Texte intégral
A. Hausser - Vous êtes candidat à l'élection présidentielle, candidat Génération écologie, et un des quatre candidats écologistes. Il faut bien parler d'arithmétique : où en êtes-vous, irez-vous jusqu'au bout ? Avez-vous les signatures nécessaires ?
- "Je n'ai pas encore les signatures nécessaires. C'est très difficile."
Pourquoi ? Parce que les noms sont publiés ?
- "Je le crois. Je suis moi-même maire d'un petit village. Je m'adresse à mes collègues et je m'aperçois que beaucoup d'entre eux ne veulent signer pour personne, ou alors ils disent : au fond, vous autres les politiques parisiens, on ne veut pas être utilisé, on ne veut pas que notre nom soit publié, on demande au conseil municipal, on fait voter et le conseil municipal dit : nous ne signons pour personne, c'est le début du mandat. Non, c'est très difficile. Et pourtant, les maires ont beaucoup de problèmes. Ils ont beaucoup de lois qui leur tombent dessus. On va vers la disparition des petites communes. Non, c'est difficile et il y a un système de parrainage qui quand même ressemble un petit peu au système du parrain politique. Et la plupart des pseudo grands candidats, ou soit disant grands candidats ne les ont pas non plus. C'est frappant de voir cela."
Qui ne les a pas ? Par exemple, Mamère ne les a pas ?
- "Monsieur Mamère ne les a pas, les autres plus grands ou encore aussi grands que lui ne les ont pas non plus. Et pour les Verts..."
Vous pensez à qui quand vous dites "des plus grands que lui" ? J.-M. Le Pen dit qu'il les a maintenant.
- "Qu'il les montre. Ce n'est pas difficile. Cela oblige par exemple monsieur Mamère à faire alliance avec le Parti socialiste. Le Parti socialiste les lui donnera."
Et vous pensez qu'en dehors de cela, il n'y aurait pas eu d'accord entre les Verts et les socialistes ?
- "Oui, je le crois. L'indépendance en matière de collecte de signatures est malheureusement très difficile et il y a un décalage entre la France des maires - une France plutôt rurale, avec beaucoup de ces communes qui ne se retrouvent pas dans les grands débats politiques de l'heure - et puis la France politique qui est celle des grandes villes. Donc, c'est en effet très difficile."
Donc, c'est monsieur Saint-Josse qui en fait va triompher, lui, le candidat de la ruralité ?
- "En effet, dans chaque village, il y a certainement des associations de chasseurs, c'est certain. Mais il faudra sans doute que le législateur réfléchisse à cela. Peut-être faudra-t-il des parrainages de citoyens. Il en faudra sans doute davantage à ce moment-là."
Pour avoir vos signatures - puisque vous êtes obligé d'aller à Canossa ; vous parlez d'une entente entre les Verts et le PS - est-ce que vous, vous irez à Toulouse ?
- "Je proposerai à l'opposition un accord, certainement, oui. Je ne vois pas pourquoi l'écologie serait le monopole de la gauche. Je ne vois pas pourquoi l'écologie serait représentée uniquement par les Verts. Entre nous, N. Mamère, malgré son talent - il a du talent - n'est pas vraiment un écologiste."
Vous êtes deux anciens journalistes tous les deux ?
- "Je ne suis pas un ancien journaliste. Il m'est arrivé d'être journaliste pour défendre l'environnement. Mais je ne confonds pas forcément l'écologie avec les sans-papiers, le droit de vote des étrangers, la libéralisation du cannabis, enfin toute une fadaise qui place plutôt les Verts à l'extrême-gauche qu'au centre. Et donc je voudrais expliquer à l'opposition qu'elle doit aussi s'ouvrir à l'écologie. Donc, moi, les Bleus, Génération Ecologie, nous disons qu'il faut créer les Bleus, c'est-à-dire une façon de faire de l'écologie plus raisonnable, qui soit plus ouverte à l'économie, qui considère que l'écologie ce n'est pas obéir à l'idéologie d'un petit groupe, mais c'est demander aux parents, aux maires, aux chefs d'entreprise, à tous les Français de prendre leur part du souci des générations futures et dire à l'opposition : voilà, nous vous proposons un accord électoral pour les législatives."
Est-ce que vous vous reconnaissez dans le combat de J. Bové, par exemple ? Le combat contre la malbouffe, pas les actions contre McDonald...
