Texte intégral
François Trucy - RI (Var)
Dans son discours sur l'état de l'Union, le président George BUSH a annoncé une augmentation considérable des dépenses militaires, plus 15 %, et, ce, pour un budget que nous connaissons bien, qui est déjà le plus important de la planète, s'il s'en faut. Beaucoup s'inquiètent d'une radicalisation croissante et d'un isolement voulu de la politique internationale des Etats-Unis. Mais peut-on reprocher aux Américains de faire à ce point cavalier seul alors que certains de leurs alliés donnent l'impression de ne pas vouloir agir à leurs côtés, ou plutôt de n'agir qu'à certaines conditions, dans certains cas, à un certain niveau et avec des moyens limités ? Alors que les USA ont la capacité économique et financière d'accélérer, face aux dangers nouveaux, la France freine avec constance son effort de défense. Peut-on reprocher à certains d'en faire trop alors qu'à nos yeux, nous n'en faisons pas assez ? La France donne aisément, à l'extérieur, des leçons dont certaines nous conviennent très bien sur le plan extérieur, mais elle ferait mieux de donner mieux l'exemple. Or, depuis 1997, le budget de la Défense est le parent pauvre des lois de finances et la variable de tous ses ajustements. La Défense n'est guère plus une des priorités nationales du gouvernement et notre pays prend du retard par rapport à ses partenaires et pas simplement par rapport aux Etats-Unis. Il est bien évident que, dans certains domaines les plus coûteux, comme les boucliers, les programmes hypers coûteux et la recherche, nous ne pouvons pas rivaliser, mais des bâtiments de la Marine nationale qui naviguent, des chars Leclerc qui roulent, des hélicoptères qui volent et des Rafale en nombre suffisant, tout ceci nous paraissait une ambition capable de nous satisfaire. Les dépenses d'équipements sont sacrifiées, les dépenses ordinaires ne sont guère mieux loties, comme je vous l'ai reproché, il y a guère, en tant que rapporteur spécial de notre commission des finances. Les personnels utilisent un matériel vieillissant, s'entraînent moins, faute de crédits. Or, dans ces conditions, la France a des ambitions diplomatiques que nous approuvons, mais ne s'en donne pas les moyens militaires et budgétaires. Comment peut-elle prétendre partager le pouvoir de décision, si elle refuse de partager les efforts militaires ? Autrement dit, monsieur le Ministre, comment la France peut-elle prétendre jouer un rôle de premier plan, avec une armée aux moyens en régression constante ?
Alain Richard
Vous faites bien, monsieur le Sénateur, de souligner qu'une partie importante de l'augmentation budgétaire annoncée par le président Bush, en ce qui concerne le budget du Pentagone, correspond à des choix politiques préalables et n'est pas une réponse, en réalité de circonstance, à la crise de la menace terroriste survenue depuis le 11 septembre. Je pense en particulier aux charges de développement considérable que représente le dispositif antimissile choisi par les Etats-Unis pour des raisons stratégiques que nous ne partageons pas, et avec des objectifs industriels et technologiques qui ne sont pas tout à fait les nôtres. En ce qui nous concerne, le gouvernement a soumis à l'approbation du Parlement, qui l'a accepté, un complément de dotations de 460 millions d'euros de commandes supplémentaires, pour une série d'objectifs concrets qui renforcent nos moyens de lutte contre le terrorisme : à la fois en protection contre les risques nucléaires, biologiques et chimiques, en capacités de détection de menaces et aussi en capacités d'intervention, je pense notamment à l'accroissement de la dotation en hélicoptères des différentes forces. Il ne faut pas oublier, toujours pour rester sur cette question de la lutte à long terme contre le terrorisme, de la réduction de la menace, que l'action de coopération policière et de renseignements est aussi d'une grande importance. Dans ce domaine, l'Europe donne l'exemple parce que c'est entre nous et en partie sur l'intervention de la France, que nous partageons le plus et que nous répartissons le mieux, les efforts de connaissance des réseaux qui constituent une menace. Il y a aussi un engagement déterminé de l'ensemble des Européens, sur la demande des Nations-Unies, pour constituer la force de sécurité en Afghanistan, et ceci se fait dans un bon partage des rôles, avec les Etats-Unis. L'Europe est différente des Etats-Unis, nos choix ne sont pas stratégiquement les mêmes. L'Europe est toutefois un facteur d'équilibre international, face aux crises très importantes. Et le développement que nous avons réalisé toutes ces dernières années, quant aux capacités conjointes des Européens que nous utiliserons sur le terrain, dès cette année, dans les Balkans, représente une mutation substantielle qui a d'ailleurs été soutenue par l'ensemble des familles politiques de ce pays. Il faut aussi souligner qu'en termes de présence industrielle, dans les plus hautes technologies, les grandes firmes européennes, grâce aux restructurations dont nous avons pris l'initiative, sont maintenant aux meilleurs rangs. L'Europe a sa vision internationale, elle a sa propre philosophie et, sur la question qui nous concerne le plus, la lutte contre le terrorisme, elle concilie le soutien de l'Etat de droit et une vigilance de plus en plus solidaire, de mieux en mieux organisée, sur le plan communautaire contre la menace terroriste. C'est une volonté politique qui nous rassemble.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 12 février 2002)
