Texte intégral
Monsieur le Secrétaire général,
Chers Collègues,
Je tiens à vous remercier, Monsieur le Secrétaire général, pour avoir pris l'initiative de cette réunion, destinée à faire avancer concrètement la question des Roms en Europe.
Nous n'avons que trop tardé à agir. Voilà 20 ans que notre continent est réunifié ; 20 ans, le temps d'une génération, durant lequel rien ou si peu a été fait pour les Roms.
Je me suis engagé personnellement sur cette question parce qu'en tant qu'élu de Paris, je suis témoin au quotidien des conditions insupportables dans laquelle vivent les Roms, que le dénuement et les discriminations dont ils sont parfois victimes dans leurs pays d'origine contraint à migrer vers l'ouest de l'Europe. Ces hommes, et plus encore ces femmes et ces enfants, sont particulièrement vulnérables. Trop souvent ils sont les victimes de phénomènes de mendicité, de délinquance et de trafics organisés, y compris de réseaux d'exploitation sexuelle des mineurs. Les conditions de vie que connaissent ces personnes dans nos rues sont contraires à toutes nos valeurs et aux normes de droit les plus élémentaires.
Face à cette situation, le gouvernement français a entrepris, comme c'est son devoir, l'évacuation des campements illicites, occupés aussi bien par des citoyens français que des citoyens d'autres Etats membres ou des ressortissants de pays tiers. Je tiens à rappeler que l'action de la France s'est toujours inscrite dans le plein respect du droit européen. L'été a, comme vous le savez, été marqué par la polémique mais je me réjouis qu'à l'issue d'un dialogue approfondi avec la Commission et au vu des garanties apportées par le gouvernement, la Commission ait abandonné, le 19 octobre, la perspective d'ouverture d'un contentieux à son encontre, et mis ainsi un terme au débat juridique sur ce sujet.
Cette polémique a, peut être, eu une vertu : enfin, nous regardons en face un problème que l'on a refusé de voir auparavant. Votre initiative, Monsieur le Secrétaire général, permet enfin de s'intéresser aux vrais enjeux que sont l'intégration sociale des Roms dans les pays dont ils sont citoyens à part entière, qui est le seul moyen d'améliorer effectivement leurs conditions de vie, et la lutte contre les trafics d'êtres humains dont ces populations, en particulier les femmes et les enfants, sont victimes. Ceci suppose un travail avec les Etats concernés, les institutions européennes - en premier lieu la Commission -, mais aussi le Conseil de l'Europe.
S'agissant des pays d'origine, je me félicite de l'engagement pris par la Roumanie, lors de ma visite conjointe à Bucarest avec Eric Besson en septembre dernier, à présenter un plan d'insertion de ses communautés Roms. La généralisation de cette démarche à l'ensemble des pays d'origine mérite d'être envisagée. A ce titre, les pays candidats ou ayant vocation à adhérer doivent être associés dès que possible aux efforts déployés au niveau européen pour parvenir à l'intégration des Roms.
Il est, en effet, essentiel de rappeler la responsabilité première des pays d'origine dans l'intégration de leurs propres ressortissants. Cette démarche de responsabilité est au coeur même de la construction européenne.
Il faut, à cette fin, mieux mobiliser les institutions de l'Union européenne. La France contribuera activement à la définition d'une stratégie de l'Union européenne pour promouvoir les principes de l'égalité des chances, de la lutte contre les trafics d'êtres humains, et de l'insertion sociale pour les Roms dans leurs pays d'origine. Pour être pleinement efficace, cette stratégie devra notamment reposer sur la mobilisation accrue des fonds structurels en faveur des communautés Roms, dans le domaine de l'éducation, du logement, de la santé par exemple. C'est aux pays d'origine de le faire, mais nous attendons aussi une plus grande mobilisation de la Commission, avec un renforcement de l'assistance technique au profit des pays d'origine permettant d'assurer le montage efficace de projets.
Enfin le Conseil de l'Europe, qui réunit près de 47 Etats, a un rôle majeur à jouer, à travers la «déclaration de Strasbourg» que nous adoptons ce jour. Monsieur le Secrétaire Général, nous attendons du Conseil de l'Europe des idées concrètes, des réalisations sur le terrain et le suivi des engagements. Je sais que c'est votre intention. Vous pourrez compter sur notre soutien car le statu quo n'est pas acceptable : l'Europe ne doit plus tolérer la situation dans laquelle vivent ces populations. Vous nous aiderez à y mettre un terme.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 octobre 2010