Y a-t-il un racisme institutionnel aux États-Unis ?
On a vu apparaître depuis les années 1960 une classe moyenne noire, très dynamique, qui a permis à un certain nombre de Noirs aux États-Unis de réussir dans la société. De trouver des emplois d’avocat, de médecin, de dentiste ou, pour le plus célèbre d’entre eux, Barack Obama, de devenir président des États-Unis. À côté de cela, il y a une évolution peut-être beaucoup plus négative qui explique les émeutes auxquelles nous avons assisté. Cette évolution est liée à des blocages dans les institutions, ce que les chercheurs appellent un racisme institutionnel. Cela veut simplement dire que les institutions, la police, l’école, la justice, sont parfois racistes sans s’en rendre compte. C’est ce que d’autres chercheurs appellent un racisme sans racistes.
L’élection d’Obama a-t-elle eu un effet positif ?
Pendant les années Obama, la communauté afro-américaine espérait que les choses allaient évoluer dans un sens plus favorable, mais très vite Obama a expliqué qu’il ne serait pas le président de la seule communauté noire, mais qu’il serait le président de tous les Américains. Il a même été assez dur avec la communauté afro-américaine. Il a prononcé, par exemple, un discours qui avait fait scandale. Il accusait les jeunes Noirs de rester un peu trop longtemps sur le canapé. Et il leur disait : « c’est un peu de votre faute, si vous ne réussissez pas aux États-Unis, si vous ne faites pas des études supérieures ». Et beaucoup avaient reproché à Barack Obama de ne pas voir le racisme institutionnel. C’est un problème structurel, c’est la faute de la démocratie américaine qui ne permet plus, malheureusement, aux jeunes Noirs de réussir comme pour les autres communautés.
D. Trump et J. Biden croient-ils au racisme institutionnel ?
Donald Trump n’y croit pas. Il a même supprimé des formations dans les administrations qui devaient permettre à des administrateurs, blancs, de se rendre compte que, parfois, ils étaient des racistes sans racisme. De l’autre côté, Joe Biden croit fortement à ce racisme institutionnel et c’est là, sans doute, que le problème se pose puisque ce racisme institutionnel dépend rarement du président. Le débat autour de cette question-là, il se pose sans doute moins à l'échelle de la nation, à l'échelle du président qu'à l'échelle des comtés, à l'échelle locale. Il ne faut pas oublier que les Américains vont aussi voter, en 2020, le 3 novembre, pour élire des shérifs, pour élire des maires, pour élire des élus locaux. Et c’est sans doute, à ce moment-là, que les Américains vont dire non à ce racisme institutionnel et vont vouloir que des shérifs soient plus respectueux des vies humaines, blanches comme noires.