Texte intégral
R. Sicard - Dans un entretien que vous avez accordé au journal Le Monde, vous n'y allez pas de main morte. Vous accusez L. Jospin de "mener une campagne agressive et haineuse contre J. Chirac" et vous dites qu'il "distille le poison des affaires pour déstabiliser le Président". Entre nous, vous y allez peut-être un peu fort, non ?
- "C'est d'abord une vieille méthode trotskiste que d'essayer de déstabiliser son adversaire. Mais c'est évident. Jospin ne peut pas se prévaloir de son bilan. Les Français sont préoccupés de la sécurité. Avez-vous le sentiment que Jospin a réussi dans ce domaine ? Les Français répondent "non". Dans le domaine de l'emploi, on constate que mois après mois, le chômage reprend."
C'est quand même un des plus gros succès de L. Jospin : sur cinq ans, il a fortement baissé.
- "Nous avons connu une période de croissance. Le gouvernement de M. Jospin n'a pas profité de cette période pour faire les réformes de fond qui auraient permis d'améliorer la situation de l'emploi de façon plus importante. Enfin, l'un des grands thèmes, l'une des plus grandes préoccupations des Français, c'est le dialogue social. Or, M. Jospin a eu quand même le mérite de mettre dans la rue, gendarmes, infirmiers, médecins, policiers et je pourrais continuer la liste. Par conséquent, il ne peut pas se prévaloir de sa politique et de son bilan. Alors peut-être qu'il peut se prévaloir de sa majorité et de l'unité de celle-ci ? Vous vous souvenez, en 1997, le grand thème de Jospin était "la majorité plurielle, la gauche plurielle est finalement unie". Or, aujourd'hui, la gauche plurielle a implosé. Vous avez les chevènementistes, vous avez les communistes, les Verts. Tout cela se dispute, se chamaille en public. Par conséquent, M. Jospin fait diversion. Il essaye de déstabiliser J. Chirac en étant à l'origine d'un certain nombre - pas directement, mais par ses collaborateurs interposés - de rumeurs."
Vous avez des preuves de tout cela ou est-ce tout simplement un raisonnement politique ?
- "Tout le monde le sait et tout le monde s'en rend compte. C'est une méthode qui est une vieille méthode inscrite dans tous les manuels trotskistes, qui consiste à essayer de déstabiliser son adversaire, de le miner de l'intérieur. Cela dit, tout cela n'a aucune importance, parce que ces méthodes de M. Jospin ont fait leur temps et je pense que les Français se détournent de ceux qui agissent ainsi."
Mais "Jospin = trotskiste", est-ce que ce n'est pas votre méthode à vous pour déstabiliser le Premier ministre en insistant fréquemment là-dessus ?
- "Ce sont les Français qui sont en train de condamner sa politique dans le domaine de la sécurité, dans le domaine de l'emploi et dans le domaine du dialogue social..."
En tout cas, on a bien le sentiment qu'il y a un tournant dans la campagne. Jusqu'ici, la campagne de J. Chirac, on n'en parlait pas beaucoup. Ses amis pensaient même plutôt qu'il fallait attendre. Il y a une accélération très nette. On a vu A. Rufenacht, le maire du Havre, dire qu'il était le directeur de campagne. Pourquoi ce changement de stratégie et d'abord, est-ce que J. Chirac ne devrait pas très vite se présenter, très vite déclarer sa candidature, puisqu'il a déjà un directeur de campagne ? On ne comprend plus très bien...
- "Pourquoi les choses s'accélèrent ? C'est ça votre question ? "
Et pourquoi n'est-il pas candidat officiellement ?
- "Les choses s'accélèrent parce que le temps passe, que nous sommes aujourd'hui à 90 jours de l'échéance et qu'il faut se mettre en ordre de marche. Par conséquent, je souhaite que toutes celles et tous ceux qui soutiennent J. Chirac préparent le terrain, aillent sur le terrain, pour convaincre de la nécessité de la réélection de J. Chirac."
Donc, il est candidat ? Pourquoi ne le dit-il pas ?
- "Nous avons donc maintenant un directeur de campagne. Je me félicite que ce soit un Haut-Normand proche d'Evreux et un ami. Il va nous amener un dynamisme serein. Et puis le moment venu, J. Chirac fera acte de candidature. Mais rien ne presse pour la déclaration officielle de candidature, parce qu'il a reçu une responsabilité des Français qui est de rassembler la France, de la diriger et, dans un contexte international qui est un contexte difficile, délicat, je crois qu'il faut que le navire soit conduit."
Reconnaissez quand même qu'avoir un directeur de campagne sans être candidat, c'est bizarre ? Les Français ne comprennent plus. Il y a un sondage ce matin dans Le Parisien qui le montre.
