Image principale 1
Image principale 1
© JackF / Stock-adobe.com

Loi du 21 mai 2024 relative à l'organisation de la gouvernance de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour répondre au défi de la relance de la filière nucléaire

Temps de lecture  8 minutes

Dans un contexte de relance du nucléaire civil (nouveaux réacteurs EPR2, poursuite du parc actuel...), la loi réorganise la gouvernance de la sûreté nucléaire et prévoit la création en 2025 de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR).

Où en est-on ?

  1. Étape 1 validée

    Conseil des ministres

    20 décembre 2023

  2. Étape 2 validée

    Dépôt au parlement

    20 décembre 2023

  3. Étape 3 validée

    Examen et adoption

    9 avril 2024

    Adoption définitive

  4. Étape 4 validée

    Conseil Constitutionnel

    17 mai 2024

    Décision

  5. Étape 5 validée

    Promulgation

    21 mai 2024

Qu'est-ce que la procédure législative ?

Consulter

La loi a été promulguée le 21 mai 2024. Elle a été publiée au Journal officiel du 22 mai 2024.

Création de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR)

La loi vise à réunir au 1er janvier 2025 les activités de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) dans une nouvelle autorité, l’ASNR. Le nom de l'ASN est remplacé par celui de l'ASNR, qui hérite de la plupart des missions de l'IRSN (expertise, recherche, surveillance radiologique de l'environnement…). 

L'objectif de la réforme est d'améliorer l'efficience des procédures en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection et l'attractivité des métiers du nucléaire. 

Le gouvernement devra présenter d'ici juillet 2024 un rapport sur les moyens prévisionnels humains, techniques et financiers nécessaires au fonctionnement de la future autorité et étudier la faisabilité d'instituer un préfigurateur chargé de la mise en œuvre de sa création. 

Missions et statut de l'ASNR

La loi précise les conditions de transfert des biens, droits et obligations à l'ASRN ainsi que ses missions. 

L'ASNR a une mission générale d'expertise, de recherche et de formation. Outre une veille permanente en matière de radioprotection et la surveillance radiologique de l'environnement et des personnes exposées aux rayonnements ionisants, elle contribue aux travaux du Parlement sur ces sujets et à l'information du public. Elle participe au développement d'une culture de radioprotection chez les citoyens.

L'ASNR a le statut d'autorité administrative indépendante, comme l'ASN. Elle est un interlocuteur unique, indépendant du gouvernement et des exploitants, chargé du contrôle, de l'instruction des dossiers de sûreté et de la radioprotection dans toutes ses composantes. Elle peut être reconnue comme un établissement exerçant des missions de recherche et bénéficier des prérogatives attachées à ce statut (accueil de chercheurs, de doctorants…). Elle a aussi pour fonction de suivre les travaux de recherche aux niveaux national et international. Elle peut formuler des propositions sur les besoins de recherche.

Deux activités de l'IRSN ne sont pas transférées à l'ARSN : la direction de l'expertise nucléaire de défense (DEND), qui relève désormais du ministère de la défense, et les activités concernant la fourniture et l'exploitation de dosimètres à lecture différée, qui relèvent du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) ou d'une de ses filiales.

Fonctionnement de l'ASNR

La loi prévoit que l'ASNR met en place :

  • des groupes permanents d'experts (GPE) chargés d'éclairer les décisions de manière indépendante ;
  • un conseil scientifique, composé de personnalités compétentes dans divers domaines ;
  • une commission d'éthique et de déontologie composée de personnes extérieures qualifiées (similaire à celle de l'IRSN), chargée de prévenir d’éventuels conflits d’intérêts.

Les sénateurs ont renforcé le rôle des GPE, afin de développer une expertise tierce et plurielle au sein de la nouvelle autorité. 

Le règlement intérieur de l'ASNR définit des règles propres à assurer une séparation entre :

  • les processus d'instruction, d'expertise et de recherche (auparavant réalisés par les services de l'ASN et de l'IRSN) ;
  • et la prise de décision par le collège de l'autorité, composé de cinq commissaires nommés pour six ans.

