Texte intégral
S. Paoli Le volontarisme du "patriotisme économique" résistera-t-il à la réalité des chiffres ? Ceux de la hausse du chômage en août, ceux de la baisse d'investissement dans certaines grandes entreprises. (...) Est-ce que "le patriotisme économique" est une ligne de défense qui tiendra le choc ?
- "Le mot nous convient très bien. Les entreprises françaises et le Medef qui les représentent sont fondamentalement patriotes. C'est-à-dire que nous faisons tout pour réussir les entreprises, pour qu'elles réussissent. Et nous faisons tout pour qu'il y ait le maximum d'emploi, le maximum de croissance. Donc, l'appel à cette mobilisation nous convient. Nous l'avons déjà relayé dans nos troupes et on peut compter sur nous. Cela dit, bien entendu, les mots ne suffisent pas. Cela dit également, le moral des industriels n'est pas mauvais. C'est la réalité, la lucidité qui les conduit à dire : les commandes pour nous seront moins fortes qu'elle n'étaient demain qu'hier. Mais leur moral est là, il les tient, il n'y a pas de pessimisme dans nos rangs."
L'enquête de l'Insee ne vous paraît pas correspondre à une réalité du moral des chefs d'entreprise aujourd'hui ?
- "Non... Psychologiquement, il n'y a pas de pessimisme. Quand une entreprise est confronté à une difficulté, il se bat. Et s'il ne se bat pas, l'entreprise s'arrête, parce qu'elle ne peut pas continuer. On peut compter sur nous. Cela dit, est-ce patriote que d'avoir, pendant quatre ans, ignoré la réalité des entreprises, et avoir accumulé sur elles les difficultés qu'il faut aujourd'hui vaincre ou alléger ? Je suis très frappé par le fait que, le premier geste "patriote", en matière économique et social, du Gouvernement conduise à renoncer à mettre en place les 35 heures, pour les entreprises de moins de 21, à partir du 1er janvier. Vous comprenez bien que si les 35 heures créaient de l'emploi, au moment où le chômage monte, on se précipiterait pour les mettre en place. Le fait qu'on y renonce prouve bien qu'il y a eu quand même une vision des choses de la part du Gouvernement, depuis des années, qui a été erronée. Et nous nous sentons, nous, extraordinairement patriotes, à vouloir sans cesse rappeler à notre pays, à l'opinion publique et à ceux qui nous gouvernent, les conditions dans lesquelles on pourrait, en France, faire réussir les entreprises."
Non seulement, vous êtes patriote, mais vous faites même dans la contre-offensive, ce matin ?
- "Le moment est venu, en effet, de faire preuve de réalité, de bon sens, de lucidité ; de laisser de côté les idéologies et de se battre réellement, sur le terrain, concrètement. Nous sommes très frappés de voir, par exemple, que le budget est calamiteux ! C'est-à-dire qu'il distribue des primes pour qu'on achète, il distribue plus de fonctionnaires, pour qu'on puisse avoir en effet plus de déficit budgétaire, et qu'on n'a même pas pris une seule mesure pour l'entreprise. On n'a même pas pensé à me recevoir. D'ailleurs, actuellement, où l'on crie à la mobilisation, qui pense à faire venir le président du Medef, à Matignon, pour parler de la situation, pour regarder les choses ensemble ? Il n'y a pas de partenariat. On passe son temps à ignorer l'entreprise dans notre pays. Bien entendu, quand tout à coup les choses vont mal, on les appelle "au patriotisme." On a raison de le faire, mais cette démarche est quand même très étrange."
Mais la réalité des chiffres ... Quand on lit, ici et là, par exemple, que, dans un certain nombre d'entreprises, il n'y a plus d'investissement ; que les chefs d'entreprise, conscients des difficultés nationales et internationales, n'investissent plus... Que leur dites-vous ce matin, à ceux-là ?
