Quel rôle l’océan joue-t-il dans la régulation du climat de la Terre ?
Pour savoir quel rôle joue l'océan dans la régulation du climat de la Terre, déjà, il faut bien comprendre ce que c’est l'océan.
L'océan, c'est une énorme masse d'eau qui couvre plus des deux tiers de la surface de la
planète, 70 %, et qui a une énorme épaisseur aussi.
Elle fait en moyenne 3,5 kilomètres de profondeur.
Elle contient 97 % de l'eau sur Terre.
Et cette énorme masse d'eau, elle est mise en mouvement par différents processus, en
particulier par les vents, qui vont générer des courants.
Et ces courants vont permettre de transporter la chaleur d'un endroit à l'autre du globe.
Et ça, c'est vraiment la première façon dont l'océan agit sur le climat en répartissant mieux la chaleur à l'échelle du globe.
Et ce rôle de l'océan qui est capable de stocker, d'absorber de la chaleur, c'est ce qui nous
permet de distinguer différents types de climats sur terre.
Le climat océanique, le climat continental.
Le climat océanique, celui de Brest, par exemple, qui est entouré d'océan et donc pendant l'été à Brest, il fait moins chaud que dans un climat continental et au contraire, pendant l'hiver, il fait moins froid que dans un climat continental.
L'océan, qui est capable d'absorber une partie de la chaleur en été et de la rendre en hiver, va moduler les variations de température au cours de l'année.
Ça, c'est vrai pour les saisons.
C'est vrai aussi pour la réponse au changement climatique.
L'océan absorbe une grande partie, plus de 90 %, de l'excès d'énergie qu'on a dans le système à cause de l'augmentation des gaz à effet de serre.
Et donc c'est dans l'océan qu'on trouve cet excès de chaleur, cet excès d'énergie créé par l'homme parce qu'il émet des gaz à effet de serre.
Et donc en absorbant de l'énergie, l'océan ralentit finalement la vitesse à laquelle l'atmosphère se réchauffe et donc la vitesse à laquelle le climat change, pour nous qui vivons principalement sur les continents et dans l'atmosphère.
Ce que j'aime bien dire, c'est que l'océan nous protège des effets du changement climatique pour deux raisons.
Il y a deux chiffres importants à retenir.
Le premier, c'est que l'océan a emmagasiné 90 % de l'excédent d'énergie lié à l'augmentation de l'effet de serre.
Et le deuxième, c'est que l'océan a emmagasiné un quart de nos émissions de CO2.
Et donc, pour ces raisons, le réchauffement climatique est moins fort que ce qu'il ne serait s'il n'y avait pas d'océan.
Mais ça, ça a une conséquence sur l'océan.
La première conséquence, c'est que l'océan se réchauffe.
Et là, les mesures qu'on a réussies à accumuler au cours des 20 à 30 dernières années très
précises de la température de surface de l'océan montrent que l'océan s'est réchauffé en moyenne à l'échelle du globe de presque un degré à sa surface.
Et la deuxième conséquence, du fait qu'il a capté du CO2, c'est qu'il s'est acidifié.
Et là, on estime que l'acidité de l'océan a augmenté de 30 %.
Quels sont les impacts du réchauffement sur l’océan ?
La première conséquence du réchauffement des eaux, c'est que plus les eaux sont chaudes, plus elles se dilatent et donc elles vont occuper un volume important.
La deuxième conséquence du réchauffement, c'est la fonte des glaciers, qui va apporter une quantité d'eau supplémentaire qui va arriver dans l'océan.
Donc ces deux mécanismes, mis l'un avec l'autre, font que le niveau de la mer s'élève.
On a mesuré que le niveau de la mer avait augmenté de 20 centimètres en moyenne depuis les années 1901.
La deuxième conséquence, toujours au niveau physique, c'est qu'il n'y a pas seulement une
élévation moyenne de la température, mais il y a également des phases de canicules marines, qui sont un peu l'équivalent des canicules terrestres, qui sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus étendues, qui sont des événements durant lesquels les eaux de surface, et jusqu'à même plusieurs centaines de mètres en profondeur peuvent augmenter de 4 à 5 degrés
au-delà des moyennes saisonnières.
L'élévation du niveau de la mer, ça a des conséquences essentiellement pour les populations qui vivent près des côtes puisque ça conduit à de plus grandes et de plus fréquentes
inondations.
L'élévation de température, ça va se conjuguer à une augmentation de l'acidité de l'océan, à d'autres phénomènes comme la dé-oxygénation de l'océan, le fait que les eaux plus chaudes ont tendance à perdre de l'oxygène.
Et ça, c'est aussi lié non seulement au changement climatique, mais à d'autres impacts humains comme l'arrivée d'eaux polluées par les fleuves.
Oui, l'augmentation de température, qui a lieu en surface mais qui se propage aussi en
profondeur, elle se combine avec d'autres modifications du milieu marin.
Elle se combine avec l'acidification de l'eau de mer qui est liée à l'absorption de CO2.
Elle se combine aussi avec ce qu'on appelle la dé-oxygénation de l'océan, le fait que l'océan perde de l'oxygène.
Et toutes ces modifications, augmentation de la température, acidification, perte d'oxygène modifient les conditions environnementales dans lesquelles vivent les écosystèmes marins.