- "Il faut bien séparer les choses : il y a la préparation - cette préparation de l'échéance électorale, c'est au directeur de campagne et à tous ceux et toutes celles qui sont autour de lui de la préparer. Cela ne se fait pas comme cela, une campagne électorale, surtout une campagne électorale présidentielle. Il faut organiser, prévoir. La troupe se met en ordre de marche. Et le moment venu, au moment où il le décidera, J. Chirac fera acte de candidature."
Aujourd'hui, on sait qu'il sera candidat ?
- "Pour moi, il y a aucun doute."
Vous appelez fréquemment au rassemblement dès le premier tour derrière J. Chirac. Est-ce que cela veut dire que vous souhaitez aujourd'hui qu'A. Madelin et F. Bayrou retirent leurs candidatures et se rangent derrière le candidat Chirac ?
- "Non. Je soutiens J. Chirac et cela ne vous a pas échappé. Je souhaite donc qu'il y ait le maximum de Françaises et de Français, dans l'intérêt de la France, qui se rassemblent le plus vite possible - en tout cas dès le premier tour - autour de J. Chirac. Mais nous sommes une démocratie et chacun à le droit d'être candidat. Je dis simplement aux uns et aux autres qu'il faudra, dès le premier tour, préparer le rassemblement au deuxième tour. Par conséquent, je souhaite que les divers candidats ne se trompent pas d'adversaire et qu'il y ait un code de bonne conduite politique entre eux. Ce qui est important, pour nous, aujourd'hui, c'est de montrer que la politique suivie par le Gouvernement socialiste et par les socialistes depuis cinq ans est mauvaise pour la France, qu'il faut donc une autre orientation. C'est ainsi que l'ensemble des partis essaie de réfléchir et qu'il y aura le projet du candidat."
Les socialistes disent que J. Chirac n'a ni bilan ni programme.
- "Qu'ils n'extrapolent pas, car eux ont un dépôt de bilan et ils sont incapables de prévoir un projet, puisqu'ils se disputent. Le projet du candidat socialiste, M. Jospin, est combattu par le projet du candidat communiste, M. Hue, et par M. Chevènement. J. Chirac a été et est président de la République. Il a assumé la France. Il a été le guide de la France. Il a saisi les Français lors de la dissolution et ceux-ci ont donné une autre majorité. Il va proposer aux Français, dans le domaine de la sécurité, dans le domaine de la liberté, dans le domaine de la solidarité et dans le domaine de la restauration de l'autorité, un certain nombre de propositions. Ce sont sur ces propositions que les Français devront trancher."
J'ai l'impression que la campagne est lancée !
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 25 janvier 2002)
- "C'est d'abord une vieille méthode trotskiste que d'essayer de déstabiliser son adversaire. Mais c'est évident. Jospin ne peut pas se prévaloir de son bilan. Les Français sont préoccupés de la sécurité. Avez-vous le sentiment que Jospin a réussi dans ce domaine ? Les Français répondent "non". Dans le domaine de l'emploi, on constate que mois après mois, le chômage reprend."
C'est quand même un des plus gros succès de L. Jospin : sur cinq ans, il a fortement baissé.
- "Nous avons connu une période de croissance. Le gouvernement de M. Jospin n'a pas profité de cette période pour faire les réformes de fond qui auraient permis d'améliorer la situation de l'emploi de façon plus importante. Enfin, l'un des grands thèmes, l'une des plus grandes préoccupations des Français, c'est le dialogue social. Or, M. Jospin a eu quand même le mérite de mettre dans la rue, gendarmes, infirmiers, médecins, policiers et je pourrais continuer la liste. Par conséquent, il ne peut pas se prévaloir de sa politique et de son bilan. Alors peut-être qu'il peut se prévaloir de sa majorité et de l'unité de celle-ci ? Vous vous souvenez, en 1997, le grand thème de Jospin était "la majorité plurielle, la gauche plurielle est finalement unie". Or, aujourd'hui, la gauche plurielle a implosé. Vous avez les chevènementistes, vous avez les communistes, les Verts. Tout cela se dispute, se chamaille en public. Par conséquent, M. Jospin fait diversion. Il essaye de déstabiliser J. Chirac en étant à l'origine d'un certain nombre - pas directement, mais par ses collaborateurs interposés - de rumeurs."
Vous avez des preuves de tout cela ou est-ce tout simplement un raisonnement politique ?
- "Tout le monde le sait et tout le monde s'en rend compte. C'est une méthode qui est une vieille méthode inscrite dans tous les manuels trotskistes, qui consiste à essayer de déstabiliser son adversaire, de le miner de l'intérieur. Cela dit, tout cela n'a aucune importance, parce que ces méthodes de M. Jospin ont fait leur temps et je pense que les Français se détournent de ceux qui agissent ainsi."
