure.
Soixante-cinq ans plus tard, en 2012, l’Union européenne a reçu le prix Nobel de la paix pour l'œuvre de pacification des relations entre les pays du Vieux continent.
L'idée d’unifier l’Europe pour favoriser la paix est défendue à de nombreuses reprises, bien avant la Seconde Guerre mondiale :
- à partir du XIVe siècle, des penseurs proposent des projets d’unification, comme Pierre Dubois en 1300 ;
- au fil des siècles, Machiavel, Sully, l’abbé de Saint-Pierre, Rousseau ou Kant émettent également des propositions dans ce sens ;
- en 1849, Victor Hugo plaide pour les "États-Unis d’Europe" ;
- en 1929, Aristide Briand, président du Conseil, prononce un discours devant la Société des nations (SDN) dans lequel il en appelle à la création d’“une sorte de lien fédéral” entre les pays européens ;
- enfin, pendant la guerre de 1939-1945, certains résistants, comme Henri Frenay en France ou Altiero Spinelli en Italie, se prononcent en faveur d’une Europe unie.
Après la Première Guerre mondiale et ses destructions, le traité de Versailles de 1919 n'avait pas posé les bases d'une pacification du continent. Au contraire, les problèmes économiques, liés aux destructions de guerre, et alourdis par les taxes douanières, ont renforcé dans l'entre-deux-guerres les tensions au sein du Vieux continent - dont les militants européistes (Coudenhove-Kalergi, Briand...) et certains économistes (Keynes, en particulier) craignent le déclin.
L'idée que l'union est nécessaire, et qu'elle doit passer par une alliance économique, s'impose donc de façon plus large et plus prégnante après la Seconde Guerre mondiale, dans le contexte de la guerre froide et de l’émergence de deux blocs à l’Est et à l’Ouest.
Le premier projet d'alliance économique voit le jour en 1951, avec la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA). Cette organisation acte le début de la méthode dite "communautaire", et servira de modèle aux communautés créées par la suite. La naissance du marché commun, mis en place en 1957 par la Communauté économique européenne (CEE), a pour but de mettre fin au morcellement de l’Europe en créant un espace économique intégré, apte à faire face à la concurrence des grandes puissances internationales.
La création du Conseil de l'Europe à l'issue de la Seconde guerre mondiale
La coopération entre les gouvernements européens dans l'après-guerre ne s'effectue pas qu'au niveau communautaire - et donc économique.
Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, en réaction aux déchirements du continent européen, la défense des droits de l'Homme sur le territoire est rapidement confiée à une organisation : le Conseil de l'Europe, créée en 1949. Néanmoins, là où le Conseil de l'Europe constitue une simple organisation intergouvernementale (coopération de plusieurs États), l'Union européenne va beaucoup plus loin : il s'agit d'une organisation supranationale (ordre juridique propre, intégré au système juridique des États membres, avec primauté du droit de l'Union sur le droit national).