Qu'est-ce que l'Agenda 2030 ?

Relations internationales

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L’essentiel

  • L'Agenda 2030 est un programme de développement durable à l'horizon 2030, adopté en 2015 par l'ensemble des États membres de l'Organisation des Nations unies (ONU).
  • Ce programme se situe dans le prolongement d'un premier agenda adopté lors du Sommet de la Terre en 1992 : l'Agenda 21. 
  • L'Agenda 2030 reprend des objectifs de l'Agenda 21 en les complétant et en s'efforçant de créer des liens entre eux pour plus d'efficacité, aboutissant à 17 Objectifs de développement durable (ODD).

En détail

Le programme de développement durable à l'horizon 2030, intitulé "Agenda 2030", a été adopté en septembre 2015 par l'Organisation des Nations unies (ONU). De portée universelle, il s'applique à l'ensemble des 193 États membres de l'ONU, impliquant non seulement les gouvernements mais aussi la société civile. L'agenda a fusionné les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) avec ceux définis lors des Sommets de la Terre.

Il succède à l’Agenda 21, programme d’action pour le développement durable au 21e siècle qui avait été adopté lors du Sommet de la Terre de Rio, en 1992. Il fixait des objectifs de long et de court termes et incitait à la mise en place d'actions concrètes au niveau des collectivités locales. L'Agenda 21 comportait 27 principes, autour de 5 finalités :

  • la lutte contre le changement climatique ;
  • la préservation de la biodiversité, des milieux et des ressources ;
  • la cohésion sociale et la solidarité entre les territoires et les générations ;
  • l'épanouissement de tous les êtres humains ;
  • une dynamique de développement suivant des modes de production et de consommation responsables.

L'Agenda 2030 recense 5 piliers du développement durable : planète, population, prospérité, paix et partenariats (les "5P"). Il définit surtout 17 Objectifs de développement durable (ODD), déclinés en 169 cibles, plus précis que les 5 finalités de l'Agenda 21. Les ODD mettent en avant les liens indissociables qui existent entre les différentes dimensions du développement, avec :

  • des objectifs environnementaux : eau propre et assainissement, énergie propre, villes et communautés durables, consommation et production responsables, ou encore lutte contre les changements climatiques ;
  • des objectifs d'ordre économique : croissance économique, industrie, innovation et infrastructure ; 
  • des objectifs sociaux : réduction de la pauvreté et des inégalités, notamment entre les femmes et les hommes, droit au travail décent, paix, justice...

Le suivi de la mise en œuvre des ODD par les États est assuré par le forum politique de haut niveau sur le développement durable (FPHN). Chaque année, des ODD y sont sélectionnés pour faire l'objet d'un examen approfondi. La progression de ces objectifs repose également sur les acteurs territoriaux (collectivités locales, associations, entreprises, citoyens...). 

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  • Qu’entend-on par limite planétaire ?

    Nous, les humains, exerçons des pressions sur notre environnement, changement climatique, érosion de la biodiversité.

    Bref, il y a plein de sujets, plein de dégradations de notre planète.

    Et dépassé certains seuils de pression qu'on appelle des limites cela devient très problématique car cela remet en question les conditions d'habitabilité de cette planète pour nous les humains.

    Ce concept est issu de travaux scientifiques qui ont été publiés pour la première fois dans la revue Nature en 2009, menés par une équipe de 26 chercheurs, dont Will Steffen et Johan Rokström, et évidemment ces travaux ont été améliorés, approfondis, mis à jour depuis, une récente mise à jour datant de 2023.

    Concrètement, dans ces limites planétaires, on en compte neuf, et certaines sont connues, d'autres moins.

    Par exemple, nous avons le changement climatique, l'érosion de la biodiversité, la consommation d'eau douce, l'acidification des océans ou encore l'introduction de nouvelles entités toxiques dans l'environnement, comme par exemple le plastique.

    Sur ces neuf limites, six sont déjà franchies.

  • Que se passe-t-il lorsqu’une limite est franchie ?

    Franchir une limite, c’est jouer avec les conditions d'habitabilité de la planète.

    Donc il faut éviter.

    Pour comprendre ce que cela veut dire, je vais introduire une notion, la notion de système complexe.

    La planète, en tant qu’environnement, est un système complexe.

    Différents éléments composent ce système : océans, terres, atmosphère, etc.

    Et ces éléments interagissent entre eux avec des cycles biochimiques, etc.

    Le tout forme l'environnement, le système complexe.

    Un système complexe, il a des propriétés particulières, il est résilient. Ça veut dire qu’il va résister à des chocs et son équilibre global ne va pas être perturbé par des chocs.

    Néanmoins, dépassé certains seuils de pression qu'exercent ces chocs, il va ne plus être résilient et changer complètement d'équilibre.

    Basculer dans un nouvel équilibre.

    Pour comprendre ça, on va prendre un exemple un peu plus concret, une forêt.

    Une forêt, c'est un système complexe.

    Différents éléments, des espèces des animaux, des plantes, etc., qui interagissent entre eux, et dont ces éléments et leur interaction forment le tout, la forêt.