- "Je n'irai pas démolir le McDonald et je ne vais pas au McDonald. Je me reconnais dans la défense de l'art de vivre français. Je pense que c'est très important. Je crois que dans la mondialisation aujourd'hui, nous avons la chance en France d'avoir une civilisation, vraiment une civilisation fondée sur la culture, sur les relations entre les hommes et les femmes un peu différentes, sur la gastronomie, sur la beauté des paysages, sur, mon Dieu ! les centres-ville aussi, et cette civilisation-là, cet art de vivre, nous devons le défendre. Je me reconnais au moins dans cela. En revanche, la mondialisation ne me fait pas peur. C'est une chance pour la France, cette mondialisation. Combien de temps a-t-on interdit l'international, le fait que nous soyons l'humanité enfin unie, etc. ? C'est grâce à la mondialisation que nous avons été défendre les femmes afghanes, que nous sommes intervenus, etc. C'est quand même un sentiment ... Si vous voulez, à mon avis, J. Bové c'est à la fois pervers et juste. Ce qui est juste, c'est la défense de l'art de vivre français, ce qui est pervers c'est "méfions-nous du reste du monde, dénonçons sans cesse les Américains", ou je ne sais quoi. Tout cela est ridicule."
Vous ne seriez pas allé à Porto Alegre ?
- "Non, je ne serais pas allé à Porto Alegre. Ils ont dénoncé justement l'intervention américaine en Afghanistan. Mais je connais bien les Afghans et les amis de Massoud. Ils étaient heureux que les Américains viennent les délivrer, comme ils ont délivré aussi l'Europe à la fin de la Seconde guerre mondiale."
J.-P. Chevènement, comment voyez-vous sa démarche ?
- "Ah ! J.-P. Chevènement, voilà un homme estimable ! Oui, c'est un homme estimable. J'ai été au gouvernement avec lui, je n'ai pas compris pourquoi il n'avait pas voulu faire la guerre à S. Hussein. Mais c'est un homme estimable. Il a des convictions et puis, lui aussi, représente un peu ou cherche à représenter - ce n'est pas à ma façon - l'identité française du temps des instituteurs, du protectionnisme, du temps de la République triomphante."
Il est démodé ?
- "Oui, il est démodé au sens où ce temps-là ne reviendra et que si on veut défendre l'identité française, ce n'est pas de cette façon-là. En revanche, c'est un homme estimable et c'est un homme qui a eu raison sur la Corse. On n'adapte pas la loi à des circonstances particulières. Les Français sont égaux devant la loi. Donc, c'est un homme estimable, mais malheureusement, je crains qu'en rassemblant un peu la carpe et le lapin, il ait du mal à proposer un programme. Il représente la nostalgie - et elle est bienvenue cette nostalgie - d'une époque où la France, c'était évident. Mais malheureusement, il ne représente pas l'avenir et je crois que la question européenne ou les questions internationales sont sous-estimées en ce moment. On n'en parle pas. L'Europe, c'est sans doute ce qu'il y a de plus important, et nous avons besoin de chefs d'Etat qui aient une stature européenne."
Je reviens à la politique française. On vous a souvent vu aux côtés d'A. Madelin. Pensez-vous que l'ancien UDF ou la famille libérale ne devrait avoir qu'un candidat, quand on voit les malheurs de F. Bayrou ?
- "Oui, je le pense. Mais c'est vrai qu'en même temps, je ne suis pas sûr que la droite sache exactement quelles sont ses propres divisions. Le souverainisme, le libéralisme, on ne sait pas plus très bien où on en est et vraisemblablement, faudrait-il qu'il y ait une recomposition des forces. Des gens comme moi sommes un peu orphelins. Moi, j'ai travaillé avec M. Rocard, il représentait une gauche libérale, elle aussi, c'est-à-dire beaucoup plus moderne, ouverte à l'économie de marché, à l'Europe. M. Rocard a disparu. Il n'y a plus qu'une gauche un peu fossile, très marquée par le marxisme, très anti-entreprise."
Les amis de M. Rocard sont ceux de L. Jospin...
- "Eh bien, monsieur C. Blanc, d'après ce que j'ai compris, ne l'est pas. Et donc, vous avez beaucoup de gens en France qui se sentent un peu malheureux. Parce que le libéralisme en réalité triomphe partout - et monsieur Madelin en ce sens est un précurseur. Tout le monde maintenant vient à ses idées, tout en disant : "Oh, surtout pas, il est ultralibéral". En réalité, le libéralisme triomphe partout et donc, ce n'est plus une façon de se différencier. Nous devons inventer maintenant un système, un petit peu comme monsieur T. Blair l'a fait en Angleterre, où nous essayons de mêler le souci du social, l'efficacité économique et le souci de l'écologie."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 février 2002)
- "Je n'ai pas encore les signatures nécessaires. C'est très difficile."