La loi, sur amendement des parlementaires, prévoit cette séparation au sein de l'ASNR à tous les dossiers faisant l’objet d’une expertise (soit environ 300 dossiers par an contre environ 30 par an dans le texte initial). Des décisions majeures, comme le redémarrage des centrales nucléaires, doivent ainsi relever de personnels différents quant à l'expertise et à la décision. Le règlement intérieur de l'ASNR doit définir "les règles de distinction et d'interaction, pour une instruction donnée, entre les personnels chargés des activités d'expertise et les personnels chargés de la décision ou de la proposition de décision au collège".

Les anciennes instances du personnel de l'ASN et de l'IRSN peuvent être consultées sur le règlement intérieur, l'organisation et le fonctionnement des services de la nouvelle autorité.

Information du public et du Parlement

L'ASNR participe à l'information du public et présente à l'OPECST et au Haut Comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire (HCTISN) les sujets sur lesquels une association du public sera organisée ainsi que les principaux résultats des programmes de recherche qu'elle mène. L'ASNR contribue également aux travaux du Parlement en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection.

Afin de garantir un niveau de transparence élevé, la loi précise, à l'initiative des parlementaires, que l'ARSN doit publier les résultats des expertises réalisées dans le cadre de ses instructions, ainsi que les avis des groupes permanents d'experts. Il revient, par la suite, au règlement intérieur de définir les conditions de mise en œuvre de ces publications.

De plus, l'ASRN doit publier les résultats d'expertise en même temps que les décisions auxquelles ils se rapportent, sauf décision de l'autorité "notamment au regard de la nature des dossiers concernés ou pour favoriser la participation du public", dans des conditions précisées par le règlement intérieur. Dans le cas des dossiers longs, les résultats d'expertise pourraient être publiés tout au long du processus.

L'ASNR doit présenter à l'OPECST le projet de décision d'adoption (ou de modification) de son règlement intérieur et ses programmes de recherche (chaque année).

Les personnels de l'ASNR

La nouvelle autorité peut recruter une grande diversité de statuts : salariés de droit privé, contractuels publics et fonctionnaires. Les personnels étrangers de l'ASNR ne peuvent pas occuper des emplois sensibles (attributions inséparables de l'exercice de la souveraineté ou comportant des prérogatives de puissance publique).

La loi préserve les contrats de travail de tous les personnels concernés et prévoit une organisation adaptée à la représentation des personnels dans la nouvelle autorité.

Un concours réservé permettra aux salariés et contractuels de l'ASNR de devenir fonctionnaires. Les versements de primes accessoires (primes d'astreinte, remboursements de frais de missions) seront harmonisés. Un rattrapage des salaires des salariés et contractuels publics est engagé en 2024 à hauteur de 15 millions d'euros pour l'IRSN et de 0,7 million d'euros pour les contractuels de l'ASN.

Autres mesures

Au-delà de la réforme, la loi repositionne le haut-commissaire à l'énergie atomique (HCEA) auprès du Premier ministre afin de renforcer la gouvernance d'ensemble de la filière nucléaire. Sur amendements des parlementaires, les attributions scientifiques et techniques du HCEA ont été renforcées et son rôle en matière de nucléaire civil et de défense nationale clarifié. Le HCEA devra notamment rendre un avis sur la loi quinquennale sur l’énergie et la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et évaluer tous les ans l’état du parc nucléaire existant.

À l'initiative des parlementaires, la loi prévoit par ailleurs que le président du conseil d'administration de la société Orano, expert français du combustible nucléaire, soit nommé à l'avenir par décret du président de la République, après avis des commissions compétentes du Parlement.

Un dernier volet du texte est consacré à l'adaptation des règles de la commande publique aux projets nucléaires.

À savoir : une loi organique a été promulguée, en même temps que la loi, pour permettre la désignation du président de l'ARSN et du président du conseil d'administration d'Orano par le chef de l’État, après avis des commissions compétentes du Parlement. 

Cette page propose un résumé explicatif du texte pour le grand public. Elle ne remplace pas le texte officiel.

Où en est-on ?

  1. Étape 1 validée

    Conseil des ministres

    20 décembre 2023

  2. Étape 2 validée

    Dépôt au parlement

    20 décembre 2023

  3. Étape 3 validée

    Examen et adoption

    9 avril 2024

    Adoption définitive

  4. Étape 4 validée

    Conseil Constitutionnel

    17 mai 2024

    Décision

  5. Étape 5 validée

    Promulgation

    21 mai 2024

Qu'est-ce que la procédure législative ?

Consulter