Bernard Bajolet
Mise à jour le : 1er juillet 2024
Né en 1949 à Dombasle-sur-Meurthe dans une famille de vieille souche lorraine, Bernard Bajolet a fait ses études secondaires au lycée Henri Poincaré de Nancy.
Diplomate, Bernard Bajolet est grand officier de la Légion d’Honneur et chevalier de l’ordre national du Mérite.
Il fait Sciences Po Paris, rue Saint-Guillaume, de 1968 à 1971, puis effectue son service militaire comme jeune officier, essentiellement en Allemagne (11ème régiment du Génie à Rastatt).
Après un stage de préfecture d’un an à Saint-Étienne, dans la Loire, en 1973, il entre à l’École Nationale d’Administration, d’où il sort en 1975 (promotion « Léon Blum »). Il a pour camarades de promotion, entre autres, Pascal Lamy, ancien directeur général de l’OMC, Alain Minc, Martine Aubry, maire de Lille, Bernard Boucault, ancien directeur de l’ENA, puis ancien préfet de police de Paris…
A la sortie de l’ENA, il choisit le ministère des Affaires étrangères, qui était depuis longtemps son objectif, et, parmi la liste des postes offerts par le Quai d’Orsay, Alger, où il sert comme secrétaire d’ambassade. En 1978, il y accueille le stagiaire de l’ENA, François Hollande, qui restera huit mois à Alger.
En 1978, il est de retour à Paris, affecté auprès du porte-parole Louis Delamare, qui devait être assassiné au Liban en 1981. Bernard Bajolet suit les dossiers européens, qu’il est chargé d’expliquer aux journalistes. Puis le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Pierre Bernard-Reymond, l’appelle à son cabinet pour assurer les contacts avec le Parlement européen, tout récemment élu au suffrage universel. Bernard Bajolet se partage alors entre Paris, Strasbourg, Bruxelles et Luxembourg, où le Parlement, présidé par Simone Veil, a alors ses bureaux.
En 1981, après quelques mois à New York auprès de la représentation permanente de la France à l’ONU, il est nommé conseiller d’ambassade à Rome, au Palais Farnèse. Il a pour ambassadeur Gilles Martinet, ancien journaliste, que le président Mitterrand vient de nommer à ce poste. Il y suit surtout les questions politico-militaires.
En 1985-86, Bernard Bajolet bénéficie d’une année sabbatique à l’Université Harvard de Cambridge (Massachusetts) à l’issue de laquelle il produit un rapport sur « The US and the defence of Europe ».
Entre 1986 et 1990, il sert comme n°2 à l’ambassade de France en Syrie, auprès de l’ambassadeur Alain Grenier. Il y apprend le dialecte syrien et perfectionne son arabe classique, puis effectue un nouveau retour à l’administration centrale comme directeur-adjoint d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient –ANMO). En 1991, sur proposition du ministre Roland Dumas, il est nommé représentant spécial du gouvernement français à la conférence de paix de Madrid, inaugurée par les présidents Bush et Gorbatchev. Il représente aussi la France au sein du groupe « réfugiés » du processus de paix israélo-palestinien, qui se réunit à Ottawa et Oslo, et se voit confier par les parties un rôle de médiation sur le regroupement familial des Palestiniens. En 1993, il fait partie de la commission créée par le nouveau ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, la « commission Picq », pour proposer une réforme du ministère (la création d’une conférence annuelle des ambassadrices et des ambassadeurs faisait partie des propositions de cette commission).
En 1994, il est nommé ambassadeur à Amman, où il se lie d’amitié avec le roi Hussein et sa famille.
De 1999 à 2003, il sert comme ambassadeur à Sarajevo, où il apprend la langue locale, avant d’être envoyé en Irak juste après la chute de Saddam Hussein, en 2003, comme chef de la section des intérêts français, sous drapeau roumain – car les relations diplomatiques sont rompues depuis 1991 – puis comme ambassadeur : le drapeau français est de nouveau hissé sur le toit de l’ambassade le 13 juillet 2004. Pendant cette période très agitée (une centaine d’attentats par jour en moyenne à Bagdad en 2005 et 2006), il aura à gérer plusieurs affaires d’otages.
Fin 2006, il est nommé par le président Chirac ambassadeur, haut représentant, en Algérie. En avril 2008 à Guelma, il évoque les « épouvantables massacres » commis en mai 1945 et annonce que « le temps de la dénégation est terminé ». A Alger, il accueille deux fois le président Sarkozy qui lui demande, en juillet 2008, de mettre en place le nouveau poste de coordonnateur national du renseignement à la présidence de la République. Il fait approuver le premier Plan national d’orientation du renseignement (PNOR) et met en place l’Académie du renseignement.
Au début de l’année 2011, Bernard Bajolet est nommé, à sa demande, ambassadeur en Afghanistan. Il y accueille le président Sarkozy le 12 juillet 2011, puis le président Hollande le 25 mai 2012. Son séjour sera marqué par la transition dans les territoires confiés à la France (la province de Kapisa et le district de Surobi), le désengagement des troupes de combat françaises et la signature du traité d’amitié et de coopération entre la France et l’Afghanistan. Il aura aussi à gérer plusieurs affaires d’otages et échappera de justesse à un attentat qui le visait lors d’un déplacement en Kapisa, à l’est de Kaboul.
En conseil des ministres, le 10 avril 2013, Bernard Bajolet est nommé directeur général de la sécurité extérieure, les services secrets extérieurs de la France. Le 2 mai suivant, il est élevé à la dignité d’ambassadeur de France (ambassadeur à vie). Pendant cette période fortement marquée par la menace terroriste, il participera toutes les semaines au conseil de défense que le président de la République réunit avant le conseil des ministres. Ses fonctions à la DGSE prennent fin le 21 mai 2017, jour de ses 68 ans.
Il fait par la suite partie du comité chargé par le président Macron de rédiger la revue stratégique et de défense nationale, de juillet à octobre 2017.
Il est ensuite le “tuteur” du projet de Collège du renseignement en Europe, inauguré par le président Emmanuel Macron le 5 mars 2019, qui a pour but de rapprocher les services de renseignement européens face, notamment, à la menace terroriste.
Bernard Bajolet est vice-président du conseil de surveillance de la société SBM Offshore, basée à Amsterdam et qui opère dans le domaine de l’énergie, et membre du Conseil d’orientation stratégique d’Amarante International, dans le domaine de la sécurité.
Il est aussi membre du Comité scientifique de la Fondation pour la Recherche stratégique et administrateur de la Demeure Historique, association regroupant les propriétaires de monuments historiques privés.
Œuvre textuelle :
- Le soleil ne se lève plus à l’est, mémoires d’un ambassadeur peu diplomate (Plon, septembre 2018)