Y a-t-il un modèle unique d'État-providence ?

Protection sociale

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L’essentiel

  • Il existe plusieurs modèles d'État-providence, dont les caractéristiques sont liées à l'histoire des nations et des populations qui les mettent en œuvre : modèle social-démocrate, modèle corporatiste et modèle libéral.
  • Ces modèles peuvent être évalués et comparés selon leur degré de démarchandisation de la force de travail.

En détail

Si l'État-providence peut être défini comme un mode d'intervention de la puissance publique dans les domaines économique et social, cette expression englobe en réalité plusieurs modèles, qui peuvent être très différents les uns des autres.

Les diverses formes d'État-providence traduisent différentes visions de la protection sociale. En 1990, l’économiste et sociologue danois Gøsta Esping-Andersen propose une typologie. À partir de l’étude de 18 nations ayant mis en œuvre un État-providence, il définit les États-providence selon trois variables : 

  • la nature des droits sociaux garantis par l'État (on oppose ainsi le modèle universaliste au modèle minimaliste, et le système assistanciel au système assurantiel) ;
  • les effets de la redistribution des richesses sur les inégalités et la stratification sociale ;
  • les relations entre l'État, le marché et la situation économique et sociale des individus.

Cette analyse lui permet de distinguer trois modèles :

  • le modèle social-démocrate (ou universaliste), qui assure à l'ensemble de la population un haut niveau de protection sociale financé par l'impôt ;
  • le modèle corporatiste (ou conservateur), dans lequel seuls les individus ayant cotisé, donc travaillé, bénéficient d'une protection sociale ;
  • le modèle libéral (ou résiduel), qui ne garantit qu'un très faible niveau de protection sociale, celle-ci étant souvent réservée aux populations les plus pauvres et financée par l'impôt.

On peut décrire chaque modèle d'État-providence selon son niveau de démarchandisation.

La démarchandisation désigne le processus par lequel l'État intervient dans le fonctionnement naturel du marché pour contrer certains de ses effets. Il peut développer des outils de redistribution des richesses ou imposer des règles aux acteurs économiques, par exemple. 

Ce processus visant à contrer les dynamiques du marché permet de réduire la dépendance des individus au marché et de leur garantir, à tous, un niveau de vie acceptable. 

Il se traduit par la reconnaissance légale et la mise en place effective de droits sociaux (par exemple, les allocations chômage ou la retraite). Ceux-ci sont inviolables et accordés sur la base de la citoyenneté : chaque citoyen peut en être bénéficiaire. 

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