    Appliquez à cette forêt, des petits chocs qui vont être largement gérés par la résilience de la forêt, la forêt va très vite s'adapter ou maintenir son équilibre global.

    Par contre, appliquez-lui une grosse perturbation, comme par exemple une élévation de la température globale annuelle de + 5°c, ça va générer peut-être trois fois plus de canicules, trois fois plus intenses, deux fois plus longues, etc. et la forêt va complètement se métamorphoser.

    Certaines des espèces vont disparaître, par incendie par exemple, d'autres vont apparaître.

    Peut-être que la forêt va complètement changer et va devenir une savane, voire un désert.

    Bref, la forêt change d'équilibre.

    À l’image de la forêt, l'environnement est résilient, mais dépassé certains seuils de pression, il change d'équilibre.

    Les limites planétaires, qu'on peut aussi appeler frontières parce qu'il y a un débat sur le terme et la traduction de l'anglais au français, sont des seuils à partir desquels ce changement d'équilibre devient possible.

    Donc l'activation de ces points de bascule devient possible.

    On ne sait pas exactement quand est-ce qu'ils vont s'activer parce que l'environnement est un système très complexe.

    Néanmoins, ça devient possible et c'est déjà largement trop.

    Il ne faut pas dépasser ces limites planétaires.

    Bref, les limites planétaires sont un concept qui est à associer à la résilience de notre système Terre et sont des seuils qu'il ne faut pas franchir pour rendre possible un déséquilibre.

    À ne pas confondre avec une autre notion qui est le jour du dépassement, qui est inspiré d'un indicateur : l'empreinte écologique.

    Cet indicateur mesure des pressions que l'humanité exerce et la comptabilise en nombre de planètes que nous consommons par an.

    Quel peut être l’intérêt de ce concept pour l’action publique ?

    Cette notion, elle a plusieurs intérêts.

    Le premier, à mes yeux, c'est qu'elle permet de rappeler, de faire prendre conscience, de rendre visible qu'il y a différents sujets sur l'environnement.

    Il y a le climat et la biodiversité, etc., donc déjà pour ça, c'est intéressant.

    Deuxième intérêt, c'est que ça initie à la vision systémique et ça permet de sortir d'une vision en silo, de penser le climat d'un côté, la biodiversité de l'autre, etc., alors que, on l’a vu ces limites ont des interactions entre elles et les actions pour rester sous ces limites ont des effets sur plusieurs limites à la fois.

    Troisième intérêt, c'est que ça permet de mettre en lumière de façon assez pédagogique le fait que nous pouvons changer d'équilibre.

    Aujourd’hui, enfin depuis 11000 ans, nous sommes dans une ère géologique qui s'appelle l'Holocène, avec des conditions d'habitabilité favorables et nous pouvons changer de régime car certains points de bascule peuvent être franchis et nous amener vers un environnement avec des conditions inconnues qui seront peut-être défavorables, voire même très difficilement vivables pour l'humanité.

    Donc c'est très grave.

    C'est un concept qui peut paraître un peu théorique, appliqué à l'échelle de la planète, qui permet, par les trois premiers points que j'ai évoqués, de sensibiliser, de former aussi sur l'approche du traitement des problèmes qu'il faut avoir.

    Et cette approche-là, on peut l'appliquer à différentes échelles.

    On peut l'appliquer à l'échelle nationale, à l'échelle locale, pour des collectivités par exemple, à l’échelle même individuelle.

  • Pourquoi ?

    Parce que ça fournit une grille d'analyse.

    On pense non plus climat, mais climat et biodiversité et les autres limites.

    On pense aussi interactions entre elles.

    Et donc ça permet de en regardant l'état de nos impacts actuels, en regardant aussi nos possibilités d’action, de les passer sous le crible de cette grille d'analyse.

    De penser, cette action-là va-t-elle avoir des impacts pour le climat et pour la biodiversité et pour les aérosols, etc.

    Donc, c'est en ce sens que c'est un bon outil pour prendre des décisions pour les décideurs, mais même en tant qu'individus, pour changer nos modes de vie par exemple.

    C'est aussi une notion qui inspire l'ONU, la Commission européenne, afin de renforcer leur vision de ce qu'est le développement durable.

    Cette notion a par exemple inspiré une économiste britannique, Kate Raworth, pour proposer sa théorie du donut.

  • Alors, qu'est-ce que c'est ?

    Vous avez des limites planétaires à ne pas franchir, un plafond environnemental à ne pas dépasser.

    Nous, les humains, nous avons des enjeux : social, éducation, santé, etc. que nous voulons garantir.

    Nous voulons répondre à ces enjeux, autrement dit un plancher social qu'il faut maintenir, qu'il faut garantir.

    Donc un plancher, un plafond, ça a une forme de donut.

    Et entre le plancher et le plafond, un espace juste et sûr pour l'humanité dans lequel il faudrait aller.

    Donc il faudrait rester sous le plafond, donc revenir sous le seuil des limites planétaires et répondre en même temps aux enjeux sociaux.

    Et c'est ça, la boussole que Kate Raworth propose pour l'humanité.

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