- "Bien entendu, je dis aux chefs d'entreprise qui n'investissent pas, qu'ils ont raison de ne pas investir s'ils n'ont pas de commandes. Cela n'aurait pas de sens. Mais je dis au Gouvernement qu'au lieu de distribuer de la prime à l'emploi pour faire consommer les Français - pas du tout d'ailleurs pour qu'ils s'adressent à l'industrie française, car ils vont acheter des chaussures italiennes ou acheter des voitures allemandes ! -, on distribue de l'argent sur du déficit. Mais a-t-on, par exemple, songé à une mesure pour stimuler l'investissement ? Je rappelle que la taxe professionnelle sur l'investissement pénalise l'entrepreneur qui veut mettre en place des équipements nouveaux. A-t-on même songé à le faire ? Au lieu de regarder la manière dont peut favoriser l'emploi, favoriser la création des entreprises, favoriser l'investissement, on se contente - parce que les entreprises ne votent pas, bien entendu ! - de distribuer de l'argent, qui va où l'on veut. C'est toujours des mesures à court terme. Nous avons vu mettre en place à l'étranger, des mesures de structures. Où sont les réformes ?"
Est-ce que ce "patriotisme économique" national peut avoir un sens aujourd'hui ? Ne faut-il pas au minimum, s'agissant de l'économie, une réponse européenne ? Vous êtes-vous concertés avec un certain nombre de responsables d'entreprise ?
- "C'est, encore une fois, typique. Au moment où il s'agit d'agir au plan national dans le bon sens, alors, bien entendu, on ne fait rien et on dit : "Réunissons-nous à Bruxelles pour agir à 15." Comme cela on dira que c'est l'Europe qui n'a rien fait... Non ! Il faut regarder les choses en face, établir un partenariat avec les entreprises dans un changement de mentalité, mettre en place, bien entendu, le dialogue social. Et Dieu sait que nous pensons que c'est la seule voix, avec un Etat qui sera à sa place, dans les questions sociales, partenariat, un dialogue, réformes. C'est sur cette base-là, en prenant l'entreprise "avec sympathie." Et puis, si on cherche beaucoup d'argent pour stimuler l'économie, vous avez actuellement 100 milliards de francs dans le budget pour financer les 35 heures. Vous me direz tout de même : est-ce qu'il y a du "patriotisme économique" à dire qu'on va vaincre la difficulté en payant, avec l'argent du contribuable, ceux qui travailleront moins ?"
Puisque vous en parlez, parle-t-on encore du "partenariat social." On est presque début octobre. Que ferez-vous début octobre ? Vous restez ou vous partez ?
- "Excusez-moi, d'où ?"
Des instances de la Sécurité sociale...
- "Ceci est une décision qui a été prise, il y a maintenant des mois."
Et vous n'y revenez plus ?
- "La décision a été prise, nous avons vu le Gouvernement à ce sujet, nous avons expliqué les raisons pour lesquelles nous ne nommerions pas d'administrateur, c'est-à-dire que nous ne participerions plus à la gestion de la Sécurité sociale, qui va rester intégralement elle-même. Que les Français ne s'inquiètent pas, les prestations resteront les mêmes. Simplement, comme on veut financer, en effet, sur les cotisations sociales, l'argent des 35 heures, nous avons dit clairement que nous ne voulons pas continuer à gérer la Sécurité sociale dans ces conditions et nous la quittons."
Et cette espèce de "patriotisme" qu'on nous demande à tous en ce moment, cela ne remet en cause les positions que vous avez pu prendre en disant que, si on se parlait un peu plus pour voir comment on peut résoudre...
- "Si "le patriotisme" consiste à cautionner une politique de Sécurité sociale, dont nous savons très bien qu'elle mène, cette grande solidarité française, dans le mur au plan financier... Car vous le savez très bien : on ne la réforme pas, on ne prévoit pas, bien entendu, qu'il y ait autre chose qu'un déficit. Et au lieu d'appeler à la lucidité et à la gestion, on fait semblant de ne rien voir. J'appelle, bien entendu, dans ce domaine-là, le Gouvernement à regarder les dix conditions d'évidence que nous avons mises pour pouvoir reprendre, en effet, une place de gestion, mais réelle, avec des responsabilités, dans la Sécurité sociale."
On a demandé à tout le monde son avis sur la question, mais le vôtre est intéressant aussi, sur la croissance. Les experts nous disent, et notamment les Européens, qu'elle sera probablement en-dessous de 2 %. L. Fabius table sur 2,5 %. On se trompe ?