Mais "Jospin = trotskiste", est-ce que ce n'est pas votre méthode à vous pour déstabiliser le Premier ministre en insistant fréquemment là-dessus ?
- "Ce sont les Français qui sont en train de condamner sa politique dans le domaine de la sécurité, dans le domaine de l'emploi et dans le domaine du dialogue social..."
En tout cas, on a bien le sentiment qu'il y a un tournant dans la campagne. Jusqu'ici, la campagne de J. Chirac, on n'en parlait pas beaucoup. Ses amis pensaient même plutôt qu'il fallait attendre. Il y a une accélération très nette. On a vu A. Rufenacht, le maire du Havre, dire qu'il était le directeur de campagne. Pourquoi ce changement de stratégie et d'abord, est-ce que J. Chirac ne devrait pas très vite se présenter, très vite déclarer sa candidature, puisqu'il a déjà un directeur de campagne ? On ne comprend plus très bien...
- "Pourquoi les choses s'accélèrent ? C'est ça votre question ? "
Et pourquoi n'est-il pas candidat officiellement ?
- "Les choses s'accélèrent parce que le temps passe, que nous sommes aujourd'hui à 90 jours de l'échéance et qu'il faut se mettre en ordre de marche. Par conséquent, je souhaite que toutes celles et tous ceux qui soutiennent J. Chirac préparent le terrain, aillent sur le terrain, pour convaincre de la nécessité de la réélection de J. Chirac."
Donc, il est candidat ? Pourquoi ne le dit-il pas ?
- "Nous avons donc maintenant un directeur de campagne. Je me félicite que ce soit un Haut-Normand proche d'Evreux et un ami. Il va nous amener un dynamisme serein. Et puis le moment venu, J. Chirac fera acte de candidature. Mais rien ne presse pour la déclaration officielle de candidature, parce qu'il a reçu une responsabilité des Français qui est de rassembler la France, de la diriger et, dans un contexte international qui est un contexte difficile, délicat, je crois qu'il faut que le navire soit conduit."
Reconnaissez quand même qu'avoir un directeur de campagne sans être candidat, c'est bizarre ? Les Français ne comprennent plus. Il y a un sondage ce matin dans Le Parisien qui le montre.
- "Il faut bien séparer les choses : il y a la préparation - cette préparation de l'échéance électorale, c'est au directeur de campagne et à tous ceux et toutes celles qui sont autour de lui de la préparer. Cela ne se fait pas comme cela, une campagne électorale, surtout une campagne électorale présidentielle. Il faut organiser, prévoir. La troupe se met en ordre de marche. Et le moment venu, au moment où il le décidera, J. Chirac fera acte de candidature."
Aujourd'hui, on sait qu'il sera candidat ?
- "Pour moi, il y a aucun doute."
Vous appelez fréquemment au rassemblement dès le premier tour derrière J. Chirac. Est-ce que cela veut dire que vous souhaitez aujourd'hui qu'A. Madelin et F. Bayrou retirent leurs candidatures et se rangent derrière le candidat Chirac ?
- "Non. Je soutiens J. Chirac et cela ne vous a pas échappé. Je souhaite donc qu'il y ait le maximum de Françaises et de Français, dans l'intérêt de la France, qui se rassemblent le plus vite possible - en tout cas dès le premier tour - autour de J. Chirac. Mais nous sommes une démocratie et chacun à le droit d'être candidat. Je dis simplement aux uns et aux autres qu'il faudra, dès le premier tour, préparer le rassemblement au deuxième tour. Par conséquent, je souhaite que les divers candidats ne se trompent pas d'adversaire et qu'il y ait un code de bonne conduite politique entre eux. Ce qui est important, pour nous, aujourd'hui, c'est de montrer que la politique suivie par le Gouvernement socialiste et par les socialistes depuis cinq ans est mauvaise pour la France, qu'il faut donc une autre orientation. C'est ainsi que l'ensemble des partis essaie de réfléchir et qu'il y aura le projet du candidat."
Les socialistes disent que J. Chirac n'a ni bilan ni programme.
- "Qu'ils n'extrapolent pas, car eux ont un dépôt de bilan et ils sont incapables de prévoir un projet, puisqu'ils se disputent. Le projet du candidat socialiste, M. Jospin, est combattu par le projet du candidat communiste, M. Hue, et par M. Chevènement. J. Chirac a été et est président de la République. Il a assumé la France. Il a été le guide de la France. Il a saisi les Français lors de la dissolution et ceux-ci ont donné une autre majorité. Il va proposer aux Français, dans le domaine de la sécurité, dans le domaine de la liberté, dans le domaine de la solidarité et dans le domaine de la restauration de l'autorité, un certain nombre de propositions. Ce sont sur ces propositions que les Français devront trancher."
J'ai l'impression que la campagne est lancée !
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 25 janvier 2002)