Qu'est-ce qu'un réfugié climatique ?

Relations internationales

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L’essentiel

  • L'intensification des phénomènes climatiques extrêmes oblige des populations à quitter leur lieu de vie. 
  • Le "réfugié climatique" n'a pas de statut juridique lui permettant d'obtenir l'asile dans un autre pays, comme c'est le cas pour les victimes de persécutions. La création d'un statut juridique fait débat car les déplacements de population se font majoritairement à l'intérieur d'un même pays.

En détail

L'expression "réfugié climatique" est employée pour désigner une personne contrainte de se déplacer du fait d’une catastrophe climatique ou plus précisément du réchauffement climatique affectant son lieu de vie. Elle peut être incluse dans une catégorie plus vaste, celle des "réfugiés environnementaux".

Un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) de 1985 définit ces derniers comme des personnes forcées de quitter leur habitat de façon temporaire ou permanente, en raison d’une rupture environnementale (d’origine naturelle ou humaine) mettant en péril leur existence ou affectant sérieusement leur qualité de vie.

Si les migrations liées à des transformations environnementales ne sont pas nouvelles, elles concernent un nombre croissant de personnes du fait de l’intensification des phénomènes climatiques extrêmes. Parmi les régions à risque, on peut citer l’Afrique subsaharienne du fait des sécheresses, l’Asie du Sud et du Sud-Est exposée aux typhons et tsunamis, ou encore les petits États insulaires face à la montée du niveau des mers. 

Depuis 2015, au sein de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), une division consacrée à la migration, à l'environnement et au changement climatique (MECC) supervise, soutient et coordonne les initiatives liées aux migrations résultant du réchauffement climatique. 

Malgré une préoccupation croissante depuis les années 1980, aucune convention ne propose de définition juridique précise des personnes fuyant leur pays pour des raisons climatiques. Si le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ("Pacte de Marrakech"), adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies en 2018, fait mention des changements environnementaux, cette innovation demeure limitée, le Pacte n'étant pas contraignant. 

Bien plus, l’expression de "réfugié climatique" apparaît comme un abus de langage, le terme de réfugié étant jusqu'à présent réservé aux personnes remplissant les conditions édictées par la Convention de Genève de 1951. Les "réfugiés climatiques" ne remplissent pas plusieurs de ces critères : 

  • les catastrophes climatiques ne figurent pas parmi les liste des persécutions qui justifient une protection internationale ; 
  • pour obtenir le statut de réfugié, il faut avoir quitté son pays d’origine ; or la majorité des migrations climatiques sont aujourd'hui des déplacements internes. En 2021, un rapport de la Banque mondiale a estimé à 216 millions, le nombre de personnes concernées par les déplacements de populations à l'intérieur de leur propre pays d'ici à 2050.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugies (HCR) préfère ainsi parler de "personnes déplacées par les catastrophes naturelles et le changement climatique". 

Par ailleurs, le lien entre changement climatique (tsunamis, montée des eaux, désertification...) et migrations fait débat. Selon des chercheurs, la migration n'est pas seulement liée à la dégradation des conditions environnementales, mais s'explique également par des facteurs économiques. Ils montrent que le changement climatique n’est pas en lui-même producteur de migrations, mais qu’il aggrave des conditions de vie difficiles.

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