- "Mais personne au monde, en France, sauf L. Fabius et L. Jospin, ne croit à une croissance de 2,5 % pour 2002 ! Déjà, bien avant les chocs que nous avons connus ces jours-ci, on savait très bien que la croissance de notre pays serait quelque part entre 1,5 et 2 %. Avec des chocs supplémentaires, on ne sait même pas si elle y sera. Construire le budget sur 2,5 % de croissance, c'est exactement comme on l'a fait l'an dernier, construire sur 3,3 % de croissance. C'est de l'irréalisme politique. On ment en réalité sur la situation réelle de notre pays. Nous trouvons cela inacceptable. On met en place trop de dépenses sans prévoir, bien entendu, les recettes, alors qu'on sait qu'on ne peut plus faire de déficit. Nous avons 200 milliards de francs de déficit, nous sommes depuis quatre ans, en tête des pays en Europe, le pays qui a le plus grand déficit. On n'a rien fait pour cela. Et aujourd'hui, nous ne pouvons pas accepter une seconde que l'on construise sur 2,5 ou 3 % de croissance. C'est inévitablement pour le milieu de l'année prochaine, du prélèvement supplémentaire, de nouveaux impôts, de nouvelles cotisations pour faire face à des déficits qu'on aura en quelque sorte organisés !"
Alors qu'on nous dit aujourd'hui, qu'on va peut-être protéger le moral des Français avec les baisses d'impôts, avec les baisses du coût du crédit, avec un certain nombre d'aides, ici et là, en matière de créations d'emplois... Vous n'y croyez pas ?
- "Les Français sont assez inquiets, quand on voit qu'on leur distribue de l'argent sur le déficit - parce que "les baisses d'impôts" comme on dit, les primes à l'emploi sont financées avec du déficit -, pour leur faire garder le moral en vue d'une élection. Ils disent que tout ceci est inquiétant. Et je pense que la réalité serait de leur dire ce qui va se produire, c'est-à-dire qu'il va y avoir une baisse d'activité et qu'il va falloir réformer notre pays et ses institutions sociales et probablement l'Etat - ce n'est pas mon affaire, mais cela va de soi -, de façon à nous moderniser et à nous mettre comme on s'y attend, dans l'atmosphère générale où se trouvent les pays d'Europe autour de nous, qui n'ont pas fait, je vous le rappelle, ni les 35 heures, ni du déficit."
Etes-vous inquiet pour l'Italie, quand vous entendez Berlusconi parler de "la supériorité de la civilisation occidentale" ?
- "Ce sont vraiment des affaires politiques qui le regardent."
Mais vous avez un avis là-dessus ?
- "Je n'ai aucun avis, en tant que président du Medef."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 1er octobre 2001)
- "Le mot nous convient très bien. Les entreprises françaises et le Medef qui les représentent sont fondamentalement patriotes. C'est-à-dire que nous faisons tout pour réussir les entreprises, pour qu'elles réussissent. Et nous faisons tout pour qu'il y ait le maximum d'emploi, le maximum de croissance. Donc, l'appel à cette mobilisation nous convient. Nous l'avons déjà relayé dans nos troupes et on peut compter sur nous. Cela dit, bien entendu, les mots ne suffisent pas. Cela dit également, le moral des industriels n'est pas mauvais. C'est la réalité, la lucidité qui les conduit à dire : les commandes pour nous seront moins fortes qu'elle n'étaient demain qu'hier. Mais leur moral est là, il les tient, il n'y a pas de pessimisme dans nos rangs."
L'enquête de l'Insee ne vous paraît pas correspondre à une réalité du moral des chefs d'entreprise aujourd'hui ?
- "Non... Psychologiquement, il n'y a pas de pessimisme. Quand une entreprise est confronté à une difficulté, il se bat. Et s'il ne se bat pas, l'entreprise s'arrête, parce qu'elle ne peut pas continuer. On peut compter sur nous. Cela dit, est-ce patriote que d'avoir, pendant quatre ans, ignoré la réalité des entreprises, et avoir accumulé sur elles les difficultés qu'il faut aujourd'hui vaincre ou alléger ? Je suis très frappé par le fait que, le premier geste "patriote", en matière économique et social, du Gouvernement conduise à renoncer à mettre en place les 35 heures, pour les entreprises de moins de 21, à partir du 1er janvier. Vous comprenez bien que si les 35 heures créaient de l'emploi, au moment où le chômage monte, on se précipiterait pour les mettre en place. Le fait qu'on y renonce prouve bien qu'il y a eu quand même une vision des choses de la part du Gouvernement, depuis des années, qui a été erronée. Et nous nous sentons, nous, extraordinairement patriotes, à vouloir sans cesse rappeler à notre pays, à l'opinion publique et à ceux qui nous gouvernent, les conditions dans lesquelles on pourrait, en France, faire réussir les entreprises."