Pourquoi ? Parce que les noms sont publiés ?
- "Je le crois. Je suis moi-même maire d'un petit village. Je m'adresse à mes collègues et je m'aperçois que beaucoup d'entre eux ne veulent signer pour personne, ou alors ils disent : au fond, vous autres les politiques parisiens, on ne veut pas être utilisé, on ne veut pas que notre nom soit publié, on demande au conseil municipal, on fait voter et le conseil municipal dit : nous ne signons pour personne, c'est le début du mandat. Non, c'est très difficile. Et pourtant, les maires ont beaucoup de problèmes. Ils ont beaucoup de lois qui leur tombent dessus. On va vers la disparition des petites communes. Non, c'est difficile et il y a un système de parrainage qui quand même ressemble un petit peu au système du parrain politique. Et la plupart des pseudo grands candidats, ou soit disant grands candidats ne les ont pas non plus. C'est frappant de voir cela."
Qui ne les a pas ? Par exemple, Mamère ne les a pas ?
- "Monsieur Mamère ne les a pas, les autres plus grands ou encore aussi grands que lui ne les ont pas non plus. Et pour les Verts..."
Vous pensez à qui quand vous dites "des plus grands que lui" ? J.-M. Le Pen dit qu'il les a maintenant.
- "Qu'il les montre. Ce n'est pas difficile. Cela oblige par exemple monsieur Mamère à faire alliance avec le Parti socialiste. Le Parti socialiste les lui donnera."
Et vous pensez qu'en dehors de cela, il n'y aurait pas eu d'accord entre les Verts et les socialistes ?
- "Oui, je le crois. L'indépendance en matière de collecte de signatures est malheureusement très difficile et il y a un décalage entre la France des maires - une France plutôt rurale, avec beaucoup de ces communes qui ne se retrouvent pas dans les grands débats politiques de l'heure - et puis la France politique qui est celle des grandes villes. Donc, c'est en effet très difficile."
Donc, c'est monsieur Saint-Josse qui en fait va triompher, lui, le candidat de la ruralité ?
- "En effet, dans chaque village, il y a certainement des associations de chasseurs, c'est certain. Mais il faudra sans doute que le législateur réfléchisse à cela. Peut-être faudra-t-il des parrainages de citoyens. Il en faudra sans doute davantage à ce moment-là."
Pour avoir vos signatures - puisque vous êtes obligé d'aller à Canossa ; vous parlez d'une entente entre les Verts et le PS - est-ce que vous, vous irez à Toulouse ?
- "Je proposerai à l'opposition un accord, certainement, oui. Je ne vois pas pourquoi l'écologie serait le monopole de la gauche. Je ne vois pas pourquoi l'écologie serait représentée uniquement par les Verts. Entre nous, N. Mamère, malgré son talent - il a du talent - n'est pas vraiment un écologiste."
Vous êtes deux anciens journalistes tous les deux ?
- "Je ne suis pas un ancien journaliste. Il m'est arrivé d'être journaliste pour défendre l'environnement. Mais je ne confonds pas forcément l'écologie avec les sans-papiers, le droit de vote des étrangers, la libéralisation du cannabis, enfin toute une fadaise qui place plutôt les Verts à l'extrême-gauche qu'au centre. Et donc je voudrais expliquer à l'opposition qu'elle doit aussi s'ouvrir à l'écologie. Donc, moi, les Bleus, Génération Ecologie, nous disons qu'il faut créer les Bleus, c'est-à-dire une façon de faire de l'écologie plus raisonnable, qui soit plus ouverte à l'économie, qui considère que l'écologie ce n'est pas obéir à l'idéologie d'un petit groupe, mais c'est demander aux parents, aux maires, aux chefs d'entreprise, à tous les Français de prendre leur part du souci des générations futures et dire à l'opposition : voilà, nous vous proposons un accord électoral pour les législatives."
Est-ce que vous vous reconnaissez dans le combat de J. Bové, par exemple ? Le combat contre la malbouffe, pas les actions contre McDonald...
