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© Romain Talon - stock.adobe.com

Le Nutri-Score en cinq questions

Temps de lecture  8 minutes

Par : La Rédaction

L'étiquetage nutritionnel Nutri-Score est en place depuis 2017 dans certains pays européens. En juillet 2022, une mise à jour de l'algorithme du Nutri-Score a été adoptée. Cette mise à jour déjà effective en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et en Suisse est entrée en vigueur le 16 mars 2025 en France. Retour en 5 questions sur le Nutri-Score.

Le Nutri-Score trouve son origine dans la loi Santé du 26 janvier 2016. À sa suite, le ministère de la santé a chargé Santé publique France de créer un système d’étiquetage nutritionnel à l’attention des consommateurs. Cet étiquetage vise à les informer rapidement de la qualité des produits pour les orienter vers des achats plus favorables à l'équilibre nutritionnel.

Un arrêté du 31 octobre 2017 fixe les modalités de calcul du score nutritionnel d’un aliment, qui détermine son classement dans une échelle de cinq couleurs.

L’indice correspondant à un produit alimentaire donné, sur l’échelle du Nutri-Score, figure sur l’emballage. Il prend la forme d’un étiquetage nutritionnel coloré, conçu pour être aisément et rapidement compréhensible pour tous les consommateurs.

Les aliments sont indexés en cinq catégories, allant de la catégorie A, figurée en vert, à la catégorie E, sur fond orange foncé. Le principe du logo du Nutri-Score rappelle celui du feu de circulation : du vert au rouge, la qualité nutritionnelle des aliments se dégrade, en fonction des critères de classement retenus.

Les critères du Nutri-Score favorisent les fibres, les fruits et légumes, les protéines, les légumes secs... En revanche, les acides gras saturés, le sucre ou le sel en excès, et d’une façon globale, les aliments trop caloriques, figurent en fin de classement.

L'étiquetage des produits selon le Nutri-Score n'est pas obligatoire. Les entreprises qui souhaitent le voir apposé sur leurs produits s'inscrivent sur une plateforme.

Le logo et le signe verbal "Nutri-Score" ont fait l'objet de dépôts en tant que marques dans les pays concernés.

Selon le bilan annuel 2024 de suivi du Nutri-Score, de l’Observatoire de l’alimentation (Oqali) et de Santé publique France, en juin 2024, 1 377 entreprises de l’agroalimentaire sont engagées dans la démarche du Nutri-Score.

Depuis 2018, la part de marché estimée des marques engagées dans le Nutri-Score n'a cessé d'augmenter. Elle représente 62% des volumes de ventes en 2024 :

  • 31% pour les marques de distributeurs ;
  • 21% pour les marques nationales ;
  • 10% pour les autres segments de marché.

La progression en volumes de ventes est plus modérée depuis 2021 car :

  • 98% des marques de distributeurs sont déjà engagées dans la démarche depuis 2021 ;
  • la progression des marques nationales reste stable (39% en 2024 et 2023, 33% en 2021).

Si l’usage du Nutri-Score n’est pas imposé aux industriels, il s’est rapidement répandu depuis 2017. Nombre de consommateurs ayant modifié leurs achats en fonction du Nutri-Score, l’industrie agro-alimentaire a été incitée à adopter cette logique d’information nutritionnelle.

Selon le bilan d'analyse à trois ans publié en 2021, le dispositif est identifié par 93% des consommateurs. Un tiers des Français interrogés le jugent déterminant dans leurs achats. Plus d’un sur deux déclare même avoir changé ses habitudes de consommation depuis sa mise en place. Enfin, le bilan met en avant l’impact de ce logo sur la santé, pour les personnes consommant des aliments mieux classés.

En 2023, une étude de Santé publique France a montré que Nutri-score est perçu comme : 

  • un élément rassurant ou comme un outil utilisé durant les courses ;
  • une aide à la décision pour les achats, après d’autres critères prioritaires (le prix, le goût et les habitudes alimentaires).

Les personnes interrogées jugeaient par ailleurs "normal et pertinent" le processus d'évolution de l'algorithme.

Le Programme national nutrition santé 2019-2023, dont les orientations ont été reconduites jusqu'à fin 2024, recommande d'étendre le Nutri-Score aux produits vendus en vrac et à la restauration collective.