Non seulement, vous êtes patriote, mais vous faites même dans la contre-offensive, ce matin ?
- "Le moment est venu, en effet, de faire preuve de réalité, de bon sens, de lucidité ; de laisser de côté les idéologies et de se battre réellement, sur le terrain, concrètement. Nous sommes très frappés de voir, par exemple, que le budget est calamiteux ! C'est-à-dire qu'il distribue des primes pour qu'on achète, il distribue plus de fonctionnaires, pour qu'on puisse avoir en effet plus de déficit budgétaire, et qu'on n'a même pas pris une seule mesure pour l'entreprise. On n'a même pas pensé à me recevoir. D'ailleurs, actuellement, où l'on crie à la mobilisation, qui pense à faire venir le président du Medef, à Matignon, pour parler de la situation, pour regarder les choses ensemble ? Il n'y a pas de partenariat. On passe son temps à ignorer l'entreprise dans notre pays. Bien entendu, quand tout à coup les choses vont mal, on les appelle "au patriotisme." On a raison de le faire, mais cette démarche est quand même très étrange."
Mais la réalité des chiffres ... Quand on lit, ici et là, par exemple, que, dans un certain nombre d'entreprises, il n'y a plus d'investissement ; que les chefs d'entreprise, conscients des difficultés nationales et internationales, n'investissent plus... Que leur dites-vous ce matin, à ceux-là ?
- "Bien entendu, je dis aux chefs d'entreprise qui n'investissent pas, qu'ils ont raison de ne pas investir s'ils n'ont pas de commandes. Cela n'aurait pas de sens. Mais je dis au Gouvernement qu'au lieu de distribuer de la prime à l'emploi pour faire consommer les Français - pas du tout d'ailleurs pour qu'ils s'adressent à l'industrie française, car ils vont acheter des chaussures italiennes ou acheter des voitures allemandes ! -, on distribue de l'argent sur du déficit. Mais a-t-on, par exemple, songé à une mesure pour stimuler l'investissement ? Je rappelle que la taxe professionnelle sur l'investissement pénalise l'entrepreneur qui veut mettre en place des équipements nouveaux. A-t-on même songé à le faire ? Au lieu de regarder la manière dont peut favoriser l'emploi, favoriser la création des entreprises, favoriser l'investissement, on se contente - parce que les entreprises ne votent pas, bien entendu ! - de distribuer de l'argent, qui va où l'on veut. C'est toujours des mesures à court terme. Nous avons vu mettre en place à l'étranger, des mesures de structures. Où sont les réformes ?"
Est-ce que ce "patriotisme économique" national peut avoir un sens aujourd'hui ? Ne faut-il pas au minimum, s'agissant de l'économie, une réponse européenne ? Vous êtes-vous concertés avec un certain nombre de responsables d'entreprise ?
- "C'est, encore une fois, typique. Au moment où il s'agit d'agir au plan national dans le bon sens, alors, bien entendu, on ne fait rien et on dit : "Réunissons-nous à Bruxelles pour agir à 15." Comme cela on dira que c'est l'Europe qui n'a rien fait... Non ! Il faut regarder les choses en face, établir un partenariat avec les entreprises dans un changement de mentalité, mettre en place, bien entendu, le dialogue social. Et Dieu sait que nous pensons que c'est la seule voix, avec un Etat qui sera à sa place, dans les questions sociales, partenariat, un dialogue, réformes. C'est sur cette base-là, en prenant l'entreprise "avec sympathie." Et puis, si on cherche beaucoup d'argent pour stimuler l'économie, vous avez actuellement 100 milliards de francs dans le budget pour financer les 35 heures. Vous me direz tout de même : est-ce qu'il y a du "patriotisme économique" à dire qu'on va vaincre la difficulté en payant, avec l'argent du contribuable, ceux qui travailleront moins ?"
Puisque vous en parlez, parle-t-on encore du "partenariat social." On est presque début octobre. Que ferez-vous début octobre ? Vous restez ou vous partez ?
- "Excusez-moi, d'où ?"
Des instances de la Sécurité sociale...
- "Ceci est une décision qui a été prise, il y a maintenant des mois."
Et vous n'y revenez plus ?