Dans son discours sur l'état de l'Union, le président George BUSH a annoncé une augmentation considérable des dépenses militaires, plus 15 %, et, ce, pour un budget que nous connaissons bien, qui est déjà le plus important de la planète, s'il s'en faut. Beaucoup s'inquiètent d'une radicalisation croissante et d'un isolement voulu de la politique internationale des Etats-Unis. Mais peut-on reprocher aux Américains de faire à ce point cavalier seul alors que certains de leurs alliés donnent l'impression de ne pas vouloir agir à leurs côtés, ou plutôt de n'agir qu'à certaines conditions, dans certains cas, à un certain niveau et avec des moyens limités ? Alors que les USA ont la capacité économique et financière d'accélérer, face aux dangers nouveaux, la France freine avec constance son effort de défense. Peut-on reprocher à certains d'en faire trop alors qu'à nos yeux, nous n'en faisons pas assez ? La France donne aisément, à l'extérieur, des leçons dont certaines nous conviennent très bien sur le plan extérieur, mais elle ferait mieux de donner mieux l'exemple. Or, depuis 1997, le budget de la Défense est le parent pauvre des lois de finances et la variable de tous ses ajustements. La Défense n'est guère plus une des priorités nationales du gouvernement et notre pays prend du retard par rapport à ses partenaires et pas simplement par rapport aux Etats-Unis. Il est bien évident que, dans certains domaines les plus coûteux, comme les boucliers, les programmes hypers coûteux et la recherche, nous ne pouvons pas rivaliser, mais des bâtiments de la Marine nationale qui naviguent, des chars Leclerc qui roulent, des hélicoptères qui volent et des Rafale en nombre suffisant, tout ceci nous paraissait une ambition capable de nous satisfaire. Les dépenses d'équipements sont sacrifiées, les dépenses ordinaires ne sont guère mieux loties, comme je vous l'ai reproché, il y a guère, en tant que rapporteur spécial de notre commission des finances. Les personnels utilisent un matériel vieillissant, s'entraînent moins, faute de crédits. Or, dans ces conditions, la France a des ambitions diplomatiques que nous approuvons, mais ne s'en donne pas les moyens militaires et budgétaires. Comment peut-elle prétendre partager le pouvoir de décision, si elle refuse de partager les efforts militaires ? Autrement dit, monsieur le Ministre, comment la France peut-elle prétendre jouer un rôle de premier plan, avec une armée aux moyens en régression constante ?
Alain Richard
Vous faites bien, monsieur le Sénateur, de souligner qu'une partie importante de l'augmentation budgétaire annoncée par le président Bush, en ce qui concerne le budget du Pentagone, correspond à des choix politiques préalables et n'est pas une réponse, en réalité de circonstance, à la crise de la menace terroriste survenue depuis le 11 septembre. Je pense en particulier aux charges de développement considérable que représente le dispositif antimissile choisi par les Etats-Unis pour des raisons stratégiques que nous ne partageons pas, et avec des objectifs industriels et technologiques qui ne sont pas tout à fait les nôtres. En ce qui nous concerne, le gouvernement a soumis à l'approbation du Parlement, qui l'a accepté, un complément de dotations de 460 millions d'euros de commandes supplémentaires, pour une série d'objectifs concrets qui renforcent nos moyens de lutte contre le terrorisme : à la fois en protection contre les risques nucléaires, biologiques et chimiques, en capacités de détection de menaces et aussi en capacités d'intervention, je pense notamment à l'accroissement de la dotation en hélicoptères des différentes forces. Il ne faut pas oublier, toujours pour rester sur cette question de la lutte à long terme contre le terrorisme, de la réduction de la menace, que l'action de coopération policière et de renseignements est aussi d'une grande importance. Dans ce domaine, l'Europe donne l'exemple parce que c'est entre nous et en partie sur l'intervention de la France, que nous partageons le plus et que nous répartissons le mieux, les efforts de connaissance des réseaux qui constituent une menace. Il y a aussi un engagement déterminé de l'ensemble des Européens, sur la demande des Nations-Unies, pour constituer la force de sécurité en Afghanistan, et ceci se fait dans un bon partage des rôles, avec les Etats-Unis. L'Europe est différente des Etats-Unis, nos choix ne sont pas stratégiquement les mêmes. L'Europe est toutefois un facteur d'équilibre international, face aux crises très importantes. Et le développement que nous avons réalisé toutes ces dernières années, quant aux capacités conjointes des Européens que nous utiliserons sur le terrain, dès cette année, dans les Balkans, représente une mutation substantielle qui a d'ailleurs été soutenue par l'ensemble des familles politiques de ce pays. Il faut aussi souligner qu'en termes de présence industrielle, dans les plus hautes technologies, les grandes firmes européennes, grâce aux restructurations dont nous avons pris l'initiative, sont maintenant aux meilleurs rangs. L'Europe a sa vision internationale, elle a sa propre philosophie et, sur la question qui nous concerne le plus, la lutte contre le terrorisme, elle concilie le soutien de l'Etat de droit et une vigilance de plus en plus solidaire, de mieux en mieux organisée, sur le plan communautaire contre la menace terroriste. C'est une volonté politique qui nous rassemble.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 12 février 2002)