Qu'est-ce que le principe de légalité ?

Administration

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Infographie Podcast

L’essentiel

  • Le principe de légalité exprime la soumission de l'administration au droit. Dans un État de droit, la puissance publique est soumise à des règles qui précèdent son action. 
  • Un acte administratif doit être conforme à plusieurs normes (dispositions constitutionnelles, normes internationales et européennes, textes législatifs...)
  • La légalité d'un acte administratif peut faire l'objet d'un contrôle interne ou d'un contrôle du juge.

En détail

Le principe de légalité exprime la soumission de l'administration au droit : l'administration est contrainte, dans un État de droit, de respecter les normes juridiques en vigueur. Il s'agit du principal instrument d’assujettissement de l'administration au droit. 

L'administration doit veiller d'elle-même au respect de ce principe pour chaque acte qu'elle prend, sans attendre une potentielle sanction du juge administratif.

Le principe de légalité permet de protéger les administrés contre l'arbitraire de l'administration, puisqu'il définit les limites de son action. Il améliore également la prévisibilité de l'action publique

En temps de crise, l'administration peut exceptionnellement assouplir le principe de légalité. Ce fut par exemple le cas lors de la pandémie de Covid-19. Par une loi du 23 mars 2020, un état d'urgence sanitaire a été mis en place, permettant l'adoption de mesures dérogatoires au principe de légalité : restrictions à la circulation des personnes, fermeture provisoire d'établissements recevant du public...

Un acte administratif doit être conforme à plusieurs types de normes, qui lui sont hiérarchiquement supérieures :

  • la norme constitutionnelle (Constitution et bloc de constitutionnalité) doit être respectée lorsqu'un acte administratif fait directement application de la Constitution. Un acte administratif conforme à la loi qu'il applique ne peut pas être annulé par le juge administratif pour la violation d'une disposition constitutionnelle. Le juge administratif ne peut pas sanctionner l'inconstitutionnalité de la loi. Ceci est du ressort du Conseil constitutionnel (théorie de la "loi écran") ; 
  • les conventions et les traités internationaux. Depuis l'arrêt Nicolo du Conseil d'État, les traités doivent être respectés par les actes administratifs, même lorsqu'une loi qui leur est contraire est adoptée ensuite ;
  • le droit européen, édicté par les institutions européennes sous forme de règlements (directement applicables par l'ensemble des États membres) ou de directives (qui doivent être transposées dans le droit interne) ;
  • les textes législatifs
  • les principes généraux du droit qui ne sont pas expressément formulés dans les textes mais qui, dégagés par le juge et consacrés par lui, s'imposent à l'administration dans son action.

Les mesures prises par l'administration doivent par ailleurs respecter les autres normes édictées par une autorité administrative : 

Le principe de légalité, pour être efficace, doit être accompagné d'un système de contrôle, afin de s'assurer que les normes qui ne respecteraient pas l'obligation de conformité au bloc de légalité ne produisent plus d'effet.

Ce contrôle peut être exercé par : 

  • l'administration elle-même, qui peut de sa propre initiative retirer ou abroger l'acte ;
  • le juge administratif, qui a le pouvoir d'annuler les actes méconnaissant une règle de droit. Les administrés ont ainsi la possibilité d'initier le contrôle de la légalité d'un acte administratif, en déposant un recours pour la contester. 

En image

  • Conventions et traités internationaux, traités européens, droit dérivé européen (directives, règlements, décisions).
  • Bloc de constitutionnalité :
    Ensemble des principes et dispositions que doivent respecter les lois (le bloc de constitutionnalité comprend la Constitution de 1958, le Préambule de la Constitution de 1946, la Déclaration des droits de l’Homme de 1789, la charte de l’environnement de 2004).
  • Bloc législatif :
    Lois organiques (précisent et complètent la Constitution), lois ordinaires (exemple : loi de finances), ordonnances (article 38 de la Constitution).
  • Bloc réglementaire :
    Décrets (textes à portée individuelle ou collective émanant du président de la République ou du Premier ministre), arrêtés (textes à portée individuelle ou collectives émanant des ministres, maires, etc.).
Qu'est-ce que le principe de légalité ? - plus de détails dans le texte suivant l’infographie
  • Conventions et traités internationaux, traités européens, droit dérivé européen (directives, règlements, décisions).
  • Bloc de constitutionnalité :
    Ensemble des principes et dispositions que doivent respecter les lois (le bloc de constitutionnalité comprend la Constitution de 1958, le Préambule de la Constitution de 1946, la Déclaration des droits de l’Homme de 1789, la charte de l’environnement de 2004).
  • Bloc législatif :
    Lois organiques (précisent et complètent la Constitution), lois ordinaires (exemple : loi de finances), ordonnances (article 38 de la Constitution).
  • Bloc réglementaire :
    Décrets (textes à portée individuelle ou collective émanant du président de la République ou du Premier ministre), arrêtés (textes à portée individuelle ou collectives émanant des ministres, maires, etc.).

Podcast

Qu'est-ce que le principe de légalité ?

Bonjour à tous,

Je suis Delphine, rédactrice pour le site vie-publique.fr et je vais vous expliquer ce qu’est le principe de légalité.
Le principe de légalité signifie que les normes établies par l’administration (décret, arrêté, par exemple) doivent être conformes aux normes supérieures : c’est ce que l’on appelle l'obligation de conformité au droit.

  • Alors quelles sont les normes à respecter ?

    Un acte administratif doit être conforme à plusieurs types de normes :

    Premièrement la norme constitutionnelle (Constitution et bloc de constitutionnalité, celui-ci désigne l'ensemble des normes auxquelles se réfère le Conseil constitutionnel pour juger de la constitutionnalité des lois). La norme constitutionnelle doit être respectée lorsqu'un acte administratif applique directement la Constitution.

    Deuxièmement les conventions et les traités internationaux : un acte administratif doit respecter les traités même lorsqu'une loi qui leur est contraire est adoptée par la suite (c’est l’arrêt Nicolo du Conseil d’État qui l’a décidé en 1989).

    Troisièmement le droit européen doit aussi être respecté. Il s’agit des règlements directement applicables par l'ensemble des États membres de l’Union européenne ou des directives qui doivent être transposées dans le droit interne de chaque État membre.

    Et enfin les principes généraux du droit s’imposent à l’administration bien qu’ils ne soient pas expressément formulés dans les textes mais consacrés par le juge.

  • Mais qui contrôle la légalité d'un acte administratif ?

    Le principe de légalité est contrôlé :

    D’abord par l'administration elle-même : quand un arrêté doit être pris par exemple, elle vérifie qu’il est conforme aux normes en vigueur .

    Mais également en cas de recours par le juge administratif qui décide si la règle de droit est respectée ou non.