- "La décision a été prise, nous avons vu le Gouvernement à ce sujet, nous avons expliqué les raisons pour lesquelles nous ne nommerions pas d'administrateur, c'est-à-dire que nous ne participerions plus à la gestion de la Sécurité sociale, qui va rester intégralement elle-même. Que les Français ne s'inquiètent pas, les prestations resteront les mêmes. Simplement, comme on veut financer, en effet, sur les cotisations sociales, l'argent des 35 heures, nous avons dit clairement que nous ne voulons pas continuer à gérer la Sécurité sociale dans ces conditions et nous la quittons."
Et cette espèce de "patriotisme" qu'on nous demande à tous en ce moment, cela ne remet en cause les positions que vous avez pu prendre en disant que, si on se parlait un peu plus pour voir comment on peut résoudre...
- "Si "le patriotisme" consiste à cautionner une politique de Sécurité sociale, dont nous savons très bien qu'elle mène, cette grande solidarité française, dans le mur au plan financier... Car vous le savez très bien : on ne la réforme pas, on ne prévoit pas, bien entendu, qu'il y ait autre chose qu'un déficit. Et au lieu d'appeler à la lucidité et à la gestion, on fait semblant de ne rien voir. J'appelle, bien entendu, dans ce domaine-là, le Gouvernement à regarder les dix conditions d'évidence que nous avons mises pour pouvoir reprendre, en effet, une place de gestion, mais réelle, avec des responsabilités, dans la Sécurité sociale."
On a demandé à tout le monde son avis sur la question, mais le vôtre est intéressant aussi, sur la croissance. Les experts nous disent, et notamment les Européens, qu'elle sera probablement en-dessous de 2 %. L. Fabius table sur 2,5 %. On se trompe ?
- "Mais personne au monde, en France, sauf L. Fabius et L. Jospin, ne croit à une croissance de 2,5 % pour 2002 ! Déjà, bien avant les chocs que nous avons connus ces jours-ci, on savait très bien que la croissance de notre pays serait quelque part entre 1,5 et 2 %. Avec des chocs supplémentaires, on ne sait même pas si elle y sera. Construire le budget sur 2,5 % de croissance, c'est exactement comme on l'a fait l'an dernier, construire sur 3,3 % de croissance. C'est de l'irréalisme politique. On ment en réalité sur la situation réelle de notre pays. Nous trouvons cela inacceptable. On met en place trop de dépenses sans prévoir, bien entendu, les recettes, alors qu'on sait qu'on ne peut plus faire de déficit. Nous avons 200 milliards de francs de déficit, nous sommes depuis quatre ans, en tête des pays en Europe, le pays qui a le plus grand déficit. On n'a rien fait pour cela. Et aujourd'hui, nous ne pouvons pas accepter une seconde que l'on construise sur 2,5 ou 3 % de croissance. C'est inévitablement pour le milieu de l'année prochaine, du prélèvement supplémentaire, de nouveaux impôts, de nouvelles cotisations pour faire face à des déficits qu'on aura en quelque sorte organisés !"
Alors qu'on nous dit aujourd'hui, qu'on va peut-être protéger le moral des Français avec les baisses d'impôts, avec les baisses du coût du crédit, avec un certain nombre d'aides, ici et là, en matière de créations d'emplois... Vous n'y croyez pas ?
- "Les Français sont assez inquiets, quand on voit qu'on leur distribue de l'argent sur le déficit - parce que "les baisses d'impôts" comme on dit, les primes à l'emploi sont financées avec du déficit -, pour leur faire garder le moral en vue d'une élection. Ils disent que tout ceci est inquiétant. Et je pense que la réalité serait de leur dire ce qui va se produire, c'est-à-dire qu'il va y avoir une baisse d'activité et qu'il va falloir réformer notre pays et ses institutions sociales et probablement l'Etat - ce n'est pas mon affaire, mais cela va de soi -, de façon à nous moderniser et à nous mettre comme on s'y attend, dans l'atmosphère générale où se trouvent les pays d'Europe autour de nous, qui n'ont pas fait, je vous le rappelle, ni les 35 heures, ni du déficit."
Etes-vous inquiet pour l'Italie, quand vous entendez Berlusconi parler de "la supériorité de la civilisation occidentale" ?
- "Ce sont vraiment des affaires politiques qui le regardent."
Mais vous avez un avis là-dessus ?
- "Je n'ai aucun avis, en tant que président du Medef."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 1er octobre 2001)