- "Je n'irai pas démolir le McDonald et je ne vais pas au McDonald. Je me reconnais dans la défense de l'art de vivre français. Je pense que c'est très important. Je crois que dans la mondialisation aujourd'hui, nous avons la chance en France d'avoir une civilisation, vraiment une civilisation fondée sur la culture, sur les relations entre les hommes et les femmes un peu différentes, sur la gastronomie, sur la beauté des paysages, sur, mon Dieu ! les centres-ville aussi, et cette civilisation-là, cet art de vivre, nous devons le défendre. Je me reconnais au moins dans cela. En revanche, la mondialisation ne me fait pas peur. C'est une chance pour la France, cette mondialisation. Combien de temps a-t-on interdit l'international, le fait que nous soyons l'humanité enfin unie, etc. ? C'est grâce à la mondialisation que nous avons été défendre les femmes afghanes, que nous sommes intervenus, etc. C'est quand même un sentiment ... Si vous voulez, à mon avis, J. Bové c'est à la fois pervers et juste. Ce qui est juste, c'est la défense de l'art de vivre français, ce qui est pervers c'est "méfions-nous du reste du monde, dénonçons sans cesse les Américains", ou je ne sais quoi. Tout cela est ridicule."
Vous ne seriez pas allé à Porto Alegre ?
- "Non, je ne serais pas allé à Porto Alegre. Ils ont dénoncé justement l'intervention américaine en Afghanistan. Mais je connais bien les Afghans et les amis de Massoud. Ils étaient heureux que les Américains viennent les délivrer, comme ils ont délivré aussi l'Europe à la fin de la Seconde guerre mondiale."
J.-P. Chevènement, comment voyez-vous sa démarche ?
- "Ah ! J.-P. Chevènement, voilà un homme estimable ! Oui, c'est un homme estimable. J'ai été au gouvernement avec lui, je n'ai pas compris pourquoi il n'avait pas voulu faire la guerre à S. Hussein. Mais c'est un homme estimable. Il a des convictions et puis, lui aussi, représente un peu ou cherche à représenter - ce n'est pas à ma façon - l'identité française du temps des instituteurs, du protectionnisme, du temps de la République triomphante."
Il est démodé ?
- "Oui, il est démodé au sens où ce temps-là ne reviendra et que si on veut défendre l'identité française, ce n'est pas de cette façon-là. En revanche, c'est un homme estimable et c'est un homme qui a eu raison sur la Corse. On n'adapte pas la loi à des circonstances particulières. Les Français sont égaux devant la loi. Donc, c'est un homme estimable, mais malheureusement, je crains qu'en rassemblant un peu la carpe et le lapin, il ait du mal à proposer un programme. Il représente la nostalgie - et elle est bienvenue cette nostalgie - d'une époque où la France, c'était évident. Mais malheureusement, il ne représente pas l'avenir et je crois que la question européenne ou les questions internationales sont sous-estimées en ce moment. On n'en parle pas. L'Europe, c'est sans doute ce qu'il y a de plus important, et nous avons besoin de chefs d'Etat qui aient une stature européenne."
Je reviens à la politique française. On vous a souvent vu aux côtés d'A. Madelin. Pensez-vous que l'ancien UDF ou la famille libérale ne devrait avoir qu'un candidat, quand on voit les malheurs de F. Bayrou ?
- "Oui, je le pense. Mais c'est vrai qu'en même temps, je ne suis pas sûr que la droite sache exactement quelles sont ses propres divisions. Le souverainisme, le libéralisme, on ne sait pas plus très bien où on en est et vraisemblablement, faudrait-il qu'il y ait une recomposition des forces. Des gens comme moi sommes un peu orphelins. Moi, j'ai travaillé avec M. Rocard, il représentait une gauche libérale, elle aussi, c'est-à-dire beaucoup plus moderne, ouverte à l'économie de marché, à l'Europe. M. Rocard a disparu. Il n'y a plus qu'une gauche un peu fossile, très marquée par le marxisme, très anti-entreprise."
Les amis de M. Rocard sont ceux de L. Jospin...
- "Eh bien, monsieur C. Blanc, d'après ce que j'ai compris, ne l'est pas. Et donc, vous avez beaucoup de gens en France qui se sentent un peu malheureux. Parce que le libéralisme en réalité triomphe partout - et monsieur Madelin en ce sens est un précurseur. Tout le monde maintenant vient à ses idées, tout en disant : "Oh, surtout pas, il est ultralibéral". En réalité, le libéralisme triomphe partout et donc, ce n'est plus une façon de se différencier. Nous devons inventer maintenant un système, un petit peu comme monsieur T. Blair l'a fait en Angleterre, où nous essayons de mêler le souci du social, l'efficacité économique et le souci de l'écologie."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 février 2002)