Depuis 2017, en plus, de la France, plusieurs États européens ont adopté le dispositif du Nutri-Score : la Belgique, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Espagne et la Suisse.

Un mécanisme de coordination transnational s'est mis en place pour l'utilisation du Nutri-Score :

  • un comité de pilotage réunit les représentants des autorités nationales chargées de la mise en œuvre du Nutri-Score. Il coordonne le déploiement de l'étiquetage ;
  • un comité scientifique est chargé d'évaluer les évolutions possibles du Nutri-Score (révision de son algorithme).

En octobre 2021, le Parlement européen, dans le cadre de la stratégie "De la ferme à la table", a voté pour un système harmonisé et obligatoire d’étiquetage nutritionnel sur les emballages au niveau de l’Union européenne. À partir des recommandations de l'Agence européenne pour la sécurité des aliments (EFSA), la Commission européenne doit présenter un étiquetage qui s'imposera à tous les États de l'Union. Le processus est à présent bloqué, d'autres systèmes s'étant développés dans d'autres pays européens. Le Nutri-Score ne fait pas l'unanimité, entre autres du fait d'un lobbying intense.

C’est une classification des produits, selon divers critères, qui permet l’étiquetage Nutri-Score, tel qu’on le trouve en rayon. L’application de ces critères repose sur un algorithme sous-jacent.

Pour attribuer son index à un produit commercialisé, l’algorithme se fonde sur la quantification des nutriments qui le composent. Concrètement, il s’agit de l’analyse nutritionnelle d’une quantité de 100 g, ou 100 ml, de céréales pour le petit déjeuner, de yaourts, de biscuits…

Cet algorithme n’avait pas été retouché depuis le lancement du dispositif Nutri-Score. Le comité scientifique de la gouvernance transnationale a proposé en juin 2022, pour les aliments solides (Update of the Nutri-Score algorithm, 2022), et en février 2023, pour les boissons (Update of the Nutri-Score algorithm for beverages. Second update report from the Scientific Committee of the Nutri-Score V2-2023), une combinaison de modifications de l'algorithme de calcul du Nutri-Score afin de renforcer son efficacité. Ces propositions ont été validées par le comité de pilotage.

Il ne s’agit pas de modifier profondément l'algorithme, mais plutôt d’affiner, de nuancer son fonctionnement, en cohérence avec les recommandations alimentaires.

En France, l'algorithme actualisé est entré en vigueur le 16 mars 2025, c'est-à-dire le jour suivant la publication au Journal officiel de l'arrêté du 14 mars 2025 fixant la forme de présentation complémentaire à la déclaration nutritionnelle recommandée par l'État en application des articles L3232-8 et R3232-7 du code de la santé publique (Journal officiel du 15 mars).

Quelles sont les changements apportés avec ces modifications de l’algorithme ? Il s’agit, pour les aliments solides, d’aider :

  • à mieux identifier les poissons gras et le saumon comme des aliments sains ;
  • à mieux différencier produits laitiers non sucrés et sucrés, mais aussi les différents types de fromage ;
  • à mettre en avant les huiles moins riches en graisses saturées (olive, noix, colza…), ainsi que les aliments qui en contiennent ;
  • à mieux distinguer les aliments complets riches en fibres et les produits raffinés (riz, pâtes, pain…) ;
  • à identifier les produits selon leur teneur en sucre ou en sel : ainsi, les céréales à teneur en sucre élevée passent de A à C.

Certains produits transformés, plats prêts à réchauffer ou pizzas surgelées, par exemple, ne peuvent plus obtenir un Nutri-Score vert (A ou B).

Il s'agit, dans le cas des boissons :

  • d'assurer une classification cohérente. Le lait, les boissons lactées et les boissons végétales ont été inclus en permettant une différenciation entre les différents types de lait selon leur teneur en matières grasses et avec les boissons lactées sucrées ;
  • de mieux différencier la composition nutritionnelle des boissons selon leur teneur en sucre et de limiter la substitution des sucres par des édulcorants ;
  • de maintenir la position spécifique de l'eau dans la catégorie A ;
  • de conserver une classification globalement similaire des jus de fruits et nectars, jugée adéquate.

Selon Santé publique France, avec le nouveau Nutri-Score, "entre 30 et 40% des produits vont voir leur score changer". Toutefois, les entreprises ont encore deux ans pour appliquer le nouveau Nutri-Score sur les emballages précise Santé publique France.

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