Et toutes ces modifications vont avoir des impacts importants sur les écosystèmes marins.
L'augmentation de température va conduire à des déplacements d'un certain nombre de
populations marines, de populations de poissons qui vont avoir tendance à aller vers les pôles pour rester dans des masses d'eau qui ont la température qui leur convient.
L'augmentation de température, qui peut aussi s'exprimer lors d'épisodes de canicule marine, va affecter certains écosystèmes de façon très importante.
C'est le cas pour les récifs coralliens.
Les coraux, eux, ils ne sont pas capables de se déplacer et donc, en cas de canicule marine, on a ce qu'on appelle le phénomène de blanchissement.
Les coraux vont perdre leurs symbions qui vont devenir tout blanc.
Et si ces épisodes de canicules marines se répètent, c'est la mort du corail et une
transformation complète de l'écosystème.
Cette migration des espèces va faire que les eaux des régions tropicales s'appauvrissent en poissons par rapport aux eaux qui sont plus froides.
Et ça, ça a des conséquences importantes sur les activités humaines, en particulier la pêche des pays du Sud qui sont très dépendants de cette ressource pour leur alimentation.
Quelles sont les solutions fondées sur l’océan qui permettraient de lutter contre le
changement climatique ?
Oui, ce qu'on a finalement décrit, c'est un panorama assez sombre où l'océan est affecté
fortement par le changement climatique, avec des répercussions sur les écosystèmes marins, mais aussi sur les populations humaines qui dépendent de l'océan.
On peut aussi voir l'océan comme une solution face au changement climatique.
Une solution naturelle d'abord parce qu'il atténue le changement climatique, mais aussi une solution ou un portfolio de solutions qu'on pourrait utiliser pour limiter les effets du
changement climatique ou même atténuer le changement climatique.
Donc, dans la première catégorie de solutions, on parle de solutions d'atténuation du
changement climatique.
On peut imaginer utiliser l'océan pour extraire de l'énergie.
On parle d’énergies marines renouvelables, utiliser les courants, utiliser les marées, utiliser les gradients de température dans l'océan.
Utiliser aussi des éoliennes marines qui permettent d'extraire de l'énergie du vent cette fois-ci, qui souffle au-dessus de l'océan.
Et ça, ça devrait permettre de faire diminuer nos émissions de gaz à effet de serre.
Et puis ensuite, on peut aussi augmenter l'efficacité et réduire les émissions qui sont liées à toutes les activités maritimes le transport, la pêche.
Ça aussi, ça devrait atténuer le changement climatique.
Et puis enfin, des solutions plus exotiques aujourd'hui, peut-être plus polémiques, qui visent à utiliser l'océan pour stocker plus de carbone de façon artificielle, en fertilisant le phytoplancton marin, en restaurant, en conservant certains types d'écosystèmes côtiers qui sont riches en
carbone, comme les mangroves ou les herbiers.
Et donc, il y a plein de façon d'utiliser l'océan pour atténuer le changement climatique.
Mais ça, ça ne suffit pas.
Le changement climatique est déjà là et donc il faut aussi réfléchir à la façon de s'adapter à ce changement climatique et à ses conséquences.
Donc pour s'adapter, il faut savoir que l'océan ne subit pas seulement le changement
climatique comme pression liée à l'homme.
Il y a d'autres pressions qui viennent s'ajouter à celles-là, en particulier la surexploitation des ressources.
On sait qu'on pêche trop dans l'océan, par exemple.
Les pollutions aussi.
Toutes les pollutions terrestres arrivent dans l'océan par les fleuves.
On parle beaucoup de la pollution plastique actuellement, qui est un véritable problème parce qu’il finit dans les organismes marins qu'on va nous-mêmes ensuite ingérer avec des
problèmes sanitaires et de santé qui sont importants.
Et puis, d'autres types de pollutions chimique, biologique qui, là-aussi, se déversent dans l'eau.
Donc la première chose à faire pour s'adapter, c'est d'essayer déjà de réduire toutes ces autres pressions, de lutter contre la pollution plastique et de lutter contre les autres types de
pollutions.
Une autre forme d'adaptation, c'est de créer des zones dans l'océan qu'on va essayer de
protéger de toute la présence humaine, des aires marines protégées, qui vont permettre aux
écosystèmes de se développer dans les conditions optimales.
Et puis enfin, il y a des techniques de restauration qu'on peut mettre en place, en particulier des restaurations d'écosystèmes côtiers, qui sont des systèmes qui nous protègent
naturellement des tempêtes, des surcotes et des débordements de l'océan.
Et ces écosystèmes ont été fortement dégradés par l'homme ces dernières années.
Et donc, restaurer ces écosystèmes permettrait de remettre en place ces barrières naturelles.
Oui, donc l'océan est affecté par le changement climatique.
Est un acteur important du changement climatique en cours.
On a parlé de solutions.
Ce qu'il faut dire et redire, c'est que la première des solutions, c'est de limiter nos émissions de gaz à effet de serre pour limiter le changement climatique.
Ça, ça me paraît important.
Et là, évidemment, ce n'est jamais trop tard.
Tous les efforts que l'on fait aujourd'hui, ils auront des effets sur les prochaines décennies et les prochains siècles.
On est en retard, on s'est pris bien trop tard, mais il est encore temps d'agir.
Mais il faut aller plus vite et plus fort.